Les troubles du langage oral: Quand écrans riment avec retard du langage chez les jeunes enfants. Pour vivre en société, l’enfant a besoin d’un langage lui permettant de transmettre et de recevoir des informations et des messages. Il lui faut donc maîtriser non seulement la production, mais aussi la compréhension d’un tel langage. Le langage • Le langage correspond à la faculté naturelle, inhérente et universelle qu’a l’être humain d’exprimer sa pensée et de communiquer par des signes oraux ( la parole ) ou graphiques ( écriture) constituant une langue. • F. de Saussure • Une langue est un système de signes linguistiques, vocaux, graphiques ou gestuels, qui permet la communication entre les individus d’une même communauté. • F. de Saussure • La parole représente la réalisation particulière, concrète et individuelle d’une langue. • F. de Saussure Les composantes du langage Pour bien comprendre l’évolution du langage, il est important de savoir qu’il comprend deux facettes. le langage réceptif ou la compréhension des mots le langage expressif ou la production des mots Le langage réceptif précède le langage expressif. Autrement dit, l’enfant comprend les mots avant d’avoir la capacité de les produire. LANGAGE EXPRESSIF FORME CONTENU Modèle de la communication orale PAROLE UTILISATION -ARTICULATION -VOIX -RESONNANCE -FLUIDITE -PROSODIE LANGAGE RECEPTIF -PERCEPTION SONORE -INTEGRATION : DECODAGE, MÉMOIRE -COMPREHENSION: LINGUISTIQUE ET COGNITIVE Le langage comprend cinq composantes qui se développent simultanément durant l’enfance : a) La forme: C’est le comment ( moyens utilisés pour communiquer ) -la phonologie : organisation des sons -la morphologie : organisation des mots b) Contenu : C’est le quoi (sens du message) c) Utilisation: C’est le pourquoi. (contexte situationnel) -sémantique: -pragmatique: .Les différentes idées que l’on peut exprimer ou comprendre .Les intentions de communication .Les habiletés conversationnelles . Lien entre ces idées .Les types de discours -la syntaxe : organisation des phrases. . Le lexique/ Vocabulaire .Les règles du discours Développement du langage chez le jeune enfant 0-3 mois : Le bébé réagit à la voix de ses parents et également aux bruits Il produit des vocalisations ( des cris et des petits bruits de bouche) Il s’exprime également avec son corps ( en modifiant son tonus et sa posture A partir de 6 semaines, le bébé sourit 3- 7 mois : Le bébé va produire des sons de plus en plus variés : d’abord des voyelles « aaaa » puis des syllabes « bababa ; papapa ». C’est le stade de babillage non duplicatif Entre 7 et 10 mois Le babillage va s’enrichir et votre enfant va produire des syllabes de plus en plus variés. C’est le stade de babillage duplicatif Il reconnaît les bruits de son quotidien, suit du regard et se retourne vers la source sonore Il commence à savoir imiter les gestes que vous lui montrez comme « au revoir », « bravo » Il comprend le « oui » , réagit au « non » et reconnaît son nom Le bébé manifeste plus clairement ses émotions, et attire l’attention en criant Entre 9 et 12 mois Les premiers mots : Il devient bavard. Il parle avec ses mots ou fait des gestes à la place. C’est le stade de babillage varié Il dit quelques mots qui reviennent systématiquement comme “dodo”, “papa”, “maman”. Il imite des conversations et reproduit des intonations Il interpelle son entourage et guette les réactions en quête d’approbation ou de permission. Il expérimente ainsi les mots “oui – non”. Il comprend de plus en plus de mots (environ 30 mots) dans les rituels de sa vie même les objets courants absents (biberon, doudou…) Entre 16 et 19 mois Il comprend de plus en plus de mots et peut même désigner des objets et des parties du corps. Il commence à utiliser des mots (de 7 à 20 environ) pour parler de ce qu’il vit et ressent. Premières combinaisons: Petit à petit, il va associer deux mots (“maman partie”, “poupée tombée”, “camion cassé”...) Phrases de deux, trois mots: l’enfant