J.-P. DAX
ALGÈBRE
par Jean-Pierre DAX
Professeur à l'Université de Metz
Maîtrise de Mathématiques
Agrégation de Mathématiques
1997-98
Département de Mathématiques
Université Paul Verlaine de Metz
copyright : DAX Jean-Pierre, 2007
tous droits de reproduction réservés
2007 Aoû 22 a ALGÈBRE page 1
J.-P. DAX
Université de Metz , U.F.R. M.I.M.
Département de Mathématiques
Cours de J-P DAX
Chapitre 1 : Les groupes.
§1.Lois de composition interne.
On appelle loi de composition interne ou opération interne sur un ensemble E une application f:E×EE .
Pour x,yE on utilise une notation du type f(x,y)= x y . x y s'appelle le composé de x et de y pour la loi .
On considère dorénavant un ensemble E muni d'une loi .
On dit que la loi est associative si x,y,zE on a (x y) z = x (y z) .
On dit que la loi est commutative si x,yE on a x y = y x .
On appelle élément neutre un élément eE tel que xE on ait e x = x e = x ; un tel élément, s'il existe,
est unique. On l'appelle élément unité si la loi est notée multiplicativement.
On suppose que la loi possède un élément neutre e . On appelle inverse (resp. opposé si la loi est notée
additivement) d'un élément x de E, un élement x' de E tel que x x' = x' x = e . Si x possède un inverse, on dit que x
est inversible. Si la loi est associative, un tel élément x' , s'il existe, est unique et on le note x-1 ; de plus si x et y sont
inversibles alors x y est inversible et l'on a la relation (x y)-1 = y-1 x-1 .
Une partie F de E est dite stable pour la loi si x,yF on a x y F . Dans ce cas la loi de E
induit une loi de composition interne sur F .
Soient un ensemble G muni d'une loi et un ensemble H muni d'une loi . On appelle homomorphisme de
G dans H une application f : G H telle que x,y G on ait f(x y) = f(x) f(y) . Un homomorphisme est appelé
un monomorphisme s'il est injectif, un épimorphisme s'il est surjectif, un isomorphisme s'il est bijectif, un
endomorphisme si G=H , un automorphisme s'il est bijectif et si G=H .
§2.Relations d'équivalence et ensemble quotient.
On appelle relation R sur un ensemble E la donnée d'une partie G de E × E . La partie G s'appelle le graphe
de la relation R . Pour x,yE on utilise la notation x R y caractérisée par (x R y ) (x,y)G .
Une relation R sur un ensemble E est dite
réflexive si xE on a x R x ,
symétrique si x,yE on a : (x R y ) (y R x) ,
antisymétrique si x,yE on a : ((x R y) et (y R x)) (x = y) ,
transitive si x,y,zE on a : ((x R y) et (y R z)) (x R z) .
On appelle relation d'équivalence sur E une relation sur E à la fois réflexive, symétrique et transitive.
On considère un ensemble E muni d'une relation d'équivalence R . Soit xE . On appelle classe d'équivalence
de x suivant R la partie de E notée C(x) ou [x] et définie par C(x) = [x] = { y | yE, xRy } . Toute partie de E
de la forme [x] pour un certain xE est appelée classe d'équivalence suivant R . On dit aussi que x est un
représentant de la classe d'équivalence [x] .
On a l'équivalence : x R y [x]=[y] (1)
En effet supposons que l'on ait x R y ; si z[y] on a y R z d'où x R z et par suite z[x] ; on a donc [x] [y] ; de
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même si t[x] on a x R t d'où y R t et par suite t[y] ; on a donc [x]=[y] . Inversement supposons que [x]=[y] ;
comme y[y] on a y[x] d'où x R y .
On appelle partition de E un ensemble de parties non vides de E , 2 à 2 disjointes et recouvrant E .
Les classes d'équivalence suivant R forment une partition de E . En effet x[x] d'où (i) et (iii) ;
si [x][y] , soit z[x][y] ; on a x R z et y R z d'où x R y et par suite d'après (1) on a[x]=[y] , d'où (ii).
L'application entre l'ensemble des relations d'équivalence sur E et l'ensemble des partitions
sur E que l'on vient de définir est une bijection, l'application réciproque associant à une partition donnée la
relation R définie par x R y ssi x et y appartiennent à une même partie de la partition.
On appelle ensemble quotient de l'ensemble E suivant la relation d'équivalence R l'ensemble noté E/R des
classes d'équivalences de E suivant R . E/R est donc une partie de (E) , ensemble des parties de E : E/R (E).
