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Opérateur laplacien — Wikipédia

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Opérateur laplacien
Opérateur différentiel, qui, appliqué à un
champ scalaire, exprime les variations
dynamiques dans l'espace de ce champ
L'opérateur laplacien, ou simplement le laplacien, est l'opérateur différentiel défini par
l'application de l'opérateur gradient suivie de l'application de l'opérateur divergence :
Intuitivement, il combine et relie la description statique d'un champ (décrit par son gradient)
aux effets dynamiques (la divergence) de ce champ dans l'espace et le temps. C'est
l'exemple le plus simple et le plus répandu d'opérateur elliptique.
Il apparaît dans la formulation mathématique de nombreuses disciplines théoriques, comme
la géophysique, l'électrostatique, la thermodynamique, la mécanique classique et quantique.
On le retrouve systématiquement dans les expressions de l'équation de Laplace, de l'équation
de Poisson, de l'équation de la chaleur et l'équation d'onde.
L'opérateur laplacien appliqué deux fois est appelé bilaplacien.
Présentation
Effet physique
Une manière d'aborder la compréhension du laplacien est de remarquer qu'il représente
l'extension en dimension trois (ou deux, ou plus) de ce qu'est la dérivée seconde en
dimension un.
De même que le gradient est l'équivalent en 3D de la variation temporelle, de même le
laplacien reflète la dérivée seconde qu'est l'accélération : il prend des valeurs importantes
dans des zones qui sont fortement concaves ou convexes, c'est-à-dire qui marquent un
déficit par rapport au plan de « distribution moyenne » que matérialise le gradient. Une valeur
importante (en positif ou négatif) du laplacien signifie que localement, la valeur du champ
scalaire est assez différente de la moyenne de son environnement ; et sur le plan dynamique,
cette différence de valeur demande à être comblée.
D'une manière générale, on aura donc des équations physiques traduisant que la vitesse
d'évolution d'une grandeur physique en un point sera d'autant plus grande que le laplacien est
important en ce point, le rapport entre les deux étant donné par un coefficient de diffusion.
C'est ce que traduit par exemple l'équation de la chaleur :
=
.
La vitesse de variation de la température en un point est (à un coefficient près) d'autant plus
grande que l'écart de température avec la moyenne de son entourage est important.
Définition
Symbolisé par la lettre grecque delta, il correspond donc à l'opérateur nabla appliqué deux
fois à la fonction considérée. Il s'applique le plus souvent aux champs scalaires, et son
résultat est alors également un champ scalaire. La première application de nabla porte sur
un scalaire : il s'agit donc d'un gradient, et le résultat est un vecteur :
La deuxième opération porte alors sur un vecteur. Il s'agit alors d'une divergence, et le
résultat est un scalaire :
,
d'où les identités mentionnées en introduction.
Étant le résultat d'une double dérivation spatiale, s'il est appliqué à une grandeur physique G
de dimension [G], le résultat sera en [G] par mètre carré.
Changement de système de coordonnées
Pour un champ scalaire, une fois établi le tenseur métrique g, on a :
.
Cette formule permet de calculer facilement le laplacien dans un système de coordonnées
quelconque.
Laplacien de tenseurs
De manière plus générale, l'opérateur laplacien vectoriel, lui, s'applique aux champs
vectoriels, et la définition du laplacien par la divergence du gradient (celle-ci étant prise sur
l'indice tensoriel créé par le gradient) est valable pour un champ tensoriel quelconque a.
Attention cependant à ce que dans ce cas, la formule
devient fausse. Le
laplacien d'une matrice de coordonnées est la matrice des laplacien des coordonnées. Le
laplacien
a le même nombre d'indices que a. Le laplacien admet une généralisation aux espaces non
euclidiens suffisamment lisses, appelé opérateur de Laplace-Beltrami.
Expression dans différents systèmes de coordonnées
Coordonnées cartésiennes
En coordonnées cartésiennes bidimensionnelles, le laplacien est :
.
En coordonnées cartésiennes tridimensionnelles :
.
En coordonnées cartésiennes dans ℝn :
.
Coordonnées polaires
En coordonnées polaires (donc en dimension 2), le laplacien s'exprime de la façon
suivante[1],[2] :
Coordonnées cylindriques (dimension 3)
Il suffit d'ajouter
au laplacien en coordonnées polaires ci-dessus pour obtenir celui
correspondant au paramétrage cylindrique
:
Coordonnées sphériques (dimension 3)
Avec le paramétrage
,
le laplacien s'exprime de la façon suivante[3] :
.
Ou sous une autre forme, qui peut être plus adaptée pour certains calculs, et redonne la
formule précédente une fois développée :
.
Coordonnées hypersphériques (dimension 4)
Avec le paramétrage
,
le laplacien s'exprime de la façon suivante[4] :
.
Coordonnées sphériques en dimension quelconque
En coordonnées hypersphériques
,
le laplacien s'exprime de la façon suivante[5] :
.
Propriétés
L'opérateur laplacien est linéaire :
L'opérateur laplacien vérifie la règle de Leibniz pour un opérateur différentiel d'ordre deux :
L'opérateur laplacien est un opérateur négatif, au sens où, pour toute fonction lisse ϕ à
support compact, on a :
.
Cette égalité se démontre en utilisant la relation
, en intégrant par parties,
et en utilisant une version du théorème de Stokes, qui se transpose à l'intégration par
parties dans le cas unidimensionnel.
L'opérateur laplacien est indépendant du choix de la base orthonormale décrivant les
variables spatiales[6].
Fonction harmonique
Article détaillé : Fonction harmonique.
Une fonction
(avec
) est dite harmonique si elle vérifie l'équation
suivante, appelée équation de Laplace :
.
