reintes littéraires p m e sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Cahier de Français 2 Coordination Florence RANDANNE Agrégée de lettres classiques, académie d’Amiens Céline BARRAUD Professeur agrégé de lettres classiques Lycée Pierre-d’Ailly à Compiègne Emmanuel BROC Professeur certifié de lettres modernes Lycée du Vimeu à Friville-Escarbotin Florence COGNARD Agrégée de lettres classiques, académie d’Amiens Coralie DOUX-POUGET Professeur certifié de lettres modernes Lycée Corot à Douai Rémi LASSALLE Professeur agrégé de lettres classiques Lycée Pierre-d’Ailly à Compiègne Les éditions Magnard remercient vivement Isabelle Knor (lycée Paul-Louis Courier, Tours) et Cédric Corgnet (lycée Alain-Fournier, Bourges) pour leur relecture et leurs suggestions. www.magnard.fr de SOMMAIRE I Acquérir une culture littéraire 1 Situer une œuvre dans son contexte Confronter des textes sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 2 ● Reconnaître les différents mouvements littéraires 3 Le baroque 4 5 6 7 8 9 Le classicisme Les Lumières Le romantisme Le réalisme et le naturalisme Le symbolisme Le surréalisme ● Reconnaître les particularités des textes et des genres littéraires 10 Les indices de l’énonciation DISCOURS 11 Les discours rapportés DISCOURS 12 Narrateur et focalisations RÉCIT 13 Histoire et récit RÉCIT 14 La description RÉCIT 15 Les types de raisonnements ARGUMENTATION 16 Les types d’arguments ARGUMENTATION 17 L’argumentation directe et indirecte ARGUMENTATION 18 Démontrer / délibérer / convaincre / persuader ARGUMENTATION 19 L’emploi de l’ironie ARGUMENTATION 20 Les formes du dialogue théâtral THÉÂTRE 21 Vers, strophes, rimes POÉSIE 22 Les formes poétiques POÉSIE ● Identifier et exploiter les registres littéraires 23 Le registre épique 24 Le registre comique 25 Les registres tragique et pathétique 26 Les registres lyrique et élégiaque 27 Les registres polémique et satirique II Savoir organiser un texte ● S’initier à développer une réponse : question sur le corpus 28 Répondre à une question sur le corpus ● S’initier à l’écriture d’invention 29 Écrire la suite d’un texte 30 Imiter, détourner, transposer 31 Développer une argumentation ● S’initier au commentaire 32 Formuler et développer des hypothèses de lecture 33 Construire un plan et rédiger des paragraphes 34 Rédiger l’introduction / la conclusion ● S’initier à la dissertation 35 Analyser un sujet de dissertation 36 Élaborer un plan détaillé 37 Construire un paragraphe argumentatif 38 Rédiger l’introduction / la conclusion ● S’initier à l’épreuve orale 39 S’exprimer à l’épreuve orale III Employer une langue correcte et précise 40 S’adapter à son destinataire : les niveaux de langue 41 Employer des connecteurs logiques 42 Employer un champ lexical 43 Maîtriser l’emploi et les valeurs des temps dans un récit au passé 44 Maîtriser l’emploi et les valeurs du subjonctif et du conditionnel 45 Maîtriser les valeurs des temps de l’indicatif 46 Employer le vocabulaire de l’argumentation 47 Employer le vocabulaire de l’analyse littéraire ANNEXES • Figures de style et discours • Règles d’or d’orthographe Situer une œuvre dans son contexte sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 1 ACQUÉRIR UNE CULTURE LITTÉRAIRE Acquérir une méthode Exemple appliqué Un texte s’inscrit dans une époque historique. Il renvoie aussi à une période de l’histoire littéraire et artistique. Les références culturelles forment ainsi un arrière-plan et inscrivent l’œuvre dans l’histoire des idées ou des sociétés. Texte A 1 Situer le texte dans son contexte historique et social L’écrivain appartient à une période historique. Son œuvre peut être marquée par des aspects politiques, sociaux ou idéologiques. 2 Situer le texte dans son contexte littéraire L’œuvre se rattache à un mouvement ou courant littéraire. Gervaise et Coupeau, couple d’ouvriers, se trouvent au café du Père Colombe. Il tendait furieusement ses muscles, il empoignait son verre, pariait de le tenir immobile, comme au bout d’une main de marbre ; mais, le verre, malgré son effort, dansait le chahut, sautait à droite, sautait à gauche, avec un petit tremblement pressé et régulier. Alors, il se le vidait dans le coco, furieux, gueulant qu’il lui en faudrait des douzaines et qu’ensuite il se chargeait de porter un tonneau sans remuer un doigt. Gervaise lui disait au contraire de ne plus boire, s’il voulait cesser de trembler. Et il se fichait d’elle, il buvait des litres à recommencer l’expérience, s’enrageant, accusant les omnibus qui passaient de lui bousculer son liquide. 1 L’œuvre de Zola doit être située dans le contexte de la Révolution industrielle ou du Second Empire. Ce contexte permet de comprendre l’introduction de la langue du peuple dans le roman, par exemple. 2 L’œuvre de Zola doit être rattachée au mouvement naturaliste : le romancier cherche à faire l’étude d’un milieu. Il s’agit de montrer les effets de l’alcoolisme dans le monde ouvrier. Émile Zola, L’Assommoir, 1877. 3 Situer le texte dans son contexte artistique Un mouvement littéraire entretient des rapports avec d’autres mouvements artistiques. 3 Les relations entre Zola et les peintres, notamment © Photo Josse/Leemage impressionnistes, peuvent être étudiées. Le tableau de Degas est antérieur à L’Assommoir : le peuple est devenu un sujet d’étude dans les arts et les lettres. Edgar Degas, L’Absinthe (1875), huile sur toile (92 × 68 cm), musée d’Orsay, Paris. Document B Repérer et manipuler 1 Complétez le tableau en associant à chaque écri- vain, une œuvre et un événement historique. Œuvres : L’Éducation sentimentale • J’accuse • Les Châtiments • La Chartreuse de Parme Événements historiques : L’affaire Dreyfus • La bataille de Waterloo • La Révolution de 1848 • Le coup d’État de 1851 Écrivain Événement historique Œuvre Stendhal La Chartreuse La bataille de ............................... ............................... de Parme Waterloo (1815) ............................... ............................... Flaubert L’Éducation La Révolution ............................... ............................... sentimentale de 1848 ............................... ............................... Hugo Les Châtiments Le coup d’État ............................... ............................... de 1851 ............................... ............................... Zola J’accuse L’affaire Dreyfus ............................... ............................... (1894) ............................... ............................... 2 Recherchez l’influence du contexte sur les œuvres suivantes. 1. Molière, Le Tartuffe Les dévots (1664). ............................................................................... ............................................................................... 2. Denis Diderot, Encyclopédie Les philosophes face au projet de connaissances ............................................................................... universelles. ............................................................................... 3. Émile Zola, Germinal Les révoltes ouvrières vers 1885. ............................................................................... ............................................................................... 4. Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n’aura pas lieu La montée de la tension politique à la veille de la ............................................................................... Seconde Guerre mondiale (1935). ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Candide de Voltaire 3 a. À quelles réalités Voltaire fait-il référence ? Justifiez votre réponse. Il s’agit de réalités contemporaines : l’esclavage et la traite des ........................................................................................... nègres en lien avec le commerce triangulaire. Deux continents sont ........................................................................................... présents : l’Amérique est évoquée indirectement à travers Surinam ........................................................................................... et l’Europe directement. Le commerce du sucre est mentionné ........................................................................................... explicitement. Le rapport (ou la distorsion) entre la cruauté de ........................................................................................... l’esclavage et le plaisir des Européens (manger du sucre) est établi ........................................................................................... par un raccourci dans le raisonnement. Les mauvais traitements ........................................................................................... infligés aux esclaves sont présentés sur le ton du constat (cf. ........................................................................................... allusions au Code noir qui réglait les droits du maître et le statut ........................................................................................... de l’esclave). ........................................................................................... b. Quelles réactions ces réalités suscitent-elles chez le lecteur ? Justifiez votre réponse. Le narrateur fait appel à la sensibilité ou à la pitié du lecteur en ....................................................................................... décrivant par exemple les différentes mutilations et la cruauté du ........................................................................................... maître. Il suscite aussi son indignation par le décalage entre la ........................................................................................... pratique de châtiments et le plaisir de manger du sucre. ........................................................................................... c. En quoi cet extrait est-il un écho des combats de l’époque ? Illustrez votre propos. La dénonciation de l’esclavage participe du combat des Lumières ....................................................................................... contre l’injustice et l’intolérance et en faveur de l’humanité. ........................................................................................... D’autres textes traitent de l’esclavage : De l’Esprit des Lois (XV, 5) de ........................................................................................... Montesquieu, articles « Esclaves » et « Esclavage » de l’Encyclopédie. ........................................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Sortis du pays de l’Eldorado, Candide et son valet Cacambo parviennent à Surinam, ancienne Guyane hollandaise, au nord du Brésil. Ils sont alors confrontés à une nouvelle rencontre… En approchant de la ville1, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh ! mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ? – J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. – Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? – Oui, monsieur, dit le nègre, c’est l’usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. […] » Voltaire, Candide, 1759. 1. Surinam. au xixe siècle : réalisme et naturalisme Le Père Goriot d’Honoré de Balzac Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835. I. Acquérir une culture littéraire 4 a. Identifiez le contexte historique et social à partir de quelques indices. Il s’agit de la société de la Restauration (1814-1830) : mariages ...................................................................................... aristocratiques (comte de Restaud et baron de Nucingen) des ...................................................................................... deux filles du Père Goriot (bourgeoisie négociante), reniement ...................................................................................... de leur origine roturière (voitures vides envoyées aux obsèques ...................................................................................... du père). ...................................................................................... b. Quelle place les références à Paris occupent-elles ? Que révèlent-elles du héros ? Les références spatiales sont importantes : la ville de Paris est ..................................................................................... citée explicitement ; le fleuve est présent ; des lieux tels que le ...................................................................................... cimetière du Père Lachaise, la place Vendôme et le dôme des ...................................................................................... Invalides apparaissent. L’étudiant noble désargenté, en quête ...................................................................................... d’ascension sociale, porte un regard avide sur Paris (images). ...................................................................................... Son énergie est mise au service de la conquête de la ville et ...................................................................................... d’une place dans la société. La position de domination spatiale ...................................................................................... est révélatrice du rapport de force qui va s’installer entre Paris ...................................................................................... et le jeune ambitieux. ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... Ve iss r s la e r tati o Quels liens les héros de Balzac et de Zola entretiennent-ils avec la société de leur temps ? Rédigez un paragraphe en illustrant votre réponse par quelques exemples. Vous pouvez vous aider des textes de cette fiche. D Le Père Goriot a dépensé beaucoup d’argent pour marier ses deux filles à des nobles. Elles n’assistent pas à son enterrement. Cependant, au moment où le corps fut placé dans le corbillard, deux voitures armoriées, mais vides, celle du comte de Restaud et celle du baron de Nucingen, se présentèrent et suivirent le convoi jusqu’au Père-Lachaise. À six heures, le corps du père Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière due au bonhomme pour l’argent de l’étudiant. […] Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine où commençaient à briller les lumières. Ses yeux s’attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer. Il lança sur cette ruche bourdonnante un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses : – À nous deux maintenant ! Et pour premier acte de défi qu’il portait à la Société, Rastignac alla dîner chez madame de Nucingen. n OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle Sur une copie Confronter des textes sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 2 ACQUÉRIR UNE CULTURE LITTÉRAIRE Acquérir une méthode Exemple appliqué Texte A 1 Quels sont les auteurs de chaque texte ? 2 Quel est leur contexte historique ? 3 Quel est leur genre ? 4 Quel est leur mouvement ? 5 Quel est leur thème ? 6 Quel est leur registre ? Trois éléments partageaient donc la vie qui s’offrait alors aux jeunes gens : derrière eux un passé à jamais détruit […] ; devant eux l’aurore d’un immense horizon, les premières clartés de l’avenir ; et entre ces deux mondes... quelque chose de semblable à l’Océan qui sépare le vieux continent de la jeune Amérique, je ne sais quoi de vague et de flottant, une mer houleuse et pleine de naufrages […] ; voilà ce qui se présentait à des enfants pleins de force et d’audace, fils de l’Empire et petits-fils de la révolution. 7 Quelle est leur situation Alfred de Musset, La Confession d’un enfant du siècle, 1836. d’énonciation ? • Qui parle ? • Quels temps dominent ? 8 Quel est leur niveau de langue ? 9 Quel est leur type de lexique ? 1 pour les deux textes : Texte B Cœlio, rentrant. – Malheur à celui qui, au milieu de la jeunesse, s’abandonne à un amour sans espoir ! Malheur à celui qui se livre à une douce rêverie, avant de savoir où sa chimère1 le mène, et s’il peut être payé de retour ! Mollement couché dans une barque, il s’éloigne peu à peu de la rive ; il aperçoit au loin des plaines enchantées, de vertes prairies et le mirage léger de son Eldorado2. Les vents l’entraînent en silence, et quand la réalité le réveille, il est aussi loin du but où il aspire que du rivage qu’il a quitté ; il ne peut ni poursuivre sa route ni revenir sur ses pas. Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne, Acte I, scène1, 1833. 1. chimère : projet irréaliste. 2. Eldorado : contrée merveilleuse et idéale. Musset 2 pour les deux textes : XIXe siècle, période révolutionnaire 3 texte A : roman autobiographique texte B : monologue théâtral 4 pour les deux textes : romantisme 5 texte A : la jeunesse et l’ennui texte B : le désespoir du jeune Cœlio 6 texte A : registre épique texte B : registres tragique et lyrique 7 texte A : • auteur-narrateur (1re pers. du sing.) • temps du discours (présent) texte B : • Cœlio seul • présent de vérité générale 8 pour les deux textes : niveau de langue soutenu 9 pour les deux textes : lexique péjoratif et mélioratif Repérer et manipuler Texte A Texte B Jason fonce vers leur maison dont il ébranle en vain les portes. Jason, hurlant. – Portiers ! Ouvrez immédiatement les verrous ! Détachez les fermetures ! Je veux voir mon double malheur, eux qui sont morts… et elle, je lui infligerai son châtiment ! Médée apparaît sur un char tiré par un dragon ailé. Elle l’arrête au-dessus de la maison. Auprès d’elle se trouvent les corps des enfants. Médée, sarcastique. – Pourquoi les secoues-tu et les forces-tu, ces portes ? Rechercherais-tu des morts et moi, l’auteur de tout ? […] Des flammes ont jailli de partout, elles entourent la roulotte. Jason entre rapidement à la tête des hommes armés. Jason. – Éteignez ce feu ! Saisissez-vous d’elle ! Médée, paraît à la fenêtre de la roulotte et crie. – N’approche pas, Jason ! Interdis-leur de faire un pas ! Jason, s’arrête. – Où sont les enfants ? Médée. – Demande-le-toi une seconde encore que je regarde bien tes yeux. Elle lui crie. Ils sont morts, Jason ! […] Euripide, Médée, env. 431 av. J.-C., trad. de D. de Clercq, © BCS, Université catholique de Louvain, 2005. Jean Anouilh, Médée, 1946, © Éditions de la Table Ronde. 1 a. Pour les deux extraits, repérez l’auteur, le contexte historique, le genre et le thème. Texte 1 : Euripide, Antiquité, théâtre, vengeance de ............................................................................... Médée. ............................................................................... Texte 2 : Anouilh, après-guerre, xxe siècle, théâtre, ............................................................................... vengeance de Médée. ............................................................................... b. Identifiez la situation d’énonciation dans les deux extraits. Jason et Médée, utilisation des 1re et 2e personnes, ............................................................................... présent d’énonciation. ............................................................................... c. Soulignez les éléments communs aux deux extraits et encadrez les innovations apportées par Anouilh. I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser Texte A « Ce cœur qui haïssait la guerre… » de Desnos Texte B Candide de Voltaire Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille ! Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre1 et de haine […] Robert Desnos, L’Honneur des poètes, 1943, extrait de Destinée arbitraire, © Éditions Gallimard. 1. salpêtre : poudre utilisée comme explosif. Voltaire, Candide, 1759. 2 a. Précisez l’époque, le genre et le mouvement littéraire des textes. Voltaire, xviiie siècle, conte philosophique, siècle des Lumières. ........................................................................................................................................................................ Robert Desnos, xxe siècle, Seconde Guerre mondiale, poème engagé, surréalisme. ........................................................................................................................................................................ b. En quoi les registres utilisés diffèrent-ils ? Voltaire recourt au registre ironique en comparant la guerre à un spectacle grandiose. Desnos fait preuve de lyrisme avec ........................................................................................................................................................................ les images de son cœur et de la nature. ........................................................................................................................................................................ c. Quelles sont les intentions respectives des deux auteurs ? Voltaire dénonce l’horreur et l’absurdité de la guerre. Desnos lance un appel à la résistance et au combat. ........................................................................................................................................................................ Texte A L’Enfant de Jules Vallès Le narrateur, un jeune collégien, est puni dans une salle d’étude fermée à clé. Dans une fente, un livre : j’en vois le dos, je m’écorche les ongles à essayer de le retirer. Enfin, avec l’aide de la règle, en cassant un pupitre, j’y arrive ; je tiens le volume et je regarde le titre : ROBINSON CRUSOÉ Il est nuit. […] Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien. J’ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse : je suis resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre rien, dévoré par la curiosité, collé aux flancs de Robinson […] ; et en ce moment où la lune montre là-bas un bout de corne, je fais passer dans le ciel tous les oiseaux de l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un peuplier comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple l’espace vide de mes pensées, tout comme il peuplait l’horizon de ses craintes ; debout contre cette fenêtre, je rêve à l’éternelle solitude et je me demande où je ferai pousser du pain... La faim me vient : j’ai très faim. Vais-je être réduit à manger ces rats que j’entends dans la cale de l’étude ? Comment faire du feu ? J’ai soif aussi. Jules Vallès, L’Enfant, 1879. V Q u e r s la pus est ion sur le cor Texte B Robinson Crusoé de Daniel Defoe Robinson reprend ses esprits après son naufrage. Alors je jetai les yeux sur le navire échoué ; mais il était si éloigné, et les brisants et l’écume de la lame étaient si forts, qu’à peine pouvais-je le distinguer ; et je considérai, ô mon Dieu ! comment il avait été possible que j’eusse atteint le rivage. […] Je sentis bientôt mon contentement diminuer, et qu’en un mot ma délivrance était affreuse, car j’étais trempé et n’avais pas de vêtements pour me changer, ni rien à manger ou à boire pour me réconforter. Daniel Defoe, Robinson Crusoé, 1719, trad. de Pétrus Borel, 1836. 3 a. Identifiez le genre et la situation d’énonciation des deux extraits. Dans les deux textes : genre romanesque, narrateur-personnage. ............................................................................................. b. Soulignez les éléments communs aux deux extraits. c. À partir de quel moment et grâce à quoi le récit de l’enfant et celui de Robinson se confondent-ils dans le texte de Vallès ? Les deux récits se confondent au réveil du narrateur. Le sommeil et ............................................................................................. la rêverie sont à l’origine de la confusion dans l’esprit du jeune ............................................................................................. garçon qui s’est assoupi en lisant le récit de Defoe. Les premiers ............................................................................................. signes de fatigue, la douleur, la faim et le contexte nocturne ............................................................................................. favorisent l’identification du jeune lecteur au héros naufragé. ............................................................................................. d. En quoi la référence à l’œuvre de Defoe permet-elle l’éloge de la littérature ? Vallès révèle implicitement que la littérature se transmet d’une ............................................................................................. génération à l’autre et que la lecture est un trésor, une source ............................................................................................. d’imagination et de vie illimitée dont on ne peut jouir qu’au prix de ............................................................................................. réels efforts. ............................................................................................. Quelle vision de la jeunesse romantique Musset transmet-il dans les deux extraits de cette fiche ? I. Acquérir une culture littéraire Sur une copie Le baroque sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 3 RECONNAÎTRE LES DIFFÉRENTS MOUVEMENTS LITTÉRAIRES Observer et retenir Les irrégularités Mélange de formes (lignes, courbes) La perspective Ouverture sur l’extérieur (arrière-plan) Tableaux dans un tableau (mise en abyme) © Photo Josse/Leemage La profusion Éléments disparates Motifs floraux Peter Paul Rubens et Jan Brueghel l’Ancien dit « de Velours », Allégorie de la vue (1617), Musée du Prado, Madrid. Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle Examen de L’Illusion comique de Pierre Corneille Je dirai peu de chose de cette pièce : c’est une galanterie extravagante, qui a tant d’irrégularités qu’elle ne vaut pas la peine de la considérer […]. Le premier acte ne semble qu’un prologue, les trois suivants forment une pièce, que je ne sais comment nommer : le succès en est tragique ; […] mais le style et les personnages sont entièrement de la comédie. […] Le lieu y est assez régulier, mais l’unité de jour n’y est pas observée. Le cinquième est une tragédie assez courte […]. Clindor et Isabelle, étant devenus comédiens sans qu’on le sache, y représentent une histoire qui a du rapport avec la leur et semble en être la suite. Pierre Corneille, Examen de L’Illusion comique, 1660. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviie siècle 1 a. Quelles règles du théâtre classique la pièce de Corneille enfreint-elle ( voir fiche 4) ? La pièce ne respecte pas l’unité de ton, puisqu’elle ............................................................................. oscille entre comique et tragique. De plus, elle enfreint ............................................................................. l’unité de temps. En ce qui concerne l’unité de lieu, ............................................................................. Corneille modalise son propos. Enfin, il suggère la ............................................................................. présence de plusieurs intrigues, puisqu’il regroupe trois ............................................................................. actes et les distingue du dernier. ............................................................................. b. Pourquoi l’intrigue de la pièce peut-elle être considérée comme baroque ? Clindor et Isabelle sont des comédiens qui jouent un ............................................................................. rôle. Le théâtre dans le théâtre constitue une mise en ............................................................................. abyme. ............................................................................. Pensées de Blaise Pascal Car enfin, qu’est-ce qu’un homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant , un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes. La fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable. Également incapable de voir le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti, que fera-t-il donc, sinon d’apercevoir quelque apparence du milieu des choses dans un désespoir éternel de connaître ni leur principes ni leur fin ? Toutes choses sont sorties du néant et portées jusqu’à l’infini. Qui suivra ces étonnantes démarches ? L’auteur de ces merveilles les comprend. Tout autre ne le peut faire. Blaise Pascal, Pensées, 1670. 2 a. Repérez distinctement les termes opposés en les soulignant et en les encadrant. b. Quels procédés stylistiques contribuent à montrer le caractère indéfinissable de l’homme ? Les antonymes, placés parfois en chiasme, les ............................................................................. parallélismes de construction montrent la position ............................................................................. instable de l’homme. ............................................................................. c. Pourquoi « l’auteur de ces merveilles » s’oppose-til à l’homme ? L’homme, par sa finitude, ne peut tout connaître, ............................................................................. contrairement à Dieu, désigné par cette périphrase. ............................................................................. C’est ce qui fait son « désespoir éternel ». ............................................................................. I. Acquérir une culture littéraire VERS LA 1re • Le roman L’Astrée d’Honoré d’Urfé 3 a. À quoi l’eau est-elle comparée ? Quels traits communs la bergère, Diane, leur trouve-t-elle ? L’eau permet une réflexion sur le déroulement de la vie. ............................................................................. Le mouvement perpétuel de l’eau montre l’inconstance, ............................................................................. le changement auquel les êtres sont soumis. ............................................................................. L’écoulement de l’eau symbolise la fuite du temps. ............................................................................. b. Par quels procédés stylistiques le désarroi de Diane se manifeste-t-il ? Les exclamatives, les adverbes « Ô » ou « hélas » ............................................................................. soulignent la plainte de Diane, dans un registre ............................................................................. élégiaque. Le malaise du personnage se lit également ............................................................................. dans la structure de certaines phrases, au parallélisme ............................................................................. bien marqué, avec la répétition de « pas la même » suivi ............................................................................. du complément du comparatif, puis d’une proposition ............................................................................. circonstancielle de temps. ............................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Une bergère, assise au bord de l’eau, se lamente sur l’inconstance de celui qu’elle aime. Après s’y être assise, et que sans dire mot elle eut longuement tenu l’œil sur le courant de la rivière, sans faire autre action qui donnât connaissance de vie que celle de respirer : « Ainsi, dit-elle, vont courant dans le sein de l’oubli toutes les choses mortelles ! » Et là, s’étant tue quelque temps, après elle reprenait ainsi : « Ô que celui-là était bien véritable, qui disait que jamais une même personne ne passa deux fois une même rivière, puisque non seulement depuis que je suis sur ce rivage, l’eau que je vois couler n’est pas la même qui coulait quand j’y suis arrivée, mais hélas ! ni moi-même je ne suis pas la même Diane que j’étais quand je suis venue ici. » Honoré d’Urfé, L’Astrée, 1607-1628. VERS LA 1re • La poésie Moïse sauvé de Saint-Amant Le poète décrit le Nil sur lequel flotte le berceau de Moïse. […] Le fleuve est un étang qui dort au pied des palmes De qui l’ombre, plongée au fond des ondes calmes, Sans agitation semble se rafraîchir, Et de fruits naturels le cristal enrichir ; Le firmament s’y voit, l’astre du jour y roule ; Il s’admire, il éclate en ce miroir qui coule, Et les hôtes de l’air, aux plumages divers, Volant d’un bord à l’autre, y nagent à l’envers… […] 4 a. Quelles sont les images employées pour représenter le Nil ? Que suggèrent-elles ? Justifiez votre réponse. L’image de l’étang, personnifié, puis du miroir, ............................................................................. suggèrent le calme de l’eau, malgré la présence de la ............................................................................. relative « qui coule ». L’eau devient également un ............................................................................. « cristal », connotant transparence et beauté. ............................................................................. b. Quels éléments paraissent illogiques ? Les arbres, personnifiés, sont « plong[és] » dans l’eau ; ............................................................................. on note la présence d’un deuxième soleil ; les oiseaux ............................................................................. « nagent à l’envers ». ............................................................................. Marc-Antoine Girard de Saint-Amant, Moïse sauvé, 1653. VERS LA 1re • La lettre Lettres de Cyrano de Bergerac Monsieur, Le ventre couché sur le gazon d’une rivière, et le dos étendu sous les branches d’un saule, qui se mire dedans, je vois renouveler aux arbres l’histoire de Narcisse ; cent peupliers précipitent dans l’onde cent autres peupliers, et ces aquatiques ont été tellement épouvantés de leur chute, qu’ils tremblent encore tous les jours du vent qui ne les touche pas […]. Le rossignol, qui du haut d’une branche se regarde dedans, croit être tombé dans la rivière : il est au sommet d’un chêne, et toutefois il a peur de se noyer ; mais lorsque, après s’être affermi de l’œil et des pieds, il a dissipé sa frayeur, son portrait ne lui paraissant plus qu’un rival à combattre, il gazouille, il éclate, il s’égosille en apparence comme lui et trompe l’âme avec tant de charmes, qu’on se figure qu’il ne chante que pour se faire ouïr de nos yeux. Savinien de Cyrano de Bergerac, Lettres, 1654. 5 a. Soulignez les composantes du paysage. Justifiez les répétitions. Les mots « peupliers » et « rossignol » sont répétés : il ............................................................................. s’agit des mêmes arbres et du même animal, reflétés ............................................................................. dans l’eau. ............................................................................. b. Expliquez l’allusion à Narcisse. Narcisse se transforme en fleur en regardant son reflet ............................................................................. dans l’eau : ici, les arbres nommés « aquatiques » sont ............................................................................. personnifiés et se reflètent. ............................................................................. c. Qu’est-ce qui contribue à rendre ce paysage surprenant ? Les personnifications, le dynamisme de la description ............................................................................. (les « peupliers précipitent dans l’onde »), l’oxymore ............................................................................. « se faire ouïr de nos yeux » contribuent à l’étrangeté ............................................................................. de la description. ............................................................................. V Q u e r s la pus est ion sur le cor Quelle différence de ton constatez-vous dans l’évocation du monde renversé chez Saint-Amant et chez Cyrano de Bergerac ? I. Acquérir une culture littéraire Sur une copie Le classicisme sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 4 RECONNAÎTRE LES DIFFÉRENTS MOUVEMENTS LITTÉRAIRES Observer et retenir Une servante rapporte au roi Thésée le destin de son épouse, Phèdre et de sa nourrice, Œnone. Panope. – J’ignore le projet que la Reine médite, Seigneur. Mais je crains tout du transport qui l’agite. Un mortel désespoir sur son visage est peint ; La pâleur de la mort est déjà sur son teint. Déjà de sa présence avec honte chassée, Dans la profonde mer Œnone s’est lancée ; On ne sait point d’où part ce dessein furieux. Et les flots pour jamais l’ont ravie à nos yeux. Jean Racine, Phèdre, Acte V, scène 5, 1677. C’est une grande misère que de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire. Voilà le principe de toute impertinence. Jean de la Bruyère, Les Caractères, 1688. L’idéal de l’honnête homme/ L’idéal de mesure Modération dans les mœurs et l’écriture L’« honnête homme » brille par son art de la conversation et recherche la mesure et le raffinement. Les « règles » classiques Règle des trois unités (lieu, temps, action) Respect des bienséances Ex. : la mort n’est pas représentée sur scène. Vraisemblance Catharsis Le personnage tragique, par sa démesure, suscite crainte et pitié. L’usage de la rhétorique Parallélisme, structures binaires Maximes Litote, euphémisme Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle Préface de Bérénice de Jean Racine « Titus, qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya de Rome, malgré lui, et malgré elle, dès les premiers jours de son Empire. » Cette Action est très fameuse dans l’Histoire ; et je l’ai trouvée très propre pour le Théâtre, par la violence des passions qu’elle y pouvait exciter. […] Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une Tragédie ; il suffit que l’Action en soit grande, que les Acteurs en soient héroïques, que les Passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la Tragédie. Jean Racine, Préface de Bérénice, 1671. OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle 1 a. À quelles règles du théâtre classique Racine fait-il allusion dans cette préface ? Le respect des bienséances et la représentation ....................................................................... des passions, visant à la catharsis, sont plus ....................................................................... particulièrement évoqués. ....................................................................... b. En quoi l’action et les personnages représentés sont-ils conformes au genre tragique ? L’intrigue est centrée sur la répudiation de Bérénice, ....................................................................... par un empereur, malgré leur amour. La noblesse ....................................................................... des personnages et de leurs sentiments est ....................................................................... emblématique du genre noble qu’est la tragédie, ....................................................................... qui répand une « tristesse majestueuse ». ....................................................................... Bérénice de Jean Racine Bérénice s’adresse à Titus, puis à Antiochus. Bérénice. – Adieu, Seigneur, régnez, je ne vous verrai plus. Prince, après cet adieu, vous jugez bien vous-même Que je ne consens pas de quitter ce que j’aime, Pour aller loin de Rome écouter d’autres vœux. Vivez, et faites-vous un effort généreux. Sur Titus, et sur moi, réglez votre conduite. Je l’aime, je le fuis. Titus m’aime, il me quitte. Portez loin de mes yeux vos soupirs, et vos fers. Adieu, servons tous trois d’exemple à l’Univers De l’amour la plus tendre, et la plus malheureuse, Dont il puisse garder l’histoire douloureuse. Tout est prêt. On m’attend. Ne suivez point mes pas. Pour la dernière fois, Adieu, Seigneur. Jean Racine, Bérénice, Acte V, scène 7, 1671. 2 a. Comment ressent-on dans cette réplique la « tristesse majestueuse » évoquée par Racine dans sa préface ( voir exercice 1 ) ? Justifiez votre réponse. La répétition de « adieu », qui encadre la réplique, ....................................................................... le lexique de la souffrance, amplifié par le superlatif, ....................................................................... l’opposition entre l’amour et le départ, mis en ....................................................................... évidence par les parallélismes de construction, font ....................................................................... ressentir la tristesse du personnage. ....................................................................... b. Dans quelle mesure ce dénouement est-il conforme à l’histoire antique ( voir exercice 1 ) ? Les personnages sont ceux cités dans la préface, ....................................................................... excepté Antiochus. L’histoire se déroule à Rome. ....................................................................... Contrairement à l’anecdote rapportée dans la ....................................................................... préface, Bérénice décide de partir et domine la fin ....................................................................... de la pièce, comme le montrent les impératifs. ....................................................................... I. Acquérir une culture littéraire Le Misanthrope de Molière OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle 3 a. Montrez que les paroles des personnages révèlent des différences de caractère. Le « je » employé par Alceste, ses affirmations ........................................................................ péremptoires (« je veux »), ses exagérations (« sans ........................................................................ pitié »), s’opposent aux paroles nuancées de Philinte, ........................................................................ qui emploie le pronom « on » ou le conditionnel. ........................................................................ b. Quelles conceptions différentes de la vie en société ces personnages défendent-ils ? Lequel représente les idées du classicisme ? Alceste, le misanthrope, prône la franchise dans les ........................................................................ rapports entre les hommes, tandis que Philinte ........................................................................ considère que la vie en société impose de déguiser ........................................................................ parfois ses sentiments. Par l’importance qu’il accorde ........................................................................ au jeu de la sociabilité, il est un porte-parole de ........................................................................ l’auteur. ........................................................................ sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Alceste reproche à son ami Philinte d’avoir été excessivement aimable auprès d’un homme dont il ignore le nom. Philinte. – Mais quand on est du monde, il faut bien que [l’on rende Quelques dehors civils que l’usage demande. Alceste. – Non, vous dis-je, on devrait châtier, sans pitié, Ce commerce1 honteux de semblants d’amitié. Je veux que l’on soit homme, et qu’en toute rencontre, Le fond de notre cœur dans nos discours se montre, Que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments Ne se masquent jamais sous de vains compliments. Philinte. – Il est bien des endroits où la pleine franchise Deviendrait ridicule et serait peu permise ; Molière, Le Misanthrope, Acte I, scène 1, 1666. 1. commerce : relation sociale. de l’argumentation : xviie siècle Réflexions diverses de François de La Rochefoucauld Il serait inutile de dire combien la société est nécessaire aux hommes : tous la désirent et tous la cherchent, mais peu se servent des moyens de la rendre agréable et de la faire durer. Chacun veut trouver son plaisir et ses avantages aux dépens des autres ; on se préfère toujours à ceux avec qui on se propose de vivre, et on leur fait presque toujours sentir cette préférence ; c’est ce qui trouble et qui détruit la société. Il faudrait du moins savoir cacher ce désir de préférence, puisqu’il est trop naturel en nous pour nous en pouvoir défaire ; il faudrait faire son plaisir et celui des autres, ménager leur amour-propre, et ne le blesser jamais. François de la Rochefoucauld, Réflexions diverses, 1665. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviie siècle 4 a. Quel sentiment l’auteur dénonce-t-il ? Pourquoi ? D’après l’auteur, l’amour-propre constitue une ........................................................................ menace pour la société. ........................................................................ b. Quelle est sa définition de l’honnête homme ? L’honnête homme dissimule le sentiment d’amour........................................................................ propre afin de rendre la société plus agréable. Il est ........................................................................ attentif aux autres et ne se met pas en avant. ........................................................................ c. Quels procédés stylistiques contribuent à donner une impression de rigueur dans la démonstration ? Les parallélismes de construction et les structures ........................................................................ binaires, les répétitions en anaphore (« il faudrait »), ........................................................................ les oppositions (« tous »/ « peu ») constituent des ........................................................................ exemples de la rigueur classique. ........................................................................ Les Caractères de Jean de La Bruyère Pamphile ne s’entretient pas avec les gens qu’il rencontre dans les salles ou dans les cours ; si l’on en croit sa gravité et l’élévation de sa voix, il les reçoit, leur donne audience, les congédie ; il a des termes tout à la fois civils et hautains, une honnêteté impérieuse et qu’il emploie sans discernement ; il a une fausse grandeur qui l’abaisse et qui embarrasse fort ceux qui sont ses amis, et qui ne veulent pas le mépriser. […] Tantôt il vous quitte brusquement pour joindre un seigneur ou un premier commis ; et tantôt s’il les trouve avec vous en conversation, il vous coupe et vous les enlève. Vous l’abordez une autre fois, et il ne s’arrête pas ; il se fait suivre, vous parle si haut, que c’est une scène pour ceux qui passent. Aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre : gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d’être naturels ; vrais personnages de comédie, des Floridors1, des Mondoris1. 1. Floridor, Mondoris : noms de comédiens. I. Acquérir une culture littéraire sonnage de Pamphile ? L’auteur critique ceux qui se considèrent importants, ........................................................................ et, par leur attitude, se révèlent hautains. ........................................................................ b. Soulignez une comparaison qui dévoile la « fausse grandeur » de Pamphile. c. Qu’est-ce qui contribue à rendre cette argumentation plaisante ? La dénonciation passe ici par un portrait d’un ........................................................................ personnage fictif et totalement intemporel (antono........................................................................ mase). Avec l’emploi du présent, de structures ........................................................................ binaires et de parallélismes de construction, l’auteur ........................................................................ le met en scène et en fait un fantoche ridicule. ........................................................................ Ve iss r s la e r tati o En vous aidant de vos réponses, rédigez un paragraphe dans lequel vous étudierez les moyens mis en œuvre par le théâtre et l’argumentation pour dénoncer les excès des hommes. D Jean de La Bruyère, Les Caractères, 1688. 5 a. Que dénonce La Bruyère à travers le per- n OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes Sur une copie Les Lumières sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 5 RECONNAÎTRE LES DIFFÉRENTS MOUVEMENTS LITTÉRAIRES Observer et retenir En effet, le but d’une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre, d’en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n’aient pas été des travaux inutiles pour les siècles qui succèderont ; que nos neveux, devenus plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et heureux, et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre humain. Denis Diderot, Encyclopédie, 1751-1772. « Lumières » est une image qui désigne la raison et les connaissances qui « éclairent » le monde en chassant l’obscurantisme. Une écriture argumentative Argumentation directe Énonciation qui vise à l’objectivité Connecteurs logiques Un idéal philosophique Formulation d’une thèse Quête du bonheur et recherche du progrès Éloge de l’esprit humain et du savoir Une valorisation des savoirs Classification des connaissances Héritage et transmission des savoirs Recours à la raison Repérer et manipuler 1 Caractérisez le philosophe des Lumières à partir des extraits suivants : pour chaque texte, dégagez le thème et l’idée essentielle. C’est un grand et beau spectacle de voir l’homme sortir en quelque manière du néant par ses propres efforts ; dissiper, par les lumières de sa raison, les ténèbres dans lesquelles la nature l’avait enveloppé ; s’élever au-dessus de soi-même. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les Sciences et les Arts, 1750. l’esprit humain Thème : ................................................................... ............................................................................... le philosophe des Lumières est un sage Idée essentielle : ....................................................... à qui la raison permet de comprendre le monde. ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... Partout où nous avons une décision claire et évidente de la raison, nous ne pouvons être obligés d’y renoncer pour embrasser l’opinion contraire, sous prétexte que c’est en matière de foi. La raison de cela, c’est que nous sommes hommes avant que d’être chrétiens. Denis Diderot, article « Raison », Encyclopédie, 1751-1772. l’exercice du jugement et de la liberté de penser Thème : ................................................................... ............................................................................... le philosophe des Lumières est un Idée essentielle : ....................................................... homme de contestation qui agit sous le contrôle de la ............................................................................... raison et dont l’analyse critique s’étend à tous les ............................................................................... domaines, y compris la religion. ............................................................................... ............................................................................... Je sais avec quelle fureur le fanatisme s’élève contre la philosophie. Elle a deux filles qu’il voudrait faire périr comme Calas, ce sont la Vérité et la Tolérance : tandis que la philosophie ne veut que désarmer les enfants du fanatisme, le Mensonge et la Persécution. Voltaire, Correspondance, 1er mars 1765. la lutte entre l’Infâme (fanatisme) et la Thème : ................................................................... philosophie ............................................................................... le philosophe des Lumières est un Idée essentielle : ...................................................... homme de combat : « écraser l’infâme » et faire ........................................................................... triompher la philosophie. ............................................................................... ............................................................................... Notre philosophe ne se croit pas en exil dans ce monde ; il ne croit point être en pays ennemi ; il veut jouir en sage économe des biens que la nature lui offre ; il veut trouver du plaisir avec les autres ; et pour en trouver, il faut en faire ainsi, il cherche à convenir à ceux avec qui le hasard ou son choix le font vivre et il trouve en même temps ce qui lui convient : c’est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile. Dumarsais, article « Philosophe », Encyclopédie, 1751-1772. le philosophe et la vie en société Thème : ................................................................... ............................................................................... le philosophe des Lumières est un Idée essentielle : ...................................................... homme sociable. ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes Article « Torture » de Voltaire 2 a. Quels liens existent entre les paragraphes ? Les paragraphes sont juxtaposés, sans lien apparent. ............................................................................. Dans le premier paragraphe, on a une illustration ............................................................................. historique : plaidoyer en faveur du chevalier de la Barre. ............................................................................. Le deuxième paragraphe constitue la conclusion ............................................................................. polémique. ............................................................................. ............................................................................. b. Que dénonce Voltaire dans cet article ? L’arbitraire, la cruauté et l’horreur de la torture sont ............................................................................. dénoncés. ............................................................................. ............................................................................. c. Par quels procédés se fait la dénonciation ? L’arbitraire, la cruauté et l’horreur sont dénoncés par ............................................................................. différents procédés. ............................................................................. Dans le premier paragraphe apparaît la distorsion entre ............................................................................. le crime et le châtiment, entre l’éloge du chevalier et le ............................................................................. supplice infligé. ............................................................................. Dans le deuxième paragraphe la conclusion joue sur les ............................................................................. oppositions : obscurantisme et progrès, apparence de la ............................................................................. civilisation et barbarie. ............................................................................. ............................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite de l’argumentation : xviiie siècle Lorsque le chevalier de La Barre, petit-fils d’un lieutenant général des armées, jeune homme de beaucoup d’esprit et d’une grande espérance, mais ayant toute l’étourderie d’une jeunesse effrénée, fut convaincu1 d’avoir chanté des chansons impies2, et même d’avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d’Abbeville, gens comparables aux sénateurs romains, ordonnèrent, non seulement qu’on lui arrachât la langue, qu’on lui coupât la main, et qu’on brûlât son corps à petit feu ; mais ils l’appliquèrent encore à la torture pour savoir combien de chansons il avait chantées, et combien de processions il avait vues passer, le chapeau sur la tête. Ce n’est pas dans le xiiie ou dans le xive siècle que cette aventure est arrivée, c’est dans le xviiie. Les nations étrangères jugent de la France par les spectacles, par les romans, par les jolis vers, par les filles d’Opéra, qui ont les mœurs fort douces, par nos danseurs d’Opéra, qui ont de la grâce, par Mlle Clairon, qui déclame des vers à ravir. Elles ne savent pas qu’il n’y a point au fond de nation plus cruelle que la française. Voltaire, Dictionnaire philosophique, 1764. 1. fut convaincu : fut accusé. 2. impie : qui méprise la religion. de l’argumentation : xviiie siècle Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain de Condorcet Condorcet, Esquisse d’un tableau historique de l’esprit humain, 1795. 1. Pierre Bayle (1647-1706) et Bernard Le Bovier de Fontenelle (1657-1757) : philosophes. I. Acquérir une culture littéraire 3 a. Dégagez la structure grammaticale du texte. Quelles intentions traduit-elle ? Le texte est composé d’une très longue phrase qui ........................................................................... développe les manifestations du combat mené par les ........................................................................... philosophes, leurs idéaux et les moyens utilisés. ........................................................................... L’accumulation de participes présents qui structurent le ........................................................................... passage souligne l’acharnement dans la lutte ........................................................................... philosophique. ........................................................................... b. Sur quel procédé d’écriture s’appuie l’énoncé final depuis « prenant enfin » ? Que signifie-t-il ? Il s’agit d’un mot d’ordre au rythme ternaire résumant ........................................................................... les « principes » défendus dans un combat acharné. ........................................................................... L’effet de chute est lié à la brièveté de l’énoncé. ........................................................................... c. En quoi ce texte reflète-t-il le combat des Lumières ? Il fait la synthèse des valeurs défendues par les ........................................................................... philosophes au nom de la raison : occurrences du mot ........................................................................... « liberté » contre toutes les formes d’oppression. ........................................................................... Divers moyens sont utilisés : tous les types d’écriture ........................................................................... sont évoqués (genres, formes, registres), toutes les ........................................................................... formes d’action sont rappelées ; un hommage est ........................................................................... rendu aux valeurs (rhétorique de l’éloge). ........................................................................... Ve r s l’ re u e ora v Ép En France, Bayle, Fontenelle1, Voltaire, Montesquieu et les écoles formées par ces hommes célèbres, combattirent en faveur de la vérité, employant tour à tour toutes les armes que l’érudition, la philosophie, l’esprit, le talent d’écrire peuvent fournir à la raison ; prenant tous les tons, employant toutes les formes, depuis la plaisanterie jusqu’au pathétique, depuis la compilation la plus savante et la plus vaste, jusqu’au roman, ou au pamphlet du jour ; […] tantôt apprenant aux amis de la liberté que la superstition, qui couvre le despotisme d’un bouclier impénétrable, est la première victime qu’ils doivent immoler, la première chaîne qu’ils doivent briser ; tantôt, au contraire, la dénonçant aux despotes comme la véritable ennemie de leur pouvoir, et les effrayant du tableau de ses hypocrites complots et de ses fureurs sanguinaires ; mais ne se lassant jamais de réclamer l’indépendance de la raison, la liberté d’écrire comme le droit, comme le salut du genre humain ; s’élevant, avec une infatigable énergie, contre tous les crimes du fanatisme et de la tyrannie ; poursuivant dans la religion, dans l’administration, dans les mœurs, dans les lois, tout ce qui portait le caractère de l’oppression, de la dureté, de la barbarie ; ordonnant, au nom de la nature, aux rois, aux guerriers, aux magistrats, aux prêtres, de respecter le sang des hommes ; leur reprochant, avec une énergique sévérité, celui que leur politique ou leur indifférence prodiguait encore dans les combats ou dans les supplices ; prenant enfin, pour cri de guerre, raison, tolérance, humanité. le OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes Quelles valeurs les philosophes des Lumières défendent-il ? Vous vous appuierez sur les textes de cette fiche pour répondre. Sur une copie 6 RECONNAÎTRE LES DIFFÉRENTS MOUVEMENTS LITTÉRAIRES Le romantisme sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Observer et retenir L’exaltation du moi Emploi de la 1re personne Registre lyrique (confidence) Le paysage « état d’âme » Images Parallélismes Ponctuation expressive Le règne de l’imagination Métaphores Personnifications […] Je verrai, si tu veux, les pays de la neige, Ceux où l’astre amoureux dévore et resplendit, Ceux que heurtent les vents, ceux que la mer assiège, Ceux où le pôle obscur sous sa glace est maudit. Nous suivrons du hasard la course vagabonde. Que m’importe le jour ? que m’importe le monde ? Je dirai qu’ils sont beaux quand tes yeux l’auront dit. Que Dieu guide à son but la vapeur foudroyante Sur le fer des chemins qui traversent les monts, Qu’un Ange soit debout sur sa forge bruyante, Quand elle va sous terre ou fait trembler les ponts Et, de ses dents de feu, dévorant ses chaudières, Transperce les cités et saute les rivières, Plus vite que le cerf dans l’ardeur de ses bonds ! […] Alfred de Vigny, « La Maison du berger », Les Destinées, 1863. La spiritualité et le sacré Mission supérieure du poète (dont la parole est toute-puissante) Sentiment religieux Amour, principe de la vie Un mouvement ancré dans l’histoire Allusions à la Révolution industrielle (qui, à l’époque, bouleverse l’ordre du monde) Lire et analyser VERS LA 1 re • Le théâtre Préface de Cromwell de Victor Hugo Victor Hugo expose les principes qui ont présidé à la composition de son drame romantique, Cromwell. Type1 d’abord magnifique, mais, comme il arrive toujours de ce qui est systématique, devenu dans les derniers temps faux, mesquin et conventionnel. Le christianisme amène la poésie à la vérité. Comme lui, la muse moderne verra les choses d’un coup d’œil plus haut et plus large. Elle sentira que tout dans la création n’est pas humainement beau, que le laid y existe à côté du beau, le difforme près du gracieux, le grotesque au revers du sublime , le mal avec le bien, l’ombre avec la lumière. Elle se demandera si la raison étroite et relative de l’artiste doit avoir gain de cause sur la raison infinie, absolue, du créateur ; si c’est à l’homme à rectifier Dieu ; si une nature mutilée en sera plus belle ; si l’art a le droit de dédoubler, pour ainsi dire, l’homme, la vie, la création ; si chaque chose marchera mieux quand on lui aura ôté son muscle et son ressort ; si, enfin, c’est le moyen d’être harmonieux que d’être incomplet. C’est alors que, l’œil fixé sur des événements tout à la fois risibles et formidables, et sous l’influence de cet esprit de mélancolie chrétienne et de critique philosophique que nous observions tout à l’heure, la poésie fera un grand pas, un pas décisif, un pas qui, pareil à la secousse d’un tremblement de terre, changera toute la face du monde intellectuel. Elle se mettra à faire comme la nature, à mêler dans ses créations, sans pourtant les confondre, l’ombre à la lumière, le grotesque au sublime, en d’autres termes, le corps à l’âme, la bête à l’esprit ; car le point de départ de la religion est toujours le point de départ de la poésie. Tout se tient. Victor Hugo, Préface de Cromwell, 1827. 1. type : le type de beau recherché par les artistes classiques. 1 a. Soulignez les formules qui expriment le jugement de Victor Hugo. Quelle thèse défend-il ? Les adjectifs péjoratifs et laudatifs, les comparatifs, ....................................................................... le sémantisme du verbe « se demander » et les ....................................................................... propositions interrogatives indirectes introduites par ....................................................................... « si » servent une remise en cause de l’art classique, ....................................................................... qui s’éloigne du vrai, et une défense de la « muse ....................................................................... moderne ». ....................................................................... b. Encadrez les antithèses. Quelle conception de l’homme traduisent-elles ? Les nombreuses antithèses suggèrent une proximité ....................................................................... entre des notions et des valeurs opposées. Elles ....................................................................... soulignent la complexité de l’homme. ....................................................................... c. Pourquoi ce passage reflète-t-il les aspirations esthétiques et spirituelles du mouvement romantique ? Victor Hugo assigne à l’art une nouvelle mission, qui ....................................................................... correspond aux aspirations romantiques : il doit ....................................................................... rompre avec les règles classiques, montrer la totalité ....................................................................... de l’humanité sans dissimuler ses contradictions. La ....................................................................... raison de l’artiste doit céder devant l’action créatrice ....................................................................... de Dieu. ....................................................................... d. Comment faut-il comprendre ici le terme « poésie » ? Il ne s’agit pas de désigner le genre poétique (Hugo ....................................................................... parle d’une pièce de théâtre) mais l’acte de création ....................................................................... littéraire. ....................................................................... ....................................................................... ....................................................................... ....................................................................... I. Acquérir une culture littéraire OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe siècle : le romantisme « Les Mages » de Victor Hugo 2 a. Soulignez les parallélismes qui apparaissent dans cette strophe. Que montrent-ils ? La répétition du groupe verbal « ils parlent », par exemple, réunit deux .................................................................................................. distiques dont les rimes croisées soulignent l’intrication. Le texte fait .................................................................................................. entendre une litanie, qui rappelle le discours religieux. .................................................................................................. .................................................................................................. b. Quelle image du poète ce passage présente-t-il ? Le poète apparaît comme celui qui sait lire dans le cœur de l’homme et .................................................................................................. agir sur les individus comme sur les foules. La personnification de la .................................................................................................. solitude, la métaphore du torrent font de lui l’intermédiaire entre les .................................................................................................. mondes sensible et spirituel. Sa parole, d’essence divine, communique .................................................................................................. la foi et ébranle les choses : il apparaît comme un « mage ». .................................................................................................. .................................................