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PROLOGUE
C’est un livre sur l’émerveillement, sur la grande énigme de la vie, sur nous-mêmes et
sur Dieu. C’est un livre sur le miracle de l’Etre, absurde, inexplicable et fabuleux que
nous sommes et dont nous ne savons pratiquement rien, bien que nous prétendions
savoir tellement.
C’est un livre sur la manière dont nous pourrions de nouveau réaliser la magie de
l’existence, sur la manière dont nous pourrions oublier nos faux mois, nous souvenir
de notre vrai Soi et vivre et aimer et jouer dans le grand mystère tout autour de nous
et en nous – le grand mystère de l’existence, de la vie, de Dieu.
C’est un livre sur l’être et non le faire, sur la manière dont nous devenons nous-
mêmes, sans nous efforcer, dont nous marchons libres sans quitter la prison et dont
nous volons sans quitter le sol. C’est un livre sur notre retour à l’innocence, dans
notre propre ciel intérieur immaculé – à l’humble non savoir, à la docte ignorance,
pour ainsi dire – qui survient quand nous lâchons l’encombrante masse d’images que
nous avons créée et dans laquelle nous nous sommes confortablement installés pour
notre grand détriment. Ce faisant, nous retrouvons l’expérience libératrice du non
savoir absolu et la profondeur de l’émerveillement indescriptible.
Il y a une abondance de citations dans cette œuvre, dont la portée paraissait
essentielle pour révéler la mesure de divers individus qui ont tenté d’exprimer leur
exaltation personnelle dans l’être au cours de l’histoire. J’ai cherché à rassembler un
grand nombre de ces voix disparates, mais à néanmoins composer un seul chant, un
chant qui a été chanté depuis des temps immémoriaux jusqu’à maintenant dans
beaucoup de langues différentes, sous beaucoup de déguisements différents pour de
multiples raisons. Ce faisant, j’ai puisé dans une grande variété de sources
différentes : auprès de poètes et d’écrivains du passé et du présent, de taoïstes, de
chrétiens, de bouddhistes, d’hindous, de soufis, de jungiens, d’occultistes, de laïcs,
d’artistes, de mystiques, de fous et d’une foule d’autres voix inimitables. Parmi ces
différents points de vue, il y a cependant un fil commun qui parcourt le tissu de notre
existence variée, un fil dont on a parlé ou sur lequel on a écrit de beaucoup de façons
uniques. Ce fil, c’est l’apocalypse de l’incompréhension absolue – la bénédiction de
l’émerveillement – où l’ignorance est ressuscitée, l’innocence retournée et la beauté
réveillée de son sommeil dans le faux. Tel est le résultat, quand l’esprit est désenglué
de ses opinions préconçues, de ses théories et des faits et quand il oublie finalement
tout ce qu’il a appris pour en arriver à considérer l’existence comme pour la première
fois.
La vie est une invraisemblance incroyable. Peu importe comment nous essayons de
l’expliquer ou de la justifier, elle demeure complètement stupéfiante. S’imaginer la
vie à travers les yeux d’une personne qui ne l’a jamais vécue auparavant, c’est
reconnaître qu’elle est, au sens le plus remarquable, absolument inimaginable.
Donc, il n’y a pas de ‘’sens’’ que j’essaie de communiquer dans ce livre, car le sens est
la cause de notre situation difficile, de nos faux murs, de la division de notre cœur.
Je ne cherche pas à combler le lecteur de connaissance, de compréhension ou
d’interprétations (je laisse cela aux pandits, aux prêcheurs, aux pédagogues). Je n’ai