
Préface de l’éditeur
En 1830, Henri Beyle vient d’avoir 47 ans. Et
c’est cette année même que, sous le pseudonyme
de Stendhal, il publie le premier de ses deux ou
trois plus indéniables chefs-d’œuvre. Depuis neuf
années il habite Paris presque continuellement. Il
y était bien obligé par la police du gouvernement
autrichien qui lui avait interdit le séjour de sa
chère Italie. Dans ses Souvenirs d’égotisme nous
trouvons le tableau fidèle de sa vie sous la
Restauration. Au café il rencontre chaque jour un
petit nombre d’amis fidèles, et il fréquente avec
assiduité les principaux salons littéraires où il fait
figure de causeur plein de verve, parfois très
caustique. Lors des premières escarmouches du
romantisme il a montré dans ses deux brochures
sur Racine et Shakespeare qu’il savait être un
polémiste redoutable. Au surplus, celui que
l’Empire avait vu adjoint aux Commissaires des
guerres, auditeur au Conseil d’État, inspecteur du
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