www.hep-verlag.ch/comprendre-la-suisse COMPRENDRE LA SUISSE Andreas Blaser Urs Kernen Daniel V. Moser-Léchot Blaser, Kernen, Moser-Léchot Vous visez la citoyenneté suisse ? Vous en savez trop peu sur votre pays d‘origine ? Que faut-il savoir pour comprendre la Suisse ? Le guide « ­Comprendre la Suisse » est votre allié précieux dans ce contexte. La politique, la géographie, l‘histoire et la culture suisses n’auront plus de secrets pour vous. Le guide « Comprendre la Suisse » vous fournit de plus amples informations sur ce qui est typique du pays et de ses habitants. Les termes essentiels sont définis dans un glossaire. « Comprendre la Suisse » peut être utilisé pour des cours de naturali­sation ainsi que dans le cadre de cours d‘instruction civique dans les écoles de culture générale et les gymnases (lycées). La version française est une traduction de l‘allemand ; le contenu a été revisité et mis au goût du jour. Des questions permettant de vérifier le niveau d‘apprentissage, d’approfondir certaines thématiques et d’ouvrir des débats, sont posées à l’issue de chaque chapitre. Vous pouvez donc tester vos connaissances à tout moment et éviter le trac en vue de tests. Andreas Blaser a été directeur d‘une école professionnelle. Pendant dix ans, il a été membre du Grand Conseil du canton de Berne et a joué un rôle déterminant dans l’évolution des cours de naturalisation. Urs Kernen enseigne à l’école de commerce du centre de formation (Bildungs­ zentrum) d’Interlaken. Il exerce la fonction de chef de projet dans le cadre de ­l’élaboration d’analyses de standards linguistiques et de tests de naturalisation. Daniel V. Moser-Léchot est titulaire d’un doctorat en histoire. Jusqu‘à sa retraite, il a été enseignant aux niveaux primaire, secondaire et gymnasial, et professeur d’histoire et de didactique de l’histoire à la Haute école pédagogique de Berne. UG_Comprendre_la_Suisse_1A_20.indd Alle Seiten COMPRENDRE LA SUISSE 13.12.19 11:07 Avant-propos Au fond, c’est quoi, la Suisse ? Quels sont les éléments qui nous réunissent au sein de cette nation ? Qu’est-ce qui fait de ce territoire pluriel, doté de quatre langues et cultures, un pays ? Autant de questions qui soulèvent régulièrement d’intenses débats dans le monde politique et médiatique. Or, si les Suisses ont du mal à répondre à cette question, n’est-ce pas encore plus difficile pour les personnes immigrées venues résider en Suisse ? Comprendre la Suisse est un guide sur le chemin qui mène à la naturalisation. À travers six chapitres, ce livre apporte des réponses possibles aux questions précédentes, vous préparant ainsi au test de naturalisation. Avec son glossaire et son application gratuite, il permet de rafraîchir et de tester ses connaissances. Comprendre la Suisse ne s’adresse pas uniquement aux personnes qui souhaitent demander la nationalité suisse, mais également aux étrangers et aux Suisses qui veulent mieux connaître ce pays. Le chapitre Géographie, Histoire, Langues apporte des informations sur le cadre naturel, historique et linguistique de la Suisse. Le chapitre Religions, Traditions, Culture donne un aperçu de sa diversité religieuse et culturelle. Le chapitre Fédéralisme, Démocratie, Politique explique comment fonctionne la démocratie suisse, tandis que le chapitre Lois, Droits, Obligations présente les règles de base du vivre ensemble. Enfin, les chapitres Économie, Emploi, Formation et Assurances, Sécurité sociale, Santé abordent certaines des questions économiques et sociales du quotidien, et présentent l’ensemble des instruments qui forment notre État-providence. Comprendre la Suisse peut également être utilisé dans les écoles professionnelles, écoles de culture générale et gymnases. Les informations sur la Suisse que transmet ce guide constituent une base pour la l’instruction civique, tandis que les questions figurant à la fin de chaque chapitre permettent d’approfondir les différents sujets et d’établir des ponts entre les différents thèmes. Les auteurs tiennent à remercier le Bildungszentrum (Centre de formation) d’Interlaken pour l’édition, Maître Adrian S. Müller, pour sa contribution à la rédaction des chapitres portant sur des questions juridiques