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Front national

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Front national : (1972-2017) : résurgence et ancrage d’un courant nationaliste
Bruno Mégret, cadre du Front national à partir de 1987 et jusqu’en 1999, écrivait en
2016 : « Les idées que nous avons défendues et que nous avons contribué à mettre sur le
devant de la scène ont considérablement progressé. Je dirais même qu’elles ont triomphé ».
Les résultats récents du parti contrastent largement avec ses débuts politiques moribonds.
Les élections présidentielles de 2017 relèvent d’une véritable consécration pour le Front
national. Quinze ans après la percée inattendue du 21 avril, le parti d’extrême droite obtient
plus de 7,64 millions de suffrages, dépassant largement son meilleur score qui datait des
élections régionales de 2015. Pour la première fois en 2017, lors d’une élection
présidentielle, le parti atteint 21,3% soit 4 points en plus par rapport à 2012. Il arrive devant
les deux partis de gouvernement, le Parti socialiste et les Républicains, disqualifiés dès le
premier tour. Ce parti politique s’est constitué en octobre 1972 entre Ordre Nouveau, un
groupuscule néofasciste nationaliste, et une figure charismatique, Jean Marie le Pen. Les
débuts relèvent d’une véritable « traversée du désert » pour de nombreux historiens
spécialistes du sujet qui le décrivent comme étant « Exsangue financièrement », « touchée
par une guerre interne et des sécessions », beaucoup de ces historiens prévoyaient
l’extinction pure et simple du parti au début des années 2000. Mais peu à peu, celui-ci s’est
implanté puis s’est renforcé et s’est même affirmé au sein du paysage politique français. Un
sondage IFOP du 17 mars dernier place d’ailleurs Marine le Pen largement en tête du scrutin
présidentiel de 2022 avec 28% des intentions de vote. Dans cette analyse de la question
frontiste, il s’agira de nuancer la compréhension binaire du sujet opposant d’un côté les
partisans d’un FN ne varietur, qui ne saurait avoir changé, et ceux qui affirment au contraire
que le FN se serait « dédiabolisé » et serait aujourd’hui en passe de devenir un parti comme
les autres.
Comment expliquer l’affirmation progressive du Front national au sein du paysage politique
français ? Quelles ont été les composantes de cette lente ascension ? Pourquoi le discours
frontiste continue à séduire un nombre croissant d’électeurs ?
[2 : 30]
Le 5 octobre 1972, le Front national pour l’unité française voit le jour. Ne crée pas des
membres d’Ordre nouveau qui vont petit à petit s’en émanciper, le but est de
rassembler toute les familles de l’extrême droite française. Cela concerne les
poujadistes, les partisans de l’Algérie française ou encore les nostalgiques de Vichy.
Le parti est directement inspiré du MSI italien (Movimento Sociale Italiano), et le FN va
d’ailleurs reproduire le même logo : une flamme aux couleurs du drapeau national sur
un socle rouge. (le vert/blanc/rouge italien devient donc le bleu/blanc/rouge français).
Jean-Marie Le Pen est devenu le chef de file de ce mouvement car il semblait alors
être, parmi les personnalités d'extrême droite de l’époque, la figure la plus respectable
et la plus consensuelle.
Fin septembre 1973, dans le souci d’être indépendante, le FN de Jean-Marie Le Pen
coupe ses liens avec l’ON : il y a scission.
Le parti est en construction, et son entrée dans le paysage politique n’est pas
fracassante : (Changer diapo)
- Aux élections législatives du 4 mars 1973, le FN détient 1,3% des voix. Jean-Marie
Le Pen obtient 5,22 % des voix dans la 15ème circonscription de Paris.
- A l’élections présidentielle de 1974, Jean-Marie Le Pen obtient 0,74% des voix au
premier tour.
- du 13 au 20 mars 1977, le FN participe a ses premières élections municipales. Des
alliances vont être formé avec la droite, et à Paris, la liste de Jean-Marie Le Pen
obtient 1,86 % des voix.
