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Chapitre 6 Le système monétaire international
Sommaire
Bibliographie
Introduction
1) les régimes de change
a) définition et typologie
b) Changes fixes ou changes flottants ?
2) Le système monétaire international : définition et rôle
I. L’étalon-or au XIXe siècle
1) L’adoption de l’étalon-or
a) L’Angleterre en 1816-1821
b) Les autres pays à partir du milieu du XIXe siècle
2) La stabilité monétaire issue du système et l’ajustement automatique de la balance des
paiements
a) Le mécanisme des « points d’or » et la stabilité monétaire
b) L’ajustement de la balance des paiements (Hume (1752))
3) « Euthanasie des monnaies or et argent » et étalon-or sterling ?
4) Un système devenu incompatible avec les évolutions des structures économiques et
sociales ?
II. L’instabilité monétaire et la tentative de retour à l’or (1914 – 1939)
1) La Première Guerre mondiale et l’inflation
2) La conférence de Gênes et le Gold Exchange (bullion) Standard
3) Les débats sur le retour à l’or
4) L’équilibre instable du système
5) La dépression des années 1930 et l’éclatement du SMI
III. Le système de Bretton Woods
1) Les accords de Bretton Woods
a) La Conférence de Bretton Woods
b) Keynes contre White
c) Le contenu de l’accord issu de Bretton Woods
2) La pénurie de dollars (1946 1958)
3) 1958 1968 : un âge d’or, court et fragile
a) L’absence de mécanisme automatique d’ajustement des balances des paiements
b) Le paradoxe de Triffin et le « secret du déficit sans pleurs » (Rueff)
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c) La perte de confiance dans le dollar et l’affaiblissement de la solidarité internationale
4) La fin du système de Bretton Woods (1968 1973)
a) Les autres facteurs de pression à la baisse sur le dollar
b) La tentative des Droits de Tirage Spéciaux (DTS)
c) L’inconvertibilité et les dévaluations du dollar
5) Le système de Bretton Woods : une contribution à la croissance des trente glorieuses ?
IV. Le « système » monétaire international depuis l’avènement des changes flottants
1) Le flottement des monnaies depuis 1973 : quelques repères
2) Volatilité, variabilité et spéculation déstabilisatrice
3) Un accroissement du commerce international et de l'investissement international, une
montée des déséquilibres commerciaux
4) Une autonomie limitée et des interventions nombreuses des autorités monétaires
5) L’asymétrie d’un système reposant sur le dollar
6) Faut-il réformer le SMI ?
a) La résorption des déséquilibres mondiaux est-elle une nécessite ? L’arrangement
« compétitivité contre financement »
b) La domination du dollar est-elle un facteur de stabilité mondiale ? La thèse de la stabilité
hégémonique (Kindleberger)
c) Un Système Monétaire International multipolaire ?
Justifications du polycentrisme monétaire
La question de la coopération internationale
Un FMI comme prêteur en dernier ressort ? Un rôle accru pour les DTS ?
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Bibliographie
Bénassy-Quéré A., Economie monétaire internationale, CorpusEconomie, Economica.
Bénassy-Quéré A. et al., Réformer le Système Monétaire International, Rapport du Conseil d’Analyse
Economique, septembre 2011.
Bouguinat H., Teïletche J. et Dupuy M., Finance Internationale, Dalloz.
Krugman P., M. Obstfeld et M. Melitz, Economie internationale, Pearson.
Lelart M., Le Système monétaire international, Repères, La Découverte.
Introduction
1) les régimes de change
a) définition et typologie
L’essentiel. Un régime de change est défini par « l’ensemble des règles qui déterminent l’intervention des
autorités monétaires sur le marché des changes ». Il existe une grande variété de régimes de
change, que l’on peut classer selon que le degré d’arrimage de la monnaie domestique. Parmi les
régimes d’arrimage ferme (terminologie du FMI) : les changes fixes (étalon-or), la dollarisation
(Panama) ou l’euroïsation (Monténégro) ou les caisses d’émission (Hong Kong, Argentine en
1991, Bulgarie en 1997). Parmi les régimes d’arrimage plus souples (« impurs ») : les changes
fixes mais ajustables, les arrimages sans parité officielle (arrimage du yuan au dollar), les
flottements impurs (dirigés, gérés). Enfin le régime de change flottant (dollar, euro), souvent
impur, repose une (quasi) absence d’interventions (unilatérales ou concertées) des autorités
monétaires sur le marché des changes.
b) Changes fixes ou changes flottants ?
L’essentiel 1. Il s’agit du débat traditionnel concernant les régimes de change. Le courant monétariste
(Milton Friedman) se classe clairement du côté des partisans des changes flottants. En supposant
une rigidité des prix à court terme, les évolutions des taux de change sont censées permettre un
rééquilibrage automatique de la balance courante. De plus, la spéculation est supposée
stabilisante chez Friedman. Au contraire, l’instabilité inhérente aux marchés d’actifs (Nurkse,
Keynes et les post-keynésiens) est souvent un argument central contre les changes flottants.