et civiques, le Zentrum Politische Bildung und Geschichtsdidaktik (Centre de formation politique et de didactique de l’histoire) d’Aarau pour son évaluation du manuscrit, le canton de Berne pour son soutien financier et le chef de projet Lukas Meier pour son encadrement professionnel, ses conseils, et sa relecture minutieuse. Janvier 2017 Andreas Blaser, Urs Kernen, Daniel V. Moser-Léchot 3 Sommaire 1 Géographie | Histoire | Langues 5 Comprendre la Suisse : Le « Schwyzerdütsch » 6 Géographie Histoire Langues 2 3 4 5 6 Religions | Traditions | Culture 17 Comprendre la Suisse : Les cloches d’églises 18 Religions Traditions Culture 19 21 24 Fédéralisme | Démocratie | Politique 29 Comprendre la Suisse : La Landsgemeinde 30 Fédéralisme Démocratie Politique 31 34 40 Lois | Droits | Obligations 45 Comprendre la Suisse : L’armée de milice 46 LOIS Droits Obligations 47 51 55 Économie | Emploi | Formation 59 Comprendre la Suisse : La formation professionnelle 60 Économie Emploi Formation 61 64 68 Assurances | Sécurité sociale | Santé 73 Comprendre la Suisse : Bien assuré 74 Assurances Sécurité sociale Santé 75 77 83 Glossaire 4 7 10 13 87 Château d’eau Alpes Jura 1 | Géographie Histoire Langues Plateau Pacte fédéral Réforme République helvétique Constitution fédérale Comprendre la Suisse : Le « Schwyzerdütsch » Le suisse allemand (Schweizerdeutsch ou Schwyzerdütsch) est le dialecte parlé par les Suisses germanophones. Mais cette langue varie fortement en fonction des régions. Il est très facile pour un germanophone de reconnaître un accent de Saint-Gall, de Zurich ou de Berne. Il existe même souvent des variantes linguistiques au sein d’une même région. Parfois, il est donc possible de savoir de quel village ou de quel quartier vient une personne simplement à son accent. Malgré ces grandes différences, presque toutes les personnes qui parlent le suisse allemand se comprennent mutuellement. Le Schwyzerdütsch étant intimement lié à la culture et à la mentalité suisses, il n’est pas rare que des immigrés qui parlent déjà l’allemand classique décident d’apprendre le dialecte. Les cours de dialecte jouissent actuellement d’une grande popularité. 6 Géographie La géographie en bref Surface 41 285 km2 Capitale Berne Pays limitrophes France, Italie, Principauté du Liechtenstein, Autriche et Allemagne Longueur des frontières 1882 km Distance Nord-Sud max. 220 km (de Bargen à Chiasso) Distance Ouest-Est max. 348 km (de Chancy à Val Müstair) Point culminant Pointe Dufour (canton du Valais), altitude 4634 m Point le plus bas Lac Majeur (canton du Tessin) altitude 192 m Trois espaces naturels La Suisse se situe en Europe centrale et est un pays enclavé, ce qui signifie qu’elle ne dispose pas d’accès à la mer. La Suisse se compose de trois grands espaces géographiques, qui recouvrent presque l’ensemble du pays : le Jura, le Plateau et les Alpes. Le Jura se situe au nord-ouest de la Suisse, et représente environ 10 % de sa surface. Cette chaîne calcaire s’élève à une altitude moyenne de 700 mètres, et se prolonge également en partie sur la France et l’Allemagne. Dans sa partie suisse, le Jura s’étend sur les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Berne, Jura, Soleure, Bâle-Campagne et Argovie. Le Jura est recouvert pour moitié de forêts, et à 43 % de zones agricoles. Le Plateau occupe environ 30 % de la surface de la Suisse. Cette zone qui s’étend du lac Léman, au sudouest, jusqu’au lac de Constance, au nord-est du pays, est nichée entre le Jura au nord et les Alpes au sud, et se distingue par ses collines et ses vallées fertiles. La plupart des grandes villes, et environ deux tiers de la population suisse sont installés sur le Plateau. La moitié du Plateau est couvert de zones agricoles, et un quart de forêts. Les zones d’habitation et d’infrastructures représentent 16 % du Plateau, soit deux fois plus que dans le Jura. Le Jura Le Plateau 7 Géographie de Neuchâtel. ­Le réchauffement climatique entraîne la fonte des glaciers et une modification profonde du climat des Alpes suisses. Les réserves d’eau sont donc fortement menacées pour l’avenir. Climat Les Alpes Les Alpes suisses sont une partie de la chaîne européenne des