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+ Lundi 11 avril 2016
AMBASSADE DE FRANCE EN BULGARIE
LA PRESSE BULGARE 4156
La brèche
Congrès fondateur de DOST, le nouveau
parti de Lioutvi Mestan sous le patronage
des principaux partis de Turquie
La procédure
Quand la justice a le sens du rythme :
retour sur les enquêtes très politiques au
Parquet sur les dérapages de Volen
Sidérov
Le trou
17 milliards de déficit et 20 milliards de
nouveaux emprunts : la Bulgarie entre-t-
elle dans une spirale de la dette ?
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La brèche
Congrès fondateur de DOST, le nouveau
parti de Lioutvi Mestan sous le patronage
des principaux partis de Turquie
Le Congrès fondateur du parti DOST
(Démocrates pour la responsabilité, la
liberté et la tolérance ; « ami » en turc)
s’est tenu ce dimanche ; les 1103 délégués
ont élu à sa tête, comme prévu, Lioutvi
Mestan. L’ancien président du MDL a été
chassé de son poste fin décembre après un
discours du président d’honneur Ahmed
Dogan qui l’a accusé de politique pro-
turque et de trahison des intérêts nationaux.
(voir les revues de presse des 28 et 29
décembre 2015). Après cette rupture
fracassante entre le dirigeant officiel du
parti et son fondateur, M. Mestan avait
annoncé son intention de fonder un
nouveau parti, dont il a défini les contours
lors d’une réunion le 27 février.
« Mestan tente de prendre la place du
MDL dans la politique » titre Sega pour
résumer le discours de 50 minutes de M.
Mestan. Il a déclaré que dans des temps,
le libéralisme, le multiculturalisme et la
tolérance sont objet d’attaques régulières
« non seulement par les nationalistes et les
national-populistes, mais par des
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représentants de la gauche, du centre et de
la droite également », les fondateurs de
DOST seront une alternative et des
protecteurs « de ces principes
fondamentaux ». La cause du parti, qui se
proclame non seulement euro atlantique,
mais également « anti-oligarchique », sera
« la démocratie réelle » et le « libéralisme
authentique ».
M. Mestan s’est attaqué au « nationalisme,
à la xénophobie et au discours de haine qui
ont la prétention de devenir une norme » de
la politique ; au manque de liberté de la
presse ; aux « intérêts criminels, obscurs et
oligarchiques » qui ont imprégné le pays ;
au manque d’efficacité du système
judiciaire ; à « l’approfondissement de la
désintégration des minorités ethniques et
religieuses ». Il a critiqué également le
MDL d’avoir remplacé le libéralisme par
un « centre amorphe clientéliste ».Selon
l’ancien leader du MDL, le président
d’honneur de ce parti a renoncé au
libéralisme et « son scepticisme euro-
atlantique a dépassé celui de Volen Siderov
et de Valeri Simeonov » [leaders du parti
Ataka et de la coalition nationaliste Front
patriotique]. Sega souligne que M. Mestan
a critiqué la coalition au pouvoir en
général, mais n’a nulle part critiqué
directement le GERB. Il a également
souligné que son parti cherchera la
participation au pouvoir dans une coalition
future de centre droit.
Les journaux soulignent qu’aucun
politicien bulgare n’était présent au
congrès ; par contre les principaux partis
politiques turcs, y compris le Parti pour la
justice et le développement (AKP), avaient
envoyé des représentants, cornaqués par
l’ambassadeur de Turquie à Sofia. Les
propos du vice-président du MHP (Parti
d’action nationaliste), Semih Yalçın, sont
repris par tous les journaux aujourd’hui. M.
Yalçin a déclaré que partout l’on parle
le turc, « pour nous c’est une partie de
notre patrie ». L’ORIM a réagi à ces
propos, preuve selon elle de la « politique
néo-ottomaniste » d’Ankara. Dans un
communiqué dénonçant le caractère « pro-
turc » de DOST, elle a appelé « la cour
bulgare, qui doit examiner les documents
pour l’enregistrement de ce parti pro-turc »
à le lui refuser.
Dnevnik publie les résultats d’une série de
sondages de Gallup international, réalisés
depuis le début de cette année, selon
lesquels un peu plus d’un quart de
l’électorat du MDL se dit prêt à voter pour
DOST. Le potentiel électoral du nouveau
parti peut être puisé uniquement dans le
segment ethnique ; des possibilités
d’élargissement vers un plus large public
ne sont pas observées pour l’instant, selon
les sociologues. Mais, préviennent-ils, tout
dépend du soutien, du financement et de
l’ingénierie politique que M. Mestan
assurera à son projet. (tous journaux)
La procédure
Quand la justice a le sens du rythme :
retour sur les enquêtes très politiques au
Parquet sur les dérapages de Volen
Sidérov
« Il a fallu choisir entre punir ces infractions
pénales ou nous lancer dans la spirale
temporelle de ces procès et les voir durer
encore». C’est ainsi que le procureur général a
tenté d’expliquer la grande tolérance à
l’égard de Siderov en acceptant de
conclure des transactions permettant de lui
infliger une peine de probation de neuf
mois et à une retenue de 13% sur son
salaire pendant la durée de la peine de
probation pour des faits qui sont
normalement passibles d’une peine de
privation de liberté jusqu’à cinq ans (voir
notre revue du 15 mars).
