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Intro mémoire

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Université d’Aix-Marseille
UFR Lettres et Sciences humaines
Master d’Histoire
Spécialité 3 : Civilisations méditerranéennes antiques et médiévales
La communauté en marche : processions, cortèges,
déambulations collectives dans le Moyen Âge tardif.
Mémoire de Master 1 d’Inès BASSE
Sous la direction de Madame Christiane RAYNAUD
Année universitaire 2015-2016
Remerciements
Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à ma directrice de mémoire Madame Christiane
RAYNAUD pour sa grande disponibilité. Je la remercie pour toute l’aide et le temps qu’elle
m’a consacrés. Ses paroles, ses écrits, ses conseils et ses critiques ont guidé mes réflexions.
Je remercie Madame Marie-Hélène DE LA MURE, Conservatrice de la Réserve à la
Bibliothèque Sainte-Geneviève, avec qui j’ai eu un échange très intéressant lors d’un séjour à
Paris consacré à mes recherches. Elle m’a donné des outils pour l’analyse des miniatures.
Je remercie enfin Pierre-Yves BOILLET, mon professeur d’Histoire en classes préparatoires
littéraires au Lycée CEZANNE, pour m’avoir donné le goût de l’Histoire.
Table des matières
Introduction ............................................................................................................................................. 5
I/ Comprendre et appréhender la société médiévale à travers l’étude des processions et cortèges :
typologie et enjeux de ces déambulations collectives ........................................................................... 17
A) La diversité de cette pratique collective : ses buts et ses enjeux .................................................. 17
1) Une approche globale et complète des processions : périodicité, durée et organisation ........... 17
2) La question des absents et des exclus........................................................................................ 29
B/ La communauté en marche : le choix du moment, les acteurs des processions. .......................... 33
1) Les processions médiévales : un miroir de la vie sociale ? ...................................................... 33
2) La sociabilité de ces pratiques processionnelles ....................................................................... 40
3) Processions politiques, processions religieuses : leur caractéristique indissociable et leurs
différences ..................................................................................................................................... 51
C/ L’organisation minutieuse de ces processions .............................................................................. 54
1) Comprendre l’organisation de ces processions d’après des sources textuelles du XVe et XVIe
siècles ............................................................................................................................................ 54
2) La procession médiévale, symbole d’une société hiérarchisée ................................................. 59
3) Au-delà d’une société hiérarchisée, une société de groupes ..................................................... 61
II/ Une étude approfondie des cortèges médiévaux révèle le souci du détail, la présence d’objets
profanes et religieux et la récurrence de ces objets au sein des déambulations collectives .................. 68
A/ Les symboles politico-religieux des objets, des attributs et des accessoires ................................ 68
1) La culture visuelle de ces processions et cortèges ................................................................... 68
2) Le dais : son utilisation, sa valeur et sa symbolique ................................................................. 85
3) L’effigie : un remplacement du corps défunt ou un simple moulage esthétique ? .................... 90
B) Les cortèges et processions : un événement mis en scène et théâtralisé ...................................... 98
1) A chacun son rôle ...................................................................................................................... 99
2) Des rassemblements aux objectifs précis et spectaculaires : le souci de la mise en scène...... 104
3) Sauver la cité : une représentation théâtralisée de la peste...................................................... 110
C/ Le besoin de voir pour croire ...................................................................................................... 116
1) Le Saint-Sacrement et la vision du Christ ............................................................................... 117
2) La mort des rois et le besoin de voir le corps .......................................................................... 122
III/ Exalter, légitimer, justifier ............................................................................................................ 125
A/ Le travail du miniaturiste ........................................................................................................... 125
1) Le rôle du miniaturiste ............................................................................................................ 125
2) Le pouvoir de l’image sur ses lecteurs .................................................................................... 129
B/ L’omniprésence du rite catholique à travers les déambulations collectives de la fin du Moyen
Âge. ................................................................................................................................................. 133
1) Le christianisme sans cesse réaffirmé ..................................................................................... 133
2) Lire le caractère sacré de la royauté à travers l’étude des miniatures ..................................... 135
C/ Le rôle des miniatures et du miniaturiste dans l’affirmation de l’autorité .................................. 138
1) Les images de la légitimation et les stratégies iconographiques de mise en scène du pouvoir
royal ............................................................................................................................................. 138
2) Des images de majesté ............................................................................................................ 140
Conclusion ........................................................................................................................................... 145
Bibliographie……………………………………………………………………………………….. 148
Introduction
Les sources iconographiques permettent une approche intéressante du Moyen Âge. Les
représentations imagées donnent à voir les pratiques médiévales sous un angle différent et
complémentaire des sources manuscrites. Il y a des détails que l’on aperçoit autrement qu’à la
lecture d’une chronique. Grâce à l’image, chacun peut tenter à partir du XVe siècle, de mettre
un nom sur un visage, de comprendre un événement. L’image touche celui qui la regarde, d’une
autre manière que peut le faire un texte. Elle résume un fait donné, a un caractère universel et
participe d’un langage pour tous et par tous. En évoquant un moment précis qu’elle raconte,
l’image permet à l’historien une nouvelle lecture des moments forts de la vie au Moyen Âge.
