
Le distributeur de services audiovisuels à l’ère numérique :
statut juridique et acvité économique
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1 Voir l’arcle 31 de la direcve 2002/22/CE du 7 mars 2002 dite direcve « service universel », et l’arcle 2-1 de la loi
n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relave à la liberté de communicaon.
2 France Télévisions c/ CSA et Playmedia requête n° 391519.
3 Voir l’arcle 302 bis KB du code général des impôts.
S’agissant des distributeurs, le droit français et
le droit de l’Union reposent sur des approches
disnctes : en droit français, le distributeur est
déni par son acvité commerciale (mise à dis-
posion d’une ore de services), sans consi-
déraon des modalités techniques de distri-
buon mises en œuvre pour accéder au public
(c’est-à-dire de la plateforme ulisée). En droit
de l’Union européenne, où le terme de distri-
buteur est inconnu, ce rôle est appréhendé à
travers la noon d’exploitant de réseaux ulisés
par un nombre signicaf d’ulisateurs pour re-
cevoir des services audiovisuels1.
La queson de l’arculaon entre ces deux dé-
nions juridiques a été soulevée à l’occasion
d’un conteneux porté devant le Conseil d’État2.
Celui-ci ayant décidé de saisir la Cour de jusce
de l’Union européenne d’une queson préjudi-
cielle, la présente note n’a pas pour objet de se
prononcer sur cee queson.
Les obligaons applicables aux distributeurs au
tre du cadre juridique français portent notam-
ment sur les condions de reprise de certaines
catégories de chaînes (chaînes de la TNT gra-
tuite et chaînes publiques), l’organisaon des
plans de services (numérotaon), et le nance-
ment de la producon audiovisuelle3.
Inialement créé en droit français en 1986
pour encadrer l’acvité des acteurs du câble,
le statut juridique de distributeur a été pensé à
une époque où internet était inconnu du grand
public.
Il s’est ensuite adapté au fur et à mesure que les
acteurs ont évolué : alors qu’inialement, les
distributeurs étaient des opérateurs de réseaux
câblés dont l’acvité se bornait à acheminer les
services auprès du public, ils ont ensuite cons-
tué eux-mêmes des ores (bouquets distribués
par le satellite puis ores triple play des FAI) (1).
Cee évoluon s’est accélérée avec la révolu-
on numérique, qui a modié en profondeur
la nature et l’acvité des intermédiaires de la
chaîne de valeur.
Elle a en parculier fait apparaître des acteurs
ulisant uniquement l’internet ouvert pour
distribuer des services audiovisuels, dissociant
ainsi de manière apparente pour l’ulisateur les
foncons de mise à disposion d’une ore de
contenus et d’exploitaon de réseaux (ex. : Mo-
lotov). Elle a également donné naissance à une
nouvelle forme d’intermédiaires communé-
ment appelés « plateformes numériques », qui
meent en relaon contenus et usagers et in-
terviennent dans cee relaon par le biais d’al-
gorithmes, organisant les contenus disponibles
et orientant les usagers. Il s’agit des sites de par-
tage de vidéos, des réseaux sociaux, ou encore
des magasins d’applicaons (2).
Cee transformaon de l’acvité de mise à dis-
posion de services audiovisuels a conduit le
CSA Lab à mener une réexion sur les enjeux de
cee transformaon pour la régulaon audiovi-
suelle (3).