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PLATON : L’apologie de Socrate
Plan général : I° partie : introduction générale au texte du dialogue
II° partie : Plan détaillé du dialogue
III° partie : Texte du dialogue
Introduction Générale [Source : Platon : Oeuvres complètes « les Belles Lettres »Notice
de Michel Croiset.]
En l’an 399 avant notre ère, une accusation capitale fut lancée contre Socrate : elle entraîna sa
condamnation puis sa mort. Il avait alors 70 ans. C’est à cette accusation qu’est censée répondre
« l’Apologie
de Socrate » de Platon.
Pour bien en comprendre la portée, il faut établir la spécificité du rôle et de la perception de
l’individu Socrate dans l’Athènes du V° siècle. La cité attique était le lieu d’élection de la pensée.
Toutefois, alors que la plupart des grands penseurs de l’époque ( philosophes de la nature tel
Anaxagore et sophistes autrement dit savants faisant profession d’enseigner leurs sciences
moyennant rétribution) s’interrogeaient sur l’univers en général, Socrate se disait seulement épris de
vertu. Pour diffuser cet enseignement moral, détaché de toute ambition de réussite et de notoriété, il
n’usait pas de beaux discours mais il interpellait chacun de ces concitoyens dans sa conscience. Pour
lui, la vérité n’est pas dans les nuées. Elle est en nous, quoique souvent obscurcie. Il faut donc, par
un questionnement méthodique, éveiller la réflexion. C’est ainsi qu’on pourra la mettre en
mouvement et la conduire pas à pas d’une certitude à une autre.
Dans la perspective de Socrate, les moyens pour y parvenir compte tout autant que le résultat : il
faut n’avancer sur ce chemin que si est obtenu de l’interlocuteur un assentiment libre et entier sur
chaque point successivement abordé. C’est cette pratique exigeante que Socrate met à l’épreuve des
faits. En quoi consiste-t-elle exactement? Il s’agit d’une enquête serrée, subtile, impitoyable, sans
complaisance. Socrate s’en va partout interpellant ces concitoyens, sur la place du marché, dans les
boutiques, dans les gymnases. Soumis à la pression d’un tel examen, par un personnage affable mais
qui ne lâche pas prise facilement, certains étaient mis en difficulté par des vérités gênantes ou par
l’aveu d’une contradiction inaperçue. Si, avec le « petit peuple », la conversation devait tourner court
rapidement, avec les beaux esprits, Socrate était confronté à des protagonistes soucieux de leur
réputation, ne souhaitant ni se dérober, ni se faire tourner en ridicule. Et un entretien avec de tels
interlocuteurs, devenait vite un spectacle, dans cette ville où tout le monde aimait à argumenter et à
entendre argumenter. Socrate a donc été conduit plus d’une fois à mettre à mal la réputation
d’hommes d’esprit fameux, contraints d’avouer pourtant qu’ils n’étaient pas sûrs d’eux-mêmes.
Ne faisant aucune concession aux dépens de la vérité, Socrate se fit autant d’ennemis à mesure
qu’il prétendait faire du bien. Les trente dernières années de sa vie furent celles où l’orage qui devait
l’emporter s’amassa, grossit, pour finir par éclater. De plus, le petit groupe de ses disciples inspirait
une certaine défiance à l’opinion publique : d’ailleurs, on connaissait mal les idées qui y
prédominaient, car Socrate n’avait rien écrit. On devinait seulement qu’elles n’étaient pas celles de la
foule, ni en morale, ni en politique, ni en religion. Ce qui apparaissait clairement à tous, c’est que
l’enseignement de Socrate tendait à modifier profondément les directions traditionnelles de la vie à
Athènes. Alors que tout honnête citoyen était censé s’attacher à conserver son patrimoine, voire à
l’augmenter, selon la règle d’une sagesse traditionnelle, transmise de père en fils, qui valorisait le
travail assidu ainsi que l’économie comme conditions de la réussite sociale, Socrate méprisait les
richesses : plus grave encore, il enseignait à les mépriser ! N’y avait-il pas là une protestation impie
Discours visant à défendre solennellement une personne qui a été injustement mise en cause.
Impie : contraire aux exigences de la piété, c’est à dire de la dévotion due aux dieux.