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L’essentiel 1. Globalement, le bimétallisme domine jusqu’au milieu du XIXe. Le bimétallisme « ne
comportait pas d’inconvénients significatifs, aussi longtemps que le rapport existant entre la
valeur de l’argent et la valeur de l’or demeurait relativement stable » (Bairoch). Or, la valeur de
l’argent a progressivement diminué relativement à celle de l’or au cours du XIXe siècle,
notamment du fait de l’amélioration des procédés d’extraction : la mauvaise monnaie a alors eu
tendance à la chasser la bonne (loi de Gresham), c’est-à-dire que l’argent était privilégié dans les
transactions tandis que l’or était thésaurisé.
L’essentiel 2. En France, le Franc Germinal de l’An XI (1803) est défini officiellement en argent, et
indirectement en or ; l’adoption de l’étalon-or se fera, après l’expérience de l’Union latine (union
monétaire regroupant en 1865 la Belgique, la France, l’Italie et la Suisse), en 1878. Aux Etats-
Unis, le dollar est également d’abord défini officiellement en argent (1792) puis en or (révision
de la parité-or du dollar en 1834 : 18,84$ l’once d’or fin) ; l’adoption de l’étalon-or par les Etats-
Unis se fera progressivement (partiellement en 1853, de fait en 1873, de jure en 1900). En
Allemagne, le mark-or est créé 1871, et l’étalon-or est adopté en 1873 (et la même année pour le
Danemark et la Suède). L’adoption sera encore plus tardive dans d’autres pays : Autriche-
Hongrie (1892), Russie (1897), Japon (1897, convertibilité en 1899). Finalement, « le règne
absolu de l’or ne durera que quelques décennies » (Bairoch).
2) La stabilité monétaire issue du système et l’ajustement automatique de la balance des
paiements
a) Le mécanisme des « points d’or » et la stabilité monétaire
L’essentiel 1. Le système de l’étalon-or implique une grande stabilité des taux des changes, du fait du
mécanisme des points d’entrée et de sortie de l’or. Les négociants préfèrent a priori régler leurs
transactions en devises plutôt qu’en or, du fait des coûts afférents au paiement en métal (frais de
transport, d’assurance, de monnayage). Ainsi, un importateur français de biens britanniques
privilégiera a priori un règlement de ses factures en livres sterling (après conversion de francs
en livres sur le marché des changes). Cependant, si le franc se déprécie de telle sorte que le cours
de la livre passe au-dessus sa valeur officielle (définie à partir des parités-or du franc et de la
livre) plus les coûts afférents au paiement en or, nous atteignons le « point de sortie d’or » : les
débiteurs français choisiront de payer directement en or (après conversion de francs en or, à la
parité officielle), stoppant les ventes de francs et les achats de livre sur le marché des changes,
donc la dépréciation du franc. Symétriquement, l’appréciation d’une monnaie est stoppée
mécaniquement lorsque son cours atteint le « point d’entrée d’or » (valeur officielle + coût
afférents).
L’essentiel 2. Cette stabilité monétaire inhérente à l’étalon-or constitue la qualité majeure attendue d’un
système de changes fixes (dans la mesure où des changements de parités officielles n’ont pas
lieu). Elle est en effet censée créer un environnement monétaire favorable au développement des
échanges internationaux : « Le système de l’étalon or a impliqué une stabilité monétaire quasi
parfaite qui n’a pas été étrangère à la croissance rapide à la fois du commerce extérieur et des
investissements internationaux » (Bairoch).
b) L’ajustement de la balance des paiements (Hume (1752))
L’essentiel. Un autre avantage associé à l’étalon-or est la capacité de ce système monétaire international à
assurer un rééquilibrage automatique des balances des paiements. Cette capacité repose sur le
mécanisme d’ajustement prix – flux d’espèces (price specie flow mechanism) mis en évidence par
David Hume (1752), On the Balance of Trade : déficit commercial ⇒ dépréciation de la monnaie
domestique (excès d’offre de monnaie domestique sur le marché des changes) ⇒ sortie d’or (dès
que le point de sortie d’or est atteint) ⇒ baisse de la masse monétaire (quantité de monnaie en
circulation sur le plan interne) ⇒ baisse du niveau général des prix (selon la théorie quantitative
de la monnaie), synonyme de gains de compétitivité prix ⇒ résorption du déficit. Un mécanisme
symétrique s’enclenche en cas d’excédent de la balance commerciale (courante).