Monopoles naturels
Certains secteurs, potentiellement rivaux et excluables, sont à rendements d’échelle
croissants et caractérisés par une fonction de coût sous-additive!: ce sont des
monopoles dits naturels qui, s’ils sont privés, risquent d’offrir un volume de biens ou services
restreints à des prix élevés dans le but de maximiser le profit. L’Etat peut donc!:
-nationaliser (s’il a émergé de manière privée, comme l’électricité, les chemins de fer)
ou créer un monopole public «!de toutes pièces!»
- conserver une entreprise privée se voyant concéder ce monopole en échange d’une
régulation de la tarification de ce monopole
-tarification qui peut varier si le monopole est multi-produit
-en compensant les pertes induites pour cette entreprise par une tarification au
coût marginal, voire la gratuité
Il s’avère que ces monopoles sont le résultat d’une construction historique et sociale et
que leur périmètre d’intervention géographique n’est pas donné par la «!nature!» mais
déterminé par des choix d’aménagement du territoire et de cohésion sociale.
Ceci a deux incidences!:
-la tarification relève le plus souvent (prix du timbre, du kwh…) d’une rupture avec
un principe de rationalité pure au profit d’une principe d’équité sociale
-le périmètre du monopole lui-même a été défini par l’association du réseau et de
son exploitation (voies ferrées et trains qui y circulent, réseau électrique et distribution
de l’électricité…).
De l’économie publique à la nouvelle économie publique
L’Etat n’est cependant pas infaillible. Il fait face!:
- à des problèmes d’efficacité, donc de légitimité (que ce soit pour l’école, la santé
publique, pôle emploi, la sécurité, l’assurance sociale…) qui expliquent l’existence
d’une offre privée concurrente et complémentaire dans tous ces domaines
- à des problèmes d’information quant aux besoins réels des services publics qui
peuvent le conduire à sous-investir ou surinvestir, ce qui est plus probable lorsque les
budgets sont aussi pour ceux qui les gèrent le reflet de leur prestige
-au risque de capture par des intérêts privés lorsque ceux-ci conditionnent aussi,
dans des démocraties, les votes que les élus peuvent chercher à maximiser
- à des problèmes de financement, tant du point de vue de la fiscalité, dont
l’optimalité n’est pas aisée à établir et dont la perception pas toujours aisée à garantir
(évasion fiscale)
Privatisations d’entreprises, totales ou partielles, cessions d’activité à des opérateurs
privés (autoroutes par exemple), révision du périmètre géographique des monopoles
(chemins de fer anglais) ou dissociation du réseau et de son exploitation pour introduire
une concurrence du distributeur historique (Orange, SNCF, Engie…), public, semi-public ou
privé par de nouveaux offreurs sont ainsi privilégiés dans les pays industrialisés depuis les
années 80. Ils soulèvent évidemment :
-l’épineuse question de l’arbitrage entre rentabilité et équité sociale
(aménagement du territoire) et l’enclavement de territoires «!délaissés » par les services
publics car insuffisamment utilisés
- la question de l’efficacité