va dire de petites expressions toutes faites (“a pu”, “veux pas”). Il peut aussi faire des gestes, formuler des demandes, pointer du doigt… Il va se mettre à répéter de plus en plus. Le langage devient plus riche avec une véritable explosion du vocabulaire qui va se poursuivre jusqu’à 2-3 ans. Vers 2 ans Début de constructions syntaxiques et grammaticalisation du discours: • Il utilise environ 50 mots de vocabulaire: il peut utiliser des phrases de 2 ou 3 mots. • Il pose des questions, formule des demandes. • Il parle de lui en disant son prénom. • Il connaît les noms des objets de sa vie quotidienne (certains noms de vêtements, d’aliments, de jouets). • Il peut montrer différentes parties de son corps sur demande. • Il commence à s’opposer à vous par le “non”. Vers 2 ans et demi C’est l’âge du MOI ! « c’est à moi » Il commence à être plus précis et copie beaucoup les phrases de son entourage. Il utilise des verbes et des adjectifs Il pose des questions (où ? qui ? pourquoi ? quand ?). Il comprend des consignes plus complexes. Il connaît quelques couleurs, des notions comme un et plusieurs, les personnes de la famille, des locutions spatiales (haut/bas, sur/sous, dedans/dehors…) 3 ans - 3 ans et demi Il utilise un vocabulaire de 400 à 900 mots environ: ses phrases s’allongent et comportent des expansions grâce à l’utilisation de petits mots “et, pour, dans, avec, qui…”. Il utilise “JE” . Il est de plus en plus intelligible, il sait dire presque tous les sons de la langue. Il discute avec d’autres enfants, se lie d’amitié. Il chante les comptines de l’école, il imite les autres. Il comprend les questions “quand ? pourquoi ?”… Il écoute et comprend des petites histoires. 5 ans 4 ans L’enfant a acquis les différentes modalités du discours et comprend les règles conversationnelles Il s’exprime avec phrases complexes avec concordance des temps Il raconte clairement des événements vécus Tous les sons de la langue devraient être acquis sauf /ch-j/ et /s-z/ qui peuvent ne pas être différenciés Il invente des mots pour le plaisir Il allonge ses phrases en utilisant des adjectifs Il initie et entretient la conversation 6 ans L’enfant possède un vocabulaire de 1500-3000 mots Il formule des questions en employant l’inversion Il utilise des phrases passives Il organise son discours, argumente et justifie en s’appuyant sur des faits réels. Le langage joue un rôle essentiel dans notre communication au quotidien. En cas de déficit langagier, les conversations deviennent plus difficiles et les interactions tendent à se réduire. Le langage est donc bien vecteur de socialisation. De ce fait, toute altération de son fonctionnement, en plus de détériorer la qualité de la communication, peut impacter la création de nouveaux liens sociaux ainsi que l'estime que les enfants ont d'eux-mêmes. Les troubles du langage oral Les troubles spécifiques du langage sont définis par l'apparition retardée du langage oral ou son développement ralenti ou perturbé. Ces troubles du langage oral apparaissent chez un enfant Doté d’une intelligence normale ( absence de déficience intellectuelle) Ne présentant aucune atteinte cérébrale, neurologique, psychologique ou psychiatrique Ne présentant aucun déficit moteur ou sensoriel (vision et audition correctes) Les TLO peuvent être répartis en : Troubles acquis: Le développement normal s’interrompt brutalement ou régresse Trauma crânien/AVC/ PATHOLOGIE DEGENERATIVE Troubles secondaires: Trouble du développement du langage consécutif à une pathologie autre Retard mental/déficience auditive/visuelle/pathologi e neurologique/troubles psycho-affectifs Troubles neurodéveloppementaux: -sont responsables d'un écart significatif des performances langagières par rapport aux enfants du même âge - les troubles apparaissent précocement durant le développement -le développement se fait avec du retard ou de manière inhabituelle Le trouble du langage Le trouble de la parole Le trouble de la parole Ensemble des