Ne partageant pas la thèse du procureur
général, l’hebdomadaire Capital a demandé
aux juges qui se sont prononcés sur ces
trois transactions d’accéder aux dossiers
afin d’établir sur la base des faits pourquoi
deux des trois affaires concernant des faits
commis en 2011 et en 2013 ont traîné
jusqu’à la commission d’un nouvel acte
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d’hooliganisme le 12 octobre 2015 qui a
servi de déclencheur afin que le Parquet se
précipite pour déférer M. Siderov au
tribunal.
L’analyse des procès-verbaux dressés au
titre des différents actes de procédures
relevant de l’enquête ouverte à la suite de
la commission du premier acte de
hooliganisme en 2011 démontre de très
longues périodes d’inaction de la part du
parquet ainsi que des répétitions d’actes de
procédures ridicules. Un peu moins de six
mois ont été nécessaires aux enquêteurs
pour recueillir suffisamment de preuves
afin d’établir des faits retransmis par
beaucoup de chaînes de télévision et vus
par des milliers de personnes : l’incursion
de M. Siderov en mai 2011 sur le plateau
des enfants se produisaient à l’occasion
du 135ème anniversaire de l’insurrection
d’avril 1876 afin de mettre fin à leur
prestation en abimant le système de
sonorisation pour prononcer un discours.
Ce n’est qu’en janvier 2012, huit mois
après l’incident, que Roumiana
Arnaoudova (actuellement porte-parole du
procureur néral) ouvre une procédure
pénale contre « un auteur inconnu
personne jouissant d’une immunité ». En
avril 2012, elle confie l’enquête à deux
instructeurs du parquet de la ville de Sofia
qui se rendent sur les lieux afin de refaire
les interrogatoires déjà menées par les
enquêteurs du commissariat de police local
un an plus tôt et d’établir des faits déjà
établis par ceux-ci. Des lettres sont ensuite
envoyées à toutes les chaînes de télévision
ayant filmé l’acte de hooliganisme pour
fournir les enregistrements « devant
permettre d’identifier les auteurs ». Des
expertises visant à comparer les prises de
vue de l’incident avec les photos sur les
documents d’identité sont effectuées par
l’Institut national de criminologie et de
criminalistique qui en rend compte dans un
long rapport. Les conclusions de ce rapport
n’étant pas suffisantes pour établir qu’il
s’agit de Volen Siderov, une deuxième
expertise complexe d’identification est
effectuée afin de comparer les prises de
vue de l’incident avec les papiers d’identité
de tous les membres d’Ataka.
« Insuffisant ! », conclut Roumiana
Arnaoudova qui requiert que le maire de la
ville de Batak et son adjoint soient
également entendus. Parallèlement aux
interrogatoires de ces deux notables, sont
entendus « les personnes en costumes
rouges sur la scène » (l’orchestre), témoins
directs de l’incident. Une douzaine de
députés sont également interrogés pendant
les cinq mois qui suivent.
Et ainsi de suite jusqu’en 2014 lorsque le
gouvernement d’Orecharski démissionne.
Roumiana Arnaoudova est promue porte-
parole du procureur général et l’affaire est
confiée à Radka Stoyanova qui conclut que
l’identité de l’ « auteur inconnu
personne jouissant d’immunité » est
établie et qu’il s’agit de Volen Siderov.
Proposer au procureur général de lever son
immunité prend trois mois au bout
desquels le département « spécialisé » du
parquet suprême de cassation, dont l’avis
est demandé par M. Tsatsarov, conclut que
l’enquête est incomplète. Le procureur
général renvoie l’enquête au procureur
Dimitar Petrov chargé de nombreuses
affaires sensibles comme par exemple « les
Vers », « Yaneva gate » et « Tchenalova ».
Six mois plus tard, M. Petrov rouvre
l’enquête pour n’effectuer aucun autre acte
de procédure jusqu’au 12 octobre 2015,
date à laquelle M. Siderov commet un
nouvel acte d’hooliganisme à l’Académie
d’arts théâtral et cinématographique. Le
parquet passe alors à la vitesse supérieure
et change vite d’avis sur la nécessité de
lever l’immunité de M. Siderov : c’est
chose faite à la fin de l’année. Ainsi, le
ministère public aura mis cinq ans pour
déférer M. Siderov au tribunal pour le délit
commis en 2011. Entretemps, le leader
d’Ataka aura été la « béquille » du GERB
et le « doigt d’or » pour le quorum au
Parlement sous le mandat du
gouvernement Orecharski. En 2015, on n’a
plus besoin de lui est le parapluie du
Parquet ne le protège plus. La dernière
procédure ouverte à la suite de l’irruption
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de M. Siderov à l’Académie de l’art
théâtral et cinématographique en apporte la
preuve : le jour même de l’incident, 42
personnes sont entendues et il est déféré un
mois plus tard.