La spécialiste de sociologie électorale et de l’extrême droite Nonna Mayer distingue
trois phases dans la construction du FN. C’est à partir des élections présidentielles de
1981 qu’elle place la première phase.
- A l’élections présidentielle de 1981, Jean-Marie Le Pen n’arrivera pas à rassembler
500 signatures.
Jean Marie Le Pen n’a pas été le seul a apprécier le goût amertume de l’échec. Avec
l’arrivée au pouvoir du candidat de gauche François Mitterand, c’est toute la droite qui
l’apprécie après une installation de 23 ans au pouvoir.
Le FN connait des tensions internes, avec notamment l’influence grandissante d’Alain
Robert. Jean-Marie Le Pen réuissira à le faire démissionner en 1973. Il est également
encore loin de réussir son objectif initial : celui de rassembler les familles politique.
Il n’empêche que la flamme du parti n’est pas éteinte. Le FN est un parti qui garde une
dynamique constante, comme on peut le voir avec la régularité des congrès. Le
premier à Paris en 1973, le second à Bagnolet en 1974, le troisième dans l’Hérault en
1975, le quatrième à Bagnolet en 1976, il n’y en a pas eu en 1977, mais cela reprend
dès 1978, avec le cinquième qui se tient à Rueil-Malmaison en 1978.
Jean-Marie Lepen peut compter sur l’appui de gens dévoués. En 1976, il hérite
notamment d’Hubert Lambert qui possédait alors une fortune estimé à 30 millions de
francs (l’équivalent de 4,6 millions d’euros).
A partir des années 1982,83, la crise économique et la désillusion à l’encontre du
pouvoir socialiste, permettent une montée en popularité du vote FN. Nonna Mayer
parle de « décollage électoral ».
1982 :
- aux élections cantonales de Dreux, les époux Stribois obtiennent 10% des scores
électoraux.
1983 :
- aux élections municipales de Paris, dans le XXe arrondissemnt, Jean-Marie Lepen
recueille 11,3% des scores électoraux.
- aux élections municipales partielles, à Dreux, le Fn atteint un score de 16,27 %. En
s’alliant avec la droite au second tour, le candidat du FN Jean-Pierre Stirbois
devient adjoint au maire de Dreux.
- à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la liste FN atteint un score de 9,32%.
- aux élection législative partielle, dans le Morbihan ( la deuxième circonscription), Le
Pen obtient 11,2% des scores électoraux. C’est sa région natale, il est né à la Trinitésur-Mer.
L’influence du FN dépasse le cadre des élections. En septembre 1983, Jean-Marie Le
Pen participe à sa première émission politique, Le Club de la presse. En février 1984, il
sera de nouveau invité à l’Heure de vérité. Le monde politique ne saisit pas que le
front national prend en influence. Les votes à leur encontre sont vues comme
l’explique Cyril Crespin, comme un « mouvement d’humeur du corps électoral », et
comme toutes les humeurs, elle est éphémère.
En septembre 1987, au micro d’RTL, Jean-Marie Le Pen explique que l’existence des
chambres à gaz est un « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale ».
Cette phrase va définitiviment entâcher sa crédibilité auprès du grand public. La
proportion de Français qui jugent que Le Pen et son parti « représentent un danger
pour la démocratie » passe à 65%, en 2017 elle est encore à 58 %. Cela ne l’empêchera
pas, lors de l’université d’été du FN de 1988, d’être l’auteur du calembour « Durafourcrématoire ».
Pour Jean-Marie Le Pen, ce qu’il a dit ne porte pas préjudice à son parti alors que pour
ses membres, c’est bien sa pire erreur. Le FN va pourtant continuer à exister.
En effet, son extinction date de 2018. Il reste donc à voir la période allant de 1988 à
2018.
