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© Editions T.I.
COR 620v2
– 3
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CORROSION ET PROTECTION DES MÉTAUX EN MILIEU MARIN
concentration totale en halogénures, en g · kg
–1
, Br
–
et
I
–
étant
remplacés par une quantité équivalente de Cl
–
. La salinité
S
est
ainsi telle que :
■
L’eau de mer contient en outre différents gaz dissous. Le
dioxygène O
2
nous intéresse plus particulièrement puisqu’il
constitue l’un des principaux moteurs de la corrosion marine. Sa
concentration dans l’eau de mer est bien évidemment liée aux
échanges avec l’atmosphère mais elle dépend aussi des phé-
nomènes d’oxydation, de la photosynthèse et de la respiration des
organismes vivants. La solubilité du dioxygène dans l’eau de mer
dépend par ailleurs de la salinité et de la température. Ainsi
observe-t-on que la teneur en dioxygène varie avec la profondeur,
le lieu géographique et les saisons [14] [15].
La température et la salinité jouent un rôle similaire sur la solu-
bilité du dioxygène ; lorsque la température ou la salinité
augmentent, la solubilité de O
2
diminue. Une eau donnée
contiendra donc plus de dioxygène à basse température et O
2
est
légèrement moins soluble dans l’eau de mer que dans l’eau douce.
■
Le
dioxyde de carbone dissous
participe à l’équilibre chimique
carbonate/hydrogénocarbonate, qui est le principal responsable
des propriétés tampon de l’eau de mer et de son pH relativement
élevé. Les réactions impliquées sont rappelées dans le tableau
2
.
L’eau de mer peut être considérée comme une solution
d’hydrogénocarbonates en équilibre, à la surface, avec le dioxyde
de carbone de l’atmosphère. Elle est le plus souvent sursaturée en
carbonate de calcium, sauf aux grandes profondeurs et dans les
régions polaires puisque la solubilité de CaCO
3
augmente lorsque
la température diminue ou lorsque la pression augmente. La
valeur du pH est ainsi maintenue entre 7,5 et 8,5.
1.2 Propriétés physico-chimiques
■
La
salinité
importante de l’eau de mer confère à ce milieu une
grande conductivité électrique. La résistivité de l’eau de mer, de
l’ordre de 20
Ω
· cm, est cent fois inférieure à celle de l’eau douce.
Les couplages galvaniques vont donc être particulièrement actifs,
et sur des distances plus grandes.
■
Le
pH
est tamponné, nous l’avons vu, par le système
. Il varie assez peu, dans la plage 7,5 – 8,5. Il
dépend notamment de la température. Typiquement, une eau de
pH égal à 8,30 à 0
o
C voit son pH baisser à 7,9 à 35
o
C [6].
■
La
température de l’eau de mer
est bien entendu liée aux
échanges thermiques avec l’atmosphère. La température des eaux
de surface subit, au cours des saisons, des variations atteignant
une dizaine de degrés dans les zones tempérées et quelques
degrés dans les zones équatoriales. Les variations de la tempéra-
ture ont un impact sur la quasi-totalité des autres paramètres, que
ce soit la concentration en gaz dissous, l’activité biologique ou les
équilibres chimiques. Il est donc en général difficile d’évaluer son
impact sur les processus de dégradation des matériaux.
■
La
pression hydrostatique
devient un paramètre prépondérant
dans le cas de structures métalliques placées en profondeur.
Rappelons que la pression augmente de 1 bar tous les 10 m. Cette
augmentation influe essentiellement sur la concentration en
dioxygène dissous. Par ailleurs, la variation de la pression
provoque celle des coefficients d’activité des espèces ioniques en
solution et celle de la fugacité des gaz dissous. Les équilibres
chimiques sont ainsi déplacés. Le pH baisse aux grandes profon-
deurs et la solubilité de la calcite CaCO
3
augmente. L’augmen-
tation de la pression modifie aussi les cinétiques électrochimiques,
en entraînant notamment une modification des films passifs, des
coefficients de diffusion et du degré d’hydratation des ions.
1.3 Activité biologique
et micro-organismes
L’activité biologique influe, de manière générale, sur le
pH
et sur
les
concentrations en CO
2
et O
2
dissous
,
via
les processus de
photosynthèse et de respiration (oxydation biochimique) :
La respiration consomme de la matière organique et du
dioxygène en produisant du gaz carbonique, ce qui tend à dimi-
nuer le pH (équations 2 et 3, tableau
2
). Il est ainsi souvent
observé une corrélation entre les variations avec la profondeur de
la concentration en dioxygène et du pH. En raison de l’oxydation
biochimique, ces deux paramètres diminuent de la surface vers
des profondeurs intermédiaires, pour augmenter aux profondeurs
les plus importantes et atteindre des valeurs constantes [17].
L’immersion en eau de mer d’un matériau non toxique d’un
point de vue biologique conduit, dans les heures qui suivent, à la
formation d’un biofilm contenant des bactéries, des micro-algues
et des détritus. Le biofilm et les « salissures marines » qui le recou-
vrent induisent des nuisances variées telles qu’un accroissement
de la charge des structures, une augmentation de la résistance aux
échanges de chaleur dans des circuits échangeurs ou des réduc-
tions d’écoulement de fluide. Ils perturbent en outre localement les
caractéristiques physico-chimiques du milieu et donc modifient le
comportement à la corrosion du matériau [18]. La figure
1
illustre
l’ampleur de ce phénomène.
Il est généralement admis que les
différentes étapes de la
formation d’un biofilm
en milieu marin sont les suivantes [COR 130] :
– adsorption à la surface du matériau de macromolécules organi-
ques (exopolymères, protéines, etc.) et/ou inorganiques présentes
dans l’eau ou produites par des micro-organismes. Ce phénomène
se déroule lors des quelques minutes qui suivent l’immersion ;
Tableau 2 – Réactions du système CO
2
– eau
[16]
Réaction Vitesses comparées Constantes d’équilibre
(à 25
o
C)
N
o
(1)
lent (2)
très rapide p
K
1
= 6,35 (3)
très rapide p
K
2
= 10,33 (4)
rapide (5)
lent
K
s
= 4,96
×
10
–9
(6)
CO (atm.) CO (sol.)
22
⇔
CO sol. HO HCO
2223
()+⇔
HCO H HCO
323
⇔+
+−
HCO H CO
33
2
−+ −
⇔+
HCO H O H CO OH
232 3
−−
+⇔ +
Ca CO CaCO
23
23
+−
+⇔
SCl() , ()‰‰=1807
CO /HCO /CO
23
3
2
−−
Oxydation biochimique
Matière organique O+2 CO H O
Photosynthèse
22
+
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