audiovisel francais

Telechargé par raqiq rania
2017
JUIN
Le distributeur de services audiovisueLs à Lère numérique :
statut juridique et activité économique
Rapport 2
Le distributeur de services audiovisuels à l’ère numérique :
statut juridique et acvité économique
2
Le CSA Lab
Son rôle
Le CSA Lab est un groupe de réexion prospecve réunissant des experts du numérique et de
l’audiovisuel avec l’objecf d’anciper et de caractériser les évoluons de l’économie et de la régula-
on audiovisuelles induites par la transformaon numérique.
Ses travaux permeent d’enrichir la réexion du Conseil supérieur de l’audiovisuel, d’éclairer certaines
de ses orientaons et d’anciper les évoluons du secteur qui pourraient inuer sur ses acvités. Le
Lab n’a pas vocaon à se substuer aux travaux du Conseil mais à les compléter d’une manière origi-
nale par une approche et une méthodologie diérentes.
Les analyses exprimées par le CSA Lab dans le cadre de ses travaux n’engagent pas le Conseil supérieur
de l’audiovisuel et ne peuvent préjuger du sens de ses décisions et avis.
Sa composion
Le CSA Lab, présidé par les conseillers Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, réunit des personnalités
qualiées aux prols diversiés, à l’experse reconnue d’économie numérique et d’analyse juridique :
Yann Bonnet, secrétaire général du Conseil naonal du numérique ;
Olivier Henrard, rapporteur public au Conseil d'État, ancien secrétaire général du groupe SFR ;
Pascale Idoux, professeure de droit public à l’université de Montpellier ;
Winston Maxwell, associé du cabinet Hogan Lovells, spécialisé dans les médias et les nouvelles
technologies ;
Francesca Musiani, chargée de recherche CNRS à l’Instut des sciences de la communicaon, cher-
cheuse associée à Mines ParisTech ;
Marc Tessier, président de Video Futur Entertainment Group SA, président du Forum des images et
membre du Conseil naonal du numérique.
Ses travaux
Le présent document constue le deuxième rapport du CSA Lab. Il intervient après une première note
publiée en janvier 2017 et consacrée au rôle des données et des algorithmes dans l’accès aux conte-
nus.
Cee nouvelle publicaon du Lab, co-écrite par Olivier Henrard, Pascale Idoux et Winston Maxwell, se
concentre sur le distributeur de services audiovisuels1, qui occupe une posion centrale dans la chaîne
de valeur du secteur audiovisuel, entre le contenu et l’ulisateur. Elle étudie dans un premier temps
le statut et le rôle du distributeur au regard des évoluons juridiques et techniques depuis 1986. Elle
met ensuite en évidence les évoluons des modes de récepon de la télévision et de l’acvité de dis-
tribuon opérées par la transformaon numérique. Enn, elle ouvre des pistes de réexion relaves
aux enjeux de ces évoluons pour la régulaon audiovisuelle.
1 Dans cee note, la noon de « distributeur » fait référence à l’acvité de distribuon de services audiovisuels au public et
non à celle de distribuon de programmes audiovisuels auprès des éditeurs.
Le distributeur de services audiovisuels à l’ère numérique :
statut juridique et acvité économique
3
Sommaire
INTRODUCTION 4
1. LE STATUT DE DISTRIBUTEUR DANS LA LOI 6
1.1 La noon de distributeur en droit français : historique législaf 6
1.2 Une approche européenne concentrée sur la noon
d’exploitant de réseaux 13
2. LACTIVITÉ DE DISTRIBUTION DE SERVICES
AUDIOVISUELS À L’ÈRE NUMÉRIQUE 15
2.1 La pénétraon des plateformes classiques aujourd’hui en France 15
2.2 Lévoluon de l’acvité de distribuon de services audiovisuels 16
3. QUELS ENJEUX POUR LA RÉGULATION ? 20
ANNEXE 22
Le distributeur de services audiovisuels à l’ère numérique :
statut juridique et acvité économique
4
Introducon
La chaîne de valeur classique du secteur audio-
visuel est organisée autour de quatre principales
catégories d’acteurs : les producteurs de contenus,
les éditeurs de services audiovisuels, les distri-
buteurs de services audiovisuels et les ulisa-
teurs nals.
1 Concerne uniquement le cas de la TNT payante.
2 Lexpression over-the-top (OTT) désigne les services audiovisuels ulisant l’internet ouvert pour la distribuon de leurs
contenus, par opposion aux réseaux classiques de distribuon de services de télévision (réseaux gérés des fournisseurs
d’accès à internet, réseaux hertziens, câble).
3 Voir l’arcle 2 de la loi 86-1067 du 30 septembre 1986 relave à la liberté de communicaon modiée et l’arcle premier
de la direcve 2010/13/UE du 10 mars 2010 dite direcve « Services de médias audiovisuels » (SMA).
Producteur de
contenus
Éditeur de
services
audiovisuels
Distributeur de
services
audiovisuels
Utilisateurs
finals