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite […] Ils1 parlent à la solitude, Et la solitude comprend ; Ils parlent à la multitude, Et font écumer ce torrent ; Ils vont vibrer les édifices ; Ils inspirent les sacrifices Et les inébranlables fois ; Sombres, ils ont en eux, pour muse, La palpitation confuse De tous les êtres à la fois. […] Victor Hugo, Les Contemplations, 1856. 1. Ils : les poètes. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe siècle : le romantisme « Chant d’amour » d’Alphonse de Lamartine […] Laisse-moi respirer sur ces lèvres vermeilles Ce souffle parfumé !... Qu’ai-je fait ? Tu t’éveilles : L’azur voilé des cieux Vient chercher doucement ta timide paupière ; Mais toi, ton doux regard, en voyant la lumière, N’a cherché que mes yeux ! Ah ! que nos longs regards se suivent, se prolongent, Comme deux purs rayons l’un dans l’autre se plongent, Et portent tour à tour Dans le cœur l’un de l’autre une tremblante flamme, Ce jour intérieur que donne seul à l’âme Le regard de l’amour ! […] Alphonse de Lamartine, Nouvelles Méditations poétiques, 1823. L’autobiographie b. Repérez les champs lexicaux qui dominent dans ce passage. Quelles sensations et quel sentiment le poète éprouve-t-il ? La réunion des lexiques du corps humain et de l’amour .................................................................................. exprime la volupté de l’instant. La contiguïté entre .................................................................................. notations physiques et notations psychologiques s’exprime .................................................................................. par le jeu des sensations (« regard », parfum), vecteur de la .................................................................................. communication silencieuse qui s’établit entre les amants. .................................................................................. c. Quelle image sert ici l’expression du sentiment ? La métaphore de la flamme, qui, comme un fanal, éclaire .................................................................................. l’âme. .................................................................................. Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand François René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, VI, 5, 1850. 1. moniteurs : personnes qui avertissent, qui conseillent. 2. hune : plateforme établie au sommet d’un mât. 3. ravine : creux formé par un torrent. I. Acquérir une culture littéraire 4 a. Soulignez les verbes dont Chateaubriand est sujet. À quelles activités se livre-t-il ? L’auteur se livre à des activités physiques et ..................................................................... spirituelles. ..................................................................... b. Où Chateaubriand se réfugie-t-il ? Quelle est la signification d’un tel choix ? Le refuge, situé en hauteur, est l’instrument d’une ..................................................................... évasion romantique. Le texte qui oppose ..................................................................... « événements réels » et « monde idéal », fait ..................................................................... éclater le déchirement de l’âme romantique, irritée ..................................................................... par le présent et intensément tendue vers l’avenir. ..................................................................... c. Encadrez les images dans le texte. Quel carac- tère de l’âme romantique révèlent-elles ? Ce tableau maritime apparaît comme l’image de ..................................................................... l’âme romantique, isolée, mouvante et esthète. ...................................................................... Ve iss r s la e r tati o En vous aidant de vos réponses, rédigez un paragraphe qui montrera que le romantisme est l’expression d’un refus de la réalité. Sur une copie D Se sentant exilé dans l’Europe révolutionnaire où l’argent règne, Chateaubriand, en 1791, s’embarque pour l’Amérique. « Muse, aide-moi à montrer que je connais la mer sur laquelle je déploie mes voiles. » C’est ce que disait, il y a six cents ans, Guillaume le Breton, mon compatriote. Rendu à la mer, je recommençai à contempler ses solitudes ; mais à travers le monde idéal de mes rêveries, m’apparaissaient, moniteurs1 sévères, la France et les événements réels. Ma retraite pendant le jour, lorsque je voulais éviter les passagers, était la hune2 du grand mât ; j’y montais lestement aux applaudissements des matelots. Je m’y asseyais dominant les vagues. L’espace tendu d’un double azur avait l’air d’une toile préparée pour recevoir les futures créations d’un grand peintre. La couleur des eaux était pareille à celle du verre liquide. De longues et hautes ondulations ouvraient dans leurs ravines3, des échappées de vue sur les déserts de l’Océan […]. n VERS LA 1 re • 3 a. Quel état d’âme la ponctuation traduit-elle ? Les points d’exclamation et d’interrogation, l’interjection .................................................................................. « ah ! » reflètent l’enthousiasme du poète, émerveillé du .................................................................................. spectacle de sa bien-aimée : ils traduisent les mouvements .................................................................................. violents et contradictoires d’un esprit exalté. .................................................................................. Le réalisme et le naturalisme sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 7 RECONNAÎTRE LES DIFFÉRENTS MOUVEMENTS LITTÉRAIRES Observer et retenir 1. Le roman réaliste Tout à coup la Marseillaise retentit. Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe. C’était le peuple. Il se précipita dans l’escalier, en secouant à flots vertigineux des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules, si impétueusement, que des gens disparaissaient dans cette masse grouillante qui montait toujours, comme un fleuve refoulé par une marée d’équinoxe, avec un long mugissement, sous une impulsion irrésistible. Gustave Flaubert, L’Education sentimentale, 1869. 2. Le roman naturaliste Un effet « documentaire » Sujet inspiré de faits réels de l’Histoire et de la Société du XIXe siècle Ici, la révolution de 1848 Roman « objectif », à la 3e personne Narrateur extérieur et attachement à la description Roman d’apprentissage Des destins tragiques Il ne s’appartenait plus, il obéissait à ses muscles, à la bête enragée. Pourtant, il ne buvait pas, il se refusait même un petit verre d’eau-de-vie, ayant remarqué que la moindre goutte d’alcool le rendait fou. Et il en venait à penser qu’il payait pour les autres, les pères, les grands-pères, qui avaient bu, les générations d’ivrognes dont il était le sang gâté, un lent empoisonnement, une sauvagerie qui le ramenait avec les loups mangeurs de femmes, au fond des bois. Émile Zola, La Bête humaine, 1890 Alcool et folie Des personnages issus des classes ouvrières Le « roman-laboratoire » Influence de l’hérédité sur le destin des personnages Roman « objectif », à la 3e personne Narrateur extérieur discret ou absent Discours indirect libre Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Avant-propos à La Comédie humaine d’Honoré de Balzac La Société française allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire. En dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la Société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs. Honoré de Balzac, Avant-propos à La Comédie humaine, 1842. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme 1 a. Justifiez l’emploi de la majuscule pour « Société » et le choix du terme « historien ». Avec la majuscule, Balzac personnifie la société. L’emploi .................................................................................. curieux de « historien » paraît signifier que la société écrit .................................................................................. l’Histoire dans le sens de « faire » l’Histoire. .................................................................................. b. Quel double rôle Balzac s’assigne-t-il ? Balzac veut peindre fidèlement la société française comme .................................................................................. les réalistes. Il veut écrire l’histoire des mœurs et dévoiler .................................................................................. leur fonctionnement, ambition propre à Balzac. .................................................................................. Préface de L’Assommoir d’Émile Zola J’ai voulu peindre la déchéance fatale d’une famille ouvrière, dans le milieu empesté de nos faubourgs. […] Mon œuvre me défendra. C’est une œuvre de vérité, le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple. Et il ne faut point conclure que le peuple tout entier est mauvais, car mes personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu’ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent. Émile Zola, Préface de L’Assommoir, 1877. 2 a. En quoi l’ambition de Zola se rapproche-t-elle de l’ambition réaliste ? En quoi s’en sépare-t-il ? Comme les réalistes, Zola veut peindre fidèlement la société .................................................................................. française du xixe siècle : « nos faubourgs », « œuvre de .................................................................................. vérité », « qui ne mente pas ». Il réduit ici le champ .................................................................................. d’observation au peuple : « premier roman sur le peuple ». .................................................................................. Le naturalisme s’attache à une réalité plus noire. Zola veut .................................................................................. démontrer l’influence du milieu sur le comportement de ses .................................................................................. personnages : « mes personnages ne sont pas mauvais », .................................................................................. « gâtés par le milieu ». .................................................................................. I. Acquérir une culture littéraire OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Le Père Goriot d’Honoré de Balzac 3 a. Montrez le caractère réaliste du portrait de Vautrin sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Balzac fait ici la description d’un personnage de la pension Vauquer : Vautrin. Il1 avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d’un roux ardent. Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté que démentaient ses manières souples et liantes. Sa voix de basse-taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait point. Il était obligeant et rieur. Si quelque serrure allait mal, il l’avait bientôt démontée, rafistolée, huilée, limée, remontée, en disant : « Ça me connaît ». Il connaissait tout d’ailleurs : les vaisseaux, la mer, la France, l’étranger, les affaires, les hommes, les événements, les lois, les hôtels et les prisons. Si quelqu’un se plaignait par trop, il lui offrait aussitôt ses services. Il avait prêté plusieurs fois de l’argent à madame Vauquer1 et à quelques pensionnaires ; mais ses obligés seraient morts plutôt que de ne pas le lui rendre, tant, malgré son air bonhomme, il imprimait de crainte par un certain regard profond et plein de résolution. Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835. 1. Madame Vauquer : propriétaire de la pension. dans des détails dépréciatifs : « mains épaisses », ........................................................................ « bouquets de poils touffus » ou « grosse gaieté ». ........................................................................ Ces détails illustrent le réalisme. ........................................................................ ........................................................................ b. En quoi certains traits sont-ils ceux du héros traditionnel ? Le narrateur donne aussi au personnage les qualités ........................................................................ d’un héros traditionnel. Il lui attribue une force ........................................................................ physique, mais aussi une force morale quand il ........................................................................ évoque « des signes de dureté » ou la crainte qu’il ........................................................................ inspire aux pensionnaires. Le narrateur l’enveloppe ........................................................................ d’un certain mystère inquiétant quand il rappelle ........................................................................ son passé et sa connaissance du monde et surtout ........................................................................ des « prisons » ainsi que ses « talents » de serrurier. ........................................................................ Tous ces indices soulignent combien ce héros est ........................................................................ encore loin de la « médiocrité » du héros naturaliste. ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ Bel-Ami de Guy de Maupassant Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1885. 4 Montrez que le narrateur veut peindre la réalité et donner une vision pessimiste des hommes et du monde de la presse. La scène se passe dans le milieu de la presse ........................................................................ française comme l’indique le titre du journal « La Vie ........................................................................ Française ». Le narrateur dévoile la vérité de son ........................................................................ fonctionnement en soulignant l’absence de ........................................................................ déontologie des journalistes : Saint-Potin rappelle sa ........................................................................ pratique « je n’ai qu’à reprendre mon article sur le ........................................................................ dernier venu et à le copier mot pour mot ». Le ........................................................................ journaliste peu honnête avoue aussi implicitement ........................................................................ que la presse est instrumentalisée : les articles sont ........................................................................ orientés « pour les lecteurs de la Vie Française ». Le ........................................................................ début de l’extrait brosse également un portrait ........................................................................ pessimiste des hommes en rappelant que Forestier ........................................................................ réussit grâce à sa femme qui est, de plus, une femme ........................................................................ entretenue par un amant, lui-même « un vieux ........................................................................ viveur » ! ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ Ve iss r s la e r tati o Recherchez à partir des textes de cette fiche deux arguments et un exemple pour chaque argument afin de démontrer ce qui distingue le roman naturaliste du roman réaliste. D Duroy, surnommé Bel-Ami, espère s’élever socialement en devenant journaliste ; Saint-Potin l’initie au métier. Puis il en vint à Forestier : – Quant à celui-là, il a de la chance d’avoir épousé sa femme, voilà tout. Duroy demanda : – Qu’est-ce au juste que sa femme ? Saint-Potin se frotta les mains : – Oh ! une rouée, une fine mouche. C’est la maîtresse d’un vieux viveur nommé Vaudrec, le comte de Vaudrec, qui l’a dotée et mariée… Duroy sentit brusquement une sensation de froid, une sorte de crispation nerveuse, un besoin d’injurier et de gifler ce bavard. Mais il l’interrompit simplement pour lui demander : – C’est votre nom, Saint-Potin ? L’autre répondit avec simplicité : – Non, je m’appelle Thomas. C’est au journal qu’on m’a surnommé Saint-Potin. Et Duroy, payant les consommations, reprit : – Mais il me semble qu’il est tard et que nous avons deux nobles seigneurs à visiter. Saint-Potin se mit à rire : – Vous êtes encore naïf, vous ! Alors vous croyez comme ça que je vais aller demander à ce Chinois et à cet Indien ce qu’ils pensent de l’Angleterre ? Comme si je ne le savais pas mieux qu’eux, ce qu’ils doivent penser pour les lecteurs de La Vie Française. J’en ai déjà interviewé cinq cents de ces Chinois, Persans, Hindous, Chiliens, Japonais et autres. Ils répondent tous la même chose, d’après moi. Je n’ai qu’à reprendre mon article sur le dernier venu et à le copier mot pour mot. n OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Le champ lexical révèle un souci de vérité présent ........................................................................ Sur une copie Le symbolisme sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 8 RECONNAÎTRE LES DIFFÉRENTS MOUVEMENTS LITTÉRAIRES Observer et retenir Une poésie hermétique Ses purs ongles très-haut dédiant leur onyx, L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore, Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix Que ne recueille pas de cinéraire amphore Syntaxe complexe Lexique rare La puissance évocatrice du langage Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx, Aboli bibelot d’inanité sonore, (Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.) […] Suggérer plutôt que nommer La musicalité Rythme Sonorités Rêve et mysticisme Correspondances entre le monde réel et des mondes mystérieux Stéphane Mallarmé, « Ses purs ongles… », Poésies, 1887. Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe siècle : le symbolisme « Parfum exotique » de Charles Baudelaire Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud [d’automne, Je respire l’odeur de ton sein chaleureux, Je vois se dérouler des rivages heureux Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ; Une île paresseuse où la nature donne Des arbres singuliers et des fruits savoureux ; Des hommes dont le corps est mince et vigoureux, Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne. Guidé par ton odeur vers de charmants climats, Je vois un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qui circule dans l’air et m’enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe siècle : le symbolisme 1 a. Recherchez le sens des mots « chaleureux », « monotone », « singuliers », « charmants », « mariniers ». b. Montrez qu’ils sont employés pour leur sens étymologique. « chaleureux » est employé pour « chaud », « monotone » pour ....................................................................................... « un seul ton », « singuliers » pour « seul ou unique », ....................................................................................... « charmants » pour « ensorcelant ». « la vague marine » induit ....................................................................................... « marins » davantage que « mariniers ». Cet emploi pour « un ....................................................................................... homme de mer » permet le retour à la Seine, aux péniches et ....................................................................................... donc aux « mariniers ». ....................................................................................... c. Soulignez les réseaux sonores en [m] et en [o] qui donnent sa musicalité au sonnet. d. Montrez que le poète établit des correspondances entre les sens de l’odorat et de la vue. « je respire » et « je vois » annoncent deux champs lexicaux qui ....................................................................................... correspondent entre eux pour finir par « se mêl[er] » à l’ouïe ....................................................................................... avec « chant ». ....................................................................................... « Art poétique » de Paul Verlaine De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’Impair, […] Il faut aussi que tu n’ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l’Indécis au Précis se joint. […] Paul Verlaine, Jadis et Naguère, 1884 2 a. Qu’est-ce qu’un art poétique ? Un texte théorique en prose ou en vers dans lequel est ....................................................................................... défendue une certaine conception d’un art. ....................................................................................... b. Quelles sont les deux idées défendues dans ces vers ? Le poète privilégie une poésie musicale. Les vers qui suivent ....................................................................................... conseillent l’approximation lexicale qui conduit à suggérer ....................................................................................... plutôt qu’à nommer. ....................................................................................... c. En quoi Verlaine est-il symboliste ? Verlaine rejoint ici les ambitions implicites perçues dans ....................................................................................... les quatrains de Mallarmé (puissance évocatrice du langage, ....................................................................................... musicalité). ....................................................................................... I. Acquérir une culture littéraire OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe siècle : le symbolisme « Une dentelle s’abolit » de Stéphane Mallarmé 3 Relevez dans ces deux quatrains les champs lexicaux de la lumière, du rideau, de la fenêtre, de la chambre, du vide. Quel conflit suggèrent-ils ? Le terme « lit » induit la chambre et « absence » le vide. Les termes ......................................................................................................... « dentelle », « blanc », guirlande », et « flotte » évoquent un tissu et ......................................................................................................... « n’entrouvrir » et« vitre » mènent à fenêtre. Les substantifs « jeu » et ......................................................................................................... « conflit » font songer à une opposition entre deux opposants qui ont en ......................................................................................................... commun « cet unanime blanc ». « blême » rappelle le matin. La « vitre » est ......................................................................................................... devenue blanche, éclairée par une lumière hésitante – « Dans le doute » – et ......................................................................................................... qui finit par « abolir » la « dentelle » dont la blancheur se confond avec la ......................................................................................................... lumière de l’aube. ......................................................................................................... ......................................................................................................... ......................................................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Une dentelle s’abolit Dans le doute du jeu suprême À n’entrouvrir comme un blasphème Qu’absence éternelle de lit. Cet unanime blanc conflit D’une guirlande avec la même Enfui contre la vitre blême Flotte plus qu’il n’ensevelit. […] Stéphane Mallarmé, Poésies, 1887. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe siècle : le symbolisme […] RIEN « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard » de Stéphane Mallarmé de la mémorable crise où se fût l’événement accompli en vue de tout résultat nul humain N ’ AU R A E U L I E U une élévation ordinaire verse l’absence QU E L E L I E U inférieur clapotis quelconque comme pour disperser l’acte vide abruptement qui sinon par son mensonge eût fondé la perdition dans ces parages […] du vague en quoi toute réalité se dissout Stéphane Mallarmé, « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard », 1897. 4 Mallarmé illustre ici « la crise du vers ». En quoi la versification s’écarte-t-elle des contraintes : mètre, rimes, alignement à gauche, majuscules, strophes ? Les écarts sont la suppression de la majuscule en début de vers, de l’alignement à gauche, ainsi que de l’unité de la strophe. ........................................................................................................................................................................ L’espace du vers lié à son mètre est ou bien ignoré ou démultiplie le nombre des vers. Les blancs typographiques à ........................................................................................................................................................................ l’intérieur du vers lui-même paraissent un outil nouveau qui impose un silence – un rythme – ou suggère une ellipse. ........................................................................................................................................................................ L’apparent désordre mime un vers en crise qui se désarticule jusqu’à disparaître au profit cependant d’un vers nouveau. Les ........................................................................................................................................................................ rimes sont abolies au profit de réseaux sonores. La typographie hésite entre deux polices qui invitent à deux niveaux de ........................................................................................................................................................................ lecture. Le lecteur est ainsi invité à explorer une polysémie enceinte dans l’espace ou l’image que constitue alors ce poème. ........................................................................................................................................................................ Ces vers constituent un exemple de : « la dissolution du vers officiel ». ........................................................................................................................................................................ ........................................................................................................................................................................ ........................................................................................................................................................................ Ve r s l’ le Ép re u e ora v Après avoir noté quelques arguments et souligné dans le poème « Parfum exotique » de Baudelaire des mots ou expressions que vous citerez, démontrez à l’oral que ce poème illustre la poétique symboliste. I. Acquérir une culture littéraire Sur une copie Le surréalisme sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 9 RECONNAÎTRE LES DIFFÉRENTS MOUVEMENTS LITTÉRAIRES Observer et retenir Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud Pour la neige qui fond pour les premières fleurs Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas Je t’aime pour aimer Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas Qui me reflète sinon toi moi-même je me vois si peu Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte Entre autrefois et aujourd’hui Il y a eu toutes ces morts que j’ai franchies sur de la paille Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie Comme on oublie Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne Pour la santé Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas Tu crois être le doute et tu n’es que raison Tu es le grand soleil qui me monte à la tête Quand je suis sûr de moi. Paul Eluard, « Je t’aime », Le Phénix, 1951 © Éditions Seghers. Les jeux d’écriture Jeux sur les mots et leurs sens, les associations inattendues Jeux sur les sonorités Jeux sur les codes du langage Figures d’analogie surprenantes (comparaisons, métaphores) Les thèmes clés Amour fou Célébration de la femme Quotidien Univers L’écriture automatique (spontanée) Absence de liens logiques Absence de ponctuation L’exploration de l’inconscient Lexique du rêve Lexique de l’imaginaire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xxe siècle : le surréalisme Le Paysan de Paris de Louis Aragon Je me suis souvent arrêté au seuil de ces boutiques interdites aux hommes1 et j’ai vu se dérouler les cheveux dans leurs grottes. Serpents, serpents, vous me fascinez toujours. Dans le passage de l’Opéra, je contemplais ainsi un jour les anneaux lents et purs d’un python de blondeur. Et brusquement, pour la première fois de ma vie, j’étais saisi de cette idée que les hommes n’ont trouvé qu’un terme de comparaison à ce qui est blond : comme les blés, et l’on a cru tout dire. Les blés, malheureux, mais n’avez-vous jamais regardé les fougères ? J’ai mordu tout un an des cheveux de fougère. J’ai connu des cheveux de résine, des cheveux de topaze2, des cheveux d’hystérie. Blond comme l’hystérie, blond comme le ciel, blond comme la fatigue, blond comme le baiser. Louis Aragon, Le Paysan de Paris, 1926, © Éditions Gallimard. 1. L’auteur fait allusion aux boutiques de coiffeurs pour dames. 2. topaze : minéral rouge-orangé. 1 a. Soulignez et expliquez les associations de mots qui vous semblent les plus inattendues. Aragon compare les cheveux féminins à des serpents ............................................................................. puis répond au cliché banal du blond « comme les ............................................................................. blés ». Les analogies se créent par similitude de forme, ............................................................................. de couleur ou de texture. Il associe aussi le blond à des ............................................................................. états, des comportements ou des sentiments. ............................................................................. ............................................................................. b. Qu’est-ce qui, selon vous, a pu pousser le poète à qualifier son œuvre de « mythologie moderne » ? Le salon de coiffure subit une métamorphose sous le ............................................................................. regard d’Aragon. L’émergence du merveilleux provient ............................................................................. d’un choc initial. La métaphore filée des cheveux ............................................................................. devenus « serpents » renvoie aux mythes grecs (Méduse, ............................................................................. Erinyes) et suggère le charme des femmes. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La poésie Manifeste du surréalisme d’André Breton 2 a. Repérez les trois étapes qui rendent compte du sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite du xxe siècle : le surréalisme [Tout occupé que j’étais encore de Freud1 à cette époque et familiarisé avec ses méthodes d’examen que j’avais eu quelque peu l’occasion de pratiquer sur des malades pendant la guerre], [je résolus d’obtenir de moi ce qu’on cherche à obtenir d’eux, soit un monologue de débit aussi rapide que possible, sur lequel l’esprit critique du sujet ne fasse porter aucun jugement, qui ne s’embarrasse, par suite, d’aucune réticence, et qui soit aussi exactement que possible la pensée parlée.] […] C’est dans ces dispositions que [Philippe Soupault, à qui j’avais fait part de ces premières conclusions, et moi nous entreprîmes de noircir du papier, avec un louable mépris de ce qui pourrait s’ensuivre littérairement.] André Breton, Manifeste du surréalisme, 1924, © Éditions Pauvert. 1. Sigmund Freud (1856-1939) : fondateur de la psychanalyse. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xxe siècle : le surréalisme travail de l’écrivain surréaliste en les mettant entre crochets, puis résumez-les. La prise en compte des travaux de Freud, la recherche ............................................................................. de l’écriture automatique, l’écriture collective sans ............................................................................. contraintes. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. b. Soulignez les passages qui présentent les caractéristiques de la « pensée parlée » selon André Breton. « Dans bien longtemps » de Robert Desnos Dans bien longtemps je suis passé par le château des feuilles Elles jaunissaient lentement dans la mousse Et loin les coquillages s’accrochaient désespérément aux rochers de la mer Ton souvenir ou plutôt ta tendre présence était à la même place Présence transparente et la mienne Rien n’avait changé mais tout avait vieilli en même temps que mes tempes et mes yeux N’aimez-vous pas ce lieu commun ? laissez-moi laissezmoi c’est si rare cette ironique satisfaction Tout avait vieilli sauf ta présence Dans bien longtemps je suis passé par la marée du jour solitaire Les flots étaient toujours illusoires La carcasse du navire naufragé que tu connais – tu te rappelles cette nuit de tempête et de baisers ? – était-ce un navire naufragé ou un délicat chapeau de femme roulé par le vent dans la pluie du printemps ? – était à la même place Et puis foutaise larirette1 dansons parmi les prunelliers ! Les apéritifs avaient changé de nom et de couleur Les arcs-en-ciel qui servent de cadre aux glaces Dans bien longtemps tu m’as aimé. Robert Desnos, « Dans bien longtemps » recueilli dans « Les Ténèbres », Corps et Biens, 1930 © Éditions Gallimard. 3 a. Soulignez les termes qui évoquent le temps qui passe. b. Comment le poète parvient-il à brouiller les repères temporels ? Les temps verbaux du passé et du présent se confondent ............................................................................. pour suggérer la persistance de l’amour et la résurgence ............................................................................. du souvenir. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. c. Quelles images évoquent l’idée d’un passé lointain ? De nombreuses images évoquent la vieillesse ............................................................................. (la sécheresse) ou la mort. Le château, les flots, l’horizon ............................................................................. connotent l’éloignement spatial et temporel. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. d. Expliquez la comparaison du navire avec le chapeau. L’épave et le chapeau à l’envers présentent une ............................................................................. similitude de forme. Ils renvoient tous deux aux ébats ............................................................................. amoureux du couple. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. 1. larirette : chanson paillarde. V É c e r s l’ ion rit ure d’invent Prolongez de quelques vers ce poème d’Aragon en jouant sur des associations d’images inattendues : Tu m’as trouvé comme un caillou que l’on ramasse sur la plage Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l’usage Comme l’algue sur un sextant1 qu’échoue à terre la marée Comme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu’à entrer […] Louis Aragon, Le Roman inachevé, 1956, © Éditions Gallimard. Sur une copie I. Acquérir une culture littéraire 1. sextant : instrument de mesure de navigation Les indices de l’énonciation sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 10 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Observer et retenir Diderot commente un tableau de Greuze, présenté au grand salon de peinture, dans le château du Louvre en 1761, L’Accordée de village. Enfin je l’ai vu, ce tableau de notre ami Greuze ; mais ce n’a pas été sans peine ; il continue d’attirer la foule. C’est un père qui vient de payer la dot de sa fille. Le sujet est pathétique, et l’on se sent gagner d’une émotion douce en le regardant. La composition m’en a paru très belle : c’est la chose comme elle a dû se passer. Il y a douze figures ; chacune est à sa place, et fait ce qu’elle doit. Comme elles s’enchaînent toutes ! comme elles vont en ondoyant et en pyramidant ! […] C’est certainement ce que Greuze a fait de mieux. Ce morceau lui fera honneur, et comme peintre savant dans son art, et comme homme d’esprit et de goût. Sa composition est pleine d’esprit et de délicatesse. Denis Diderot, Salon de 1761. Les marques de 1re et 2e personnes Renforcent l’implication du locuteur et de son destinataire. pronoms personnels, déterminants possessifs Le lexique évaluatif Met en valeur l’appréciation du locuteur. Lexique péjoratif ou mélioratif Lexique affectif Les modalisateurs Expriment le degré d’adhésion du locuteur à son énoncé. Verbes de parole, de jugement et de sentiment Tournures impersonnelles Adverbes Les marques d’expressivité Mettent en valeur l’opinion du locuteur. Ponctuation, tournures de phrase Figures de style Niveaux de langue Repérer et manipuler 1 Dans chaque phrase, remplacez le mot d’évaluation neutre entre crochets par un synonyme qui apporte une nuance péjorative. (Certains mots peuvent relever d’un niveau de langue familier mais jamais vulgaire.) blondasse 1. Il aperçut dans un coin du salon une [blonde] ................ qui parlait fort pour se faire remarquer. type 2. Il y avait un [homme] .............. étrange qui rôdait dans l’impasse. fabriques -tu ? 3. Que [fais] ................ sornettes ! 4. Ne crois pas ces [histoires] ................ chamailler pour des raisons 5. Cessez de vous [disputer] ................... insignifiantes ! jaunâtres 6. Des rideaux [jaunes] ................... donnaient un air vieillot [vieux] ................... à la chambre. 3 Réécrivez chaque phrase de façon à exprimer le doute, en utilisant ou modifiant l’outil indiqué. 1. Tous les écrivains de cette époque ont vraiment eu à cœur de défendre cet idéal. Outil : phrase interrogative Les écrivains de cette époque ont-ils vraiment tous eu à ............................................................................... cœur de défendre cet idéal ? ............................................................................... 2. Il est facile de lui faire confiance. Outil : adjectif Il est difficile de lui faire confiance. ............................................................................... 3. Le romancier s’est inspiré de ce fait divers pour nourrir son récit. Outil : conditionnel Le romancier se serait inspiré de ce fait divers pour ............................................................................... nourrir son récit. ............................................................................... 4. Il fera beau, évidemment ! Outil : adverbe Il fera peut-être beau ! ............................................................................... 2 Le locuteur adhère-t-il à l’opinion avancée dans 4 Dans les moralités suivantes des Fables de La Fontaine, soulignez les termes qui indiquent l’opinion du fabuliste. 1. « Le monde est vieux, dit-on : je le crois ; cependant Il le faut amuser encor comme un enfant. » 2. « C’est folie De compter sur dix ans de vie. » 3. « Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute. » 4. « Hélas ! On voit que de tout temps Les petits ont pâti des sottises des grands. » 5. « Chacun à son métier doit toujours s’attacher. » 6. « Ne point mentir, être content du sien, C’est le plus sûr […] » ces énoncés ? Oui nOn 1. Il a peut-être raison. 2. Il est clair que la situation ne s’améliorera pas ainsi ! 3. Ces mesures sont vraiment efficaces. 4. Un accord aurait été passé. 5. De toute évidence, il n’aurait pas dû s’y prendre ainsi. 6. Nous serons là à dix-heures. 7. Ils prétendent que c’est la seule réponse à apporter. 8. Vous ? À ce poste ? ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle Andromaque de Jean Racine 5 a. Soulignez le vocabulaire péjoratif qui montre la sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Pyrrhus, fiancé à Hermione, doit épouser Andromaque. Hermione a demandé à Oreste de la venger en tuant Pyrrhus qu’elle aime toujours… Hermione. – Tais-toi, perfide, Et n’impute qu’à toi ton lâche parricide1. Va faire chez tes Grecs admirer ta fureur, Va ; je la désavoue, et tu me fais horreur. Barbare, qu’as-tu fait ? Avec quelle furie As-tu tranché le cours d’une si belle vie ? Avez-vous pu, cruels, l’immoler2 aujourd’hui, Sans que tout votre sang se soulevât pour lui ? Mais parle : de son sort qui t’a rendu l’arbitre ? Pourquoi l’assassiner ? Qu’a-t-il fait ? À quel titre ? Qui te l’a dit ? Jean Racine, Andromaque, Acte V, scène 3, 1667. 1. parricide : meurtre du père. 2. immoler : tuer, sacrifier. « Le Baiser » de Guy de Maupassant Une vieille femme écrit à sa nièce qui l’interroge sur le sentiment amoureux. Oh ! les premiers baisers à travers la voilette !1 N’est-ce point là un vers d’un sentiment exquis, d’une observation délicate et charmante, d’une parfaite vérité ? Toutes celles qui ont couru au rendezvous clandestin, que la passion a jetées dans les bras d’un homme, les connaissent bien ces délicieux premiers baisers à travers la voilette, et frémissent encore à leur souvenir. Guy de Maupassant, « Le Baiser », paru dans Gil Blas, 1882. 1. Vers du poète Coppée, contemporain de Maupassant ; voilette : voile attaché au chapeau des femmes. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme siasme de la vieille tante ? Les points d’exclamation et d’interrogation traduisent son ...................................................................................... emportement. ...................................................................................... b. Par quelles constructions de phrase l’auteur de la lettre cherche-t-il à obtenir l’approbation de sa lectrice ? La deuxième phrase interro-négative invite à acquiescer… ...................................................................................... c. Par quels choix lexicaux et stylistiques l’épistolière cherche-t-elle à agir sur sa nièce ? Le champ lexical du ravissement, de la passion est soutenu par ...................................................................................... l’emploi d’un vocabulaire mélioratif. La personnification de la ...................................................................................... passion et la tournure hyperbolique « toutes celles » assurent ...................................................................................... des bienfaits de la passion amoureuse… ...................................................................................... « Ultima verba » de Victor Hugo Avec le coup d’État du 2 décembre 1851, Bonaparte prend le pouvoir, violant les lois de la République. Hugo, qui le méprise et le hait, s’exile. […] Oh ! tant qu’on le verra trôner, ce gueux, ce prince, Par le pape béni, monarque malandrin1, Dans une main le sceptre et dans l’autre la pince, Charlemagne taillé par Satan dans Mandrin2 ; Tant qu’il se vautrera, broyant dans ses mâchoires Le serment, la vertu, l’honneur religieux ; Ivre, affreux, vomissant sa honte sur nos gloires ; Tant qu’on verra cela sous le soleil des cieux ; […] Je ne fléchirai pas ! Sans plainte dans ma bouche, Calme, le deuil au cœur, dédaignant le troupeau, Je vous embrasserai dans mon exil farouche, Patrie, ô mon autel ! Liberté, mon drapeau ! […] 1. malandrin : brigand. 2. Mandrin : brigand ayant vécu au xviiie siècle. 7 a. Commentez les termes employés par Victor Hugo pour décrire Napoléon III. Le poète emploie un vocabulaire péjoratif (« gueux », « vautrera », ...................................................................................... « ivre », « affreux », « vomissant »…) qui déshumanise Napoléon III. ...................................................................................... Il joue aussi sur les images antithétiques (« ce gueux, ce prince », ...................................................................................... « dans une main le sceptre et dans l’autre la pince », « vomissant sa ...................................................................................... honte sur nos gloires »). ...................................................................................... b. Quels procédés sont mis en œuvre pour traduire l’indignation ? Il utilise des images hyperboliques pour nous donner à voir un ...................................................................................... monstre (« broyant dans ses mâchoires ») ainsi que des effets ...................................................................................... d’accumulation. Il invoque une origine diabolique. ...................................................................................... c. Comment le poète met-il en avant sa détermination ? L’emploi du futur, de la première personne du pluriel, de ...................................................................................... phrases exclamatives, l’invocation à la Liberté, à la Patrie ...................................................................................... devenues allégories soulignent sa détermination. ...................................................................................... Ve r e om s l t ai men Rédigez un paragraphe qui montrera comment Hugo condamne l’empereur dans ce poème. Sur une copie C Victor Hugo, Les Châtiments, 1852. I. Acquérir une culture littéraire 6 a. Quels signes de ponctuation traduisent l’enthou- re OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme désapprobation d’Hermione. b. Quel procédé grammatical récurrent remet en question l’acte de Pyrrhus et le refus d’Hermione d’en assumer la responsabilité ? Les phrases interrogatives montrent qu’Hermione n’assume pas ...................................................................................... la demande faite à Pyrrhus ; elle rejette sur lui la responsabilité. ...................................................................................... Sa colère et sa douleur se révèlent d’autant plus violentes que ...................................................................................... les phrases deviennent de plus en plus courtes (notamment les ...................................................................................... deux derniers vers). ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... Les discours rapportés sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 11 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Observer et retenir Après un long silence, Marowsko demanda si Jean, décidément, était en possession de sa fortune ; puis il fit encore deux ou trois questions vagues sur le même sujet. Son dévouement ombrageux pour Pierre se révoltait de cette préférence. Et Pierre croyait l’entendre penser, devinait, comprenait, lisait dans ses yeux détournés, dans le ton hésitant de sa voix, les phrases qui lui venaient aux lèvres et qu’il ne disait pas, qu’il ne dirait point, lui si prudent, si timide, si cauteleux. Maintenant il ne doutait plus, le vieux pensait : « Vous n’auriez pas dû lui laisser accepter cet héritage qui fera mal parler de votre mère. » Peut-être même croyait-il que Jean était le fils de Maréchal. Certes il le croyait ! Comment ne le croirait-il pas, tant la chose devait paraître vraisemblable, probable, évidente ? Guy de Maupassant, Pierre et Jean, 1888. Discours direct Paroles et pensées rapportées directement Verbe introducteur de paroles Deux points, guillemets, tiret Énonciation de celui qui parle : pronoms des 1re et 2e personnes, temps, indices spatio-temporels Marques de l’oralité Discours indirect Paroles et pensées rapportées indirectement Verbe introducteur de paroles Proposition subordonnée introduite par que, si… Énonciation de celui qui rapporte les paroles : pronoms et indices spatiotemporels modifiés, concordance des temps Discours narrativisé Paroles et pensées résumées Pas de restitution des paroles Discours indirect libre Paroles et pensées rapportées indirectement et librement Absence de verbe introducteur de paroles ou de subordonnant Intégration au récit Énonciation de celui qui parle : pronoms, indices spatio-temporels Marques de l’oralité Repérer et manipuler 1 a. Indiquez pour chaque phrase le type de discours rapporté : discours direct, indirect, narrativisé ou indirect libre. 1. Quand Il y put y avoir un télégramme de Saint-Loup, je n’osai pas demander : « Est-ce qu’il y a un télégramme ? » direct (Proust, Albertine disparue) Discours : ......................... 2. Ils se dressèrent, effarés. La paysanne laissa tomber d’émoi son savon dans son eau et balbutia : – C’est-i-té, m’n éfant ? C’est-i-té, m’n éfant ? direct (Maupassant, Aux Champs) Discours : ........................ 3. Il me répondit honnêtement qu’il ne pouvait m’apprendre qui elle était sans se faire connaître lui-même […]. (Abbé indirect Prévost, Manon Lescaut) Discours : ............................ 4. Elle tenait tout de même à ce que cette visite médicale ne soit pas vaine, qu’elle puisse servir à quelque chose… le prix de la vie augmentait sans cesse… (Céline, Voyage au indirect libre bout de la nuit ) Discours : ........................................ 5. Madame de Clèves […] parla assez longtemps de la perte qu’elle avait faite. (Mme de La Fayette, La Princesse de narrativisé Clèves) Discours : ................................................... b. Transposez au discours indirect la phrase 4. Elle expliquait qu’elle voulait que cette visite médicale ne ............................................................................... fût pas vaine et qu’elle pût servir à quelque chose. Elle ............................................................................... rappela que le prix de la vie augmentait sans cesse. ............................................................................... ............................................................................... 2 Transposez ce dialogue dans un récit au passé. Vous raconterez du point de vue d’un narrateur extérieur que vous choisirez. Exploitez les ressources du roman. Monsieur Jourdain. – À propos. Apprenez-moi comme il faut faire une révérence pour saluer une marquise ; j’en aurai besoin tantôt.[…] Maître à danser. – Si vous voulez la saluer avec beaucoup de respect, il faut faire d’abord une révérence en arrière, puis marcher vers elle avec trois révérences en avant, et à la dernière vous baisser jusqu’à ses genoux. Molière, Le Bourgeois gentilhomme, Acte II, scène 1, 1670. Monsieur Jourdain, fort désireux de faire bon effet à la ............................................................................... marquise, pria le maître à danser – comme si l’idée lui ............................................................................... venait à l’instant – de lui apprendre la révérence si néces............................................................................... saire à son entreprise. Le maître à danser la lui décrivit de ............................................................................... bonne grâce, et même la lui donna à voir, fort content de ............................................................................... ses talents. ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes « Le Loup et l’Agneau » de Jean de La Fontaine 3 a. Encadrez les verbes introducteurs et les marques du sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite de l’argumentation : xviie siècle […] « Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. – Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu’elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ; Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson. – Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l’an passé. – Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? Reprit l’Agneau ; je tette encor ma mère. – Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. – Je n’en ai point. – C’est donc quelqu’un des tiens : Car vous ne m’épargnez guère, Vous, vos Bergers et vos Chiens. On me l’a dit : il faut que je me venge. » Jean de La Fontaine, Fables, I, 10, v. 7-26, 1668. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme L’Assommoir d’Émile Zola Gervaise, héroïne du roman, a invité ses voisins à un véritable festin à l’occasion de sa fête : l’oie rôtie vient d’être servie. – Ma chère, le croupion vous revient de droit, dit madame Lerat, de son air discrètement égrillard. Pourtant, l’oie était découpée. Le sergent de ville, après avoir laissé la société admirer le bonnet d’évêque pendant quelques minutes, venait d’abattre les morceaux et de les ranger autour du plat. On pouvait se servir. Mais les dames, qui dégrafaient leur robe, se plaignaient de la chaleur. Coupeau cria qu’on était chez soi, qu’il emmiellait les voisins et il ouvrit toute grande la porte de la rue, la noce continua au milieu du roulement des fiacres et de la bousculade des passants sur les trottoirs. Alors, les mâchoires reposées, un nouveau trou dans l’estomac, on recommença à dîner, on tomba sur l’oie furieusement. Rien qu’à attendre et à regarder découper la bête, disait ce farceur de Boche, ça lui avait fait descendre la blanquette et l’épinée dans les mollets. Par exemple, il y eut là un fameux coup de fourchette […]. Émile Zola, L’Assommoir, 1877. Ve 4 a. Repérez les différents discours exploités par le narrateur. Discours direct : « – Ma chère […] droit. » .................................................................................... Discours indirect : « qu’on était chez…voisins ». .................................................................................... Discours indirect libre : « on pouvait se servir » ; « Rien qu’à .................................................................................... […] mollets », .................................................................................... Discours narrativisé : « se plaignaient de la chaleur » .................................................................................... b. Montrez que les différents types de discours participent à l’effacement du narrateur. En rapportant les paroles par différents discours le narrateur .................................................................................... s’efface. La parole de Coupeau est restituée sans la .................................................................................... transposition de « emmiellait » par un verbe moins familier .................................................................................... qu’aurait pu imposer le narrateur. Le choix du discours .................................................................................... indirect libre permet d’échapper aux marques des différents .................................................................................... discours qui rappellent la présence du narrateur. Le dernier .................................................................................... paragraphe, commentaire du narrateur extérieur, est .................................................................................... contaminé par la langue de ses personnages. .................................................................................... c. Le commentaire du dernier paragraphe doit-il être attribué à un personnage ou au narrateur ? A priori au narrateur extérieur qui emprunte ici la langue et .................................................................................... le point de vue de ses personnages et s’efface donc comme y .................................................................................... invite l’ambition naturaliste. .................................................................................... .................................................................................... re r e om s l t ai men discours direct. b. Dans quels vers ces verbes et ces marques sont-ils absents ? Les verbes introducteurs sont absents des vers 16 à 19. Seuls .................................................................................... les tirets signalent l’alternance des répliques. .................................................................................... .................................................................................... c. Quel effet leur absence produit-elle ? L’absence des verbes introducteurs (v.16 à 19) accélère le .................................................................................... dialogue et le rythme des répliques : le destin de l’agneau .................................................................................... devient inéluctable. .................................................................................... d. En quoi le discours rapporté du derniers vers tient-il des discours direct et indirect ? Pour quel effet ? « Il faut que je me venge » est au discours direct, mais il est .................................................................................... une transposition de ce qu’« on » a dit au loup : « Il faut que .................................................................................... tu te venges ». Un locuteur imaginaire – « on » – vient alors .................................................................................... au secours d’un loup qui se sait injuste et qui éprouve le .................................................................................... besoin de se justifier. Il se décharge ainsi de la responsabilité .................................................................................... de la mise à mort de l’agneau. .................................................................................... .................................................................................... .................................................................................... .................................................................................... C Dans un paragraphe, vous montrerez comment La Fontaine se sert des règles du discours direct pour souligner la morale de la fable « Le Loup et l’Agneau ». I. Acquérir une culture littéraire Sur une copie Narrateur et focalisations sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 12 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Observer et retenir 1. Le narrateur C’est la voix qui raconte l’histoire. Il faut le distinguer de l’auteur et du personnage. • Statut du narrateur : – extérieur au récit, il peut ou non intervenir ; – intégré au récit, il est « narrateur-personnage ». • Cas particuliers : – le narrateur est le personnage dans un récit fictif à la 1re personne ; – auteur et narrateur ne font qu’un dans l’autobiographie. 2. Focalisations et points de vue Dans les beaux soirs d’été, à l’heure où les rues tièdes sont vides, quand les servantes jouent au volant sur le seuil des portes, il ouvrait sa fenêtre et s’accoudait. La rivière, qui fait de ce quartier de Rouen comme une ignoble petite Venise, coulait en bas, sous lui, jaune, violette ou bleue, entre ses ponts et ses grilles. Des ouvriers, accroupis aux bords, lavaient leurs bras dans l’eau. Sur des perches partant du haut des greniers, des écheveaux de coton séchaient à l’air. En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s’étendait, avec le soleil rouge se couchant. Qu’il devait faire bon làbas ! Quelle fraîcheur sous la hêtraie ! Et il ouvrait les narines pour aspirer les bonnes odeurs de la campagne, qui ne venaient pas jusqu’à lui. Il maigrit, sa taille s’allongea, et sa figure prit une sorte d’expression dolente, qui la rendit presque intéressante. Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857. La focalisation zéro (ou narrateur omniscient) Le narrateur connaît tout des personnages. Emploi de la 3e personne Indices de lieu et de temps Présent de vérité générale associé aux temps du récit La focalisation (ou point de vue) interne Le point de vue est limité à celui du personnage qui nous transmet sa vision des choses. Perception subjective d’un personnage Discours indirect libre La focalisation (ou point de vue) externe La connaissance du narrateur est limitée aux apparences extérieures, à ce que pourrait filmer une caméra. Lexique du corps Emploi de la 3e personne Repérer et manipuler 1 Le narrateur est-il intégré au récit dans ces extraits ? Oui 1. « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » (Camus) nOn ✗ 2. « Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant. » (Butor) ✗ 3. « Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi. » (Calvino) ✗ 4. « Cette femme, puisqu’il ne l’avait pas tuée tout de suite, il ne la tuerait pas maintenant. » (Zola) ✗ 2 Identifiez la focalisation (ou point de vue) utilisée dans les extraits suivants. 1. « Dans un angle est placée une boîte à cases numérotées qui sert à garder les serviettes, ou tachées ou vineuses, de chaque pensionnaire. » (Balzac) zéro Focalisation : ....................................................... 2. « Dans le train vers Saint-Lazare, une vieille femme s’est assise à une place près de l’allée, elle parlait à un jeune garçon – peut-être son fils – resté debout : “ Partir, partir, tu n’es pas bien où tu es ? Pierre qui roule n’amasse pas mousse. ” » (Ernaux) externe Focalisation : ....................................................... 3. « Quelques instants après, Fabrice vit, à vingt pas en avant, une terre labourée qui était remuée de façon singulière. » (Stendhal) interne Focalisation : ....................................................... 4. « Emma se sentit, en entrant, enveloppée par un air chaud, mélange du parfum des fleurs et du beau linge, du fumet des viandes et de l’odeur des truffes. » (Flaubert) interne Focalisation : ....................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau 3 a. Soulignez les indices, dans le texte et le paratexte, vous permettant de dire que l’auteur, le narrateur et le personnage ne sont qu’une seule et même personne. b. Quels sont les temps verbaux dominants : – dans le paragraphe 1 ? Imparfait et passé simple (temps du récit) ........................................................................................... – dans le paragraphe 2 ? Présent de l’indicatif et passé composé (temps du discours) ........................................................................................... c. Qui est le narrateur : Rousseau enfant – dans le paragraphe 1 ? .......................................................... Rousseau adulte – dans le paragraphe 2 ? .......................................................... d. Quels sont les enjeux : – du narrateur 1 ? Il s’agit de raconter et de provoquer le pathétique. ........................................................................................... – du narrateur 2 ? Il s’agit d’argumenter et de clamer son innocence. ........................................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Le jeune Jean-Jacques est accusé à tort d’avoir volé un peigne. On ne put m’arracher l’aveu qu’on exigeait. Repris à plusieurs fois et mis dans l’état le plus affreux, je fus inébranlable. J’aurais souffert la mort, et j’y étais résolu. Il fallut que la force même cédât au diabolique entêtement d’un enfant, car on n’appela pas autrement ma constance. Enfin je sortis de cette cruelle épreuve en pièces, mais triomphant. Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je n’ai pas peur d’être aujourd’hui puni derechef pour le même fait. Eh bien, je déclare à la face du Ciel que j’en étais innocent, que je n’avais ni cassé, ni touché le peigne, que je n’avais pas approché de la plaque, et que je n’y avais pas même songé. Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, 1782. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Bel-Ami de Guy de Maupassant Georges Duroy vient d’épouser Suzanne Walter, la fille de son ancienne maîtresse et de son patron. Ce mariage marque la consécration d’un arriviste. Il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute, les yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la porte. Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs. Il ne voyait personne. Il ne pensait qu’à lui. Lorsqu’il parvint sur le seuil, il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante, venue là pour lui, pour lui Georges Du Roy. Le peuple de Paris le contemplait et l’enviait. Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1885. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviie siècle 4 a. Soulignez les verbes de perception ayant pour sujet Georges Duroy. b. Encadrez la phrase qui annonce le début de la focalisation interne. c. Qu’apprend-on du personnage grâce à la focalisation interne ? Georges Duroy est visiblement plus troublé par son ............................................................................... nouveau statut social que par son mariage. La perception ............................................................................... tactile des « frissons » nous renseigne sur l’entière ............................................................................... satisfaction dont il jouit. ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... « Le Héron – La Fille » de Jean de La Fontaine Certaine Fille un peu trop fière Prétendait trouver un mari Jeune, bien fait et beau, d’agréable manière, Point froid et point jaloux ; notez ces deux points-ci. Cette Fille voulait aussi Qu’il eût du bien, de la naissance, De l’esprit, enfin tout. Mais qui peut tout avoir ? Le destin se montra soigneux de la pourvoir : Il vint des partis d’importance. La belle les trouva trop chétifs de moitié. « Quoi moi ? quoi ces gens-là ? l’on radote, je pense. À moi les proposer ! hélas ils font pitié. Voyez un peu la belle espèce ! » L’un n’avait en l’esprit nulle délicatesse ; L’autre avait le nez fait de cette façon-là ; C’était ceci, c’était cela, C’était tout ; car les précieuses Font dessus tous les dédaigneuses. Jean de La Fontaine, Fables, VII, 4, v. 35-52, 1668. I. Acquérir une culture littéraire 5 a. Soulignez les interventions du fabuliste dans le récit. b. Quels indices vous ont permis de les identifier ? Le lexique péjoratif, les temps du discours, l’adresse aux .................................................................................... lecteurs par le mode impératif, la question rhétorique et les .................................................................................... explications permettent d’identifier les interventions. .................................................................................... .................................................................................... c. Devinez la suite de la fable à partir des indices donnés par la voix du fabuliste. La fille trop arrogante finit par souffrir de solitude et de .................................................................................... vieillesse. « Celle-ci fit un choix qu’on n’aurait jamais cru,/ Se .................................................................................... trouvant à la fin tout aise et tout heureuse/ De rencontrer un .................................................................................... malotru » (La Fontaine). .................................................................................... .................................................................................... .................................................................................... V É c e r s l’ ion rit ure d’invent Réécrivez l’extrait de Bel-Ami de Maupassant du point de vue de Madeleine Forestier, ancienne épouse de Georges Duroy, qui assiste au mariage parmi la foule. Sur une copie Histoire et récit sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 13 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Observer et retenir 1. Histoire et récit Histoire : suite chronologique d’actions ou d’événements. Récit : représentation par la narration des actions ou des événements : la chronologie de l’histoire est modelée par le récit. 2. Ordre du récit et des événements Prolepse Récit d’un événement par anticipation Ex. : le narrateur rapporte des événements qui se déroulent dans l’avenir Analepse Faits rapportés par le narrateur qui sont antérieurs à l’histoire racontée Ex. : – résumé de l’histoire d’un personnage – souvenirs – explications du présent Récit qui suit l’ordre des événements Ex. : récit mythique, ou conte populaire Concordance 3. Rythme du récit Pause Interruption dans le déroulement des événements Ex. : – description – analyse d’une pensée – commentaire Scène Durée du récit = durée des événements Ex. : – moments les plus intenses – dialogues – repas, coucher, lever, agonie Accélération du récit, qui résume les événements Ex. : – narration sans détails – transition entre deux scènes Certains événements sont passés sous silence par le narrateur Ex. : – temps morts, pendant lesquels rien ne se passe – silence délibéré, qui tait une émotion trop forte – omission d’un épisode sans intérêt pour le récit Sommaire Ellipse Repérer et manipuler 1 Remettez les événements dans l’ordre chronologique. 1. Berthe en reparla plusieurs fois 2. puis, à la longue, elle n’y pensa plus 3. On lui répondit qu’elle était absente, 4. Elle demanda sa maman. 5. qu’elle lui rapporterait des joujoux. 6. Charles, le lendemain, fit revenir la petite. 6, 4, 3, 5, 1, 2. Ordre chronologique : ............................................... 2 Les extraits suivants constituent-ils des prolepses ou des analepses ? 1. « Ce serviteur, dont le nom reviendra plus tard dans ce Prolepse récit, s’appelait André. » (Fromentin) ...................... 2. « Leurs regards s’unissaient dans une même angoisse, comme leurs cœurs s’unissaient jadis dans un même Analepse amour. » (Balzac) ................................................ 3. « Il revoyait la cellule étroite où il avait passé ses deux Analepse années de philosophie. » (Zola) .............................. 4. « Elle avait épousé un beau garçon sans fortune, mort au commencement de 1809, en lui laissant deux enfants. » Analepse (Flaubert) ......................................................... 5. « Cette lutte si mesquine en apparence influa beaucoup sur l’avenir de cette famille, quand, plus tard, elle eut Prolepse besoin de secours. » (Balzac) ................................ 3 Déterminez si ces passages constituent une pause, une scène, un sommaire ou une ellipse. 1. « Son bonheur dura quinze années, sans le plus léger Sommaire nuage. » (Balzac) ................................................ 2. « Pendant ces deux années, la ville fut si souvent sur le Sommaire point d’être prise. » (Balzac) ................................. 3. « Les verres de Bohême diversement colorés faisaient au milieu des fleurs et des fruits comme une illumination Pause dans un jardin. » (Flaubert) .................................. 4. « Je faillis être fusillé. Le printemps revint. L’armée d’ocEllipse cupation s’éloigna. » (Maupassant) ........................ 5. « La barque arrive, abaisse ses voiles, touche au môle, Scène présente le flanc. » (Chateaubriand) ....................... 6. « Il fallut un quart d’heure de calculs laborieux, avant de tout régler à la satisf action de chacun. » (Zola) Sommaire .......................................................................... 7. « L’habitant de la cabane, et celui des palais, tout souffre, Pause tout gémit ici-bas. » (Chateaubriand) ..................... 8. « – une déclaration… à moi ! – Mais oui, en quatre mots : Scène je vous trouve charmante. » (Maupassant) ................. 9. « Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent derrière elle. » (Flaubert) Pause ....................................................................... 10. « Des années passèrent ; l’enfant gagnait six ans. » Ellipse (Maupassant) .................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Madame Bovary de Gustave Flaubert 4 a. Soulignez les verbes qui ont Charles pour sujet : qu’expriment-ils ? Il s’agit de verbes de sensation ou de pensée : Charles .................................................................................. contemple le présent, et son imagination s’élance vers l’avenir. .................................................................................. b. Encadrez les verbes au conditionnel. Selon quel ordre la pensée de Charles présente-t-elle les événements ? Les verbes au conditionnel expriment la postériorité par .................................................................................. rapport au présent de la perception : cette prolepse sert .................................................................................. l’analyse de la pensée de Charles, qui imagine un avenir .................................................................................. heureux et un peu mièvre. Il conçoit ici une sorte de roman .................................................................................. de sa propre famille. .................................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Charles observe sa femme et sa fille dans leur sommeil. Charles les regardait. Il croyait entendre l’haleine légère de son enfant. Elle allait grandir maintenant ; chaque saison, vite, amènerait un progrès ; il la voyait déjà revenant de l’école à la tombée du jour, toute rieuse, avec sa brassière1 tachée d’encre, et portant au bras son panier ; puis il faudrait la mettre en pension, cela coûterait beaucoup ; comment faire ? Alors il réfléchissait. Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857. 1. brassière : petite chemise d’enfant. Le roman Adolphe de Benjamin Constant Adolphe, un jeune homme, s’est épris d’une femme d’âge mûr. Le jour parut ; je courus chez Ellénore. Elle était couchée, ayant passé la nuit à pleurer ; ses yeux étaient encore humides, et ses cheveux étaient épars ; elle me vit entrer avec surprise. « Viens, lui dis-je, partons. » Elle voulut répondre. « Partons, repris-je. As-tu sur la terre un autre protecteur, un autre ami que moi ? mes bras ne sont-ils pas ton unique asile ? » Elle résistait. « J’ai des raisons importantes, ajoutaije, et qui me sont personnelles. Au nom du ciel, suis-moi. » Je l’entraînai. Pendant la route, je l’accablais de caresses […]. Benjamin Constant, Adolphe, 1816. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme 5 a. Relevez une ellipse dans ce passage : quel moment efface- t-elle ? La phrase « Le jour parut » constitue une ellipse : le lecteur ne sait ........................................................................................... rien de la nuit passée par les personnages, qui ont été séparés. Le ........................................................................................... tableau matinal révèle les événements de la nuit. ........................................................................................... b. Relevez une pause, une scène et un sommaire : quels éléments de l’histoire présentent-ils ? La course du personnage-narrateur chez Ellénore constitue un ........................................................................................... sommaire. De brèves pauses descriptives ralentissent l’action. ........................................................................................... Un dialogue imite ensuite la durée réelle des événements. ........................................................................................... Les nombreux gestes tendres d’Adolphe sont ensuite décrits. ........................................................................................... c. Quel état d’esprit la diversité des rythmes révèle-t-elle chez les personnages ? Après la séparation de la nuit, Adolphe apparaît impatient et ........................................................................................... fougueux ; Ellénore reste indécise. ........................................................................................... Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac Honoré de Balzac, Eugénie Grandet, 1834. 6 a. Observez les temps : quels rythmes apparaissent ici ? À quelles intentions du narrateur ce choix répond-il ? Une pause trace le portrait de Charles et livre les .................................................................................. informations utiles à l’intelligence du récit. Le présent .................................................................................. énonce une vérité générale sur les mœurs humaines. .................................................................................. b. Étudiez l’ordre dans lequel sont présentés les événements : à quelles périodes de la vie du personnage la narration s’intéresse-t-elle ? Les plus-que-parfait évoquent l’enfance et l’adolescence de .................................................................................. Charles ; l’auxiliaire modal « devoir » annonce un avenir .................................................................................. déjà « en germe » dans le présent. .................................................................................. c. Quelle image du personnage l’ordre du récit forme-t-il ? Autour du présent où rayonnent jeunesse et « fraîcheur » .................................................................................. circulent le souvenir d’une enfance prometteuse, mais .................................................................................. gâtée par des soins excessifs, et la vision prophétique d’un .................................................................................. avenir sans poésie. .................................................................................. Ve r e om s l t ai men Rédigez un paragraphe qui montrera que l’ordre et le rythme du récit permettent l’analyse du personnage dans l’extrait d’Eugénie Grandet de Balzac. C Charles, un jeune Parisien élégant vient d’arriver à Saumur. Le grain d’or que sa mère lui avait jeté au cœur s’était étendu dans la filière parisienne, il l’avait employé en superficie et devait l’user par le frottement. Mais Charles n’avait encore que vingt et un ans. À cet âge, la fraîcheur de la vie semble inséparable de la candeur de l’âme. La voix, le regard, la figure paraissent en harmonie avec les sentiments. Aussi le juge le plus dur, l’avoué le plus incrédule, l’usurier le moins facile hésitent-ils toujours à croire à la vieillesse du cœur, à la corruption des calculs, quand les yeux nagent encore dans un fluide pur, et qu’il n’y a point de rides sur le front. Charles n’avait jamais eu l’occasion d’appliquer les maximes de la morale parisienne, et jusqu’à ce jour il était beau d’inexpérience. Mais, à son insu, l’égoïsme lui avait été inoculé. Les germes de l’économie politique à l’usage du Parisien, latents en son cœur, ne devaient pas tarder à y fleurir, aussitôt que de spectateur oisif il deviendrait acteur dans le drame de la vie réelle. re VERS LA 1re • Sur une copie I. Acquérir une culture littéraire La description sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 14 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Observer et retenir Éclairer le sens de l’histoire Comparaisons Personnifications (le lieu laisse présager la déchéance du personnage du Père Goriot) Figures de style (énumérations…) Traduire une vision particulière du monde Lexique valorisant/ dévalorisant (le locuteur manifeste son jugement) Modalisateurs et marques de subjectivité (éloge ou blâme) La salle à manger de la pension Vauquer, cadre de l’histoire, est ainsi décrite. Dans un angle est placée une boite à cases numérotées qui sert à garder les serviettes, ou tachées ou vineuses de chaque pensionnaire. […] Vous y verriez un baromètre à capucin qui sort quand il pleut, des gravures exécrables qui ôtent l’appétit, toutes encadrées en bois noir verni à filets dorés ; […] une longue table couverte en toile cirée assez grasse pour qu’un facétieux externe y écrive son nom en se servant de son doigt comme de style1, des chaises estropiées, de petits paillassons piteux en sparterie2 qui se déroule toujours sans se perdre jamais, puis des chaufferettes misérables à trous cassés, à charnières défaites, dont le bois se carbonise. Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835. 1. style : instrument servant à écrire. 2. sparterie : tissu végétal tressé. Créer l’illusion de la réalité Repères spatiaux Adjectifs qualificatifs (forme, taille, couleur…) Lexique précis (éléments organisés les uns par rapport aux autres pour former un ensemble cohérent, qui donne un « effet de réel ») S’inscrire dans un mouvement Intervention du narrateur Appels à l’expérience du lecteur Les écrivains réalistes essaient de gommer le côté artificiel de la description. Repérer et manipuler 1 Les listes de mots suivantes sont tirées des romans d’Émile Zola et renvoient à chaque fois à même univers. Précisez lequel, en vous aidant d’un dictionnaire. 1. Marquise – machine-tender – machine d’express – coups chemins de fer de sifflet – purgeur – vapeur – roues : ....................... 2. Mérinos – molleton – coupon – bonneterie – capeline – confection tartanelle – volants – confections : ........................... 3. Fosse – puits – machine d’extraction – cheminée – mine pompe d’échappement – hauts fourneaux : ................... 4. Amidon – fer – poêle de fonte – eau – linge – fils – poloblanchisserie nais – coq – carreau : ............................................. 5. Godet – compas – moulage – té – équerre – châssis – dessin, architecture lavis : ................................................................... 2 Dressez la liste des adjectifs et participes qui pourraient servir à décrire chaque terme. azuré – menaçant – vaste – bleu – étoilé – 1. Le ciel : ................................................................ nuageux – pur ............................................................................... jaunis – tapissés – lambrissés – fissurés – 2. Les murs : ............................................................. épais – vieux ............................................................................... petite – ronde – charnue – luisante – 3. La bouche : ........................................................... sensuelle – dédaigneuse ............................................................................... long – souple – rigide – noir – bigarré 4. Le pinceau : ........................................................... ronde – rosée – douce – veloutée – 5. La pêche : ............................................................. comestible – juteuse ............................................................................... 3 Rendez chaque description dynamique en proposant des verbes de mouvement. surplombait la ville. Ex. : Le clocher [était au-dessus de] .……………...... se couvraient de 1. Les montagnes [avaient des] .……………............. fleurs. flottaient 2. Ses cheveux blonds [étaient détachés] ....................... . débouchait dans 3. Le chemin en pente [menait à] ............................ une impasse. s’étendait 4. La plage de sable fin [était large] ............................. . 4 Soulignez, dans les passages descriptifs suivants, toutes les marques de subjectivité du narrateur. Là se découvre une vallée qui commence à Montbazon, finit à la Loire […] ; une magnifique coupe d’émeraude au fond de laquelle l’Indre se roule par des mouvements de serpent. Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, 1835. Diphile commence par un oiseau et finit par mille : sa maison n’en est pas égayée, mais empestée. La cour, la salle, l’escalier, le vestibule, les chambres, le cabinet, tout est volière ; ce n’est plus un ramage, c’est un vacarme : les vents d’automne et les eaux dans leurs plus grandes crues ne font pas un bruit si perçant et si aigu. Jean de La Bruyère, Les Caractères, 1688. I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle Le Misanthrope de Molière 5 a. Soulignez la caractéristique essentielle de chacune des femmes désignées. Quels traits communs (lexicaux, stylistiques…) constatez-vous ? Les adjectifs, substantivés, renvoient à des ...................................................................... caractéristiques physiques, considérées comme des ...................................................................... défauts accentués par des hyperboles. ...................................................................... ...................................................................... b. Relevez les images (métaphores et comparaisons). Qu’apportent-elles aux descriptions ? Les expressions : « aux jasmins en blancheur ...................................................................... comparable », « déesse » et « abrégé des merveilles ...................................................................... des cieux » correspondent à des images, employées ...................................................................... pour rendre compte du regard émerveillé de ...................................................................... l’homme en face de la femme aimée. ...................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Éliante montre le pouvoir de l’amour : on porte sur la femme aimée un regard différent. Éliante. – […] La pâle est aux jasmins en blancheur comparable ; La noire1 à faire peur, une brune adorable ; La maigre a de la taille et de la liberté ; La grasse est dans son port2 pleine de majesté ; La malpropre sur soi3, de peu d’attraits chargée, Est mise sous le nom de beauté négligée ; La géante paraît une déesse aux yeux ; La naine, un abrégé des merveilles des cieux ; Molière, Le Misanthrope, Acte II, scène 4, 1666. 1. La blancheur du teint était recherchée par les femmes du xviie siècle. 2. port : maintien, position du corps. 3. malpropre sur soi : mal vêtue Langue et culture de l’Antiquité De la nature de Lucrèce Lucrèce, épicurien, détermine ici ce qui rend heureux. La nature ne réclame rien de plus agréable : […] si notre maison n’est pas toute brillante d’argent, toute éclatante d’or ; si les cithares1 n’en font pas résonner les vastes salles lambrissées2 et dorées : il nous suffit du moins, étendus entre amis sur un tendre gazon, le long d’une eau courante, sous les branches d’un grand arbre, de pouvoir à peu de frais apaiser agréablement notre faim ; surtout quand le temps sourit, et que la saison parsème de fleurs les herbes verdoyantes. Lucrèce, De la nature, II, vers 23-34, trad. d’A. Ernout, © Les Belles Lettres, 1966. 1. cithares : Instruments à cordes employés dans les banquets. 2. lambrissées : dont les murs sont couverts de panneaux OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme 6 a. Quelles sont les caractéristiques de la maison décrite ? La maison évoquée par Lucrèce est remarquable par sa richesse, ....................................................................................... avec les matières évoquées : l’« argent », l’« or » et les « salles ....................................................................................... dorées ». Elle éblouit par son éclat (« brillante », « éclatante »). ....................................................................................... b. En quoi le paysage décrit par la suite s’oppose-t-il à ce lieu ? Le cadre naturel fait l’objet d’une description. La simplicité du ....................................................................................... lieu, avec son « eau courante », son « grand arbre » est ....................................................................................... favorable aux discussions. Il ne sert pas aux banquets. S’il y a ....................................................................................... profusion, c’est d’éléments naturels comme les fleurs. ....................................................................................... c. Quel rôle jouent ces descriptions dans l’argumentation de Lucrèce ? Pour être heureux, il faut se contenter de plaisirs naturels. Les ....................................................................................... descriptions permettent de rendre évidente l’opposition entre ....................................................................................... le luxe, superflu, et la nature. ....................................................................................... Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert L’aspect aimable de Bouvard charma de suite Pécuchet. Ses yeux bleuâtres, toujours entreclos, souriaient dans son visage coloré. Un pantalon à grand-pont, qui godait1 par le bas sur des souliers de castor, moulait son ventre, faisait bouffer sa chemise à la ceinture ; – et ses cheveux blonds, frisés d’eux-mêmes en boucles légères, lui donnaient quelque chose d’enfantin. Il poussait du bout des lèvres une espèce de sifflement continu. L’air sérieux de Pécuchet frappa Bouvard. On aurait dit qu’il portait une perruque, tant les mèches garnissant son crâne élevé étaient plates et noires. Sa figure semblait tout en profil, à cause du nez qui descendait très bas. Ses jambes prises dans des tuyaux de lasting2 manquaient de proportion avec la longueur du buste ; et il avait une voix forte, caverneuse. Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, 1880. 1. goder : faire un pli rond. 2. lasting : étoffe de laine. Ve re r e om s l t ai men C Rédigez un paragraphe qui montrera comment les portraits des personnages visent à créer un effet de réel dans l’extrait de Bouvard et Pécuchet de Flaubert. Sur une copie I. Acquérir une culture littéraire 7 a. Pour chacun des personnages, soulignez les éléments décrits et leurs caractéristiques. b. Encadrez les phrases qui introduisent les deux portraits. Pourquoi orientent-elles les descriptions qui suivent ? Chaque portrait est justifié par le regard que porte ...................................................................... un personnage sur l’autre : Bouvard est vu comme ...................................................................... « aimable » par Pécuchet, tandis que Pécuchet est ...................................................................... jugé « sérieux » par Bouvard. La description qui suit ...................................................................... explique le jugement porté sur chacun d’eux. ...................................................................... c. Comment Flaubert montre-t-il la complémentarité de ces personnages ? Les portraits sont construits en contrepoint, comme ...................................................................... le souligne la structure parallèle des deux phrases ...................................................................... introductives. Les adjectifs qui ouvrent les ...................................................................... description s’opposent. Les personnages ont une ...................................................................... apparence différente : Bouvard est tout en ...................................................................... rondeur, tandis que Pécuchet est longiligne. Leurs ...................................................................... voix sont aussi opposées. ...................................................................... ...................................................................... 15 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Les types de raisonnements sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Observer et retenir 1. Le raisonnement déductif Il part d’une loi générale pour en déduire un cas particulier. Ex. : « Je suis cent fois plus à plaindre que vous), disait l’Ingénu ; je suis né libre comme l’air ; j’avais deux vies, la liberté et l’objet de mon amour : on me les ôte. » Affirmation de l’opinion ou de la thèse Faits qui se déduisent de la thèse et démontrent sa pertinence Voltaire, L’Ingénu, 1767. 2. Le raisonnement inductif Il part d’un cas particulier pour en déduire une loi générale. Ex. : Ils savent en hiver élever leurs maisons, Passent les étangs sur des ponts, Fruit de leur art, savant ouvrage ; […] Que ces Castors ne soient qu’un corps vide d’esprit, Jamais on ne pourra m’obliger à le croire. Faits qui mènent à affirmer la pertinence de la thèse Thèse induite par les faits, l’expérience La Fontaine, Fables, « Discours à Mme de La Sablière », X, 1678-1679. 3. Le raisonnement analogique Son principe est le rapprochement entre deux choses. Thèse à réfuter Analogie qui doit convaincre le destinataire Conclusion Ex. : « Ce pays est à toi ! Et pourquoi ? Parce que tu y as mis le pied ?) Si un Tahitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu’il gravât sur une de vos pierres […] : Ce pays est aux habitants de Tahiti, Qu’en penserais-tu ? » Diderot, Supplément au voyage de Bougainville, 1796. 4. Le raisonnement concessif Il prend en considération l’argument opposé à sa thèse pour mieux la renforcer. Ex. : Balzac est encore pour nous, je le répète, une puissance avec laquelle on ne discute pas. […] Mais, sans le diminuer, je puis dire ce que Gustave Flaubert a fait du roman après lui : il […] l’a changé en une œuvre d’art harmonique, impersonnelle, vivant de sa beauté propre. Concession accordée à la valeur de Balzac Thèse de Zola qui affirme la valeur supérieure de Flaubert Zola, Les Romanciers naturalistes, 1881. Repérer et manipuler 1 Identifiez les types de raisonnement. 1. « Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant Il le faut amuser encore comme un enfant. » (La Fontaine) concessif Raisonnement : ..................................................... 2. Un ignorant et un savant perdent leur maison détruite 3 Transformez le raisonnement inductif suivant en un raisonnement déductif. « Pour moi, […] toutes les belles ont droit de nous charmer. L’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont sur nos cœurs. La constance n’est donc bonne que pour les ridicules. » (d’après Molière) par la guerre. « L’un et l’autre quitta sa ville. L’ignorant resta sans asile ; Il reçut partout des mépris : L’autre reçut partout quelque faveur nouvelle : Cela décida leur querelle. Laissez dire les sots ; le savoir a son prix. » (La Fontaine) inductif Raisonnement : ..................................................... « Non, non, la constance n’est bonne que pour les ............................................................................... ridicules ; toutes les belles ont le droit de nous charmer, ............................................................................... et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point ............................................................................... dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont sur ............................................................................... nos cœurs. […] » (Molière, Dom Juan, 1665) ............................................................................... 2 Trouvez une analogie pour démontrer la perti- 4 Introduisez une concession dans ces différents rai- nence des affirmations. 1. Le théâtre est fait pour être joué. Analogie avec l’audition d’un concerto et la lecture d’une ............................................................................... partition. ............................................................................... 2. Le maître doit identifier les qualités de son élève. Analogie avec le choix d’un sport adapté à un potentiel. ............................................................................... ............................................................................... sonnements. 1. La fable contient des vérités qui servent de leçons. La fable est sans doute mensongère mais elle contient des ............................................................................... vérités qui servent de leçons. ............................................................................... 2. Un cadavre exquis, fruit du hasard, ne « veut » rien dire. Un cadavre exquis n’a certes pas l’intention d’exprimer ............................................................................... une idée ; il arrive toutefois qu’il fasse sens. ............................................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviie siècle Les Caractères de Jean de La Bruyère 5 a. Identifiez le type de raisonnement choisi par l’auteur. Le raisonnement est analogique : le troupeau et son ............................................................................. berger sont l’« image naïve des peuples et du prince qui ............................................................................. les gouverne». ............................................................................. b. Reformulez la thèse défendue par l’auteur. Le faste et le luxe d’un souverain sont inutiles aux ............................................................................. peuples et à leur bon gouvernement. ............................................................................. c. Par quels procédés l’auteur amène-t-il le lecteur à adhérer à sa thèse ? Le comparant est particulièrement développé, explicité ............................................................................. et valorisé dans ce raisonnement. Tous les domaines ............................................................................. sont explorés permettant ainsi d’établir des ............................................................................. correspondances avec le comparé à venir. ............................................................................. L’auteur implique par un « vous » et des questions ............................................................................. rhétoriques le destinataire invité ainsi à établir le ............................................................................. rapprochement entre comparant et comparé. ............................................................................. L’analogie est reprise dans les dernières lignes de la ............................................................................. démonstration par une métaphore montrant le ............................................................................. caractère incongru du comparant devenu berger de ............................................................................. pastorale, ce qui suggère et démontre implicitement et ............................................................................. davantage la pertinence de la thèse. La question ............................................................................. rhétorique finale contient une évidence que le ............................................................................. destinataire rapportera au comparé. ............................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau, qui répandu sur une colline vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet1, qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger, soigneux et attentif, est debout auprès de ses brebis. Il ne les perd pas de vue, il les suit, il les conduit, il les change de pâturage ; si elles se dispersent, il les rassemble ; si un loup avide paraît, il lâche son chien, qui le met en fuite ; il les nourrit, il les défend ; l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil : quels soins ! quelle vigilance ! quelle servitude ! Quelle condition vous paraît la plus délicieuse et la plus libre, ou du berger ou des brebis ? le troupeau est-il fait pour le berger, ou le berger pour le troupeau ? Image naïve des peuples et du prince qui les gouverne, s’il est bon prince. Le faste et le luxe dans un souverain, c’est le berger habillé d’or et de pierreries, la houlette2 d’or en ses mains ; son chien a un collier d’or, il est attaché avec une laisse d’or et de soie. Que sert tant d’or à son troupeau ou contre les loups ? Jean de La Bruyère, Les Caractères, 1688. 1. serpolet : variété de thym. 2. houlette : bâton de berger. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Candide de Voltaire Candide, le héros du conte, Pangloss un philosophe représentant de l’Optimisme et Martin, un philosophe pessimiste, philosophent sur les conditions d’une vie heureuse. Les grandeurs, dit Pangloss, sont fort dangereuses, selon le rapport de tous les philosophes ; car enfin Églon, roi des Moabites, fut assassiné par Aod ; Absalon fut pendu par les cheveux et percé de trois dards ; le roi Nadab, fils de Jéroboam, fut tué par Baasa ; le roi Éla, par Zambri ; Ochosias, par Jéhu ; Athalie, par Joïada ; les rois Joachim, Jéchonias, Sédécias, furent esclaves. Vous savez comment périrent Crésus, Astyage, Darius, Denys de Syracuse, Pyrrhus, Persée, Annibal, Jugurtha, Arioviste, César, Pompée, Néron, Othon, Vitellius, Domitien, Richard II d’Angleterre, Édouard II, Henri VI, Richard III, Marie Stuart, Charles Ier, les trois Henri de France, l’empereur Henri IV? Vous savez… – Je sais aussi, dit Candide, qu’il faut cultiver notre jardin. – Vous avez raison, dit Pangloss ; car, quand l’homme fut mis dans le jardin d’Éden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu’il travaillât ; ce qui prouve que l’homme n’est pas né pour le repos. – Travaillons sans raisonner, dit Martin, c’est le seul moyen de rendre la vie supportable. Voltaire, Candide, 1759. V É c e r s l’ ion rit ure d’invent 6 a. Quels raisonnements les différents locuteurs exploitent-ils ? Pangloss recourt au raisonnement déductif à deux ............................................................................. reprises. Candide se refuse à démontrer la pertinence de ............................................................................. sa thèse et c’est Martin qui la soutient lui aussi par un ............................................................................. raisonnement déductif mais autoritairement démontré. ............................................................................. b. En quoi cet extrait suggère-t-il une critique du pouvoir des raisonnements ? Dans le premier raisonnement, Pangloss énonce une ............................................................................. vérité générale soutenue par l’autorité des philosophes ............................................................................. et par une multitude d’exemples tirés de la Bible, de ............................................................................. l’Antiquité ou de l’histoire plus récente de l’Angleterre ............................................................................. et de la France confirmant la pertinence de sa thèse. On ............................................................................. remarque que Candide et Martin restent sourds au ............................................................................. raisonnement de Pangloss. Le narrateur surtout invite à ............................................................................. se moquer du raisonnement tant il est caricatural de ............................................................................. Pangloss lui-même (tout en langue, selon l’étymologie) ............................................................................. et du type de raisonnement qui peut mener à multiplier ............................................................................. les faits particuliers qui restent à vérifier, ainsi que de la ............................................................................. rhétorique biblique. Le second raisonnement, outre ............................................................................. qu’il est pédant, repose sur une affirmation qui trahit le ............................................................................. texte biblique et s’invalide ainsi de lui-même. ............................................................................. Imaginez une réponse argumentée adressée à Dom Juan ( voir exercice 3 ) dans laquelle vous ferez l’éloge de la fidélité en exploitant un raisonnement concessif. I. Acquérir une culture littéraire Sur une copie RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES 16 sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Les types d’arguments Observer et retenir Un argument est une « affirmation utilisée pour expliquer, ou pour justifier une autre affirmation ». (Gradus, Les Procédés littéraires) 1. Arguments logiques : visent l’intelligence Moyens Visée Le discours prétend démontrer (logos). L’orateur fait apparaître le vrai ou le vraisemblable. Quelques procédés Exemples • Argument de transitivité : a = b ; b = c ; c = d ; donc a = d Les Athéniens dirigent les Grecs. Je dirige les Athéniens. Ma mère me dirige. Mon fils dirige ma mère. Donc mon fils dirige les Grecs. (d’après Plutarque) • Argument fondé sur l’expérience : évoque ce qui est constaté habituellement Les écrivains qui obtiennent le prix Goncourt vendent toujours un grand nombre de romans. • Tautologie : Ce médicament fait dormir, parce qu’il y en en lui un répétition stérile d’une idée sous une autre forme pouvoir soporifique dont l’effet est d’assoupir les sens. (d’après Molière) • Syllogisme : argument en trois étapes : 1. un énoncé universellement vrai (prémisse) 2. un énoncé particulier prolongeant 1 (prémisse) 3. une conclusion particulière tirée de 1 et 2 1. Thésée fut un homme remarquable ; 2. or il a admiré Hélène ; 3. donc Hélène est une femme remarquable (d’après Isocrate) 2. Arguments affectifs : visent les émotions Moyens Visée Quelques procédés Exemples Image que l’orateur donne de lui-même : caractère, personnalité (èthos). L’orateur inspire la • Argument d’autorité : confiance en lui ou s’appuie sur l’opinion d’une la méfiance envers personnalité reconnue de tous son adversaire. • Argument ad hominem : montre les contradictions entre la thèse de l’adversaire et ses paroles ou ses actions « l’utilité d’un pareil droit a été reconnue par JeanJacques Rousseau, l’oracle de tous les partisans de la démocratie » (Mounier) Dispositions dans lesquelles est mis l’auditeur (pathos). L’orateur fait naître • Images, hyperboles, affirmation des émotions chez déguisée (question rhétorique), ponctuation expressive, interjections l’auditeur (pitié, crainte, etc.) « Ah oui ! Je deviendrais l’homme le plus malheureux du monde si j’étais exilé injustement, moi qui suis seul et qui n’ai pas d’enfant… » (Lysias) « Roscius a volé Fannus ? Qu’est-ce à dire ? l’homme honnête a volé le malhonnête, l’homme de bien a volé le brigand, l’ingénu a volé le renard, le généreux a volé le rapace. C’est inimaginable. » (Cicéron) Repérer et manipuler 1 Distinguez argument d’autorité et argument ad hominem. 1. Force et faiblesse se mêlent dans l’homme. Pascal, au XViie siècle, le sentait avec netteté. Argument d’autorité .......................................................................... 2. Comment peux-tu te présenter en rempart de la nation menacée, toi qui as fui au premier bruit du danger ? Argument ad hominem .......................................................................... 3. L’accusé vit dans un luxueux hôtel particulier et prétend être misérable ! Argument ad hominem .......................................................................... 4. Le vote est l’action la plus efficace du peuple : Cicéron voulait que les généraux se soumettent au pouvoir des hommes élus. Argument d’autorité .......................................................................... 2 Distinguez les différents types d’arguments. 1. « Tout arbre est vivant, tout chêne est arbre, donc tout chêne est vivant. » (Barry) Syllogisme .......................................................................... 2. « Tu n’es pas une pierre, puisque tu es un être animé » (Lucien) Tautologie .......................................................................... 3. Un exercice difficile est intéressant. Un exercice intéressant est instructif. Un exercice instructif est utile. Donc un exercice difficile est utile. Argument de transitivité .......................................................................... 4. Cet orateur nous a trompés en tenant des propos contraires à la vérité. Tautologie .......................................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Les Caractères de Jean de La Bruyère 3 a. Quel type d’argument est employé dans ce texte ? sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite [L’amour naît brusquement, sans autre réflexion, par tempérament ou par faiblesse : un trait de beauté nous fixe, nous détermine.][L’amitié au contraire se forme peu à peu, avec le temps, par la pratique, par un long commerce.][Combien d’esprit, de bonté de cœur, d’attachement, de services et de complaisance dans les amis, pour faire en plusieurs années bien moins que ne fait quelquefois en un moment un beau visage ou une belle main !] Jean de La Bruyère, Les Caractères, 1688. traduisent une relation logique (= en effet) ; la locution préposi..................................................................................... tionnelle « au contraire » oppose « amour » et « amitié ». ..................................................................................... b. Repérez par des crochets les étapes de l’argumentation de La Bruyère : quel procédé logique emploie-t-il ? Les deux premières phrases énoncent des affirmations ..................................................................................... générales (prémisses) ; la troisième énonce une vérité ..................................................................................... nouvelle, qui découle des deux premières : syllogisme. ..................................................................................... Première Catilinaire de Cicéron Catilina, un noble romain, prépare un coup d’État ; le consul, Cicéron, le démasque devant le sénat. Jusques à quand, enfin, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? Combien de temps encore ta fureur esquiverat-elle nos coups ? Jusqu’où s’emportera ton audace sans frein ? Rien, ni les troupes qui, la nuit, occupent le Palatin1, ni les rondes à travers la ville, ni l’anxiété du peuple, ni ce rassemblement de tous les bons citoyens, ni le choix de ce lieu2, le plus sûr de tous, pour la convocation du Sénat, ni l’air ni l’expression de tous ceux qui sont ici, non, rien n’a pu te déconcerter ? Tes projets sont percés à jour ; ne le sens-tu pas ? Ta conspiration, connue de tous, est déjà maîtrisée ; ne le vois-tu pas ? Ce que tu as fait la nuit dernière, et aussi la nuit précédente, où tu as été, qui tu as convoqué, ce que tu as résolu, crois-tu qu’un seul d’entre nous l’ignore ? Ô temps ! ô mœurs ! Marcus Tullius Cicéron, Première Catilinaire (8 novembre 63), trad. d’Éd. Bailly, 1926, © Les Belles Lettres. 1. Palatin : une des collines de Rome. 2. ce lieu : un temple bien gardé. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalime minants qui désignent Catilina ; encadrez ceux qui désignent Cicéron et ceux qu’il représente. Quels effets produisent ces emplois sur les auditeurs ? La deuxième personne du singulier s’oppose à la première .............................................................................. personne du pluriel, qui désigne Cicéron et les sénateurs. .............................................................................. Cicéron isole Catilina en opposant à un homme seul une .............................................................................. communauté unie. .............................................................................. b. Observez les termes qui expriment un jugement de valeur : quelle image Cicéron donne-t-il des sénateurs et de lui-même ? Les termes « patience » et « fureur », « bons citoyens » .............................................................................. expriment un jugement : Cicéron se présente comme un .............................................................................. homme vertueux, digne de confiance. .............................................................................. c. Observez les signes de ponctuation : quelles intonations dominent ? Quelles émotions sont ainsi provoquées ? Exclamations et interrogations suscitent l’indignation des .............................................................................. sénateurs, et la crainte de Catilina, qui est accusé publiquement. .............................................................................. Germinal d’Émile Zola Étienne, un ouvrier, s’insurge devant le peuple de la mine contre l’attitude de la Compagnie des mines de Montsou. Du coup, Étienne s’animait. Comment ! la réflexion serait défendue à l’ouvrier ! Eh ! justement, les choses changeraient bientôt, parce que l’ouvrier réfléchissait à cette heure. Du temps du vieux1, le mineur vivait dans la mine comme une brute, comme une machine à extraire la houille, toujours sous la terre, les oreilles et les yeux bouchés aux événements du dehors. Aussi les riches qui gouvernent, avaient-ils beau jeu de s’entendre, de le vendre et de l’acheter, pour lui manger la chair : il ne s’en doutait même pas. Mais, à présent, le mineur s’éveillait au fond, germait dans la terre ainsi qu’une vraie graine ; et l’on verrait un matin ce qu’il pousserait au beau milieu des champs : oui, il pousserait des hommes, une armée d’hommes qui rétabliraient la justice. Est-ce que tous les citoyens n’étaient pas égaux depuis la Révolution ? puisqu’on votait ensemble, est-ce que l’ouvrier devait rester l’esclave du patron qui le payait ? […] Émile Zola, Germinal, 1885. 5 a. Quels sont les arguments employés par Étienne pour défendre les mineurs ? Étienne affirme que les ouvriers comprennent le monde ; ...................................................................... que les mineurs sont des citoyens, égaux des autres ...................................................................... citoyens. ...................................................................... b. Quelle image Étienne donne-t-il de lui-même ? Étienne, par des questions rhétoriques où il fait ...................................................................... appel aux valeurs de la Révolution, crée une ...................................................................... connivence avec l’auditoire. ...................................................................... c. Dans quelle disposition d’esprit Étienne cherchet-il à mettre son auditoire ? Étienne veut susciter l’émotion : les exclamations, ...................................................................... l’interjection « eh ! », les images, qui présentent le ...................................................................... mineur comme un animal sacrifié, ou comme un ...................................................................... végétal, provoquent des sentiments de haine et ...................................................................... d’espoir chez les auditeurs. ...................................................................... Ve r e om s l t ai men Rédigez un paragraphe qui montrera comment le discours argumentatif s’insère dans la narration romanesque dans l’extrait de Zola. Sur une copie C 1. le vieux : le père Bonnemort, un vieux mineur. I. Acquérir une culture littéraire 4 a. Soulignez les pronoms personnels et les déter- re Langue et culture de l’Antiquité Justifiez votre réponse. L’argumentation relève ici de la logique : les deux-points ..................................................................................... L’argumentation directe et indirecte sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 17 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Observer et retenir L’argumentation directe Il y a une fable de Péguy que je trouve très belle : la fable des casseurs de cailloux. Charles Péguy va en pèlerinage à Chartres. Il voit un type fatigué, suant, qui casse des cailloux. Il s’approche de lui : « Qu’est-ce que vous faites, monsieur ? – Vous voyez bien, je casse les cailloux, c’est dur, j’ai mal au dos, j’ai soif, j’ai chaud. Je fais un sous-métier, je suis un sous-homme. » Il continue et voit plus loin un autre homme qui casse les cailloux ; lui n’a pas l’air mal. « Monsieur, qu’estce que vous faites ? – Eh bien, je gagne ma vie. Je casse des cailloux, je n’ai pas trouvé d’autre métier pour nourrir ma famille, je suis bien content d’avoir celui-là. » Péguy poursuit son chemin et s’approche d’un troisième casseur de cailloux, qui est souriant, radieux : « Moi, monsieur, dit-il, je bâtis une cathédrale. » Le fait est le même, l’attribution du sens au fait est totalement différente. Et cette attribution du sens vient de notre propre histoire et de notre contexte social. Quand on a une cathédrale dans la tête, on ne casse pas les cailloux de la même manière. Thèse explicite : Discours argumentatif Réflexion personnelle Démonstration logique Registres polémique, satirique, ironique… Lexique évaluatif L’argumentation indirecte Recours à la fiction Discours narratif Registres comique, pathétique… Hyperboles Vivacité Thèse implicite : Portée argumentative Intrusions d’auteur Ironie Lexique évaluatif Connotations Discours direct, indirect libre… Boris Cyrulnik, propos recueillis par Claude Weill, Le Nouvel Observateur, n°1939, 9 janvier 2002. ● Synthèse : l’argumentation directe et indirecte L’argumentation directe L’argumentation indirecte Le locuteur présente sa thèse et ses arguments sans recours à la fiction. La thèse et les arguments sont suggérés par le recours à la fiction. Ce détour peut permettre aux auteurs de contourner la censure. • L’essai • La maxime • Le discours • La préface • L’article de presse et d’encyclopédie • La lettre • Le pamphlet • Le traité • La satire • Le manifeste • La fable • Le conte • L’utopie • Le roman • Le théâtre • Le portrait • La poésie Repérer et manipuler 1 Soulignez dans l’extrait suivant : un verbe d’opi- nion, un indice de présence personnelle, un mot évaluatif, un connecteur logique, un procédé polémique et un terme de réflexion. Victor Hugo s’exprime sur la peine de mort. Eh bien ! nous nions d’abord qu’il y ait exemple. Nous nions que le spectacle des supplices produise l’effet qu’on en attend. Loin d’édifier le peuple, il le démoralise, et ruine en lui toute sensibilité, partant1 toute vertu. Les preuves abondent, et encombreraient notre raisonnement si nous voulions en citer. Victor Hugo, Préface au Dernier jour d’un condamné, 1832. 1. partant : par conséquent. 2 Reformulez cette fable suivant le mode de l’argu- mentation directe. Un Renard ne pouvant atteindre aux Raisins d’une treille, dit qu’ils n’étaient pas mûrs, et qu’il n’en voulait point. Quand d’une charmante beauté, Un galant fait le dégoûté, Il a beau dire, il a beau feindre, C’est qu’il n’y peut atteindre. Charles Perrault, Le Labyrinthe de Versailles, « fable XXVII », 1677, d’après Esope, « Le Renard et les raisins », Fables, VIIe-VIe siècle av. J.-C. Les hommes faibles préfèrent condamner les ............................................................................... circonstances que d’avouer leur impuissance. ............................................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Article « Paix » d’Étienne-Noël Damilaville 3 a. Quel type d’argumentation reconnaissez-vous dans l’extrait ? Soulignez quelques indices vous permettant de l’identifier. Il s’agit de l’argumentation directe. ............................................................................. b. Encadrez la thèse du philosophe. c. À quel champ lexical Damilaville fait-il appel pour exprimer sa pensée ? Damilaville recourt au champ lexical de la « maladie » ............................................................................. pour montrer les désastres occasionnés par la guerre. ............................................................................. d. Quels procédés d’écriture traduisent la conviction de l’auteur ? Le présent définitionnel à valeur de vérité générale, les ............................................................................. antithèses qui opposent la guerre à la paix, les ............................................................................. énumérations, et l’anaphore « elle » traduisent la force ............................................................................. de conviction de l’auteur. ............................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite La guerre est un fruit de la dépravation des hommes ; c’est une maladie convulsive et violente du corps politique, il n’est en santé, c’est-à-dire dans son état naturel que lorsqu’il jouit de la paix ; c’est elle qui donne de la vigueur aux empires ; elle maintient l’ordre parmi les citoyens ; elle laisse aux lois la force qui leur est nécessaire ; elle favorise la population, l’agriculture et le commerce ; en un mot elle procure aux peuples le bonheur qui est le but de toute société. La guerre au contraire dépeuple les États ; elle y fait régner le désordre ; les lois sont forcées de se taire à la vue de la licence qu’elle introduit ; elle rend incertaines la liberté et la propriété des citoyens ; elle trouble et fait négliger le commerce ; les terres deviennent incultes et abandonnées. Étienne-Noël Damilaville, L’Encyclopédie, 1751-1772. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme « Le Mal » d’Arthur Rimbaud Tandis que les crachats rouges de la mitraille Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ; Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille, Croulent les bataillons en masse dans le feu ; Tandis qu’une folie épouvantable broie Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ; – Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie, Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !... – – Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées1 Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ; Qui dans le bercement des hosannah 2 s’endort, Et se réveille, quand des mères, ramassées Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir, Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir ! Arthur Rimbaud, Poésies, 1870. 1. damassées : tissées. 2. hosannah : hymne catholique. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle 4 a. Quels sont les champs lexicaux dominants du poème ? Encadrez-les. Les champs lexicaux dominants sont ceux de la guerre et ............................................................................. de la religion. ............................................................................. b. Quelles sont les deux cibles du poète ? Qu’ontelles en commun ? Le Roi et Dieu : puissance, mépris et cupidité. ............................................................................. c. Soulignez dans le poème une personnification, un grossissement épique, une énumération pathétique, une exclamation lyrique. Qu’en déduisez-vous sur le type d’argumentation utilisé ? L’argumentation indirecte est utilisée. ............................................................................. d. Quelle vision de la guerre Rimbaud nous donne-t-il ? Quels sentiments cherche-t-il à faire naître ? La violence, le carnage et la souffrance des mères en ............................................................................. retrait dans les églises suscitent révolte et pitié. ............................................................................. Lettres persanes de Montesquieu Rica et son ami Usbek, originaires de Perse, voyagent en France et découvrent la capitale. Ils correspondent avec leurs proches restés au pays. Tu ne le croirais pas peut-être ; depuis un mois que je suis ici, je n’y ai encore vu marcher personne. Il n’y a point de gens au monde qui tirent mieux parti de leur machine1 que les Français : ils courent ; ils volent : les voitures lentes d’Asie, le pas réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope. Pour moi, qui ne suis point fait à ce train, et qui vais souvent à pied sans changer d’allure, j’enrage quelquefois comme un chrétien : car encore passe qu’on m’éclabousse depuis les pieds jusqu’à la tête ; mais je ne puis pardonner les coups de coude que je reçois régulièrement et périodiquement. Montesquieu, Lettres persanes, 1721. 1. leur machine : leur corps. I. Acquérir une culture littéraire 5 a. L’extrait de Montesquieu relève-t-il de l’argu- mentation directe ou indirecte ? Quels indices vous permettent de répondre ? L’extrait relève de l’argumentation indirecte : roman par ............................................................................. lettres, contexte fictif et exotique, locuteur étranger et ............................................................................. naïf permettant de contourner la censure. ............................................................................. b. Quelle critique formule le voyageur à l’égard des parisiens ? Rica dénonce le rythme effréné de la capitale, la ............................................................................. grossièreté et la brutalité de ses habitants. ............................................................................. c. Encadrez les indices du caractère étranger du locuteur et soulignez les effets d’exagération comique. V É c e r s l’ ion rit ure d’invent Réécrivez l’extrait des Lettres persanes de Montesquieu par le recours à l’argumentation directe. Sur une copie Démontrer / délibérer / convaincre / persuader sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 18 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Observer et retenir Définition Raisonnement • Argumenter objectivement • Schéma clair en s’appuyant sur des preuves et construit : induction, Démontrer syllogisme, exemples Délibérer • Examiner tous les arguments avant d’aboutir à une conclusion Moyens employés Locuteur Récepteur • Lexique appréciatif • Il s’efface • On fait appel • Liens logiques généralement à sa logique. de son discours. • Affrontement • Lexique appréciatif • Il s’adresse à lui-même. de thèses • Questions / adverses réponses • Chercher à rallier quelqu’un • Exemples à sa cause, à l’aide de preuves historiques Convaincre fondées en raison • Sentences, proverbes • Chercher à rallier quelqu’un • Exemples à sa cause, en agissant sur ses inventés sentiments Persuader Principaux genres • Les ouvrages scientifiques • Le théâtre (monologue) • Lexique appréciatif • Il s’implique • On s’adresse • Liens logiques dans son à sa raison. propos. • L’essai • Lexique appréciatif • Ironie / pathétique • Hyperboles • Interjections, exclamations • Questions rhétoriques • Le pamphlet • La lettre ouverte • La satire • La fable • Le locuteur se présente comme digne de foi (ethos). • On fait appel à ses sentiments (pathos) : colère, dédain, indignation, pitié, crainte, honte. Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle Le Cid de Pierre Corneille Le père de Rodrigue vient de lui demander de le venger, en tuant le père de la jeune femme dont il est amoureux, Chimène. Rodrigue est seul sur scène. Rodrigue. – […] Que je sens de rudes combats ! Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse1 : Il faut venger un père, et perdre une maîtresse : L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras. Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme Ou de vivre en infâme, Des deux côtés mon mal est infini. Ô Dieu, l’étrange peine ! Pierre Corneille, Le Cid, Acte I, scène 6, 1637. 1. s’intéresse : prend parti contre. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviie siècle 1 a. Quels principes s’opposent dans ce monologue ? Soulignez les termes qui leur correspondent. Le sentiment de l’honneur s’oppose ici à l’amour. ..................................................................................... b. Quels procédés stylistiques nous permettent de saisir le dilemme de Rodrigue ? Les parallélismes de construction et la conjonction de ..................................................................................... coordination « ou » répétée soulignent l’indécision. ..................................................................................... ..................................................................................... c. Quel sentiment cette délibération cause-t-elle chez Rodrigue ? Justifiez votre réponse. La souffrance se lit dans le lexique employé, les hyperboles, et ..................................................................................... les exclamatives. ..................................................................................... ..................................................................................... Méditations métaphysiques de René Descartes Pour définir ce qu’est l’homme, Descartes imagine que son corps lui a été retiré. Il examine à présent son âme. Les premiers [attributs de l’âme] sont de me nourrir et de marcher ; mais s’il est vrai que je n’aie point de corps, il est vrai aussi que je ne puis marcher ni me nourrir. Un autre est de sentir ; mais on ne peut aussi sentir sans le corps […]. Un autre est de penser ; et je trouve ici que la pensée est un attribut qui m’appartient […] Je suis, j’existe : cela est certain. René Descartes, Méditations métaphysiques, 2e méditation, 1641. 2 a. Quelle définition de l’homme Descartes propose-t-il ? C’est la pensée de son existence qui définit l’homme. ..................................................................................... b. Quel cheminement la pensée de l’auteur suit-elle ? Soulignez les mots qui indiquent ces étapes. Il examine successivement les différentes pensées de l’homme, ..................................................................................... et les écarte, lorsqu’elles ont un rapport avec le corps. ..................................................................................... c. Ce texte vise-t-il à démontrer, convaincre ou persuader ? Justifiez votre réponse. Le texte est une démonstration logique, construite par étapes, ..................................................................................... en partant d’un présupposé, l’absence de corps. ..................................................................................... I. Acquérir une culture littéraire OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Article « Presse » de Louis de Jaucourt 3 a. Soulignez une phrase qui exprime l’idée principale du texte. b. Quel contre-exemple l’auteur donne-t-il ? Expliquez. Fait-il appel à la raison ou aux sentiments du lecteur ? Il évoque l’Antiquité et les discours qui incitaient à la révolte. Il ..................................................................................... oppose à cette époque la sienne, où l’écrit permet une lecture ..................................................................................... solitaire, peu propice à la révolte. Cette argumentation, ..................................................................................... fondée en raison, vise à convaincre. ..................................................................................... c. L’auteur s’implique-t-il dans cette argumentation ? Pour quelle raison ? Il emploie des formules impersonnelles, un pronom personnel ..................................................................................... indéfini, « on », et un « nous », assez général. Cette absence ..................................................................................... d’implication de l’auteur s’explique par l’inscription de cette ..................................................................................... argumentation dans un genre particulier : l’encyclopédie. ..................................................................................... ..................................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Nous ne devons point appréhender de la liberté de la presse les fâcheuses conséquences qui suivaient les discours des harangues1 d’Athènes et des tribuns2 de Rome. Un homme dans son cabinet lit un livre ou une satire tout seul et très froidement. Il n’est pas à craindre qu’il contracte les passions et l’enthousiasme d’autrui, ni qu’il soit entraîné hors de lui par la véhémence d’une déclamation. Quand même il y prendrait une disposition à la révolte, il n’a jamais sous la main d’occasion de faire éclater ses sentiments. La liberté de la presse ne peut donc, quelque abus qu’on en fasse, exciter des tumultes populaires. Louis de Jaucourt, L’Encyclopédie, 1751-1772. 1. harangues : discours solennels. 2. tribuns : représentants du peuple. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme « Décembre » de Victor Hugo En 1870, la Prusse, région germanophone, déclare la guerre à la France et envahit Paris. Vision sombre ! un peuple en assassine un autre. Et la même origine, ô Saxons1, est la nôtre ! Et nous sommes sortis du même flanc profond ! La Germanie avec la Gaule se confond Dans cette antique Europe où s’ébauche l’histoire. Croître ensemble, ce fut longtemps notre victoire ; Les deux couples s’aidaient, couple heureux, triomphant, Tendre, et Caïn petit aimait Abel2 enfant. Victor Hugo, L’Année terrible, 1872. 