troubles de la communication dans lesquels l’intelligibilité de la parole est atteinte par des erreurs de production de sons. Le retard de la parole Persistance, au-delà de l’âge de 4 ans, du « parler bébé » Il apparaît en absence de toute anomalie anatomique. Le retard de parole est souvent associé à des signes d’immaturité affective : succion du pouce ou de la langue, prédilection pour le biberon ou l’alimentation mixée. Les troubles articulatoire Une impossibilité à prononcer certains "sons" Ce sont des troubles moteurs : l'enfant a des difficultés pour combiner l'action de la langue, des dents et des lèvres Il n’a généralement pas de conséquence sur la suite du développement de la parole, mais peut persister indéfiniment en l’absence de rééducation. Rééducation orthophonique conseillée entre 5 et 6 ans Causes: déficit auditivoperceptif, maladresse motrice, problèmes de dentition Le bégaiement Trouble de la parole qui se manifeste par des répétitions des sons, de syllabes, des mots, des prolongements de sons S’accompagne le plus souvent de spasmes respiratoires, mouvements involontaires du visage ou du corps entier L’âge d’apparition du bégaiement se situe généralement entre 2 et 5 ans: bégaiement développemental, pouvant persister ou non On commence à s’inquiéter lorsqu’il persiste au-delà de 5 ans facteurs favorisants: traumatisme, frayeur, choc émotionnel, hérédité.. Le trouble du langage Se caractérise par des difficultés persistantes dans l’acquisition et l’utilisation du langage consécutives à des déficits dans la compréhension ou la production du vocabulaire, dans la structure de la phrase et dans le discours Trouble du langage Structurel: appelés syndromes dysphasiques caractérisés par une atteinte de la compétence linguistique. L'enfant ne nait pas avec toutes les capacités. La structure de la langue est touchée. C'est donc un trouble considéré comme spécifique, sévère et persistant le langage est déviant d'emblée : des troubles conséquents de l'expression et/ou de la compréhension un trouble grave du développement du langage, persistant au-delà de 6 ans : une faible possibilité d'évolution sans intervention Retard « simple » du langage Fonctionnel: la compétence linguistique est intacte mais ne peut se révéler que tardivement dans le traitement de l'information constituant uniquement un retard plus ou moins important dans le développement du langage ( décalage ) Transitoire , réversible en des temps variables. Quand on est en présence d’un retard simple du langage, l’évolution est spontanément favorable, et le retard est comblé avant 6 ans Ce critère de persistance permet de distinguer le retard simple de langage de la dysphasie : -le tableau de dysphasie ne se révèlerait lui qu'après 4 ans et l'évolution resterait lente - le retard se corrigerait spontanément vers 6 ans et réagirait positivement à la prise en charge La dysphasie Les marqueurs spécifiques: Des troubles de l’évocation lexicale: difficultés à trouver les mots et à formuler des idées Des troubles de l’encodage syntaxique : phrases atypiques ( verbe avant sujet ) Une dissociation automatico-volontaire: son formulé automatiquement sur demande et pas sur demande Des troubles de la compréhension verbale Une hypo spontanéité :l’enfant parle peu spontanément et utilise des phrases courtes Des troubles de l’informativité: discours incohérent Etiologie: -Anomalies structurelles ou fonctionnelles du cerveau -Anomalies épileptiformes du sommeil - La génétique Le diagnostic : se fait par "testing" multidisciplinaire (psychologue, orthophoniste, ORL,pédopsychiatre, neuropédiatre) Le diagnostic de dysphasie peut être posé lorsque l’enfant présente au moins trois de ces marqueurs de déviance Le soutien orthopédagogique est nécessaire à l'école; les aides d'un psychomotricien, d'un ergothérapeute sont requises Manifestations: Etiologie : Les étapes du développement - facteurs génétiques (fréquence des normal se font en retard par retards