Figure 1 : chaîne de valeur audiovisuelle
Au sein de cee chaîne de valeur, deux acteurs
ont une posion centrale :
- l’éditeur, qui constue un service
(chaîne de télévision, service de radio,
service de vidéo à la demande, de télé-
vision de rarapage, etc.) à parr d’un
ensemble de programmes ;
- le distributeur (terme propre au droit
français), qui met à disposion du pu-
blic une ore audiovisuelle constuée
de plusieurs services, en ulisant dié-
rents plateformes pour acheminer cee
ore jusqu’aux ulisateurs nals : télévi-
sion numérique terrestre (TNT)1, câble,
satellite, ADSL, bre opque ou encore
internet ouvert (OTT)2.
Compte tenu de leur rôle structurant dans la
constuon des ores de services et leur mise à
la disposion des ulisateurs nals, le législateur
a souhaité encadrer ces deux types d’acteurs
en les soumeant à un ensemble d’obligaons
visant à sasfaire diérents objecfs d’intérêt
général, parmi lesquels le pluralisme de l’ex-
pression des courants de pensée et d’opinion, le
développement de la producon audiovisuelle,
la cohésion sociale ou encore la protecon des
consommateurs.
La première catégorie d’acteurs, les éditeurs, est
appréhendée en droit de l’Union européenne
et en droit naonal comme celle qui assume la
responsabilité éditoriale des services de médias
audiovisuels3.
Le distributeur de services audiovisuels à l’ère numérique :
statut juridique et acvité économique
5
1 Voir l’arcle 31 de la direcve 2002/22/CE du 7 mars 2002 dite direcve « service universel », et l’arcle 2-1 de la loi
n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relave à la liberté de communicaon.
2 France Télévisions c/ CSA et Playmedia requête n° 391519.
3 Voir l’arcle 302 bis KB du code général des impôts.
S’agissant des distributeurs, le droit français et
le droit de l’Union reposent sur des approches
disnctes : en droit français, le distributeur est
déni par son acvité commerciale (mise à dis-
posion d’une ore de services), sans consi-
déraon des modalités techniques de distri-
buon mises en œuvre pour accéder au public
(c’est-à-dire de la plateforme ulisée). En droit
de l’Union européenne, le terme de distri-
buteur est inconnu, ce rôle est appréhendé à
travers la noon d’exploitant de réseaux ulisés
par un nombre signicaf d’ulisateurs pour re-
cevoir des services audiovisuels1.
La queson de l’arculaon entre ces deux -
nions juridiques a été soulevée à l’occasion
d’un conteneux porté devant le Conseil d’État2.
Celui-ci ayant décidé de saisir la Cour de jusce
de l’Union européenne d’une queson préjudi-
cielle, la présente note n’a pas pour objet de se
prononcer sur cee queson.
Les obligaons applicables aux distributeurs au
tre du cadre juridique français portent notam-
ment sur les condions de reprise de certaines
catégories de chaînes (chaînes de la TNT gra-
tuite et chaînes publiques), l’organisaon des
plans de services (numérotaon), et le nance-
ment de la producon audiovisuelle3.
Inialement créé en droit français en 1986
pour encadrer l’acvité des acteurs du câble,
le statut juridique de distributeur a été pensé à
une époque internet était inconnu du grand
public.
Il s’est ensuite adapté au fur et à mesure que les
acteurs ont évolué : alors qu’inialement, les
distributeurs étaient des opérateurs de réseaux
câblés dont l’acvité se bornait à acheminer les
services auprès du public, ils ont ensuite cons-
tué eux-mêmes des ores (bouquets distribués
par le satellite puis ores triple play des FAI) (1).
Cee évoluon s’est accélérée avec la révolu-
on numérique, qui a modié en profondeur
la nature et l’acvité des intermédiaires de la
chaîne de valeur.
Elle a en parculier fait apparaître des acteurs
ulisant uniquement l’internet ouvert pour
distribuer des services audiovisuels, dissociant
ainsi de manière apparente pour l’ulisateur les
foncons de mise à disposion d’une ore de
contenus et d’exploitaon de réseaux (ex. : Mo-
lotov). Elle a également donné naissance à une
nouvelle forme d’intermédiaires communé-
ment appelés « plateformes numériques », qui
meent en relaon contenus et usagers et in-
terviennent dans cee relaon par le biais d’al-
gorithmes, organisant les contenus disponibles
et orientant les usagers. Il s’agit des sites de par-
tage de vidéos, des réseaux sociaux, ou encore
des magasins d’applicaons (2).
Cee transformaon de l’acvité de mise à dis-
posion de services audiovisuels a conduit le
CSA Lab à mener une réexion sur les enjeux de
cee transformaon pour la régulaon audiovi-
suelle (3).
1 / 23 100%

audiovisel francais

Telechargé par raqiq rania
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !