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Séquence 12. Saisir les enjeux d une scène d exposition. Comprendre la mise en place du tragique. Percevoir ce qu est le dilemme cornélien

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Sommaire
Séquence 12
Percevoir les enjeux tragiques d’une pièce atypique :
Le Cid de Corneille
Durée approximative de la séquence : 10 h.
Séance 1
Situer l’œuvre dans son contexte
Séance 2
Saisir les enjeux d’une scène d’exposition
Séance 3
Comprendre la mise en place du tragique
Séance 4
Percevoir ce qu’est le dilemme cornélien
Séance 5
Comprendre la conséquence du dilemme
Séance 6
Découvrir un récit épique
Séance 7
Découvrir un dénouement tragi-comique
Séance 8
Je m’évalue
140
— © Cned, Français 4e
Séquence 12
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion d’employer et de développer tes connaissances et
compétences relevant des domaines suivants :
COMPÉTENCE 1. La maîtrise de la langue française
 Lire à haute voix, de façon expressive, un texte en prose ou en vers.
 Dégager l’idée essentielle d’un texte lu ou entendu.
 Comprendre un énoncé, une consigne.
 Rédiger un texte bref, cohérent, construit en paragraphes, correctement ponctué, en
respectant des consignes imposées.
COMPÉTENCE 5. La culture humaniste
 Lire une œuvre majeure de la culture française et la situer dans l’histoire littéraire et
culturelle.
COMPÉTENCE 7. L’autonomie et l’initiative
 Connaître ton potentiel et t’auto-évaluer.
© Cned, Français 4e —
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Séquence 12 — séance 1
Séance 1
Situer l’œuvre dans son contexte
Durée approximative : 1 h.
Dans cette séquence, tu vas étudier une pièce de théâtre très célèbre : Le Cid de Pierre Corneille.
Tu dois avoir fini la lecture avant de commencer cette séquence et terminé la fiche de lecture que tu
utiliseras pour répondre aux questions.
Avant toute chose, cette séance va te permettre de situer l’œuvre dans son époque : le XVIIe siècle,
une période riche en matière de création littéraire, notamment au théâtre.
Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro
et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
A
Découvrir le siècle du théâtre
Trois auteurs de pièces de théâtre du XVIIe siècle sont particulièrement connus.
1- a) Fais une recherche sur internet pour associer par des flèches les portraits de ces
auteurs à leur nom et à leurs œuvres (les noms des artistes peintres sont inscrits sous
les tableaux).
Jean Racine
Charles Le Brun (1619-1690)
© RMN / Droits réservés
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— © Cned, Français 4e
Le Tartuffe
Dom Juan
Les Fourberies de Scapin
séance 1 — Séquence 12
Phèdre
Molière
Athalie
Bérénice
Pierre Mignard (1612-1695)
© RMN / Agence Bulloz
Horace
Pierre Corneille
Le Cid
Tite et Bérénice
Gérard Edelinck (vers 1643-1680)
© Château de Versailles, Dist. RMN /
image château de Versailles
b) En te référant à tes cours de sixième, es-tu capable de citer deux autres auteurs du
XVIIe siècle ?
Il est connu pour ses fables : ................................................... .
Il est connu pour ses contes : .................................................. .
Vérifie tes réponses.
2- a) En relisant les titres des œuvres dans le tableau (de la question 1.a), quelle remarques
peux-tu faire pour deux d’entre eux ?
b) Que serais-tu tenté(e) d’en déduire ?
Vérifie tes réponses.
c) De qui La Fontaine s’est-il inspiré pour écrire ses fables ?
d) À quelle époque cet auteur a-t-il vécu ?
Vérifie tes réponses.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
© Cned, Français 4e —
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Séquence 12 — séance 1
j e retiens
Le siècle du classicisme
Étymologiquement, un texte classique désigne un texte qui est digne d’être étudié en
classe. Les œuvres classiques sont donc des œuvres reconnues comme des œuvres d’une
très grande qualité.
