IMF Monde Pluriel : ethnocentrisme et relativisme culturel S Volle
restreintes (par exemple la culture ouvrière ou bretonne). Dans ce dernier cas, on parle de sous-
culture pour indiquer qu’il s’agit de sous-ensembles au sein d’un ensemble plus large.
La sous-culture peut aussi désigner un ensemble culturel propre à un groupe particulier (culture
bourgeoise, culture des jeunes, culture provençale, culture d’entreprise…) ou à un mouvement
d’idées (culture catholique, culture communiste…) mais qui partage cependant des traits culturels
dominants de la société dans laquelle il s’inscrit.
Certains groupes restreints ou plus élargis peuvent toutefois exprimer leur différence en
adoptant un système de valeur, une manière de vivre en opposition avec la culture dominante.
C’est le cas de bandes qui rejettent la culture dominante et constituent une contre-culture. Notons
toutefois que les contre-cultures peuvent jouer un rôle dans le changement social et dans l’évolution
de la culture dominante : un élément contre-culturel aujourd’hui peut devenir demain un élément de
la culture globale d’un groupe social ou d’une société.
2. UNIFORMISATION ET DIFFERENCIATION SOCIOCULTURELLE :
La diversité culturelle se manifeste aussi dans les pratiques. La diffusion massive des produits
culturels est facteur d’uniformisation : une culture de masse se développe.
Cependant les pratiques culturelles demeurent fortement influencées par les déterminants sociaux
tels que l’appartenance socioprofessionnelle, le sexe, l’âge, le lieu de résidence…
Certaines pratiques culturelles sont considérées comme supérieures et relèvent de la culture
dominante. Ainsi, existe-t-il une hiérarchie culturelle. La culture dominante est celle du groupe social
dominant qui impose la légitimité de sa propre culture.
Cependant, les rapports de domination culturelle ne sont jamais tels que les groupes dominés
soient privés de toute capacité d’élaboration culturelle. S’ils sont largement contraints de se définir
par rapport à la culture de référence, celle des élites, ils développent aussi des pratiques de
réappropriation et de détournement des productions culturelles dominantes.
En somme le débat entre sociologues oppose ceux qui soulignent des phénomènes
d’uniformisation culturelle du fait de la diffusion massive de produits culturels et donc d’une culture de
masse, et les sociologues qui mettent en évidence la permanence des effets de distinction et de
domination culturelle.
III) LA RENCONTRE DES CULTURES :
A) LE PROCESSUS D’acculturation :
Les anthropologues ont montré la complexité des processus d’acculturation, c’est-à-dire des
phénomènes qui résultent des contacts généralement prolongé entre des groupes d’individus de
cultures différentes. Les modifications qui se produisent alors dans l’une et / ou l’autre des cultures
concernées s’effectuent selon des modalités et sous des formes extrêmement variables. Il peut
toutefois arriver qu’une culture disparaisse ; on parle alors d’ethnocide.
Même si des rapports généralement asymétriques prévalent lors de cette mise en contact
(colonisation, immigration, minorités ethniques…) et si les phénomènes de domination culturelle sont
fréquents, les échanges culturels ne sont jamais à sens unique. En outre, les membres de la culture
dite « receveuse » ne subissent pas passivement les transformations culturelles et celles-ci ne sont
pas seulement destructrices. On observe des mécanismes de syncrétisme. En général, des
configurations culturelles nouvelles naissent de cette confrontation complexe, qui constitue l’une des
sources majeure du changement culturel. Les processus acculturatifs sont facteurs de déculturation,
mais ils engendrent aussi des phénomènes de résistance culturelle, de contre-acculturation (rejet
de la culture « donneuse » avec tentatives de restauration de la culture originelle).
Souvent, les phénomènes d’acculturation sont analysés chez les populations immigrées. Cette
forme particulière de socialisation secondaire peut conduire à l’assimilation (quand les traits de la
culture d’origine disparaissent et sont remplacés pas l’adoption des traits de la culture du pays
d’accueil), ou à l’intégration ( processus long au cours duquel certains traits culturels de la culture
du pays d’accueil sont acceptés tandis que d’autres traits résistent à l’acculturation ).
B) INTEGRATION ET MULTICULTURALISME :