de langage dans certaines rapport à l’âge chronologique: les premiers mots n’apparaissent pas avant 2 ans et surtout, les premières phrases n’apparaissent qu’après 3 ans. Les troubles prédominent sur Le retard simple du langage caractérisé par une atteinte des composantes syntaxiques et linguistiques du langage en dehors de tout retard mental global, de trouble auditif ou de trouble grave de la personnalité familles) - antécédents peri-nataux (prématurité) - facteurs socio-culturels (insuffisance de stimulation par le milieu, pauvreté des interactions) - facteurs psychoaffectifs ( séparation, deuil…) l'expression, compréhension - Relation fusionnelle avec les parents souvent préservée. - L’exposition à l’écran - Le bilinguisme Signes d’alerte: 0- 1 an: - Enfant silencieux, qui ne babille pas ou peu - Contact visuel peut fréquent - Pas de réaction à la voix ou aux bruits - 1- 2 ans : À 15 mois, l’enfant n’essaie toujours pas de dire des mots Vocabulaire limité ( < 50 mots à 2 ans) Ne réponds pas à l’appel de son prénom Ne pointe pas du doigt pour exprimer une demande et pas d’attention conjointe - 2- 3 ans : Vocabulaire limité ( < 100 mots ) Incompris par l’entourage proche Pas de combinaison de mots ( absence de phrases ) Difficultés à comprendre les demandes et les questions ( où , qui , quoi) Signes d’alerte: 3- 4 ans : - Incompris par les étrangers - Phrases télégraphiques ( verbes à l’infinitif/ absence de pronom / absence de verbe/ sujet / objet ) - Ne comprend pas les questions, mauvaises réponses, répète les questions - 4- 5 ans : Absence du « je » Confusion des genres (un/une), (le/la) Inconscience du temps des verbes Incompréhension des prépositions spatiales (en dessous, en haut) et temporelles (hier, demain). - Vocabulaire restreint et imprécis - Difficultés à raconter une histoire ou à entretenir une conversation - Difficultés avec certains sons ( à part /ch/ , /j/ , /r/ et les doubles consonnes) Quand écrans riment avec retard du langage chez les jeunes enfants Les écrans Ecrans interactifs interaction par le toucher mais également avec le contenu et les membres d’un groupe Exemple: Smartphone/ tablette tactile / Ordinateur Ecrans non interactifs Type d’écrans fixes où la personne n’interagit ni par le toucher, ni avec le contenu visionné, ni avec les membres d’un groupe. Exemple: télévision les stimulations proposées par les écrans sont moins riches que les interactions entre l’enfant et le monde qui l’entoure: les écrans ont une influence délétère quand ils apportent à l’enfant des stimulations cognitives, physiques ou sociales plus pauvres que celles potentiellement contenues dans son environnement physique la notion de « temps volé » : le temps passé devant les écrans est un temps durant lequel l’enfant ne joue pas, ne développe pas des capacités primordiales pour son développement Il est pris sur le temps disponible pour toutes les autres activités indispensables au développement de l’enfant. Un temps aussi important passé sur les écrans pourrait constituer un manque-à-gagner, une perte de chance pour le développement cognitif Les effets sur la cognition: Une étude longitudinale canadienne a montré qu’une heure de plus passée devant les écrans par jour en moyenne vers: - L’âge de 2 ans provoque une baisse de 0,7 point de QI à 3 ans. - l’âge 3 ans entraine une baisse de 0,5 point de QI à 5 ans Les effets sur le langage: - Une étude américaine a montré qu’une augmentation de l’écoute de la télévision est associée à des retards de langage dans la petite enfance, du fait d’une réduction des possibilités d’interaction et de jeu entre parent et enfant - les écrans agissent sur les échanges familiaux et limitent les possibilités pour le parent et l’enfant d’investir la communication orale . Cependant, les échanges verbaux-intra familiaux sont nécessaires au développement du langage - Concernant la télévision, une autre étude américaine a montré qu’entre 8 et 16 mois, chaque heure quotidienne