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Sur le plan économique et mondial, le GATT (1947) a aussi favorisé la liberté de commerce et dans le
système actuel (OMC), les pays d’Asie orientale ont profité de la mondialisation pour déverser sur la
Planète le produit de leurs manufactures.
IV. Des facteurs aux effets limités
1. Les inégalités de développement
Comme le montrent plusieurs indices vus plus haut (IDH, PIB par habitant), les niveaux de
développement sont disparates. Pour des raisons politiques et idéologiques, la Corée du Nord
communiste reste isolée. Le Myanmar sort à peine d’un isolement identique tandis que la Mongolie et le
Laos, bien qu’ils essaient de tirer profit de leur proximité avec la Chine, souffrent de leur enclavement.
Même pour les émergents, le choix de la littoralisation crée de grandes disparités internes qui sont de
deux types. D’une part, seules les régions attractives pour la mondialisation progressent vraiment : grands
centres urbains, villes portuaires (Shanghai, Hong Kong, Pusan, ...), littoraux ouverts. D’autre part, sur
le plan social, il existe de nombreux laissés-pour-compte qui vivent en marge de ce progrès pendant que
de nouvelles classes de milliardaires se créent.
2. Les effets négatifs de l’extraversion commerciale
Le moindre ralentissement économique mondial, notamment dans les pays de la triade, est directement
ressenti par ces économies ouvertes. En 2008, les exportations chinoises sont passées de 1 430 à 1 201
milliards de $, soit une contraction de 16 % ; pour les Philippines, la contraction a été de 21,6 %. De
même, on assiste à un tassement de la croissance de ces pays, dont les causes et les conséquences sont
encore mal connues : inégalités internes qui freinent l’expansion, hausse des coûts de la main-d’œuvre qui
entraîne une tendance lourde à la relocalisation des investissements de la triade, un regain de pratiques
protectionnistes, … Après avoir connu des pics de croissance allant de 10 à 13 %, la Chine stagne à 6,7 %
et des analyses montrent que le chiffre serait peut-être exagéré. L’ensemble de la région ne dépasse plus
4,2 % de croissance.
3. les limites du rôle de l’Etat
Document 6. Les limites du rôle de l’Etat
« L’autre grande mutation affecte les politiques intérieures, et elle dérive des succès même de
l’économie. Non seulement il y a de plus en plus d’argent dans les sociétés est-asiatiques, mais les Etats
ont conservé ou renforcé leurs leviers de contrôle : le résultat est que la corruption politique qui a une
longue histoire dans cette région du monde n’a cessé de s’étendre et de s’aggraver. […] En deuxième lieu,
l’autorité des pouvoirs politiques est atteinte par une deuxième conséquence sociale du succès
économique : la modification des rapports entre les individus et les collectivités. Pour résumer […], dans
toute la région, l’espace privé de l’individu s’élargit et les liens qui l’attachent aux collectivités perdent de
leur évidence. […] »
(Jean-Luc DOMENACH, « Asie orientale : le retour du politique », in Cultures et conflits, 15 mars 2006)
Outre ses tendances dictatoriales mal supportées à terme, l’intervention économique de l’Etat alimente
souvent la corruption des élites politiques. Des scandales de cette sorte ont récemment entaché la vie
politique coréenne et au Japon, on a parlé de rétro-commissions qui étaient versées à des hommes
politiques pour alimenter les budgets électoraux de leurs partis politiques. Cela engendre chez les citoyens
une perte de confiance dans le système, d’autant plus que l’enrichissement entraîne une remise en cause
de certaines de ses bases culturelles au profit d’une forme d’individualisme.