L‘image complète le texte en donnant à voir les vêtements, les accessoires, les gestes et les
postures, l’architecture et le paysage. Pourquoi le peintre ou le miniaturiste représentent-ils
telle ou telle scène ? Vers quels points cherchent-ils à conduire le regard ? Les sources
iconographiques reflètent-elles les sources textuelles et la réalité historique ?
Les miniatures connaissent un développement durant tout le Moyen Âge et surtout à la fin
de celui-ci. Elles sont présentes dans les manuscrits que ce soit les livres liturgiques, les livres
d’Heures, les livres d’histoire ou encore les chroniques. Ce sont les images conservées les plus
nombreuses. Elles font l’objet de notre étude.
Jusqu'au XIIe siècle, les manuscrits sont copiés dans les établissements ecclésiastiques,
principalement les abbayes, où ils servent à célébrer le culte et à nourrir la prière et la
méditation. À partir du XIIIe siècle, un artisanat et un marché laïcs s’organisent et se
développent en lien avec l'essor des prestigieuses universités françaises et des administrations.
Se met en place, par la même occasion, l’émergence d'un nouveau public amateur de livres. Les
manuscrits se « démocratisent » ou du moins se « laïcisent » et touchent une plus grande partie
de la population1. De riches commanditaires réservent alors leurs livres ou les commandent à
des copistes et enlumineurs, qui suivent des consignes bien précises. Le manuscrit, qui avait
dans ses débuts une fonction liturgique, à savoir diffuser le savoir spirituel dans les églises,
prend une autre voie. Il devient désormais, avec le développement des bibliothèques
personnelles, un ouvrage d’art et de collection. Le contenu de ces livres change également entre
les premiers siècles du Moyen Âge et à partir du XIIe siècle : comme les textes contenus dans
les manuscrits avant le XIIe siècle étaient essentiellement des textes à portée religieuse, servant
Jean Wirth, L’image médiévale. Naissance et développements, VIe-XVe siècles, Méridiens Klincksieck, Paris,
1989.
1
à célébrer le culte et à faire des prières, cet essor laïc à la fin du Moyen Âge permet également
de diversifier ces manuscrits et de modifier la définition même de cet objet, sa fonction, sa
portée. Le contenu des manuscrits se diversifie également. Les textes religieux ne sont plus les
seuls à être copiés dans ces beaux ouvrages, mais au contraire avec le développement de
l’érudition et des universités, d’autres textes naissent : le besoin de raconter l’histoire, par
exemple, se fait de plus en plus ressentir.
Des chroniqueurs voyagent dans tout l’Occident pour raconter ce qui se passe dans les cours
royales. C’est le cas de Jean Froissart, désigné historien officiel à la cour de Philippa de Hainaut,
l’épouse d’Edouard III d’Angleterre. Les chroniqueurs au service des rois, ont pour mission de
présenter la cour pour laquelle ils travaillent comme la plus belle des cours. Cet essor des
chroniques et des livres d’histoire, dans le royaume de France, met en valeur la dynastie des
Valois, dynastie qui gouverne celui-ci dans les derniers siècles du Moyen Âge. Naissent alors
Les Grandes Chroniques de France, les Chroniques de France de Charles V, ou encore les
Vigiles de Charles VII, chroniques dans lesquelles les règnes sont racontés, événement par
événement, et toujours de façon à légitimer le pouvoir royal des Valois.
Il faut rapprocher l’essor de ces chroniques françaises (l’objet de notre étude) et le besoin
pour les rois Valois d’imposer leur autorité dans une période marquée par la Guerre de Cent
Ans. La fonction première de ces manuscrits est de légitimer l’autorité royale, mais le public se
limite à la noblesse. Ces manuscrits sont commandés par des élites qui ont les moyens de les
collectionner. Dans les chroniques, les événements racontés concernent les rois et la cour
royale. Les baptêmes, les couronnements, les entrées royales, les batailles, les funérailles des
rois Valois y sont dépeints avec un œil partial, voire partisan.
Si les livres d’histoire et les chroniques connaissent un grand essor, les livres liturgiques
destinés à la prière et au culte ne s’essoufflent pas pour autant. Leur production se diversifie.
Ces ouvrages religieux sont destinés aux fidèles : missels et bréviaires, ouvrages liturgiques
destinés à la célébration du culte catholique. A la fin du Moyen Âge, la religion chrétienne est
très ancrée et fortement imbriquée dans le corps politique royal. L’importance des processions
comme pratique médiévale s’intensifie. Les processions sont de plus en plus nombreuses avec
la création de fêtes telle la Fête-Dieu. Il ne faut donc pas voir dans cette diversité d’ouvrages
une faiblesse ou une fragilité de l’Eglise et de la pratique religieuse. Les livres liturgiques se
multiplient et sont consultables par tous lors des messes et des offices.
Les chroniques commandées par de riches mécènes n’ont pas la même diffusion, et
deviennent plutôt des œuvres de collection. Les miniatures qui illustrent tous ces ouvrages nous
permettent aujourd’hui encore (les folios des livres ayant été très bien conservés avec le temps)
d’avoir une vision essentielle des pratiques à la fin du Moyen Âge.
Etudier les processions, les déambulations collectives, les cortèges dans les miniatures de la fin
du Moyen Âge est l’objet de ce travail.
Les sources
Les sources sont vastes. Les processions comme pratiques médiévales ont déjà été étudiées
dans une approche thématique : les baptêmes, les couronnements, les funérailles, les entrées
royales, les processions des confréries… Les regrouper, les comparer, les mettre en perspective
constitue un nouvel angle d’approche qui met en lumière de nouveaux éléments.
Les miniatures qui forment le corpus de ce mémoire qu’elles aient été produites dans les
villes françaises à grande production de manuscrits (Paris où a été établi un monopole des
libraires et des ateliers d’écriture) ou dans les Flandres, sont consultables sur le site Mandragore
de la BnF (Département des Manuscrits, Division Occidentale) et sur le site Enluminures.fr. Il
a paru nécessaire de les replacer dans le programme iconographique du manuscrit où elles
s’insèrent et dans les séries qui se retrouvent d’un manuscrit à l’autre. Les textes qui
accompagnent ces images sont d’une grande aide pour restituer, contextualiser chacune de ces
miniatures, les comprendre et mieux les analyser. Au Moyen Âge, les images et les miniatures
ne jouissent pas encore de l’autonomie des œuvres d’art. Elles sont le plus souvent portatives,
soit exposées à la vue de tous, soit réservées à l’usage personnel2.
Un grand nombre des miniatures étudiées sont extraites de chroniques historiques relatant
de façon chronologique les vies des rois de France, notamment :
Les Vigiles de Charles VII par Martial d’Auvergne (Paris, BnF, fr 5054), Les Grandes
Chroniques de France de Charles V (Paris, BnF, fr. 2813), Les Grandes Chroniques de France
(Paris, BnF, fr. 6465 folio 378v et 417). et les Chroniques de Jean Froissart (Paris, BnF, fr.
2643, 2645, 2646, 2648). Deux autres manuscrits historico-romanesques relatent la vie
2
Hans Belting, L’image et son public au Moyen Age, ville, éditions Gérard Monfort, 1998.
d’Alexandre le Conquérant : Les Faits et conquêtes d’Alexandre le Grand traduit par Vasque
de Lucène (Paris, BnF, fr. 257), et Le Livre des conquêtes et faits d’Alexandre le Grand traduit
par Jean Wauquelin (Paris, BnF, fr. 9342). Ensuite, d’autres miniatures présentant des
processions nous viennent d’ouvrages liturgiques. D’abord, un exemplaire de la Legenda aurea
(traduite par Jean de Vignay (Ms, Fr. 244), un manuscrit hagiographique relatant la vie des
saints et écrit par Jacques de Voragine, et une autre reproduction de la Légende dorée conservée
à Mâcon (Mâcon, BM fr. 0003). Deux livres d’Heures s’ajoutent au corpus : Les Très Belles
Heures de Notre Dame de Jean de Berry (Paris, BnF, Nouvelle acquisition lat. 3093), Les
Heures à l’usage des frères mineurs, ouvrage liturgique en latin, (Paris, Bnf, lat. 757). Enfin,
les derniers ouvrages liturgiques de ce corpus sont des bréviaires, un évangéliaire, un graduel
et des missels, des ouvrages destinés à la pratique de la messe. Parmi eux ; le Bréviaire de Louis
de Guyenne de Châteauroux, à l’usage de Paris (Châteauroux, BM, lat. 0002), un bréviaire à
l’usage du prieuré Saint Lô de Rouen (Paris, Bibl. Sainte Geneviève, lat. 1266), un bréviaire à
l’usage de l’abbaye Sainte Geneviève (Paris, Bibl. Sainte Geneviève, lat. 1264), un bréviaire à
l’usage du prieuré Saint-Lô de Rouen (Paris, Bibl. Sainte Geneviève, lat. 1266), puis un
évangéliaire à l’usage de l’abbaye Sainte Geneviève de Paris (Paris, Bibl. Sainte Geneviève,
lat. 0106), un graduel (Paris, Bibl. Mazarine, lat. 0390), et enfin un missel à l’usage de Paris
(Paris, Bibl. Mazarine, lat. 0411), un missel conservé à Aix en Provence (Aix en Provence, BM,
lat. 11), un missel à l’usage de Saint Germain l’Auxerrois (Paris, Bibl. Mazarine, lat. 410), un
missel à l’usage d’Evreux, (Evreux, BM, lat. 099), et un missel à l’usage de l’abbaye Sainte
Geneviève (Paris, Bibl. Sainte Geneviève, lat. 0091). Enfin, un dernier manuscrit compose le
corpus, duquel six miniatures sont étudiées ici : il s’agit du Livre de la Confrérie Saint-Nicolas
de Valenciennes (Valenciennes, BM, fr. 536), un livre d’Heures commandité par le duc Jean de
Berry, et deux hagiographies.