Alpes, qui s’étend sur plus de 1200 kilomètres, de Nice à Vienne. Les Alpes traversent le sud de la Suisse, du lac Léman à l’ouest à la frontière autrichienne à l’est. Les Alpes représentent 60 % de la surface de la Suisse, mais seulement 11 % de la population totale. En effet, ces très hautes montagnes sont souvent recouvertes de gravats, de roche, et de zones enneigées. Depuis des siècles, les cols alpins suisses comme le col du Gothard, le col du Simplon et le col du Grand-SaintBernard constituent des points de passage clés entre le nord et le sud de l’Europe. Château d’eau La Suisse est considérée comme le château d’eau de l’Europe. Environ 6 % des réserves d’eau potable se trouvent en Suisse, et 4 % de la surface du pays est recouverte de lacs et de rivières. Avec les chutes du Rhin, la Suisse dispose de la plus grande cascade d’Europe, tandis qu’avec ses 285 mètres de hauteur, le barrage de la Grande-Dixence, dans le canton du Valais, est le plus grand barrage-poids du monde. Les quatre fleuves et rivières, le Rhône, le Rhin, l’Inn et le Tessin prennent leur source dans les Alpes suisses pour s’écouler dans différentes mers : la Méditerranée pour le Rhône, la Mer du Nord pour le Rhin, la Mer Noire via le Danube pour l’Inn et la Mer Adriatique via le Pô pour le Tessin. La Suisse compte plus de 1500 lacs. Beaucoup d’entre eux sont nés dans les cavités des glaciers qui se sont formés durant la dernière ère glaciaire. Le lac Léman, à la frontière entre la France et la Suisse, est le plus grand lac d’Europe centrale. Le plus grand lac se trouvant entièrement sur le territoire Suisse est le lac 8 La proximité avec l’Atlantique joue un rôle important sur le climat suisse. Les vents humides et modérés de l’ouest tempèrent le climat, en hiver comme en été. Les vents d’ouest apportent de l’air frais en été, et de l’air chaud en hiver. Ils apportent également des précipitations tout au long de l’année. Les Alpes ont également une forte influence sur le climat suisse. Elles créent une barrière climatique entre le nord et le sud de la Suisse. Souvent, les précipitations sont stoppées sur le versant nord des Alpes. Les Alpes protègent également le sud des vents froids du nord. C’est pourquoi l’hiver est beaucoup plus doux dans le sud que dans le nord. Outre le vent d’ouest, le nord de la Suisse est également balayé par le Foehn, un vent sec et chaud venu du sud qui apporte le beau temps vers le nord. Le vent du nord, que l’on appelle la Bise, apporte quant à lui un temps froid et sec dans le nord. Les quantités de précipitations varient fortement d’une région à l’autre. C’est dans les zones de haute montagne Hautes-Alpes, dans le centre de la Suisse et dans le Tessin qu’elles sont les plus fortes. Les vallées abritées par les Alpes, comme le Valais et l’Engadine reçoivent quant à elles très peu de précipitations. Population Aujourd’hui (2019), la Suisse compte environ 8,5 millions d’habitants. Un quart d’entre eux, soit environ 2 millions de personnes, sont des étrangers. La Suisse fait donc partie des pays européens où la part de population étrangère est la plus importante. Environ deux tiers des étrangers viennent d’un pays européen. Les nations les plus représentées sont l’Italie, suivie par l’Allemagne et le Portugal. Seulement 17 % des étrangers viennent de l’extérieur de l’Europe. À l’inverse, plus de 760 200 Suisses vivent à l’étranger. Cela correspond plus ou moins à la population du canton de Vaud, troisième canton le plus peuplé de Suisse. Près des deux tiers de ces expatrié(e)s vivent en Géographie Population étrangère en Suisse selon la pays d’origine 350000 300000 250000 200000 150000 100000 50000 A Ita lle lie m ag Po ne rt ug al Fr an ce Ko so Es vo pa gn e Se rb ie Tu rq M ac uie éd oi ne 0 Source: Office fédéral de la statistique, 2018 Un train entre dans le nouveau tunnel de base du SaintGothard Europe, pour la plupart en France, en Allemagne ou en Italie. Il y a encore 150 ans, la Suisse était fortement rurale, et peu peuplée, avec seulement 2,5 millions d’habitants. Aujourd’hui, seul un quart de la population vit à la campagne. Trois quarts des habitants vivent dans des villes et agglomérations. La ville de