Telechargé par pierrealberthayen

TRÉSOR ET PROFONDEUR DE LA POÉSIE - SATHYA SAI BABA

TRÉSOR ET PROFONDEUR
DE LA POÉSIE
SATHYA SAI BABA
De nos jours, l’homme a pris l’habitude d’agir et de parler en suivant le
dictat de ses caprices. Il n’y a aucun contrôle exercé par sa conscience,
ni aucun sens moral, ni aucunes manières. Celui qui est perverti et qui
est bien résolu à courir à sa perte n’a aucunement besoin de conseil.
Les remèdes sont destinés à ceux qui sont malades et non à ceux qui
sont en parfaite santé ou raides morts. Les conseils sont pour ceux qui
souffrent de doutes, d’inquiétudes ou de confusion. Ces conseils se
trouvent dans les Ecritures et dans les textes sacrés. On peut ranger
une lettre, une fois qu’on a pris conscience de son contenu et compris
les instructions qui y sont communiquées. De même, ces Ecritures et
textes sacrés peuvent aussi être mis de côté, une fois qu’on les a lus,
compris et qu’on les suit. Il n’est alors plus guère utile de les relire.
Ces textes déclarent que vous n’êtes ni Pierre, Paul ou Jacques – les
étiquettes ou les noms que vous affichez maintenant comme étant les
vôtres – mais que vous êtes réellement l’Atma (ou le Soi), ce même Soi
qui anime toute la création. La Bhagavad Gita enseigne cette vérité.
Celui qui le sait, c’est Arjuna et celui qui l’ignore, c’est un roi aveugle,
Dhritharashtra. Dhritha signifie ‘’s’accrocher’’ et ‘’rashtra’’ signifie
‘’l’Etat’’. Le roi aveugle s’accrochait à l’Etat et refusait de céder, ne fûtce que cinq villages aux légitimes propriétaires de la moitié du
royaume ! Son avidité était si tenace ! Il était attaché à quelque chose
qui n’était pas lui, ce qui entraîna son anéantissement. Aimez toutes
choses, comme vous vous aimez vous-même ; il est impossible que vous
ne puissiez aimer plus que cela. Un récipient ne peut contenir que son
maximum. Vous ne pouvez le remplir plus. Vous vous aimez vousmême le mieux – c’est-à-dire Dieu qui est votre Soi réel.
Les gardes qui sont postés devant l’entrée doivent veiller à ce que les
voleurs ne pénètrent pas dans la propriété, n’est-ce pas ? Le corps de
l’homme est le temple où Dieu est installé. Les garde-corps sont sama et
dama, le contrôle des sens et le contrôle des émotions. Si ceux-ci sont
inefficaces ou oisifs, la convoitise et l’avidité, la colère et l’envie, la
haine et l’orgueil s’immisceront à l’intérieur, se propageront et
régiront le temple. L’homme se berce tellement d’illusions qu’il honore
ces voleurs, comme s’ils étaient les maîtres des lieux où ils se sont
introduits. Soyez le maître de votre propre esprit. Réveillez-vous,
éveillez-vous et faites face à ces voleurs, de peur qu’ils ne capturent
votre trésor.
Ce trésor est la Conscience de Dieu en tout. S’il n’y avait pas de voleurs
dans la maison, le maître de maison pourrait utiliser le trésor à son
avantage, mais quand ces voleurs se sont immiscés à l’intérieur, il est
incapable de tirer profit de sa proche parenté avec la création. Il a
l’impression d’être un corps, séparé et seul, entouré d’amis et d’ennemis
et d’être la cible de conspirateurs qui veulent lui nuire. Il n’aime pas
profondément autrui, mais souffre de craintes et d’attachements
particuliers.
La bêtise fondamentale de laquelle émanent les défauts du caractère et
de la conduite est la conviction que ce que l’on fait est naturellement
bon et juste. C’est l’influence subtile du virus de l’ego. Une fois, un
paysan fut mordu par un chien vicieux qui était la propriété d’un
marchand. Par un pur geste d’autodéfense, ce paysan donna un coup
sur la tête du chien avec le bâton sur lequel il s’appuyait. La bête
féroce s’écroula, morte, et le marchand furieux traîna le paysan
jusqu’au commissariat de police et il introduisit une plainte à son
encontre. Devant le magistrat, ce marchand argua du fait que le
paysan aurait pu frapper ailleurs que sur la tête de son animal
familier, un endroit hautement vulnérable, mais le paysan rétorqua :
‘’Ce chien m’a mordu avec ses dents ! S’il m’avait mordu avec sa queue,
je lui aurai frappé l’arrière-train !’’ Tout ce qui est à notre avantage
nous paraîtra juste. Généralement, nous n’examinons pas un problème
du point de vue de l’autre et ceci conduit à des complications infinies.
La nourriture que l’on doit manger doit être pure et exempte de tous
les maux subtils qui émanent de ceux qui ont collecté les divers
ingrédients, qui ont cuisiné les plats et qui les servent. Le sadhaka doit
certainement surveiller tout cela.1 Le lieu où l’on passe sa vie exerce
également une influence subtile sur le caractère et sur les idéaux.