Effectivement, les auteurs du XVIIe siècle cherchent à atteindre la perfection. Ils
s’inspirent donc des auteurs qui, selon eux, ont écrit les plus belles œuvres durant
l’Antiquité pour tenter de les surpasser. Il ne s’agit donc pas d’une simple copie : on
parle d’émulation.
le coin des curieux
Le classicisme n’est pas un mouvement seulement littéraire. Tu trouveras sur Internet des
exemples de peinture classique, de sculpture classique, d’architecture classique, etc. Le
château de Versailles, par exemple, illustre le goût du XVIIe siècle pour les lignes classiques.
B
Comprendre la querelle du Cid
C’est donc dans le contexte particulier des débuts du classicisme que Corneille crée Le Cid en
1637.
1- a) Qui est au pouvoir en France à la date de la création du Cid ?
b) Quel est le personnage, dans Le Cid, qui prononce la dernière réplique ?
c) Est-ce un hasard, à ton avis ?
Vérifie tes réponses.
d) Contre quel pays, à cette époque, la France est-elle en guerre ?
e) Où se déroule l’action du Cid ?
f) Cela risque-t-il d’être bien perçu par le public de la pièce ?
Vérifie tes réponses.
j e sais déjà
En sixième, tu as certainement vu la règle des trois unités. Voici un petit rappel.
Le théâtre classique se doit de respecter les règles qui étaient en vigueur sous l’Antiquité,
période durant laquelle elles ont été mises par écrit par le philosophe Aristote :
• L’unité de temps veut que l’action représentée sur scène n’excède pas vingt-quatre heures
(ce qu’Aristote désigne comme une « révolution du soleil ») ;
• L’unité de lieu veut que l’action représentée sur scène se déroule en un lieu unique ;
• L’unité d’action veut que la pièce s’intéresse à une action principale sans se perdre dans
de multiples actions secondaires.
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— © Cned, Français 4e
séance 1 — Séquence 12
2- a) En te référant à ta fiche de lecture, complète le tableau suivant :
Temps
Lieu
Action
Que recommande
Aristote ?
Cela est-il vérifié
dans Le Cid ?
Justifie ta réponse.
b) Quel constat général peux-tu faire ?
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Séquence 12 — séance 2
Séance 2
Saisir les enjeux de la scène d’exposition
Durée approximative : 1 h.
Tu as vu lors de la séance précédente que le contexte de la création du Cid est assez particulier. Tu
vas découvrir que, dès le début de la pièce, la tension est très forte.
Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro
et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Cette séance porte sur la scène 1 l’acte I.
Écoute la piste 19 du CD. Réécoute l’extrait en lisant le texte qui suit en même temps.
Ce sont les premiers vers de la pièce. Chimène sollicite Elvire, sa suivante, qui a essayé de
savoir si le père de Chimène (le comte de Gormas) est favorable à un mariage entre sa fille et
Rodrigue.
Acte I. Scène 1.
ELVIRE, CHIMÈNE
CHIMÈNE
Elvire, m’as-tu fait un rapport bien sincère ?
Ne déguises-tu rien de ce qu’a dit mon père ?
ELVIRE
Tous mes sens à moi-même en sont encore charmés :
Il estime Rodrigue autant que vous l’aimez,
Et si je ne m’abuse à lire dans son âme,
Il vous commandera de répondre à sa flamme.
CHIMÈNE
Dis-moi donc, je te prie, une seconde fois
Ce qui te fait juger qu’il approuve mon choix ;
Apprends-moi de nouveau quel espoir j’en dois prendre ;
Un si charmant discours ne se peut trop entendre ;
Tu ne peux trop promettre aux feux de notre amour
La douce liberté de se montrer au jour.
Que t’a-t-il répondu sur la secrète brigue
Que font auprès de toi don Sanche et don Rodrigue ?
N’as-tu point trop fait voir quelle inégalité
Entre ces deux amants me penche d’un côté ?
1
5
146
ELVIRE
Non ; j’ai peint votre cœur dans une indifférence
Qui n’enfle d’aucun d’eux ni détruit l’espérance,
Et sans les voir d’un œil trop sévère ou trop doux,
Attend l’ordre d’un père à choisir un époux.