La surjection π : E E/R définie par π(x) = [x] s'appelle la surjection canonique de E sur E/R ; d'après (1) on a
x R y ssi π(x)=π(y) .
§3.Relation d'équivalence compatible avec une loi interne.
Soit E un ensemble muni d'une relation d'équivalence R et d'une loi . On dit que la relation d'équivalence R est
compatible avec la loi ( ou que la loi est stable vis-à-vis de la relation d'équivalence R ) si l'on a
x,y,z,t E on a : ( x R z et y R t ) (x y) R (z t) .
Dans ce cas la loi de E induit sur l'ensemble quotient E/R une loi notée encore ( par abus de
notation ) et définie par [x] [y] = [ x y ] pour x,yE . Cette définition est cohérente vu la définition de la
compatibilité. La relation précédente peut s'écrire π(x y) = π(x) π(y) , de sorte que la surjection canonique π de E sur
E/R est un épimorphisme appellé épimorphisme canonique de (E,) sur (E/R,) .
Si la loi de E est associative, alors la loi de E/R est associative.
Si E possède un élément neutre e , alors π(e) est l'élément neutre de E/R . En effet xE on a ex = xe = x
d'où π(ex) = π(xe) = π(x) d'où π(e)∗π(x) = π(x)∗π(e) = π(x) et l'on conclut en utilisant la surjectivité de s .
Si xE admet pour inverse yE , alors π(x) admet pour inverse π(y). En effet on a x y = y x = e d'où
π(x y) = π(y x) = π(e) d'où π(x) π(y) = π(y) π(x) = π(e) . Si la loi de E est associative, les inverses sont uniques
et l'on peut écrire π(x-1) = π(x)-1 pour tout élément inversible x de E .
§4.Groupes.
Définition 1. On appelle groupe un ensemble G muni d'une loi de composition interne telle que
(i) la loi est associative
(ii) la loi possède un élément neutre e
(iii) tout élément de G est inversible.
On dit qu'un groupe G est abélien ( ou commutatif) si la loi est commutative. Dans ce cas la loi est en général
notée additivement (c'est-à-dire avec le symbole + ). On appelle ordre d'un groupe G le cardinal de G ; on le note | G | .
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Proposition 1. Soit G un groupe et x,y,zG. Alors si xy = xz , on a y=z , et si yx = zx , on a y=z.
Preuve. Multiplier par x-1 à gauche ou à droite.
Proposition 2. Soit G un groupe et x,y,zG. Alors ( x = y z ) ( z = y-1 x ) ( y = x z-1 ) .
Exemple 1 : le groupe additif des entiers relatifs. Pour construire ce groupe, on part de l'ensemble produit E = ×
muni de la loi (m,n) + (p,q) = (m+p,n+q) et de la relation d'équivalence R définie par (m,n) R (p,q) m+q = n+p .
La relation R est compatible avec la loi + . On pose = (E/R,+) et l'on vérifie que est un groupe abélien.
En associant à n la classe [(n,0)], on identifie à une partie de ; cette identification est compatible avec les
lois + de et de . Un élément de n'appartenant pas à s'écrit de façon unique sous la forme -n où n est un
entier 1.
Exemple2. Soit E un ensemble. On appelle permutation de E une bijection de E sur lui-même. On notera E
l'ensemble des permutations de E ; muni de la composition des applications, E est un groupe ; ce groupe n'est pas abélien
si E a au moins 3 éléments.
Exemple 3 : Soit n2 un entier. On considère dans 2 le polygône Pn régulier à n côtés, centré en O et admettant le
point (0,1) pour sommet. Le groupe diédral est le groupe n des isométries u2 telle que u(Pn)=Pn . On a | n| = 2n .
Exemple 4. Soit E un ensemble et G un groupe. On considère l'ensemble (E,G) des applications de E dans G .
On munit cet ensemble de la loi définie par f,g (E,G) , xE , (f g)(x) = f(x) g(x) .
Muni de cette loi, (E,G) est un groupe [les cas G = ( ,+) et G = ( ,+) sont utilisés en Analyse].
Exemple 5. On appelle monoïde un ensemble M muni d'une loi interne associative et possédant un élément neutre. Dans
ce cas l'ensemble U(M) des éléments inversibles de M est une partie stable de M et U(M) muni de la loi induite de celle
de M est un groupe. On l'appelle le groupe des éléments inversibles de M . [Dans la suite du cours, on utilisera
en particulier cet exemple lorsque M est un anneau, en prenant comme loi la multiplication de l'anneau].