devant la télévision appauvrit le lexique de l’ordre de 10%, bien que les programmes visionnés soient dits « éducatifs », donc censés contribuer au développement du langage. - Une étude espagnole a montré qu’entre 0 et 30 mois, 2 heures de télévision par jour (sans que le contenu soit adapté spécifiquement aux enfants) multiplie par 6 le risque d’avoir de faibles scores en communication. - pour les écrans mobiles interactifs, une étude canadienne montre que, chez les enfants de 18 mois, une augmentation de 30 minutes par jour d'utilisation d’écrans mobiles interactifs était associée à un risque multiplié par 2,3 de retard de langage en expression. - Enfin, une étude française axée sur tous les écrans a montré qu’être exposé à des écrans le matin avant l'école et discuter rarement ou jamais du contenu de l'écran avec les parents multipliait par six le risque d’apparition des troubles du langage Les effets des écrans liés à l’absence de manipulation, de jeu, d’interactions - Bien que le toucher soit sollicité, l’enfant ne peut pas construire, empiler, casser, etc. comme il le ferait avec des objets tridimensionnels. L’enfant est passif, il devient spectateur. - Il existe des preuves solides qu’avant 3 ans, les tout-petits ont des difficultés à transférer les nouveaux apprentissages d'une représentation 2D à un objet 3D (par exemple, de l'écran à la vie réelle) et sont peu susceptibles d'apprendre des écrans à cet âge « les enfants de moins de 2 ans n’ont pas encore la capacité de représentation symbolique pour comprendre le contenu de ce qu’ils voient sur les écrans » - les enfants apprennent moins de la télévision que de démonstrations en direct jusqu'à ce qu'ils aient au moins 3 ans : ce phénomène est appelé l'effet du déficit vidéo ou déficit de transfert - Déficit de transfert: les enfants peuvent imiter et se souvenir d’actions effectuées par une personne sur un écran ou imiter le langage des signes vus sur une vidéo mais ils ne peuvent apprendre de nouvelles choses (de nouveaux mots ou faire un puzzle) avant 30 mois sans l’aide d’un adulte qui le soutient. «Pour des taches plus complexes les expériences démontrent que ce déficit persiste au moins jusqu’à trois ans » Les chercheurs ont aussi mis en évidence que les processus de mémorisation sont aussi impactés : - Ces apprentissages plus complexes peuvent être reproduits après: • trois mois par les enfants qui les ont appris en situation réelle • alors qu’ils ne persistent qu’un mois pour les enfants ayant seulement vu faire sur une vidéo. • Ce n’est en fait que si la démonstration vidéo est reprise par un adulte qui prend soin de la relier au contexte de la vie réelle que ce déficit de transfert diminue sans jamais disparaitre. • L’effort cognitif demandé (l’attention et de la pensée symbolique) est trop important pour que des notions complexes soient comprises et mémorisées. -De nombreuses équipes ont cherché depuis lors à diminuer ce déficit de transfert. De façon intéressante, avec différents « stratagèmes » (la répétition par exemple), aucun d’entre eux ne le fait complètement disparaitre : on apprend toujours mieux avec une autre personne dans la vraie vie que par l’intermédiaire d’un écran. C’est la principale justification du « pas d’écran avant trois ans » Les effets sur l’attention: -Une étude américaine montre que pour : les enfants de moins de 3 ans, 1h par jour de télévision dont le contenu visionné était violent ou non, doublait le risque de présenter un trouble de l’attention 5 ans plus tard En revanche, pour les enfants âgés de 4 à 5 ans, l'écoute de la télévision de tout type de contenu n'était pas significativement associée à des problèmes d'attention 5 ans plus tard - Même si l’enfant ne la regarde pas forcément, les flashs lumineux ou sonores produit par la télévision attirent inéluctablement l’attention de l’enfant et entrainent des coupures répétitives dans son jeu. Dans cette situation, les enfants « changent de jouets plus