Les années 1988 à 1999 forme pour Nonna Mayer la seconde phase, celle de la
consolidation électorale.
- au premier tour de la présidentielle de 1988, quatre millions d’électeurs vont
-
permettre à Jean-Marie Le Pen d’obtenir 14,38% des suffrages exprimés;
au premier tour de la présidentielle de 1995, Il dépasse les 15 % en obtenant 15,3%
des suffrages exprimés;
aux élections municipales de 1995, le FN remporte trois mairies : Orange, Marignane
et Toulon. Ils obtiennent plus de 2000 élus.
En 1997, Vitriolles devient la quatrième municipalité FN.
Aux élections législatives de 1997 puis aux élections régionales de 1998, le score
moyen du FN atteint pour la première fois le score de Jean-Marie Le Pen à l'élection
présidentielle.
Alors que le parti est encore très centré autour de Jean-Marie Le Pen, une figure,
Bruno Mégret alors délégué général va donner au FN une forme plus aboutie. Il va le
structurer, en créant et en consolidant ses sections locales, ses écoles de formation
et ses organisations satellites.
Bruno Mégret étend son influence, et cela se fait au détriment de Le Pen. Leur
concurrence va finir par pousser Mégret a créer son propre parti au Congrès de
Marignane du 23-24 Janvier 1999, le Front national-Mouvement national qui deviendra
le MNR (Mouvement National Républicain).
Alors que Mégret a donné un second souffle au FN, la scission qu’il a produite et le
fait qu’il ait été suivi par plus de la moitié des cadres du parti va fragiliser le FN.
Le contrecoups de ses dissensions internes va se ressentir dans les urnes et c’est le
début de la troisième phase de Nonna Mayer (dont l’étude s’arrête à 2002) :
Ni le FN, ni le MNR n’arrivent à dépasser les 10% aux cantonales et aux municipales
de 2001.
En mars 2002, à l’approche des présidentielles, les intentions de vote pour Jean-Marie
Le Pen avoisinent les 10 %.
Et pourtant, le 21 avril, Le Pen accède au premier tour de la présidentielle avec 16,86
% des voix.
Au second tour, bien qu’il attire près de 5,5 millions de voix, il doit faire à une levée de
boucliers. Le monde politique sort de sa torpeur, et permet à Jacques Chirac d’être
élu avec plus de 82% des suffrages exprimés.
Aux élections présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy capte un tiers de l’électorat du
FN. Faisant passer le score du candidat Jean-Marie Le Pen de 16,88 % en 2002, à
10,44% en 2007.
Après cette élection, le parti va connaitre des moments difficiles :
des échecs dans les urnes :
- notamment aux élections législatives du 10-17 juin 2007, avec un score de 4,29% le
FN n’a pas d’élus.
des problèmes financiers :
- notamment en février 2009, le parti est condamné à payer 6 millions d’euros à
Fernand Le Rachinl.
et une lutte interne entre Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, qui se retrouvent tout les
deux vices-présidents du parti à partir de novembre 2007.
En 2011, lors du congrès de Tours qui a lieu du 15 au 16 janvier. Jean-Marie Le Pen,
après quatres décennies à la tête du parti passe le flambeau à sa fille Marine, il est
alors fait président d’honneur.
On assiste à un certain retour en force :
- Il ne faut pas oublier que le parti continue à être perçue par 58% de la population
comme un danger pour la démocratie. Cependant en 2013, les résultats tombent sous
la barre des 50%.
- Pour la première fois, le FN arrive en tête d’une élection nationale. Aux élections
européennes de 2014, il va réussir à obtenir 24,86 % des suffrages exprimés. Le FN se
présente alors comme le Premier parti français.
- Lors du premier tour des élections présidentielles de 2017, le FN atteint un record
historique en dépassant les 16% de suffrages exprimés. Cela montre, comme
l’explique Nonna Mayer que le « Front National est bien implanté dans le paysage
politique français. ».