Toutefois, l’opposition entre les partisans des changes flottants et les partisans des changes fixes
ne recoupe pas les oppositions théoriques traditionnelles. Par exemple, un système de change
fixe peut être vu comme une contrainte bénéfique car imposant une politique monétaire de
contrôle strict de la masse monétaire, donc de l’inflation, en cohérence avec le rôle que doit jouer
cette politique dans un cadre néo-classique. Au contraire, une certaine souplesse des taux de
change redonne de l’autonomie à la politique monétaire, laquelle peut alors poursuivre des
objectifs internes tels que la lutte contre le chômage, en cohérence, dans ce cas, avec la théorie
keynésienne.
L’essentiel 2. Finalement, la question du choix du régime de change apparait souvent aujourd’hui comme
une question davantage empirique, pragmatique que théorique. Ainsi, J.A. Frankel affirmait en
1999 : « Il n’existe pas un régime de change unique qui convienne à tous les pays ou à tout
moment ». C’est également ce message qui ressort de la théorie des zones monétaires optimales
(Mundell (1961)) : la création d’une zone monétaire (changes fixes ou monnaie unique) se
justifie dans la mesure où les régions ou pays de la zone possèdent certaines caractéristiques
(tels que la parfaite mobilité des facteurs de production). Néanmoins, dans un article publié en
2020, Maurice Obstfeld affirme que l’histoire tend à condamner les changes fixes : « We have
learned that for most countries, the idea of a credibly fixed exchange rate is chimerical.
Experience has shown that fixed rates invite speculative attack, and not just in cases where the
peg is inevitably doomed by unsustainable government policies » (Obstfeld M. (2020), Harry
Johnson's 'Case for Flexible Exchange Rates' - 50 Years Later”, CEPR Discussion Paper).
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2) Le système monétaire international : définition et rôle
L’essentiel 1. Un système monétaire international est « un ensemble d’accords, de règles, de pratiques et
d’institutions dans le cadre desquels s’effectuent les paiements liés aux échanges
internationaux ». Un régime de change est un élément constitutif d’un tel système, de même
qu’une monnaie internationale (ou, a minima, un étalon monétaire international) ; mais ces deux
éléments se suffisent pas à eux seuls à pleinement caractériser un système monétaire
international.
Point méthode. Ce qui précède impose de ne pas confondre un sujet sur le « système monétaire
international » avec un sujet sur les « régimes de changes ».
L’essentiel 2. De manière générale, le rôle d’un SMI est d’assurer le bon fonctionnement des échanges
internationaux dans un monde d’Etats-nations caractérisé par l’existence de monnaies
nationales différentes. Pour assumer ce rôle, le SMI doit a priori remplir trois fonctions :
1) permettre l’échange des monnaies, 2) faciliter le rééquilibrage des balances des paiements,
3) permettre l’alimentation de l’économie mondiale en liquidités internationales.
I. L’étalon-or au XIXe siècle
1) L’adoption de l’étalon-or
L’essentiel 1. Jusqu’au XIXe siècle, le bimétalisme or-argent est dominant. Son abandon au profit de
l’étalon-or est d’abord le fait de l’Angleterre au début du XIXe siècle. Ce n’est qu’à partir des
années 1870 que l’étalon-or devient le système dominant.
L’essentiel 2. Les principes de l’étalon-or sont : 1) la possibilité de convertir l’or métal en or monnaie sur
des bases identiques, 2) la possibilité d’échanger le papier-monnaie contre de l’or, 3) la liberté
d’importer et d’exporter de l’or monnaie, de l’or métal et des devises (pas de contrôle des
changes, ni de contrôle des mouvements de capitaux).
a) L’Angleterre en 1816-1821
L’essentiel. Suite à la suspension de la convertibilité-or en 1797 puis à la dépréciation de la livre à partir
de 1808, est formé le Bullion commitee, dont le rapport sera remis en 1810. Au sein de ce comité
s’opposent les bullionistes (représentés par Henry Thornton) partisans d’un retour à la
convertibilité de la livre afin de contraindre l’émission de monnaie par la Banque d’Angleterre et
les antibullionistes qui exonéraient la Banque centrale de toute responsabilité dans
l’augmentation des prix et l’affaiblissement du taux de change. Une loi de 1816 signe l’abandon
du bimétallisme et le retour à la convertibilité-or de la livre aura lieu en 1821, établissant alors
pleinement le Gold standard en Angleterre.
Approfondir 1. Le débat ayant eu lieu au sein du Bullion commitee va se retrouver dans l’opposition entre
la Currency school (dont le partisan le plus affirmé est David Ricardo) qui adhère à la théorie
quantitative de la monnaie et la Banking school (Thomas Tooke et John Fullarton) qui défend
l’idée d’une création monétaire endogène. Le Bank Act (appelé aussi Peel Act) de 1844 imposera
le currency principle en Angleterre.