souvent que les autres, imaginent des jeux moins complexes, jouent moins longtemps » Les effets sur la santé - Le sommeil: Une revue systématique a montré une association négative significative entre le sommeil (réduction du temps de sommeil et heure de sommeil retardée) et les différents écrans avec un degré différent en fonction de l’écran : • L'utilisation d'ordinateurs (94%) • Les jeux vidéo (86%) • Les appareils mobiles (83%) étaient les plus associés défavorablement avec les résultats du sommeil • La télévision (76%) était la moins susceptible d'avoir une association défavorable avec les résultats du sommeil. Les écrans contiennent des diodes électroluminescentes (LED) qui émettent une lumière riche en courtes longueurs d’onde, dite « riche en bleu » - L’exposition à une lumière riche en bleu : • Induit la perturbation des rythmes circadiens en soirée ou la nuit ( horloge interne du corps humain) • Cause des dommages au niveau de la rétine • Retarde ou inhibe la synthèse nocturne de mélatonine ( hormone du sommeil) , entrainant des effets sur la latence à l'endormissement, la durée et la qualité du sommeil C’est pourquoi, nous recommandons de limiter l’exposition à des dispositifs à LED avant le coucher et pendant la nuit et de privilégier des éclairages domestiques de type « blanc chaud » Repérage, diagnostic et prise en charge Démarche à suivre pour la prise en charge 1. Le repérage d’une difficulté ou la suspicion d’un trouble: il s’appuie sur l’observation de l’enfant et il relève de la responsabilité: - De l’école : Les enseignants ont un rôle privilégié à jouer dans ce repérage Ils peuvent observer des écarts existant dans la progression du langage d’un enfant au regard de celle du groupe, , en parler aux parents, leur demander s’ils ont constaté des difficultés particulières et si celles-ci ont des conséquences sur la vie quotidienne. - La famille : reconnaitre les signes d’alerte concernant le langage oral L’objectif est essentiellement de proposer aux enfants repérés une action préventive dans le cadre de leur scolarité normale. 2. Quand des signes d’alerte ont été donnés, la phase de dépistage s’enclenche: Elle s’établit et confirme l’existence de troubles persistants du langage. Elle fait appel à différentes compétences : ORL,OPHTALMOLOGUE,PEDIATRE,NEUROPEDIATRE,NEUROLOGUE,PSYCHOLOGUE,PEDOPSYCHIATRE,ORTHOPHONISTE,PSYCHO MOTRICIEN,ERGOTHERAPEUTE Pour savoir si c’est un trouble acquis, secondaire ou neurodéveloppemental ? Autre origine possible : audition, vision, maladie neurologique, développement psychoaffectif ? - - Pédopsychiatre: Connaître les étapes du développement de l’enfant, repérer les signes d’alertes, effectuer les tests de dépistage nécessaires, accompagner et surtout orienter les parents vers les spécialistes adéquats Ergothérapeute: l’ergothérapeute évaluera le développement des habiletés motrices (La manipulation efficace des objets, la maladresse et la lenteur d’exécution des perceptions sensorielles (vision, toucher, etc.) ainsi que certaines fonctions liées au raisonnement, à la pensée et à l’attention. Psychomotricien: les sujets avec TSLO de type expressif présentent de façon significative une motricité de qualité moindre dans l’ensemble des domaines (la motricité fine, la motricité globale, la coordination motrice, l’équilibre, la motricité faciale…) , il va aider de même les enfants présentant des difficultés d’attention, problèmes pour se repérer dans l’espace ou dans le temps… 3. Prise en charge: L’orthophoniste Il a un rôle prépondérant en tant que spécialiste de la rééducation des troubles du langage Bilan orthophonique du langage oral 1. Anamnèse : - Les informations personnelles du patient ( Nom, prénom, date de naissance) - Motif de la consultation et qui est à l’origine de la demande - Informations personnelles sur les parents ( niveau socio-culturel) ainsi que la fratrie ( position ) - Atcd familiaux, de grossesse, d’accouchement - Développement