d’ajuster la capacité d’accueil des facultés au nombre de médecins
nécessaires. Le nombre total de places en clinique est de 835 en 2010, en
augmentation de 14% par rapport au 731 places disponibles en 2007.
Mais cette hausse provient surtout des Universités de Lausanne et de
Genève, qui forment à elles seules plus du tiers des médecins suisses,
tandis que Bâle et Berne se sont refusés à tout accroissement de leur
capacité.
De son côté, la Confédération n’est pas pressée d’augmenter le nombre de
praticiens et promulgue même des moratoires sur le nombre de cabinets
médicaux, ce qui signifie en clair qu’à son point de vue il sort trop de
médecins des facultés et pas trop peu.
En effet, elle gère difficilement l’assurance maladie et soutient la thèse
selon laquelle les dépenses croissent en fonction du nombre de médecins,
en évaluant à un demi-million le coût de tout nouveau cabinet. Le pouvoir
fédéral se situe ainsi dans une perspective étrange: un cabinet médical
supplémentaire constituerait une dépense à fonds perdus, dont on ne peut
attendre aucun résultat positif.
On se situe ainsi à l’interface entre cantons et Confédération, où les
partenaires ont tendance à réduire les coûts sans tenir compte des
besoins réels et sans que personne ne se sente responsable d’une
politique d’ensemble. En son principe, elle est évidente. Il faut coûte que
coûte que la Suisse assure la pérennité de son système de santé,
indubitablement un des meilleurs du monde, en ne laissant pas se créer
une pénurie de médecins.
Le bien public demande que la Suisse ne s’engage pas dans une spirale
dissimulée de rationnement des soins et qu’elle cesse de compter sur
l’étranger pour fournir l’appoint des médecins nécessaires. Toutes les
instances compétentes sont d’accord sur ce point: le Conseil suisse de la
science et de la technique, l’Académie suisse des sciences médicales, la
Fédération des médecins suisses préconisent un relèvement de 20% des
médecins diplômés.
Le critère de limitation des étudiants admis est un test d’aptitude pour
Bâle, Berne, Fribourg et Zurich, tandis que Genève, Neuchâtel et
Lausanne procèdent jusqu’à maintenant à une sélection interne à la fin de
la première année. Inutile de s’enferrer dans une controverse portant sur
les mérites comparés des deux méthodes. Il est évident aussi qu’une
procédure de sélection améliore la qualité des diplômés et réduit le
nombre des années d’études en évitant les redoublements.
Mais il est inacceptable que la barre soit placée trop haut pour des raisons
uniquement budgétaires. Plus on réduit le nombre de diplômés, meilleurs
seront-ils, évidemment: plus aptes aux études, mieux motivés, mieux
encadrés, déployant plus d’efforts dans un milieu hautement compétitif.
Mais à quoi cela servira-t-il au patient dans dix ans: il ne parviendra plus
à trouver un médecin, parce que celui qui aurait pu être formé serait
moins bon que celui qui est débordé et inaccessible? L’argument de la
qualité est donc fallacieux: on ne demande pas les meilleurs médecins du
monde, indisponibles parce que trop rares, on demande suffisamment de
médecins pour soigner les malades avec la qualité que l’on peut attendre.