§5.Sous-groupes.
Définition 1. On appelle sous-groupe d'un groupe G une partie H de G telle que
(i) eH
(ii) x,yH on a xy-1H.
Ceci entraîne que H est une partie stable de G et que H muni de la loi induite de la loi de G est un groupe.
Définition 2. Soit A une partie d'un groupe G . On appelle sous-groupe de G engendré par A le plus petit sous-
groupe <A> de G contenant A . Autrement dit <A> est le plus petit élément de l'ensemble des sous-groupes de G
contenant A, ensemble ordonné par l'inclusion. Cela revient à dire que
(i) <A> est un sous-groupe de G tel que A <A> ;
(ii) pour tout sous-groupe K de G tel que A K , on a <A> K .
Si un tel sous-groupe <A> existe, il est donc unique. Et un tel sous-groupe <A> existe toujours : il suffit en effet
de prendre pour <A> l'intersection de tous les sous-groupes de G contenant A ( il en existe au moins un, à savoir G ).
On peut aussi prouver l'existence de <A> en considérant <A> = {a1a2ar | r, ai ou ai-1 A } .
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Si A = {x1,…,xn} , on utilise aussi la notation <A> = < x1,…,xn >. Lorsque A est réduit à un élément a de
G, on parle du sous-groupe engendré par a . On dit que a est un générateur du sous-groupe < a > .
Proposition 1. Les sous-groupes de sont les parties de de la forme n = { ni | i} n.
Preuve. Pour n, n est un sous-groupe de . Inversement soit H{0} un sous-groupe de . On a H*≠∅
(car si xH, alors -xH ) ; on note n = min(H*). On a nH* H , d'où n H .
Soit kH . Effectuons la division euclidienne de k par n : q,r , k = q n + r , 0 r < n .
Alors r = k - q n H (car k,nH ). Vu la définition de n , on a donc r = 0, d'où k = q nn .
On a donc H n et par suite H = n .
§6.Homomorphismes de groupes.
On considère deux groupes G et H . Par abus de notation, on note e aussi bien l'élément neutre de G que celui de
H [lorsque l'on voudra préciser, on notera eG et eH ces éléments]. On notera les lois en utilisant le symbole espace.
Proposition 1. Pour tout homomorphisme de groupes f : G H on a f(e) = e et f(x-1) = f(x)-1 pour tout xG .
Preuve. On a e e = e d'où f(e) f(e) = f(e) et par suite f(e) = e. Soit xG . On a x x-1= x-1x = e d'où
f(x) f(x-1) = f(x-1) f(x) = f(e) = e et par suite f(x-1) = f(x)-1.
Proposition 2. Soit f : G H un homomorphisme de groupes. Si K est un sous-groupe de H , alors f-1(K) est un
sous-groupe de G . Et si L est un sous-groupe de G, alors f(L) est un sous-groupe de H.
Preuve. On a f(e)=eK d'où ef-1(K) . Soient x,yf-1(K) ; on a f(xy-1)=f(x) f(y)-1 K d'où xy-1f-1(K).
Par ailleurs eL donc e=f(e)f(L) ; et si x,yL, on a f(x) f(y)-1 = f(xy-1)f(L) .
Définition 1. Soient G et H deux groupes et f : G H un homomorphisme de groupes. On appelle noyau de f la
partie de G notée Ker(f) et définie par Ker(f)={xG | f(x) = e} = f-1({e}) .
Proposition 3. Soit f : G H un homomorphisme de groupes. Alors Le noyau Ker(f) est un sous-groupe de G et
l'image Im(f) un sous-groupe de H .
Preuve. Cela résulte de la Prop 2 car Ker(f) = f-1({e}) et Im(f) = f(G) .
Proposition 4. Pour tout homomorphisme de groupes f : G H , f est injectif ssi Ker(f)={e}.
Preuve. Soit xKer(f) ; alors f(x) = e d'où f(x) = f(e) et x = e ; on a donc Ker(f) = {e}.
Soient x,yG tels que f(x) = f(y) . Alors f(xy-1)=e d'où xy-1Ker(f). Par suite xy-1=e, x = y .
Proposition 5. Soit f : G H un homomorphisme de groupes. Alors si K est un sous-groupe de H , f-1(K) est un
sous-groupe de G contenant Ker(f). Si L est un sous-groupe de G, f(L) est un sous-groupe de H contenu dans
Im(f). De plus ces deux applications induisent des bijections réciproques entre l'ensemble des sous-groupes de H contenus
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