psychomoteur, linguistique de l’enfant - Historique médical - Mode et rythme de vie de la famille et de l’enfant 2. l'orthophoniste vous fera passer une série de tests standardisés, sélectionnés en fonction de la plainte et/ou de l’âge: - Acquisitions préscolaires ( formes, couleurs, schéma corporel ) - Organisation spatiale - Epreuve de comptage - Evaluation de la motricité bucco-faciale - Bilan articulatoire ( répétition de phonèmes ) - Bilan de la parole ( répétition de logatomes et de mots ) - Bilan du langage ( répétition de phrases ) - Test pour évaluer la compréhension de l’oral, le stock lexical… - Epreuve de mémoire 3. Annonce du diagnostic et mise en place du projet thérapeutique: Diagnostic: Les axes de définition du retard du langage On peut se déclarer sur le retard simple du langage à partir de 2 ans et 6 mois Trouble de l’encodage syntaxique Hypo spontanéité Evocation lexicale Dissociation automaticoverbale Trouble de l’informativité verbale Trouble de la compréhension Projet thérapeutique: La rééducation orthophonique du retard du langage est de 36 séances, à raison de 2 à 3 fois par semaine, renouvelables en cas de besoin. Prise en charge: - 1 an et 9 mois : accompagnement parental + intégration sociale ( crèche ou jardin d’enfants) - 2 ans-2ans et demi : rééducation+ accompagnement parental - 3 ans : rééducation obligatoire Accompagnement parental : Quelques conseils et recommandations Pour faciliter son expression: - Lui laisser le temps de répondre. - Valoriser les prises de parole de l’enfant, au besoin reformuler pour qu’il soit compris des autres. -éviter de le faire répéter à multiples reprises son message (cela est décourageant pour lui) - Favoriser le tour de rôle et les échanges verbaux autour de jeux axés sur le vocabulaire, la formulation des demandes, la logique, la mémoire, l’attention… ( lotos d’images, jeux de 7 familles, qui est ce? …) - Lire et raconter des histoires en s’assurant régulièrement que l’enfant comprend (en lui posant par exemple des questions : « où cela se passe-t-il ? que fait tel ou tel personnage ?… ») Pour faciliter sa compréhension -Placer l’enfant proche de l’enseignant, loin des portes et fenêtres. -Attirer son attention lorsqu’on lui adresse un message, s’assurer du contact visuel. -Adapter la complexité du langage : phrases simples, courtes, vocabulaire connu et expliqué. -Parler de face, lentement, en articulant bien et il faut mettre de l’intonation dans la voix. -Prendre appui sur le concret et accompagner les explications de démonstrations. Favoriser l’estime de soi chez l’enfant : - Soulignez ses nouvelles habiletés par des commentaires positifs - Apprenez à votre enfant qu’il arrive à tout le monde de se tromper. - Félicitez-le pour ses efforts - Évitez de poser des étiquettes sur votre enfant, en lui disant par exemple qu’il est paresseux, lent ou tannant Ne le comparez pas avec ses frères et sœurs ou avec d’autres enfants de son âge Favoriser votre propre estime de soi : -Ne vous laissez pas décourager par l’effort à faire -Soyez ouvertement fier de vos accomplissements, même de ce qui vous paraît petit -N’accordez pas trop d’importance au regard des autres -Accordez-vous des moments où vous vous faites passer en premier -Ne vous rabaissez pas. Si vous avez fait une erreur ou si vous êtes moins bon dans une tâche, expliquez seulement à votre enfant que vous allez recommencer et apprendre à faire mieux la prochaine fois -Consultez un professionnel (ex. : psychologue, psychothérapeute), au besoin, si vous ne parvenez pas à voir les choses de manière plus positive. Faites de l’écran un moment de partage: Une revue de littérature a montré que l'utilisation des écrans par les parents les rend moins réceptifs sur le plan verbal et non verbal lors des interactions avec leurs enfants. Le temps passé par les parents sur les écrans réduit leur disponibilité, ce qui conduit potentiellement à des interactions parentsenfants de moins bonne qualité Les