Approfondir 2. L’adhésion simultanée à l’étalon-or (bullionistes) et au currency principle est en cohérence
avec le ‘modèle’ économique suivant : 1) La stabilité du taux de change est conditionnée par la
stabilité des prix (théorie de la parité des pouvoirs d’achat), 2) L’inflation est un phénomène
monétaire (théorie quantitative de la monnaie), donc la stabilité des prix est garantie par une
gestion stricte de l’émission de monnaie.
b) Les autres pays à partir du milieu du XIXe siècle
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L’essentiel 1. Globalement, le bimétallisme domine jusqu’au milieu du XIXe. Le bimétallisme « ne
comportait pas d’inconvénients significatifs, aussi longtemps que le rapport existant entre la
valeur de l’argent et la valeur de l’or demeurait relativement stable » (Bairoch). Or, la valeur de
l’argent a progressivement diminué relativement à celle de l’or au cours du XIXe siècle,
notamment du fait de l’amélioration des procédés d’extraction : la mauvaise monnaie a alors eu
tendance à la chasser la bonne (loi de Gresham), c’est-à-dire que l’argent était privilégié dans les
transactions tandis que l’or était thésaurisé.
L’essentiel 2. En France, le Franc Germinal de l’An XI (1803) est défini officiellement en argent, et
indirectement en or ; l’adoption de l’étalon-or se fera, après l’expérience de l’Union latine (union
monétaire regroupant en 1865 la Belgique, la France, l’Italie et la Suisse), en 1878. Aux Etats-
Unis, le dollar est également d’abord défini officiellement en argent (1792) puis en or (révision
de la parité-or du dollar en 1834 : 18,84$ l’once d’or fin) ; l’adoption de l’étalon-or par les Etats-
Unis se fera progressivement (partiellement en 1853, de fait en 1873, de jure en 1900). En
Allemagne, le mark-or est créé 1871, et l’étalon-or est adopté en 1873 (et la même année pour le
Danemark et la Suède). L’adoption sera encore plus tardive dans d’autres pays : Autriche-
Hongrie (1892), Russie (1897), Japon (1897, convertibilité en 1899). Finalement, « le règne
absolu de l’or ne durera que quelques décennies » (Bairoch).
2) La stabilité monétaire issue du système et l’ajustement automatique de la balance des
paiements
a) Le mécanisme des « points d’or » et la stabilité monétaire
L’essentiel 1. Le système de l’étalon-or implique une grande stabilité des taux des changes, du fait du
mécanisme des points d’entrée et de sortie de l’or. Les négociants préfèrent a priori régler leurs
transactions en devises plutôt qu’en or, du fait des coûts afférents au paiement en métal (frais de
transport, d’assurance, de monnayage). Ainsi, un importateur français de biens britanniques
privilégiera a priori un règlement de ses factures en livres sterling (après conversion de francs
en livres sur le marché des changes). Cependant, si le franc se déprécie de telle sorte que le cours
de la livre passe au-dessus sa valeur officielle (définie à partir des parités-or du franc et de la
livre) plus les coûts afférents au paiement en or, nous atteignons le « point de sortie d’or » : les
débiteurs français choisiront de payer directement en or (après conversion de francs en or, à la
parité officielle), stoppant les ventes de francs et les achats de livre sur le marché des changes,
donc la dépréciation du franc. Symétriquement, l’appréciation d’une monnaie est stoppée
mécaniquement lorsque son cours atteint le « point d’entrée d’or » (valeur officielle + coût
afférents).
L’essentiel 2. Cette stabilité monétaire inhérente à l’étalon-or constitue la qualité majeure attendue d’un
système de changes fixes (dans la mesure où des changements de parités officielles n’ont pas
lieu). Elle est en effet censée créer un environnement monétaire favorable au développement des
échanges internationaux : « Le système de l’étalon or a impliqué une stabilité monétaire quasi
parfaite qui n’a pas été étrangère à la croissance rapide à la fois du commerce extérieur et des
investissements internationaux » (Bairoch).
b) L’ajustement de la balance des paiements (Hume (1752))
L’essentiel. Un autre avantage associé à l’étalon-or est la capacité de ce système monétaire international à
assurer un rééquilibrage automatique des balances des paiements. Cette capacité repose sur le
mécanisme d’ajustement prix flux d’espèces (price specie flow mechanism) mis en évidence par
David Hume (1752), On the Balance of Trade : déficit commercial dépréciation de la monnaie
domestique (excès d’offre de monnaie domestique sur le marché des changes) sortie d’or (dès
que le point de sortie d’or est atteint) baisse de la masse monétaire (quantité de monnaie en
circulation sur le plan interne) baisse du niveau général des prix (selon la théorie quantitative
de la monnaie), synonyme de gains de compétitivité prix résorption du déficit. Un mécanisme
symétrique s’enclenche en cas d’excédent de la balance commerciale (courante).
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