1. Saxons : Germains. 2. Caïn, Abel : frères, dans la Bible. Caïn tua Abel. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme 4 a. Soulignez les expressions qui désignent la France et encadrez celles qui désignent la Prusse. b. Quel argument Hugo donne-t-il contre cette guerre ? ..................................................................................... Pour Hugo, cette guerre est un non-sens, au vu de l’histoire ..................................................................................... commune de la France et de l’Allemagne. Il souligne la ..................................................................................... parenté des peuples, au sein de l’Europe. c. La démarche suivie par Hugo vise-t-elle à convaincre, ou à persuader ? Justifiez. Les phrases exclamatives, la comparaison biblique finale, la ..................................................................................... personnification des nations, l’hyperbole « assassine » visent à ..................................................................................... susciter l’émotion du lecteur, dans une démarche persuasive. ..................................................................................... ..................................................................................... ..................................................................................... Le Rouge et le Noir de Stendhal Julien Sorel, accusé d’avoir blessé Madame de Rênal dont il était épris prend la parole lors de son procès. Messieurs les jurés, L’horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre la parole. Messieurs, je n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s’est révolté contre la bassesse de sa fortune. Je ne vous demande aucune grâce, continua Julien en affermissant sa voix. Je ne me fais point illusion, la mort m’attend : elle sera juste. J’ai pu attenter aux jours de la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages. Mme de Rênal avait été pour moi comme une mère. Mon crime est atroce, et il fut prémédité. J’ai donc mérité la mort, Messieurs les jurés. Mais quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s’arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui, nés dans une classe inférieure et en quelque sorte opprimés par la pauvreté, ont le bonheur de se procurer une bonne éducation, et l’audace de se mêler à ce que l’orgueil des gens riches appelle la société. Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830. I. Acquérir une culture littéraire 5 a. Comment Julien Sorel se présente-t-il ? Fait-il appel à la pitié des jurés ? Il se présente comme un paysan révolté, ce qui peut ............................................................................ susciter l’indignation des jurés. ............................................................................ b. Pour quelles raisons la peine capitale doit-elle lui être infligée ? Distinguez les raisons invoquées et celles qu’il attribue aux jurés. La respectabilité de Mme de Rênal et le caractère ............................................................................ « prémédité » de l’acte, sont des raisons invoquées, ............................................................................ (cf. italiques). Mais Julien reproche aux jurés de ............................................................................ craindre l’ascension sociale de jeunes hommes. ............................................................................ c. Quel objectif poursuit Julien Sorel dans ce discours ? Est-il convaincant ? Persuasif ? Sans se défendre, il dénonce l’injustice de la société dans ............................................................................ une diatribe violente, persuasive. ............................................................................ V É c e r s l’ ion rit ure d’invent Réécrivez le discours de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, de manière à susciter la pitié des jurés. Trouvez les arguments et les procédés stylistiques adéquats. Sur une copie L’emploi de l’ironie sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 19 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Observer et retenir L’ironie est une méthode de recherche de la vérité, pratiquée par Socrate dans l’Antiquité, passant par un questionnement où le locuteur feint l’ignorance. La famine, la peste et la guerre sont les trois ingrédients les plus fameux de ce bas monde. On peut ranger dans la classe de la famine toutes les mauvaises nourritures où la disette nous force d’avoir recours pour abréger notre vie dans l’espérance de la soutenir. On comprend dans la peste toutes les maladies contagieuses, qui sont au nombre de deux ou trois mille. Ces deux présents nous viennent de la Providence. Mais la guerre, qui réunit tous ces dons, nous vient de l’imagination de trois ou quatre cents personnes répandues sur la surface de ce globe sous le nom de princes ou de ministres ; et c’est peut-être pour cette raison que dans plusieurs dédicaces on les appelle les images vivantes de la Divinité. Le plus déterminé des flatteurs conviendra sans peine que la guerre traîne toujours à sa suite la peste et la famine, pour peu qu’il ait vu les hôpitaux des armées d’Allemagne, et qu’il ait passé dans quelques villages où il se sera fait quelque grand exploit de guerre. C’est sans doute un très bel art que celui qui désole les campagnes, détruit les habitations et fait périr, année commune, quarante mille hommes sur cent mille. Voltaire, article « guerre », Dictionnaire philosophique, 1764. Un jeu de connivence Connaissance du contexte immédiat, des idées du locuteur et du siècle dans lequel il s’inscrit Des procédés stylistiques Oppositions : antiphrase, oxymore, faux éloge Exagération : hyperbole Les indices de l’ironie Signes typographiques : italique, ponctuation Emploi d’adverbes Répétitions Repérer et manipuler 1 Dans les phrases suivantes, soulignez les expressions ironiques et nommez la (ou les) figure(s) de style employée(s). 1. « On lui prouva qu’il avait regardé par la fenêtre. Il fut condamné pour ce crime à cinq cents onces d’or. » (Voltaire) Hyperbole .......................................................................... 2. « Ceux-ci sont des héros qui n’ont pas peur des femmes ! Ils tirent sans pâlir, gloire à ces grandes âmes ! Sur les passants tremblants. » (Hugo) Antiphrase .......................................................................... 3. « Tandis qu’on travaillait à cet ouvrage […], cet homme faisait imprimer un petit code de persécution, intitulé l’Accord de la religion et de l’humanité. » (Voltaire) Oxymore et antithèse. .......................................................................... 4. « [À propos de la Guerre d’Espagne] Un automobiliste curieux, au prix d’un peu de fatigue, eût donc tenu facilement la gageure de voir éclater quinze têtes malpensantes par jour. » (Bernanos) Oxymore .......................................................................... 5. « [À propos des courtisans] Cependant, comme si tout le mérite consistait à servir, on fait parade d’une basse complaisance. C’est la vertu du siècle. » (Montesquieu) Antiphrase .......................................................................... 6. « [À propos de la torture] Les Français, qui passent, je ne sais pourquoi, pour un peuple fort humain, s’étonnent que les Anglais, qui ont eu l’inhumanité de nous prendre tout le Canada, aient renoncé au plaisir de donner la question. » (Voltaire) Opposition, exagération, antiphrase .......................................................................... 2 Soulignez les marques d’ironie et ajoutez des didascalies à ces passages de théâtre afin de les amplifier. Les ministres du royaume d’Espagne se répartissent territoires et ressources… Ruy Blas, survenant. – Bon appétit, Messieurs ! – […] Ô ministres intègres ! Conseillers vertueux ! voilà votre façon De servir, serviteurs qui pillez la maison ! Victor Hugo, Ruy Blas, Acte III, scène 2, 1838. croise les bras, toise l’assistance, accentue Didascalies : ............................................................. les termes mélioratifs. ............................................................................... Alceste, le misanthrope amoureux de Célimène, vient de lui faire des reproches. Alceste. – Mon amour ne se peut concevoir, et jamais Personne n’a, Madame, aimé comme je fais. Célimène. – En effet, la méthode en est toute nouvelle, Car vous aimez les gens pour leur faire querelle. Molière, Le Misanthrope, Acte II, scène 1, 1666. regard surpris, sourire narquois. Didascalies : ............................................................. Les femmes qui veulent se rebeller contre les hommes évoquent les obstacles à leur révolution. Madame Sorbin. – Eh où est l’embarras ? Je n’ai qu’un mari, qu’est-ce que cela coûte à laisser, ce n’est pas là une affaire de cœur. Marivaux, La Colonie, scène 1, 1750. air d’incompréhension, geste soulignant le Didascalies : ............................................................. rôle ténu du mari. ............................................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle Dom Juan de Molière 3 a. Soulignez les formules qui se répètent. Quelle évolu- sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Dom Juan, libertin, rencontre un pauvre. Le Pauvre. – Je suis un pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans, et je ne manquerai pas de prier le Ciel qu’il vous donne toute sorte de biens. Dom Juan. – Eh ! prie-le qu’il te donne un habit, sans te mettre en peine des affaires des autres. […] Dom Juan. – Quelle est ton occupation parmi ces arbres ? Le Pauvre. – De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose. Dom Juan. – Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise ? Le Pauvre. – Hélas ! Monsieur, je suis dans la plus grande nécessité du monde. Dom Juan. – Tu te moques : un homme qui prie le Ciel tout le jour, ne peut pas manquer d’être bien dans ses affaires. tion constatez-vous ? Que cherche à montrer Dom Juan ? Dom Juan reprend les propos du pauvre et les détourne, ................................................................................ (cf. les changements de pronoms personnels). Il veut ................................................................................ montrer l’inutilité d’une attitude dévote. ................................................................................ b. Que sous-entend Dom Juan à travers la question soulignée ? Dom Juan sait que le pauvre prie : l’insistance de ce dernier ................................................................................ est sans ambiguïté. Mais il feint de ne pas comprendre. Il ................................................................................ suggère implicitement au pauvre de trouver un emploi ................................................................................ plus utile, qui lui permettrait de vivre décemment. ................................................................................ c. Relevez dans les répliques de Dom Juan deux autres procédés ironiques. La double négation : « Il ne se peut donc pas que tu ne sois ................................................................................ bien à ton aise ? » fonctionne comme une litote. La ................................................................................. réplique finale constitue une antiphrase : Dom Juan pousse ................................................................................. jusqu’au bout le raisonnement du pauvre. ................................................................................. Molière, Dom Juan, Acte III, scène 2, 1665. de l’argumentation : xviiie siècle Lettres sur La Nouvelle Héloïse de Voltaire 4 a. Pourquoi certaines expressions sont-elles écrites en italique ? L’italique a ici une double fonction : elle signale les ............................................................................ citations, mais les isole aussi du propos de Voltaire. Elle ............................................................................ accentue leur étrangeté. ............................................................................ b. Comment l’auteur fait-il le faux éloge du roman ? Des termes mélioratifs (et exagérés) sont employés : ............................................................................ « sublimes », « si noblement ». Voltaire feint d’être ............................................................................ redevable à Rousseau d’un tel roman. Mais il lui ............................................................................ reproche en réalité sa suffisance et son sentiment de ............................................................................ supériorité, avec l’expression : « se met au-dessus… ». ............................................................................ Cette lettre est en réalité un pamphlet, dans lequel le ............................................................................ style est critiqué, tout autant que le fond. ............................................................................ ............................................................................ L’auteur critique ici le roman de Rousseau, La Nouvelle Héloïse, qui annonce le romantisme. Dans ses curieuses observations, [le personnage] trouve que les airs de notre musique ressemblent tout à fait à la course d’une oie grasse ou d’une vache qui galope. Enfin, il donne dans le persiflage de ses amis. Voilà, Monsieur, une partie des expressions sublimes qui m’ont frappé dans le premier et le second volume de la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau, ouvrage dans lequel cet homme se met si noblement au-dessus des règles de la langue et des bienséances, et daigne y marquer un profond mépris pour notre nation. C’est un service qu’il nous rend, puisqu’il nous corrigera. Voltaire, Lettres sur La Nouvelle Héloïse, première lettre, 1761. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Lettres persanes de Montesquieu Montesquieu, Lettres persanes, lettre XXIV, 1721. I. Acquérir une culture littéraire 5 a. Quelle est l’identité de l’auteur de cette lettre ? Comment se décèle-t-elle ? L’en-tête indique que Rica est un Persan, portant un regard .................................................................................... naïf sur la France. .................................................................................... b. Soulignez les marques de jugement portées sur le roi de France par l’auteur de la lettre. c. Comment l’ironie de Montesquieu se manifeste-t-elle dans la fiction ? L’éloge du roi, la comparaison de celui-ci à un magicien, les .................................................................................... structures répétées sont des marques d’ironie, dissimulées .................................................................................... sous le regard candide d’un étranger. .................................................................................... Ve iss r s la e r tati o En vous aidant de vos réponses, rédigez un paragraphe de dissertation dans lequel vous montrerez la force de l’ironie dans un texte argumentatif. D Rica à Ibben, à Smyrne Le roi de France est le plus puissant prince de l’Europe. Il n’a point de mines d’or, comme le roi d’Espagne, son voisin ; mais il a plus de richesses que lui, parce qu’il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisables que les mines. […] D’ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets ; il les fait penser comme il veut. S’il n’a qu’un million d’écus dans son trésor, et qu’il en ait besoin de deux, il n’a qu’à leur persuader qu’un écu en vaut deux ; et ils le croient. S’il a une guerre difficile à soutenir, et qu’il n’ait point d’argent, il n’a qu’à leur mettre dans la tête qu’un morceau de papier est de l’argent ; et ils en sont aussitôt convaincus. De Paris, le 4 de la lune de Rebiab, 2, 1712. n OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes Sur une copie Les formes du dialogue théâtral sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 20 RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES Observer et retenir Réplique brève d’un personnage dans un dialogue La répartie Ex. : ORANTE. – Mais encore, entre nous, que pensez-vous de cette comédie ? LYSIDAS. – Moi, Monsieur ? URANIE. – De bonne foi, dites-nous votre avis. LYSIDAS. – Je la trouve fort belle. Molière, La Critique de L’Écoles des femmes, scène 6, 1663. Réplique longue d’un personnage dans un dialogue La tirade Ex. : DON JUAN. – Quoi ? Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? […] Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs : je me sens un cœur à aimer toute la terre, et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. Molière, Dom Juan, Acte I, scène 2, 1665. La stichomythie Succession de brèves répliques entre les personnages Ex. : ARNOLPHE. – Non. AGNÈS. – Si. ARNOLPHE. – Non, non, non, non. Diantre, que de mystère ! Molière, L’École des femmes, Acte II, scène 5, 1662. Le monologue Réplique longue prononcée par un personnage Ex. : Monologue de Don Diègue : Le Cid ( voir exercice 2 ) seul sur scène dans laquelle il donne des précisions Monologue d’Harpagon : L’Avare ( voir exercice 4 ) sur l’action, exprime des sentiments ou délibère L’aparté Réplique prononcée par un personnage qui est entendue du public mais pas des autres personnages présents sur scène Le récit Ex. : AGNÈS. – ARNOLPHE, à part. – Il... Je souffre en damné. Molière, L’École des femmes, Acte II, scène 5, 1662. Réplique au cours de laquelle un personnage Ex. : Théramène rapportant les dernières paroles d’Hippolyte : relate à d’autres personnages des péripéties qui se Phèdre ( voir exercice 5 ) sont déroulées hors du lieu représenté sur la scène Repérer et manipuler 1 Identifiez les formes du dialogue théâtral. Harpagon, se croyant seul. – Cependant je ne sais si j’aurai bien fait d’avoir enterré dans mon jardin dix mille écus qu’on me rendit hier. Dix mille écus en or, chez soi, est une somme assez… (À part, apercevant Élise et Cléante.) Ô ciel ! je me serai trahi moi-même ! la chaleur m’aura emporté, et je crois que j’ai parlé haut en raisonnant tout seul. (À Cléante et Élise.) Qu’est-ce ? Molière, L’Avare, Acte I, scène 4, 1662. monologue, aparté, répartie Forme du dialogue : ................................................ au xviie siècle Je ne puis. Jean Racine, Iphigénie, Acte II, scène 2, 1674. Forme du dialogue : stichomythie ................................................. Martine. – Je te le pardonne, (elle dit le reste bas) mais tu me le paieras. Molière, Le Médecin malgré lui, Acte I, scène 2, 1666. aparté Forme du dialogue : ................................................. Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La tragédie Agamemnon. – Ah ! ma fille ! Iphigénie. – Seigneur, poursuivez. Agamemnon. – Le Cid de Pierre Corneille Don Diègue. – […] Ô cruel souvenir de ma gloire passée ! Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d’où tombe mon honneur ! Faut-il de votre éclat voir triompher le Comte, Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ? […] 2 a. Soulignez les vers lyriques dans ce monologue et encadrez les vers délibératifs ( voir fiche 18 et fiche 26). b. Quel sont les effets ? Le lyrisme très marqué ici souligne la gravité de .......................................................................... l’enjeu qui mène au dilemme cornélien. .......................................................................... Pierre Corneille, Le Cid, Acte I, scène 4, 1637. I. Acquérir une culture littéraire OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle L’École des femmes de Molière 3 a. Combien de vers et de répliques ce dialogue compte-t-il ? Ce dialogue compte cinq vers et sept répliques. .............................................................. b. Quelles sont les fonctions des stichomythies dans ce dialogue ? Elles traduisent la difficulté de l’aveu d’Agnès – .............................................................. que le spectateur sait anodin – et le dramatisent ............................................................... pour Arnolphe. Elles soulignent l’impatience ............................................................... d’Arnolphe et contribuent à son ridicule et donc ............................................................... au registre comique quand Arnolphe découvre la ............................................................... vérité. Elles varient le rythme du dialogue de la ............................................................... scène et associées aux points de suspension ............................................................... introduisent une légère pause aussitôt comblée ............................................................... par l’aparté en stichomythie. ............................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Arnolphe craint d’avoir été trompé par l’innocente et jeune Agnès qu’il désire épouser. Agnès. – Il m’a pris... vous serez en colère. Arnolphe. – Non. Agnès. – Si. Arnolphe. – Non, non, non, non ! Diantre ! que de mystère ! Qu’est-ce qu’il vous a pris ? Agnès. – Il... Arnolphe, à part. – Je souffre en damné. Agnès. – Il m’a pris le ruban que vous m’aviez donné. À vous dire le vrai, je n’ai pu m’en défendre. Molière, L’École des femmes, Acte II, scène 5, 1662. OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle L’Avare de Molière Harpagon est avare et le vol de son argent lui fait perdre la raison. Harpagon, seul, criant au voleur dès le jardin, et venant sans chapeau. – Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête ! (À lui-même, se prenant par le bras.) Rends-moi mon argent, coquin… Ah ! c’est moi ! Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre argent ! mon pauvre argent ! mon cher ami ! Molière, L’Avare, Acte IV, scène 7, 1668. OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle 4 a Montrez que cet extrait est un monologue. Harpagon, seul en scène, s’adresse à lui-même (« qui peut-ce .................................................................................. être ? ») et à un absent (« mon cher ami ! »). Le monologue .................................................................................. informe sur l’action (« on m’a dérobé mon argent »), il est .................................................................................. lyrique (même si ce lyrisme le ridiculise). Il est délibératif .................................................................................. (« Où courir ? Où ne pas courir ? »). .................................................................................. b. Montrez qu’il s’écarte de la définition. Harpagon crie pour qu’on l’entende (« criant au voleur ») .................................................................................. croit à la présence d’autres personnages (« rends-moi mon .................................................................................. argent, coquin… »). Ce monologue s’écarte donc .................................................................................. partiellement de la définition. .................................................................................. .................................................................................. .................................................................................. .................................................................................. .................................................................................. Phèdre de Jean Racine Théramène relate la mort d’Hippolyte dont Thésée est le père. Théramène. – […] J’ai vu, Seigneur, j’ai vu votre malheureux fils Traîné par les chevaux que sa main a nourris. Il veut les rappeler, et sa voix les effraie ; Ils courent. Tout son corps n’est bientôt qu’une plaie. […] J’arrive, je l’appelle ; et me tendant la main, Il ouvre un œil mourant, qu’il referme soudain. « Le ciel, dit-il, m’arrache une innocente vie. Prends soin après ma mort de la triste Aricie1. Cher ami, si mon père un jour désabusé Plaint le malheur d’un fils faussement accusé, Pour apaiser mon sang et mon ombre plaintive, Dis-lui qu’avec douceur il traite sa captive ; Qu’il lui rende... » À ce mot, ce héros expiré N’a laissé dans mes bras qu’un corps défiguré, Triste objet, où des dieux triomphe la colère, Et que méconnaîtrait l’œil même de son père. Jean Racine, Phèdre, Acte V, scène 6, 1677. 1. Aricie : princesse amante d’Hippolyte. I. Acquérir une culture littéraire 5 a. Par quels procédés ce récit sollicite-t-il l’attention du spectateur ? Théramène implique Thésée et porte l’attention sur un .................................................................................. second personnage. L’anaphore de « j’ai vu » suscite .................................................................................. l’imaginaire du spectateur. Les verbes d’action au présent .................................................................................. de narration rendent présentes aux yeux des destinataires .................................................................................. les péripéties relatées. Théramène rapporte au discours .................................................................................. direct les dernières paroles d’Hippolyte et fait entendre .................................................................................. une autre voix. Le registre pathétique invite à la compassion .................................................................................. mais aussi à une interprétation de la douleur du père par .................................................................................. l’acteur l’incarnant. .................................................................................. b. Montrez que ce récit est justifié par les contraintes de la représentation et par le respect de la bienséance. La scène ne permet de représenter ni les lieux ni les chevaux .................................................................................. traînant Hippolyte – un corps sanglant qui contrevient à la .................................................................................. bienséance. .................................................................................. V É c e r s l’ ion rit ure d’invent Imaginez en quinze lignes la suite de la scène de L’École des femmes de Molière en introduisant un aparté prononcé par Agnès et une tirade d’Arnolphe. Sur une copie RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES 21 sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Vers, strophes, rimes Observer et retenir 1. Vers Ligne d’écriture comportant un rythme, un certain nombre de syllabes, généralement terminée par un écho phonique (rime). Décompte des syllabes Type de vers (les plus courants) • Le e muet se prononce s’il est placé devant une consonne à l’intérieur du vers. • Le e muet ne se prononce pas en fin de vers. Ex. : « Et| l’es|pa|ce où| les| souf|fles| errent » (Hugo) → 8 syllabes • Synérèse : réunion en une seule syllabe de deux voyelles en hiatus Ex. : pied (du latin pes) → 1 syllabe • Diérèse : séparation en deux syllabes de deux voyelles en hiatus Ex. : li|on (du latin leo) → 2 syllabes • Vers pairs Ex. : octosyllabe (8 syllabes) ; décasyllabe (10 syllabes) ; alexandrin (12 syllabes) • Vers impairs Ex. : ennéasyllabe (9 syllabes) ; hendécasyllabe (11 syllabes) • Vers libre : n’obéit pas aux règles classiques et Ex. : « J’ai passé plus d’un hiver dans ces îles fortunées » (Cendrars) se rapproche de la prononciation courante Structure du vers • Verset : dépasse la mesure du vers Ex. : « J’entends ta voix quand je suis livré au silence sournois de cette [nuit d’Europe. » (Senghor) • Hémistiche : moitié d’un vers Ex. : « Le malheur a percé mon vieux cœur de sa lance » (Verlaine) → 6 syllabes • Césure : pause entre deux hémistiches Ex. : « Le malheur a percé// mon vieux cœur de sa lance » • Coupe : pause dans un hémistiche Ex. : « Le malheur/ a percé// mon vieux cœur/ de sa lance» → rythme : 3/3/3/3 2. Strophe Ensemble de vers en nombre déterminé ayant un certain rythme, reliés par la combinaison de rimes. • Concordance • Discordance Ex. : Rejet/contre-rejet : « Il est de forts parfums pour qui toute matière Est poreuse » (Baudelaire) Enjambement : « Tout rit tout chante c’est la fête De l’infini que nous voyons » (Hugo) • Strophes brèves Ex. : quatrain (4 vers) ; quintil (5 vers) ; sizain (6 vers) • Strophes longues Ex. : septain (7 vers) ; huitain (8 vers) ; neuvain (9 vers) ; dizain (10 vers) ; onzain (11 vers) ; douzain (12 vers) • Féminine : rimes en e muet Ex. : « Ces enfants, à quoi rêvent-elles Dans les ennuis des ritournelles » (Laforgue) • Masculines : toutes les autres Ex. : « Passer ma nuit, si longue encor, Sur le pavé comme un rat mort » (Corbière) • Pauvres : un son identique Ex. : gémit – midi (Apollinaire) • Suffisantes : deux sons identiques Ex. : choc – roc (Verlaine) • Riches : trois sons identiques au moins Ex. : paresse – disparaisse (Hugo) • Plates ou suivies : aabbcc Ex. : étonné – né – idolâtre – théâtre – d’or – encor (Verlaine) • Croisées : abab Ex. : frêle – bétail – éternelle – portail (Hugo) • Embrassées : abba Ex. : douleurs – secourent – entourent – fleurs (Hugo) • Mêlées : combinaison des précédentes Ex. : complète – athlète – beauté – métamorphoses – choses – vérité (Hugo) Rythme Type de strophe Qualité Rime Schéma Ex. : « Dauphins, vous jouez dans la mer, Mais le flot est toujours amer. » (Apollinaire) I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme « La Pente de la rêverie » de Victor Hugo 1 a. Quel type de vers est employé ici ? Séparez par un trait les syllabes qui composent le quatrième vers : quel lien s’établit entre le sujet et le vers adopté ? Les alexandrins, vers noble de l’épopée, la diérèse, qui .................................................................................. ralentit la diction au quatrième vers, exhaussent un sujet .................................................................................. familier. .................................................................................. b. Soulignez, puis nommez les discordances qui apparaissent ici : pourquoi illustrent-elles le titre ? La « lumière » de l’astre et le « flot » de la Seine enjambent .................................................................................. le vers où s’écoule la rêverie. Le contre-rejet du « soleil » .................................................................................. impose une élévation soudaine de l’intonation en fin de .................................................................................. vers, et son abaissement au début du vers suivant, qui .................................................................................. évoque à nouveau l’eau du fleuve. .................................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite […] Paris, les grands ormeaux1, maison, dôme, chaumière, Tout flottait à mes yeux dans la riche lumière De cet astre de mai dont le rayon charmant Au| bout| de| tout| brin| d’her|be al|lu|me un| di|a|mant ! Je me laissais aller à ces trois harmonies, Printemps, matin, enfance, en ma retraite unies ; La Seine, ainsi que moi, laissait son flot vermeil Suivre nonchalamment sa pente, et le soleil Faisait évaporer à la fois sur les grèves L’eau du fleuve en brouillards et ma pensée en rêves ! […] Victor Hugo, Les Feuilles d’automne, 1831. 1. ormeaux : arbres OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme « Le Cor » d’Alfred de Vigny Alertée par le son du cor de Roland, l’armée de Charlemagne a fait demi-tour et arrive en vue du col de Roncevaux, dans les Pyrénées. […] Sur le plus haut/des monts//s’arrêtent/les chevaux ; L’écume/les blanchit//; sous leurs pieds,/Roncevaux Des feux mourants/du jour//à peine/se colore. À l’horizon/lointain//fuit l’étendard/du More1. – « Turpin2,/n’as-tu rien vu//dans le fond/du torrent ? – « J’y vois/deux chevaliers ://l’un mort,/l’autre expirant « Tous deux/sont écrasés//sous une/roche noire ; « Le plus fort,/dans sa main,//élève/un Cor d’ivoire, « son âme/en s’exhalant//nous appela/deux fois. » Dieu ! que le son/du Cor//est triste/au fond des bois ! Alfred de Vigny, Poèmes antiques et modernes, 1826. 2 a. Quel type de vers est employé ici ? Indiquez les césures et les coupes. Quelle relation s’établit entre rythme et sens ? L’alexandrin partagé en deux hémistiches de six syllabes .................................................................................. donne une solennité épique à l’événement. Affectant .................................................................................. souvent un e caduc, les coupes expriment les hésitations de .................................................................................. l’armée, la stupeur de Turpin, et l’ascension de l’âme de .................................................................................. Roland. Un contre-rejet place Roncevaux au bord du vers. .................................................................................. b. Quels types de strophe apparaissent ici ? Quels types de textes se développent ? Le premier quatrain, narratif, raconte l’arrivée de l’armée de .................................................................................. Charlemagne. Le second rapporte, au discours direct, le .................................................................................. dialogue entre Charlemagne et Turpin. Enfin, un vers isolé, .................................................................................. rimant avec le dernier vers du quatrain, s’en détache pour .................................................................................. faire entendre la voix de poète. .................................................................................. 1. More : peuple d’Afrique du Nord. 2. Turpin : prêtre et chevalier xxe siècle : du romantisme au surréalisme « La Plaine » d’Émile Verhaeren La plaine est morne, avec ses clos, avec ses granges Et ses fermes dont les pignons sont vermoulus, La plaine est morne et lasse et ne se défend plus, La plaine est morne et morte – et la ville la mange. Formidables et criminels, Les bras des machines diaboliques, Fauchant les blés évangéliques1, Ont effrayé le vieux semeur mélancolique Dont le geste semblait d’accord avec le ciel. L’orde2 fumée et ses haillons de suie Ont traversé le vent et l’ont sali : Un soleil pauvre et avili S’est comme usé en de la pluie. […] 1. blés évangéliques : les évangiles font du blé le symbole de la vie après la mort. 2. orde : saleté qui suscite le dégoût. I. Acquérir une culture littéraire Ve iss r s la e r tati o En vous aidant de vos réponses, rédigez un paragraphe qui montrera que vers et strophe peuvent dessiner une image du monde. Sur une copie D Émile Verhaeren, Les Villes tentaculaires, 1895. 3 a. Nommez les types de strophes qui composent ce passage : quels sentiments éveille leur alternance ? La deuxième strophe (quintil) rompt l’équilibre des .................................................................................. quatrains : l’épique fait irruption dans la réalité et .................................................................................. bouleverse la vieille harmonie campagnarde. .................................................................................. b. Quels types de vers, quels schémas de rimes apparaissent ici ? Quel lien s’établit entre formes et sens dans ces vers ? Le vers libre, mêlant alexandrins, octosyllabes et .................................................................................. décasyllabes, illustre la violence du monde moderne. Les .................................................................................. rimes embrassées font entendre, par exemple, le bruit .................................................................................. métallique des machines. .................................................................................. n OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au RECONNAÎTRE LES PARTICULARITÉS DES TEXTES ET DES GENRES LITTÉRAIRES 22 sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Les formes poétiques Observer et retenir 1. Les formes traditionnelles L’épopée Long poème à la gloire d’un héros ou d’une nation mêlant le surnaturel au récit d’exploits inspirés de l’histoire. Ex. : « Les pauvres gens » (Hugo) La ballade Poème de trois huitains ou dizains le plus souvent isométriques construits sur le même schéma de rimes. Les strophes sont suivies d’un envoi (quatrain ou quintil). Ex. : « Ballade des Dames du temps jadis » (Villon) Le rondeau Poème de trois strophes (quintil, tercet, quintil) comportant deux rimes et un refrain (qui reprend le premier hémistiche du premier vers) à la fin des deux dernières strophes. Ex. : « Fut-il jamais… » (Musset) Poème isométrique de quatorze vers répartis en deux quatrains et deux tercets : – le plus souvent, les rimes des quatrains suivent le schéma : abba abba ; – le plus souvent, les rimes des tercets suivent deux schémas : ccd ede ou ccd eed. Ex. : « Mon rêve familier » (Verlaine) Poème divisé en strophes semblables entre elles par le nombre des vers et la combinaison des rimes. La forme des strophes varie d’une ode à l’autre : nombre et mètre des vers, combinaison des rimes. Ex. : « Mignonne… » (Ronsard) Le sonnet L’ode • Ode pindarique : célèbre de grands événements ou de hauts personnages. • Ode anacréontique : exprime des sentiments plus familiers. 2. Les formes nouvelles Le poème en vers libres Le poème en prose Le calligramme Poème ne présentant ni mètres réguliers, ni rimes, ni strophes. On peut retrouver certaines caractéristiques traditionnelles : – mise en page propre à la poésie versifiée et majuscules en début de ligne ; – échos sonores et métriques variables mais repérables ; – séquences de vers qui rappellent la strophe. Ex. : « Mouvement » (Rimbaud) Écrit en prose sans contraintes apparentes. On peut retrouver certaines caractéristiques traditionnelles : – brièveté et autonomie ; – échos sonores et jeux sur le rythme ; – agencement en paragraphes qui rappellent la strophe. Ex. : « L’étranger » (Baudelaire) Poème visuel qui dessine ou évoque avec les lettres son sujet et échappe ainsi à la linéarité. Ex. : « Pluie » (Apollinaire) Repérer et manipuler 1 Pour chaque combinaison de rimes, indiquez s’il s’agit d’un sonnet, d’une ode, d’une ballade ou d’un rondeau. 1. abba abba ccd eed sonnet .................................................................. 2. ababa aba c ababa c rondeau .................................................................. 3. abbaab cddccd ode .................................................................. 4. ababbcbc ababbcbc ababbcbc bcbc ballade .................................................................. 2 Complétez le premier quatrain de ce sonnet en respectant les contraintes de cette forme. Les violons chantent derrière le décor terrasse Où la vigne en treillis grimpe à quelque.................. ce qui passe Et la fille du roi regarde ................................... d’or Accoudée au balustre en son corsage .................. . […] Henri de Régnier, Épisodes, sites et sonnets, IV, 1888. 3 Écrivez sur le thème de la poésie un bref poème en vers libres en respectant ses caractéristiques. La poésie se fait dans un lit comme l’amour ............................................................................... Ses draps défaits sont l’aurore des choses ............................................................................... La poésie se fait dans les bois […] ............................................................................... André Breton, « Sur la route de San Romano », 1948, ............................................................................... © Éditions Gallimard. ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme « La Musique » de Charles Baudelaire 4 a. À quoi tient l’originalité de ce sonnet ? sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite La musique souvent me prend comme une mer ! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ; L’originalité de ce sonnet tient : ....................................................................................... – aux vers de longueur inégale (hétérométrie) ; ....................................................................................... – à l’alternance du vers pair et du vers impair ; ....................................................................................... – aux enjambements et notamment du vers 12 au vers 13 ; ....................................................................................... La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile, J’escalade le dos des flots amoncelés Que la nuit me voile ; – à une proposition qui se développe de la fin du premier tercet ....................................................................................... au début du second ; ....................................................................................... – à une très longue phrase déclarative encadrée par deux très ....................................................................................... courtes phrases exclamatives ; ....................................................................................... Je sens vibrer en moi toutes les passions D’un vaisseau qui souffre ; Le bon vent, la tempête et ses convulsions – à la dernière phrase nominale et à son énumération croissante. ....................................................................................... b. En quoi cette originalité contribue-t-elle à l’expressivité du sonnet ? Le sonnet offre un couple de rimes supplémentaire et donc une ....................................................................................... sonorité distincte supplémentaire. L’hétérométrie, la longue ....................................................................................... phrase et les enjambements varient et nuancent le rythme. Ils ....................................................................................... nécessitent une capacité respiratoire propre au thème traité. ....................................................................................... Les exclamations – initiale et finale – sont modulées par leur ....................................................................................... étendue et leur rythme qui imitent une ouverture musicale ....................................................................................... brillante et les derniers accords bien marqués et détachés d’une ....................................................................................... pièce musicale. ....................................................................................... Sur l’immense gouffre Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir De mon désespoir ! Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme « Le Cageot » de Francis Ponge 5 a. Quelles caractéristiques du poème versifié ce poème À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme. À tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques, – sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement. en prose exploite-t-il ? Il exploite : ....................................................................................... – la forme brève ; ....................................................................................... – les paragraphes qui rappellent la strophe ; ....................................................................................... – les échos sonores : allitération en [k] et assonance en [a] et en [o] ....................................................................................... dans le premier paragraphe par exemple ; réseaux sonores sur ....................................................................................... l’intégralité du poème le [] ; ....................................................................................... – l’organisation rythmique : second paragraphe : 3/10/10/5 puis ....................................................................................... 2/3/3/12. ....................................................................................... b. Montrez que l’on peut établir un lien entre le choix du poème en prose et le sujet traité : un simple cageot. Le choix de la prose convient en effet très bien au caractère ....................................................................................... prosaïque d’un cageot et la brièveté du poème à sa petite ....................................................................................... forme. Ponge ne s’est pas montré pesant, lourd, en ....................................................................................... « fabriquant » son poème en cinq paragraphes qui auraient pu ....................................................................................... imiter les quatre côtés du cageot et son fond. ....................................................................................... Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942, © Éditions Gallimard. xxe siècle : du romantisme au surréalisme « Chantre » de Guillaume Apollinaire Un chantre est un chef de chœur sacré, ou un poète lyrique ou épique. Ce poème et constitué d’un seul vers. Et l’unique cordeau des trompettes marines1 Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913. 1. trompette marine : instrument monocorde. 6 Quel lien peut-on établir entre la forme et les sonorités du poème et son sujet ? Le monostiche imite la corde unique de l’instrument mais aussi, dans le .................................................................................................. second hémistiche, sa sonorité grave grâce aux nasales. On peut aussi .................................................................................................. envisager qu’il imite l’archet qui fait chanter l’instrument comme le .................................................................................................. poète, le chantre, fait chanter la langue. .................................................................................................. Ve r s l’ e OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au al reuve or Ép Préparez une synthèse sur d’autres formes poétiques comme l’élégie, l’hymne et le haïku. Sur une copie I. Acquérir une culture littéraire Le registre épique sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 23 IDENTIFIER ET EXPLOITER LES REGISTRES LITTÉRAIRES Observer et retenir Don Rodrigue. – […] Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang, Avant qu’aucun résiste ou reprenne son rang. Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient ; Leur courage renaît et leurs terreurs s’oublient : La honte de mourir sans avoir combattu Arrête leur désordre et leur rend leur vertu. Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges1 ; De notre sang au leur font d’horribles mélanges Et la terre et le fleuve et leur flotte et le port Sont des champs de carnage où triomphe la mort. Ô combien d’actions, combien d’exploits célèbres Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres, Où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnait, Ne pouvait discerner où le sort inclinait ! Le caractère exceptionnel de l’action Lexique de l’exploit Expression du courage et de la vertu Affrontement entre deux forces (antithèses) L’exagération de l’action Hyperboles Périphrases Comparaisons, métaphores Une scène à voir et à entendre Répétitions Allitérations, assonances Présent de narration Corneille, Le Cid, Acte IV, scène 3, 1637. 1. alfange : sabre utilisé par les Maures. ● Synthèse : le registre épique Définition • L’épique est le ton noble adapté au chant (« epos » en grec ; épopée : poème épique) • Il célèbre les actes héroïques accomplis par les hommes. Les héros épiques • Demi-dieux, aristocrates (monarques, princes), guerriers • Qualités morales et psychologiques exceptionnelles • Les dieux sont cause de tout. Les thèmes épiques • Les guerres et les voyages • L’intervention d’éléments merveilleux ou surnaturels Repérer et manipuler 1 Dans chaque phrase, remplacez les termes apparte- nant à un niveau de langue courant ou familier par des termes élevés, de sens équivalent et de registre épique. se saisissent Ex. : Les hommes [prennent leurs pistolets] ................. de leurs armes et se portent vers l’ennemi. .......................... 1. Les combattants qui l’entouraient [avaient du punch] étaient pleins d’ardeur .......................................................................... . courage est redoublé par le spectacle for2. Leur [culot] ............. midable des murailles qui cèdent. de la mêlée 3. Il se jeta au milieu de [la bagarre] .............................. , disposé à mourir avec gloire. 4. Les coups des soldats écrasèrent les ennemis et provoun carnage indicible . quèrent [une boucherie sans nom] ............................. 5. Les Grecs se ruaient avec violence sur les Troyens [sur qui qu’ils accablaient de coups ils tapaient de bon cœur] ......................................... redoublés . .......................................................................... 6. Les cris de mille ennemis redoutables [leur échauffaient excitaient leur colère les oreilles] ........................................................... . imposa le silence 7. Il [cria « chut ! »] .................................. à ses soldats intrépides [qui n’avaient pas froid aux yeux] .............................. . 2 Les phrases suivantes pourraient-elles trouver leur place dans un récit épique ? Oui 1. Emportés par la fureur du combat, ils se répandirent dans le palais comme un fleuve écumant noie la plaine sous ses flots débordés. ✗ 2. Soudain apparut aux yeux effarés des combattants le visage hideux de la défaite. ✗ nOn 3. On se battit à coups de poing : le nombre des assaillants plus que leur courage détermina leur victoire. ✗ 4. L’aubergiste vola au secours du héros qui dînait d’un ragoût de poulet. ✗ 5. il luttait sans relâche, debout sur la machine ; le froid lacérait son visage. ✗ I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme La Légende des siècles de Victor Hugo 3 a. Soulignez les comparaisons dans ce passage : quelle sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Roland, neveu de Charlemagne, affronte Olivier en combat singulier. […] Quatre jours sont passés, et l’île et le rivage Tremblent sous ce fracas monstrueux et sauvage. Ils vont, viennent, jamais fuyant, jamais lassés, Froissent le glaive au glaive, et sautent les fossés, Et passent, au milieu des ronces remuées, Comme deux tourbillons et comme deux nuées. Ô chocs affreux ! terreur ! tumulte étincelant ! Mais, enfin, Olivier saisit au corps Roland, Qui de son propre sang en combattant s’abreuve, Et jette d’un revers Durandal1 dans le fleuve. […] Victor Hugo, La Légende des siècles, 1859. 1. Durandal : nom de l’épée de Roland. primordiales, héritées des temps mythologiques : elles dessinent ........................................................................................ une nouvelle gigantomachie transposée dans les temps ........................................................................................ héroïques. ........................................................................................ b. Quels procédés grammaticaux et métriques permettent de conférer à cette scène une dimension épique ? L’emploi du présent de narration fait surgir l’épisode raconté ........................................................................................ sous les yeux du lecteur. Suspendu entre passé et présent, il ........................................................................................ acquiert le statut intemporel du récit épique. L’accent ........................................................................................ rythmique, souvent affaibli par la présence d’un e tonique à la ........................................................................................ coupe, fait entendre le rythme asymétrique de l’épopée ........................................................................................ homérique. ........................................................................................ Iliade d’Homère Appollon s’emporte contre Achille, qui venge son ami Patrocle tué au combat. […] « Vous préférez donc, dieux, prêter aide à Achille, à l’exécrable Achille, alors que celui-ci n’a ni raison ni cœur qui se laisse fléchir au fond de sa poitrine et qu’il ne connaît que pensers féroces. On dirait un lion qui, docile à l’appel de sa vigueur puissante et de son cœur superbe1, vient se jeter sur les brebis des hommes, pour s’en faire un festin. Achille a, comme lui, quitté toute pitié, et il ignore le respect. Chacun est exposé à perdre un être cher, plus proche qu’un ami, un frère sorti du même sein, un fils : la part une fois faite aux pleurs et aux sanglots, il s’en tient là : les Parques2 ont fait aux hommes un cœur apte à pâtir. […] » Homère, Iliade, VIIIe s. av. J.-C., trad. de Paul Mazon, © Les Belles Lettres, 1998. 1. superbe : orgueilleux. 2. Parques : divinités du destin. b. Soulignez la comparaison qui apparaît dans ce passage : quel portrait d’Achille trace-t-elle ? Achille est comparé à un lion. Cette comparaison ......................................................................... homérique signale la cruauté, mais aussi l’orgueil et ......................................................................... la grandeur du héros. ......................................................................... ......................................................................... ......................................................................... ......................................................................... Germinal, d’Émile Zola OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Émile Zola, Germinal, 1885. I. Acquérir une culture littéraire 5 a. Dans quel lieu cette scène se déroule-t-elle ? Soulignez les termes qui évoquent ce lieu. .La . . .narration . . . . . . . . . . . .évoque . . . . . . . . .avec . . . . . .réalisme . . . . . . . . . .le . . .travail . . . . . . . .des . . . . .mineurs. ................ b. Encadrez le lexique de la souffrance et le lexique de la lutte. Quelle représentation donnent-ils du travail des mineurs ? .L’ouvrier . . . . . . . . . . livre . . . . . .un . . . .combat . . . . . . . . .acharné . . . . . . . . . . où . . . .s’expriment . . . . . . . . . . . . . . les . . . .valeurs ........... guerrières de l’épopée. ......................................................................... c. Quels procédés d’écriture ont pour effet de souligner l’héroïsme de Zacharie ? .Zacharie, . . . . . . . . . . .dont . . . . . .la . . .poitrine . . . . . . . . . .est . . . .comparée . . . . . . . . . . . .à. . une . . . . . forge, . . . . . . . .s’élève ........... .au-dessous . . . . . . . . . . . . .de . . . l’humanité . . . . . . . . . . . . . .moyenne. .......................................... Ve r e om s l t ai men Rédigez un paragraphe dans lequel vous montrerez que l’épique révèle la fragilité de l’homme dans l’extrait de Germinal de Zola. Sur une copie C Zacharie, un mineur, essaie de secourir des ouvriers ensevelis dans l’effondrement d’un puits de mine. Il volait le tour des camarades, il refusait de lâcher la rivelaine1. Sa galerie bientôt fut en avance sur les autres, il s’y battait contre la houille d’un élan si farouche, qu’on entendait monter du boyau le souffle grondant de sa poitrine, pareil au ronflement de quelque forge intérieure. Quand il en sortait, boueux et noir, ivre de fatigue, il tombait par terre, on devait l’envelopper dans une couverture. Puis, chancelant encore, il s’y replongeait, et la lutte recommençait, les grands coups sourds, les plaintes étouffées, un enragement victorieux de massacre. Le pis était que le charbon devenait dur, il cassa deux fois son outil, exaspéré de ne plus avancer si vite. Il souffrait aussi de la chaleur. 1. Rivelaine : pic de mineur. 4 a. Relevez une apostrophe dans le texte : quelle relation s’établit entre le héros et les dieux ? L’apostrophe aux « dieux » dans le discours d’Apollon ......................................................................... transpose le conflit terrestre dans le monde divin : ......................................................................... une crise divise les dieux, dont l’intervention ......................................................................... merveilleuse décide du sort des héros. ......................................................................... re Langue et culture de l’Antiquité image donnent-elles des combattants ? Les deux comparaisons assimilent les héros à des forces ........................................................................................ Le registre comique sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 24 IDENTIFIER ET EXPLOITER LES REGISTRES LITTÉRAIRES Observer et retenir 1. Les ressorts du comique Comique de répétition La servante Dorine donne des nouvelles de la maison à son maître qui est de retour. Dorine. – Madame eut, avant-hier, la fièvre jusqu’au soir, Avec un mal de tête étrange à concevoir. Orgon. – Et Tartuffe ? Dorine. – Tartuffe ? Il se porte à merveille, Gros et gras, le teint frais, et la bouche vermeille. Orgon. – Le pauvre homme ! Dorine. – Le soir, elle eut un grand dégoût, Et ne put au souper toucher à rien du tout, Tant sa douleur de tête était encore cruelle ! Orgon. – Et Tartuffe ? Dorine. – Il soupa, lui tout seul, devant elle, Et fort dévotement il mangea deux perdrix, Avec une moitié de gigot en hachis. Orgon. – Le pauvre homme ! […] Dorine. – Tous deux se portent bien enfin ; Et je vais à Madame annoncer par avance La part que vous prenez à sa convalescence. Répétition d’une même expression Comique de situation Malentendu Effets de surprise Comique de caractère Exagération des défauts d’un personnage type (le crédule, l’imposteur…) Comique de gestes Mimiques, grimaces, mouvements du corps Selon les choix de mise en scène Comique de mots Enumérations (éléments du portrait de Madame d’une réplique à l’autre) Exagération verbale (grossissement des faits) Jeux de mots (jeu sur sens propre/figuré) Molière, Tartuffe, Acte I, scène 4, 1664. 2. Les formes comiques Le burlesque Décalage entre le sujet noble et son traitement La parodie Imitation d’un modèle (style, genre, œuvre) La satire Moquerie visant à dénoncer La farce Recours aux déguisements, coups de bâton, plaisanteries parfois grossières, bouffonneries… L’humour Réalité présentée sous un angle amusant L’humour noir Réalité macabre ou sordide faisant rire L’absurde Effets de non-sens qui dénoncent l’absurdité de l’existence ; mouvement littéraire du XXe siècle Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle L’Avare de Molière Harpagon, vieil avare, soupçonne son valet La Flèche de vol. Harpagon. – Attends. Ne m’emportes-tu rien ? La Flèche. – Que vous emporterais-je ? Harpagon. – Viens ça, que je voie. Montre-moi tes mains. La Flèche. – Les voilà. Harpagon. – Les autres. La Flèche. – Les autres ? Harpagon. – Oui. La Flèche. – Les voilà. Molière, L’Avare, Acte I, scène 3, 1668. 1 a. Dégagez deux ressorts du comique dans ce dialogue. Le comique de caractère (avare obsédé par le vol, ............................................................................. monomanie) et le comique de gestes (demande ............................................................................. absurde, jeu sur les mains en lien avec la mise en scène) ............................................................................. sont présents dans ce dialogue. ............................................................................. b. Quelle est la visée du texte ? Il s’agit de faire la satire d’un type humain intemporel : ............................................................................. l’avare. ............................................................................. ............................................................................. ............................................................................. I. Acquérir une culture littéraire OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle Le Malade imaginaire de Molière 2 Quels sont les principaux ressorts du comique dans cette scène? Le comique de cette scène relève de l’humour, .......................................................................... puisqu’on y rit d’une chose sérieuse, la mort. Plusieurs .......................................................................... ressorts comiques sont utilisés : .......................................................................... – le comique de situation : tromperie et mensonge .......................................................................... (fausse mort) et surprise provoquée par la nouvelle .......................................................................... (interrogations de Béline) ; .......................................................................... – le comique de caractère : type de la servante rusée, .......................................................................... épouse « acariâtre », portait dévalorisant d’Argan ; .......................................................................... – le comique de langage : énumérations dans le .......................................................................... portrait d’Argan, pléonasme (« défunt/trépassé »), .......................................................................... antiphrase (« belle oraison funèbre »). .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Argan, « le malade imaginaire » contrefait le mort pour éprouver les sentiments de sa femme Béline. Sa servante Toinette l’aide à tromper cette dernière. Toinette. – Ah ! Mon Dieu ! Ah ! Malheur ! Quel étrange accident ! Béline. – Qu’est-ce, Toinette ? Toinette. – Ah ! Madame ! Béline. – Qu’y a-t-il ? Toinette. – Votre mari est mort ! Béline. – Mon mari est mort ? Toinette. – Hélas ! oui. Le pauvre défunt est trépassé. Béline. – Assurément ? Toinette. – Assurément. Personne ne sait encore cet accident-là, et je me suis trouvée ici toute seule. Il vient de passer entre mes bras. Tenez, le voilà tout de son long dans cette chaise. Béline. – Le ciel en soit loué ! Me voilà délivrée d’un grand fardeau. Que tu es sotte, Toinette, de t’affliger de cette mort ! Toinette. – Je pensais, madame, qu’il fallût pleurer. Béline. – Va, va, cela n’en vaut pas la peine. Quelle perte est-ce que la sienne, et de quoi servait-il sur la terre ? Un homme incommode à tout le monde, malpropre, dégoûtant, sans cesse un lavement ou une médecine dans le ventre, mouchant, toussant, crachant toujours, sans esprit, ennuyeux, de mauvaise humeur, fatiguant sans cesse les gens, et grondant jour et nuit servantes et valets. Toinette. – Voilà une belle oraison funèbre ! Molière, Le Malade imaginaire, Acte III, scène 12, 1673. La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco VERS LA 1re • Le théâtre M. Smith, toujours dans son journal. – Tiens, c’est écrit que Bobby Watson est mort. Mme Smith. – Mon Dieu, le pauvre, quand est-ce qu’il est mort ? M. Smith. – Pourquoi prends-tu cet air étonné ? Tu le savais bien. Il est mort il y a deux ans. Tu te rappelles, on a été à son enterrement, il y a un an et demi. Mme Smith. – Bien sûr que je me rappelle. Je me suis rappelé tout de suite, mais je ne comprends pas pourquoi toi-même tu as été étonné de voir ça sur le journal. M. Smith. – Ça n’y était pas sur le journal. Il y a déjà trois ans qu’on a parlé de son décès. Je m’en suis souvenu par associations d’idées ! Mme Smith. – Dommage ! Il était si bien conservé. M. Smith. – C’était le plus joli cadavre de Grande-Bretagne ! Il ne paraissait pas son âge. Pauvre Bobby, il y avait quatre ans qu’il était mort et il était encore chaud. Un véritable cadavre vivant. Et comme il était gai ! Eugène Ionesco, La Cantatrice chauve, 1950, © Éditions Gallimard. Ve r s la e r tati o n iss 3 a. Dans quelle mesure le dialogue s’apparentet-il à une conversation courante ? Le dialogue s’apparente à la conversation courante .......................................................................... d’un couple ordinaire : une situation familiale .......................................................................... commune (couple « petit bourgeois »), une scène de .......................................................................... la vie quotidienne (lecture du journal, banalité de la .......................................................................... conversation), des personnages sans épaisseur .......................................................................... psychologique (caricatures, image de l’insignifiance .......................................................................... humaine). .......................................................................... .......................................................................... .......................................................................... b. D’où vient le comique de la scène ? La scène repose sur le comique de l’absurde. On .......................................................................... relève : des contradictions dans les paroles elles.......................................................................... mêmes : les incohérences concernant la date de mort .......................................................................... de Bobby Watson (« deux ans », « un an et demi », .......................................................................... « trois ans ») dénotent un traitement du temps .......................................................................... déréglé ; des contradictions entre les paroles et le ton, .......................................................................... proches de l’humour noir (« le plus joli cadavre », .......................................................................... « cadavre vivant », « comme il était gai ! », « si bien .......................................................................... conservé »). On rit de ce qui est dépourvu de sens ; le .......................................................................... langage tourne à vide. C’est une parodie du théâtre .......................................................................... traditionnel. .......................................................................... D En vous aidant de vos réponses, rédigez un paragraphe dans lequel vous montrerez comment les auteurs réunis dans cette fiche parviennent à nous faire rire. Sur une copie I. Acquérir une culture littéraire Les registres tragique et pathétique sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 25 IDENTIFIER ET EXPLOITER LES REGISTRES LITTÉRAIRES Observer et retenir L’expression de la souffrance Bérénice. – […] N’attendez pas ici que j’éclate en injures, Que j’atteste le ciel, ennemi des parjures. Non, si le ciel encore est touché de mes pleurs, Je le prie en mourant d’oublier mes douleurs. Si je forme des vœux contre votre injustice, Si, devant que mourir, la triste Bérénice Vous veut de son trépas laisser quelque vengeur, Je ne le cherche, ingrat, qu’au fond de votre cœur. Je sais que tant d’amour n’en peut être effacée ; Que ma douleur présente, et ma bonté passée, Mon sang, qu’en ce palais je veux même verser, Sont autant d’ennemis que je vais vous laisser ; Et sans me repentir de ma persévérance, Je me remets sur eux de toute ma vengeance. Adieu. Jean Racine, Bérénice, Acte IV, scène 5, 1670. ● Emploi de la 1re personne Lexique de la souffrance et des sentiments Hyperboles Interjection Jeux sur les sonorités Exclamatives et interrogatives ; rythme perturbé Le registre tragique Lexique de la mort et de la séparation Lexique de la fatalité/du malheur extrême inévitable Allusions à une force supérieure Expression de la fureur Le registre tragique suscite la terreur et la pitié. Le registre pathétique Lamentations Allusions à un malheur qui aurait pu être évité Antithèses Apostrophes Le registre pathétique suscite la compassion du lecteur. Synthèse : les registres tragique et pathétique Principaux thèmes Registre tragique Registre pathétique Genres les plus représentatifs • La fatalité, le destin • La toute-puissance divine • La mort • Le théâtre, notamment la tragédie • Le malheur • L’injustice • Le théâtre • La poésie • L’oraison funèbre • Le roman Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviie siècle Oraison funèbre de Henriette-Anne d’Angleterre de Jacques Bénigne Bossuet Sœur du roi d’Angleterre, Henriette-Anne Stuart épouse Monsieur, frère du roi Louis xiv. Brillante et très admirée à la Cour, elle meurt brutalement du choléra. Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? Au premier bruit d’un mal si étrange, on accourut à Saint-Cloud de toutes parts ; on trouve tout consterné, excepté le cœur de cette princesse. Partout on entend des cris, partout on voit la douleur et le désespoir, et l’image de la mort. Le roi, la reine, Monsieur1, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré, et il me semble que je vois l’accomplissement de cette parole du prophète : Le roi pleurera, le prince sera désolé et les mains tomberont au peuple, de douleur et d’étonnement2. Jacques Bénigne Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d’Angleterre Duchesse d’Orléans, 1670. 1. Monsieur : frère du roi. 2. Ezéchiel, VII, 27. 1 a. Quels procédés contribuent au registre pathétique ? L’interjection anaphorique « Ô », les exclamatives, ..................................................................... le lexique du malheur et de la souffrance, le rythme ..................................................................... perturbé et vif, le pronom « nous » généralisant, la ..................................................................... question rhétorique, et les hyperboles et répéti..................................................................... tions, qui rendent compte d’un malheur collectif, ..................................................................... contribuent au registre pathétique. ..................................................................... ..................................................................... b. Soulignez les références au destin tragique et brutal qui frappe la princesse. c. Quels sentiments l’orateur cherche-t-il à provoquer ? Bossuet cherche à provoquer la crainte face au ................................................................. malheur qui frappe brutalement, la tristesse d’un ..................................................................... deuil qui paraît contagieux et la compassion pour ..................................................................... la défunte et son entourage. ..................................................................... ..................................................................... I. Acquérir une culture littéraire OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme « Horloge » de Charles Baudelaire 2 a. Identifiez les figures d’analogie associées à l’horloge. Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d’effroi Se planteront bientôt comme dans une cible ; sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite L’horloge est tour à tour comparée à une divinité funeste, .................................................................................. chasseresse (« cible »), anthropophage (« dévore ») et à un .................................................................................. « insecte » vampirique. .................................................................................. b. Soulignez les termes qui renvoient à la fatalité. Le Plaisir vaporeux fuira vers l’horizon Ainsi qu’une sylphide1 au fond de la coulisse ; Chaque instant te dévore un morceau du délice À chaque homme accordé pour toute sa saison. c. Quelles émotions ces vers suscitent-ils ? Les images liées à la mort provoquent dégoût et terreur .................................................................................. tandis que la situation sans issue de l’être humain inspire la .................................................................................. pitié des lecteurs. .................................................................................. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois, Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! […] d. Quels procédés syntaxiques et métriques sont à l’origine du bouleversement rythmique ? Le rythme accumulatif, les tétramètres, l’apostrophe initiale, .................................................................................. les enjambements, les rejets et contre-rejets, le discours .................................................................................. direct et les signes de ponctuation bouleversent le rythme. .................................................................................. e. De quel registre ce poème relève-t-il ? Il relève du registre tragique. .................................................................................. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857. 1. sylphide : génie féminin ailé et gracieux. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Manon Lescaut de l’Abbé Prévost À la fin du roman, le Chevalier des Grieux retrouve Manon, sa maîtresse arrêtée et condamnée à l’exil. Il raconte son histoire à M. de Renoncourt. Vous dirai-je quel fut le déplorable sujet de mes entretiens avec Manon pendant cette route, ou quelle impression sa vue fit sur moi, lorsque j’eus obtenu des gardes la liberté d’approcher de son chariot ? Ah ! les expressions ne rendent jamais qu’à demi les sentiments du cœur ; mais figurez-vous ma pauvre maîtresse enchaînée par le milieu du corps, assise sur quelques poignées de paille, la tête appuyée languissamment sur un côté de la voiture, le visage pâle et mouillé d’un ruisseau de larmes qui se faisaient un passage au travers de ses paupières, quoiqu’elle eût continuellement les yeux fermés. Abbé Prévost, Manon Lescaut, 1731. Le théâtre Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès Bernard-Marie Koltès, Robert Zucco, 1988, © Éditions de Minuit. I. Acquérir une culture littéraire 4 En reprenant certains procédés indiqués dans la leçon, insérez des paroles tragiques et pathétiques à la tirade de la Mère. Pour le tragique : expliquer le changement de Roberto ............................................................................ par l’influence d’une force malsaine et fatale ; exprimer ............................................................................ l’abandon de la mère à la supplication ; mettre en avant ............................................................................ l’idée de malédiction familiale ; multiplier les allusions ............................................................................ au parricide ; exprimer le dégoût, la colère et l’effroi. ............................................................................ Pour le pathétique : enrichir le portrait de l’enfant ............................................................................ nouveau-né de détails affectifs ; développer les senti............................................................................ ments maternels ; exprimer la douleur lors de la mort du ............................................................................ père ; achever la tirade par un appel au secours. ............................................................................ Ve r e om s l t ai men Rédigez un axe de commentaire mettant en évidence le registre pathétique dans l’extrait de Manon Lescaut de l’Abbé Prévost. Sur une copie C La mère. – Est-ce moi, Roberto, est-ce moi qui t’ai accouché ? Est-ce de moi que tu es sorti ? Si je n’avais pas accouché de toi ici, si je ne t’avais pas vu sortir, et suivi des yeux jusqu’à ce qu’on te pose dans ton berceau ; si je n’avais pas posé, depuis le berceau, mon regard sur toi sans te lâcher, et surveillé chaque changement de ton corps au point que je n’ai pas vu les changements se faire et que je te vois là, pareil à celui qui est sorti de moi dans ce lit, je croirais que ce n’est pas mon fils que j’ai devant moi. Pourtant, je te reconnais, Roberto. Je reconnais la forme de ton corps, ta taille, la couleur de tes cheveux, la couleur de tes yeux, la forme de tes mains, ces grandes mains fortes qui n’ont jamais servi qu’à caresser le cou de ta mère, qu’à serrer celui de ton père, que tu as tué. Pourquoi cet enfant, si sage pendant vingt-quatre ans, est-il devenu fou brusquement ? re VERS LA 1re • 3 a. Que cherche à susciter le narrateur avec la question initiale ? La question a pour fonction d’associer le destinataire (M. de ....................................................................................... Renoncourt) et le lecteur à la souffrance de Des Grieux. Il s’agit ....................................................................................... d’un procédé de prétérition visant à capter l’attention tout en ....................................................................................... créant un effet d’attente. ....................................................................................... b. Quels procédés révèlent l’émotion du jeune homme ? Le lexique de la souffrance et des sentiments, la première ....................................................................................... personne du singulier, l’exclamative, l’énumération qui fait le ....................................................................................... portrait de Manon révèlent l’émotion du jeune homme. ....................................................................................... c. Soulignez la métaphore hyperbolique qui traduit la souffrance de Manon. d. De quel registre cet extrait relève-t-il ? Il relève du registre pathétique. ....................................................................................... ....................................................................................... Les registres lyrique et élégiaque sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 26 IDENTIFIER ET EXPLOITER LES REGISTRES LITTÉRAIRES Observer et retenir En vain l’Aurore Qui se colore, Annonce un jour Fait pour l’Amour : De ta pensée Toute oppressée, Pour te revoir J’attends le Soir. […] Un voile sombre Ramène l’ombre : Un doux repos Suit les travaux. Mon sein palpite, Mon cœur me quitte… Je vais te voir, Voilà le Soir ! Marceline Desbordes-Valmore, « Le Soir », Romances, 1818. Une expression personnelle et intime Marques de la 1re personne Déterminants possessifs Adresse au destinataire : souligne le lien entre le « je » qui s’exprime et l’autre (personne, lieu…) Synthèse : les registres lyrique et élégiaque ● Définition Registre lyrique • Originellement accompagné de la lyre • Exaltation des sentiments, comme l’amour ou la tristesse • Emprunte toutes les ressources de la musicalité • L’amour • Le temps • La joie • La nature • Le paysage, reflet de l’âme Registre élégiaque • Exprime une plainte ou du regret • Employé principalement dans le genre poétique de l’élégie • La souffrance • L’amour • L’exil • La mort L’expression d’émotions et de sentiments violents Champs lexicaux des émotions Hyperboles Ponctuation expressive Des effets musicaux Répétitions Rythmes : avec régularité, plainte et espoir s’expriment Sonorités (allitérations, assonances) Principaux thèmes Repérer et manipuler 1 Transformez les énoncés suivants de façon à amplifier les sentiments exprimés. Utilisez des procédés différents : hyperboles, personnifications, interjections... Ex. Je suis triste de son départ. Hélas ! Son départ m’afflige ! 1. J’apprécie ses visites. Que ses visites me charment ! .......................................................................... 2. Je regrette que le temps passe vite. Le temps s’enfuit trop rapidement ! .......................................................................... 3. Ces vallons et ces collines me plaisent. Que vous m’êtes doux et charmants, vallons et collines ! .......................................................................... 4. Je vois de beaux rivages. Je contemple d’admirables rivages. .......................................................................... 2 a. Dans les citations suivantes, soulignez les sons qui se répètent (assonances et allitérations). 1. « Tout s’est-il envolé ? Je suis seul, je suis las ; J’appelle sans qu’on me réponde. » (Hugo) 2. « Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière. » (Rimbaud) 3. « La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur » (Eluard) b. Indiquez le sentiment exprimé par l’auteur. joie, bien-être 1. plainte ................................... 2. ................................... amour 3. ................................... 3 Réécrivez la définition suivante en employant les procédés indiqués, afin de créer un texte qui exprime les plaintes du locuteur (registre élégiaque). Définition : L’automne : saison intermédiaire entre l’été et l’hiver, au cours de laquelle le paysage se transforme : les feuilles jaunissent et tombent. C’est la saison des vendanges. On récolte aussi pommes, noix et noisettes. On assiste au raccourcissement des jours. Dans un sens figuré, l’automne est le symbole du déclin. Procédés : 1re personne du singulier • verbes de sentiments • une personnification • une comparaison • une exclamative • une apostrophe Cher été, que je te regrette ! Prêt à se dévêtir de son ............................................................................... jaune manteau, l’automne paraît. Qu’ils sont tristes, ces ............................................................................... jours ! Comme vous survenez rapidement, ténèbres de la ............................................................................... nuit ! Hélas, combien cette saison m’attriste ! Telle une ............................................................................... mère affligée, la nature laisse choir ses fruits, que nous ............................................................................... nous empressons de recueillir avant qu’ils ne se gâtent. ............................................................................... 4 a. Complétez chaque phrase par un verbe qui per- sonnifie la nature, en suivant les indications. gémissent 1. Les forêts échevelées ..................... dans les sombres vallons. [manifestation orale de tristesse] dansent 2. Les flammes joyeusement .................. au cœur de la cheminée. [mouvement de joie] caressent 3. Les vagues ondulantes ................... le rivage endormi. [geste d’amour] I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle Le Tartuffe de Molière 5 a. Tartuffe fait l’éloge d’Elvire : encadrez les termes appréciatifs. b. Soulignez les hyperboles. À qui Elvire est-elle comparée ? Tartuffe montre l’ascendant qu’Elvire exerce sur lui : son ......................................................................... autorité est manifeste, elle est comparée à une déesse. ......................................................................... c. Pourquoi le lyrisme employé ici par Tartuffe révèlet-il la mauvaise foi du personnage ? Le langage religieux employé par Tartuffe, dans une ......................................................................... déclaration d’amour, fait peser des soupçons sur son ......................................................................... honnêteté : il emploie les procédés du lyrisme, comme ......................................................................... les exagérations, et compare Elvire à une divinité. ......................................................................... ......................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Tartuffe, qui manifeste ostensiblement sa foi, entreprend de séduire Elvire, l’épouse de son hôte. Tartuffe. – Et, si vous condamnez l’aveu que je vous fais, Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits. Dès que j’en vis briller la splendeur plus qu’humaine, De mon intérieur vous fûtes souveraine ; De vos regards divins l’ineffable douceur Força la résistance où s’obstinait mon cœur ; Elle surmonta tout, jeûnes, prières, larmes, Et tourna tous mes vœux du côté de vos charmes. Mes yeux et mes soupirs vous l’ont dit mille fois, Et pour mieux m’expliquer j’emploie ici la voix. Molière, Le Tartuffe, Acte III, scène 3, 1664. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Madame Bovary de Gustave Flaubert Emma Bovary vient de perdre sa mère. Emma fut intérieurement satisfaite de se sentir arrivée du premier coup à ce rare idéal des existences pâles, où ne parviennent jamais les cœurs médiocres. Elle se laissa donc glisser dans les méandres lamartiniens1, écouta les harpes sur les lacs, tous les chants de cygnes mourants, toutes les chutes de feuilles, les vierges pures qui montent au ciel, et la voix de l’Éternel discourant dans les vallons. Elle s’en ennuya, n’en voulut point convenir, continua par habitude, ensuite par vanité, et fut enfin surprise de se sentir apaisée, et sans plus de tristesse au cœur que de rides sur son front. Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857. 1. méandres lamartiniens : complexité des poèmes de Lamartine, poète romantique. Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866. I. Acquérir une culture littéraire 7 a. Soulignez les images qui représentent l’automne. b. Après avoir relevé une comparaison, définissez le lien entre le poète et la saison évoquée. Verlaine applique à la nature sa tristesse, comme dans la comparaison finale ou la ................................................................................................................ personnification initiale : aux « sanglots » de l’automne répondent les pleurs du ................................................................................................................ poète, dans la deuxième strophe. Le poète, souvent complément d’objet des ................................................................................................................ verbes, subit ce sentiment amplifié par la nature. ................................................................................................................ c. Montrez que le rythme et la métrique de ce poème correspondent aux sentiments exprimés. Le poème est composé de trois strophes comportant des vers de trois et quatre ................................................................................................................ syllabes alternés de façon régulière. Certains groupes syntaxiques restent dans le ................................................................................................................ cadre des vers. Mais ce schéma est parfois perturbé par des enjambements, ................................................................................................................ comme à la deuxième strophe, qui disloquent les vers et rendent compte d’une ................................................................................................................ souffrance plus aiguë. ................................................................................................................ Ve r e om s l t ai men Rédigez un paragraphe dans lequel vous montrerez que la musique participe à la plainte élégiaque du poète dans « Chanson d’automne ». C Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon cœur D’une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure ; Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte. « Chanson d’automne » de Paul Verlaine re OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme 6 a. Parmi les thèmes évoqués, lesquels sont caractéristiques du registre lyrique ? Le thème de la nature parcourt l’extrait. Les harpes et ............................................................................. les « chants de cygnes » rappellent les plaintes lyriques. ............................................................................. b. Montrez que le rythme de la phrase imite la pensée rêveuse d’Emma. Le narrateur suggère un abandon d’Emma à la rêverie ............................................................................. que la phrase composée d’énumérations, en des groupes ............................................................................. de longueur croissante, tente de mimer. Le rythme se ............................................................................. ralentit. ............................................................................. c. L’auteur, réaliste, vous semble-t-il favorable à ce style d’écriture ? Encadrez une comparaison ironique. Après l’énumération, le narrateur évoque les sentiments ............................................................................. d’Emma : l’ennui, puis l’apaisement. Cherchant à ............................................................................. sublimer sa tristesse, Emma, qui se complaît dans cette ............................................................................. attitude, en vient à oublier sa mélancolie. ............................................................................. Sur une copie Les registres polémique et satirique sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 27 IDENTIFIER ET EXPLOITER LES REGISTRES LITTÉRAIRES Observer et retenir 1. Le registre polémique En grec, polemikos signifie « relatif à la guerre ». Le registre polémique s’attaque à la thèse adverse dans une situation d’énonciation clairement définie. Genres les plus représentatifs : le discours • la lettre ouverte • le pamphlet • l’article de presse Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D’abord, – parce qu’il importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire encore. – S’il ne s’agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. À quoi bon la mort ? Vous objectez qu’on peut s’échapper d’une prison ? Faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries ? Pas de bourreau où le geôlier suffit. Victor Hugo, Préface du Dernier Jour d’un condamné, 1832. La dévalorisation de l’adversaire Lexique péjoratif Ironie Emploi de la 2e personne et interpellation Les effets d’oralité Questions rhétoriques Emploi de l’impératif Rythme bref, vif La réfutation de la thèse adverse Reprise critique des arguments adverses Antithèses Implication personnelle 2. Le registre satirique Issu de l’Antiquité, le registre satirique est une moquerie cinglante, ironique et caricaturale au nom de la raison ou de la morale. Genres les plus représentatifs : l’essai • le traité • la maxime • le portrait • la satire Le grave magistrat qui a acheté pour quelque argent le droit de faire ces expériences1 sur son prochain va conter à dîner à sa femme ce qui s’est passé le matin. La première fois madame en a été révoltée, à la seconde elle y a pris goût, parce qu’après tout les femmes sont curieuses ; et ensuite la première chose qu’elle lui dit lorsqu’il rentre en robe chez lui : « Mon petit cœur, n’avez-vous fait donner aujourd’hui la question2 à personne ? » Voltaire, article « Torture », Dictionnaire philosophique, 1764. 1. ces expériences : allusion à la pratique de la torture. 2. question : torture. L’emploi de l’ironie Banalisation Euphémisme Moquerie Valorisation inattendue La caricature Personnages ridicules ou stéréotypés Procédés d’exagération (répétition, hyperbole, énumération…) Repérer et manipuler 1 Relevez les indices caractéristiques du registre polémique dans l’extrait suivant. 2 Soulignez dans l’extrait suivant les indices caractéristiques du registre satirique. La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulezvous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ? Il y a dans Paris… (L’orateur s’interrompt). Mon Dieu, je n’hésite pas à les citer, ces faits. Le père Ubu a fait assassiner le roi Venceslas de Pologne pour s’emparer du pouvoir. Père Ubu. – Apportez la caisse à Nobles et le crochet à Nobles et le couteau à Nobles et le bouquin à Nobles ! Ensuite, faites avancer les Nobles. On pousse brutalement les Nobles. Mère Ubu. – De grâce, modère-toi, Père Ubu. Père Ubu. – J’ai l’honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les Nobles et prendre leurs biens. Nobles. – Horreur ! À nous, peuple et soldats ! Père Ubu. – Amenez le premier Noble et passez-moi le crochet à Nobles. […] Victor Hugo, Discours à l’Assemblée nationale, 9 juillet 1849. L’interpellation « messieurs » ; les questions rhétoriques ............................................................................... « voulez-vous savoir […] la misère ? Voulez-vous savoir […] ............................................................................... Voulez-vous des fait ? » ; l’implication personnelle : « je ne ............................................................................... dis pas » et « je dis », « je n’hésite pas à les citer, ces faits ». ............................................................................... ............................................................................... Alfred Jarry, Ubu roi, Acte III, scène 2, 1896. I. Acquérir une culture littéraire Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviie siècle Les Caractères de Jean de La Bruyère 3 a. Soulignez les passages qui décrivent Théodecte et précisez quel trait de caractère est mis en évidence. Les hyperboles, gradations croissantes et antithèses font ............................................................................. de Théodecte un personnage grossier et fat, antidote de ............................................................................. l’honnête homme mondain. ............................................................................. b. En quoi ce portrait fait-il de Théodecte un personnage comique ? Théodecte est une caricature de l’aristocrate contrefait qui ............................................................................. agit comme un pantin. Il « grossit sa voix », il « bredouill[e] », ............................................................................. capable seulement de formuler « des vanités et des sottises ». ............................................................................. c. De quel registre cet extrait relève-t-il ? Il révèle du registre satirique. ............................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite J’entends Théodecte de l’antichambre ; il grossit sa voix à mesure qu’il s’approche, le voilà entré ; il rit, il crie, il éclate, on bouche ses oreilles, c’est un tonnerre ; il n’est pas moins redoutable par les choses qu’il dit que par le ton dont il parle ; il ne s’apaise et il ne revient de ce grand fracas que pour bredouiller des vanités et des sottises : il a si peu d’égard au temps, aux personnes, aux bienséances, que chacun a son fait1 sans qu’il ait eu l’intention de le lui donner ; il n’est pas encore assis qu’il a à son insu désobligé toute l’assemblée. Jean de La Bruyère, Les Caractères, 1688. 1. son fait : son lot de reproches. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : le romantisme « L’Homme a ri » de Victor Hugo Dans Les Châtiments, Victor Hugo invective Napoléon III, à l’origine du coup d’État du 2 décembre 1851. Ah ! tu finiras bien par hurler, misérable ! Encor tout haletant de ton crime exécrable, Dans ton triomphe abject, si lugubre et si prompt, Je t’ai saisi. J’ai mis l’écriteau sur ton front ; Et maintenant la foule accourt et te bafoue1. Toi, tandis qu’au poteau le châtiment te cloue, Que le carcan2 te force à lever le menton, Tandis que, de ta veste arrachant le bouton, L’histoire à mes côtés met à nu ton épaule, Tu dis : je ne sens rien ! et tu nous railles3, drôle ! Ton rire sur mon nom gaîment vient écumer ; Mais je tiens le fer rouge et vois ta chair fumer. Jersey, août 1852. Victor Hugo, Les Châtiments, 1853. 1. bafouer : humilier, mépriser. 2. carcan : collier de fer servant à attacher un condamné exposé en public. 3. railler : se moquer. L’argumentation Article « La guerre » de Guy de Maupassant Guy de Maupassant, « La guerre », article publié dans Gil Blas, le 11 décembre 1883. 1. M. de Moltke : général de l’armée prussienne. I. Acquérir une culture littéraire 5 a. Repérez, en les isolant entre crochets, les différentes étapes de l’argumentation de Maupassant et précisez leur fonction. 1 : accroche provocatrice – 2 : thèse adverse – .................................................................. 3 : exemples argumentatifs de Maupassant – .................................................................. 4 : reprise ironique de la thèse adverse. .................................................................. b. Quels procédés renforcent le caractère polémique du discours ? Les marques d’oralité, le lexique péjoratif et .................................................................. familier, l’énumération, les descriptions triviales .................................................................. et hyperboliques, les métaphores animales et les .................................................................. répétitions nourrissent le registre polémique. .................................................................. Ve iss r s la e r tati o Rédigez un paragraphe montrant que la diversité des genres littéraires permet de dénoncer efficacement. Sur une copie D [La guerre est plus vénérée que jamais.] 2 [Un artiste habile en cette partie, un massacreur de génie, M. de Moltke1, a répondu un jour, aux délégués de la paix, les étranges paroles que voici : « La guerre est sainte, d’institution divine ; c’est une des lois sacrées du monde ; elle entretient chez les hommes tous les grands, les nobles sentiments : l’honneur, le désintéressement, la vertu, le courage, et les empêche en un mot de tomber dans le plus hideux matérialisme. »] 3 [Ainsi, se réunir en troupeaux de quatre cent mille hommes, marcher jour et nuit sans repos, ne penser à rien ni rien étudier, […] puis rencontrer une autre agglomération de viande humaine, se ruer dessus, faire des lacs de sang, des plaines de chair pilée mêlée à la terre boueuse et rougie, […] et crever au coin d’un champ, tandis que vos vieux parents, votre femme et vos enfants meurent de faim ;][voilà ce qu’on appelle ne pas tomber dans le plus hideux matérialisme.] 4 1 n VERS LA 1re • 4 a. Soulignez les termes qui renvoient à l’image du pilori (poteau où l’on exposait jadis les criminels). b. Identifiez les procédés traduisant le mépris du poète ainsi que le registre dominant. Une exclamative doublée d’une interjection ............................................................................. dédaigneuse, les insultes, le lexique péjoratif, le ton ............................................................................. vengeur, l’argument ad hominem, le tutoiement, les ............................................................................. apostrophes et les effets d’oralité caractérisent le ............................................................................. registre polémique. ............................................................................. c. Quels indices confirment la présence du poète ? Précisez son rôle. Le poète intervient directement par la parole et par ............................................................................. l’action. Le « je » se dresse en bourreau de justice porté ............................................................................. par la « foule » et l’« histoire ». Les derniers vers ............................................................................. révèlent le sens du titre. Hugo part d’une anecdote, ............................................................................. d’une raillerie de Napoléon III à la lecture d’un ............................................................................. pamphlet écrit à son encontre, pour rappeler le rôle du ............................................................................. poète : rétablir justice et vérité. ............................................................................. : QUESTION SUR LE CORPUS Répondre à une question sur le corpus sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 28 S ’ INITIER À DÉVELOPPER UNE RÉPONSE Acquérir une méthode Lire le corpus 1 Quelle est la nature des supports (objet d’étude, époque, genre, auteur, courant littéraire…) ? 2 Quelles informations du paratexte nous permettent de comprendre la situation ? 3 Quelle est l’unité du corpus (caractéristiques, intentions, points communs et différences) ? Analyser la question posée 4 Quel est le type de question (genre, personnage, procédé…) ? 5 Quels sont les mots-clés ? 6 Comment reformuler la question ? Exemple appliqué Question : Ces deux incipit vous semblent-ils traditionnels ? (comparaison du lieu, temps, personnage, situation de l’incipit…) ? 8 Comment organiser la réponse ? Rédiger la réponse Une phrase d’introduction pour présenter les textes et la problématique Un développement en paragraphes pour mettre en évidence les points de convergence ou de divergence Une phrase de conclusion, bilan de l’analyse du XIXe siècle texte B : prolongement au XXe siècle 2 incipit romanesque Texte A Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n’avait la sensation de l’immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d’avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d’arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d’une jetée, au milieu de l’embrun aveuglant des ténèbres. Émile Zola, Germinal, 1885. Composer la réponse 7 Quelles sont les idées importantes 1 texte A : roman réaliste 3 • ouvertures de romans • présence d’un héros dans une situation particulière : solitude dans la nature glaciale (Étienne Lantier), contemplation de l’Histoire (duc) 4 invitation à confronter deux incipit d’époques différentes et à s’interroger sur la nature du romanesque 5 « incipit », « traditionnels » 6 quelle est la part du conventionnel ? dans quelle mesure s’en écarte-t-on ? 7 • éléments qui relèvent de Texte B Le vingt-cinq septembre douze cent soixantequatre, au petit jour, le duc d’Auge se pointa sur le sommet du donjon de son château pour y considérer, un tantinet soit peu, la situation historique. Elle était plutôt floue. Des restes du passé traînaient encore çà et là, en vrac. Sur les bords du ru voisin, campaient deux Huns ; non loin d’eux un Gaulois, Eduen peutêtre, trempait audacieusement ses pieds dans l’eau courante et fraîche. Sur l’horizon se dessinaient les silhouettes molles de Romains fatigués, de Sarrasins de Corinthe, de Francs anciens, d’Alains seuls. Quelques Normands buvaient du calva. Raymond Queneau, Les Fleurs bleues, 1965, © Éditions Gallimard. la tradition (espace, temps, personnage) • éléments qui déconcertent le lecteur : texte A : paysage hostile et héros anonyme ; texte B : mélange des époques et des peuples, jeu avec les niveaux de langue 8 I. Des éléments traditionnels : cadre spatio-temporel, présence d’un héros II. Une mise à distance de la tradition : interrogation sur les personnages (identité, statut, rôle…) ; un jeu avec les conventions littéraires chez Queneau (texte comique) Repérer et manipuler 1 Exploitez le paratexte suivant en mobilisant vos connaissances. Quelles informations peut-on tirer de la première lecture (objet d’étude, genre, époques, thème…) ? Corpus : • Corneille, Médée, 1635 • Euripide, Hippolyte, 428 av. J.-C. • Racine, Phèdre, 1677 • Sénèque, Phèdre, Ier siècle ap. J.-C. ............................................................................... Il s’agit du théâtre, la tragédie au xviie siècle et de ses ............................................................................... échos antiques (modèles grecs et latins). Deux figures ............................................................................... féminines sont confrontées à la passion dévorante. Les ............................................................................... titres éponymes sont féminins, sauf Hippolyte. 2 Analysez les questions suivantes : soulignez les mots-clés et explicitez les attendus. 1. Dégagez les thèses présentes dans les trois textes. Reformuler des thèses et les confronter (le même point ............................................................................... de vue est-il défendu ?) ............................................................................... 2. Que dénoncent les quatre textes du corpus ? Dégager les aspects de la critique en les regroupant ............................................................................... suivant leur nature. ............................................................................... 3. Quelle vision de la relation amoureuse les textes présentent-ils ? Caractériser une conception de l’amour et s’interroger ............................................................................... sur les variantes dans le corpus. ............................................................................... ............................................................................... II. Savoir organiser un texte Analyser et employer 3 a. Lisez le corpus. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Question : Quelles leçons se dégagent des mondes décrits dans ces deux textes ? L’Utopie de Thomas More Texte A Texte B Dans le roman de l’écrivain anglais Thomas More, publié par son ami Erasme, Raphaël Hythlodée, voyageur humaniste, raconte le périple maritime qui l’a mené un jour sur l’île d’Utopie. Ainsi, tout le monde, en Utopie, est occupé à des arts et à des métiers réellement utiles. Le travail matériel y est de courte durée, et néanmoins ce travail produit l’abondance et le superflu. Quand il y a encombrement de produits, les travaux journaliers sont suspendus, et la population est portée en masse sur les chemins rompus ou dégradés. Faute d’ouvrage ordinaire et extraordinaire, un décret autorise une diminution sur la durée du travail, car le gouvernement ne cherche pas à fatiguer les citoyens par d’inutiles labeurs. Le but des institutions sociales en Utopie est de fournir d’abord aux besoins de la consommation publique et individuelle, puis de laisser à chacun le plus de temps possible pour s’affranchir de la servitude du corps, cultiver librement son esprit, développer ses facultés intellectuelles par l’étude des sciences et des lettres. C’est dans ce développement complet qu’ils font consister le vrai bonheur. Thomas More, L’Utopie, 1516, trad. de Victor Stouvenel. Candide de Voltaire Candide, chassé du château de Thunder-ten-tronckh en Westphalie, poursuit son périple qui le mène d’Europe en Amérique du Sud. Accompagné de son valet Cacambo, il découvre le pays fabuleux d’Eldorado, étape dans le récit. En attendant, on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu’aux nues, les marchés ornés de mille colonnes, les fontaines d’eau pure, les fontaines d’eau rose, celles de liqueurs de canne à sucre qui coulaient continuellement dans de grandes places pavées d’une espèce de pierreries qui répandaient une odeur semblable à celle du gérofle1 et de la cannelle. Candide demanda à voir la cour de justice, le parlement ; on lui dit qu’il n’y en avait point, et qu’on ne plaidait jamais. Il s’informa s’il y avait des prisons, et on lui dit que non. Ce qui le surprit davantage, et qui lui fit le plus grand plaisir, ce fut le palais des sciences, dans lequel il vit une galerie de deux mille pas2, toute pleine d’instruments de mathématique et de physique. Voltaire, Candide, 1759. 1. gérofle : forme ancienne de girofle ; il s’agit d’un aromate. 2. deux mille pas : environ 1 500 mètres. b. Complétez le tableau suivant. GRILLE DE LECTURE TEXTE A TEXTE B Auteur, titre Thomas More, L’Utopie Voltaire, Candide ......................................................... ......................................................... Date 1516 1759 ......................................................... ......................................................... Contextes littéraires Renaissance Les Lumières ......................................................... ......................................................... Objet d’étude Mise en perspective diachronique de Genre et forme de l’argumentation au ......................................................... ......................................................... e xviii siècle l’argumentation ......................................................... ......................................................... Genre littéraire Récit Conte philosophique ......................................................... ......................................................... Thème L’utopie et ses éléments fondateurs L’utopie ou l’Eldorado ......................................................... ......................................................... Visées, finalités ou intentions Décrire un monde idéal Décrire un monde idéal ......................................................... ......................................................... Critiquer en creux la société contemporaine Critiquer en creux la société contemporaine ......................................................... Caractéristiques d’écriture dominantes ......................................................... Description à valeur argumentative Narration et description ......................................................... Enumérations, jeu d’oppositions… ......................................................... ......................................................... c. Analysez la question. Il convient de préciser la nature des leçons et leurs caractéristiques dans les deux textes qui présentent une description de la ....................................................................................................................................................................... société idéale. Les leçons sont-elles communes ? ....................................................................................................................................................................... Des leçons morales et politiques se dégagent des deux mondes décrits au xvie et au xviiie siècle. La quête de ....................................................................................................................................................................... l’épanouissement individuel et la jouissance de la liberté passent par l’étude et les connaissances universelles chez More et ....................................................................................................................................................................... Voltaire. Le pouvoir politique est humanisé dans les deux extraits. More propose une vision utilitaire et humaine du travail. ....................................................................................................................................................................... Chez Voltaire, on a une présentation esthétique du monde évoqué (luxe et urbanisme). Les extraits font apparaître des ....................................................................................................................................................................... points communs nombreux dans une vision humaniste de la société décrite, à deux époques différentes. Les deux textes ....................................................................................................................................................................... présentent un idéal social et moral, contrepoint de la réalité. ....................................................................................................................................................................... II. Savoir organiser un texte Écrire la suite d’un texte sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 29 S ’ INITIER À L ’ ÉCRITURE D ’ INVENTION Acquérir une méthode Exemple appliqué Identifier l’exercice Sujet : En respectant le genre, le registre et les procédés d’écriture du texte, rédigez une suite d’une vingtaine de lignes. 1 Quel est le type d’écriture demandé ? 2 Quelles sont les précisions ? 1 une amplification : continuer le texte en imitant l’auteur 2 texte d’une vingtaine de lignes Repérer les composantes essentielles Argan. – Mais raisonnons un peu, mon frère. Vous ne croyez donc point à la médecine ? Beralde. – Non, mon frère, et je ne vois pas que pour son salut il soit nécessaire d’y croire. Argan. – Quoi ! vous ne tenez pas véritable une chose établie par tout le monde, et que tous les siècles ont révérée ? Beralde. – Bien loin de la tenir véritable, je la trouve, entre nous, une des plus grandes folies qui soit parmi les hommes, et, à regarder les choses en philosophe, je ne vois point de plus plaisante mômerie ; je ne vois rien de plus ridicule qu’un homme qui se veut mêler d’en guérir un autre. 3 Quel est le contexte historique ? 4 Quel est le mouvement ? 5 Quel est le genre ? 6 Quel est le thème ? 7 Quel est le registre ? 8 Quelle est la situation d’énonciation ? • Qui parle ? • Quels temps dominent ? N.B. : pour un texte narratif, descriptif, informatif : quel est le statut du narrateur ? quelle est la focalisation ? 9 Quel est le niveau de langue ? 10 Quel est le type de lexique ? 11 Quelles sont les figures de style Molière, Le Malade imaginaire, Acte III, scène 3, 1673. utilisées ? 12 Que vient-il de se passer ? 3 texte du XVIIe siècle 4 classicisme 5 genre théâtral 6 la médecine 7 registre polémique 8 • Béralde et Argan : 1re et 2e personnes • temps du discours : présent 9 niveau de langue soutenu 10 lexique péjoratif 11 hyperboles 12 Deux frères, bourgeois, se tiennent tête dans un débat : Argan croit au pouvoir de la médecine. Il s’exclame et s’offusque sans présenter d’arguments solides. Béralde est déterminé et soutient que la médecine est inutile. Il oppose le lexique de la raison et de la folie. Analyser la suite à inventer Un dialogue théâtral Un texte argumentatif sur la médecine répliques, didascalies, temps du discours registre polémique : confrontation (arguments/contre-arguments), recours aux techniques de persuasion Repérer et manipuler Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main, comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique. […] Charles Baudelaire, « Un hémisphère dans une chevelure », Le Spleen de Paris, 1869. 1 a. Identifiez le genre et le mouvement littéraires auxquels l’extrait se rattache. L’extrait . . . . . . . . . . se . . . rattache . . . . . . . . . . à. . la . . .poésie . . . . . . . .symboliste. .............................. b. Encadrez le thème principal et le second thème auquel il est associé. c. Quelle est la situation d’énonciation ? Le . . . .poète . . . . . . .(1 . .re. . personne . . . . . . . . . . . .du . . .singulier) . . . . . . . . . . . s’adresse . . . . . . . . . . .à. .la . . .femme ......... e .qu’il . . . . .aime . . . . . . (2 . . . .personne . . . . . . . . . . . du . . . .singulier) . . . . . . . . . . .en . . . .l’interpellant . . . . . . . . . . . . . . .par ..... .le. . recours . . . . . . . . .à. .l’impératif . . . . . . . . . . . . .présent. ....................................... .................................................................. .................................................................. d. Soulignez les termes qui évoquent les sens. e. Identifiez le registre du poème. .Le . . .poème . . . . . . . . relève . . . . . . . .du . . . registre . . . . . . . . . .lyrique. ................................. II. Savoir organiser un texte Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme « Pierrot » de Guy de Maupassant sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Mme Lefèvre, une paysanne riche et avare, et sa servante Rose viennent d’adopter le chien du boulanger afin de dissuader les voleurs qui sévissent dans leur potager. Rose l’embrassa puis demanda comment on le nommait. Le boulanger répondit : « Pierrot ». Il fut installé dans une vieille caisse à savon et on lui offrit d’abord de l’eau à boire. Il but. On lui présenta ensuite un morceau de pain. Il mangea. Mme Lefèvre, inquiète, eut une idée : « Quand il sera bien accoutumé à la maison, on le laissera libre. Il trouvera à manger en rôdant dans le pays ». On le laissa libre, en effet, ce qui ne l’empêcha point d’être affamé. […] Mme Lefèvre cependant s’était accoutumée à cette bête. Elle en arrivait même à l’aimer, et à lui donner de sa main, de temps en temps, des bouchées de pain trempées dans la sauce de son fricot. Mais elle n’avait nullement songé à l’impôt, et quand on lui réclama huit francs, – huit francs, madame ! – pour ce freluquet 1 de quin 2qui ne jappait seulement point, elle faillit s’évanouir de saisissement. Guy de Maupassant, « Pierrot », Le Gaulois, 1882. 1. freluquet : terme péjoratif signifiant « de petite taille ». 2. quin : chien, en patois normand. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle 2 a. Soulignez les indices permettant de cerner le caractère de Mme Lefèvre. b. Encadrez les expressions renvoyant au mode de vie et au langage des paysans. c. Prolongez l’extrait en tenant compte des indices repérés. Il fut immédiatement décidé qu’on se débarrasserait de Pierrot. ......................................................................................... Personne n’en voulut. Tous les habitants le refusèrent à dix lieues ......................................................................................... aux environs. Alors on se résolut, faute d’autre moyen, à lui faire ......................................................................................... « piquer du mas »1. […] ......................................................................................... Alors Rose qui pleurait, l’embrassa, puis le lança dans le trou. […] ......................................................................................... Elles furent saisies de remords, d’épouvante, d’une peur folle et ......................................................................................... inexplicable ; et elles se sauvèrent en courant. […] ......................................................................................... [Mme Lefèvre] courut chez le puisatier chargé de l’extraction de la ......................................................................................... marne2, et elle lui raconta son cas. L’homme écoutait sans rien ......................................................................................... dire. Quand elle eut fini, il prononça : « Vous voulez votre quin ? ......................................................................................... Ce sera quatre francs ». ......................................................................................... Elle eut un sursaut ; toute sa douleur s’envola du coup. ......................................................................................... Guy de Maupassant, « Pierrot », Le Gaulois, 1882. ......................................................................................... ......................................................................................... 1. piquer du mas : jeter dans la marnière, cavité souterraine de Haute......................................................................................... Normandie. ......................................................................................... 2. marne : roche calcaire. ......................................................................................... ......................................................................................... ......................................................................................... ......................................................................................... Émile ou De l’Éducation de Jean-Jacques Rousseau Que faut-il donc penser de cette éducation barbare qui sacrifie le présent à un avenir incertain, qui charge un enfant de chaînes de toute espèce, et commence par le rendre misérable, pour lui préparer au loin je ne sais quel prétendu bonheur dont il est à croire qu’il ne jouira jamais ? Quand je supposerais cette éducation raisonnable dans son objet, comment voir sans indignation de pauvres infortunés soumis à un joug insupportable et condamnés à des travaux continuels comme des galériens, sans être assuré que tant de soins leur seront jamais utiles ? L’âge de la gaieté se passe au milieu des pleurs, des châtiments, des menaces, de l’esclavage. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De L’Éducation, 1762. II. Savoir organiser un texte Sujet : En respectant le genre, le registre et les procédés d’écriture du texte, rédigez une suite d’une dizaine de lignes. Sujet : Poursuivez l’extrait de Rousseau en développant des arguments favorables à une autre forme d’éducation. 3 a. Quel est le registre de l’extrait ? Quels indices vous ont permis de l’identifier ? L’extrait relève du registre polémique : questions rhétoriques, hyperboles, ..................................................................................................... lexique péjoratif, énumérations. ..................................................................................................... b. Quelle métaphore filée Rousseau développe-t-il ? La métaphore filée de l’esclavage permet de dénoncer l’éducation subie ..................................................................................................... par les enfants. ..................................................................................................... c. Poursuivez l’extrait. Hommes, soyez humains, c’est votre premier devoir ; soyez-le pour tous ..................................................................................................... les états, pour tous les âges, pour tout ce qui n’est pas étranger à ..................................................................................................... l’homme. […] Aimez l’enfance ; favorisez ses jeux, ses plaisirs, son aimable ..................................................................................................... instinct. […] Pourquoi voulez-vous ôter à ces petits innocents la jouissance ..................................................................................................... d’un temps si court qui leur échappe, et d’un bien si précieux dont ils ne ..................................................................................................... sauraient abuser ? […] Ne vous préparez pas des regrets en leur ôtant le ..................................................................................................... peu d’instants que la nature leur donne : aussitôt qu’ils peuvent sentir le ..................................................................................................... .plaisir . . . . . . .d’être, . . . . . . . . .faites . . . . . . .qu’ils . . . . . . en . . . .jouissent . . . . . . . . . . .;. faites . . . . . . . .qu’à . . . . . quelque . . . . . . . . . . .heure . . . . . . . que .......... dieu les appelle, ils ne meurent point sans avoir goûté la vie. ..................................................................................................... Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l’Éducation, 1762. ..................................................................................................... S ’ INITIER À L ’ ÉCRITURE D ’ INVENTION 30 Imiter, détourner, transposer sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Acquérir une méthode Exemple appliqué Identifier l’exercice 1 Quel est le type d’écriture demandé ? 2 Quelles sont les précisions ? Sujet : Vous écrirez une parodie sous la forme d’une page de roman des scènes 4 et 5 de l’acte III de Phèdre de Racine. Phèdre est éprise de son beau-fils Hippolyte. Croyant son mari Thésée mort, elle a avoué sa passion coupable. Thésée, finalement vivant, revient en son palais... Scène 4 Thésée, Hippolyte, Phèdre, Œnone, Théramène Thésée. – La fortune à mes vœux cesse d’être opposée, Madame, et dans vos bras met... Phèdre. – Arrêtez, Thésée. Et ne profanez point des transports si charmants : Je ne mérite plus ces doux empressements ; Vous êtes offensé. La fortune jalouse N’a pas en votre absence épargné votre épouse. Indigne de vous plaire et de vous approcher, Je ne dois désormais songer qu’à me cacher. 3 Quel est le genre du texte ? 4 Quelle est la situation ? 5 Quel est son enjeu ? 6 Qui sont les personnages présents ? 7 Quel est le registre du texte ? 8 Quel est le niveau Scène 5 Thésée, Hippolyte, Théramène Thésée. – Quel est l’étrange accueil qu’on fait à votre père, Mon fils ? Hippolyte. – Phèdre peut seule expliquer ce mystère. de langue ? Analyser la situation à inventer Une transposition Une parodie la forme d’une page romanesque 2 • imiter la situation des Repérer les caractéristiques essentielles 1 écrire une parodie sous Jean Racine, Phèdre, Acte III, scènes 4 et 5, 1677. scènes 4 et 5, parodier le style, la situation et les personnages • transposer : abandonner le genre théâtral au profit du genre romanesque 3 genre théâtral 4 un mari retrouve sa femme et veut l’embrasser. Elle s’en déclare indigne. 5 • un enjeu sérieux : un mari offensé, une femme devenue indigne ; l’honneur est en jeu. • un mystère : seule Phèdre connaît la nature de l’offense. 6 cinq personnages présents : Phèdre et Œnone sortent à la fin de la scène 4 ; personnages d’un rang élevé. 7 registre tragique 8 niveau de langue soutenu suppression des caractéristiques de l’écriture dramatique au profit de celles du roman : temps du récit, narrateur extérieur ou personnage, présent ou absent, dialogue… changement de registre : emploi du comique, style burlesque principalement ; niveau de langue familier ; caractères et sentiments bas Analyser et employer VERS LA 1re • Le théâtre Phèdre de Georges Fourest « Theseus, c’est Theseus ! il arrive ! « C’est lui-même : il monte à grands pas ! » Venait-il de Quimper, de Brive, d’Honolulu ! je ne sais pas, mais il entre, embrasse sa femme, la rembrasse en mari galant ! aussitôt la carogne infâme pleurniche, puis d’un ton dolent : « — Monsieur, votre fils Hippolyte, « avec tous ses grands airs bigots, « et ses mines de carmélite, « est bien le roi des saligots ! George Fourest, La Négresse blonde, « Phèdre », 1909, © José Corti. Phèdre. Ces vers imitent les personnages (« Théseus », « sa femme », ................................................................................................ Hippolyte) et la péripétie (Thésée veut embrasser sa femme qui refuse ................................................................................................ et suggère la culpabilité d’Hippolyte). ................................................................................................ b. Relevez les éléments qui relèvent d’une parodie burlesque. – lexique courant, familier voire bas (« rembrasse », « carogne », ................................................................................................ « pleurniche », « saligots ») ; ................................................................................................ – ieu, comportement, sentiments, relations plus prosaïques (« en mari ................................................................................................ galant », « la rembrasse », « Monsieur », « Quimper…Honolulu », ................................................................................................ « avec tous ses grands airs ») ; ................................................................................................ – registre comique (burlesque) : intervention du narrateur, jugements ................................................................................................ péjoratifs sur Phèdre elle-même et dans son intervention triviale, ................................................................................................ figures (« je ne sais pas », « la carogne infâme », « mine de ................................................................................................ carmélites »). ................................................................................................ 1 a. Montrez que ces vers sont une réécriture de II. Savoir organiser un texte Langue et culture de l’Antiquité « Le Paon et la Grue » d’Ésope Sujet : Réécrivez cette fable en transposant l’action à la cour de Louis XIV. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Un paon se moquait d’une grue ; il raillait sa couleur : « Moi, je suis vêtu d’or et de pourpre, toi, tu portes un plumage sans beauté. – Seulement moi, répondit la grue, je chante parmi les étoiles et mon vol me porte dans les hauteurs ; toi, pareil à un coq, tu marches en bas avec la volaille. » Plutôt la gloire en haillons que le déshonneur dans le faste. Ésope (VIIe avt J.C.), Fables, trad. de Cl. Terreaux, 2004, © Éditions Arléa. OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle 2 a. Encadrez les indices permettant de cerner le caractère du paon et soulignez ceux permettant de cerner celui de la grue. b. Recherchez des hommes ayant des caractères semblables à la cour de Louis XIV. Un courtisan, un homme d’esprit. ................................................................................................ c. Réécrivez la fable. « Du Courtisan et du Fabuliste » ................................................................................................ Un Courtisan marchant avec un Fabuliste agitait ses dentelles et ................................................................................................ montrait ses rubans. Il méprisait le fabuliste : « vos fables valent bien ................................................................................................ peu si l’on songe à Corneille, à Racine ou même à Molière, lui dit-il. » ................................................................................................ Mais le Fabuliste lui conta « Le Paon et la Grue. » qu’il mit en vers pour ................................................................................................ l’occasion. Une Dame qu’on croisait alors lui adressa aussitôt le plus ................................................................................................ gracieux des sourires. ................................................................................................ Le Bourgeois gentilhomme de Molière Scène XVI Monsieur Jourdain, Dorimène, Dorante, Laquais Monsieur Jourdain, après avoir fait deux révérences, se trouvant trop près de Dorimène. – Un peu plus loin, Madame. Dorimène. – Comment ? Monsieur Jourdain. – Un pas, s’il vous plaît. Dorimène. – Quoi donc ? Monsieur Jourdain. – Reculez un peu, pour la troisième. Molière, Le Bourgeois gentilhomme, Acte III, scène 16, 1670. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme 3 a. Identifiez la situation et les personnages. Monsieur Jourdain fait des révérences devant Dorante, Dorimène et ................................................................................................ des laquais. ................................................................................................ b. Transposez du genre théâtral au genre romanesque. Dès qu’il eut terminé sa deuxième révérence, Jourdain fut si près de ................................................................................................ Dorimène qu’il se trouva empêché de faire la troisième. Après un petit ................................................................................................ moment d’embarras et déjà tout transpirant, il demanda que ................................................................................................ Dorimène voulût bien se reculer un peu. La pauvre marquise quand ................................................................................................ elle eut compris de quoi il s’agissait se recula de trois pas. Dorante et ................................................................................................ les laquais qui observaient la scène ne pouvaient contenir leurs rires. ................................................................................................ Jourdain put enfin terminé ce qu’il imaginait le comble des bonnes ................................................................................................ manières et quand il se releva, on vit bien à son large sourire qu’il se ................................................................................................ croyait maintenant un vrai gentilhomme. ................................................................................................ L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert Ce fut comme une apparition : Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l’éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu’il passait, elle leva la tête ; il fléchit involontairement les épaules ; et, quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda. Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent, derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils, descendaient très bas et semblaient presser amoureusement l’ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux. Elle était en train de broder quelque chose ; et son nez droit, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de l’air bleu. Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, 1869. II. Savoir organiser un texte Sujet : Transposez ce bref dialogue dans le genre romanesque. Sujet : Pastichez l’extrait de Flaubert. 