Ces ouvrages sont réalisés à la demande de commanditaires, que ce soient des commandes
religieuses ou émanant de riches mécènes. Ainsi, les Vigiles de Charles VII, rédigées en 1484,
sont probablement une commande du roi Charles VIII à Martial d’Auvergne, un procureur au
Parlement de Paris et poète français qui écrit une chronique biographique de Charles VII,
entrecoupée de récits sur la guerre contre les Anglais. Les Grandes Chroniques de France de
Charles V sont comme leur nom l’indique, commandées par Charles V. Elles reprennent
l’histoire officielle de la dynastie des Valois des Grandes Chroniques de France, écrites par les
moines de l’abbaye de Saint-Denis, mais le roi demande à ce que l’on y ajoute les règnes de
Jean II le Bon, son père, et le sien. La suite du texte, en revanche, n’est pas écrite par les moines
de l’abbaye de Saint-Denis mais par le chancelier de France Pierre d’Orgemont. Les Chroniques
de Jean Froissart s’étendent sur quatre volumes destinés à la bibliothèque du flamand Louis de
Bruges, seigneur de Gruuthuse. Ces Chroniques racontent les débuts de la Guerre de Cent Ans,
des années 1327 à 1400. Les enluminures des manuscrits 2643 et 2644 sont de la main de
l’enlumineur Loyset Liédet, un artiste de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire, ducs de
Bourgogne. Les Grandes Chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet, sont réalisées
entre 1415 et 1420 puis entre 1455 et 1460. Deux copistes les ont rédigées, mais nous n’avons
pas leurs noms. Le commanditaire pourrait être Charles VII, mais les doutes demeurent. Les
faicts et les conquestes d’Alexandre le Grand de Jehan Wauquelin est écrit à la demande de
Philippe le Bon, duc de Bourgogne, afin d’enrichir sa bibliothèque. Les Très Belles Heures de
Notre-Dame de Jean de Berry est un livre d’Heures commandé par le duc Jean Ie de Berry à
l’atelier parisien de Jean l’Avenant, vers 1380. D’après Inès Villela-Petit, le duc aurait destiné
ce livre d’Heures à Robinet d’Etampes, son trésorier. Le manuscrit liturgique des Heures à
l’usage des frères mineurs (Missale et horae ad usum fratrum minorum) est plus difficile à
analyser. Il est écrit en latin et enluminé par l’artiste Giovanni di Benedetto, peintre proche de
la cour des Visconti qui règne sur le duché de Milan. Ce manuscrit est donc dédié à l’ordre des
frères mineurs les Franciscains, ordre religieux né en Italie. Il est ainsi un ouvrage liturgique,
écrit par des mains anonymes de moines copistes italiens. Il regroupe deux ouvrages, un livre
d’Heures, petits livres destinés aux fidèles et à la prière de l’office divin3. Le missel, ou « livre
de messe »4 est un livre liturgique qui contient des prières pour la célébration de la messe. Le
manuscrit 244 de la Légende dorée est une traduction en français du récit de Jacques de
Voragine par Jean de Vignay. C’est un livre hagiographique, qui fait le récit de la vie de saints.
Ce traducteur français est proche de la cour de Philippe VI de Valois et de Jeanne de Bourgogne,
à qui il dédie plusieurs de ses traductions. Il est possible qu’il ait traduit cette hagiographie pour
eux. L’exemplaire du corpus date des années 1480-1490 : il s’agit d’une réédition, la Légende
dorée a connu un large succès à la fin du Moyen Âge. Le deuxième exemplaire du corpus date
des années 1470. Il est difficile de savoir qui sont le commanditaire et le destinataire de ce
manuscrit. Mais l’exemplaire 245 (Paris, BnF) qui n’est pas dans le corpus, a quant à lui été
commandé par Catherine de Coëtivy, femme d’Antoine de Chourses et membre de la famille
de Coëtivy, un couple proche du pouvoir royal. Le deuxième exemplaire de la Légende dorée
serait une commande de Charles de Chabannes et Jean IV, chevalier de la Toison d’Or et grand
maître des arbalétriers de France, en aurait été le possesseur. Le Livre de la Confrérie de
3
4
N. Bériou, J. Berlioz, « Des livres pour prier », dans Prier au Moyen Âge, Brepols, Paris, 1991, p.34-41.
Le petit Robert, p. 1208.
Valenciennes, quant à lui, est un livre qui relate le calendrier liturgique des confrères de SaintNicolas, le Saint-Patron qu’ils ont choisi. Il a très probablement été rédigé par un des membres
de la confrérie, afin d’officialiser le calendrier de cette corporation.
