© gaëtan morin éditeur, 2003. Ajouts et modifications : Le management entre tradition et renouvellement, 3e édition mise à jour (Omar Aktouf)
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CHAPITRE 10
Corée du Sud :
une variante du « miracle » sud-est-asiatique
NOUVELLES DONNÉES
(Sources : Études économiques de l’OCDE : La Corée du Sud, 1998-1999, Paris, éditions de l’OCDE;
« Growth, crisis and the future of economic recovery in East Asia », dans J.E. Stiglitz et Shahid Yusuf
(sous la dir. de), Rethinking the East Asia Miracle, The World Bank, Oxford University Press, 2001,
p. 55-94.)
À la fin de 1997, la Corée a été frappée par l’une des plus graves crises financières qu’un pays de
l’OCDE ait jamais connues. Les effets de la crise financière sur l’économie réelle se sont fait sentir au
début de 1998, avec une forte baisse de la production et une montée en flèche du taux de faillites. Le sec-
teur des entreprises, lourdement endetté, a révisé à la baisse ses programmes d’investissement. Le taux de
chômage a presque quadruplé pour atteindre 8 % à la fin de 1998.
L’arrivée au pouvoir, en décembre 1997, de Kim Dae-jung fut salvatrice. Extrêmement populaire, le nou-
veau président a rapidement mis en place un train de mesures qui ont permis d’éviter la crise de sol-
vabilité nationale. Il a appliqué des réformes draconiennes et a opté pour une politique d’ouverture
économique.
Au premier trimestre de 1999, la production économique était en hausse de 4,6 % par rapport au premier
trimestre de 1998. Plusieurs éléments expliquent la reprise de la croissance :
la mise en place de politiques monétaires et budgétaires d’accompagnement. Les taux de crédit ont
été ramenés à des niveaux inférieurs à ceux d’avant la crise. En même temps, les dépenses publiques
ont été accrues notablement afin de résoudre les problèmes du secteur financier et de venir en aide
aux chômeurs;
l’adoption, à la fin de 1997, d’une loi destinée à améliorer le gouvernement des entreprises et leur
transparence par la mise en œuvre d’un système de gestion privée donnant plus d’autonomie aux
entreprises publiques. En vertu de cette loi, le directeur général de l’entreprise obtient une plus grande
autonomie en ce qui concerne le personnel et le budget;
l’annonce d’un ambitieux programme de privatisation de grandes entreprises et de leurs filiales visant
à accroître la qualité des services, à réduire l’intervention de l’État dans les activités commerciales et
à obtenir des recettes pour financer la restructuration;
la négociation d’une baisse salariale au printemps 1998, négociation au cours de laquelle de nom-
breux salariés ont accepté un gel, voire une baisse de leur salaire normal en vue de maintenir
l’emploi;
la révision, en 1998, de la législation du travail autorisant les entreprises à procéder à des licencie-
ments en cas de « nécessité managériale urgente ». Les entreprises doivent avoir examiné toutes les
autres solutions possibles : baisse des salaires et des primes, arrêt du recrutement, réduction du
nombre des heures de travail, fermeture temporaire, transfert de personnel dans les filiales et retraite
anticipée sur une base volontaire;
la mise en place de mesures destinées à encourager les entreprises à garder leurs salariés, et prenant la
forme de subventions;
© gaëtan morin éditeur, 2003. Ajouts et modifications : Le management entre tradition et renouvellement, 3e édition mise à jour (Omar Aktouf)
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la mise en place d’un programme de formation professionnelle. En 1998, environ 340 000 chômeurs
ont bénéficié de ce programme gouvernemental;
l’amélioration du filet de protection sociale relevant traditionnellement des entreprises. À la suite de
la crise, les pouvoirs publics ont étendu la couverture de l’assurance emploi;
la création de nombreux travaux publics pour enrayer le chômage. Au total, 440 000 personnes ont
participé à ce programme en 1998;
la loi destinée à encourager l’investissement étranger (novembre 1998), qui a simplifié les procédures
administratives et élargi l’éventail des mesures incitatives;
la création d’une zone de libre échange.
En plus de ces réformes, à l’origine de la reprise vigoureuse, se trouve principalement l’industrie. En
effet, la Corée est, après le Japon, la seconde puissance industrielle en Asie, et son industrie se situe au
premier rang dans plusieurs secteurs : la construction navale (35 % de l’offre mondiale), l’électronique
grand public (3e producteur mondial), les mémoires (1er producteur), l’automobile (7e), la pétrochimie et
la sidérurgie (5e), le textile et la confection. À cela, il faut ajouter des mesures sociales qui restent accep-
tables malgré la crise, un excellent niveau d’instruction, une épargne traditionnellement supérieure à 30 %
et, enfin, une aide appréciable fournie par l’État aux PME, aux dépens des chaebols.
Se basant sur les indicateurs qui montraient le redressement spectaculaire de la Corée du Sud, le président
Kim Dae-jung pouvait déclarer en novembre 1999 que le pays était vraiment sorti de la crise.
Rôle du FMI dans la crise coréenne
Bon nombre de spécialistes estiment que la Corée du Sud a réussi à surmonter la crise grâce à
l’application rigoureuse des recommandations du FMI. Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie en
2001, ancien responsable économique de la Banque Mondiale et ancien conseiller du président des États-
Unis, rejette cette thèse. Dans son livre, La grande désillusion (Fayard, 2002), l’auteur affirme que la
gestion de la crise coréenne a été un échec parce que le FMI a imposé un modèle de restructuration qui
était trop étroit et qui sous-estimait les effets négatifs des réformes et les répercussions de
l’assainissement des grandes entreprises sur les travailleurs et les petites et moyennes entreprises.
