CENTRE D’AIDE À LA RÉUSSITE (CAR) Le travail universitaire Guide du métier d’étudiant Université du Québec à Rimouski Qu’est-ce qu’un travail universitaire? À la différence du travail strictement scolaire, qui vise le plus souvent à produire une synthèse des connaissances acquises sur un sujet donné, le travail universitaire a pour objectif d’apporter une contribution originale à une sphère d’activité déterminée. Il suppose avant tout une curiosité qui permettra d’explorer de façon rigoureuse un sujet, et qui devrait conduire à une appropriation personnelle de celui-ci. Intervient alors dans le processus une certaine part de créativité, laquelle opère non seulement dans certains domaines comme celui des arts, par exemple, mais dans tous les domaines, y compris celui des sciences Dans bien des cas, l’aspect le plus créateur d’une recherche réside dans la pertinence de la question de départ et les diverses pistes de réflexion qu’elle permet d’ouvrir. Rédiger un travail universitaire implique donc de se référer à l’état actuel des connaissances dans un domaine déterminé, d’en rendre compte, tout en essayant de pousser la réflexion plus loin de manière à faire avancer les connaissances. Travail universitaire et savoir-faire… À la base, la réalisation d’un travail universitaire suppose trois grands « savoir-faire ». Il faut savoir GÉRER, ANALYSER et TRANSPOSER des connaissances. De façon très générale, comment peut-on acquérir et utiliser ces habiletés, inhérentes à la formation universitaire? 1. En se concentrant vraiment sur la matière (IMPLICATION). 2. En réfléchissant, en analysant les divers objets de connaissance (OBSERVATION). 3. En y dégageant des concepts judicieux, des fondements et des liens appropriés (CONCEPTUALISATION). 4. En persévérant dans l’action jusqu’à l’obtention d’une réponse, d’un résultat ou d’une signification appropriée (APPLICATION)1. Quelques types de travaux On distingue une grande variété de travaux, qui poursuivent des objectifs distincts et arborent des formes différentes. En voici quelques-uns : Les travaux longs (textes « indépendants », centrés sur leur propre problématique) : Le travail de recherche : texte indépendant qui consiste à faire le point sur l’état des connaissances relatives à un sujet précis dans une discipline donnée. Il s’agit de présenter les principales recherches et théories sur une question précise et d’élaborer un commentaire original sur celles-ci, de manière à enrichir la réflexion sur un sujet particulier. La dissertation : texte argumentatif qui vise à débattre une question, à défendre une thèse à partir d’un ensemble de faits et d’arguments en faveur d’une conclusion précise sur une question particulière. 1 D’après Lucie Gauthier, « L’aventure universitaire », dans Michel Roy (dir.), L’université : une fois entré, comment bien s’en sortir!, Université de Sherbrooke, Services à la vie étudiante, 2001, p. 73. L’essai : texte de forme plus libre et moins encadré que la dissertation, qui présente une vision personnelle d’un sujet donné en convoquant l’intuition, la subjectivité, les idées novatrices et des modes d’expression originaux. Les travaux brefs (textes « dépendants », c’est-à-dire portant sur un autre texte, et pouvant servir de points de départ à un travail plus long) : Le résumé : texte de nature objective, qui synthétise en quelques lignes la problématique, les thèmes fondamentaux, l’idée principale et les idées directrices d’un texte ou d’un ouvrage. Le résumé critique ou compte rendu : résumé, auquel s’ajoute une partie évaluative dans laquelle la problématique, les méthodes et les conclusions de l’ouvrage sont soumises à une réflexion critique. La recension des écrits : résumé ou résumé critique traitant d’un ensemble de textes consacrés à une même question. Le commentaire : forme plus libre, ce type de texte ne rend compte que partiellement d’un document (texte, ouvrage, conférence, document audiovisuel, etc.); il discute d’un ou de plusieurs thèmes choisis avec une grande latitude. Les neuf grandes étapes d’un travail universitaire La préparation d’un travail universitaire exige rigueur et méthode. Mieux vaut s’y prendre de façon systématique. Voici comment : Dans le cas d’un travail à sujet libre : choisir et délimiter un sujet / Dans le cas d’un travail à sujet imposé : comprendre et