Zurich est la plus grande de Suisse avec 431 528 habitants. La Suisse compte également cinq grandes villes de plus de 100 000 habitants : Genève, Bâle, Berne, Lausanne et Winterthour. Pour le transport de passagers et de marchandises, les liaisons les plus importantes sont celles qui relient Lausanne à Genève et les grandes villes que sont Bâle, Zurich et Berne entre elles. Les principaux axes de transport d’ouest en est et du nord au sud sont des tronçons importants de grands axes européens. Ainsi, une grande partie du transport de marchandises entre le nord et le sud de l’Europe traverse les Alpes suisses. Le plus grand aéroport de Suisse se trouve à Zurich-Kloten. La Suisse dispose de deux autres grands aéroports, à Genève et Bâle-Mulhouse. Réseau de transports La Suisse dispose d’un réseau routier dense et d’un réseau de transports en commun très développé. Presque tous les villages du pays sont accessibles plusieurs fois par jour avec les transports en commun. Le train y joue un rôle essentiel. Le réseau ferroviaire suisse est le plus dense du monde, et les Suisses sont les champions du monde de l’utilisation du train (en kilomètres parcourus par an). De plus, avec le tunnel de base du Saint-Gothard ouvert en 2016, le pays dispose désormais du plus long tunnel ferroviaire du monde (57 kilomètres). NOTIONS Ces notions importantes sont expliquées dans le glossaire: • Alpes • Bise • Château d’eau • Expatrié(e) • Foehn • Jura • Enclavé • Plateau 9 Histoire La particularité de la Suisse est qu’elle ne constitue une unité ni du point de vue ethnique ni du point de vue religieux. Le sentiment national suisse ne se fonde donc pas sur une ethnie, une langue ou une culture en par- Pacte fédéral Au 13ème et au 14ème siècle, certaines vallées et villes du territoire actuel de la Suisse réclament une plus grande autonomie. Depuis peu, elles sont directement soumises à l’Empereur du Saint-Empire romain germanique, et non plus à des comtes locaux. C’est dans ce cadre, que début août 1291, les communautés d’Uri, Schwyz et Nidwald concluent une alliance pour préserver la paix. Ce Pacte fédéral est considéré comme la naissance de la Confédération suisse. Confédération des huit cantons Sur la base de cette alliance, apparaît entre 1332 et 1481 un groupement de huit régions. Outre les communautés d’Uri, Schwyz et Nidwald, cette union englobe également les cantons de Zoug et de Glaris, et les villes de Lucerne, Zurich et Bâle. C’est à partir de 1350 que l’on commence à nommer cette alliance « Confédération ». Son objectif est de se défendre contre les attaques extérieures et d’assurer le pouvoir des élites locales. Confédération des 13 cantons De 1481 à 1513, les villes de Fribourg, Soleure, Bâle, Schaffhouse et la région d’Appenzell rejoignent la Confédération, qui se compose désormais de 10 ticulier, mais sur une histoire et des valeurs politiques communes. C’est pourquoi on dit souvent de la Suisse qu’elle est une Willensnation, une nation issue d’une volonté politique commune. Voici son histoire. 13 cantons. À cela s’ajoutent les pays alliés, qui, à l’image des Grisons ou du Valais, ont également conclu une alliance avec la Confédération, mais n’en sont pas membres à part entière. Par ailleurs, la Confédération conquiert de nouveaux territoires et crée les bailliages communs, des pays sujets gérés conjointement par plusieurs cantons. Réforme En 1523, Huldrych Zwingli lance à Zurich la Réforme, un mouvement de renouveau, dont l’objectif est de réformer l’Église catholique romaine. Tandis que la Réforme fait une percée dans certains cantons de la Confédération, d’autres restent fidèles à la foi catholique. Cette division entre cantons catholiques et protestants de la Confédération entraîne des conflits et des affrontements armés jusqu’au 19ème siècle. À partir de 1536, Genève (qui ne faisait jusqu’alors pas partie de la Confédération) se développe sous l’action de Jean Calvin pour devenir peu à peu un centre réformé au rayonnement mondial. République helvétique En 1798, des mouvements révolutionnaires se soulèvent à Bâle et en Suisse occidentale. Pour les réprimer, les troupes de Napoléon occupent la Suisse. C’est alors que naît