Ramakrishna Paramahamsa avait coutume de parler de la paix que
l’on pouvait trouver à Mathura, à Varanasi et dans d’autres lieux
saints. Bien que le Gange soit un fleuve sacré à chaque mètre de son
long cours jusqu’à la mer, certains lieux sur ses rives, comme
Rishikesh, Haridwar, Kashi, Prayag, etc. sont particulièrement
surchargés de vibrations spirituelles qui aident le sadhaka à purifier
sa conscience à tous les niveaux.
Chaque endroit a ses vibrations particulières qui affectent les
occupants. Un brigand notoire s’était construit une cache dans un coin
reculé d’une jungle et deux personnes, un homme et sa femme qui
1
Comme il est rarement en mesure de maîtriser tous les paramètres, il n’oubliera surtout pas de réciter la
prière d’offrande de la nourriture, Brahmarpanam, pour la purifier. La nourriture qui est purifiée par la
récitation de cette prière est entourée par un champ magnétique subtil perceptible par la photographie Kirlian,
NDT.
furent pris dans un terrible orage, y trouvèrent momentanément
refuge sans cependant être beaucoup affectés par les ondes d’avidité
cruelle qui contaminaient l’atmosphère de la hutte. Mais après
quelques minutes, quand un moine qui traversait la jungle entra
précipitamment pour s’abriter, son cœur immaculé se noircit
rapidement. Son esprit clair s’embourba. Le moine s’aperçut qu’il était
en train de contempler le meurtre du couple pour voler les bijoux que
les époux portaient et alors, il pourrait rebâtir richement son ermitage
pour y enseigner le yoga au monde entier ! Il eut tellement honte de
lui-même qu’il se précipita dehors sous les trombes d’eau afin de se
sauver de la perdition.2
Ceci est la raison d’être de l’insistance sur le satsang (la bonne
compagnie, les bonnes fréquentations), la camaraderie pieuse des
aspirants spirituels. Les gens pieux sont généreux et désintéressés, pas
égoïstes. Ils sont envers eux-mêmes leur propre meilleur ami et les
amis d’autrui. Lors d’un satsang, vos oreilles disposent d’un filtre et
vous n’entendez que des choses positives et bienveillantes, jamais des
choses négatives et malveillantes. Comme des nuages chargés d’une
pluie bienfaisante, ils arrivent parmi les humbles et parmi les faibles
pour répandre la joie et le courage. Comme des branches chargées de
fruits, ils ploient pour atteindre les affamés.
Ce soir, nous avons entendu beaucoup de poètes qui ont déclamé leurs
compositions. Le poète est connu sous le nom de kavi, un mot doté
d’une valeur suprême dans notre langue ancienne, le sanscrit. Kavim
puraanam anushaasithaaram – le kavi (poète visionnaire) est ‘’éternel,
intemporel’’. Il instaure les lois du progrès humain. Au moyen de ses
facultés intuitives plus vives, il a réalisé la dimension du temps sans
commencement, ni fin, il a fait l’expérience de Dieu qui réside en lui et
en autrui, il connaît l’objet, le miroir et l’image. Le rôle d’un
authentique poète est certainement un rôle souverain dans la
communauté humaine.
Les poètes qui troquent leurs talents contre une bourse dérisoire ou une
renommée à bon marché sont des rimailleurs et très souvent, même
pas cela ! Ils entreprennent de flatter des protecteurs et des donateurs
qui leur jettent des croûtes depuis leurs tables. De tels hommes sont des
poltrons et une tare pour la société. Les poètes doivent entretenir des
2
A noter que si pour une raison ou l’autre, vous êtes contraint de rester dans un lieu où il y a des vibrations
négatives, vous pouvez réciter un mantra comme le Gayatri mantra pour vous protéger de telles vibrations et
que ce mantra peut aussi être utilisé comme prière d’offrande de la nourriture, NDT.
idéaux élevés. Ils doivent avoir à cœur de cultiver le peuple et
percevoir le grand œuvre de Dieu, le plus grand Poète de tous, dans
chaque grain de poussière, dans chaque scintillement de lumière, dans
chaque goutte de pluie et dans chaque souffle d’air. La joie intérieure
doit jaillir sur le chemin de la paix et de la félicité. La poésie se doit
d’être du miel qui coule dans vos oreilles et un baume pour le cœur.
Les poèmes du passé avaient de telles qualités et sont donc éternels en
matière d’inspiration.3 Ils traitent de la soif essentielle et éternelle de
l’homme et sont riches du nectar qui étanche cette soif. Ils comblent et
fortifient. Sans la discipline spirituelle, sans l’expansion de la
conscience, sans le développement de la compassion et sans
l’approfondissement du contact avec le Soi perçu en autrui, la poésie
n’est qu’un passe-temps futile et inutile.
Cultivez l’équanimité et une vision équilibrée avant de vous lancer
dans la poésie.
-
Discours de Sathya Sai Baba prononcé à l’occasion de Dasara, le
20/10/1969 (Référence : Sathya Sai Speaks, Vol. IX)
partage-pdf.webnode.fr
3
Sathya Sai Baba fait bien sûr référence à des poèmes épiques comme le Mahabharata et le Ramayana,
insurpassables et insurpassés…, NDT.