MYCOBACTERIES I- HISTORIQUE : La tuberculose existe au moins depuis 120 siècles. Elle était reconnue par les médecines grecque, chinoise, égyptienne et indienne. Hippocrate décrit des tubercules, des ulcérations et des pleurésies ainsi que les premiers « traitements ». 1865 : Villemin montre que la tuberculose humaine est une maladie transmissible. 1882 : Découverte du bacille de Koch (actuellement nommé M. tuberculosis) 1902 : Dorset (milieu de culture à l'oeuf qui sera amélioré par (Lôwenstein, Jensen, Coletsos, Petragnani). 1902 : Découverte de M. bovis, agent de la TBC bovine. 1921 : Calmette et Guérin: vaccin (B.C.G.), après 13 ans de subculture d'une souche de M. bovis. 1944 : Waksman découvre la streptomycine. 1950 : Découverte du rôle pathogène d'autres Mycobactéries dites atypiques. II- CLASSIFICATION : • Les Mycobactéries appartiennent a la famille des Mycobacteriacae dans l’ordre des Actinomycètales. Elle comprend un seul genre: Mycobacterium lui-même subdivisé en 53 espèces. Parmi ces espèces 3 sont responsable de tuberculose chez l’homme et forment le complexe tuberculosis : 1- M.tuberculosis: dont le réservoir est l’homme, c’est le plus fréquent en Algérie. 2- M.bovis: Responsable de tuberculose bovine transmise à l’homme. 3- M.africanum: Agent de tuberculose en Afrique centrale et orientale. Mycobacterium.leprae est responsable de la lèpre, sévit principalement dans les pays du tiers monde situés en zone intertropicale Les autres Mycobactéries sont dites atypiques, elles sont agent de mycobactériose chez l’immunodéprimé et sont peu ou pas pathogènes chez le sujet sain. Le point commun à toutes ces espèces appartenant au genre Mycobacterium, est une propriété tinctoriale mise en évidence par la coloration de Ziehl-Neelsen: l’acidoalcoolo-résistance. III- STRUCTURE: Les mycobactéries sont riches en lipides. Leur structure de base est un peptidoglycane lié de manière covalente à un mycolate d'arabinogalactane. 1. Peptidoglycane. 2. Arabinogalactane: polyoside. 3. Acides mycoliques: acides gras ramifiés et hydroxylés responsables de l'acidoalcoolo-résistance des mycobactéries. STRUCTURE MYCOBACTERIUM TUBERCULOSIS Découvert par Koch en 1882 d’où le nom de bacille de Koch. I-CARACTERES BACTERIOLOGIQUES 1)- Morphologie : Bacille de 2 à 5 µm de long et de 0,3 p.m de large, rectiligne ou +/- incurvé, aux extrémités arrondies et immobile, non capsulé et non sporulé. Dans les produits pathologiques il se présente sous forme isolée ou en petits amas. En culture on peut observer des formes coccoïdes ou filamenteuses. Bacilles difficilement colorables par les colorants usuels. Coloré par la fuschine phéniquée à chaud et n’est pas décoloré par l’acide sulfurique à 25 % et par l’alcool à 95 °. Cette acido-alcoolo-résistance est due à la présence d’une paroi riche en acide mycolique Figure 03 : M.TUBERCULOSIS COLORATION DE ZIEHL-NEELSEN 2)- Caractères culturaux : • Aérobie strict parfois micro aérophiles (M. bovis ou M. africanum) • Température de croissance entre 35 et 37 °C, PH 6,9. • Exige des milieux spécifiques: A/- Milieux solides: 1- Loewenstein Jensen sélectifs à l'œuf coagulé. (sels minéraux, glycérol, œuf et vert malachite) M.tuberculosis est caractérisé par sa lenteur de croissance ; il se divise une fois toutes les 20 heures d’ou colonies visibles en: 3 à 4 semaines pour M.tuberculosis. 45 à 60 jours pour M. africanum et M. bovis. Ce sont des colonies: • Habituellement en chou-fleur, de couleur crème pour M. tuberculosis. 