la République helvétique dont l’organisation, sous l’influence du modèle français, est centralisée. Pour la première fois, tous les hommes obtiennent des libertés et des droits politiques. Cette époque marque également la fin des bailliages communs. Acte de Médiation En 1803, Napoléon donne à la Suisse une nouvelle Constitution. Les cantons retrouvent leur autonomie et six nouveaux cantons sont créés à partir des anciens pays alliés et bailliages communs : Saint-Gall, Grisons, Argovie, Thurgovie, Tessin et Vaud. La Suisse se compose donc de 19 cantons. La période de la Médiation dure jusqu’en 1814. Neutralité Congrès de Vienne et Restauration Après la guerre de Trente Ans, la Paix de Westphalie de 1648 accorde à la Confédération la souveraineté qui lui avait été promise. Elle constitue donc désormais un État indépendant, et non plus une partie du Saint-Empire romain germanique. La Confédération défend de plus en plus une politique de neutralité. Cela signifie qu’elle ne participe pas aux conflits armés qui opposent d’autres États. Elle conclut cependant des accords avec de nombreux États européens afin de leur fournir des mercenaires. Suite à la défaite de Napoléon, 1815 marque le début de la période de la Restauration. Dans la plupart des cantons, les conservateurs arrivent au pouvoir et remettent en place le système qui régnait avant 1798. Les cantons concluent un nouveau Pacte fédéral qui leur laisse une plus grande autonomie. Genève, Neuchâtel et le Valais rejoignent la Confédération. Lors du Congrès de Vienne de 1815, les grandes puissances européennes reconnaissent les frontières de la Suisse, toujours en vigueur aujourd’hui, et sa neutralité. Histoire Réforme à Zurich, 1523 Régénération et guerre du Sonderbund Révolution helvétique à Bâle, 1798 Création de l’État fédéral, 1848 des cantons, et les droits populaires découlant de la démocratie directe sont élargis. En 1891, les radicaux (actuel PLR) laissent la place aux catholiques-conservateurs (actuel PDC) au Conseil fédéral. tionnement des produits alimentaires permet d’éviter une famine. Période d’essor économique En 1830 commence la période de la Régénération. Dans de nombreux cantons, les libéraux arrivent au pouvoir et y imposent la séparation des pouvoirs, la liberté de la presse et la liberté économique. Mais la volonté des libéraux de créer un État fédéral à la place de la simple Union d’États se heurte à la résistance des cantons catholiques-conservateurs. En 1847, les deux camps s’affrontent au cours d’une brève guerre civile, la guerre du Sonderbund, qui oppose les cantons libéraux et les cantons catholiques-conservateurs. Pendant la Première guerre mondiale (1914–1918), la Suisse reste neutre et est épargnée par les destructions. Mais du point de vue économique, le pays est mal préparé à cette longue guerre. La nourriture manque, les prix des produits alimentaires explosent et le pouvoir d’achat des travailleurs chute. En 1918, une grève générale finit par éclater. Après la guerre, la Suisse connaît une longue période de forte croissance économique. Le niveau de vie augmente, la sécurité sociale est améliorée. À partir de 1959, les quatre principaux partis (socialistes compris) se partagent les sept sièges du Conseil fédéral selon une clé de répartition fixe appelée Formule magique : les trois principaux partis reçoivent deux sièges chacun, et le quatrième un seul. Ce n’est qu’en 1971 que les femmes reçoivent le droit de vote et d’élection au niveau fédéral. Création de l’État fédéral Entre-deux-guerres Vers une société de services La victoire des libéraux pendant la guerre ouvre la voie à la création d’un État fédéral. Le peuple accepte la nouvelle Constitution et en septembre 1848, l’État fédéral suisse est créé. Tous les hommes suisses bénéficient de droits politiques, et la liberté religieuse et la liberté de la presse sont introduites. La Suisse devient un espace économique uni. Néanmoins, les cantons conservent une forte autonomie. En 1919, pour la première fois, le Conseil national n’est plus élu sur le principe de la majorité (scrutin majoritaire), mais en proportion des voix (scrutin proportionnel). Ainsi, le Parti radical-démocratique (PRD) perd sa majorité absolue ; le Parti Socialiste Suisse (PS) et le Parti des paysans (plus tard UDC) gagnent quant à eux du terrain. Suite à la crise économique mondiale, les groupes fascistes, et les communistes ont le vent en poupe ; mais la démocratie résiste. Suite à la crise pétrolière de 1973, l’économie suisse plonge dans la crise. Au cours des années suivantes, le pays se développe de plus en plus vers une société de services. En 1979, naît le 26ème canton suisse : le canton du Jura. La Constitution fédérale est entièrement révisée en 1999. La nouvelle Constitution souligne la collaboration entre la Confédération et les cantons et renforce l’implication des communes. Seconde guerre mondiale Le début du nouveau siècle a été marqué par une progressive ouverture de la politique étrangère. La Suisse intègre l’ONU en 2002. En 2000 et 2005, le peuple accepte les accords bilatéraux avec l’UE. Néanmoins, les électeurs suisses ont refusé toute autre étape d’intégration en direction de l’Union européenne. Renforcement des droits populaires et industrialisation Le nouvel État fédéral se dote d’un réseau ferroviaire dense, qui favorise la mobilité et l’industrialisation. La Suisse connaît une période d’essor économique et se développe pour passer d’un État agricole à un État industriel. En 1874, la Constitution fédérale est entièrement révisée : la Confédération est renforcée au détriment Première guerre mondiale Pendant la Seconde guerre mondiale (1939–1945), la Suisse reste de nouveau neutre, tout en entretenant des liens économiques étroits avec l’Allemagne national-socialiste. La Suisse n’est pas attaquée et reste à l’abri des combats. Jusqu’en 1944, elle n’accepte que très peu de réfugiés. Le ra- Ouverture de la politique étrangère 11 Histoire En 2002, la libre circulation des ressortissants de pays de l’UE et de l’AELE est introduite. En revanche, pour les autres pays, seules les demandes de professionnels hautement qualifiés sont encore acceptées. Relations avec l’Europe Noël 1964, des travailleurs immigrés italiens quittent Zurich pour rejoindre leur pays d’origine Immigration et expatriation En tout temps, des êtres humains ont toujours quitté leur territoire d’origine à la recherche de conditions de vie meilleures et pour fuir les guerres ou les catastrophes naturelles. C’est ainsi qu’au 17ème siècle, des dizaines de milliers de protestants persécutés en France pour leurs croyances se sont réfugiés en Suisse occidentale. Au 19ème siècle, c’est une vague de réfugiés politiques allemands qui arrive dans la Confédération libérale. Mais à cette époque, la Suisse est avant tout un pays d’émigration. Entre 1850 et 1914, environ 300 000 Suisses émigrent. Ils fuient la pauvreté de leur région d’origine et tentent leur chance, en Amérique du Nord et du Sud notamment. À partir de 1880, la Suisse commence à attirer une forte immigration. Des dizaines de milliers de personnes arrivent des pays voisins, d’Italie, d’Allemagne et de France, souvent pour travailler dans la construction et dans les usines. Jusqu’à la Première guerre mondiale, la politique migratoire de la Suisse reste très ouverte. La part des étrangers dans la population passe de 3 % (1850) à près de 15 % (1910). Il faudra ensuite attendre la période d’essor économique des années 1950 et 1960 pour revoir une telle vague migratoire. À cette époque, la Suisse souffre d’une pénurie de main-d’œuvre et de nombreux immigrés venus d’Italie, puis d’autres pays du sud de l’Europe, viennent s’y installer. Ils sont considérés comme des travailleurs immigrés et ne reçoivent qu’un permis de séjour limité dans le temps. Pendant la crise économique des années 1970, plus de 300 000 étrangers doivent retourner dans leur pays d’origine. Mais même à cette époque, l’immigration ne disparaît pas entièrement et reprend de plus belle à partir des années 1980. 