MODIFICATIONS ET AJOUTS
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Modifications dans le premier paragraphe, en caractères gras
Avec une superficie de 99 250 kilomètres carrés, dont la plus grande partie est montagneuse (23 %
seulement du sol est cultivable), et une population de 46 858 000 habitants, la Corée du Sud possède,
depuis les années 1970, une économie ayant une forte croissance et ses remarquables performances ont de
quoi surprendre.
Modifications dans le dernier paragraphe, en caractères gras
Entre 1962 et 1991, le produit national brut per capita (PNB/habitant) est passé de 67 $ à 6260 $ et il
s’élevait à 9910 $ en l’an 2000 (voir le tableau 10-1). La croissance annuelle a totalisé 21 % entre 1987 et
1991.
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TABLEAU 10-1
La croissance du PNB et du PNB per capita en Corée du Sud
1997 1998 1999 2000
PNB global (en milliards de dollars) 473,94 312,44 402,29 469,55
PNB per capita (en dollars) 11 390 8 500 8 490 9 910
Source : Atlaseco, Atlas économique mondial 2002, Paris, Médias obs, 2002.
Ajout dans le troisième paragraphe, en caractères gras
Le taux de chômage est relativement faible et l’on observe une tendance à la baisse : 2,8 % en 1989,
2,4 % en 1990 et 2,3 % en 1991. Jusqu’en 1997, il tournait autour de 2,5 %. Cependant, après la
crise asiatique de 1998, qui a durement frappé la Corée du Sud, il a atteint des records. Les
réformes économiques mises en train pour enrayer la crise ont permis de ramener ce taux à près de
4 % (voir le tableau 10-2).
TABLEAU 10-2
La croissance du PIB, le taux d’inflation et le taux de chômage en Corée du Sud (en pourcentage)
1997 1998 1999 2000
Croissance du PIB 5,0 –6,7 10,9 8,8
Taux d’inflation 4,4 7,5 0,8 2,3
Taux de chômage 2,6 6,8 6,3 4,1
Source : Atlaseco, Atlas économique mondial 2002, Paris, Médias obs, 2002, p. 77.
Page 408 (ajout dans le cinquième paragraphe, en caractères gras)
Cependant, la structure des exportations a profondément changé (voir le tableau 10-4) : la part des biens
manufacturés a augmenté de 129,6 % entre 1980 (6,252 milliards de dollars) et 1990 (14,357 milliards de
dollars); celle de l’électronique et de l’industrie lourde (la machinerie, les transports) a augmenté de
618,5 % entre 1980 (3,555 milliards) et 1990 (25,444 milliards). Entre 1990 et 2000, l’augmentation
s’est poursuivie, et la qualité des produits et du savoir-faire de la Corée du Sud a été mondialement
reconnue.
TABLEAU 10-4
Les exportations et les importations sud-coréennes
Années 1997 1998 1999 2000
Exportations (en milliards de dollars)
Exportations de marchandises 138,61 132,12 145,16 182,05
Exportations de services 26,30 25,56 26,52 30,68
Importations (en milliards de dollars)
Importations de marchandises –141,79 –90,49 –116,79 –174,91
Importations de services –29,50 –24,15 –27,18 –33,80
Source : Atlaseco, Atlas économique mondial 2002, Paris, Médias obs, 2002, p. 77.
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TABLEAU 10-5
La structure du PIB de la Corée du Sud par secteur (en pourcentage du PIB)
Secteur 1994 1995 1996 1997 1998
Agriculture, pêches et forêts 6,5 6,2 5,8 5,4 4,9
Mines 0,5 0,5 0,4 0,4 0,4
Industrie 29,0 29,4 28,9 28,7 30,7
Construction 11,2 11,3 11,6 10,6 10,1
Électricité, carburant, eau 2,2 2,1 2,1 2,1 2,3
Hôtellerie-restauration, commerce de détail et de gros 12,6 12,5 12,0 11,4 10,6
Transport et communications 6,6 6,6 6,6 6,6 6,9
Finances et services d’affaires 17,7 18,1 18,6 19,1 19,6
Services gouvernementaux 7,6 7,6 7,6 7,6 7,6
Total (y compris divers autres secteurs) 100 100 100 100 100
Source : The economist intelligence unit’s country analysis : Country profile : South Korea, North Korea, 1999-2000, EIU Limited,
1999, p. 44.
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ANNEXE 10-3
Production d’automobiles de marques coréennes1
Marques et rang dans la production mondiale Groupe Production en 2000 Variation ( %)
Hyundai (13) Hyundai 1 551 082 +22,1
Kia (18) Hyundai 893 887 +27,6
Daewoo (22) Daewoo 708 829 –3,7
Ssangyong (53) Daewoo 117 485 +57,9
Samsung (64) Renault 15 371 +141,6
Source : L’automobile magazine, hors série 2001-2002, Motor Press France, 2002, p. 22.
1. L’article cite 65 marques mondiales.
Les automobiles coréennes se vendent de plus en plus. Ces chiffres témoignent de la puissance indus-
trielle de la Corée du Sud.
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