cerner le sujet, se l’approprier Effectuer la recherche (à la bibliothèque de l’université et ailleurs au besoin) Procéder à une lecture active de la documentation trouvée (la photocopier si possible pour pouvoir souligner des idées directrices, marquer des mots-clés, annoter des passages, identifier des thèmes, résumer certaines parties du texte, etc.) Dresser une liste des principaux thèmes ou arguments à développer (esquisser un schéma pyramidal du développement, où figurera l’enchaînement potentiel des idées) Élaborer un plan de rédaction complet, de manière à bien structurer le travail à faire et à en assurer la cohérence Rédiger Laisser « décanter » le travail quelques jours avant d’y revenir Réviser/corriger Revoir/ajuster la présentation matérielle du travail, puis en remettre une version finale à la date prévue. (Si on prévoit un retard, demander un délai avant la date de remise). Écrire, c’est faire circuler des informations; c’est aussi, implicitement ou explicitement, vouloir convaincre… Tout travail vise en somme à convaincre son lecteur du bien-fondé et de la justesse des idées qu’on défend, des hypothèses qu’on avance. Différentes opérations appartenant à divers registres entrent en jeu dans le processus argumentaire, que Vignaux (1976) a synthétisé de la façon suivante : Les principales opérations d’un processus argumentaire (Modèle de Vignaux)2 Opérations De type lexical De nature syntaxique De type rhétorique ou argumentatif De composition et de mise en forme verbale Sous-opérations ou explications Choix des mots et des expressions, en fonction du contexte et du niveau de langue du récepteur Construction des phrases et des paragraphes Choix des mots de liaison Cohérence de l’édifice argumentatif Conditionnement psychologique du récepteur (création de liens avec lui) Présentation de la thèse Présentation des arguments selon leur force Réfutation d’arguments opposés à la thèse (contre-argumentation) Conclusion Établissement de relations de cause à conséquence Cohérence et cohésion des diverses parties du discours Structuration logique de toute l’argumentation Planification totale de la présentation (schémas, mise en page, etc.) Cinq règles d’or à propos des travaux longs Commencer à travailler tôt autour de son sujet Choisir un sujet d’intérêt pour soi Circonscrire son sujet de façon telle qu’il puisse être développé adéquatement dans l’espace imparti Garder bien présent à l’esprit qu’un travail long doit reposer sur un message principal à transmettre, celui-ci permet d’orienter l’agencement des idées et la progression logique du discours Le véhicule du message à transmettre étant l’écriture, porter une attention toute spéciale à la clarté de son discours, à la correction linguistique et à la présentation matérielle de son 2 Reproduit d’après Denis Bertrand et Hassan Azrour, Réapprendre à apprendre au collège, à l’université et en milieu de travail. Théorie et pratique pour maîtriser les compétences transversales, Montréal, Guérin Éditeur, collection Universitaire – 3e millénaire, 2000, p. 343. travail. Ne jamais oublier que la forme d’un texte permet de mettre en valeur le fond, c’est-à-dire que les qualités littéraires de ce texte rejaillissent sur ses qualités intellectuelles. De bonnes idées énoncées dans un discours mal structuré, une langue déficiente ou un style peu soigné risquent de perdre un peu – sinon beaucoup – de leur lustre! Feuillet réalisé par Caroline Dupont, Centre d’aide à la réussite (CAR), UQAR, 2003. Sources : BERTRAND, Denis, et Hassan AZROUR, Réapprendre à apprendre au collège, à l’université et en milieu de travail. Théorie et pratique pour maîtriser les compétences transversales, Montréal, Guérin Éditeur, collection Universitaire – 3e millénaire, 2000. GIROUX, Aline, et Renée FORGETTE-GIROUX, Penser, lire, écrire. Introduction au travail intellectuel, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 1989. LETARTE, Andrée et François LAFOND, Production d’écrits. La rédaction de travaux longs, Université Laval, Service d’orientation et de counseling, 1989. ROY, Michel (dir.), L’université : une fois entré, comment bien s’en sortir!, Université de Sherbrooke, Services à la vie étudiante, 2001. TREMBLAY, Robert, Savoir faire. Précis de méthodologie pratique, Montréal, McGrawHill Éditeurs, collection du Rétiaire, 1994.