Pourtant ce n’est pas ce que le grand public a retenu de ces élections, qui ont
finalement été largement remporté par Macron avec 65,5 % des voix au second tour.
Le débat politique télévisé d’entre deux tours a porté préjudice à la candidate du FN.
Le fait que le débat ait eu lieu montre cependant une certaine avancée. Il faut se
rappeler que Jacques Chirac avait refusé en 2002 de débattre avec Jean-Marie Le
Pen., en expliquant qu’il « ne peux pas accepter la banalisation de l’intolérance et de
la haine ».
Le parti a été miné par cette échec, qui a été accompagné quelques mois après par le
départ de Florian Philippot, numéro deux du parti. Suivi par quelques membres du fn,
il va devenir le président du parti : Les Patriotes.
Marine Le Pen dans le souci de se défaire de l’histoire mouvementée de son parti (que
ce soit les dérives de son père, ou sa lourde défaite aux élections présidentielles), et
va être à l’origine de son changement de nom, le FN va devenir le RN
(Rassemblement National). Cela se déroule lors du 16ème congrès qui c’est tenu le 10
et 11 mars 2018 à Lille. Marine Le Pen souhaite ainsi tourner la page, en excluant son
père de son poste de président d’honneur.
[10min30]
III – Comprendre le Front national : logique fonctionnelle et soutiens
A) Le Front national : un parti en voie de normalisation ?
Pour mieux comprendre le Front national, il est nécessaire d’appréhender sa logique
idéologique et fonctionnelle. L’organisation interne est divisée en un bureau exécutif, un
bureau politique et un comité central tous sous le contrôle direct d’une autorité
charismatique, Jean Marie le Pen puis Marine le Pen :
- Le bureau exécutif est divisé entre plusieurs postes : président et vice-président, élu tous
les trois ans par les adhérents lors du congrès, un trésorier et des membres.
- Le bureau politique est convoqué par le président et se compose des membres désignés
par celui-ci et validé lors du congrès.
- Le comité central est formé par les 100 personnes élues lors du congrès et des 20
personnes cooptées par le ou la présidente.
Le poste du secrétariat général est resté important de 1973 à sa suppression en 2007 mais à
depuis retrouvé son pouvoir.
Une logique de « dédiabolisation » du FN est admise par une part croissante des médias. Le
parti aurait été diabolisé et serait en passe de se normaliser. Cette logique fonctionne très
bien pour l’idéologie du parti qui se veut antisystème. La victimisation sert les intérêts
politiques du FN, le concept de dédiabolisation est d’ailleurs un terme indigène au parti. Car
dire qu’il y a dédiabolisation, c’est affirmer qu’il y a eu diabolisation du parti et reconnaître
le préjudice. Ce principe de diabolisation est donc à la fois une arme concurrentielle utilisée
par les autres partis politiques mais aussi une position stratégique assumée par le parti. Le
front national est tiraillé entre des discours lissés pour améliorer leur acceptabilité
médiatique en vue de rallier l’électorat et d’un autre côté il faut qu’elle garde sa base
électorale convaincu en utilisant des mots codes qui parleront aux initiés et auront un sens
différent pour eux. Le parti n’a en réalité pas profondément changé sa logique doctrinale
dont la primauté nationale reste l’élément structurant. Les mêmes personnalités entourent
d’ailleurs toujours le leader : Louis Aliot, Steeve Briois, Bruno Grollnisch sont liés au Front
national depuis les années 1980.
Il en suit que, pour les auteurs du livre Les faux semblants du front national, s’il y a la
perception d’un effet marine de dédiabolisation, il reste historiquement illusoire, car les
arguments considérés comme des nouveautés sont des constantes :
-
-
Le concept de priorité nationale est pensé depuis les années 1980 après un travail de
restructuration du propos FN par Bruno Mégret.
