Un échantillon de l'expérience ultime : L'expérience du Prof. H. J. Bhagia - Aravind Balasubramanya

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Dans un discours prononcé à l’occasion de Maha Shivarathri, en 1955, Bhagavan Sri
Sathya Sai Baba raconta une anecdote tirée de la vie du Dr Samuel Johnson, un penseur
et écrivain anglais.
Quelqu’un s’approcha de celui-ci et lui dit :
‘’Monsieur, je voudrais mener une vie spirituelle à la recherche de Dieu, mais j’ai un
problème…’’
‘’Ah, je vois ! Et quel est votre problème, je vous prie ?’’
‘’Monsieur, ma journée est remplie d’activités du matin au soir. J’ai une famille dont je
dois m’occuper et un travail. Avec mes activités de loisir, ma vie sociale et ma vie
professionnelle, même après la nuit tombée, je ne parviens pas à trouver du temps à
consacrer à Dieu. C’est le temps qui est mon problème. Je ne sais pas quand penser à
Dieu...’’
Avec le sourire et sa gestuelle tremblante caractéristique, le Dr Johnson répondit par
une autre question. ‘’Mon ami, j’ai moi aussi un problème et si vous m’aidez à résoudre
le mien, je vous aiderai à résoudre le vôtre !’’
‘’Et quel est donc votre problème, Monsieur, je vous prie ?’’
‘’Voyez-vous, les ¾ de la surface de la Terre sont recouverts d’’eau et l’espace restant
est accaparé par les montagnes, par les déserts, les forêts, les régions glacées, les lits
des rivières, les marais, les landes Avec une telle profusion de régions impossibles,
c’est l’espace qui est mon problème et je ne sais pas où habiter !’’
‘’Vous devez certainement plaisanter, docteur ! Si des millions de personnes ont pu
trouver de la place pour vivre sur terre, vous pouvez très certainement en faire
autant !’’ Et l’homme éclata de rire.
Le sourire du Dr Johnson s’élargit. ‘’Hmm ! Quelle était donc votre question,
Monsieur… ?’’
La personne était avisée et elle comprit que se plaindre de ne pas avoir de temps à
consacrer à Dieu était aussi absurde que se plaindre de manquer d’espace vital pour
vivre sur terre.
Cette histoire me revenait souvent à l’esprit, quand on demandait comment trouver
du temps pour Dieu ? Comment trouver un équilibre entre la vie matérielle et la vie
spirituelle ?’’
Si comme telle, l’histoire paraît répondre à la première question, elle n’entre pas dans
les détails et ne répond pas à la seconde question. Alors que des milliards de gens
disposent d’un certain espace vital sur terre aujourd’hui, je ne sais pas s’il y en a au
moins quelques milliers qui ont du temps pour Dieu ! Je veux dire que personne ne
peut réellement dire combien de gens sur terre trouvent du temps à consacrer à Dieu.
Ainsi, ce n’est pas comme si seul le manque de temps était juste le problème. Si j’avais
été la personne qui s’était adressée au Dr Johnson au 18ème siècle, peut-être lui aurais-je
signalé cette lacune dans son argument :
‘’Mais Monsieur, y a-t-il autant de personnes qui consacrent effectivement du temps à
Dieu ? Votre comparaison laisse croire que je suis une exception, alors qu’ici, je suis
plus dans la règle générale !’’
Et donc, la question de savoir comment parvenir réellement à l’équilibre entre la vie
matérielle et la vie spirituelle continua de mijoter dans mon esprit et la solution n’est
venue qu’après avoir entendu l’expérience du Prof. H.J. Bhagia, du département de
gestion de l’Institut d’Enseignement Supérieur Sri Sathya Sai. Monsieur Bhagia a été
pour moi un héros. Je me rappelle chacun de ses cours, non pas à cause des matières
inculquées, mais bien à cause de cet amour fort et indélébile pour Swami qu’il a gravé
dans nos cœurs. Bien entendu, il nous enseignait les matières de nos examens, mais le
plus important, c’est qu’il nous a enseigné ce que Swami considère comme étant Sa
matière à savoir l’amour de Dieu. Et il l’a fait en partageant la plupart de ses
expériences les plus personnelles. Encore aujourd’hui, des étudiants qui ont réussi leur
MBA il y a plusieurs décennies reviennent le voir et chercher conseil ou du réconfort
ou pour recharger leurs batteries d’amour de Dieu. Et cela vaut également pour moi !
Son expérience qui remonte à la fin des années 80 sera certainement une révélation
pour beaucoup de monde.