Le graduel, qui est un livre de chant dédié à la messe, est réalisé à Bruges à la fin du XVe
siècle et destiné au Couvent des Carmélites de Sion à Bruges5. Les enluminures sont quant à
elles attribuées à Cornelia van Wulfschkercke. Le Bréviaire de Louis de Guyenne est un
manuscrit écrit en latin et réalisé pour le fils de Charles VI, Louis de Guyenne pour sa chapelle
personnelle. Conçu dans des ateliers parisiens, il entre ensuite dans la collection privée d’un
certain Jean-Louis Bourdillon qui, à sa mort en 1856, lègue son héritage bibliographique à la
bibliothèque de Châteauroux. Le bréviaire à l’usage du prieuré Saint Lô de Rouen est un
ouvrage réalisé à Rouen et comme son nom l’indique destiné à la liturgie du prieuré de Saint
Lô, qui en est à la fois le destinataire et le possesseur, au début du XVIe siècle. En revanche,
l’enlumineur et le copiste sont anonymes. Le bréviaire à l’usage de l’abbaye Sainte Geneviève
de Paris (ms 1264), réalisé avant 1517 dans la capitale, est rédigé par des moines copistes
anonymes mais probablement destiné à Philippe Cousin, en tout cas possédé par celui-ci, tout
comme l’autre missel à l’usage de l’abbaye Sainte-Geneviève du corpus (ms 0091). Le missel
à l’usage de Paris est aussi rédigé à Paris et destiné au collège de Navarre ou au prieuré SaintMartin des Champs6, lequel possède une chapelle. Le Missel à l’usage d’Aix-en-Provence a
probablement été rédigé par des moines copistes pour la cathédrale Saint-Sauveur. Si les
copistes et enlumineurs sont anonymes, il semble qu’il y ait eu plusieurs miniaturistes pour
l’élaboration de ce missel. Un autre missel, ici à l’usage de Saint-Germain l’Auxerrois, est
conçu à Paris entre 1480 et 1490, à destination de l’église de saint Germain l’Auxerrois. Encore
une fois, dans ce type d’ouvrages liturgiques, les copistes sont souvent anonymes : seul l’édifice
pour lequel l’ouvrage est conçu est indiqué. Le missel à l’usage d’Evreux a été réalisé à Rouen
entre 1479 et 1511. Appelé aussi le missel de Raoul du Fou, il est destiné à cet évêque d’Evreux
qui en est aussi le possesseur. Il en est aussi le commanditaire semble-t-il : ses armoiries sont
représentées sur la miniature du corpus. L’évangéliaire dédié à l’usage de l’abbaye Sainte
Geneviève de Paris ne nous dévoile pas de copiste précis, si ce n’est un enlumineur potentiel,
Etienne Colaud.
Au total, quarante miniatures composent le corpus de ce mémoire. Les miniatures sont
systématiquement accompagnées de texte et la matière textuelle est conséquente. Elles
5
6
Le site internet http://initiale.irht.cnrs.fr/ nous donne des informations précises sur ce graduel.
http://initiale.irht.cnrs.fr/ concernant le manuscrit lat. 0411 (Paris, Bibl. Mazarine)
concernent principalement le royaume de France et plus précisément la ville de Paris, mais
quelques manuscrits sont réalisés et/ou conservés à Tours, Valenciennes, Evreux, Aix-enProvence, Rouen, Bruges, en Flandres et en Bourgogne.
Axes de recherches
Ces sources nombreuses et variées doivent permettre de revisiter certains axes de recherche
et d’en proposer de nouveaux. L’étude des processions en tant que telles dans les manuscrits
n’a pas fait l’objet de travaux spécifiques. L’enjeu de ce travail est de pouvoir regrouper toutes
ces processions. Ces déambulations collectives comme pratique médiévale doivent pouvoir être
comparées afin d’en faire ressortir des conclusions nouvelles. L’historien peut-il se fier à ces
sources contemporaines aux événements, à ces miniatures aux couleurs éclatantes, à ces récits
de processions très organisées ? Ces miniatures nous montrent elles la réalité ou la vision
idéalisée des mécènes et des commanditaires ? La période concernée est aussi marquée par la
multiplication des manuscrits et la standardisation de toute une partie de la production. Avant
le XIIe siècle, l’écriture et la diffusion des livres sont le monopole du clergé. Les moines
copistes depuis leurs ateliers, leurs scriptoria, diffusent le savoir. Mais, à partir du XIIe siècle
l’érudition augmente. Les universités se développent.
Le métier de copiste se laïcise.
L’apparition du libraire permet de standardiser la production, en la regroupant dans des ateliers
composés de copistes, enlumineurs, parcheminiers, qui chacun apporte un élément précis au
livre7.
Dépeindre les pratiques médiévales, en les améliorant dans un souci esthétique, et les
diffuser à travers des manuscrits nous amène aussi à nous poser la question de la propagande et
de l’affirmation de l’ordre monarchique. Dans les derniers siècles du Moyen Âge, la monarchie
génère parallèlement propagande et administration. Les manuscrits destinés à l’entourage
royal, à l’aristocratie, à la noblesse de cour et à la haute bourgeoisie sont particulièrement
soignés. L’ordre monarchique étant instable à la fin du Moyen Age, il est plausible que la
dynastie des Valois et ses différents rois se servent des manuscrits, essentiels dans la diffusion
de l’information, pour légitimer leur pouvoir au sein d’une époque marquée par plusieurs
conflits.