Les défilés du 1er mai à la mémoire de Jeanne d’Arc auront duré jusqu’en 2015 et
perdurent encore aujourd’hui sous une autre forme : celle du grand banquet
national.
La nouveauté du « populisme-social » du discours FN n’est pas récente, puisqu’au 8e
congrès en 1990, la question sociale était déjà abordée.
Après Maastricht, l’ultralibéralisme de Jean Marie le Pen des années 1970 se
fracture, passant à un discours anti-mondialiste qui prônent un protectionnisme est
qui sera repris par sa fille.
L’idéologie du parti n’a donc pas réellement changé depuis ses débuts, si ce n’est la
suppression du discours négationniste, néonazi ou antisémite. De nombreux exemples dans
les discours de l’actuelle dirigeante ou de ses soutiens montrent une continuité idéologique :
-
Mention d’une Mondialisation identicide en 2011 et donc l’intolérance face à
l’immigration
Dérembourser les avortements de « confort » en 2012
Lorsqu’elle dit que le métissage sert à camoufler l’extinction accélérée de la diversité
des sociétés humaines ; retour de la peine de mort en 2015.
Selon Alexandre Dézé, ce sont moins les propos qui se serait dédiabolisé mais la perception
de l’opinion qui, face à son installation politique, l’aurait banalisé. Les scandales et
dérapages, selon lui, seraient des stratégies réfléchies et suscitent de moins en moins
l’indignation de l’électorat.
[4 : 40]
B) Les soutiens du parti : sociologie et géographie d’un vote frontiste
L’électorat du Front national s’est, comme on l’a dit, considérablement développé au cours
de ce début du XXIe siècle. En revanche, l’évolution réelle de la sociologie du vote reste
faible. L’idée de l’irrésistible ascension du parti est largement admise. Après 7,6 millions
d’électeurs FN au 1er tour en 2017, de nombreux partis et organisations appelleront, comme
EELV à « faire barrage à la haine » Ce qui laisserait entendre que 1/5 de l’électorat français
serait animé par un racisme et la haine ? Cette vision binaire opposant les « gentils votants
face aux méchants votants frontistes » n’est pas pertinente pour comprendre la base
électorale du FN et sa sociologie.
Sa progression est incontestable, même si son électorat reste très varié, il mobilise plus dans
les milieux populaires et peu diplômés mais s’étend également aussi au sein de la fonction
publique ou des pratiquants catholiques. L’électorat est plutôt masculin mais tend à se
féminiser depuis que Marine dirige. L’électorat est plus attiré vers la droite puisque moins
de 5% des votants FN se classent à gauche. Le Front national avance de plus en plus dans les
milieux populaires, notamment chez les ouvriers et les employés. En 2012, presque la
moitié des ouvriers prétendent avoir voté FN. Considéré comme le premier parti ouvrier de
France dès 1995, le FN a séduit cette portion de l’électorat pour plusieurs raisons :
-
La « désouvriérisation » du discours de la gauche
La désindustrialisation de la France
Un renouvellement générationnel au sein du monde ouvrier
Lors des régionales de 2015, le FN recueille 27% des suffrages dans la fonction publique
territoriale, et 39% dans la fonction publique hospitalière. Quant à l’âge, il n’y a pas de
constante, l’électorat est plutôt jeune mais ce sont bien les « âges intermédiaires » qui ont
voté FN lors des régionales de 2015.