4 a. Identifiez les caractéristiques stylistiques pour les imiter : lexique, temps, narrateur, récit, description, figures. b. Pastichez le texte. Deux hommes parurent. ................................................................................................ L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, ................................................................................................ vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa ................................................................................................ cravate à la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait dans une ................................................................................................ redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue. ................................................................................................ Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent, à la ................................................................................................ même minute, sur le même banc. ................................................................................................ Pour s’essuyer le front, ils retirèrent leurs coiffures, que chacun posa ................................................................................................ près de soi ; et le petit homme aperçut, écrit dans le chapeau de son ................................................................................................ voisin : Bouvard ; pendant que celui-ci distinguait aisément dans la ................................................................................................ casquette du particulier en redingote le mot : Pécuchet. ................................................................................................ Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, 1880. ................................................................................................ ................................................................................................ ................................................................................................ Développer une argumentation sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 31 S ’ INITIER À L ’ ÉCRITURE D ’ INVENTION Acquérir une méthode Exemple appliqué Identifier l’exercice Sujet : Un nouveau gouverneur survient. Monsieur et Madame de la Jeannotière l’interrogent sur l’astronomie et d’autres sciences. Il leur démontre leur utilité. Écrivez le dialogue qui pourrait figurer à la suite de cet extrait. 1 Quel est le genre attendu ? 2 Quelle thèse doit être développée ? Repérer les caractéristiques essentielles Monsieur et Madame de la Jeannotière interrogent le gouverneur de leur fils (précepteur). Ne pourrait-on pas lui montrer un peu de géographie ? « À quoi cela lui servirat-il ? répondit le gouverneur. Quand monsieur le marquis ira dans ses terres, les postillons ne sauront-ils pas les chemins ? ils ne l’égareront certainement pas. On n’a pas besoin d’un quart de cercle pour voyager, et on va très commodément de Paris en Auvergne, sans qu’il soit besoin de savoir sous quelle latitude on se trouve. – Vous avez raison, répliqua le père ; mais j’ai entendu parler d’une belle science qu’on appelle, je crois, l’astronomie. – Quelle pitié ! repartit le gouverneur ; se conduit-on par les astres dans ce monde ? […] » 3 Quel est le thème du dialogue ? 4 Quelle est l’opinion du gouverneur ? Quelles valeurs défend-il ? 5 Quel type d’arguments le gouverneur avance-t-il ? 6 Quelles types de phrases le gouverneur emploie-t-il ? 7 Quelle est l’opinion des parents ? Sous quelle forme se présentent les paroles rapportées ? Quels types de phrases dominent ? 8 Y a-t-il une évolution dans le dialogue ? Voltaire, Jeannot et Colin, 1764. Se préparer à rédiger une argumentation Une argumentation dialoguée Une thèse à défendre 1 récit comportant un dialogue entre quatre personnages 2 défendre l’utilité des connaissances 3 les connaissances : géographie, astronomie 4 dévalorisation des connaissances : le précepteur démontre leur inutilité ; les connaissances sont inutiles pour qui joue un rôle important dans le monde 5 arguments fondés sur l’expérience : le précepteur évoque ce qui se fait habituellement 6 phrases exclamatives et interrogatives : le précepteur utilise des questions rhétoriques et cherche à persuader 7 • paroles au style direct • perplexité, marquée par la modalité interrogative. • crédulité visible par la modalité déclarative 8 Différentes disciplines sont soumises à examen, par les parents. Le gouverneur, qui devrait montrer leur utilité, les rejette toutes les unes après les autres. Les parents ne s’en étonnent pas. Discours direct, différents interlocuteurs, langage et caractère des personnages, précision de la langue du précepteur, emploi de connecteurs logiques « Les connaissances permettent de former des hommes accomplis, qu’ils soient riches ou pauvres » ; « les sciences comme l’astronomie permettent d’exercer son esprit critique » ; « la géographie permet de s’ouvrir aux autres » Repérer et manipuler 1 Dans les sujets suivants, soulignez les termes qui indiquent que l’écrit à produire doit être argumentatif. 1. À la fin du conte, Candide entreprend de montrer à Pangloss ce que signifie « Il faut cultiver son jardin ». Il essaie de le convaincre. Rédigez son discours. 2. À la suite du procès de Gustave Flaubert, un admirateur de Madame Bovary écrit à l’auteur afin de lui signifier son enthousiasme. Il prend la défense du roman contre ses détracteurs. 3. À partir de la moralité de la fable « Le Corbeau voulant imiter l’Aigle », composez un nouveau récit, qui dénonce l’orgueil des hommes. 4. Laissée seule, Iphigénie délibère : doit-elle obéir à son père, ou lutter contre la fatalité ? Rédigez son monologue. 2 Identifiez les thèses que les sujets suivants vous invitent à travailler. 1. Un des Troglodytes évoqué dans la lettre XII des Lettres persanes de Montesquieu est outré de la barbarie de ses concitoyens. Il entreprend de montrer à ses enfants les erreurs de la société. Écrivez son discours. le Troglodyte s’oppose à la barbarie. Thèse : .................................................................... 2. Chrysalde et Arnolphe, dans L’École des femmes de Molière, débattent de la meilleure façon d’élever les enfants : l’un est partisan d’une éducation libérale, l’autre a choisi une éducation plus sévère. Rédigez leur dialogue. deux thèses opposées, développées par deux Thèse : .................................................................... personnages, prônant une éducation tolérante ou ............................................................................... exigeante. ............................................................................... II. Savoir organiser un texte Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Le Ventre de Paris d’Émile Zola Sujet : À partir de cet extrait, rédigez le discours tenu par Claude, au style direct. Il dénonce auprès de son ami ce « drame humain ». sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Claude explique à son ami sa vision de la société. Alors Claude s’enthousiasma, parla de cette série d’estampes1 avec beaucoup d’éloges. Il cita certains épisodes : les Gras, énormes à crever, préparant la goinfrerie du soir, tandis que les Maigres, pliés par le jeûne, regardent de la rue avec la mine d’échalas2 envieux ; et encore les Gras, à table, les joues débordantes, chassant un Maigre qui a eu l’audace de s’introduire humblement, et qui ressemble à une quille au milieu d’un peuple de boules. Il voyait là tout le drame humain ; il finit par classer les hommes en Maigres et en Gras, en deux groupes hostiles dont l’un dévore l’autre, s’arrondit le ventre et jouit. Émile Zola, Le Ventre de Paris, 1873. 1. estampes : gravures. 2. mine d’échalas : comparaison familière à un piquet de bois. OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle 3 a. Dans le sujet, soulignez le terme qui indique que l’écrit à produire doit être argumentatif. b. Qu’apporte la description des estampes à l’argumentation ? Il s’agit d’un apologue : les gravures présentent des personnages ......................................................................................... opposés, dont les uns dominent les autres. ......................................................................................... c. À quels exemples Claude pourrait-il avoir recours ? L’ambitieux, dans le monde du travail ou dans la société, pourrait ......................................................................................... servir d’exemple. On peut penser également au milieu financier, ......................................................................................... au monde du commerce, représentés dans les romans de Zola. ......................................................................................... d. Encadrez dans le texte les expressions qui précisent le ton pris par le discours de Claude. La Critique de l’École des Femmes de Molière Lysidas, Dorante et Uranie confrontent leurs points de vue sur la comédie. Dorante. – Vous croyez donc, Monsieur Lysidas, que tout l’esprit et toute la beauté sont dans les poèmes sérieux, et que les pièces comiques sont des niaiseries qui ne méritent aucune louange ? Uranie. – Ce n’est pas mon sentiment, pour moi. La tragédie, sans doute, est quelque chose de beau quand elle est bien touchée1 ; mais la comédie a ses charmes, et je tiens que l’une n’est pas moins difficile à faire que l’autre. Molière, La Critique de l’École des Femmes, scène 6, 1662. 1. elle est bien touchée : elle est écrite avec talent. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviie siècle 4 a. Quelles sont les opinions de chaque personnage ? .Lysidas . . . . . . . . dénigre . . . . . . . . . .la. . .comédie, . . . . . . . . . . .tandis . . . . . . . qu’Uranie . . . . . . . . . . . . .lui . . .est . . . .favorable, ................ .sans . . . . .dédaigner . . . . . . . . . . . . .le. . genre . . . . . . . .sérieux. . . . . . . . . . Dorante . . . . . . . . . . .ne . . .livre . . . . . .pas . . . . son . . . . .opinion. ......... b. Quels arguments Uranie donne-t-elle à l’appui de sa thèse ? .Uranie . . . . . . . .souligne . . . . . . . . . . .que . . . . .la. . comédie . . . . . . . . . . .est . . . .plaisante. . . . . . . . . . . . .Elle . . . . signale . . . . . . . . . en ......... .outre . . . . . . .la. . diffi . . . . . culté . . . . . . .à. .écrire . . . . . . .des . . . . comédies. ......................................... c. Trouvez les arguments que pourrait formuler Lysidas. .Lysidas . . . . . . . . pourrait . . . . . . . . . . souligner . . . . . . . . . . . .la. . .fonction . . . . . . . . . .cathartique . . . . . . . . . . . . . .de . . . .la. . tragédie. ............ .Il. .peut . . . . . .montrer . . . . . . . . . .qu’elle . . . . . . . . .élève . . . . . . .l’homme . . . . . . . . . . .par . . . . la . . .noblesse . . . . . . . . . . .des ............. .sentiments . . . . . . . . . . . . .et . . .des . . . . personnages . . . . . . . . . . . . . . . .représentés. . . . . . . . . . . . . . . Enfi . . . . .n, . . .il. .pourrait ............... .invoquer . . . . . . . . . . .le. . style . . . . . . sublime . . . . . . . . . .de . . . .la. . tragédie, . . . . . . . . . . . qui . . . . .charme . . . . . . . . .le . . .public. ............ Les Caractères de Jean de La Bruyère L’homme évoqué ici vient de faire la satire de ceux qui voyagent pour voyager, sans rien voir ni apprendre. Mais quand il ajoute que les livres en apprennent plus que les voyages, et qu’il m’a fait comprendre par ses discours qu’il a une bibliothèque, je souhaite de la voir ; je vais trouver cet homme […] ; il a beau me crier aux oreilles, pour me ranimer, qu[e ses livres] sont dorés sur tranche, ornés de filets d’or, et de la bonne édition, me nommer les meilleurs l’un après l’autre, dire que sa galerie est remplie, à quelques endroits près, qui sont peints de manière, qu’on les prend pour de vrais livres arrangés sur des tablettes, et que l’œil s’y trompe ; ajouter qu’il ne lit jamais, qu’il ne met pas le pied dans cette galerie, qu’il y viendra pour me faire plaisir ; je le remercie de sa complaisance, et ne veux non plus que lui voir sa tannerie, qu’il appelle bibliothèque. Jean de La Bruyère, Les Caractères, 1688. II. Savoir organiser un texte Sujet : Poursuivez ce dialogue entre Lysidas, Dorante et Uranie : ils confrontent leurs idées sur la tragédie et la comédie. Sujet : La Bruyère rapporte la conversation qui s’est engagée lors de sa visite. Un débat s’amorce sur la connaissance : vaut-il mieux lire ou faire l’expérience des voyages ? Rédigez ce dialogue. 5 a. Soulignez les termes du sujet qui précisent la forme d’écriture à adopter. b. Encadrez dans le sujet la ou les thèse(s) à développer. c. Soulignez dans le texte les phrases au discours indirect et encadrez la thèse défendue par l’homme. d. L’argumentation de cet homme vous paraît-elle convaincante ? Justifiez votre réponse. L’homme est fier d’afficher ses livres : il ne montre d’eux que leur ......................................................................................... aspect matériel. Sa conclusion révèle sa vanité : « il ne lit jamais ». ......................................................................................... Son argumentation est donc défaillante. ......................................................................................... e. Trouvez un argument qui montre la supériorité des voyages sur les livres. .Le . . .voyage . . . . . . . . .permet . . . . . . . . .de . . . .tester . . . . . . .ce . . .que . . . . .l’on . . . . . a. . pu . . . .lire . . . . dans . . . . . . les . . . .livres. .......... S ’ INITIER AU COMMENTAIRE 32 Formuler et développer des hypothèses sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite de lecture Acquérir une méthode Exemple appliqué Recueillir des impressions à la première lecture 1 Quels sont vos sentiments, vos émotions ou vos réactions (effets de surprise…) à la lecture de ce texte ? Faire appel à ses connaissances 2 Quel est le genre de ce texte ? 3 Qui est l’auteur ? À quelle période a-t-il écrit ? À quel mouvement littéraire a-t-il appartenu ? 4 Quels thèmes sont privilégiés ? Caractériser le texte 5 Quel sens donner au titre ? 6 Quels sont les thèmes ? 7 Quels sont les registres ? 8 Quelle est la situation d’énonciation ? Quels temps verbaux sont employés ? 9 Quels sont les principaux procédés stylistiques ? 1 tristesse, monotonie, émerveillement Le soleil s’est couché ce soir dans les nuées1. Demain viendra l’orage, et le soir, et la nuit ; Puis l’aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ; Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s’enfuit ! choisir ? 3 Victor Hugo : poète romantique, XIXe siècle 4 thèmes de la fuite du Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule Sur la face des mers, sur la face des monts, Sur les fleuves d’argent, sur les forêts où roule Comme un hymne confus des morts que nous aimons. temps et de la nature 5 « Soleils couchants » : Et la face des eaux, et le front des montagnes, Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts S’iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes Prendra sans cesse aux monts le flot qu’il donne aux mers. Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête, Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux, Je m’en irai bientôt, au milieu de la fête, Sans que rien manque au monde, immense et radieux ! 1. nuées : nuages. présence de la nature et évocation d’un instant, pluriel marquant la répétition 6 thèmes du temps, de la nature 7 registres lyrique et élégiaque 8 • expression person- Victor Hugo, Les Feuilles d’automne, VI, « Soleils couchants », 1831. nelle qui intervient à la fin du texte • diversité des temps : passé composé, futur, présent 9 • personnifications de Croiser les informations 10 Quelle problématique peut-on 2 genre poétique 10 En quoi le thème romantique du soleil couchant permet-il au poète de déployer une méditation sur le temps ? 11 Quelles peuvent être les hypothèses 11 I. Déploration de la fuite du temps de lecture qui en découlent ? II. Un hymne à la nature la nature • répétitions, anaphores : succession d’instants • antithèse, oxymore : opposition « je »/ nature Analyser et employer Dialogues de M. le baron de La Hontan et d’un sauvage dans OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes l’Amérique de l’argumentation : xviii siècle e L’auteur rapporte ses conversations avec un Huron, Adario, lors de son voyage en Amérique. Adario. – […] Il y a cinquante ans que les gouverneurs du Canada prétendent que nous soyons sous les lois de leur grand capitaine. Nous nous contentons de nier notre dépendance de tout autre que du grand Esprit ; nous sommes nés libres et frères unis, aussi grands maîtres les uns que les autres ; au lieu que vous êtes tous des esclaves d’un seul homme. Si nous ne répondons pas que nous prétendons que tous les Français dépendent de nous, c’est que nous voulons éviter des querelles. Car sur quel droit et sur quelle autorité fondent-ils cette prétention ? Est-ce que nous nous sommes vendus à ce grand capitaine ? Avons-nous été en France vous chercher ? C’est vous qui êtes venus ici nous trouver. Baron de La Hontan, Dialogues de M. le baron de La Hontan et d’un sauvage dans l’Amérique, « Des lois », 1703. 1 a. À quel mouvement littéraire ce texte peut-il se rattacher ? Il se rattache au siècle des Lumières. ......................................................................................... b. Soulignez les pronoms employés. Que révèlent-ils de la situation d’énonciation ? Que défend Adario ? Le Huron, porte-parole de son peuple, généralise son propos et ......................................................................................... vise les occidentaux. Il s’oppose à eux et dénonce ......................................................................................... l’ethnocentrisme des Européens en louant les lois justes et ......................................................................................... démocratiques de son peuple. ......................................................................................... ......................................................................................... c. Parmi ces hypothèses de lecture, laquelle vous paraît la plus pertinente ? Justifiez. • Une dénonciation des Européens • L’expression d’un idéal démocratique • Le discours d’un Huron, porte-parole de l’auteur Les réponses précédentes justifient chaque hypothèse : Adario, ......................................................................................... Huron, reprend les idéaux des Lumières. ......................................................................................... ......................................................................................... II. Savoir organiser un texte OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle Le Tartuffe de Molière 2 a. En vous aidant du paratexte, indiquez où se situe ce passage dans l’œuvre. En quoi cette information éclaire-t-elle le sens du passage ? Il s’agit de la scène d’exposition : on doit présenter les ............................................................................ personnages principaux. Le titre étant Le Tartuffe, le ............................................................................ spectateur souhaite le découvrir. ............................................................................ b. Quel est le sujet du dialogue ? Soulignez les expressions qui le désignent. Le personnage éponyme, Tartuffe, est évoqué. ............................................................................ c. D’après les termes soulignés, établissez les relations qui s’établissent entre les personnages sur scène. Madame Pernelle, favorable à Tartuffe, s’oppose à tous ............................................................................ les autres personnages qui le critiquent, en utilisant ............................................................................ l’ironie. Ils lui reprochent son hypocrisie et son attitude ............................................................................ moralisatrice. ............................................................................ d. À partir de vos réponses aux questions précédentes, formulez en une phrase une hypothèse de lecture. Le dialogue permet de présenter Tartuffe d’après les ............................................................................ jugements opposés des autres personnages. ............................................................................ sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Madame Pernelle vient de critiquer la conduite de ses proches : son petit-fils Damis et la servante Dorine. Damis. – Votre Monsieur Tartuffe est bienheureux sans [doute… Madame Pernelle. – C’est un homme de bien, qu’il [faut que l’on écoute ; Et je ne puis souffrir sans me mettre en courroux De le voir querellé par un fou comme vous. Damis. – Quoi ? je souffrirai, moi, qu’un cagot1 de critique Vienne usurper céans2 un pouvoir tyrannique, Et que nous ne puissions à rien nous divertir, Si ce beau monsieur-là n’y daigne consentir ? Dorine. – S’il le faut écouter et croire à ses maximes, On ne peut faire rien qu’on ne fasse des crimes ; Car il contrôle tout, ce critique zélé. Madame Pernelle. – Et tout ce qu’il contrôle est fort [bien contrôlé. C’est au chemin du Ciel qu’il prétend vous conduire, Et mon fils à l’aimer vous devrait tous induire. Molière, Le Tartuffe, Acte I, scène 1, 1664. 1. cagot : faux dévot. 2. usurper céans : s’approprier sur-le-champ. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Bel-Ami de Guy de Maupassant Duroy, un ambitieux, invité chez un ami, fait la connaissance de son épouse. Mais Duroy, tout à coup, perdant son aplomb, se sentit perclus1 de crainte, haletant. Il allait faire son premier pas dans l’existence attendue, rêvée. Il s’avança, pourtant. Une jeune femme, blonde, était debout qui l’attendait, toute seule, dans une grande pièce bien éclairée et pleine d’arbustes, comme une serre. Il s’arrêta net, tout à fait déconcerté. Quelle était cette dame qui souriait ? Puis il se souvint que Forestier était marié ; et la pensée que cette jolie blonde élégante devait être la femme de son ami acheva de l’effarer. Il balbutia : « Madame, je suis... » Elle lui tendit la main : « Je le sais, monsieur. Charles m’a raconté votre rencontre d’hier soir, et je suis très heureuse qu’il ait eu la bonne inspiration de vous prier de dîner avec nous aujourd’hui ». Il rougit jusqu’aux oreilles, ne sachant plus que dire […]. Il s’assit sur un fauteuil qu’elle lui désignait, et quand il sentit plier sous lui le velours élastique et doux du siège, quand il se sentit enfoncé, appuyé, étreint par ce meuble caressant dont le dossier et les bras capitonnés le soutenaient délicatement, il lui sembla qu’il entrait dans une vie nouvelle et charmante […]. Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1885. 1. perclus : paralysé. II. Savoir organiser un texte 3 a. Résumez, en un mot, l’épisode raconté. Une rencontre. ......................................................................................... b. Comment progresse le récit ? Le récit de la rencontre se poursuit avec les paroles rapportées ......................................................................................... de chacun des personnages, au style direct. Les pensées et ......................................................................................... sensations de Duroy sont enfin évoquées. ......................................................................................... c. Quel est le point de vue adopté dans ce récit ? Justifiez votre réponse. La rencontre se fait selon le point de vue de Duroy, dont nous ......................................................................................... connaissons les émotions, la crainte, et les pensées, à travers du ......................................................................................... discours indirect libre. ......................................................................................... d. Quel caractère attribuez-vous à chacun des personnages ? Quelle évolution constatez-vous ? Duroy semble sûr de lui, mais encore timide dans la société, ......................................................................................... tandis que la jeune femme blonde semble à l’aise : elle prend la ......................................................................................... parole avec aisance, fait le premier pas vers Duroy. Le caractère ......................................................................................... de celui-ci s’affirme davantage à la fin du texte : c’est un ......................................................................................... ambitieux. ......................................................................................... e. Quelle est la figure de style employée pour décrire le fauteuil ? Quel est l’effet produit ? Le fauteuil est personnifié : avec ses « bras », il « étreint », il est ......................................................................................... « caressant ». Il préfigure le rôle apaisant et providentiel de ......................................................................................... Mme Forestier. ......................................................................................... f. À partir de vos réponses précédentes, proposez plusieurs axes d’étude reprenant le mot donné en a. et le qualifiant. Une rencontre amoureuse ; une rencontre décisive ; une ......................................................................................... rencontre déconcertante... ......................................................................................... ......................................................................................... ......................................................................................... S ’ INITIER AU COMMENTAIRE 33 Construire un plan et rédiger sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite des paragraphes Acquérir une méthode 1 Choisir les axes de lecture Après avoir choisi les axes de lecture, on repère dans le texte tous les éléments qui les vérifient. 2 Construire le plan La première partie rassemble ce qui est le plus apparent, la deuxième, ce qui est plus subtil. À l’intérieur de chaque partie, les arguments (2 ou 3) se regroupent du plus apparent vers le plus subtil. 3 Résumer les arguments L’argument à développer se résume en une phrase. 4 Illustrer par des citations Les citations qui étayent cette idée sont à regrouper. 5 Caractériser les citations Exemple appliqué Rosemonde Longtemps au pied du perrona de La maison où entra la dame Que j’avais suivie pendant deux Bonnes heures à Amsterdam Mes doigts jetèrent des baisers Mais le canal était désert Le quai aussi et nul ne vit Comment mes baisers retrouvèrent Celle à qui j’ai donné ma vie Un jour pendant plus de deux heures Je la surnommai Rosemonde, Voulant pouvoir me rappeler Sa bouche fleurie en Hollande Puis lentement je m’en allai Pour quêter la Rose du Monde Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913. Les citations sont commentées pour donner une interprétation personnelle. 6 Prévoir des transitions Rédiger le paragraphe Rédiger le paragraphe en rassemblant les éléments précédents, en expliquant et en liant par des conjonctions et des transitions. 1 I. Une rencontre amoureuse II. Un poète universel 2 I. Une rencontre amoureuse 1. Une promenade à Amsterdam 2. Un poète amoureux II. Un poète universel 1. Solitude du poète 2. Un lyrisme « orphique » : nommer le monde et l’embrasser 3. Entre élan et dérision : échec du poète 3 Ex. : Axe de lecture I., argument 1. : « Le poème raconte le vagabondage du poète dans les rues d’Amsterdam. » 4 Ex. : « entra », « bonnes heures », « Amsterdam », « canal », « quai », « je m’en allai », etc. 5 • Passé simple et verbes de mouvement → « un petit drame » • Lexique de la topographie urbaine → « tableau d’une ville de canaux » • Enjambements → « une longue poursuite » 6 Transition : « Au cœur de ce tableau en mouvement de la ville d’Amsterdam se dessine le portrait d’un poète conduit par ses sentiments. » Analyser et employer Le poème, cependant, met en scène l’isolement du promeneur amoureux. Il ne parvient pas en effet à engager le dialogue avec celle qu’il poursuit : la voix qui s’exprime est toujours une voix sin- gulière : les pronoms personnels de première personne au singulier « j’ » (vers 3, 9), « je » (vers 11, 14) se multiplient au fil des trois strophes. Cette rencontre, de plus, n’a pas de témoin : à la solitude du poète répond la solitude des lieux, dont témoigne la phrase négative « nul ne vit… » et son sujet indéfini, qui nie la présence de tout être humain. Cette rencontre amoureuse semble donc vouée à l’échec et à l’oubli. La solitude du poète traduit en réalité un mouvement plus ample, qui dépasse l’anecdote d’une rencontre amoureuse pour devenir proclamation d’un amour universel. 1 Ce paragraphe correspond au développement de l’argument « solitude du poète » (voir texte ci-dessus). a. Soulignez la phrase qui résume l’argument, et la phrase qui assure une transition vers le deuxième argument. b. Encadrez les formules qui caractérisent les citations. c. Recopiez les interprétations auxquelles donne lieu l’analyse des citations. Cette rencontre amoureuse semble donc vouée à l’échec .............................................................................. et à l’oubli. .............................................................................. .............................................................................. .............................................................................. .............................................................................. .............................................................................. .............................................................................. .............................................................................. .............................................................................. II. Savoir organiser un texte OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle Phèdre de Jean Racine 2 a. Rédigez en une phrase un argument qui explique le propos du texte. Ce passage met en scène la déclaration d’amour ............................................................................... passionnée adressée par Phèdre à Hippolyte. ............................................................................... b. Encadrez les citations qui permettraient de montrer que ce passage présente une déclaration d’amour. c. Inventez un argument qui pourrait prolonger ce développement, puis soulignez les citations qui permettraient de l’étayer. Phèdre s’accuse de nourrir un amour coupable. ............................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Phèdre, en présence de sa nourrice, fait un aveu à Hippolyte, le fils de son époux. Phedre. – […] Je t’en ai dit assez pour te tirer d’erreur. Hé bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur. J’aime. Ne pense pas qu’au moment que je t’aime, Innocente à mes yeux je m’approuve moi-même, Ni que du fol amour qui trouble ma raison Ma lâche complaisance ait nourri le poison. Jean Racine, Phèdre, Acte II, scène 5, 1677. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle La Princesse de Babylone de Voltaire La princesse de Babylone parcourt le monde à la recherche de son bien-aimé. Elle arrive chez les Cimmériens, peuple habitant les confins du monde connu des hommes de l’antiquité. Le seigneur cimmérien, qui était un grand naturaliste, s’entretint beaucoup avec le phénix1 dans les temps où la princesse était retirée dans son appartement. Le phénix lui avoua qu’il avait autrefois voyagé chez les Cimmériens, et qu’il ne reconnaissait plus le pays. « Comment de si prodigieux changements, disait-il, ont-ils pu être opérés dans un temps si court ? Il n’y a pas trois cents ans que je vis ici la nature sauvage dans toute son horreur ; j’y trouve aujourd’hui les arts, la splendeur, la gloire et la politesse. – Un seul homme a commencé ce grand ouvrage, répondit le Cimmérien ; une femme l’a perfectionné ; une femme a été meilleure législatrice que l’Isis des Égyptiens et la Cérès2 des Grecs. La plupart des législateurs ont eu un génie étroit et despotique […]. » Voltaire, La Princesse de Babylone, 1768. 1. phénix : oiseau fabuleux qui accompagne la princesse. 2. Isis et Cérès : divinités associées à l’établissement de la civilisation. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme passage met en scène des éléments merveilleux. b. Caractérisez ces éléments afin d’en permettre l’interprétation. Le mot « phénix », répété, désigne un animal fabuleux; ............................................................................. une antithèse souligne la durée de sa vie. Des verbes de ............................................................................. parole introduisent des propositions complétives où est ............................................................................. rapporté le dialogue entre les deux personnages. ............................................................................. c. Prolongez la caractérisation des éléments ainsi observés par une interprétation personnelle. Un dialogue s’établit comme naturellement entre ............................................................................. l’animal fabuleux dont la vie, renouvelée dans le brasier, ............................................................................. se prolonge par-delà les siècles, et le monarque humain, ............................................................................. qui règne sur un pays lui-même fabuleux. ............................................................................. d. Proposez ensuite une transition vers un argument qui exposera les intentions de Voltaire. L’animal perçoit ainsi un changement et sert la réflexion ............................................................................. de Voltaire sur les progrès amenés par l’évolution des ............................................................................. régimes politiques. ............................................................................. ............................................................................. Le Rouge et le Noir de Stendhal Julien Sorel, Fils d’un charpentier, a quatorze ans. Qui eût pu deviner que cette figure de jeune fille1, si pâle et si douce, cachait la résolution inébranlable de s’exposer à mille morts plutôt que de ne pas faire fortune ! Pour Julien, faire fortune, c’était d’abord sortir de Verrière ; il abhorrait sa patrie. Tout ce qu’il y voyait glaçait son imagination. Dès sa première enfance, il avait eu des moments d’exaltation. Alors il songeait avec délices qu’un jour il serait présenté aux jolies femmes de Paris, il saurait attirer leur attention par quelque action d’éclat. Pourquoi ne serait-il pas aimé de l’une d’elles, comme Bonaparte, pauvre encore, avait été aimé de la brillante Madame de Beauharnais 2 ? Depuis bien des années, Julien ne passait peut-être pas une heure de sa vie sans se dire que Bonaparte, lieutenant obscur et sans fortune, s’était fait le maître du monde avec son épée. Cette idée le consolait de ses malheurs qu’il croyait grands […]. Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830. 1. jeune fille : il s’agit de Julien. 2. Mme de Beauharnais : épouse de l’empereur Napoléon-Bonaparte. II. Savoir organiser un texte 3 a. Encadrez les citations qui montrent que ce 4 a. Inventez trois arguments permettant de vérifier l’axe de lecture « le portrait d’un jeune homme ambitieux ». Regroupez-les en fonction de leur degré de complexité. 1. Un jeune homme révolté. ........................................................................ 2. Un séducteur épris de gloire. ........................................................................ 3. Un héros calculateur ........................................................................ ........................................................................ b. Rédigez la première phrase et la dernière phrase de chaque argument, en assurant des transitions. 1. Stendhal brosse le portrait d’un jeune homme ........................................................................ révolté […] Cette révolte révèle des rêves juvéniles. ........................................................................ 2. Si Julien se révolte contre son sort présent, c’est ........................................................................ qu’il aspire à la gloire et à l’amour […] Les projets du ........................................................................ personnage trahissent son ambition. ........................................................................ 3. La narration scrute en effet la psychologie du héros ........................................................................ […] ........................................................................ ....................................................................... S ’ INITIER AU COMMENTAIRE sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 34 Rédiger l’introduction / la conclusion Acquérir une méthode Sujet : Vous commenterez le poème d’Apollinaire « Rosemonde ». voir fiche 33 Introduction Soucieuse de traduire les conflits qui opposent l’homme et le monde, la poésie, du romantisme au surréalisme, a souvent célébré les douleurs engendrées par l’amour. Le poème «Rosemonde » a été publié en 1913 par Apollinaire, dans le recueil Alcools, où s’incarne « l’esprit nouveau ». Ce poème fait le récit d’une promenade solitaire effectuée dans une ville hollandaise. Le poète poursuit une femme inconnue, et le lyrisme du passage fait entendre un chant amoureux, à la fois triste et léger. Nous nous demanderons comment cette poursuite amoureuse permet de dessiner la figure d’un Proposer une phrase d’exposition générale destinée à préparer le lecteur Proposer une phrase destinée à présenter le contexte pour orienter la problématique (genre, titre, auteur, époque) Présenter le texte (type, résumé rapide et thèmes dominants, registre, coloration, ou visées) poète passionné et solitaire, insouciant et inquiet. L’étude de la rencontre amoureuse fera l’objet Annoncer la problématique d’un premier développement. Nous verrons ensuite comment se forme, dans ces vers, l’image d’un Annoncer le plan poète universel. Conclusion Dans ce poème, Apollinaire met donc en scène un poète promeneur, en qui l’image de la ville et l’image de la femme fugitivement aimée se fondent pour former un tableau sensible et plein de simplicité. La ville, témoin unique et silencieux de cette rencontre, est le théâtre d’un renoncement, Résumer les étapes de l’argumentation mais aussi d’un nouvel élan qui donne à la quête du poète une dimension universelle. Le poète, qui perd celle qu’il aime, apparaît ici comme un nouvel Orphée, soupirant seul sur le seuil infernal d’une maison bourgeoise. Son chant, dépossédé de l’objet aimé, persiste cependant à faire entendre Apporter une réponse nuancée mais réelle à la problématique un sentiment désormais orphelin, mais propre à entraîner la fusion du poète et du monde. Peutêtre pourrait-on voir dans ce portrait du sujet lyrique qui transforme l’expérience sensible en expérience spirituelle un renouvellement de l’image du poète romantique. Proposer, si cela est judicieux, une ouverture vers un problème littéraire voisin de la question traitée Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Maximes de François de La Rochefoucauld La pitié est un sentiment de nos propres maux, dans un sujet étranger : c’est une prévoyance habile des malheurs, où nous pouvons tomber, qui nous fait donner des secours aux autres, pour les engager à nous les rendre dans de semblables occasions : de sorte que les services que nous rendons, à ceux qui sont accueillis de1 quelque infortune, sont à proprement parler des biens anticipés que nous nous faisons. François de La Rochefoucauld, Maximes, 1664. 1. sont accueillis de : subissent. 1 a. Identifiez l’époque et le genre de ce texte. Ce texte appartient au genre de la maxime et a été écrit au xviie siècle. .............................................................................................................. b. Rédigez deux phrases d’exposition. L’esprit d’un siècle s’exprime dans la littérature d’idées qu’il produit. La société .............................................................................................................. mondaine du xviie siècle se plaisait aux conversations brillantes dans lesquelles, .............................................................................................................. par une formule brève et profonde, on parvenait à frapper les esprits. .............................................................................................................. c. Soulignez les verbes conjugués : à quel temps sont-ils employés ? Quelle est sa valeur ? Le présent de l’indicatif exprime ici une vérité générale. .............................................................................................................. d. Rédigez une phrase qui présente le type et le thème du texte. Ce texte, sous une forme concise, développe une argumentation sur le véritable .............................................................................................................. visage du sentiment de la pitié. .............................................................................................................. e. Déterminez la visée de ce texte. Le texte dénonce la fausseté de nos attitudes vertueuses, qui sont des vices .............................................................................................................. déguisés. .............................................................................................................. II. Savoir organiser un texte OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme Thérèse Raquin d’Émile Zola 2 Voici deux axes de lecture possibles pour commenter ce texte : I. Une scène de première vue II. Une narration qui révèle les personnages a. Encadrez quelques éléments permettant de mettre en évidence le premier axe ; soulignez ceux qui illustrent le deuxième axe. b. Rédigez un développement de quelques lignes pour présenter ces éléments. Le passage présente un portrait de Laurent vu à travers les yeux de Thérèse : ....................................................................................................... Thérèse observe avec attention toute la personne de Laurent, dont l’aspect ....................................................................................................... général apparaît peu à peu sous les yeux du lecteur. La présence des thèmes ....................................................................................................... de l’amour et de la violence annonce une relation destructrice. ....................................................................................................... c. Rédigez une problématique qui reprendra les axes de lecture, puis l’annonce de votre plan. Nous verrons que cette scène de première vue dessine le portrait des ....................................................................................................... personnages. Après avoir étudié le traitement narratif de cette rencontre ....................................................................................................... amoureuse, nous verrons que la scène révèle, au-delà de leur aspect ....................................................................................................... physique, le caractère des personnages. ....................................................................................................... d. Rédigez la première phrase de la conclusion, qui résume les étapes de l’argumentation annoncées en introduction. Ce passage montre la naissance progressive du sentiment amoureux dans ....................................................................................................... l’esprit de Thérèse. L’absence de contre-champ donne à cette rencontre un ....................................................................................................... caractère asymétrique qui déjoue les attentes du lecteur. Le regard insistant de ....................................................................................................... la femme permet de peindre un homme robuste, mais trahit aussi la violence ....................................................................................................... concentrée dans le corps de l’un, et dans l’âme de l’autre. ....................................................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Thérèse, une orpheline, a été élevée avec son cousin. Ce dernier revient un jour accompagné de Laurent, un collègue. […] Thérèse, qui n’avait pas encore prononcé une parole, regardait le nouveau venu. Elle n’avait jamais vu un homme. Laurent, grand, fort, le visage frais, l’étonnait. Elle contemplait avec une sorte d’admiration son front bas, planté d’une rude chevelure noire, ses joues pleines, ses lèvres rouges, sa face régulière, d’une beauté sanguine. Elle arrêta un instant ses regards sur son cou ; ce cou était large et court, gras et puissant. Puis elle s’oublia à considérer les grosses mains qu’il tenait étalées sur ses genoux ; les doigts en étaient carrés : le poing fermé devait être énorme et aurait pu assommer un bœuf. Émile Zola, Thérèse Raquin, 1867. OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle Horace de Pierre Corneille Horace, un Romain, vient de tuer Curiace, un ennemi de Rome, qui était aussi l’amant de sa sœur, Camille ; elle maudit alors Rome. Camille. – […] Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre, Voir ses maisons en cendres et tes lauriers en poudre, Voir le dernier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir ! Horace, mettant l’épée à la main et poursuivant sa sœur qui s’enfuit. – C’est trop, ma patience à la raison fait place, Va dedans les enfers plaindre ton Curiace ! Camille, blessée derrière le théâtre. – Ah, traître ! Horace, revenant sur le théâtre. – Ainsi reçoive un châtiment soudain Quiconque ose pleurer un ennemi romain ! Pierre Corneille, Horace, Acte IV, scène 5, 1640. 3 Voici une problématique possible pour commenter ce texte : « Nous verrons que ce dialogue théâtral met en scène les déchirements du personnage tragique. » a. À partir de la problématique, rédigez, dans son intégralité, l’introduction à un commentaire de ce texte. Exposition générale : siècle où le théâtre devient institution ; société aristocratique, valeurs héroïques ; exposition ......................................................................................................................................................................... particulière : extrait de scène de théâtre, première moitié du xviie siècle, Corneille, auteur d’une tragi-comédie, en 1637 ......................................................................................................................................................................... Présentation du texte pour concevoir la problématique : dialogue, meurtre de la sœur par le frère, politique, amour, ......................................................................................................................................................................... devoir ; violence, tragique, pathétique. ......................................................................................................................................................................... Axes de lecture : I. Une scène de meurtre ; II. Un héros de la renonciation. ......................................................................................................................................................................... b. En suivant scrupuleusement la méthode ( voir Acquérir une méthode), rédigez, dans son intégralité, la conclusion d’un commentaire de ce texte. Résumé des étapes de l’argumentation : un dialogue plein de violence : à la proclamation de l’amour répondent la ......................................................................................................................................................................... malédiction et le crime ; un personnage pathétique, un crime terrible. Une querelle fondée sur des raisons affectives et ......................................................................................................................................................................... politiques ; un héros qui renonce au sentiment et sacrifie les liens du sang à la raison d’État. ......................................................................................................................................................................... Réponse à la problématique : un déchaînement de la violence verbale et physique où le choix du sacrifice révèle la grandeur ......................................................................................................................................................................... du héros aimanté par la passion de la gloire ; un spectacle qui inspire au spectateur les sentiments de terreur et de pitié. ......................................................................................................................................................................... Ouverture : évolution du genre, avec Racine, qui délaisse les grandeurs de la lucidité héroïque pour sonder les obscurités ......................................................................................................................................................................... des passions destructrices. ......................................................................................................................................................................... II. Savoir organiser un texte 35 S ’ INITIER À LA DISSERTATION Analyser un sujet de dissertation sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Acquérir une méthode Exemple appliqué 1 Identifier le type d’interrogation Sujet : Les romans réalistes et naturalistes offrent-ils un reflet fidèle de la réalité ? plan dialectique* Totale plan thématique** plan analytique*** plan dialectique* Partielle Type d’interrogation Totale : discuter une type de plan : dialectique thèse * discuter une thèse – ** explorer une notion, des fonctions – *** étayer une thèse 2 Analyser le libellé du sujet 3 Analyser les termes du sujet partiellement explicite formuler l’implicite explicite repérer l’objet d’étude concerné expliciter les termes clés reformulation, exemples Question implicite Ou le reflet est-il altéré par la fiction romanesque ? Objet d’étude Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : réalisme et naturalisme ; Termes clés romans réalistes et naturalistes : Le Père Goriot, L’Assommoir, Le Rouge et le noir, Germinal, Bel-Ami, Une vie… reflet fidèle : image véritable, photographie la réalité : la société du XIXe siècle Reformulation Les romans de Balzac, Stendhal, Zola et Maupassant sont-il réellement à l’image de la société du XIXe siècle ? Autres questions L’ambition de « refléter la réalité » n’est-elle pas limitée par les contraintes du genre romanesque ? Dans quelle mesure le style propre à chaque auteur modifie-t-il le reflet de la réalité ? 4 Reformuler explicitement le sujet Analyser et manipuler 1 a. Dans les libellés de sujets suivants, l’interroga- tion est-elle totale ou partielle ? tOtale PaRtielle 1. La fable est-elle un genre futile ? ✗ 2. En quoi la comédie vise-t-elle à corriger les vices ? ✗ 3. Dans quelle mesure l’argumentation indirecte vous semble-t-elle apte à défendre des idées ? ✗ 4. La poésie surréaliste s’oppose-t-elle à la poésie romantique ? ✗ b. Pour chaque sujet, indiquez le type de plan attendu. analytique dialectique 1. ................................ 3. ................................ analytique 2. ................................ 4. dialectique ................................ 2 Chaque question sous-entend une autre question qui prolonge le raisonnement : formulez cette question implicite. 1. La comédie classique vise-t-elle à divertir ? Ou a-t-elle d’autres buts : critiquer, corriger? ........................................................................... 2. La poésie romantique se limite-t-elle à l’expression des sentiments ? Ou exprime-t-elle des idées, des critiques ? ........................................................................... 3. Le genre de l’essai permet-il de défendre efficacement ses idées ? Ou certains de ses aspects limitent-ils son efficacité ? ........................................................................... 3 a. Pour chaque sujet, précisez l’objet d’étude concerné. Objets d’étude : A. Le roman et la nouvelle au XiXe siècle : réalisme et naturalisme • B. La tragédie et la comédie au XViie siècle : le classicisme • C. La poésie du XiXe au XXe siècle : du romantisme au surréalisme • D. Genres et formes de l’argumentation : XViie et XViiie siècles Sujet 1 : Le roman naturaliste a-t-il pour vocation dechanA ger le monde ? ......... Sujet 2 : La poésie se réduit-elle à une virtuosité verbale ? C ......... Sujet 3 : Pourquoi peut-on encore lire une tragédie clasB sique ? ......... Sujet 4 : Dans quelle mesure l’argumentation indirecte D vous semble-t-elle apte à défendre des idées ? ......... b. Pour chaque sujet précédent, reformulez chaque terme clé par des termes plus éclairants. ambition, but, objectif 1. • vocation : ........................................................... modifier, améliorer • changer : transformer, ............................................................ société humaine contemporaine et à venir • le monde : .......................................................... maîtrise, maniement, jeu 2. • virtuosité : .......................................................... lexicale : sonorités, formes, signifiant, vers • verbale : ............................................................. œuvres du xviie siècle en 5 actes 3. • tragédie classique : ............................................... écrite en vers / de Corneille et de Racine / dominées par ............................................................................. le registre tragique ............................................................................. conte philosophique 4. • argumentation indirecte : fable, ..................................... capable, adaptée, effi cace • apte : ................................................................ II. Savoir organiser un texte dont l’action se situe dans un cadre • romans réalistes : ................................................. réel, et contemporain de l’écriture ........................................................................... Le Rouge et le Noir, La Femme de Mes exemples : .................................................. trente ans, Le Père Goriot, etc. ........................................................................... ajoutent à l’ambition réaliste, • romans naturalistes : ............................................ la vérité exacte et brutale ........................................................................... Bel-Ami, Une Vie, Germinal, Mes exemples : .................................................. L’Assommoir, etc. ........................................................................... personnages aux • véritables héros romanesques : ............................... qualités et aux actions extraordinaires ........................................................................... Jean Valjean, d’Artagnan, Mes exemples : .................................................. Le Chevalier des Touches, Julien Sorel, Rastignac, ........................................................................... Vautrin, Bel-Ami, Saccard ........................................................................... 2. Dans quelle mesure le personnage de théâtre est-il construit par le texte et par la représentation ? en quoi, sous quels aspects, • dans quelle mesure : ............................................ dans quelles limites ou dans une certaine mesure et ........................................................................... moins dans une autre ........................................................................... caractérisé par son nom, • le personnage de théâtre : ..................................... son rang, sa parole et ses actions et par ce qu’en disent ........................................................................... les autres personnages. ........................................................................... Harpagon, Tartuffe, Dom Juan, Mes exemples : .................................................. Elvire, Rodrigue, Horace, Andromaque, Britannicus, etc. ........................................................................... trouve-t-il son identité, • est-il construit : ................................................... sa personnalité, son originalité ........................................................................... sa parole, les didascalies, la parole d’autres • le texte : ............................................................ personnages, son rôle dans l’action, ses actions, ........................................................................... son destin ........................................................................... Rodrigue construit par le monologue, Mes exemples : .................................................. le duel. Phèdre par l’historique de sa passion ........................................................................... le physique de l’acteur incarnant • la représentation : ............................................... le personnage, sa gestuelle, son costume, sa voix ........................................................................ ... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 4 Reformulez plus explicitement les problématiques suivantes. Le genre qui recourt 1. La fable est-elle un genre futile ? .............................. à l’argumentation indirecte est-il seulement ........................................................................... divertissant ou prétend-il rivaliser avec des genres qui ........................................................................... recourent à l’argumentation directe ? ........................................................................... 2. En quoi la tragédie classique a-t-elle une visée morale ? Quels aspects des tragédies de Corneille et de Racine ........................................................................... démontrent qu’elles ont pour objectif de purifier des ........................................................................... passions coupables et d’enseigner la vertu ? ........................................................................... 1. Peut-on affirmer avec Racine que « La principale règle est de plaire et de toucher » ? ✗ 2. Qu’apportent les descriptions dans les romans réalistes et naturalistes ? 3. Dans quelle mesure le romantisme s’oppose-t-il au surréalisme ? 4. Comment la fable parvient-elle à entraîner l’adhésion du lecteur ? thématique analytique dialectique 5 Quel type de plan choisiriez-vous pour traiter les sujets suivants ? ✗ ✗ ✗ ✗ 6 Reliez précisément les sujets de l’exercice 5 à leur objet d’étude et appuyez-vous sur vos connaissances pour retenir les œuvres utiles à la dissertation. Le théâtre classique et les débats 1. Objet d’étude : ....................................................... suscités par la question des règles ........................................................................... Les préfaces des tragédies ou des comédies Œuvres : ............................................................... ainsi que les tragédies et comédies classiques ........................................................................... Le roman réaliste et naturaliste et 2. Objet d’étude : ....................................................... l’ambition affichée de peindre la réalité ........................................................................... Les textes théoriques et les romans des Œuvres : ............................................................... romanciers réalistes et naturalistes ........................................................................... La poésie du xixe au xxe siècle : 3. Objet d’étude : ....................................................... du romantisme au surréalisme ........................................................................... Les poèmes de Lamartine, Hugo, Musset Œuvres : ............................................................... mais aussi ceux de Breton, Desnos, Eluard, etc. ........................................................................... Genres et formes de l’argumentation : 4. Objet d’étude : ....................................................... e e xvii et xvii siècles. ........................................................................... Les Fables de La Fontaine mais aussi celles de Œuvres : ............................................................... Florian ........................................................................... 7 Analysez les termes clés des sujets suivants en donnant des exemples pris dans vos lectures et en les reformulant et développant. 1. Peut-on considérer les personnages des romans réalistes et naturalistes comme de véritables héros romanesques ? construits par le texte : un nom, • personnages : ...................................................... un portrait, une identité sociale, etc. ........................................................................... Principaux comme Julien Sorel, Mes exemples : .................................................. Le père Goriot, Eugénie Grandet, Julie, Bel-Ami, etc. ........................................................................... II. Savoir organiser un texte 8 a. Dans ce sujet type E.A.F., surlignez les liens entre la question sur le corpus, le commentaire, l’écriture d’invention et la dissertation. Sujet : Corpus de trois poèmes symbolistes ( voir fiche 8) Question sur le corpus – Quelles sont les fonctions des allitérations, des assonances et des différents mètres de ces vers ? Commentaire – Vous ferez le commentaire de « Parfum exotique » de Baudelaire ( voir fiche 8). Invention – Écrivez une préface à une anthologie de poèmes symbolistes dans laquelle vous insisterez sur l’intérêt porté par les poètes à la musicalité du vers mais aussi à la richesse sémantique du lexique. Dissertation – Dans quelle mesure la poésie exploitet-elle toutes les ressources de la langue ? b. Formulez une phrase dans laquelle vous montrerez que les termes surlignés illustrent et éclairent le sujet de dissertation. Les sonorités et les rythmes des mots de la langue agencés ............................................................................... dans des vers, ainsi que leur polysémie, constituent les ............................................................................... aspects essentiels des ressources de la langue. ............................................................................... S ’ INITIER À LA DISSERTATION sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 36 Élaborer un plan détaillé Acquérir une méthode Exemple appliqué Sujet : Toute argumentation doit-elle être directe pour être efficace ? 1 Analyser le sujet Plan dialectique (discuter une thèse) Objet d’étude Genres et formes de l’argumentation : XVIIe et XVIIIe siècles voir fiche 35 2 Dresser une liste d’idées en lien avec le sujet (en s’aidant des textes proposés en corpus) Idées Empathie du lecteur, amusement du lecteur… Structure facilitant la compréhension Engagement net de l’auteur Les Contes philosophiques de Voltaire Argument Amusement du lecteur Exemple Les Contes philosophiques de Voltaire 3 Distinguer arguments et exemples 4 Regrouper les idées proches, venant à l’appui de la même thèse 5 Construire le plan en allant de l’idée la plus simple vers la plus complexe Thèse Toute argumentation doit être directe pour être efficace. Idée 1 Structure facilitant la compréhension Idée 2 Engagement net de l’auteur Plan de la première partie I. L’argumentation directe : l’évidence au service de l’efficacité. 1. Engagement net de l’auteur (« je ») 2. Structure facilitant la compréhension Dans l’exemple, on voit d’abord que l’auteur parle en son propre nom avant de se rendre compte de la structure. Analyser et manipuler 1 a. Conserveriez-vous les arguments suivants pour traiter ce sujet de dissertation ? Sujet : Pour Rousseau, les fables possèdent une morale « mêlée et […] disproportionnée à [l’] âge » des enfants. Selon vous, quelles sont les forces et les faiblesses des fables et de l’argumentation indirecte ? 1. L’argumentation indirecte contient un discours insinuant, que l’on retient mieux. 2. Il est difficile de décrypter le sens d’un récit. 3. L’essai apporte une leçon claire par l’expression d’une pensée univoque. 4. La vertu de certains personnages, comme le lion est ambiguë. 5. Le romancier réaliste veut donner une certaine image de la société. 6. Le récit évite l’ennui d’une leçon didactique. 7. Les fables donnent deux leçons, sous deux formes différentes : récit et moralité. 8. On trouve de l’argumentation dans les romans, au théâtre et dans les poèmes. Oui nOn ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ b. Soulignez les arguments qui montrent la force de l’argumentation indirecte. 2 Les affirmations suivantes correspondent aux idées que l’on pourrait lister afin de traiter ce sujet de dissertation. Sujet : Pour Stendhal, le roman est « un miroir que l’on promène le long d’un chemin ». Justifiez cette affirmation. 1. Le récit suit une progression, qui est celle du personnage. 2. Mme de Rênal et Mathilde de la Mole jouent des rôles décisifs dans la vie de Julien Sorel, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal. 3. Le romancier est précis dans les termes employés afin de rendre compte de la réalité. 4. Dans Bel-Ami, Maupassant nous montre l’avancée progressive de Duroy, un ambitieux. 5. Le cadre dans lequel se déroule La Curée de Zola est le Paris transformé du Baron Haussmann. 6. Le roman est le lieu de rencontres entre différents personnages. 7. Les références au réel sont nombreuses dans les romans. 8. Pour décrire les tissus dans le Bonheur des dames, Zola emploie des termes techniques. a. Parmi ces affirmations, soulignez les arguments d’un trait et les exemples de deux traits. b. Associez chaque argument à chaque exemple. 