Ces enquêtes à deux vitesses sont
révélatrices du fait que le ministère public
saisit l’occasion des affaires de corruption
pour faire du chantage, conclut Rossen
Bossev en érigeant cette conclusion en
chapeau d’un article intitulé « le Parquet en
stand-by ». (Capital)
Le trou
17 milliards de déficit et 20 milliards de
nouveaux emprunts : la Bulgarie entre-t-
elle dans une spirale de la dette ?
De 2009 à 2016, en huit ans, les dépenses
publiques ont dépassé de près de 14
milliards de leva les recettes de l’Etat.
Cette tendance devrait se maintenir pour
les trois années à venir et trois nouveaux
milliards devraient s’ajouter à ce chiffre.
Par ailleurs, comme la réserve fiscale
accumulée pendant les années fastes a vite
été épuisée après l’explosion de la crise
financière mondiale, le seul moyen pour
l’Etat de financer les dépenses publiques
croissantes a été de recourir à de nouveaux
emprunts. En sept ans, de 2010 à 2016, le
pays a souscrit 17,3 milliards de leva de
dettes pour couvrir tant les déficits
budgétaires que les fonds engloutis par le
sauvetage de la banque KTB. Et d’ici
2019, il est prévu que l’endettement
augmente de presque 3 milliards de leva de
plus.
Ces chiffres, publiés la semaine dernière
par le ministère des finances dans le cadre
des prévisions budgétaires à moyen terme,
sont passés à la loupe par Capital Daily qui
montre que trois gouvernements successifs
(Borissov I, Orecharski et Borissov II) ont
choisi de laisser aux générations futures
une dette importante plutôt que d’engager
des réformes pour réduire les dépenses
publiques.
Selon les prévisions à moyen terme du
ministère des finances, en 2017-2018, le
déficit se maintiendra au même niveau, soit
1,4% et 1% du PIB. Aucune « modification
significative » des impôts n’est prévue.
En 2016, le taux de croissance devrait
tomber à 2,1% du PIB par rapport à
l’année précédente, étant donné les
prévisions moins optimistes pour les
exportations et les investissements.
Pendant la période 2017-2019, la
croissance économique devrait lentement
repartir pour atteindre des niveaux de
l’ordre de 2,7% sous l’impulsion de la
consommation privée et des
investissements.
Dans ses colonnes, Sega propose l’analyse
de l’économiste Kaloyan Staïkov de
l’Institut pour l’économie de marché. La
dette publique de la Bulgarie reste assez
modeste (25,7% du PIB fin janvier 2016)
par rapport aux autres Etats membres de
l’UE, relève-t-il. En l’absence de
cataclysmes importants extérieurs ou
intérieurs, elle ne devrait pas poser
problème.
Toutefois, le montant de la dette n’est
qu’un des aspects dont il faut tenir compte.
Il est très important que l’accroissement
nominal de la dette publique ne dépasse
pas la croissance nominale de l’économie.
Malheureusement, depuis 2010, le rythme
d’augmentation de la dette dépasse celui de
l’économie. A une exception près, l’année
2015, lorsque des « vents en poupe » (la
reprise économique dans l’UE, la chute des
prix du pétrole, la dévalorisation de l’euro,
etc.) avaient favorisé la croissance. Mais de
2008 à 2015, le poids des dettes publiques
a pratiquement doublé : de 13% à 26% du
PIB.
Ces dernières années, la structure de la
dette a également changé pour aboutir à
une prépondérance quasi absolue des
5/5
emprunts libellés en euros ou en leva
(81,6% vers 2011 et 98,9% vers 2015) qui
a permis une meilleure gestion des intérêts
payés par le pays. Dans le même temps, le
gouvernement a commencé à emprunter de
plus en plus : fin 2015, les emprunts
représentaient déjà 68% de l’ensemble des
dettes publiques (50% en 2011). D’un côté,
c’est une bonne nouvelle qui montre que la
Bulgarie est devenue identifiable sur les
places financières internationales et que de
plus en plus d’investisseurs étrangers
s’intéressent aux obligations souveraines
bulgares. De l’autre, le montant absolu de
la dette commence à faire peur puisque la
croissance économique n’arrive pas à
rattraper son rythme d’accroissement. Le
taux de croissance du PIB peut être
encouragé par des réformes orientées vers
l’amélioration de l’environnement pour les
entreprises et les investisseurs. Reportées
depuis des années, elles ne semblent
toujours pas à l’ordre du jour dans une
atmosphère politique particulièrement
fragmentée et minée par les dissensions,
conclut avec pessimisme M. Staïkov.
(Capital Daily, Sega)
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