D’un autre côté, le géographe et démographe Hervé le Bras dans son ouvrage Le pari du FN
en 2015 propose une lecture complémentaire. Si les électeurs se sont fidélisés, la carte de
l’électorat FN est restée étonnamment stable depuis 1984. L’auteur dresse un constat : la
carte de l’indice de fragilité sociale des ménages français dans le territoire peut quasiment se
superposer à celle révélant le vote Frontiste. Ainsi le Nord Est, une partie de la nouvelle
aquitaine et le Sud-Est. Sauf pour les grandes villes, qui concentrent beaucoup de fragilité
mais qui n’ont pas de votes FN du fait de leur dynamisme. On vote donc plus Front national
dans les territoires périphériques fragiles dans lesquels les services publics tendent à
disparaitre. Ce sont tous ces territoires en difficultés, anciennement industrialisés et à qui la
mondialisation ou l’intégration européenne n’a pas profité qui adhèrent aux idées du Front
national. Selon un sondage IFOP d’avril 2017, sur l’ensemble des 30% d’électeurs FN
récurrents, 60% avouaient voter Front national par rejet et par déceptions des autres partis
plutôt que par adhésion véritable à l’idéologie frontiste.
Conclusion :
De 1972 à 1981, le parti est dans son état embryonnaire, aussi bien dans son organisation
que dans ses résultats électoraux. Toutefois, dès 1982, on peut distinguer un premier
renforcement, et la présence médiatique de Jean Marie le Pen est alors croissante. De 1988
à 1999, s’opère une véritable installation au sein du paysage politique français. Malgré des
difficultés internes en 1999, le Front National arrive au 2nd tour du scrutin présidentiel de
2002. C’est un résultat éphémère puisqu’en 2007, le parti perd 6,4 points. Depuis l’arrivée
de Marine le Pen en 2011, les résultats électoraux sont croissants et le scrutin présidentiel
de 2017 est un record absolu pour le parti qui atteint 21,4% des suffrages au premier tour et
33,90% au second.
Le parti est riche de quatre décennies d’histoire. De nombreuses fois au creux de la vague, il
a su tirer profit de ses crises. On l’a vu, l’idéologie frontiste s’est largement normalisée et
banalisée au sein de l’opinion publique grâce au travail actif du parti. Toutefois, le vote FN
n’est pas nécessairement un vote d’adhésion à son idéologie. Le vote d’extrême droite est
parfois plus souvent un vote protestataire désespéré qui peut, selon Jean-François Léger, se
résorber à condition de prendre en compte et de solutionner les revendications de plus en
plus importantes des citoyens.
Comment expliquer une si faible représentation du Front National à l’AN par exemple
alors qu’il représentait le 2nd parti à la présidentielle de 2017 un mois avant ?
Regarder la carte dans la diapo. Je crois que c’est autour de 13% et 8 députés.
- Je pense que le parti a été affaibli par la défaite du 2nd tour, démobilisation variété de
l’électorat.
- Député frontiste différent de Marine le Pen
- Des crises internes départ de Philippot fin 2017
- Le scrutin majoritaire à deux tours désavantageux.
Léo-Paul, tu parles de termes « indigènes » de dédiabolisation du parti, peux-tu préciser ce
propos ?
Ce que je cherche à dire , c’est que le terme « Dédiabolisation » s’est banalisée ces dernières
années, courant et ordinaire dire que le Fn est dédiabolisé. Les auteurs que je cite parlent
d’une « stratégie lexicale de conquête du pouvoir » par une banalisation des mots. Ce mot
est un terme qui est mis en avant par le parti, ce sont des néologismes, il y en a d’autres
dont je n’ai pas parlé : ensauvagement, islamo-gauchiste ou UMPS qu’on devrait appeler
LRPS.
Ce que j’ai cherché à dire, c’est que la simple utilisation du mot, justifie le manque de
discrédi du parti qui serait entièrement provoqué par une diabolisation préalable. Par
exemple, je n’en ai pas parlé par manque de temps mais la victimisation par le « jeu de
l’épouvantail », qui consiste à diaboliser le Fn pour rallier l’électorat en parlant de sursauts
républicains.
Même si les chiffres sont à prendre avec des pincettes, combien d’adhérents sont dans les
rangs du Front national depuis la fin des années 1990 jusqu’à nos jours ?
Ville qui a percé FN : Perpignan Louis Alliot. Hénin baumont, plus généralement, le nord pas
de calais souvent considéré comme un épicentre
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