7
Alphonse Dain, Les manuscrits, Les Belles Lettres, Paris, 1975.
La lecture religieuse est dans un premier temps souvent murmurée et ne se fait que dans un
espace fermé tel un cloître. Elle se fait en groupe. Mais le développement des ouvrages
liturgiques à destination des laïcs leur permet de posséder chacun un livre pour pouvoir suivre
la messe, et pour en faire une lecture oralisée. Le développement des universités entraîne une
multiplication des bibliothèques publiques. Les étudiants et intellectuels peuvent emprunter
tous types de livres pour leur délectation personnelle8. La lecture devient extensive. La lecture
aristocratique ou courtoise ne se développe pas de la même manière. Les manuscrits
commandés et enluminés coûtent cher et rejoignent les bibliothèques personnelles. Néanmoins,
les ouvrages peuvent être lus dans des cercles de noblesse, de bourgeois, voire devant le roi.
La lecture est alors publique, mais reste dans un cercle d’élites.
Les ouvrages étudiés sont inscrits dans une époque marquée par la Guerre de Cent ans. Les
miniatures racontent la dynastie des Valois, les entrées royales des rois de France de Jean II à
Charles VII. Le cadre chronologique s’étend de 1360 à la mort de Charles VII en 1461.
Cependant, certains manuscrits et miniatures n’ont été rédigés et enluminés que plus tard,
jusqu’au début du XVIe siècle. La rédaction des manuscrits s’étend donc sur environ 160 ans,
sachant qu’entre la mort de Charles VII et 1520 se fait la rédaction des Vigiles de Charles VII
(BnF, fr. 5054, 1484), Les faicts et gestes d’Alexandre le Grand de Vasque de Lucène (BnF, fr.
257, 1470-1480), Les Chroniques de Jean Froissart (BnF, fr. 2643, 2645, 2646, 1470-1475),
La légende dorée (BnF fr. 244, 1480-1490), l’autre exemplaire de la Légende dorée (Mâcon
BM, fr. 0003, 1470), le graduel de Bruges (Bibl. Mazarine, lat. 0390, fin XVe siècle), le
Bréviaire à l’usage du prieuré de Rouen (Bibl. Sainte Geneviève, lat. 1266, 1500-1520), le
missel à l’usage de Saint-Germain l’Auxerrois (Bibl. Mazarine, lat. 410, 1480-1490), le missel
à l’usage d’Evreux (Evreux BM, lat. 099, 1479-1511), le bréviaire et le missel à l’usage de
l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris (Bibl. Sainte Geneviève, lat. 1264 et lat. 0091, avant 1517),
l’évangéliaire à l’usage de l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris (Bibl. Sainte Geneviève, lat.
0106, vers 1520), et le Livre de la Confrérie Saint Nicolas de Valenciennes (Valenciennes BM,
fr. 536, fin XVe siècle).
La Guerre de Cent Ans initiée en 1327, prend fin en 1453 avec la bataille de Castillon et le
royaume de France connaît une crise profonde dans la légitimation de sa dynastie royale : la
dynastie des Valois. Les rois d’Angleterre, Edouard II, puis Henri IV, V, et VI prétendent à la
couronne de France car leur lien de parenté avec l’ancienne dynastie capétienne est plus étroit
8
Armando Petrucci, « Lire au Moyen Âge », dans Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen Âge, Temps
modernes, vol. 96, n°2, 1984, p. 603-616.
encore que celui des Valois, qui ont du mal à s’imposer à cause des guerres qui perturbent le
territoire.9 La folie de Charles VI aggrave la situation. Des conflits internes naissent à cause de
la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. En 1422, Charles VII et Henri VI prétendent
être rois de France, tandis que Jean de Lancastre le duc de Bedford est régent du royaume de
France et que Jean sans Peur gouverne Paris avec Isabeau de Bavière. Dans cette période de
tensions, les incunables et manuscrits se commandent par centaines, généralement à Paris, ville
qui monopolise la création et la rédaction de ces manuscrits, mais aussi à la cour de Bourgogne.
Peut-on faire un lien entre le fort développement et la « laïcisation » de ces manuscrits dès le
XIIIe siècle, de leur élaboration à leur destination, et la période conflictuelle de la guerre de
Cent Ans ? Il est vrai que dans nombre des miniatures du corpus, les images racontent des
événements forts de la vie du roi : le baptême de Charles VI, les funérailles de Charles VII, le
couronnement de Charles V, l’entrée royale de Jean II le Bon dans Paris. Mais qui sont les
commanditaires de ces manuscrits ? Et quelles sont leurs intentions ? Ils semblent vouloir
mettre en valeur la dynastie des Valois et glorifient leur vie politique. Il est frappant de voir à
quel point les textes qui accompagnent ces images détaillent et magnifient la vie de ces rois.