M. Bhagia avait toujours été brillant : c’était un enfant brillant, un étudiant brillant et
un employé brillant. C’était aussi un ingénieur chimiste de première classe qui avait
travaillé dans plusieurs pays avant de décider que Dieu devait être la toute première
priorité de sa vie. Il se rapprocha de son but, lorsque Swami le nomma comme
enseignant dans sa nouvelle école de gestion commerciale, comptabilité et finance
fondée en 1986. Simultanément, il paraissait aussi s’en éloigner, car il devait
maintenant étudier et enseigner beaucoup de matières. M. Bhagia avait accepté Swami
comme maître spirituel et comme Dieu en la même Personne
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, aussi commença-t-il à
s’acquitter diligemment de ses tâches d’enseignant tout en attendant patiemment le
but ultime de sa vie et c’est durant une entrevue familiale qui eut lieu à Brindavan, en
1987, que Baba parut vouloir aborder la question du progrès spirituel de M. Bhagia.
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Le lecteur ou la lectrice occidentale ne doit pas s’en étonner. C’est typique de la bhakti (dévotion) indienne
depuis des millénaires, et d’autant plus que Sathya Sai Baba est considéré comme un Poorna Avatar, au même
titre que Rama ou que Krishna, NDT.
‘’Que faites-vous ?’’, lui demanda Swami.
‘’Je suis sorti avec la plus grande distinction de l’Université de Bombay, Swami.
J’enseigne la statistique, la gestion de la production, la recherche opérationnelle,
l’administration et le développement rural intégré…’’
‘’Ne perdez pas votre temps, Monsieur ! Oubliez votre chimie et votre génie chimique.
Cherchez plutôt ‘’qui suis-je ?’’
‘’Swami, Vous êtes le Suprême et Tout-Puissant !’’
‘’Découvrez ‘’qui suis-je’’. Voilà votre sadhana (discipline spirituelle)!’’
‘’Découvrez ‘’qui suis-je’’. Voilà votre sadhana. Il était clair pour M. Bhagia que Swami l’avait conduit
auprès de Lui pour l’aider à connaître l’expérience ultime…
Ainsi se termina l’entrevue familiale. Alors que M. Bhagia sortait de Trayee Brindavan,
il fut abordé par un ancien dévot que l’on appelait ‘’Oncle Ratanlal’’ et Oncle Ratanlal
lui demanda s’il avait lu des livres de Ramana Maharshi. Il répondit négativement.
Oncle Ratanlal lui remit alors un petit livre.
Monsieur Bhagia n’était pas chaud à l’idée de ‘’suivre’’ ou même de lire un autre maître
spirituel, car Swami était la totalité pour lui, mais par respect pour l’ancien fidèle, il le
prit. Imaginez quels furent son enthousiasme et son émotion, lorsqu’il ouvrit le petit
livre de Paul Brunton et lorsqu’il vit précisément ces mêmes mots : ‘’Qui suis-je ?’’ !
Pour la première fois, M. Bhagia comprit que pendant l’entrevue, Swami ne l’avait pas
interrogé sur Son identité à Lui, mais qu’il le mettait sur la voie de l’atmavichara (la
recherche du Soi). C’était quelque chose de totalement neuf pour lui et il s’y plongea
de tout son cœur et en toute sincérité. En fait, il se mit à passer la plupart de son temps
tranquillement assis dans une contemplation silencieuse. Il s’efforçait d’éclaircir ce que
cela voulait dire de ‘’réaliser son vrai Soi’’ ou d’entrer en soi. Chaque fois qu’il trouvait
le temps, il se perdait dans de profondes réflexions.
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Le matin, il s’asseyait dans le hall
des bhajans du mandir de Prasanthi Nilayam de 6h00 jusqu’à 8h55, moment où il se
rendait à l’université et le soir aussi, il s’asseyait dans un coin de la véranda du mandir
pour méditer ‘’qui suis-je ?’’. Même s’il aimait voir et communiquer avec Swami, il ne
‘’pourchassait’’ jamais Sa forme physique, comme la plupart des étudiants, des
enseignants et des fidèles. Il se contrôlait toujours en songeant : ‘’Si j’étais sensé courir
après Swami, Il me l’aurait dit. Il m’a été conseillé d’entrer en moi-même et non de
courir après la forme physique, aussi fascinante soit-elle.’’
Deux années passèrent ainsi.
L’EXPÉRIENCE ULTIME
C’était un soir de 1989. M. Bhagia était assis à sa place habituelle sur la véranda. Le
darshan et la séance des bhajans étaient terminés. Les enseignants avaient reçu
l’autorisation spéciale de Swami pour continuer leur sadhana dans le mandir, juste à
côté de la salle dentrevue. Il était passé 19h00. Au bout d’un moment, la porte de la
salle d’entrevue s’ouvrit et Swami sortit, accompagné par le colonel Joga Rao.
