QUI A LE DROIT DE PARLER DE LA NON-DUALITÉ ? SATHYA SAI BABA Dans les Upanishads, nous avons cette histoire d’une personne très instruite et qui était aussi un guru. Il s’appelait Uddalaka et il avait un fils qui s’appelait Shvetaketu. Le fils, Shvetaketu, voulait s’instruire auprès de son propre père, mais le père s’y opposa. La raison est celle-ci : pour un fils qui se conduit librement avec son père, il est plutôt difficile pour lui comme pour le père de s’en tenir à et de respecter une relation guru/disciple appropriée. Le fils gardera toujours l’idée que le Maître est son père et le concept de père et de fils perdurera, ceci en raison de l’affection née entre père et fils. Ici, vous avez aussi la justification pour laquelle on appelle le fils un ‘’kama putra’’, un fils né de l’affection. Là où il y a de l’attachement, là où il y a de l’affection et là où il y a un sentiment d’appartenance, il y aura aussi de l’indulgence et il n’est guère possible de proposer une éducation dans sa pleine mesure et avec la discipline adéquate. Parce qu’Uddalaka réalisait et comprenait la situation que l’éducation ne peut être complète ni parfaite, s’il demeure un lien d’attachement, il envoya son fils Shvetaketu chez un autre guru pour y recevoir un enseignement et une éducation appropriée. Considérant la situation, Shvetaketu qui était jeune et inexpérimenté se méprit, l’interpréta erronément et eut le sentiment que son père n’était peutêtre pas parfaitement instruit et n’avait donc pas les compétences pour l’instruire, raison pour laquelle il l’envoyait chez un autre guru pour y faire ses études. Pendant quelques années, Shvetaketu demeura chez son guru et y termina ses études avant de revenir chez son père, plutôt fier de son érudition supérieure. Son père le remarqua et demanda à son fils ce qu’il avait appris. ‘’Quels différents systèmes as-tu appris ? Connais-tu Brahman ? As-tu appris cette branche particulière de l’éducation en vertu de laquelle on n’a pas besoin d’apprendre quoi que ce soit d’autre et on peut tout connaitre ?’’ Tandis que son père lui posait toutes ces questions, son fils se tortillait d’une manière assez curieuse et drôle. Il affectait des airs supérieurs et une certaine vanité, comme s’il était maintenant beaucoup plus cultivé et instruit que son père et comme si celui-ci ne comprendrait pas du tout, s’il se mettait à lui dire tout ce qu’il avait appris pendant ces quelques années. Le père put aisément distinguer la fausse vanité et l’immaturité de son fils et le fils voulut se mettre en évidence en répondant à son père que Dieu était ainsi, comme cela, etc. Uddalaka songea que son fils ne saisirait rien du tout s’il essayait de lui dire la vérité sur Brahman avec des mots et il pensa que ce serait mieux de lui enseigner par l’exemple. Il apporta un pot rempli d’eau. Il apporta aussi du sucre. Et après lui avoir montré le sucre, il versa tout le sucre dans l’eau du pot. Ensuite, il remua le sucre jusqu’à ce qu’il se soit totalement dissous dans l’eau, il regarda son fils et lui demanda : ‘’J’ai apporté du sucre que tu as pu voir. Puis, je l’ai versé dans le récipient. Maintenant, peux-tu me dire où le sucre se trouve dans ce récipient ?’’ Le fils regarda à l’intérieur du pot et bien entendu, il ne trouva pas de sucre dans le récipient en tant que tel. Le père plaça alors quelques gouttes provenant du fond du pot sur la langue de son fils et demanda : ‘’Comment est le goût ? Tu peux prendre quelques gouttes n’importe où dans le récipient et puis goûter.’’ Le fils dut admettre que le sucre se trouvait maintenant dans chaque goutte du contenu du récipient et qu’il était partout présent. ‘’De même que tu viens de voir ce sucre partout présent, de même Brahman prend forme ou possède des attributs, vient dans ce monde, y réside et est présent dans tout ce que tu vois autour de toi. Il n’est pas possible de Le voir distinctement avec tes yeux ni de Le toucher séparément avec tes mains, mais il est simplement possible de Le connaître en L’expérimentant dans l’état du monde. Tu ne peux rien faire de plus avec ton corps grossier qu’expérimenter Brahman qui est omniprésent et qui imprègne tout.’’ Ce n’est qu’après être parvenu à cette expérience profonde que vous êtes en position pour pouvoir parler de l’advaita et pour pouvoir exprimer la nature de Dieu, de Son omniprésence, etc. Ce n’est qu’après une telle expérience que vous pouvez revendiquer le droit et l’autorité pour parler de l’omniprésence de Dieu. Autrement, parler de Dieu et de Son omniprésence à la manière d’un perroquet et comme si vous connaissiez vraiment tout cela est absolument mensonger. Ce n’est qu’après l’expérience non-duelle de la divinité que vous pouvez parler de l’advaita ou de la non-dualité. (Référence : Sathya Sai Baba, Chinna Katha, Vol. 1)