12 Depuis très longtemps, l’évolution de la Suisse et étroitement liée à celle de l’Europe. À l’époque de l’Antiquité, le territoire qui correspond à la Suisse appartient en partie à l’Empire romain. Au Moyen-Âge, la Confédération est intégrée au Saint-Empire romain germanique pendant près de quatre siècles. Elle n’obtient une autonomie réelle qu’en 1648. Mais même à partir de cette époque, les événements européens continuent d’influencer la Suisse, comme la Révolution française en 1789, les révolutions européennes de 1830 et 1848, l’industrialisation ou encore les deux guerres mondiales du 20ème siècle et la chute du Mur de Berlin en 1989. Même si la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne, elle entretient des rapports économiques et politiques étroits avec ses voisins européens. Depuis 1963, la Suisse est membre du Conseil de l’Europe, et en l’an 2000, la Suisse a conclu différents accords bilatéraux avec l’Union européenne, par exemple sur le libre-échange et la libre circulation des personnes. NOTIONS Ces notions importantes sont expliquées dans le glossaire: • Bailliages communs • Formule magique • Guerre du Sonderburg • Médiation • Neutralité • Pacte fédéral • Pays alliés • Réforme • Régénération • République helvétique • Restauration • Souveraineté • Willensnation Langues La Suisse et ses quatre langues La Suisse et sa multitude de langues La Confédération suisse est officiellement quadrilingue. Selon la Constitution, l’allemand, le français, l’italien et le romanche sont les langues nationales de la Suisse. L’allemand, le français et l’italien sont également des langues officielles. Cela signifie que ces langues sont parlées au Parlement, et que toutes les publications officielles de la Confédération doivent être publiées dans ces langues. Cela s’applique aux lois, aux actes législatifs et aux rapports, mais aussi à tous les autres textes qui concernent l’ensemble du pays comme les sites internet officiels, les brochures, les fiches d’information ou encore la désignation des véhicules et bâtiments. Le romanche est également considéré comme langue officielle depuis 1996. Environ 63 % de la population parle principalement l’allemand ou le suisse allemand, 23 % le français, 8 % l’italien et 0,5 % le romanche. On parle l’italien dans le sud de la Suisse et le français à l’ouest. Le romanche est une langue romane parlée uniquement dans certaines parties du canton des Grisons. Environ 24 % de la population suisse parle une langue autre que les quatre langues nationales. Les langues les plus répandues sont l’anglais avec 5,1 %, le portugais avec 3,7 % et l’albanais avec 3,1 %. Ces dernières années, sous l’influence de l’immigration, la Suisse est donc passée d’un pays quadrilingue à un pays multilingue. La carte linguistique de la Suisse Allemand Français Italien Romanche 13 Langues Cantons multilingues Dans 17 des 26 cantons, l’allemand est la seule langue officielle. Les quatre cantons où l’on ne parle que le français sont les cantons de Genève, de Vaud, de Neuchâtel et du Jura. Mais depuis longtemps, les frontières linguistiques ne suivent plus les frontières des cantons : dans trois cantons, l’allemand et le français sont des langues officielles : Berne, Fribourg et le Valais. Dans le Tessin, seul l’italien est une langue officielle. Enfin, le canton des Grisons est le seul canton trilingue : l’allemand, l’italien et le romanche y sont des langues officielles. La frontière linguistique entre la Suisse germanophone et la Suisse francophone suit approximativement le trajet de la rivière Sarine, dans le canton de Fribourg. On surnomme cette limite symbolique « barrière de röstis » ou Röstigraben pour souligner les différences politiques et culturelles entre la Suisse germanophone et la Suisse romande. En effet, les röstis, un plat à base de pommes de terre, sont considérés comme le plat typique des Suisses germanophones. Dialectes Le suisse allemand est la langue parlée par les Suisses germanophones. Il est parlé dans presque toutes les situations, et à travers toutes les classes sociales. Néanmoins, il existe de nombreux dialectes, qui peuvent varier d’un canton ou d’une région à l’autre. À l’écrit et à l’école, les Suisses alémaniques n’utilisent pas le Schweizerdeutsch, mais l’allemand stan- Un panneau d’interdiction rédigé en allemand, en français, en italien et en romanche 14 Langues La Sarine ou Röstigraben (fossé des röstis) dard. Cette version suisse de l’allemand classique est une variante de la langue parlée