« Tous les grands penseurs se sont posé la question de la signification de l’existence ; mais bien peu nous on fait comprendre que nous portons en nous la clé de l’énigme ». En écrivant cela dans Mélanges, Henri Bergson fait le constat que ce qui a manqué à la philosophie est la décision de partir de ce qui nous est donné, l’existence, pour en explorer les articulations et le fonctionnement propre. Dans le prolongement de la pensée de Bergson, Anne-Claire Désesquelles écrit dans La Force de l’invisible : « Vivre ne se résume donc pas à survivre en maintenant l’exercice de ses fonctions organiques, mais consiste à déployer sa force dans un certain type d’activité ». Le propos de présente comme un constat sur la différence entre « vivre » et « survivre », l’un demandant l’emploi de force et de volonté d’exister tandis que l’autre consiste simplement à se laisser exister, et ainsi dépérir à petit feu sans avoir le contrôle de sa vie. Le présupposé d’Anne Claire-Désesquelles serait donc que le secret pour moissonner toute la fécondité de son existence réside en nous et consiste à employer sa force vitale dans une activité qui nous correspond. On se propose ici d’étudier ce en quoi vivre consiste réellement, et nous nuanceront le propos de la philosophe compte tenue de la pluralité des visions de l’existence, et ce à la lumière du Gai Savoir de Nietzche, des livres IV et V des Contemplations de Victor Hugo, et de la Supplication de Svetlana Alexievitch. Vivre, selon la philosophie Nietzschéenne déployée dans le Gai Savoir, consiste à repousser continuellement tout ce qui en nous faiblit et se laisse aller, à l’image du surhomme, et ainsi exprimer dans sa totalité sa volonté de Puissance. De ce fait, impliquer sa force de vivre dans une activité bien précise peut s’avérer fructueux, permettant à l’individu de trouver un sens a son existence et ainsi s’éloigner d’une vie sclérosée. Néanmoins, Il n’est parfois pas possible à un individu de se détacher de la souffrance qu’il endure pour s’investir dans une activité, à l’image des Biélorusses ayant subit la catastrophe de Tchernobyl, dont l’existence n’a plus de sens, et qui voient mourir les gens autour d’eux sans intermittence.