Surveillance médicale des travailleurs exposés aux Isocyanates page 2
Guide de pratique professionnelle du Comité médical provincial adopté le 2 juin 1999
en santé au travail Mis à jour en juin 2000
animale est complexe. Quand ils sont chauffés jusqu’à décomposition, ils émettent des fumées
toxiques.
Dans la plupart des utilisations industrielles, les monomères représentent la fraction mineure
alors que les oligomères constituent la fraction majeure. On les retrouve le plus souvent sous
forme de diisocyanate et polyisocyanate. Par exemple, les peintures pour véhicules
automobiles, camions ou avions contiennent plus de 99 % d’oligomères et moins de 1 % de
monomères4. En pratique, sous un angle clinique, et considérant les résultats des études
actuelles, ces deux groupes peuvent être considérés ensemble. On les retrouve souvent dans
les mêmes applications commerciales et on retient à ce jour les mêmes effets toxiques5 compte
tenu que les données spécifiques sur la nature précise des produits mesurés dans les études
de terrain n’apparaissent qu’exceptionnellement. On peut retrouver aussi plus rarement des
monoisocyanates, produits en général plus volatils utilisés par exemple comme intermédiaire
de synthèse pour la fabrication de pesticides de la famille des carbamates.
Parmi les diisocyanates les plus communs dans l’industrie, nommons le diisocyanate de
toluène (TDI), utilisé surtout dans la synthèse des mousses flexibles, le diisocyanate
d’hexaméthyle (HDI), utilisé dans les produits de revêtement de surface et le diisocyanate de
diphénylméthane (MDI), pour la synthèse des mousses rigides. Le TDI et l’HDI, sont en général
des produits plus volatils que le MDI. Cependant on ne peut conclure seulement à partir de
cette caractéristique, à une différence de toxicité.
Les polyisocyanates dérivent des diisocyanates. Ils sont stables chimiquement, de faible
conductivité thermique, résistants au niveau mécanique, à l’oxydation, aux agents chimiques et
biologiques. Parmi les principales molécules rencontrées en milieu industriel, on retrouve
l’isocyanurate de l’HDI (HDT) et biuret de l’HDI. Ce sont essentiellement des durcisseurs des
peintures polyuréthanes utilisés comme peinture de finition en pulvérisation (auto, camion,
avion, train ). Ils sont peu volatils à moins d’être pulvérisés (aérosols). Notons qu’ils sont
associés, lors de ces opérations, à des solvants et que l’exposition même si elle est courte,
peut être intense, d’où souvent la nécessité en pratique, d’équipement adéquat de protection
individuelle.
Métabolisme
L’absorption se fait essentiellement par voies respiratoires. L’emploi de ces produits en
aérosols (peinture pulvérisée) favorise leur inhalation. L’absorption par voie cutanée fait encore
l’objet d’une controverse. Les manifestations pathologiques sont donc dominées en fréquence
et en gravité par des atteintes de l’appareil respiratoire. Ces produits semblent être rapidement
hydrolysés au niveau du tractus respiratoire en amines correspondantes et se retrouvent sous
cette forme dans le compartiment sanguin sous forme libre ou liée aux protéines sériques6. Ces
amines libres sont ensuite très rapidement acétylées au niveau du foie. L’élimination se fait
essentiellement par les reins. Plusieurs études expérimentales ont validées certains
métabolites urinaires (TDA: toluène Di-Amine, HDA: hexaméthylène Di-Amine) mais il n’y a pas
encore actuellement d’indicateur retenu pour une surveillance biologique de ces produits au
Québec.