et écrite en Allemagne et contient des mots utilisés uniquement en Suisse. Ces dernières années, les Suisses alémaniques ont tendance à écrire de plus en plus en Schweizerdeutsch. Ainsi, beaucoup rédigent leurs textos en phonétique. Mais il n’existe aucune règle d’écriture établie. Au Tessin, certaines personnes parlent encore le dialecte lombard. Dans le canton des Grisons, le romanche varie parfois d’une vallée à une autre. La langue officielle, le Rumantsch Grischun, est une langue écrite, similaire à l’allemand standard pour la Suisse alémanique. En Suisse romande, en revanche, les différents dialectes, qu’on appelle des patois, ont en grande partie disparu. Chaque région conserve cependant ses particularités et son accent, le français oral parlé en Suisse ne variant que très peu du français standard. Un panneau de rue bilingue à Biel/Bienne NOTIONS Ces notions importantes sont expliquées dans le glossaire: • Dialecte • Langue nationale • Langue officielle • Langue standard • Romanche • Röstigraben Un panneau de signalisation en romanche à Zuoz 15 Synthèse Les trois régions géographiques de la Suisse sont le Jura, le Plateau et les Alpes. Deux tiers des 8,4 millions d’habitants vivent sur le Plateau. Le climat suisse est un climat d’Europe centrale, fortement influencé par le relief montagneux : la plupart du temps, les précipitations s’arrêtent sur le versant nord des Alpes. Ces dernières protègent également le sud du pays des vents froids venus du nord. Les lignes de chemin de fer et autoroutes les plus importantes s’étendent du nord au sud et à travers les Alpes, mais aussi du sud-ouest au nord-ouest, en passant par le Plateau. Jusqu’à la fin du 18ème siècle, la Confédération suisse était une simple union d’États dotée d’un nombre réduit de villes et régions. C’est en 1798 que les armées françaises apportent les idées de la Révolution en Suisse. La tentative de Napoléon de faire de la Suisse un état centralisé à la française a échoué, mais c’est malgré tout lui qui a permis que des pays alliés et des baillages communs deviennent de nouveaux cantons. En 1848, la Suisse se dote d’une Constitution libérale et devient un État fédéral. Au cours des 70 années qui suivent, la Suisse connaît une forte industrialisation. Le pays reste épargné par les destructions de la première et de la seconde guerre mondiale. Pendant l’après-guerre et jusque dans les années 1970, la Suisse connaît une longue période d’essor économique, engendrant une forte immigration venue du sud de l’Europe. Au début du 21 ème siècle, la Suisse s’ouvre sur le monde en intégrant l’ONU et en concluant des accords bilatéraux avec l’UE. La Suisse dispose de quatre langues nationales : l’allemand, le français, l’italien et le romanche. L’allemand, le français et l’italien sont également des langues officielles. Trois cantons ont deux langues officielles, voire même trois pour le canton des Grisons. RÉVISIONS 1. Comment s’appellent les trois régions naturelles de la Suisse? 2. Dans quelles mers se jettent les fleuves suisses? 3. De quel pays sont originaires la plupart des étrangers? 4. Nommez les six plus grandes villes de Suisse. 5. Quels sont les trois cantons qui ont conclu le Pacte fédéral en 1291? 6. Qu’est-ce que la République helvétique? 7. 1848 est considérée comme la date de création de la Suisse moderne. Pourquoi? 8. Quelles sont les quatre langues nationales de la Suisse? 9. Dans quels cantons le français et l’allemand sont-ils des langues officielles? 10. Dans quels cantons l’italien est-il une langue officielle? 16 POUR ALLER PLUS LOIN 1. Quel(le) fleuve ou rivière coule près de chez vous? Où se jette-t-il/elle? 2. Expliquez pourquoi les précipitations sont réparties de manière si inégale en Suisse. 3. Quel moyen de transport utilisez-vous en général? Justifiez votre réponse. 4. Renseignez-vous sur l’histoire locale de votre commune de résidence. 5. Choisissez une époque de l’histoire de la Suisse et approfondissez vos connaissances sur ce sujet sur Internet. 6. Décrivez l’évolution de l’immigration en Suisse au 20 ème siècle. 7. Quels dialectes ou quelles langues parlent vos voisins? 8. À quels défis la langue romanche est-elle confrontée?