L’un des principaux objectifs de ces commanditaires semble être le désir d’avoir, dans leurs
bibliothèques personnelles des chroniques relatant les exploits des rois de France. A la lecture
de ces manuscrits, il est évident que le regard des chroniqueurs est bienveillant à l’égard de
leurs mécènes. L’histoire politique est restituée sous la forme des faits et gestes des puissants,
au service des princes. Il y a toujours un message idéologique et les faits sont relatés de façon
incomplète et partiale, en valorisant le mécène. Néanmoins c’est une véritable écriture de
l’histoire et de la littérature politique qui se met en place. Les chroniqueurs ont aussi le souci
de la composition du récit et de la rédaction. Le jugement est perspicace mais subjectif.
Pourquoi le thème de la procession prend-il tant d’importance ? Quelle place ont ces
déambulations collectives pour les habitants au Moyen Âge ? Que signifient-t-elles ?
Les processions au Moyen Âge sont réglées à l’avance, elles supposent une organisation
préliminaire. Elles donnent l’image d’un royaume ordonné. La mise en scène de ces
déambulations collectives et de ces cortèges répond à un enjeu de propagande pour renforcer
l’autorité d’un royaume de France qui ne se soumet pas à la dynastie Lancastre.
Les processions étudiées dans ce corpus ont trait à plusieurs événements : deux naissances
« royales » (l’une concerne la naissance et le baptême de Charles VII, mais la BnF intitule
9
La Guerre de Cent Ans, éditions Pluriel, l’Histoire, Paris, 2012.
cette miniature « Procession pour la naissance de Charles VII », l’autre la naissance
d’Alexandre le Grand), deux baptêmes, quatre couronnements royaux, sept funérailles (dont six
concernent les rois Valois et une représentation de funérailles anonymes dans Les Très Belles
Heures de Notre Dame de Jean de Berry), deux processions contre la peste autour de Rome,
quatre dédicaces d’églises, neuf processions du Saint Sacrement, six processions issues du Livre
de la Confrérie Saint Nicolas de Valenciennes et qui relatent la vie en communauté de cette
confrérie10, et enfin trois entrées royales dans la ville de Paris : celles de Jean II le Bon et de
Charles V le Sage, toutes deux par Fouquet, et l’entrée de Charles VII, miniature présente dans
Les Vigiles de Charles VII. Parmi nos sources, certains manuscrits ont été écrits, réécrits et
retravaillés par des chroniqueurs de grand renom : Jean Froissart, Martial d’Auvergne, Jean
Wauquelin. D’autres manuscrits ont été traduits d’auteurs latins antiques, comme par exemple
les Faits et gestes d’Alexandre le Grand, écrits par Quinte-Curce et traduits par Vasque de
Lucène. Pour d’autres manuscrits, il est difficile de trouver une main qui ait pu écrire ces textes.
Un même manuscrit peut avoir regroupé plusieurs miniaturistes. Marie-Hélène Tesnière et
Bernard Guénée distinguent cinq miniaturistes différents pour le manuscrit 281311. Le maître
d’Antoine de Bourgogne dont le style a été défini par l’historien de l’art allemand Friedrich
Winkler. Il est probablement le miniaturiste des Chroniques de Jean Froissart (BnF, fr. 2645,
2646) même s’il a pu être aidé par d’autres artistes. La séparation du travail entre plusieurs
miniaturistes permet d’avancer plus rapidement dans l’élaboration des
ouvrages. Certains
historiens doutent que le manuscrit 6465 (Les Grandes Chroniques de France, BnF) ait été
entièrement peint par Jean Fouquet. Dans le catalogue des « Primitifs français » de 1904,
Delisle déjà ne lui en attribue qu’une partie seulement12. Grete Ring est du même avis : selon
elle, seulement quelques-unes des miniatures des Grandes Chroniques de France sont de la
main de Jean Fouquet. M. Claude Schaefer, lui, pense que l’artiste n’a peint que les miniatures
en rapport avec le séjour de Charles IV en France13. Le manuscrit français 2643 de la BnF, ou
manuscrit de Louis de Gruuthuse est commandé par ce dernier et richement enluminé par
plusieurs artistes brugeois, notamment Loyset Liédet. Le manuscrit 9342, écrit par Jean
Wauquelin et copié par Jacques du Bois à l’atelier du Mons, connaît deux miniaturistes. Le
10
La Confrérie Saint-Nicolas se développe au XIVe siècle à Valenciennes et constitue un cadre de vie coutumier
pour celui qui choisit de la rejoindre. Elle accorde, comme la majorité des confréries, une importance à la piété et
à la vie liturgique, mais aussi à la charité et à l’entraide spirituelle et matérielle entre les membres qui la constituent.
Les confréries constituent des cellules de vie et permettent la sociabilité et l’organisation collective entre confrères.
11
Une vidéo Youtube est disponible et la Conservatrice du département des Manuscrits de la BnF, MarieHélèneTesnière et Bernard Guénée racontent l’histoire de ce manuscrit 2813.