Ce respect l’a ravi, sa bouche et son visage
M’en ont donné sur l’heure un digne témoignage,
Et puisqu’il vous en faut encor faire un récit,
Voici d’eux et de vous ce qu’en hâte il m’a dit :
— © Cned, Français 4e
séance 2 — Séquence 12
10
15
20
25
30
35
40
« Elle est dans le devoir ; tous deux sont dignes d’elle,
Tous deux formés d’un sang noble, vaillant, fidèle,
Jeunes, mais qui font lire aisément dans leurs yeux
L’éclatante vertu de leurs braves aïeux.
Don Rodrigue surtout n’a trait en son visage
Qui d’un homme de cœur ne soit la haute image,
Et sort d’une maison si féconde en guerriers,
Qu’ils y prennent naissance au milieu des lauriers.
La valeur de son père, en son temps sans pareille,
Tant qu’a duré sa force, a passé pour merveille ;
Ses rides sur son front ont gravé ses exploits,
Et nous disent encor ce qu’il fut autrefois.
Je me promets du fils ce que j’ai vu du père ;
Et ma fille, en un mot, peut l’aimer et me plaire. »
Il allait au conseil1, dont l’heure qui pressait
A tranché ce discours qu’à peine il commençait ;
Mais à ce peu de mots je crois que sa pensée
Entre vos deux amants2 n’est pas fort balancée3.
Le roi doit à son fils élire4 un gouverneur5,
Et c’est lui que regarde6 un tel degré d’honneur :
Ce choix n’est pas douteux, et sa rare7 vaillance
Ne peut souffrir qu’on craigne aucune concurrence.
Comme ses hauts exploits le rendent sans égal,
Dans un espoir si juste il sera sans rival ;
Et puisque don Rodrigue a résolu son père
Au sortir du conseil à proposer l’affaire8,
Je vous laisse à juger s’il prendra bien son temps,
Et si tous vos désirs seront bientôt contents9.
CHIMÈNE
Il semble toutefois que mon âme troublée
Refuse cette joie, et s’en trouve accablée :
Un moment donne au sort des visages10 divers,
Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers11.
ELVIRE
Vous verrez cette crainte heureusement déçue.
CHIMÈNE
Allons, quoi qu’il en soit, en attendre l’issue.
Le Cid, Corneille (1637)
Notes :
1. « conseil » : réunion solennelle dirigée par le roi.
2. « amants » : amoureux.
3. « balancée » : hésitante. Selon Elvire, entre don Rodrigue et don Sanche, la préférence du père de Chimène va
au premier.
4. « élire » : choisir.
5. « un gouverneur » : chargé de l’éducation (précepteur).
6. « regarde » : concerne.
7. « rare » : exceptionnelle.
8. Rodrigue a demandé à son père don Diègue, à la sortie du conseil, de s’entretenir avec le père de Chimène
(don Gomès) d’un éventuel mariage.
9. « contents » : satisfaits.
10. « visages » : aspects.
11. « revers » : changement.
L’analyse ne porte que sur les vers numérotés.
© Cned, Français 4e —
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Séquence 12 — séance 2
A
Comprendre le texte
1- Regarde la liste des personnages au début de ton livre.
a) Qui sont Elvire et Chimène ?
b) Quelle est leur condition sociale respective ?
2- a) Autour de quel sujet tourne l’échange entre Elvire et Chimène ?
b) Dans sa tirade (v. 1 à 36), que s’attache à démontrer Elvire à sa maîtresse ?
c) Comment qualifierais-tu l’attitude de Chimène ? Pourquoi ?
d) Comment qualifierais-tu les propos d’Elvire ? Relève au moins une expression pour
justifier ta réponse.