3) – Identification : L’identification de l’espèce repose sur: A - Caractères biochimiques: Catalase à 20°C et à 68°C. Nitrate réductase: effectuée sur culture âgée de 3 à 4 semaines. Niacine test (production d’acide Nicotinique) effectué entre le 28e et le 42e jour de culture. B - Sensibilité à des substances agissant sur le métabolisme: Resistance au TCH.(hydrazide de l’acide thiophène-2-carboxylique ) Sensibilité au PNB.(acide para-nitro benzoïque ) II- SENSIBILITÉ AUX AGENTS PHYSIQUES ET CHIMIQUES: A - Agents physiques: Sensibles à la chaleur et résistent à + 4°C. Sensibles aux rayons UV. Résistent à la dessiccation (restent virulents dans les gouttelettes de Pfllugge desséchées) B - Agents chimiques: Les acides et bases détruisent les mycobactéries, mais moins vite que les germes banaux. (Utilisés pour décontaminer des prélèvements) Détruits par l’alcool en quelques minutes . Sensibles à l’action de l’alcool, les mélanges savon-phénol, Nacl, le formaldéhyde, le glutaraldéhyde alcalin. Résistent aux ammoniums quaternaires. III-HABITAT ET TRANSMISSION : • La bactérie infecte essentiellement l’homme avec une prédilection pour l’appareil pulmonaire. • L’excrétion du bacille par le malade explique qu’on puisse l’isoler de façon transitoire dans l’environnement (résiste au froid, dessiccation) • Dans l’environnement familier de l’homme, les petits mammifères, les oiseaux, les gros mammifères d’élevage peuvent s’infecter et devenir eux-mêmes vecteurs de la tuberculose. La transmission se fait par: Voie aérienne: par les gouttelettes de Flügge à l’occasion d’accès de toux ou d’éternuement, voir en parlant, à partir des sécrétions bronchiques drainant les lésions pulmonaires cavitaires (les autres localisations closes ne participent à la transmission du bacille qu’au stade de fistulisation) IV- EPIDEMIOLOGIE : • Tuberculose = une des maladies infectieuses les plus mortelles • Evolution chronique. • Localisation pulmonaire: la + fréquente la + contagieuse • 1/3 de la population mondiale y’est infectée. (pays en voie de développement + + +) • 10 millions de nouveaux cas chaque année. • 2 millions de décès /an. V-PHYSIOPATHOLOGIE : Inhalation des bacilles phagocytose par les macrophages alvéolaires. transformation en cellules épithéloides en cellules multinucléées géantes qui s’ entourent d’une couronne lymphocytaire Formation d’un granulome au sein du quel apparaît la nécrose caséeuse Tout peut s’arrêter à ce stade par un enkystement et une calcification des lésions suivis d’une auto-stérilisation spontanée du chancre d’inoculation. C’est la situation la plus fréquente. lésion primaire guérie spontanément (les bacilles peuvent rester dormant pendant des années) • La survenue de la maladie est favorisée par: la dénutrition. l’affaiblissement des défenses immunitaires ( âges extrêmes, corticoïdes, infection à VIH) baisse de l’immunité cellulaire réactivation des bacilles et liquéfaction du caséum fistulisation dans une branche formation de la caverne tuberculeuse (excellent milieu de culture) dissémination extrapulmonaire par voie hématogène ou lymphatique. Tuberculose maladie VI-POUVOIR PATHOGENE : Primo-infection: presque toujours asymptomatique. Tuberculose maladie: survient quelques mois à quelques années après la primoinfection, de localisation surtout pulmonaire.(très contagieuse) Apanage de l’adulte. Signes généraux: Une fièvre vespérale. Une Asthénie. Un amaigrissement. Une anorexie. Des sueurs nocturnes. VII- DIAGNOSTIQUE BACTERIOLOGIQUE : Diagnostique de certitude de la Tuberculose = bactériologie. Diagnostic bactériologique = Microscopie + Culture. 1)- les prélèvements : Selon la localisation de l’infection et signes cliniques. 2 types de prélèvements : a)- Origine pulmonaire: Expectorations ou crachats. 