12
Les Primitifs français, Paris, 1904, p.44, n°130.
13
Claude Schaefer, Recherches sur l’iconologie et la stylistique de l’art de Jean Fouquet, Lille, 1972, t.I p.271274 et t.2 p. 210-215.
manuscrit des Très Belles Heures de Notre Dame de Jean de Berry connaîtrait plusieurs mains,
dont le Maître du Parement de Narbonne, le Maître du Jean Baptiste, le Maître du Saint-Esprit,
ou encore les frères de Limbourg14. L'historien de l'art belge Georges Hulin de Loo distingue
onze enlumineurs principaux en 1911. Le Bréviaire de Louis de Guyenne est décoré par trois
enlumineurs au moins selon Rob Dückers et Pieter Roelofs15 : le Maître de Bedford (il est
l’enlumineur attitré du dauphin en 1409), le Maître d'Orose et le Maître de Boucicaut16.
L’exemplaire français 0003 (Mâcon BM) de la Légende dorée a quelques enlumineurs
supposés : parmi eux, Willem Vrelant pour les peintures et Jean le Tavernier pour les
grisailles17. Mais J. Caswell distingue plus de dix enlumineurs pour cette hagiographie.
L’évangéliaire à l’usage de l’abbaye Saint-Germain l’Auxerrois a probablement été enluminé
par l’artiste français Etienne Colaud. Plusieurs artistes anonymes18 semblent avoir illustré le
manuscrit à l’usage d’Aix-en-Provence. Le missel ad usum fratrum minorum (BnF, lat. 757) a
été réalisé de la seule main de Giovanni di Benedetto. Les autres manuscrits connaissent un seul
miniaturiste. Celui-ci ou ceux-ci ne nous sont pas connus. Certains manuscrits ont pu être
décorés par plusieurs enlumineurs. D’autres ont pu être écrits par plusieurs copistes. D’autres
encore montrent une unité de style (Les Vigiles de Charles VII, Ms fr. 5054) qui laisse penser
qu’ils sont l’œuvre d’un seul miniaturiste.
Quelle est la diffusion de ces manuscrits et de ces enluminures ? S’adressent-ils à une
population élargie comme le font les performances publiques que sont les mimes, les tableaux
vivants, les mystères, les passions etc.? La diffusion varie-t-elle selon le type d’ouvrage ? Il
semble que Les Chroniques de France et les manuscrits à caractère historique et politique
soient commandés par de riches mécènes, seigneurs, proches du pouvoir royal ou issus de
grandes familles nobles, puis conservés dans des bibliothèques privées, comme celles du duché
de Bourgogne, de Jean Ie de Berry ou encore la bibliothèque de Charles V qui deviendra la
Bibliothèque Nationale de France. Ils sont consultés dans le cadre d’un cercle familial ou
rapproché. Les missels, bréviaires, collectaires, et autres ouvrages religieux semblent être
14
Eberhard König et François Boespflug, Les « Très Belles Heures » du duc Jean de France, duc de Berry, Le
Cerf, coll. « Images et Beaux livres », Paris, 1998.
15
Rob Dückers et Pieter Roelofs, The Limbourg Brothers : Nijmegen Masters at the French Court 1400-1416,
Anvers, Ludion, 2005.
16
Inès Villela-Petit, Le bréviaire de Châteauroux, Somogy, Paris, 2003.
17
Le site internet http://initiale.irgt.cnrs.fr/ donne la notice de chaque miniature et de chaque manuscrit, rédigée
par les spécialistes de ces enluminures.
18
Le site http://www.enluminures.culture.fr/ nous donne davantage d’informations sur ce manuscrit.
destinés aux prieurés de petites villes, d’abbayes… Ces lieux sont fréquentés par les fidèles et
non par une élite.
En quoi des pratiques collectives comme les processions et les cortèges tels que représentés
dans l’iconographie sont-ils pour l’historien un témoignage essentiel des mentalités
médiévales ? Les miniatures reflètent-elles la réalité de la société de l’époque ? Si cette
représentation est idéalisée, quels en sont les objectifs et les intentions ? Quel est le rôle du
miniaturiste dans cette diffusion de l’image de la société médiévale ? Autant de questions
auxquelles ce travail s’efforcera de répondre.
L’étude porte dans un premier temps sur la typologie et l’organisation de ces processions. Il
faut donner une définition précise de chaque cortège. Quelles sont ses particularités et ses
enjeux, quelles sont leurs similitudes et leurs différences ? Ensuite, il faut s’intéresser à
l’importance du détail accordé dans ces déambulations collectives, les objets et accessoires
utilisés et leurs symboles politico-religieux, et voir au-delà une mise en scène de ces pratiques.
Enfin, l’étude des processions et cortèges de la fin du Moyen Âge dans les miniatures dévoile
un besoin de légitimer la dynastie des Valois face aux ennemis anglais. L’image a un pouvoir
envers le lecteur, et est un instrument clé dans la médiation des informations. C’est l’objet de
la dernière partie de cette étude.
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