Commençons pas ce que sœur Lucie en a dit elle-même . Dans un entretien donné au Père Fuentès
en 1957, elle fit des révélations importantes et mettait en cause la hiérarchie. Elle situait notre
époque dans celle du grand combat apocalyptique entre la Vierge et le démon « La très sainte
Vierge, m’a fait comprendre que nous sommes dans les derniers temps du monde. » déclara-t-
elle. « Elle m’a dit , ajoute sœur Lucie, que le démon est en train de livrer une bataille
décisive avec la Vierge , et une bataille décisive est une bataille finale où l’on saura de quel
côté est la victoire, de quel côté est la défaite. Aussi, dès à présent, ou nous sommes à Dieu ou
nous sommes au démon ; il n’y a pas de moyen terme. » Dans ce combat ultime, le démon a
concentré ses efforts sur les pasteurs : « le démon est en train de livrer une bataille décisive avec
la Vierge et comme il sait ce qui offense le plus Dieu et qui en peu de temps lui fera gagner le
plus grand nombre d’âmes, il fait tout pour gagner les âmes consacrées à Dieu, car de cette
manière il laisse le champ des âmes désemparé, et ainsi il s’en emparera plus facilement. » Ce
qui doit particulièrement retenir notre attention, c’est que dans ce combat sœur Lucie n’a pas
exhorté les catholiques à suivre leur hiérarchie, pire, elle a précisé que Rome elle-même resterait
muette : « N’attendons pas que vienne de Rome un appel à la pénitence de la part du St Père
pour le monde entier ; n’attendons pas non plus qu’il vienne de nos évêques dans leur diocèse,
ni non plus des congrégations religieuses. » Sœur Lucie donne l’impression de s’adresser à un
troupeau livré à lui-même, c’est à chacun de nous d’endurer solitairement ces temps d’épreuve
« Maintenant il faut que chacun de nous commence lui-même sa propre réforme spirituelle.
Chacun doit sauver non seulement son âme, mais aussi toutes les âmes que Dieu a placées sur
son chemin. »
Peu après ces révélations, sœur Lucie fut sommée de se rétracter par l’évêque de Coïmbre. Depuis
lors elle fut tenue au silence. Seule sa correspondance portant sur la défense du chapelet fut encore
publiée. Or dans celle-ci, ces thèmes apocalyptiques et sa mise en cause des autorités y figurent
également « Il est douloureux de voir une si grande désorientation et en tant de personnes qui
occupent des places de responsabilité !… C’est que le démon a réussi à infiltrer le mal sous
couvert de bien et les aveugles se mettent à en guider d’autres, comme nous le dit le Seigneur
dans son Evangile, et les âmes se laissent tromper ..et le pire est qu’il( le démon) a réussi à
induire en erreur et à tromper des âmes ayant une lourde responsabilité par la place qu’elles
occupent !…ce sont des aveugles qui guident d’autres aveugles » peut-on notamment y lire.
Pour Soeur Lucie le mal ne concerne pas que le monde « plongé dans les ténèbres de l’erreur, de
l’immoralité et de l’orgueil », mais il a pris racine également dans l’Eglise où le démon à ses
« sectateurs » et ses « partisans ». Elle parle de « fausses doctrines », de « désorientation
diabolique », « d’aveuglement » chez ceux qui sont chargés de guider les âmes, elle regrette que
tant de Pasteurs « se laissent dominer par la vague diabolique qui envahit le monde » et soient
autant « d’aveugles et conduisant des aveugles ».
En 1963, le cardinal Ottaviani brisa le silence indirectement. La revue allemande Neues Europa
venait de publier un rapport qui prétendait que le 3e secret affirmait « le cardinal s’opposera au
cardinal, l’évêque à l’évêque.» Or d’après le père Gruner, Mgr Balducci lui aurait dit que le
cardinal Ottaviani, à qui on demandait s’il était opportun de publier le rapport de Neues Europa,
aurait répondu « publiez 10000 copies ! publiez 20000 copies ! publiez 30000 copies!» Indiquant
par-là que le 3e secret concerne l’Eglise.