1 échantillon matinal, après un effort de toux (3 j de suite). Tubage gastrique: pour les non cracheurs : Femmes et enfants en milieu hospitalisé, permet de recueillir les mucosités bronchiques dégluties pendant le sommeil avant que les contractions de l’estomac n’aient chassées le contenu. Aspiration ou lavage bronchique: aspiration lors d’une bronchoscopie des secrétions bronchiques. Ecouvillonnage laryngé.(Petite quantité, utilisé pour la culture) lorsque les méthodes précédentes ne sont pas possibles, il permet de recueillir les mucosités pulmonaires présentes dans le larynx. b)- Origine extra pulmonaire: Contaminés : Urines (1iere urines du matin). Pus d’abcès ou ganglion fistulisé. Sécrétions génitales. Prélèvement prélevé sans asepsie. Non contaminés : LCR. Liquide pleural, péritonéal, péricardique ou articulaire. Biopsie chirurgicale. Liquide ganglionnaire (non fistulisé) CONSERVATION : Examen le + tôt possible préférable Si acheminement immédiat impossible maximum. Si absence de réfrigérateur 10%. conservation à + 4°C pour une durée de 10j ajouter 2 à 4 ml de Bromure de cetylpiridium à LE TRANSPORT : Se fait dans les centres de collecte. Dans des glacières avec portoirs et « Ice box » conçue spécialement pour ça. RECEPTION : Au laboratoire on vérifie: L’état des crachoirs: Jeter ceux vidés et les signaler au centre de collecte ou au malade . Verser sur le reste des crachoirs de l’eau de javel dilué au ¼ (laisser agir 1h rincer après) Vérifier si les renseignements sur la fiche de renseignement correspondent à ceux sur le crachoir. 2)- l’examen direct : a- Confection du frottis (crachat): Lame neuve préalablement dégraissée (24h dans 1 mélange acide/alcool). Mentionner le N° sur l’extrémité de la lame . Etaler le culot de centrifugation du prélèvement sur la lame a l’aide d’une anse de platine stérile.(mouvements circulaires) • Ou choisir parcelle muco-purulente hémorragique • 2 cm de longueur et 1 cm de largeur. • Frottis pas trop mince • Pas trop épais risque de faux (-). risque de détachement lors de la coloration. Sécher le frottis a l’air. Fixation a la chaleur (3 a 4 passages rapides au-dessus d’une flamme de bec bunsen) Placer l’anse dans un bocal contenant du sable et de l’alcool pour détacher les adhérences. CONFECTION DU FROTTIS -2- -1- -5- -4- -3- B- Coloration : COLORATION DE ZIEHL-NEELSEN: C’est la + sensible. 1- Temps de coloration: Fuschine phéniquée pendant 10 mn. Chauffage toutes les 3 mn jusqu'à émission de vapeur. Rinçage. 2- Temps de décoloration: Acide sulfurique a 25% pendant 3mn, rincer Alcool a 95° pendant 5 mn, rincer. 3- Temps de contre coloration: Bleu de méthylène pendant 1 mn, rincer. Chauffage jusqu’à émission de vapeur Lecture : Observer au microscope optique a l’objectif /100 à l’immersion. 1- Réponse qualitative = Présence de BAAR, bâtonnets rose sur fond bleu. 2- Réponse quantitative = Compter le nombre de bacilles par 300,100 ou par champs.(intérêt pour le suivie du TRT) La lecture se fait en créneau. Si < à 9 BAAR faire 300 champs. LECTURE EN CRENAU 2 cm NB: Essuyer la lentille du microscope après la lecture de chaque lame. NB: Les lames positives sont débarrassées de l’huile d’immersion par du xylène et conservées pendant une année a l’abri de la lumière. NB: On peut avoir de faux positifs ou de faux négatifs dont les causes sont multiples et qui ne seront pas sans conséquences. LECTURE ET INTERPRETATION Nombre de BAAR Répondre 0 BAAR / 300 champ Négatif 1-9 BAAR / 300 champs Lame douteuse (+/-) à confirmer 10-99 BAAR / 100 champs Lame faiblement (+) + 1-10 BAAR / 1 champ lame moyennement positive + + >10 BAAR / 1 champ lame fortement positive + + +