Interprétation
Article connexe : Laplacien discret.
Le raisonnement se limitera au cas du plan. La dérivée d'une fonction en un point situé sur
une droite se définit comme la limite du rapport des variations autour de ce point de la
fonction et de la variable lorsque cette dernière variation tend vers zéro. En calcul numérique,
une approximation de cette dérivée est donc obtenue pour un pas h en utilisant des
différences finies :
.
La dérivée seconde s'exprime par
.
Cette quantité, qui tend vers le laplacien lorsque h tend vers 0, est proportionnelle à la
différence entre la demi-somme des valeurs extrêmes et la valeur centrale. La propriété se
généralise à un nombre quelconque de variables.
Approche géométrique
Il est indispensable de bien dégager une interprétation physique simple pour le laplacien,
autrement dit de se demander quelle est la signification physique de la quantité ∇2ϕ, où ϕ est
une grandeur physique quelconque. En particulier, ϕ peut être le potentiel gravifique V ou le
potentiel de pesanteur U, mais ϕ peut aussi désigner une quantité plus compliquée qu'une
simple grandeur scalaire, par exemple un vecteur ou un tenseur. Le laplacien étant un
opérateur scalaire, on peut donc établir sa signification physique dans un système de
coordonnées au choix. Pour des raisons de simplicité, nous utilisons ici des coordonnées
cartésiennes Ox, Oy, Oz, dans lesquelles ∇2 s'exprime par
.
Supposons qu'en un point O quelconque, pris comme origine de ce système d'axes Oxyz, le
champ ϕ prenne la valeur ϕ0. Considérons un cube élémentaire de côté a, dont les arêtes
sont parallèles aux axes de coordonnées et dont le centre se confond avec l'origine O. La
valeur moyenne de ϕ dans ce cube élémentaire, autrement dit la valeur moyenne de ϕ au
voisinage du point O, est fournie par l'expression
,
où les trois intégrations portent chacune sur le cube C = [−a⁄2, a⁄2]3.
En un point P(x, y, z) arbitraire au voisinage de O(0,0,0), développons ϕ en série de TaylorMaclaurin. On a ainsi :
D'une part, les fonctions impaires dans cette expression fournissent, par intégration de −a⁄2 à
a⁄2,
une contribution nulle à ϕ. Par exemple,
.
D'autre part, les fonctions paires fournissent chacune une contribution de a5/12. Par
exemple,
.
On en déduit que
,
ou encore
.
Comme le point O a été choisi arbitrairement, on peut l'assimiler au point courant P et laisser
tomber l'indice 0. On obtient donc l'expression suivante, dont l'interprétation est immédiate :
,
c'est-à-dire la quantité ∇2ϕ est proportionnelle à la différence ϕ – ϕ. La constante de
proportionnalité vaut 24/a2 en axes cartésiens. En d'autres termes, la quantité ∇2ϕ est une
mesure de la différence entre la valeur de ϕ en un point quelconque P et la valeur moyenne ϕ
au voisinage du point P. En particulier, les fonctions harmoniques (voir supra) ont la propriété
d'être des fonctions moyennes (ou des « fonctions de classe moyenne »).
Remarque : le laplacien d'une fonction peut aussi être interprété comme la courbure moyenne
locale de la fonction, que l'on visualise aisément pour une fonction f à une seule variable. On
vérifiera aisément que le raisonnement proposé ici pour le laplacien s'applique à une fonction
f et à sa dérivée seconde. La dérivée seconde (ou courbure) représente ainsi la déviation
locale de la moyenne par rapport à la valeur au point considéré.
Notes et références
1. Expression du laplacien en coordonnées polaires (dimension 2) (http://www.cafepedagog
ique.net/communautes/MarcCourbot/Documents/TRAVAUX%20SUR%20LE%20LAPLACI
EN/2D%20-%20LAPLACIEN.pdf) .
2. Calcul différentiel/Exercices/Différentiabilité#Exercice 7 (https://fr.wikiversity.org/wiki/fr:
Calcul_diff%C3%A9rentiel/Exercices/Diff%C3%A9rentiabilit%C3%A9#Exercice_7)
sur
Wikiversité.
3. Expression du laplacien en coordonnées sphériques (dimension 3) (http://www.cafepeda
gogique.net/communautes/MarcCourbot/Documents/TRAVAUX%20SUR%20LE%20LAPL
ACIEN/3D%20-%20LAPLACIEN.pdf) .
4. Expression du laplacien en coordonnées hypersphériques (dimension 4) (http://www.cafe
pedagogique.net/communautes/MarcCourbot/Documents/TRAVAUX%20SUR%20LE%20L
APLACIEN/4D%20-%20LAPLACIEN.pdf) .
5. Expression du laplacien en coordonnées sphériques (dimension quelconque) (http://www.
cafepedagogique.net/communautes/MarcCourbot/Documents/TRAVAUX%20SUR%20L
E%20LAPLACIEN/-%20LAPLACIEN%20(%20dimension%20n%20)%20-.pdf) .
6. On le montre en utilisant le fait que la transposée de la matrice de passage d'une base à
l'autre est identique à son inverse.
Voir aussi
Articles connexes
Harmonique cylindrique
Harmonique sphérique
Théorie du potentiel
Liens externes
(en)
Eric W. Weisstein, « Laplacian » (http://mathworld.wolfram.com/Laplacian.html) , sur
MathWorld
(en)
Milton Abramowitz et Irene Stegun, Handbook of Mathematical Functions with
Formulas, Graphs, and Mathematical Tables [détail de l’édition] (lire en ligne (http://people.
math.sfu.ca/~cbm/aands/) ), chap. 21 (http://people.math.sfu.ca/~cbm/aands/page_75
1.htm)
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