Apparemment, Swami allait partir faire un tour en voiture et même si Swami s’avança
dans sa direction, M. Bhagia resta très discipliné, car il n’était concentré que sur la
découverte de qui il était.
Sans être remarqué, Swami passa juste à côté de lui et M. Bhagia ressentit une tape
énergique sur la tête. Quand il se tourna, il réalisa que c’était Swami et qu’Il s’était
éloigné. Amusé par ce qui s’était passé, il reprit sa quête intérieure. Swami rentra
bientôt de sa promenade avant de se retirer pour la nuit et M. Bhagia rentra lui aussi
chez lui.
Le lendemain, il était de retour à 6h00 précises pour continuer sa sadhana. Le mandir
était silencieux et paisible, comme toujours. Le silence ne fit que s’intensifier avec
l’arrivée de Swami. Il régnait un sentiment d’anticipation et chacun se redressa, attentif
à la Présence qui les baignerait bientôt dans l’amour et la grâce. Swami termina le
circuit de Son darshan et se dirigea vers la salle d’entrevue et M. Bhagia se leva et prit
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L’expression n’est pas très bien choisie, car il s’agit plutôt de comprendre le mécanisme de la pensée et du
mental pour ne plus se laisser piéger par celui-ci et de s’en distinguer. Alors seul demeure le vrai Soi, différent
de l’ego constitué par l’identification au corps, aux sens et à l’amalgame personnel de pensées et d’émotions,
de nature relative, illusoire et provisoire, NDT.
place dans le hall des bhajans. C’est alors qu’une chose complètement inattendue et
nouvelle lui arriva. Son mental sembla tout simplement s’éteindre et son Etre s’étendre
au-delà de toutes proportions. Il n’était plus du tout assis dans le hall des bhajans, loin
de là, c’était le hall des bhajans qui semblait maintenant être une minuscule partie de
lui !
M. Bhagia n’était plus ce qu’il avait pensé être. Il pouvait sentir qu’il était lui-même
présent en toutes choses. Toute la zone du darshan n’était qu’une petite partie en lui
où des dizaines de personnes étaient assises. La porte de la salle d’entrevue s’ouvrit et
Swami sortit et le corps de Swami ne semblait lui aussi n’être qu’une petite poupée à
l’intérieur de lui-même ! Durant tout ce temps-là, ses yeux étaient grands ouverts. Il
ressentit une joie infinie sourdre en lui et déborder de lui-même et comme tout était
en lui, cette joie s’écoula partout et dans tout, Swami y compris.
Simultanément, ce n’était pas comme si M. Bhagia n’avait pas conscience de ce que le
petit corps avec lequel il s’était confondu devait faire. Dans la pleine conscience, le
corps que tout le monde identifiait comme H.J. Bhagia se leva et sortit du hall des
bhajans. Mais ‘’Bhagia’’ ne bougea pas ! Où pouvait-il aller, alors qu’il était partout
présent ? Cette expérience est une chose qui ne peut jamais être captée par des mots et
pourtant, il faut s’y efforcer pour que l’histoire avance.
Le corps de Bhagia se rendit en classe, enseigna, puis rentra chez lui. C’était l’heure du
diner, mais il n’avait pas faim, il n’avait pas soif et il ne ressentait aucune fatigue. Il
était simplement bienheureux. Bienheureux pourquoi ? Bienheureux d’être, tout
simplement ! Les cours de l’après-midi passèrent également. Le corps de Bhagia jouait
simplement le rôle dans le Bhagia cosmique. En ce qui concerne les autres personnes,
M. Bhagia irradiait une joie et une paix spéciales. En ce qui concerne M. Bhagia, il était,
tout simplement.
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Le soir, le corps de M. Bhagia se rendit au mandir, même s’il n’en avait pas besoin. Il
n’avait besoin de rien et ne désirait rien. Comment pourrait-on désirer quoi que ce soit,
quand on est tout ? Ce soir-là, le corps de Swami sourit au corps de M. Bhagia. Et c’est
alors qu’une chose se produisit soudainement. M. Bhagia fut instantanément ramené à
l’anormalité, comme il la désigne lui-même.
‘’Toute cette félicité pétillante et cet afflux de sérénité avaient instantanément disparu.
J’étais de retour dans ce monde anormal où je sentais que j’étais mon corps !’’
Il vit que Swami lui souriait. Il pouvait sentir le message que Swami semblait lui
communiquer : ‘’Tu as reçu un échantillon de l’expérience ultime et il t’incombe à
présent de travailler pour la faire tienne.’’
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C’est l’expérience de Sat-Chit-Ananda (Etre pur, pure Conscience et pure Félicité, l’expérience divine, NDT.
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