1-4 ; 3-8 ; 6-2 ; 7-5. ............................................................................... II. Savoir organiser un texte 3 Voici des arguments possibles pour traiter le sujet suivant. Sujet : Dans sa préface aux Petits poèmes en prose, Baudelaire souligne le « miracle d’une prose poétique », qui s’adapterait « aux mouvements lyriques de l’âme ». L’œuvre poétique tient-elle seulement à sa forme ? sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Sujet : Le poète est-il nécessairement centré sur luimême ? Vous examinerez cette question en vous fondant sur les poèmes des XiXe et XXe siècles que vous connaissez. 5 Voici une ébauche de plan au sujet suivant. Arguments : 1. Le poème est l’expression d’une souffrance. 2. Le poète s’adresse aux autres. 3. La beauté des choses se lit grâce au poème. 4. De nombreux poèmes évoquent le sentiment amoureux. 5. Le poème laisse s’exprimer l’inconscient de l’auteur. 6. Le poète peut s’engager. a. Quels arguments permettent de justifier chacune de ces parties ? I. Le poème est jaillissement de la parole personnelle. 1-4-5 Arguments : ............................................................ II. Le poème est ouverture aux autres et au monde. 2-3-6 Arguments : ............................................................ b. Classez-les de façon à faire apparaître une progression dans la pensée et expliquez votre choix. I. 4-1-5 → On part des sentiments et de la plupart des ............................................................................... poèmes, pour aboutir au cas particulier de la poésie ............................................................................... surréaliste. ............................................................................... II. 2-6-3 → Les poèmes sont d’abord destinés à être lus, et ............................................................................... portent un regard particulier sur les êtres. Le plan ............................................................................... procède par élargissement : le poète parle du monde. ............................................................................... c. Pour chaque argument, donnez un exemple. 1 : Baudelaire, « Spleen » ............................................................................... 2 : Poèmes adressés à l’être aimé ............................................................................... 3 : Célébration de la nature dans les poèmes romantiques ............................................................................... 4 : Apollinaire, « Poèmes à Lou » ............................................................................... 5 : Poèmes surréalistes ............................................................................... 6 : Hugo, Les Châtiments ; Desnos, L’Honneur des poètes ............................................................................... 4 Complétez le plan suivant, qui pourrait figurer au brouillon, en formulant des arguments. Des aides vous sont apportées entre crochets. Sujet : Dans quelle mesure la tragédie et la comédie s’opposent-elles ? Vous fonderez votre réflexion sur les tragédies et comédies du XViie siècle que vous connaissez. I. Une opposition de genres personnages différents 1. [rois/bourgeois]Des ..................................................... ............................................................................... Des dénouements différents 2. [mort/mariage] ...................................................... ............................................................................... Des registres différents 3. [faire pleurer/rire] ................................................... ............................................................................... II. Les rapprochements possibles plaisir des spectateurs 1. [représentation] Le ..................................................... ............................................................................... Le respect des règles classiques 2. [unités, vraisemblance] ............................................ ............................................................................... L’importance de la morale 3. [catharsis…] .......................................................... ............................................................................... II. Savoir organiser un texte I. Importance de la forme en poésie 1. Condensation des procédés rythmiques et phoniques dans le vers II. La poésie se rencontre ailleurs. 1. Le poème en prose : une forme condensée a. Trouvez un autre argument pour chaque partie. I. 2. Lien entre la forme et le sens. ............................................................................... II. 2. La concentration d’images rend le texte poétique. ............................................................................... b. Pour chaque argument, donnez un exemple. I. 2 : Le sonnet possède, à la fin, une chute ou trait d’esprit. ............................................................................... On joue de l’opposition entre les quatrains et les tercets. ............................................................................... II. 2 : Baudelaire a écrit des poèmes en vers et prose, avec ............................................................................... des images similaires. ............................................................................... 6 a. Lisez le texte et le sujet suivants. Sujet : Quels intérêts peuvent présenter les descriptions dans les romans réalistes ou naturalistes ? Eugénie Grandet mène une existence paisible, avant de découvrir l’amour auprès de son cousin, jeune parisien élégant. Voici le début du roman. Il se trouve dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons et le silence du cloître et l’aridité des landes, et les ossements des ruines : la vie et le mouvement y sont si tranquilles qu’un étranger les croirait inhabitées, s’il ne rencontrait tout à coup le regard pâle et froid d’une personne immobile dont la figure à demi monastique1 dépasse l’appui de la croisée, au bruit d’un pas inconnu. Ces principes de mélancolie existent dans la physionomie d’un logis situé à Saumur, au bout de la rue montueuse qui mène au château, par le haut de la ville. Honoré de Balzac, Eugénie Grandet, 1833. 1. monastique : qui a l’apparence d’un moine. b. Dans le sujet, soulignez les termes qui peuvent s’appliquer au texte. c. Soulignez les comparaisons dans le texte. Que suggèrent-elles du lieu évoqué ? ............................................................................... Le lieu inspire la mélancolie. L’histoire se déroule donc en ............................................................................... province où règne l’ennui. d. Pour quelles raisons ce passage se trouve-t-il au début du roman ? Donnez deux arguments différents qui pourraient être employés dans la dissertation. Le cadre de l’action, réel, est donné : Saumur. ............................................................................... L’ambiance décrite permet aussi d’annoncer la passion ............................................................................... d’Eugénie. ............................................................................... ............................................................................... Construire un paragraphe argumentatif sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 37 S ’ INITIER À LA DISSERTATION Acquérir une méthode Sujet : La portée didactique ou critique des fables n’appartient-elle qu’à la morale ? Dans une fable, les visées didactique ou critique ne s’expriment pas seulement dans la morale, elles sont également présentes dans le récit. On doit en effet considérer qu’au-delà de la morale pro- prement dite, une argumentation implicite qui vise à défendre un point de vue ou une thèse se développe à travers la situation, les péripéties relatées, les dialogues, le dénouement de l’action ou Ouvrir par l’argument à défendre (exprimé le plus souvent par une phrase déclarative) Poursuivre par l’explicitation de l’argument qui s’articule à l’argument par un mot de liaison encore les réactions des personnages. Dans la morale de « Le Jardinier et son Seigneur » par exemple La Fontaine invite les « Petits princes » à garder leurs distances avec le roi. En relisant le récit à la lumière de cette morale, on perçoit alors une critique implicite du roi à travers le com- portement du « Seigneur » dont on comprend qu’il représente les « rois » de la morale. Ce Illustrer l’argument par un ou des exemples précis qui prouvent sa pertinence « Seigneur » adopte un comportement condamnable à l’égard du « Jardinier » et le récit souligne alors sa bassesse et sa suffisance : c’est le roi évidemment que l’on critique ! Ainsi le récit propose une argumentation implicite qu’il appartient au lecteur d’expliciter à la lumière de la morale. Le lecteur cherchera aussi à saisir une critique présente dans le récit mais Conclure et préparer la transition indépendamment de la morale. Analyser et employer 1 Dans ces paragraphes argumentatifs, encadrez distinctement les passages qui expriment l’argument et l’explicitation et soulignez les exemples. 1. Les procédés d’écriture du récit dans une fable contribuent à lui donner un caractère plaisant voire futile. Le fabuliste se joue de la monotonie en variant les temps, les registres, en inscrivant le dialogue dans son récit ou en exploitant toute la richesse des vers. Dans « La Cigale et la Fourmi », récit, commentaire et dialogue se succèdent plaisamment. Des vers comiques alternent avec des vers plus graves dans « La Vieille et les deux Servantes ». Un dialogue rapide s’instaure entre les héros éponymes de « Le Milan et le Rossignol » . 2. Les personnages créés par les romanciers naturalistes reflètent le plus souvent une humanité commune. Zola et Maupassant, comme les frères Goncourt, ont choisi des personnages banals, sans relief ou encore issus de classes sociales qu’on ne rencontrait que rarement dans les romans jusqu’au naturalisme. Gervaise dans L’Assommoir est une simple blanchisseuse, les personnages de Pierre et Jean représentent la petite bourgeoisie. Le personnage éponyme de Germinie Lacerteux est domestique et donc issu des « basses-classes ». 2 Ce paragraphe argumentatif use du raisonnement inductif : encadrez distinctement les passages qui expriment l’argument et l’explicitation et soulignez les exemples. Verlaine invite à choisir des mots « sans quelque méprise » et à préférer « la musique [des mots] avant toute chose », Rimbaud considère que les voyelles sont des couleurs ; « Danse avec ta langue » suggère Cendrars ; Ponge écrit un poème pour défendre une nouvelle orthographe de « oiseau » préférant d’abord « oileau » ou « oiveau ». Pour les poètes les mots sont bien la matière première de leur œuvre et l’effusion lyrique, l’expression des révoltes ou des pensées ne viennent qu’ensuite. La poésie moderne se caractérise par une véritable prédilection pour la langue et les mots. 3 Un paragraphe argumentatif doit convaincre et persuader : réécrivez la première phrase du paragraphe 1. de l’exercice 1 en exploitant davantage les procédés de persuasion : vocabulaire mélioratif, question rhétorique, par exemple. Les procédés d’écriture si variés du récit, de ce que La ............................................................................... Fontaine nomme « le corps » de la fable, ne contribuent............................................................................... ils pas à ce caractère si plaisant ou si délicieusement futile ............................................................................... des œuvres de cet illustre poète ? ............................................................................... II. Savoir organiser un texte 6 Reprenez le paragraphe argumentatif 2. de l’exercice 4 en recourant au raisonnement déductif et en introduisant une concession et réécrivez le début du paragraphe. Certes les règles du théâtre classique ont prouvé leur ............................................................................... importance, mais on peut se demander si… ............................................................................... ............................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 4 Construisez un paragraphe argumentatif en explicitant et illustrant chacun des arguments suivants. Vous veillerez à exploiter les raisonnements déductif et inductif. 1. Argument : La comédie classique atteint sa visée morale grâce au registre grâce aux différents registres. En effet .......................... comique, ............ les personnages dont il faut corriger les défauts sont ridiculisés. Selon Molière, les hommes supportant peu ............................................................................... ce ridicule corrigeront alors leurs vices et la visée de la ............................................................................... comédie sera atteinte. Songeons à Harpagon ou à ............................................................................... Arnolphe qui sont ridiculisés tant par certaines péripéties ............................................................................... que par le dénouement. ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... 2. Argument : On peut affirmer qu’un trop grand respect des règles théâtrales peut limiter la force de la représentation des textes. Dans la mise en scène de Phèdre par Patrice Chéreau, le ............................................................................... corps ensanglanté et mutilé d’Hippolyte apparaît sur ............................................................................... scène. Le spectateur est-il choqué, éprouvé par ce ............................................................................... spectacle ? Il est au moins probable qu’il l’est moins qu’il ............................................................................... aurait pu l’être au xviie siècle. L’intention du metteur en ............................................................................... scène est de soutenir la compassion voulue par le texte ............................................................................... pour ce héros. N’est-ce pas ce que désirait Racine ? ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... 5 Construisez un paragraphe argumentatif déductif pour démontrer la pertinence de l’argument suivant en exploitant ces procédés de persuasion : question rhétorique, vocabulaire mélioratif, modalités de la certitude, gradation. Argument : Les romans naturalistes peuvent encore choquer quand ils reproduisent l’exacte réalité dans sa vérité brutale. Il est absolument certain que les romans naturalistes ............................................................................... peuvent encore choquer, déranger, scandaliser quand ils ............................................................................... reproduisent l’exacte réalité dans sa réalité la plus ............................................................................... brutale. Dans ces œuvres, les romanciers n’hésitent pas, ............................................................................... au nom de leur esthétique, à donner à lire dans les détails ............................................................................... les plus crus, des scènes les plus intimes au point qu’on ............................................................................... peut hésiter à les faire lire à un jeune public si sensible. ............................................................................... Songeons par exemple au récit de l’accouchement ............................................................................... clandestin de la domestique Adèle dans Pot-Bouille. Un ............................................................................... jeune lecteur peut-il soutenir cette lecture sans éprouver ............................................................................... une gêne, voire de l’effroi ou du dégoût ? ............................................................................... II. Savoir organiser un texte 7 Construisez un paragraphe argumentatif pour défendre l’argument suivant en l’illustrant à l’aide des exemples proposés. Argument : Le langage poétique montre, fait entendre, évoque ce dont il parle. Exemples : • « La Parque t’a tuée et cendre tu reposes […] » (Ronsard, Second Livre des Amours, 1578) • « ORESTE. – Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (Racine, Andromaque, 1667) Le langage poétique, en effet, se caractérise par sa ............................................................................... densité qui le rend riche, – et simultanément – de ............................................................................... plusieurs significations. Le premier hémistiche du vers de ............................................................................... Ronsard rappelle la mort de Marie dans des sonorités ............................................................................... cacophoniques qui évoquent la dureté de l’événement ............................................................................... tragique. Oreste, quand il s’interroge à propos de ............................................................................... « serpents » fait entendre leur sifflement grâce à ............................................................................... l’allitération en [s]. ............................................................................... 8 Développez l’argument de Rousseau en l’illustrant par d’autres exemples tirés des Fables de La Fontaine. Sur une copie Suivez les enfants apprenant leurs fables, et vous verrez que, quand ils sont en état d’en faire l’application, ils en font presque toujours une contraire à l’intention de l’auteur, et qu’au lieu de s’observer sur le défaut dont on les veut guérir ou préserver, ils penchent à aimer le vice avec lequel on tire parti des défauts des autres. Dans la fable précédente1, les enfants se moquent du corbeau, mais ils s’affectionnent tous au renard ; dans la fable qui suit2, vous croyez leur donner la cigale pour exemple ; et point du tout, c’est la fourmi qu’ils choisiront. On n’aime point à s’humilier : ils prendront toujours le beau rôle ; c’est le choix de l’amour-propre, c’est un choix très naturel. Or, quelle horrible leçon pour l’enfance ! Le plus odieux de tous les monstres serait un enfant avare et dur, qui saurait ce qu’on lui demande et ce qu’il refuse. La fourmi fait plus encore, elle lui apprend à railler dans ses refus. Dans toutes les fables où le lion est un des personnages, comme c’est d’ordinaire le plus brillant, l’enfant ne manque point de se faire lion ; et quand il préside à quelque partage, bien instruit par son modèle, il a grand soin de s’emparer de tout. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l’Éducation, 1762. 1. « Le Renard et la Cigogne » 2. « La Cigale et la Fourmi » S ’ INITIER À LA DISSERTATION sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 38 Rédiger l’introduction / la conclusion Acquérir une méthode Sujet : Dans une lettre qu’il adresse à son éditeur Hetzel en 1853, Victor Hugo précise le rôle du poète et revendique le droit « d’empêcher, s’il se peut, le sang de couler ». Pensezvous que les écrivains aient pour mission de servir le peuple ? Introduction de la condition humaine et tente[r] de proposer des solutions ». Cette revendication qui semble Proposer une phrase d’amorce générale destinée à présenter le thème du sujet et à accrocher le lecteur (question rhétorique, citation, précision étymologique…) s’inscrire dans la lignée des œuvres poétiques de Victor Hugo pose la question du rôle des écrivains Reprendre les termes clés du sujet Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Jean-Paul Sartre, dans son essai Qu’est-ce que la littérature ?, définit la création littéraire comme un moyen de « dénonce[r] les problèmes actuels et de leur engagement. Le statut ambivalent des auteurs, à la fois hommes et créateurs, mérite que l’on s’interroge sur leur fonction. Les écrivains ont-ils, en effet, comme l’affirme Victor Hugo dans une lettre destinée à son éditeur, pour mission de servir le peuple en « empêch[ant], s’il se peut, Éclairer le sens des termes clés et les questions qu’ils soulèvent Formuler la problématique sous forme de question directe le sang de couler » ? Nous tâcherons tout d’abord de justifier l’implication sociale des écrivains puis nous nous interrogerons sur les limites de leur engagement. Enfin, il serait juste d’évoquer la fonction plus immédiate des écrivains, créateurs d’un monde et d’un langage, en dehors de toutes Annoncer les axes en évitant les lourdeurs préoccupations politiques. N.B. : L’introduction présente trois étapes en un seul paragraphe, du plus général au particulier. Le passage d’une étape à l’autre doit se faire insensiblement. Conclusion L’influence des écrivains, leur sensibilité et leur éloquence laissent donc à penser qu’ils ont pour mission d’améliorer nos vies et de les guider vers plus de justice et de liberté. Néanmoins, il ne faut pas oublier que l’efficacité de cette fonction est soumise à certaines conditions. L’engagement lit- téraire demeure effectivement problématique, ce qui pousse parfois à croire que le rôle de l’écrivain Répondre à la problématique posée en reformulant de façon concise les axes développés est ailleurs. Auteurs, poètes ou artistes occupent une place particulière, à la fois isolés dans leur tour d’ivoire et profondément ancrés dans leur siècle. Albert Camus a su exprimer avec pertinence cette dualité qui anime leurs œuvres et c’est avec mesure qu’il envisage un engagement modéré, oscillant entre créativité et humanisme, convaincu que l’artiste pourra ainsi « servir en même temps Ouvrir la réflexion sur d’autres perspectives, sujets, genres, époques… la douleur et la beauté ». N.B. : Il est conseillé de relire la problématique avant de conclure. Il serait maladroit en ouverture de terminer par une question directe qui donnerait l’impression que l’ensemble de la dissertation est remise en cause. Analyser et employer 1 a. Lisez le plan de dissertation suivant. I. L’écriture poétique se distingue des autres genres littéraires par une relation particulière au langage. II. La poésie permet une implication personnelle forte issue des sentiments du poète et de son vécu. III. La poésie multiplie les registres littéraires, sources d’émotions diverses. b. Retrouvez la problématique correspondant au plan proposé et formulez-la sous forme de question directe. Pourquoi la poésie permet-elle plus que tout autre genre ............................................................................... littéraire d’exprimer les sentiments personnels ? ............................................................................... c. Imaginez une phrase d’amorce destinée à présenter le thème du sujet et à accrocher votre lecteur. Les élèves peuvent partir du pouvoir du poète démiurge, ............................................................................... créateur d’un nouveau langage et d’un nouveau monde, ............................................................................... comme le suggère l’étymon grec « poieîn ». ............................................................................... Les élèves peuvent aussi se référer à la figure ............................................................................... mythologique d’Orphée, à ses vers enchanteurs, et à ............................................................................... l’origine du mot « lyrique ». ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... ............................................................................... II. Savoir organiser un texte 2 a. Lisez l’introduction de dissertation suivante. Le récit, outre sa fonction divertissante, assure parfois un rôle argu- Sujet : Au théâtre, l’auteur vous semble-t-il plus important que le metteur en scène ? Vous répondrez à cette question dans un développement composé en vous appuyant sur les lectures faites en classe et sur vos lectures personnelles. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite mentatif. C’est le cas de l’argumentation indirecte qui s’inscrit au 4 a. Lisez le sujet de dissertation suivant. cœur d’une fiction narrative telle que la fable, le conte ou l’utopie. Les apologues sont en effet constitués de deux éléments a priori étrangers l’un à l’autre, la narration et l’argumentation, mais étroi- tement liés à l’image du « corps » et de « l’âme » comme l’indique La Fontaine dans la préface de ses Fables. Toutefois, l’on peut s’interroger sur l’efficacité de ce genre argumentatif qui tend parfois à dissimuler les véritables préoccupations de l’auteur derrière un récit en apparence divertissant et léger. Quel est donc le degré d’efficacité de l’apologue ? [Le récit a tout d’abord pour enjeu de plaire aux lecteurs et il assure ce rôle à merveille.][Il est vrai aussi que la nar- ration porte en elle une force de persuasion tout aussi efficace que la moralité.][Néanmoins, les limites de l’argumentation indirecte existent et nuisent parfois à la portée moralisatrice de l’œuvre.] b. Encadrez le thème et soulignez la problématique. c. Reformulez le sujet auquel l’introduction proposée pourrait renvoyer. L’argumentation indirecte vous semble-t-elle efficace ? ............................................................................... d. Isolez entre crochets les axes qui sont annoncés dans l’introduction. e. Rédigez la première étape de la conclusion. L’apologue tient son efficacité de ses deux composantes. À la ............................................................................... fois narration et argumentation, il a pour richesses de séduire ............................................................................... les lecteurs tout en assurant sa fonction didactique. Mais ............................................................................... cette ambivalence peut parfois dissimuler l’enjeu véritable de ............................................................................... l’argumentation indirecte qui serait alors mal comprise. ............................................................................... 3 a. Lisez le sujet, la problématique et le plan suivants. Sujet : Comment expliquez-vous l’intérêt qu’éprouvent parfois les lecteurs de romans pour un héros méprisable ? Vous répondrez à cette question dans un développement composé en vous appuyant sur les lectures faites en classe, sur vos lectures personnelles et sur vos connaissances du genre romanesque. Problématique : Pourquoi les personnages médiocres, voire odieux fascinent tant les lecteurs ? Plan : I. Les caractéristiques des antihéros II. L’intérêt éprouvé pour ce type de héros III. La nécessité de redéfinir la notion d’héroïsme b. En vous aidant de ces éléments, rédigez une introduction dans son intégralité. Première étape : définir la notion de personnage et son ............................................................................... évolution au fil des siècles en fonction des contextes ............................................................................... historiques et culturels. ............................................................................... Deuxième étape : amener la problématique par la fonction ............................................................................... cathartique de la lecture, par la transgression des tabous et ............................................................................... la notion de plaisir rendues possibles par la lecture. ............................................................................... Troisième étape : veiller à ce que la formulation des axes rende ............................................................................... compte de la relation de cause-conséquence qui les unit. ............................................................................... II. Savoir organiser un texte b. Formulez les axes permettant de discuter le sujet. Si certains arguments parlent en faveur de l’auteur de ............................................................................... pièces de théâtre, d’autres au contraire mettent l’accent sur ............................................................................... la richesse du travail du metteur en scène, ce qui mènerait à ............................................................................... penser que le théâtre ne peut se concevoir que dans une ............................................................................... relation de complémentarité de l’un et de l’autre. ............................................................................... c. Rédigez la première étape de l’introduction. On peut inviter les élèves à se référer à l’étymon du mot ............................................................................... théâtre qui situe d’emblée le genre dans le domaine du ............................................................................... spectacle et de la représentation ou, au contraire, à la ............................................................................... place prépondérante qu’occupe le texte théâtral dans le ............................................................................... domaine éducatif comme support à la lecture et à ............................................................................... l’apprentissage scolaire. ............................................................................... d. Rédigez une phrase permettant d’ouvrir le sujet dans la seconde étape de la conclusion. L’ouverture peut être envisagée sur le plan cinématogra............................................................................... phique où le scripte et la réalisation sont indissociables. L’on ............................................................................... peut aussi déplacer le sujet et ouvrir la réflexion sur l’impor............................................................................... tance du jeu des acteurs qui donnent vie au texte initial. ............................................................................... 5 a. Lisez le sujet et l’introduction suivants. Barrez les passages qui vous semblent inutiles dans l’introduction. b. Soulignez les lourdeurs d’expression et les répétitions. Sur une copie c. Réécrivez l’introduction. Sujet : Le roman ne peut exister sans fiction. Que pensez-vous de cette affirmation ? Vous répondrez à la question dans un développement composé en vous appuyant sur les œuvres étudiées en classe et sur vos lectures personnelles. De tous temps, les hommes ont écrit des romans. Le genre romanesque est avant tout celui de la fantaisie et de l’imagination. Ne dit-on pas d’une vie aventureuse et mouvementée : « quel roman ! » ? À en croire le sujet qui nous est proposé : « Le roman ne peut exister sans fiction. Que pensez-vous de cette affirmation ? », le roman ne saurait exister sans fiction. Toutefois, Maupassant, dans la Préface de son roman Pierre et Jean, distinguait deux types de romanciers : ceux qui transforment la réalité pour la rendre plus séduisante et ceux qui refusent toute forme d’imagination pour représenter la réalité avec exactitude. Problématique : le roman peut-il être à la fois fictif et réaliste ? Je vais répondre à cette question en m’appuyant sur des romans que je connais. Dans un premier temps, nous verrons que le roman peut être fictif. Dans un deuxième temps, nous verrons que le roman peut être réaliste. Enfin, dans la conclusion, nous donnerons notre avis personnel. S ’ INITIER À L ’ ÉPREUVE ORALE sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 39 S’exprimer à l’épreuve orale Acquérir une méthode Sujet : • Séquence : Le regard de l’autre dans la fiction philosophique. • Extrait : Montesquieu, Lettres persanes, 1721. voir fiche 17, exercice 5 • Problématique posée par l’examinateur : Quelle vision de la société le voyageur étranger transmet-il aux lecteurs ? L’exposé 1 Comprendre la problématique : 1 sur quoi porte la question ? quelles précisions sont données ? 2 Construire le plan de l’exposé : Donner un contexte fictif et exotique à un récit est en vogue au XVIIIe siècle ; les philosophes des Lumières peuvent ainsi contourner la censure et dénoncer tout ce qui leur semble critiquable. Axes possibles : I. Le regard naïf et surpris du locuteur II. La dénonciation des mœurs parisiennes du XVIIIe siècle Ainsi, le regard étranger invite les lecteurs à considérer sans indulgence la grossièreté et la brutalité de leurs propres mœurs. Particulièrement efficace, ce procédé est employé aussi pour dénoncer des travers bien plus graves ou des injustices… 3 Types de questions : Quels sont les indices du caractère étranger du locuteur ? Quelle est la fonction de l’étranger dans les textes Conseils pour l’expression orale philosophiques que vous avez étudiés ? La lecture de l’extrait : expressive et articulée Connaissez-vous d’autres philosophes des Lumières ? La voix : audible, non monotone, débit ni Cet extrait est-il, selon vous, comique ou sérieux ? trop lent ni trop rapide introduction axes d’étude conclusion L’entretien peuvent être posées : sur le texte sur le contexte sur vos connaissances culturelles sur votre appréciation personnelle La question invite le candidat à faire une critique sociale du XVIIIe siècle. La problématique interpelle sur l’origine du regard : celui d’un étranger qui découvre la France. 2 3 Identifier les types de questions qui Exemple appliqué 4 Réagir avec pertinence à la question posée : se référer aux documents de la séquence développer sa réponse La formulation : correcte, sans familiarités, vocabulaire approprié L’attitude : polie et ouverte, posée, sans gestes parasites La présence : implication personnelle, conviction, ne pas fuir derrière ses notes, regarder l’examinateur Repérer et manipuler 1 Les phrases suivantes, formulées à partir des paratextes donnés, présentent des incorrections. Réécrivezles en corrigeant les erreurs et en utilisant le vocabulaire approprié. 1. Émile Zola, Les Romanciers naturalistes, 1881 « Zola a parlé des romanciers naturalistes en 1881. » Le romancier Émile Zola a publié un manifeste sur le ............................................................................... mouvement naturaliste en 1881. ............................................................................... 2. Molière, Les Fourberies de Scapin, 1671 « La pièce avec Scapin a été écrite en 1671. » La comédie de Molière mettant en scène le personnage de ............................................................................... Scapin a été représentée pour la première fois en 1671. ............................................................................... 3. Victor Hugo, Les Contemplations, 1856 « Le bouquin s’appelle Contemplations. » Le recueil poétique de Victor Hugo s’intitule ............................................................................... Les Contemplations. ............................................................................... 4. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755 « Dans son texte, Rousseau dit que les hommes sont inégaux. » Le discours de Rousseau laisse paraître les préoccupations ............................................................................... du philosophe des Lumières quant aux inégalités sociales. ............................................................................... 2 Réécrivez les passages soulignés en utilisant le vocabulaire approprié. Soyez attentif au genre littéraire indiqué. 1. Poésie « Les dernières lignes du sonnet annoncent la mort du personnage » « Les derniers vers du sonnet annoncent la mort du ............................................................................... poète. » ............................................................................... 2. Argumentation « On va répondre à la problématique : grand un, le registre ironique ; grand deux, la dénonciation politique. » « Je vais répondre à la problématique en analysant tout .............................................................................. d’abord le registre ironique, puis en justifiant la ............................................................................... dénonciation politique. » ............................................................................... 3. Roman « On voit bien dans le texte que la personne est dégoûtée de la vie. » « Certains procédés d’écriture traduisent le dégoût du ............................................................................... personnage face à l’existence. » ............................................................................... 4. Théâtre « Je ne suis pas sûr que c’est tragique, mais je crois que c’est bon. » « Il me semble que le registre est tragique et je vais ............................................................................... tenter de le justifier. » ............................................................................... II. Savoir organiser un texte Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme L’Assommoir d’Émile Zola Problématique posée par l’examinateur : Quelles caractéristiques du personnage ce portrait met-il en évidence ? sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Gervaise, héroïne du roman, observe le forgeron Goujet, surnommé « La Gueule-d’or », en plein travail. [Un homme magnifique au travail, ce gaillard-là ! Il recevait en plein la grande flamme de la forge. Ses cheveux courts, frisant sur son front bas, sa belle barbe jaune, aux anneaux tombants, s’allumaient, lui éclairaient toute la figure de leurs fils d’or, une vraie figure d’or, sans mentir.][Avec ça, un cou pareil à une colonne, blanc comme un cou d’enfant ; une poitrine vaste, large à y coucher une femme en travers ; des épaules et des bras sculptés qui paraissaient copiés sur ceux d’un géant, dans un musée.] 3 a. Soulignez les mots-clés de la problématique proposée pour l’exposé du texte de Zola. b. Soulignez dans le texte les champs lexicaux dominants de chaque partie entre crochets puis nommez-les. La lumière et la beauté (partie 1). La sculpture et la puissance (partie 2). ............................................................................................................ c. Soulignez les mots ou expressions familiers dans les formulations suivantes puis corrigez-les. 1. « Le narrateur décrit un gaillard au travail. » Le narrateur décrit un ouvrier vigoureux au travail. ............................................................................................................ 2. « Le portrait de Goujet est valorisé par la lumière qu’il reçoit en pleine figure. » Le portrait de Goujet est valorisé par la lumière directe qui lui éclaire le visage. ............................................................................................................ 3. « Le forgeron paraît gigantesque, ça prouve en vrai que c’est Gervaise qui le regarde et qui l’aime. » Le forgeron paraît gigantesque, ce qui prouve en réalité qu’il est décrit du ............................................................................................................ point de vue de Gervaise qui n’est pas insensible à son physique. ............................................................................................................ Émile Zola, L’Assommoir, 1877. OBJET D’ÉTUDE • La comédie au XVIIe siècle Le Malade imaginaire de Molière Monsieur Purgon, médecin d’Argan, vient de quitter son patient. Argan. – Monsieur Purgon m’a dit de me promener le matin dans ma chambre douze allées et douze venues ; mais j’ai oublié à lui demander si c’est en long ou en large. Toinette. – Monsieur, voilà un... Argan. – Parle bas, pendarde ! tu viens m’ébranler tout le cerveau, et tu ne songes pas qu’il ne faut point parler si haut à des malades. Toinette. – Je voulais vous dire, monsieur... Argan. – Parle bas, te dis-je. Toinette. – Monsieur... (Elle fait semblant de parler.) Argan. – Eh ? Toinette. – Je vous dis que... (Elle fait semblant de parler.) Argan. – Qu’est-ce que tu dis ? Molière, Le Malade imaginaire, Acte II, scène 2, 1673. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme « L’heure du berger » de Paul Verlaine La lune est rouge au brumeux horizon ; Dans un brouillard qui danse la prairie S’endort fumeuse, et la grenouille crie Par les joncs verts où circule un frisson ; […] Les chats-huants1 s’éveillent, et sans bruit Rament l’air noir avec leurs ailes lourdes, Et le zénith s’emplit de lueurs sourdes. Blanche, Vénus2 émerge, et c’est la Nuit. Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866. 1. chats-huants : rapaces nocturnes. 2. Vénus : planète surnommée « étoile du berger ». II. Savoir organiser un texte 4 a. Lisez cet extrait à voix haute avec un camarade de la classe. b. Soulignez dans les répliques d’Argan les indices permettant de repérer les émotions successives du personnage et nommez-les dans leur ordre d’apparition. La perplexité – la colère – la surprise – l’agacement. .................................................................... .................................................................... c. Relisez le texte à voix haute en tâchant d’exprimer au mieux les sentiments d’Argan. d. Formulez une phrase montrant l’évolution des sentiments d’Argan en vous appuyant sur les procédés surlignés. L’exercice vise à prendre appui sur des procédés .................................................................... identifi és, structurer la réponse par le recours aux .................................................................... connecteurs logiques. .................................................................... .................................................................... 5 a. Lisez le poème à voix haute. Quelles difficultés rencontrezvous ? Il s’agit de sensibiliser les élèves au rythme des vers et aux ............................................................................................... enjambements. ............................................................................................... b. Identifiez les types de questions suivantes : 1. Comment Verlaine parvient-il à créer une atmosphère mystérieuse ? Question sur le texte. ............................................................................................... 2. Le poème de Verlaine vous semble-t-il musical ? Question sur l’appréciation personnelle. ............................................................................................... 3. S’agit-il d’un poème en vers libres ? Question sur les connaissances culturelles. ............................................................................................... 4. Quels éléments de ce poème renvoient à la poésie symboliste ? Question sur le contexte ............................................................................................... EMPLOYER UNE LANGUE CORRECTE ET PRÉCISE 40 S’adapter à son destinataire : sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite les niveaux de langue Observer et retenir 1. Niveau de langue familier : Discours spontané, utilisé à l’oral ou à l’écrit dans les œuvres littéraires (langue d’un personnage ou d’un milieu). Les Ritals, on est mal piffés. C’est parce qu’il y en a tellement, par ici. Les mômes français ne risquent pas le bout de leurs pompes dans nos rues de Ritals, mais à l’école, là, ils se rattrapent. Se sentent costauds les petites vipères. Lexique pauvre Expressions populaires ou argotiques Syntaxe : répétition du complément du lieu, inversion incorrecte du sujet Figures de style Lexique usuel Syntaxe simple et correcte Lexique précis et riche Syntaxe : longue phrase ou période Mode subjonctif Figures de style : apostrophe, accumulations de noms, images François Cavanna, Les Ritals, 1978, © Éditions Belfond. 2. Niveau de langue courant : Discours employé à l’oral et à l’écrit, au quotidien. Usage neutre et le plus commun de la langue. « Connaissez-vous l’Écu-de-France ? – C’est à Dijon, ça, ma bourgeoise ! – Dans toutes les villes, il y a un hôtel qui s’appelle l’Écu-de-France. – Connais pas ici ! » Jules Vallès, L’Enfant, 1878. 3. Niveau de langue soutenu : Discours employé à l’oral dans certaines situations (discours solennel…) et à l’écrit dans les textes littéraires. Attention marquée au langage. « Qu’il me soit permis, dis-je, de rendre justice à l’administration supérieure, au gouvernement, au monarque, messieurs, à notre souverain […] qui dirige à la fois d’une main si ferme et si sage le char de l’État parmi les périls incessants d’une mer orageuse […] » Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857 Repérer et manipuler 1 Identifiez le niveau de langue de chaque mot et proposez un équivalent dans les deux autres niveaux. Vous pouvez recourir au dictionnaire. courant 1. Rejeter : ................................................................ (familier) – ostraciser (soutenu) équivalents : jeter ....................................................... soutenu 2. Apathique : ........................................................... (familier) – paresseux (courant) équivalents : cossard ....................................................... 3. Tromperie : courant ........................................................... entourloupe (familier) – duperie, équivalents : ....................................................... imposture (soutenu) ............................................................................... soutenu 4. Trépasser : ............................................................. (familier) – mourir (courant) équivalents : crever ....................................................... courant 5. Chance : ............................................................... (familier) – fortune (soutenu) équivalents : veine ....................................................... familier 6. Ringard : ............................................................... (soutenu) – dépassé (courant) équivalents : suranné ....................................................... courant 7. Se presser : ............................................................ grouiller (familier) – se hâter (soutenu) équivalents : se ....................................................... 2 Indiquez le niveau de langue de cet extrait en jus- tifiant votre réponse par deux exemples que vous expliquerez. « V’la l’affaire. J’étions embusqué à l’Eperon quand quèque chose nous passa dans le premier buisson à gauche, au bord du mur. Mailloche y lâche un coup, ça tombe. Et je filons, vu les gardes. Je peux pas te dire ce que c’est, vu que je l’ignore […]. – C’est-i pas un chevreuil ? – ça s’peut bien, ça ou autre chose ? Un chevreuil ?... oui… C’est p’t-être pus gros ? » Guy de Maupassant, Contes, « L’Âne », 1883. Le niveau est familier comme le montrent la transcription ............................................................................... d’un énoncé oral et du parler campagnard, les phrases ............................................................................... non verbales, les interruptions, la prononciation ............................................................................... (« quèque » pour quelque, « pu » pour plus), la ............................................................................... 1re personne du pluriel à la place du singulier (« j’étions »), ............................................................................... les tournures populaires (« comme qui dirait » pour « en ............................................................................... quelque sorte », « y lâche » pour « lui lâche »). ............................................................................... III. Employer une langue correcte et précise Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle Les Précieuses ridicules de Molière 3 Précisez le niveau de langue dominant dans cette tirade en justifiant votre réponse. Que révèle-t-il du personnage ? Le niveau est soutenu. La langue est précieuse par le ............................................................................. lexique, l’abondance d’exclamations, l’inversion du ............................................................................. sujet…. Cathos en précieuse ridicule critique le non ............................................................................. respect des codes de la galanterie. ............................................................................. ............................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Cathos. – […] Venir en visite amoureuse avec une jambe toute unie1, un chapeau désarmé de plumes, une tête irrégulière en cheveux, et un habit qui souffre une indigence de rubans !… mon Dieu ! quels amants sont-ce là ! Quelle frugalité d’ajustement et quelle sécheresse de conversation ! Molière, Les Précieuses ridicules, scène 4, 1659. 1. jambe toute unie : sans dentelles serrées aux genoux. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme L’Assommoir d’Émile Zola Et, maintenant, sa mère dégringolait à son tour dans son amitié. Elle buvait, elle aussi. Elle entrait par goût chercher son homme chez le père Colombe, histoire de se faire offrir des consommations ; et elle s’attablait très bien, sans afficher des airs dégoûtés comme la première fois, sifflant les verres d’un trait, traînant ses coudes pendant des heures et sortant de là avec les yeux hors de la tête. Lorsque Nana, en passant devant l’Assommoir, apercevait sa mère au fond, le nez dans la goutte, avachie au milieu des engueulades des hommes, elle était prise d’une colère bleue, parce que la jeunesse, qui a le bec tourné à une autre friandise, ne comprend pas la boisson. Ces soirs-là, elle avait beau tableau, le papa pochard, la maman pocharde, un tonnerre de Dieu de cambuse où il n’y avait pas de pain et qui empoisonnait la liqueur. Émile Zola, L’Assommoir, 1877. VERS LA 1re • Le roman 4 a. Identifiez le niveau de langue dominant dans cet extrait en vous appuyant sur des exemples précis. Le niveau est familier comme le montrent les outils de la ............................................................................ langue : ............................................................................. – lexique familier : « goutte, liqueur » pour « alcool » ; ............................................................................ « pochard» pour « alcoolique » ; « siffler » pour ............................................................................ « boire » ; « son homme » pour « son mari » ; ............................................................................ – argot : « cambuse » pour « logement » ; ............................................................................ – juron grossier : « tonnerre de Dieu » ; ............................................................................ – images familières : « colère bleue », « bec ». ............................................................................ La syntaxe est proche du registre familier en raison des ............................................................................ juxtapositions. ............................................................................ b. Quelle est l’intention du romancier ? Il s’agit de donner l’illusion du réel en faisant entendre ............................................................................ la voix des personnages et de rendre compte de la ............................................................................. langue du peuple à travers le milieu étudié. ............................................................................ Zazie dans le métro de Raymond Queneau Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu’il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bain, ça m’étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui m’entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. D’un autre côté, c’est tout de même pas un choix parmi les plus crasseux de Paris. Y a pas de raison. C’est le hasard qui les a réunis. On peut pas supposer que les gens qui attendent à la gare d’Austerlitz sentent plus mauvais que ceux qu’attendent à la gare de Lyon. Non vraiment, y a pas de raison. Tout de même quelle odeur. Gabriel extirpa de sa manche une pochette de soie couleur mauve et s’en tamponna le tarin. – Qu’est-ce qui pue comme ça ? dit une bonne femme à haute voix. Elle pensait pas à elle en disant ça, elle était pas égoïste, elle voulait parler du parfum qui émanait de ce meussieu. – Ça, ptite mère, répondit Gabriel qui avait de la vitesse dans la repartie, c’est Barbouze, un parfum de chez Fior. – Ça devrait pas être permis d’empester le monde comme ça, continua la rombière sûre de son bon droit. – Si je comprends bien, ptite mère, tu crois que ton parfum naturel fait la pige à celui des rosiers. Eh bien, tu te trompes, ptite mère, tu te trompes. Raymond Queneau, Zazie dans le métro, 1959, © Éditions Gallimard. III. Employer une langue correcte et précise 5 a Caractérisez le niveau de langue employé par les personnages en justifiant votre réponse. Le niveau est familier : ........................................................................ – lexique familier : « se nettoyer» pour « toilette » ; ........................................................................ « rombière » (argot), « tarin » pour « nez » ; ........................................................................ – la forme familière récurrente « ça » pour « cela » ; ........................................................................ – la syntaxe proche du registre familier en raison des ........................................................................ juxtapositions ; ........................................................................ – les négations incomplètes ; ........................................................................ – l’orthographe phonétique. ........................................................................ ........................................................................ b. Quel est l’effet produit par le niveau de langue utilisé ? C’est un effet de réel à travers la langue parlée. Le ........................................................................ néo-français est un élément de la conception du ........................................................................ langage selon Queneau qui se voulait un ........................................................................ remplacement du français écrit standard. Il se ........................................................................ caractérise par une syntaxe et un vocabulaire ........................................................................ typiques du langage parlé et par une orthographe ........................................................................ plus ou moins phonétique. ........................................................................ V É c e r s l’ ion rit ure d’invent Réécrivez l’extrait de Zazie dans le métro de Queneau en choisissant un autre niveau de langue. Sur une copie 41 EMPLOYER UNE LANGUE CORRECTE ET PRÉCISE Employer des connecteurs logiques sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Observer et retenir Rapport logique Fonction Explicite Addition Cause Ajouter une idée à une autre Exposer l’origine d’un fait, expliquer Implicite • Et, de plus, en outre, ensuite, enfin… Le loup l’emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès « Le Loup et l’Agneau » Le mulet en se défendant • Ponctuation • Virgule ou point virgule Se sent percer de coups : il gémit, il soupire « Les deux Mulets » Explicite • Car, en effet, parce que, La peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom), […] Faisait aux animaux la guerre. « Les Animaux malades de la peste » puisque… Implicite • Ponctuation Explicite Énoncer le résultat Conséquence d’un fait ou d’une idée Exemples Jean La Fontaine, Fables, 1668-1694. Types de connecteurs logiques Implicite Le régal fut fort honnête, Rien ne manquait au festin « Le Rat de ville et le Rat des champs » • Donc, ainsi, c’est pourquoi, si bien que… La chétive pécore S’enfla si bien qu’elle creva • Ponctuation Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ; Mieux vaudrait un sage ennemi. « La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf » « L’Ours et l’Amateur des jardins » Explicite Opposition Confronter deux faits pour mettre Implicite en valeur l’un d’eux Explicite Concession • Mais, toutefois, cependant, alors que, tandis que… Rien ne manquait au festin ; Mais quelqu’un troubla la fête • Juxtaposition • Composition du texte Nous faisons cas du beau, nous méprisons l’utile ; Et le beau souvent nous détruit. Ce cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ; Il estime un bois qui lui nuit. « Le Cerf se voyant dans l’eau » « Le Rat de ville et le Rat des champs » Amusez les Rois par des songes, • En dépit de, bien que, quoique, quelque que… Flattez-les, payez-les d’agréables mensonges : Quelque indignation dont leur cœur soit rempli, Ils goberont l’appât ; vous serez leur ami. Constater des faits opposés à sa thèse « Les obsèques de la Lionne » Implicite • Ponctuation J’aurai beau protester ; mon dire et mes raisons Iront aux Petites-Maisons (= hôpital pour les fous). « Les Oreilles du Lièvre » Repérer et manipuler 1 Complétez les phrases avec des connecteurs logiques sans altérer le sens des énoncés. car Les randonneurs avançaient résolument .................. ils savaient qu’ils touchaient au but en dépit de conditions météorologiques difficiles. Quand le brouillard se dissipa, ils s’aperçurent qu’ils étaient revenus au point de départ. Alors et .................. le découragement les gagna .................. ils Mais se laissèrent tomber d’épuisement. .................. ils ne tarEn effet dèrent pas à réagir. .................. ils ne devaient pas se Ainsi laisser engourdir par le froid et la nuit. .................. d’un pas ralenti par l’épuisement, ils poursuivirent leur chemin. 2 Réécrivez les proverbes suivants en employant un connecteur logique et en conservant le sens général. 1. Chose promise, chose due. Puisque la chose est promise, elle est due. ............................................................................... 2. Fais ce que dois, advienne que pourra. Fais ce que tu dois et il arrivera ce qui arrivera. ............................................................................... 3. Les paroles s’envolent, les écrits restent. Les paroles s’envolent, mais les écrits restent. ............................................................................... 3 Dans chaque énoncé, indiquez si la relation logique est explicite ou implicite. Précisez le sens des liens logiques. 1. « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. » (Pascal, Pensées) La relation logique est explicite. La conjonction de ............................................................................... coordination « mais » introduit une opposition entre la ............................................................................... fragilité physique de l’homme et le pouvoir de son esprit. ............................................................................... 2. « Plus le même nombre d’habitants occupe une grande surface, plus les révoltes deviennent difficiles, parce qu’on ne peut se concerter ni promptement ni secrètement, et qu’il est toujours facile au gouvernement d’éventer les projets et de couper les communications. » (Rousseau, Le Contrat social) La relation logique est explicite. La conjonction de ............................................................................... subordination « parce que » introduit une cause : ............................................................................... justification du nombre limité de révoltes. La conjonction ............................................................................... de coordination « et » relie les deux parties de la ............................................................................... subordonnée introduite par « parce que » et « que » et ............................................................................... développe l’explication. .............................................................................. III. Employer une langue correcte et précise Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme « Le roman » de Guy de Maupassant 4 a. Encadrez chaque connecteur logique et indiquez sa fonction. « non pas à … mais » : opposition ; « car » : ................................................................... cause ; « alors » et « donc » : conséquence ; « en ................................................................... outre » : addition ; « voilà pourquoi » : cause ; ................................................................... « et » : addition ; « mais » : opposition ; ................................................................... « donc » : conséquence ; « et non » : opposition ................................................................... ................................................................... ................................................................... b. Relevez un paradoxe dans cet extrait. De l’idée de peinture exacte de la vie, l’auteur ................................................................... nous conduit à la reproduction d’une illusion. ................................................................... ................................................................... ................................................................... c. Quelle définition du réalisme l’auteur propose-t-il ? La réalité perçue par le romancier ne peut être ................................................................... transmise telle quelle. Sélectionnée et modifiée, ................................................................... elle passe par la sensibilité de l’écrivain qui ................................................................... recrée le foisonnement excessif de la vie. ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Le réaliste, s’il est artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner une vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. Raconter tout serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par journée, pour énumérer les multitudes d’incidents insignifiants qui emplissent notre existence. Un choix s’impose donc, – ce qui est une première atteinte à la théorie de toute la vérité. La vie, en outre, est composée des choses les plus différentes, les plus imprévues, les plus contraires, les plus disparates ; elle est brutale, sans suite, sans chaîne, pleine de catastrophes inexplicables, illogiques et contradictoires qui doivent être classées au chapitre fait divers. Voilà pourquoi l’artiste, ayant choisi son thème, ne prendra dans cette vie encombrée de hasards et de futilités que les détails caractéristiques utiles à son sujet, et il rejettera tout le reste, tout l’à-côté. Un exemple entre mille : Le nombre de gens qui meurent chaque jour par accident est considérable sur la terre. Mais pouvons-nous faire tomber une tuile sur la tête d’un personnage principal, ou le jeter sous les roues d’une voiture, au milieu d’un récit, sous prétexte qu’il faut faire la part de l’accident ? […] Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession. J’en conclus que les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes. Guy de Maupassant, Préface à Pierre et Jean, 1888. L’argumentation Préface de Sauver l’humain de Jean Rostand Jean Rostand, Préface au livre d’É. Bonnefous, Sauver l’humain, 1976 © Flammarion. 5 a. Encadrez les connecteurs logiques qui ouvrent et ferment chaque paragraphe et indiquez leur fonction. « Et d’abord » introduit le premier argument ................................................................... d’un raisonnement structuré ; « donc » conclut ................................................................... sur la première raison que nous avons de ................................................................... respecter la nature. « En outre » introduit un ................................................................... nouvel argument, relié au précédent. « Enfin » ................................................................... introduit l’argument marquant la fin du ................................................................... raisonnement. ................................................................... ................................................................... ................................................................... b. Reformulez la thèse que défend l’auteur. Multiples sont les motifs que nous avons de ................................................................... protéger la nature. ................................................................... ................................................................... ................................................................... Ve iss r s la e r tati o En employant des connecteurs logiques, rédigez un paragraphe de dissertation qui définira l’un des rôles du romancier sur le modèle de Maupassant. D Et d’abord, en défendant la nature, l’homme défend l’homme : il satisfait à l’instinct de conservation de l’espèce. Les innombrables agressions dont il se rend coupable envers le milieu naturel (envers « l’environnement », comme on prend coutume de dire) ne vont pas sans avoir des conséquences funestes pour sa santé et pour l’intégrité de son patrimoine héréditaire. Rappellerons-nous que, du fait de la pollution radioactive causée par les explosions des bombes nucléaires, tous les habitants de la planète, surtout les plus jeunes, portent dans leur squelette des atomes de métal radioactif ? […] Protéger la nature, c’est donc en premier, accomplir une tâche d’hygiène planétaire. Il y a, en outre, le point de vue des biologistes qui, soucieux de la nature pour elle-même, n’admettent pas que tant d’espèces vivantes […] s’effacent de la faune et de la flore terrestres, et qu’ainsi, peu à peu, s’appauvrisse, par la faute de l’homme, le somptueux et fascinant musée que la planète offrait à nos curiosités. Enfin, il y a ceux-là – et ce sont les artistes, les poètes, et donc un peu tout le monde – qui, simples amoureux de la nature, entendent la conserver parce qu’ils y voient un décor vivant et vivifiant, un lien maintenu avec la plénitude originelle, un refuge de paix et de vérité, parce que, dans un monde envahi par la pierraille et la ferraille, ils prennent le parti de l’arbre contre le béton, et ne se résignent pas à voir les printemps devenir silencieux. n VERS LA 1re • Sur une copie III. Employer une langue correcte et précise EMPLOYER UNE LANGUE CORRECTE ET PRÉCISE sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 42 Employer un champ lexical Observer et retenir Le champ lexical désigne l’ensemble des mots qui se rapportent à une même idée ou à un même domaine. Il permet de saisir la cohérence d’ensemble et la progression d’un texte, de dégager le ou les thèmes importants, d’exprimer une intention, de caractériser une écriture, de créer une atmosphère, de renforcer un effet de sens, de traduire un registre et de susciter une émotion chez le lecteur. Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené1 un cerveau, la maladie est presque incurable. J’ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de Saint Pâris, s’échauffaient par degrés malgré eux : leurs yeux s’enflammaient, leurs membres tremblaient, la fureur défigurait leur visage et ils auraient tué quiconque les eût contredits. Il n’y a d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal ; car, dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir, et attendre que l’air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes ; […] Synonymes Mots appartenant à la même famille Ex. : dans le texte, mal , mal adie Mots appartenant au même domaine Ex. : dans le texte, la maladie du « fanatisme » et son « remède » Voltaire, article « Fanatisme », Dictionnaire philosophique, 1764. 1. gangréné : corrompu ou perverti. Figures de style (métaphore, périphrase…) Repérer et manipuler 1 Quels sont les deux champs lexicaux contenus dans la liste de mots suivante ? flamme • torride • haineux • ardent • brûler • palpitant • idolâtrer • exécrer • séduisant • abhorrer • galamment • ressentiment La liste associe le réseau lexical de l’amour et de la ............................................................................... chaleur à celui de la haine. ............................................................................... 2 Identifiez le champ lexical dominant dans les strophes suivantes et justifiez son emploi. 1. « Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir » (Apollinaire, La Chanson du Mal-Aimé) de la navigation et de la mer. Champ lexical : .................................................... Le poète souligne l’aspect tumultueux de sa vie. ............................................................................... 2. « Sculpte, lime, cisèle ; Que ton rêve flottant Se scelle Dans le bloc résistant ! » (Gautier, L’Art) de la sculpture. Pour les poètes du Champ lexical : .................................................... Parnasse prime le travail sur la forme, qui doit aboutir à ............................................................................... la perfection. ............................................................................... 3 a. Quel type de lexique domine dans l’extrait suivant ? Comment les champs lexicaux sont-ils organisés ? Le lexique dominant est celui des préoccupations ............................................................................... ménagères et familiales, de la consommation de produits ............................................................................... matériels, évoquées dans une énumération hétéroclite. ............................................................................... b. Quel effet produit la dernière phrase ? La dernière phrase qui reprend de façon parodique la ............................................................................... réflexion du dramaturge latin Térence : « Je suis un ............................................................................... homme : rien de ce qui est humain ne m’est étranger » ............................................................................... constitue la chute du texte en créant un effet de surprise. ............................................................................... L’énumération précédente apparaît comme la somme ............................................................................... dérisoire de ce qui constitue l’humanité. ............................................................................... Il y eut la lessive, le linge qui sèche, le repassage. Le gaz, l’électricité, le téléphone. Les enfants. Les vêtements et les sous-vêtements. La moutarde. Les soupes en sachets, les soupes en boîte. Les cheveux : comment les laver, comment les teindre, comment les faire tenir, comment les faire briller. Les étudiants, les ongles, les sirops pour la toux, les machines à écrire, les engrais, les tracteurs, les loisirs, les cadeaux, la papeterie, le blanc, la politique, les autoroutes, les boissons alcoolisées, les eaux minérales, les fromages et les conserves, les lampes et les rideaux, les assurances, le jardinage. Rien de ce qui était humain ne leur fut étranger. Georges Perec, Les Choses, 1965, © Éditions Julliard. III. Employer une langue correcte et précise Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle Dom Juan de Molière 4 a. Quel champ lexical domine dans cette tirade de Dom sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Dom Juan s’adresse à son valet Sganarelle. Dom Juan. – […] On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur. […] Enfin il n’est rien de si doux que de triompher de la résistance d’une belle personne, et j’ai sur ce sujet l’ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs : je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. Molière, Dom Juan, Acte I, scène 2, 1665. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme La Bête humaine d’Émile Zola Et le train annoncé, l’omnibus parti de Paris à midi quarante-cinq, venait au loin, d’un roulement sourd. On l’entendit sortir du tunnel, souffler plus haut dans la campagne. Puis, il passa, dans le tonnerre de ses roues et la masse de ses wagons, d’une force invincible d’ouragan. Émile Zola, La Bête humaine, 1890. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme Juan ? Quels sont les deux réseaux lexicaux qui structurent l’extrait ? Le champ lexical de la guerre est organisé en deux réseaux ..................................................................................... antagonistes : le conquérant-vainqueur et l’ennemi-vaincu. ..................................................................................... ..................................................................................... b. Quelle place occupent les images ? Quel rôle jouent-elles ? Les images guerrières structurent la tirade ; elles associent la ..................................................................................... conquête amoureuse à l’art du combat. ..................................................................................... ..................................................................................... c. Quelle conception de l’amour Dom Juan défend-il ? En assimilant la séduction à une conquête militaire, Dom Juan ..................................................................................... révèle sa conception de l’amour comme une stratégie (étapes ..................................................................................... du combat) et un rapport de force (vainqueur – l’homme vs. ..................................................................................... vaincu – la femme). Il fait ainsi l’éloge du libertinage ..................................................................................... amoureux et affirme son besoin de puissance et de ..................................................................................... domination de la femme. ..................................................................................... ..................................................................................... 5 a. Quels sont les deux champs lexicaux dominants ? La machine (« train », « omnibus », « roues », « wagons ») et ..................................................................................... un phénomène météorologique de grande ampleur ..................................................................................... (« roulement sourd », « tonnerre », « ouragan »). ..................................................................................... b. Quel effet produit leur association ? Leur association produite une personnification, voire une ..................................................................................... allégorie du train en lien avec le titre. Elle donne une ..................................................................................... impression de violence dévastatrice liée à l’objet. ..................................................................................... « Le pain » de Francis Ponge La surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi panoramique qu’elle donne : comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus1 ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d’éructer2 fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s’est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, – sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l’on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable… Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation. Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942, © Éditions Gallimard. 1. Taurus : chaîne de montagnes située en Turquie. 2. éructer : roter. 6 a. Identifiez les champs lexicaux dominants dans le texte. Le champ lexical de la nature domine à travers les ........................................................................ reliefs (chaînes de montagnes), les paysages (vallées, ....................................................................... crêtes, crevasses…), les végétaux (feuilles ou fleurs…). ....................................................................... Le pain donne à voir le monde à une échelle réduite. ....................................................................... b. Quels jeux d’images sont utilisés ici ? Quel effet en résulte-t-il ? L’effet de surprise est dû au jeu d’images : le pain est ........................................................................ comparé à la nature et à l’univers. Le pain est une ....................................................................... métaphore du monde. L’objet est transformé par ....................................................................... l’écriture poétique. ....................................................................... c. Quel effet produit la dernière phrase ? La dernière phrase crée un effet de rupture (phrase ........................................................................ détachée et introduite par un connecteur « mais » ....................................................................... qui marque l’opposition). Le texte descriptif devient ....................................................................... injonctif (impératif : « brisons »). Ponge rompt ....................................................................... l’éloge poétique pour nous inviter plus ....................................................................... prosaïquement à consommer et à jouir de la vie. ....................................................................... V É c e r s l’ ion rit ure d’invent Dans un texte en prose, vous célébrerez un objet banal de votre choix en vous inspirant du poème de Francis Ponge. Vous utiliserez des champs lexicaux et des images. III. Employer une langue correcte et précise Sur une copie Maîtriser l’emploi et les valeurs des temps dans un récit au passé sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 43 EMPLOYER UNE LANGUE CORRECTE ET PRÉCISE Observer et retenir Plus-que-parfait PASSÉ de l’histoire Passé antérieur Passé simple PRÉSENT de l’histoire (coupé du temps du narrateur) Présent Imparfait FUTUR de l’histoire TEMPS du narrateur • Événements antérieurs au présent de l’histoire Ex. : Il résolut de ne jamais dire • Événements antérieurs au présent de l’histoire le plus de mensonges à la duchesse, souvent dans les subordonnées temporelles après quand, et c’est parce qu’il l’aimait à dès que, alors que… l’adoration en ce moment, qu’il se jura de ne jamais lui • Événements qui se succèdent chronologiquement dire qu’il l’aimait ; jamais il et constituent le présent de l’histoire ne prononcerait auprès d’elle • L’ordre des verbes = l’ordre des faits le mot d’amour, puisque la passion que l’on appelle • Faits qui se déroulent au moment où on les lit ainsi était étrangère à son • Impression d’accélération, effet de surprise, de réalité cœur. Dans l’enthousiasme (présent de narration) de générosité et de vertu qui • Dans le discours direct, moment où parle le personnage faisait sa félicité en ce moment, • Faits dont la durée est non limitée dans le temps (avant il prit la résolution de lui tout dire à la première occasion : et après le présent de l’histoire) son cœur n’avait jamais connu • Dans le discours indirect, transposition du présent l’amour. Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839. Conditionnel simple • Événements postérieurs au présent de l’histoire Conditionnel composé • Événements postérieurs au présent de l’histoire considérés comme accomplis Présent • Intervention du narrateur qui commente Passé composé • Commentaire, persistance des événements passés dans le présent Imparfait Passé simple Plus-que-parfait Conditionnel simple Présent Repérer et manipuler 1 Indiquez le (ou les) temps employé(s) dans ces phrases de récit. 1. Ils s’acquittèrent de leur mission exactement. simple Temps : passé ................................................................... 2. Ces faits eurent lieu un matin de juin. simple Temps : passé ................................................................... 3. Il leur avait recommandé la prudence. Temps : plus-que-parfait ................................................................... 4. Il pensait qu’il pourrait agir le lendemain. conditionnel présent Temps : imparfait, ................................................................... 5. Après qu’ils eurent consulté le sénat, ils s’élancèrent. antérieur, passé simple Temps : passé ................................................................... 2 Conjuguez le verbe entre crochets selon le rapport temporel indiqué. 1. Rapport temporel : succession d’actions trouva puis les [nourrir] ............. nourrit . Une louve les [trouver] ........... 2. Rapport temporel : antériorité s’était procuré Il [se procurer] ............................... une forte somme qui lui permit d’acheter la ferme. 3. Rapport temporel : postériorité Il crut que son ami [venir] viendrait .................... . 3 Dans chaque phrase, relevez les verbes conjugués puis placez-les sur l’axe chronologique. 1. « La Maréchale s’était peu souciée de savoir qui payerait. » (Flaubert) passé présent futur de l’histoire ← s’était peu souciée payerait ...................... ....................... ......................... 2. « Elle leur acheta une couverture, des chemises, un fourneau ; évidemment ils l’exploitaient. » (Flaubert) passé présent futur de l’histoire |acheta| ← l’exploitaient → ...................... ....................... ......................... 4 Pour chaque phrase, indiquez s’il s’agit du présent de narration ou d’un commentaire du narrateur. 1. « Tout l’ennui de cette vie sans intérêt que menait Julien est sans doute partagé par le lecteur. » (Stendhal) commentaire du narrateur .......................................................................... 2. « Ils entendirent du bruit :/Le rat de ville détale » (La Fontaine) présent de narration .......................................................................... 3. « Il lui avait proposé l’un de ces pactes infernaux qui ne se voient que dans les romans.» (Balzac) commentaire du narrateur .......................................................................... III. Employer une langue correcte et précise Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle Le Blanc et le Noir de Voltaire 5 a. Soulignez les verbes qui signalent les étapes du combat : quels temps sont employés ? Quelle est leur valeur ? L’emploi du présent de narration précipite le début du ............................................................................. combat ; le passé simple en réduit le déroulement et ............................................................................. l’issue à des esquisses. ............................................................................. b. Encadrez les verbes à l’imparfait : quels éléments mettent-ils en évidence ? Ces verbes peignent une cour avide de spectacles violents .............................................................................. ainsi que l’état d’esprit d’une princesse indifférente. ............................................................................. c. Quelle est la valeur du présent à la fin du passage ? Ce présent de vérité générale (intervention du narrateur) .............................................................................. témoigne de la réflexion voltairienne sur le manichéisme. ............................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Rustan, un noble perse, s’est épris de la princesse du Cachemire, qui l’aime également. Il affronte Barbabou, son rival, devant la cour de Cachemire. […] ils commencent le combat ; tous les courtisans faisaient un cercle autour d’eux. La princesse, se tenant toujours renfermée dans sa tour, ne voulut point assister à ce spectacle ; elle était bien loin de se douter que son amant fût à Cachemire, et elle avait tant d’horreur pour Barbabou, qu’elle ne voulait rien voir. Le combat se passa le mieux du monde ; Barbabou fut tué roide, et le peuple en fut charmé parce qu’il était laid, et que Rustan était fort joli : c’est presque toujours ce qui décide de la faveur publique. Voltaire, Le Blanc et le Noir, 1764. xxe siècle : du romantisme au surréalisme « Plume au restaurant » d’Henri Michaux Plume déjeunait au restaurant, quand le maître d’hôtel s’approcha, le regarda sévèrement et lui dit d’une voix basse et mystérieuse : « Ce que vous avez là dans votre assiette ne figure pas sur la carte. » Plume s’excusa aussitôt. – Voilà, dit-il, étant pressé, je n’ai pas pris la peine de consulter la carte. J’ai demandé à tout hasard une côtelette, pensant que peut-être il y en avait, ou que sinon on en trouverait aisément dans le voisinage, mais prêt à demander tout autre chose si les côtelettes faisaient défaut. Le garçon, sans se montrer particulièrement étonné, s’éloigna et me l’apporta peu après et voilà… […] Henri Michaux, Plume, 1938, © Éditions Gallimard. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme 6 a. Soulignez les verbes conjugués au passé simple : qui raconte les événements ? Les premiers passés simples relèvent d’un narrateur ............................................................................. anonyme, les derniers appartiennent aux paroles de Plume. ............................................................................. b. Encadrez les verbes conjugués au passé composé : quels temps apparaissent dans les paroles de Plume ? Pourquoi donnent-ils au texte un caractère poétique ? Plume fait le récit, au passé composé, d’événements .............................................................................. récents et de pensées qui ont agi sur le présent. ............................................................................. L’imparfait et le conditionnel présent révèlent, au ............................................................................. discours indirect, les conjectures de Plume, qui ont eu le ............................................................................. pouvoir de modifier la réalité. L’alternance du passé ............................................................................. composé et du passé simple abolissent la distance entre ............................................................................. temps l’histoire et temps du narrateur. ............................................................................. Le Rouge et le noir de Stendhal Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830. 1. persienne : volet à claire-voie. III. Employer une langue correcte et précise 7 a. Encadrez les pensées des personnages et les paroles rapportées au discours direct. b. Soulignez d’un trait les verbes indiquant des actions chronologiquement bornées : quels temps sont employés ? Quel caractère donnent-ils à l’action ? Le présent de narration confère son énergie à la scène. La ............................................................................... contiguïté du récit et du discours entraîne la fusion entre ............................................................................... actes et paroles. Le passé simple rompt l’élan narratif. ............................................................................... c. Soulignez de deux traits les verbes à l’imparfait : que révèlent-ils des personnages ? L’ascension du héros est ralentie, suspendue sans limite ............................................................................... temporelle, mais hâtée par le sémantisme du verbe ............................................................................... « voler » : ce procédé dit l’élan du désir et l’impatience qui ............................................................................... étire la durée de l’attente. Julien apparaît comme un ............................................................................... héros romanesque. Le discours narrativisé résume les ............................................................................... paroles tourmentées de Mathilde. ............................................................................... ............................................................................... Ve r e om s l t ai men Rédigez un paragraphe de commentaire qui montrera le réalisme de Stendhal dans l’extrait du Rouge et le Noir. Sur une copie C Julien Sorel est amoureux de Mathilde, une jeune aristocrate hautaine. Il place une échelle sous sa fenêtre. Elle va se fâcher, m’accabler de mépris, qu’importe ? Je lui donne un baiser, un dernier baiser, je monte chez moi et je me tue… : mes lèvres toucheront sa joue avant que de mourir ! Il volait en montant l’échelle, il frappe à la persienne1 ; après quelques instants Mathilde l’entend, elle veut ouvrir la persienne, l’échelle s’y oppose : Julien se cramponne au crochet de fer destiné à tenir la persienne ouverte, et, au risque de se précipiter mille fois, donne une violente secousse à l’échelle et la déplace un peu. Mathilde peut ouvrir la persienne. Il se jette dans la chambre plus mort que vif : – C’est donc toi ! dit-elle en se précipitant dans ses bras… ................................................................................................ Qui pourra décrire l’excès du bonheur de Julien ? Celui de Mathilde fut presque égal. Elle lui parlait contre elle-même, elle se dénonçait à lui. re OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au Maîtriser l’emploi et les valeurs du subjonctif et du conditionnel sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 44 EMPLOYER UNE LANGUE CORRECTE ET PRÉCISE Observer et retenir LES VALEURS DU SUBJONCTIF LES VALEURS DU CONDITIONNEL Dans une proposition indépendante ou principale, il exprime : Dans une proposition indépendante ou principale, il exprime : • un ordre Ex. : Qu’il sorte ! • une hypothèse Ex. : Si j’échouais, ce serait une catastrophe ! • un souhait (subjonctif présent) ou un regret (subjonctif imparfait) Ex. : Que les dieux te soient favorables ! Plût au ciel qu’il ne fût pas né ! • un conseil, une demande atténuée Ex. : Vous devriez venir. Je voudrais vous voir. • une indignation Ex. : Moi ! Que je m’enfuie ! • des faits imaginaires Ex. : Je serais riche. J’achèterais une grande maison. Je serais heureux ! • une question oratoire Ex. : Il serait amoureux ? • une incertitude du locuteur Ex. : Les otages auraient été libérés. Dans une proposition subordonnée, il exprime : Dans une proposition subordonnée, il exprime : • un sentiment (désir, regret, crainte…) Ex. : Je désire que ces paroles ne soient pas prononcées. • le futur dans le passé, concordant avec le temps du verbe principal Ex. : Elle pensait qu’elle parviendrait à réussir. Elle pensait qu’elle aurait réussi. • une volonté Ex. : Que veux-tu que je dise ? • une éventualité Ex. : Elle cherche quelqu’un qui l’aiderait. • une obligation Ex. : Il faut qu’il parte. • une probabilité Ex. : Est-ce possible qu’il ait soixante ans ? • une action ou un état non encore réalisé Ex. : Il ouvrit les yeux avant que j’eusse essuyé mes larmes. • une intention Ex. : Je lirai le contrat avec vous afin que nous soyons bien d’accord. • une concession / une opposition Ex. : Quoique le temps fût menaçant, il décida de sortir. Repérer et manipuler 1 Pour chaque phrase, conjuguez le verbe au condi- tionnel ou au futur. rais bien un peu de dessert. 1. Je prend........ ra demain. 2. Elle affirme qu’il viend...... riez choisir cette option. 3. Selon moi, vous devr........ rais de m’aider. 4. Même si je te suppliais, tu refuse........ ra certainement du succès. 5. Plus tard, son livre au...... rais faire. 6. Je me demandais ce que je pour........ rais la défense d’un criminel ? Hors de 7. Moi ? Je prend........ question ! 2 Ajoutez au début de chaque phrase une proposition principale exprimant la nuance indiquée entre crochets. Attention à la conjugaison du verbe de la subordonnée ! 1. [Volonté] Son emportement cessait Il voulait que son emportement cessât. .......................................................................... 2. [Crainte] Sa colère se transformait en fureur contre lui. Il.......................................................................... avait peur que sa colère ne se transformât en fureur contre lui. ............................................................................... 3. [Obligation] Son courroux s’apaisait. Il fallait que son courroux s’apaisât. .......................................................................... 3 Pour chaque phrase, précisez la nuance exprimée par la proposition soulignée et complétez en utilisant l’indicatif ou le subjonctif. 1. Avant que son roman Madame Bovary ne [paraître] parût ............... , Flaubert ne s’attendait pas à recevoir des critiques. action non réalisée Nuance exprimée : .............................................. 2. On lui intenta un procès afin que l’œuvre [être interdit] fût interdite .................................... . intention Nuance exprimée : .............................................. fût 3. Bien que le réquisitoire [être] ........... persuasif, l’auteur fut acquitté. concession Nuance exprimée : .............................................. 4. Selon l’accusateur, il faut que la littérature [s’abstenir] s’abstienne de porter atteinte à la morale. ................... obligation Nuance exprimée : .............................................. 5. Pour la défense, il est possible que la littérature [servir] serve la morale par la représentation du vice. ............ probabilité Nuance exprimée : .............................................. 6. Il est certain que des œuvres littéraires [pouvoir choquer] peuvent choquer .................................... des lecteurs. certitude Nuance exprimée : .............................................. III. Employer une langue correcte et précise Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle L’École des femmes de Molière 4 a. Soulignez en bleu les verbes conjugués au conditionnel. b. Que révèlent ces conditionnels sur l’état d’esprit d’Agnès ? Relevez des procédés et expressions qui justifient votre affirmation. Agnès ........................................................................... manifeste ses désirs, ses volontés, mais sous une forme ........................................................................... atténuée, avec précaution : elle a conscience du caractère ........................................................................... hardi de sa démarche. Son désir s’oppose aux convenances, ........................................................................... comme le montre la construction des phrases ........................................................................... : « en vérité… mais… », «Peut-être… mais… ». Le ........................................................................... cœur d’Agnès s’exprime dans cette lettre (« je sens ........................................................................... ») sans qu’elle connaisse les codes qui régissent les ........................................................................... relations amoureuses (« je ne sais »). sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Horace, jeune homme amoureux d’Agnès, lit à son tuteur la lettre qu’elle lui a écrite. Horace. – « […] J’ai des pensées que je désirerais que vous sussiez ; mais je ne sais comment faire pour vous les dire, et je me défie de mes paroles. Comme je commence à connaître qu’on m’a toujours tenue dans l’ignorance, j’ai peur de mettre quelque chose, qui ne soit pas bien, et d’en dire plus que je ne devrais. En vérité, je ne sais ce que vous m’avez fait ; mais je sens que je suis fâchée à mourir de ce qu’on me fait faire contre vous, que j’aurai toutes les peines du monde à me passer de vous, et que je serais bien aise d’être à vous. Peut-être qu’il y a du mal à dire cela, mais enfin je ne puis m’empêcher de le dire, et je voudrais que cela se pût faire sans qu’il y en eût. » Molière, L’École des femmes, Acte III, scène 4, 1662. OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle Madame Bovary de Gustave Flaubert Pendant que son mari dort, Emma rêve. Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays nouveau, d’où ils ne reviendraient plus. Ils allaient, ils allaient, les bras enlacés, sans parler. Souvent, du haut d’une montagne, ils apercevaient tout à coup quelque cité splendide avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des cathédrales de marbre blanc […]. Et puis ils arrivaient, un soir, dans un village de pêcheurs […]. Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac ; et leur existence serait facile et large comme leurs vêtements de soie, toute chaude et étoilée comme les nuits douces qu’ils contempleraient. […] Mais l’enfant se mettait à tousser dans son berceau, ou bien Bovary ronflait plus fort, et Emma ne s’endormait que le matin […]. Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle 5 a. Soulignez les verbes conjugués au condition- nel. Comment sont conjugués les autres verbes ? Pourquoi ? Le passage au conditionnel est encadré par des verbes ........................................................................... à l’imparfait de l’indicatif : si le début marque la ........................................................................... confusion entre le réel et l’imaginaire, la fin souligne ........................................................................... le retour à la réalité. ........................................................................... b. Comment le rêve d’Emma s’exprime-t-il dans les lieux décrits ? La beauté des lieux est soulignée. Les « citronniers », le ........................................................................... « hamac », soulignent l’exotisme de l’endroit, mais la ........................................................................... « gondole » surprend. Les éléments naturels côtoient ........................................................................... la civilisation et la nature semble faite pour l’homme ........................................................................... dans ce monde merveilleux. Les répétitions et les ........................................................................... énumérations amplifient le lyrisme du passage. ........................................................................... Candide de Voltaire Candide découvre progressivement les horreurs du monde et vient de rencontrer des souverains déchus. Il interroge son ami Martin. « Que pensez-vous, dit-il, qui soit le plus à plaindre, de l’empereur Achmet, de l’empereur Ivan, du roi CharlesÉdouard, ou de moi ? – Je n’en sais rien, dit Martin ; il faudrait que je fusse dans vos cœurs pour le savoir. – Ah ! dit Candide, si Pangloss1 était ici, il le saurait, et nous l’apprendrait. – Je ne sais, dit Martin, avec quelles balances votre Pangloss aurait pu peser les infortunes des hommes, et apprécier leurs douleurs. Tout ce que je présume c’est qu’il y a des millions d’hommes sur la terre cent fois plus à plaindre que le roi Charles-Édouard, l’empereur Ivan, et le sultan Achmet. – Cela pourrait bien être », dit Candide. Voltaire, Candide, 1759. 1. Pangloss : Précepteur de Candide, que l’on croit mort. III. Employer une langue correcte et précise 6 a. Soulignez les verbes conjugués au conditionnel et encadrez ceux au subjonctif. b. Quelles diverses opinions sur le sort de Pangloss les conditionnels mettent-ils en évidence ? Si Candide évoque la possibilité de la survie du ........................................................................... personnage (conditionnel simple), Martin semble ne ........................................................................... pas y croire (conditionnel composé). ........................................................................... c. Pourquoi les paroles de Candide traduisent-elles sa candeur ? Candide interroge son ami, évoque son présent de ........................................................................... manière incertaine à travers le subjonctif, et clôt ........................................................................... l’échange avec un conditionnel qui redouble la nuance ........................................................................... modale . . . . . . . . . . de . . . . «. . pouvoir . . . . . . . . . . .». .:. il. . .n’a . . . .pas . . . . .encore . . . . . . . . .de . . . .certitudes. ............. V É c e r s l’ ion rit ure d’invent Développez en dix lignes le discours de Martin dans l’extrait de Candide, en nuançant sa pensée grâce à l’emploi de verbes au subjonctif et au conditionnel. Sur une copie Maîtriser les valeurs des temps de l’indicatif sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 45 EMPLOYER UNE LANGUE CORRECTE ET PRÉCISE Observer et retenir TEMPS SIMPLES : action verbale envisagée dans son déroulement (aspect non accompli) PRÉSENT Présent d’énonciation Passé ou futur proche Présent étendu Présent de vérité Présent de narration (répétition, habitude, générale, définition description) Ex. : « Monsieur, j’ai deux Ex. : Il parle depuis Ex. : Le petit prince est mots à vous dire. » (Molière) longtemps. Je reprends le fil blond. de mon récit. Action non achevée et non limitée dans le temps Ex. : Julien lisait. Ex. : Ventre affamé n’a pas d’oreilles. IMPARFAIT Imparfait d’habitude, de répétition, de description Ex. : « Le berger vient, le prend, l’encage » (La Fontaine) Potentiel, irréel du présent Ex. : Cet homme prenait quatre repas par jour. Ex. : S’il obtenait une chambre, il ne dormirait pas dehors. PASSÉ SIMPLE Action achevée et limitée dans le temps Ex. : « Les chiens reconnurent la voix de leur maître et aboyèrent. » (Balzac) Action située dans l’avenir Ex. : « Quand ils auront trop faim, ils retourneront aux fosses. » (Zola) FUTUR SIMPLE Indignation Injonctif Ex. : « Vous ne vous tairez point ? » (Molière) Ex. : « Homme libre, toujours tu chériras / la mer ! » (Baudelaire) TEMPS COMPOSÉS : action verbale envisagée dans son achèvement (aspect accompli) ou antériorité par rapport au temps simple PASSÉ COMPOSÉ Antériorité par rapport au présent Remplace le passé simple mais conserve une proximité avec le présent Ex. : « Ils disent alors qu’ils ont les premiers approuvé cet ouvrage. » (La Bruyère) Ex. : La maison où se sont déroulés les événements de cette histoire se trouve à Dijon. PLUS-QUE-PARFAIT Antériorité par rapport aux temps du passé Répétition, habitude Irréel du passé Ex. : « Elle se rappela cet aigle qu’elle avait vu. » Ex. : Il l’avait attendue chaque jour avec (Maupassant) impatience. Ex. : S’il avait obtenu une chambre, il n’aurait pas dormi dehors. PASSÉ ANTÉRIEUR Antériorité par rapport au passé simple Ex. : Quand il eut achevé sa lecture, il posa ses lunettes. Antériorité par rapport au futur simple FUTUR ANTÉRIEUR Hypothèse Ex. : « Quand tu t’éloigneras, tu nous auras laissé des enfants. » (Diderot) Ex. : « Notre neveu aura fait quelque sottise, et se sera attiré de fâcheuses affaires. » (Voltaire) Repérer et manipuler 1 Dans chaque phrase, conjuguez le verbe entre crochets à un temps simple en respectant la valeur indiquée. commençait 1. Le jour [commencer ; absence de limites] ....................... s’arrêta . à paraître quand un homme [s’arrêter ; limites] ............ 2. L’homme sage [se fortifier ; vérité générale (deux possise fortifie/se ..................... fortifiera bilités)] .................. par la pratique de la philosophie. écouteras 3. Tu n’[écouter ; indignation] ..................... donc pas les conseils qu’on te donne ? pourraient 4. Ils pensaient qu’ils [pouvoir ; futur] ...................... retirer quelque profit de cette aventure. veniez 5. Si vous [venir ; potentiel] ................... , nous pourrions converser un peu. 2 Même exercice : conjuguez les verbes entre cro- chets à un temps composé. eut fini 1. Quand il [finir ; antériorité] ....................................... de parler, elle garda le silence. aura vu 2. Un homme d’autant d’esprit [voir ; hypothèse] ............... l’étendue de ma faiblesse. 3. Il lui prit la main : toute sa philosophie [disparaître ; avait disparu antériorité] ............................................................. auras avertis 4. Dès que tu nous [avertir ; antériorité] ......................... de ton arrivée, nous nous rendrons à la gare. avait aimé 5. Si elle l’ [aimer ; irréel du passé] ............................... , elle l’aurait rejoint dans sa lointaine retraite. III. Employer une langue correcte et précise Lire et analyser OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviie siècle Les Caractères de Jean de La Bruyère 3 a. Soulignez les verbes conjugués à un temps simple : quels temps sont employés ? Quelles valeurs prennent-ils ? Le présent étendu exprime la répétition et l’état durable. Le futur ............................................................................................. scrute l’avenir, où réapparaît, identique, la réalité présente : les ............................................................................................. comportements ne changent pas comme les rôles au théâtre. ............................................................................................. b. Encadrez les verbes conjugués à un temps composé : de quels temps s’agit-il ? Qu’apportent-ils à cette réflexion ? Le futur antérieur prend pour référence le futur « subsistera » ; sa ............................................................................................. proximité avec les verbes au présent suggère que le présent est ............................................................................................. comme mort-né, et que l’avenir en oubliera le souvenir. Le passé ............................................................................................. composé semble renverser l’ordre des temps : le passé succède au ............................................................................................. présent. Ce jeu révèle la vanité des ambitions. ............................................................................................. ............................................................................................. sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Dans cent ans le monde subsistera encore en son entier : ce sera le même théâtre et les mêmes décorations, ce ne seront plus les mêmes acteurs. Tout ce qui se réjouit sur une grâce reçue, ou ce qui s’attriste et se désespère sur un refus, tous auront disparu de dessus la scène. Il s’avance déjà sur le théâtre d’autres hommes qui vont jouer dans une même pièce les mêmes rôles ; ils s’évanouiront à leur tour ; et ceux qui ne sont pas encore, un jour ne seront plus : de nouveaux acteurs ont pris leur place. Quel fonds à faire sur un personnage de comédie ! Jean de La Bruyère, Les Caractères, 1688. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : « Hier au soir » de Victor Hugo Hier, le vent du soir, dont le souffle caresse, Nous apportait l’odeur des fleurs qui s’ouvrent tard ; La nuit tombait ; l’oiseau dormait dans l’ombre épaisse. Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ; Les astres rayonnaient, moins que votre regard. Moi, je parlais tout bas. C’est l’heure solennelle Où l’âme aime à chanter son hymne le plus doux. Voyant la nuit si pure et vous voyant si belle, J’ai dit aux astres d’or : Versez le ciel sur elle ! Et j’ai dit à vos yeux : Versez l’amour sur nous ! Victor Hugo, Les Contemplations, 1856. OBJET D’ÉTUDE • La tragédie au xviie siècle 4 a. Soulignez les verbes conjugués à l’imparfait : quelle est leur valeur ? Les imparfaits décrivent le clos naturel et protecteur qui ................................................................................ entoure les amants. ................................................................................ b. Encadrez les verbes au présent ; comment sont-ils disposés dans le poème ? Quelles valeurs prennent-ils ? Le premier présent exprime une vérité générale ; le second ................................................................................ forme un halo autour de l’instant désigné par le troisième ................................................................................ présent et célébré par les vers. ................................................................................ c. Quel temps de l’indicatif apparaît à la fin du poème ? Quelle évolution manifeste son emploi ? Le passé composé enchâsse soudain la déclaration amou................................................................................ reuse relatée dans ce moment suspendu hors du temps. ................................................................................ Horace de Pierre Corneille Rome vient de déclarer la guerre à Albe. Camille, une Romaine, est fiancée à Curiace, un Albain. Camille. – […] il1 obtint de mon père Que de ses chastes feux2 je serais le salaire. Ce jour nous fut propice et funeste à la fois : Unissant nos maisons, il désunit nos rois ; Un même instant conclut notre hymen3 et la guerre, Fit naître notre espoir et le jeta par terre, Nous ôta tout, sitôt qu’il nous eut tout promis Et, nous faisant amants, il nous fit ennemis. Combien nos déplaisirs parurent lors extrêmes ! Combien contre le ciel il1 vomit de blasphèmes4 ! Et combien de ruisseaux coulèrent de mes yeux ! Je ne vous le dis point, vous vîtes nos adieux, Vous avez vu depuis les troubles de mon âme, Vous savez pour la paix quels vœux a faits ma flamme Et quels pleurs j’ai versés à chaque événement, Tantôt pour mon pays, tantôt pour mon amant. Pierre Corneille, Horace, Acte I, scène 2, 1641. III. Employer une langue correcte et précise sonne : à quels temps sont-ils employés ? Quels moments Camille évoque-t-elle ? Ces verbes, conjugués au passé simple et au passé ................................................................................ antérieur, racontent deux événements essentiels que la ................................................................................ pièce ne représente pas : « l’hymen et la guerre ». ................................................................................ b. Encadrez les verbes conjugués à la première et à la deuxième personne : à quels temps sont-ils conjugués ? À quel moment correspondent-ils ? Le conditionnel simple évoque l’avenir espéré autrefois par ................................................................................ Camille. Le présent et le passé composé désignent le ................................................................................ présent de l’action représentée. ................................................................................ c. Quel effet dramatique la diversité de ces valeurs temporelles entraîne-t-elle ? L’emploi du passé simple montre un personnage qui, au ................................................................................ seuil d’un bonheur immense, tombe dans le plus profond ................................................................................ malheur. Le spectateur est témoin de la détresse de Camille, ................................................................................ dont l’avenir heureux désormais appartient au passé. ................................................................................ Ve r e om s l t ai men Rédigez un paragraphe de commentaire qui montrera que le jeu des temps illustre la condition tragique de Camille dans l’extrait d’Horace. Sur une copie C 1. il : Curiace. 2. feux : amour. 3. hymen: mariage. 4. blasphème : parole qui outrage la divinité ou le sacré. 5 a. Soulignez les verbes conjugués à la troisième per- re du romantisme au surréalisme EMPLOYER UNE LANGUE CORRECTE ET PRÉCISE 46 Employer le vocabulaire de l’argumentation sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Retenir Les principaux genres argumentatifs La structure du texte argumentatif APOLOGUE (un) : récit fictif bref qui délivre une morale DIATRIBE (une) : discours polémique et moralisateur DISCOURS (un) : énoncé oral qui use de procédés rhétoriques ÉPIGRAMME (une) : courte pièce en vers satirique et cinglante ESSAI (un) : texte dans lequel un auteur expose son point de vue ARGUMENT (un) : preuve par laquelle une thèse est défendue CIRCUIT ARGUMENTATIF (un) : les différentes étapes d’un en le confrontant à d’autres LETTRE OUVERTE (une) : lettre publiée évoquant un sujet d’actualité sur un ton polémique raisonnement CONTRE-ARGUMENT (un) : argument de la partie adverse EXEMPLE (un) : référence concrète illustrant un argument EXPLICITE vs. IMPLICITE : exprimé directement vs. sous-entendu MODALISATEUR (un) : mot exprimant un degré de certitude ou d’incertitude LIBELLE (un) : écrit publié dans le but de dénigrer quelqu’un MANIFESTE (un) : texte dans lequel un écrivain, un artiste PROBLÉMATIQUE (une) : problème soulevé, engageant une PAMPHLET (un) : texte satirique bref qui dénonce violemment PANÉGYRIQUE (un) : discours écrit ou oral très élogieux PLAIDOYER (un) : discours qui défend une opinion ou une convaincre, persuader, démontrer ou délibérer définit un mouvement auquel il se rattache personne réflexion STRATÉGIE ARGUMENTATIVE (une) : démarche argumentative : THÈME (un) : ce dont parle le texte THÈSE (une) vs. ANTITHÈSE (une) : opinion défendue vs. opinion réfutée RÉQUISITOIRE (un) : discours qui condamne une opinion ou une personne SATIRE (une) : texte présentant des genres et des sujets divers dans le but de dénigrer ses contemporains Le lexique du débat CONCESSION (une) : prise en compte et acceptation partielle des arguments adverses pour mieux renforcer sa thèse CONTROVERSE (une) : débat, discussion polémique DÉLIBÉRER : envisager tous les aspects d’une situation en vue d’aboutir à une conclusion DIALECTIQUE (la) : discussion, raisonnement rigoureux DILEMME (un) : alternative n’offrant pas une totale satisfaction OBJECTION (une) : argument qui s’oppose à une affirmation PARTI-PRIS (un) : absence de neutralité POLÉMIQUE (une) : débat vif, voire virulent PRÉJUGÉ (un) : pensée préconçue QUERELLE (une) : opposition entre deux partis Les verbes pour exprimer un accord/un désaccord Accord : adhérer • approuver • concéder • corroborer • défendre • étayer • faire l’éloge • louer • renforcer • revendiquer • soutenir • valoriser Désaccord : blâmer • condamner • décrier • démentir • dénoncer • discréditer • invalider • nuancer • objecter • prétendre • récuser • réfuter • rétorquer • ridiculiser • se dresser contre Repérer et manipuler 1 Complétez chaque phrase par l’un des mots suivants. réquisitoire • corroborer • démentir • étayer • exemple • préjugés exemple 1. L’..................... choisi illustre sa thèse à la perfection. réquisitoire 2. Il a prononcé un violent ..................... contre la peine de mort. préjugés 3. Voltaire a lutté toute sa vie contre les .................... au profit de la raison. démentir 4. Cette histoire est indéniable : nul ne peut la ................... . corroborer 5. Seule une vérité probante pourra ................... de tels propos. étayer 6. Je te conseille d’ .................... ton argument si tu veux nous convaincre. 2 Pour chaque phrase, remplacez le mot ou l’expression en couleur par un mot des listes de vocabulaire ci-dessus. 1. L’exotisme des lettres de Montesquieu permet de dissimuler la problématique e à la notion de [le problème] ................................. lié... pouvoir. soutiens 2. Je [dis] ..................... qu’il est responsable de ce désastre. 3. Le fait sur lequel il s’appuie rend impossible la moindre objection . [opposition] .................. apologue 4. La fable est un [récit] .................... riche d’enseignement. 5. Dans ses discours, Rousseau exprime [son point de vue] explicite sa thèse ................... de façon [claire] .................................. . dilemme 6. Cette situation est un véritable [casse-tête] ..................... ; je ne parviens pas à me décider. III. Employer une langue correcte et précise Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • La comédie au xviie siècle Dom Juan de Molière 1 3 a. Isolez entre crochets les différentes étapes de l’ar- sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Dom Juan. –[Quoi ? Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui et qu’on n’ait plus d’yeux pour per2 sonne ?][La belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans une passion, et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! Non, non, la constance n’est bonne que pour des ridicules, toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les3 justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cœurs.][Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne.] Molière, Dom Juan, Acte I, scène 2, 1665. OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme « Le roman » de Guy de Maupassant Maupassant vient d’évoquer les caractéristiques des récits qui « transforment la vérité ». Le romancier, au contraire, qui prétend nous donner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout enchaînement d’événements qui paraîtrait exceptionnel. Son but n’est point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à comprendre le sens profond et caché des événements. À force d’avoir vu et médité il regarde l’univers, les choses, les faits et les hommes d’une certaine façon qui lui est propre et qui résulte de l’ensemble de ses observations réfléchies. C’est cette vision personnelle du monde qu’il cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre. Guy de Maupassant, Préface à Pierre et Jean, 1887. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle gumentation de Dom Juan. b. Nommez dans l’ordre les éléments qui composent son circuit argumentatif. 1 : antithèse – 2 : réfutation développée en une ..................................................................................... succession d’arguments – 3 : thèse explicite. ..................................................................................... c. Soulignez l’oxymore de la dernière phrase. d. Rédigez un paragraphe montrant que Dom Juan cherche à renverser les valeurs traditionnelles du XVIIe siècle. Vous emploierez le vocabulaire suivant : faire l’éloge • arguments • ridiculiser • valoriser • récuser • se dresser contre Dom Juan fait l’éloge de l’infidélité. Ses arguments ..................................................................................... ridiculisent les honnêtes hommes et valorisent la beauté des ..................................................................................... femmes. Le libertin récuse toute morale et se dresse contre ..................................................................................... l’idéal classique fondé sur l’ordre et la raison. ..................................................................................... 4 a. Identifiez le genre argumentatif de l’extrait de Maupassant. L’extrait est un manifeste. ..................................................................................... b. Comment qualifieriez-vous le passage en gras dans le texte ? Le passage est une énumération de contre-arguments. ..................................................................................... c. Soulignez dans le texte un argument louant le travail du romancier réaliste. d. Rédigez une phrase mettant en évidence la thèse défendue et la thèse réfutée par Maupassant. Maupassant discrédite les récits fictifs et divertissants et il ..................................................................................... soutient l’idée que le romancier doit observer le monde et le ..................................................................................... reproduire avec exactitude. ..................................................................................... ..................................................................................... ..................................................................................... Le Mondain de Voltaire Regrettera qui veut le bon vieux temps, Et l’âge d’or et le règne d’Astrée1, Et les beaux jours de Saturne et de Rhée2, Et le jardin de nos premiers parents3 ; Moi, je rends grâce à la Nature sage Qui, pour mon bien, m’a fait naître en cet âge Tant décrié par nos pauvres docteurs : Ce temps profane est tout fait pour mes mœurs. J’aime le luxe, et même la mollesse, Tous les plaisirs, les arts de toute espèce, La propreté, le goût, les ornements : Tout honnête homme4 a de tels sentiments. Voltaire, Le Mondain, 1736. 1. Astrée : déesse de la justice. 2. Saturne et Rhée : dieux de l’Âge d’or. 3. parents : référence à Adam et Ève et au jardin d’Éden. 4. honnête homme : homme de qualité. III. Employer une langue correcte et précise 5 a. Soulignez les vers correspondant à la thèse de Voltaire. b. À quoi correspondent les vers non soulignés ? Les autres vers reformulent l’antithèse défendue par ceux que ..................................................................................... Voltaire nomme ironiquement « pauvres docteurs ». ..................................................................................... c. Rédigez un paragraphe présentant les deux avis exprimés dans le poème. Vous veillerez à employer le lexique du débat et de l’argumentation. Les adversaires de Voltaire se dressent sans concession contre ..................................................................................... les progrès de leur siècle et revendiquent un retour à une vie ..................................................................................... pure et détachée de toutes préoccupations matérielles à ..................................................................................... l’image du jardin d’Éden. Voltaire, quant à lui, invalide cette ..................................................................................... thèse de façon polémique par l’énumération des « plaisirs » ..................................................................................... de « l’honnête homme », cherchant par des termes élogieux à ..................................................................................... remporter l’adhésion de ses lecteurs. ..................................................................................... V É c e r s l’ ion rit ure d’invent À votre tour, rédigez le plaidoyer qu’un adolescent pourrait exprimer en faveur du luxe. Vous adapterez votre discours à votre époque. Sur une copie Employer le vocabulaire de l’analyse littéraire sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite 47 EMPLOYER UNE LANGUE CORRECTE ET PRÉCISE Observer et retenir La Laitière et le Pot au lait Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville. Légère et court vêtue, elle allait à grands pas, Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile, Cotillon simple, et souliers plats. Notre laitière ainsi troussée Comptait déjà dans sa pensée […] Jean de La Fontaine, Fables, VII, 16, 1668. Ce qui caractérise Perrette, c’est sa gaieté implicitement suggérée par les sonorités de l’alexandrin initial. L’allitération en [t] et l’assonance en [e] du premier hémistiche traduisent le caractère joyeux et sautillant du personnage. La Fontaine parsème cependant la présentation de Perrette de quelques indices qui annoncent le drame. L’équilibre de l’alexandrin initial est comme fragilisé par l’octosyllabe qui le suit immédiatement. Le verbe « Prétendait » au vers 3 et l’adverbe « déjà » au vers 8 laissent poindre une inquiétude : l’optimisme de l’héroïne peut la conduire à une déception. Sujet : Vous commenterez les huit premiers vers de cette fable de Jean de La Fontaine. Pour commenter un texte littéraire, on doit distinguer et exploiter différents « vocabulaires » variant en fonction du texte. Le vocabulaire « du commentaire » Ex. : illustrer, souligner, retarder, qualifier, brosser, camper, atmosphère, style, évocation… Le vocabulaire « appréciatif » Ex. : poignant, plaisant, pittoresque, gai, délicieux, tristesse, inquiétude, conformisme… Le vocabulaire « général de l’analyse » Ex. : registre, rythme, ellipse, discours, récit, métaphore, burlesque, héroï-comique, épique, portrait… Le vocabulaire « spécifique d’un genre et d’un mouvement » Ex. : dramaturge, tirade, strophe, sonnet, roman, tragi-comédie, réalisme… Le vocabulaire « grammatical » Ex. : épithète, en apposition, substantif, verbe, pronom, déterminant, subordination, sujet, coordination… Repérer et manipuler 1 Soulignez le vocabulaire « général de l’analyse » et encadrez celui « spécifique du genre poétique ». Dans cette strophe, la terre est devenue « un cachot ». Cette image n’est pas la seule à évoquer un caractère carcéral : le recours à l’allégorie de « L’Espérance » comparée à « une chauve-souris » mis en apposition, permet à Baudelaire de créer un climat à la fois dramatique et pathétique. 2 Réécrivez ce commentaire en remplaçant les termes soulignés par des termes choisis dans la liste suivante. souligner • idéaliser • adjectif • narrateur • romancier • groupe nominal • métaphore • hyperbolique • substantif • illustrer • intention La comparaison « comme un ange » est exagérée. Le mot « ange » indique que l’auteur veut rendre la beauté de l’enfant exceptionnelle. La comparaison « comme un ange » est hyperbolique. Le ............................................................................... substantif « ange » souligne l’intention du narrateur : ............................................................................... idéaliser la beauté de l’enfant. ............................................................................... 3 Améliorez l’expression de ce commentaire en remplaçant les termes raturés par des termes issus des différents « vocabulaires » de l’analyse littéraire. […] Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ? Ils s’en vont travailler quinze heures sous les meules, […] Victor Hugo, « Melancholia », Les Contemplations, 1856. poème s’ouvre sur L’extrait du texte ................ commence par .................... interrogations qui prennent ............................. se développent sur des questions .................. trois vers et qui portent sur l’endroit où vont les enfants la destination des enfants ; elles rendent attentif .................... impliquent .................... s’interroge le lecteur qui se demande .................... alors vers quel endroit sur cette destination mystérieuse ils se rendent ............................................ que le poète dévoile annonce .................... au dernier vers. III. Employer une langue correcte et précise Analyser et employer OBJET D’ÉTUDE • Le roman et la nouvelle au xixe siècle : réalisme et naturalisme L’Assommoir d’Émile Zola 4 a. Recherchez des termes « appréciatifs » pour caractériser ou qualifier les deux personnages. Sérieux, mesurés, vulnérables, sympathiques, ............................................................................ attachants, vertueux, simples, frustres, naïfs, craintifs ............................................................................ (voir aussi les substantifs)… ............................................................................ ............................................................................ ............................................................................ b. Commentez la présentation des personnages en exploitant ce vocabulaire. Dans cette scène, le narrateur offre le portrait de deux ............................................................................ jeunes gens sérieux voire vertueux lorsqu’ils affirment ............................................................................ le dégoût que leur inspire l’alcool. Leur attitude ............................................................................ vis-à-vis de la « prune » avertit toutefois d’une certaine ............................................................................ naïveté d’autant que le narrateur rappelle une hérédité ............................................................................ qui les rend déjà vulnérables : leurs parents sont ............................................................................ alcooliques. ............................................................................ ............................................................................ ............................................................................ ............................................................................ ............................................................................ ............................................................................ ............................................................................ sp ec Vid im e éo n pro en s jec eig tio n a ni n ne t trd ite Gervaise et Coupeau vont entamer une relation amoureuse. Ils se rencontrent à L’Assommoir, un débit de boissons. – Oh ! c’est vilain de boire ! dit-elle à demi-voix. Et elle raconta qu’autrefois, avec sa mère, elle buvait de l’anisette1, à Plassans. Mais elle avait failli en mourir un jour, et ça l’avait dégoûtée ; elle ne pouvait plus voir les liqueurs. – Tenez, ajouta-t-elle en montrant son verre, j’ai mangé ma prune1 ; seulement, je laisserai la sauce, parce que ça me ferait du mal. Coupeau, lui aussi, ne comprenait pas qu’on pût avaler de pleins verres d’eau-de-vie. Une prune par-ci par-là, ça n’était pas mauvais. Quant au vitriol2, à l’absinthe1 et aux autres cochonneries, bonsoir ! il n’en fallait pas. Les camarades avaient beau le blaguer, il restait à la porte, lorsque ces cheulards3-là entraient à la mine à poivre. Le papa Coupeau, qui était zingueur comme lui, s’était écrabouillé la tête sur le pavé de la rue Coquenard, en tombant, un jour de ribote, de la gouttière du n° 25 ; et ce souvenir, dans la famille, les rendait tous sages. Émile Zola, L’Assommoir, 1877. 1. anisette, prune : alcools. 2. vitriol : acide sulfurique. 3. cheulards : alcooliques. OBJET D’ÉTUDE • La poésie du xixe au xxe siècle : du romantisme au surréalisme « Le Dormeur du val » d’Arthur Rimbaud C’est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons1 D’argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue2, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. […] Arthur Rimbaud, Poésies, 1871. 1. haillons : vêtements usés, loques, guenilles. 2. nue : ciel nuageux. OBJET D’ÉTUDE • Genres et formes de l’argumentation : xviiie siècle 5 a. Recherchez les termes « généraux » de l’analyse du texte littéraire et ceux spécifiques au genre poétique pour commenter ce texte. Description, portrait, rythme, musicalité, métaphore, allitération, .......................................................................................... assonance, quatrain, alexandrin, hémistiche, césure, rejet, rimes, .......................................................................................... disposition… .......................................................................................... b. Commentez l’association de la lumière et de l’eau. Dans le premier quatrain, la métaphore « haillons/D’argent » (vers .......................................................................................... 1 et 2) décrit les projections d’eau sur les « herbes » proches de la .......................................................................................... rivière, gouttes d’eau où s’accroche la lumière du soleil qui les .......................................................................................... métamorphose en gouttes « D’argent ». « la lumière pleut » en .......................................................................................... signe de deuil. .......................................................................................... Article « guerre » de Voltaire Que deviennent et que m’importent l’humanité, la bienfaisance, la modestie, la tempérance, la douceur, la sagesse, la piété, tandis qu’une demi-livre de plomb tirée de six cents pas me fracasse le corps, et que je meurs à vingt ans dans des tourments inexprimables, au milieu de cinq ou six mille mourants, tandis que mes yeux, qui s’ouvrent pour la dernière fois, voient la ville où je suis né détruite par le fer et par la flamme, et que les derniers sons qu’entendent mes oreilles sont les cris des femmes et des enfants expirant sous des ruines, le tout pour les prétendus intérêts d’un homme que nous ne connaissons pas ? Voltaire, Dictionnaire philosophique, 1764. 6 En exploitant les différents « vocabulaires » de l’ana- lyse littéraire, vous montrerez que Voltaire cherche à convaincre et persuader que la guerre est un fléau. Un argument implicite rappelle la violence de la guerre qui ..................................................................................... blesse ou tue de jeunes soldats mais aussi des innocents. Le ..................................................................................... registre pathétique renforce l’efficacité de l’argument. ..................................................................................... L’énumération et l’évocation de la ville détruite constituent un ..................................................................................... argument moins commun : la guerre anéantit les vertus les plus ..................................................................................... nobles ainsi que le passé des hommes. ..................................................................................... Ve r s l e B AC Établissez des listes pour chaque type de « vocabulaire » de l’analyse littéraire à partir de cette fiche, des devoirs corrigés en classe et des dévoirs rédigés dans les manuels. Sur une copie