écrans, s’ils sont utilisés en famille, dans le but de se divertir ou d’élargir ses connaissances et sa culture, peuvent être favorables. En ce sens, les écrans permettent d’augmenter le temps passé en famille et permet de créer des interactions positives (Assathiany et al., 2018). Campagne de prévention : Les balises 3-6-9-12 : Serge Tisseron est psychiatre et membre de l’Académie des technologies, imagine en 2008 la règle « 3-6-9-12 » qui constitue des âges repères pour aider et guider les parents dans l’utilisation des écrans. Le modèle : les « 4 pas pour mieux avancer » établi par Sabine Duflo, psychologue clinicienne Avant 3 ans : Jouons, parlons, arrêtons la télé. A cet âge, l’enfant doit acquérir à cet âge les quatre bases de sa socialisation future : le langage, les compétences motrices, les capacités d’attention et de concentration, et la reconnaissance des mimiques. Plus il passe de temps devant les écrans et moins il en a pour les jeux créatifs, les activités interactives et d’autres expériences cognitives sociales fondamentales De 3 à 6 ans : limitons les écrans, partageons-les, parlons en famille A cet âge, l’enfant renforce ses acquisitions et commence son apprentissage de l’autorégulation. Les limites imposées au temps d’écran doivent en faire partie : de 1/2H à 3 ans à 1H maximum par jour à 6 ans. L’écran est un temps de partage avec un parent. Jamais d’écran dans la chambre, les écrans doivent être dans une pièce commune. Evitons aussi de les utiliser le soir à table ou pour calmer l’enfant. De 6 à 9 ans : créons avec les écrans, expliquons-lui Internet C’est l’apprentissage des règles du jeu social. Achetons à notre enfant un appareil photographique numérique, Intéressons-nous et intéressons notre enfant aux outils de création numérique disponibles : Invitons l’enfant à créer avec les écrans. Commençons aussi à discuter de l’âge où il aura son premier téléphone mobile et fixer des règles familiales respectées par tous, notamment pas pendant les repas et pas la nuit. De 9 à 12 ans : apprenons-lui à se protéger et à protéger ses échanges Les enfants qui passent beaucoup de temps devant les écrans présentent une baisse des capacités d’attention et de concentration. Encourageons l’enfant à gérer son temps d’écran distractif, Parlons aussi avec lui de ce qu’il voit et fait avec les écrans. Et expliquons-lui les 3 règles d’Internet : tout ce qu’on y met peut tomber dans le domaine public, tout ce qu’on y met y restera éternellement, et il ne faut pas forcément croire tout ce que l’on y trouve. 4. Pas d’écrans dans la chambre de l’enfant Avec la télévision, l’ordinateur, la tablette… dans la chambre de l’enfant, les parents n’ont pas la possibilité de contrôler ce que leur enfant regarde Sans écrans dans sa chambre, l’enfant apprend à développer des compétences essentielles : activités sensori-motrices, jeux de faire semblant, jeux symboliques, graphisme, nécessaires pour le développement de sa pensée, son attention, sa socialisation. 3.Pas d’écrans avant de s’endormir – Le sommeil qui se forme avec les dernières images perçues sera de moins bonne qualité car l’image animée, même adaptée, n’est pas une activité calmante pour le cerveau de l’enfant. Elle est trop stimulante émotionnellement – L’écran diffuse une lumière bleue (LED) qui inhibe la mélatonine, hormone régulatrice du sommeil, empêchant l’enfant de s’endormir naturellement 1. Pas d’écrans (télévision, DVD…) le matin Les écrans sont des capteurs d’attention. Or l’attention est essentielle pour les apprentissages scolaires. Or un enfant dont l’attention est fatiguée est un enfant qui bouge, qui parle, qui fait tomber ses affaires… et qui ne parvient plus à se concentrer 2. Pas d’écrans durant les repas La télévision allumée durant les repas familiaux empêche votre enfant de vous parler et vous lui parlez moins. Un enfant qui grandit avec une télévision allumée en permanence acquerra un vocabulaire plus pauvre, un langage moins riche.