Vérifie tes réponses…
j e sais déjà
Tu as déjà vu dans le cours de cinquième, la scène d’exposition. Voici un petit rappel : les
scènes d’exposition au théâtre ont la même fonction que l’incipit dans un récit. Dès le début
de la pièce, le spectateur doit pouvoir situer le lieu, l’époque, faire connaissance avec les
personnages.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
j e retiens
L’exposition au théâtre et la structure d’une pièce
La scène d’exposition donne la situation initiale et développe ensuite la complication,
ce que l’on appelle, au théâtre, le nœud. Ici, dès la première scène, on comprend que
Chimène est au cœur d’un mariage qui est sur le point d’unir deux des plus grandes
familles d’Espagne. Les actes qui suivent (généralement II, III et IV) développent les
péripéties, c’est-à-dire les actions, consécutives à la tension qui a été instaurée par le
nœud.
Le dernier acte est un moment de résolution : c’est le dénouement. Une nouvelle
situation se dessine.
On peut donc déterminer quatre étapes dans la structure dramatique d’une pièce de
théâtre.
B
Conjuguer les verbes du 3e groupe en -dre et -tre
1- a) « prennent » (v. 16) : précise l’infinitif et le radical de ce verbe puis indique quelle lettre
a disparu dans cette forme du présent.
b) « crains » (v. 40) : précise l’infinitif et le radical de ce verbe puis indique quelle lettre a
disparu dans cette forme du présent.
c) Que peux-tu en conclure sur la régularité de la conjugaison de ces verbes en -dre ?
Vérifie tes réponses…
148
— © Cned, Français 4e
séance 2 — Séquence 12
Fais le point en recopiant le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
j e retiens
Conjuguer les verbes du 3e groupe en -dre aux temps simple de l’indicatif
Les verbes en -dre ont un radical terminé par -d. Mais ce -d a tendance parfois
à disparaître. Il arrive même que la forme de la base verbale soit complètement
modifiée !
Au présent
Les terminaisons sont toujours -s, -s, -ø ou -t, -ons, -ez, -ent. On notera :
1- Une base verbale unique pour les verbes en -andre, -endre, -ondre, -ordre :
Tondre : Je tonds, tu tonds, il tond, nous tondons, vous tondez, ils tondent.
2- Deux bases verbales pour les verbes en -oudre, avec un -d ou avec un -s :
Coudre : Je cou d s, tu couds, il coud, nous cou s ons, vous cousez, ils cousent.
3- Trois bases verbales pour prendre et ses composés :
Je pren d s, tu prends, il prend, nous pre n ons, vous prenez, ils pre nn ent.
4- Les formes particulières des verbes en -soudre ou -indre qui éliminent complètement le
-d de la base verbale :
Résoudre : Je réso u s, tu résous, il résout, nous réso lv ons, vous résolvez, ils résolvent.
Craindre : Je crai n s, tu crains, il craint, nous crai gn ons, vous craignez, ils craignent.
À l’imparfait
5- Une base verbale unique qui est celle que l’on a à la première personne du pluriel au
présent :
Ainsi, au présent, « nous résolvons », la base verbale est « résolv- », c’est la même base
verbale que je retrouve à toutes les personnes de l’imparfait : je résolvais, tu résolvais,
il résolvait, nous résolvions, vous résolviez, ils résolvaient.
Au passé simple
6- Une base verbale unique qui est celle que l’on a à la première personne du pluriel au
présent :
Je cousus, je craignis
7- Le verbe prendre et ses composés :
Je pris, tu pris, il prit, nous prîmes, vous prîtes, ils prirent.
8- Les verbes en -soudre :
Résoudre : Je résolus, tu résolus, il résolut, nous résolûmes, vous résolûtes, ils résolurent.
Au futur
9- Morphologie classique avec la présence du -d :
Je prendrai, il tondra, etc.
© Cned, Français 4e —
149
Séquence 12 — séance 2
2- Exerce-toi en complétant le tableau suivant !
Verbe
Temps et personne
Prendre
Passé simple / nous
Craindre
Passé simple / elles
Dissoudre
Imparfait / tu
Attendre
Présent / nous
Feindre
Imparfait / nous
Moudre
Présent / il
Répandre
Futur / tu
Numéro du
« Je retiens »
Réponse
7 car cela renvoie au cas
Nous prîmes
n°7 du bilan
Vérifie tes réponses ! Ensuite lis la rubrique qui suit et apprends-la.
j e retiens
Conjuguer les verbes du 3e groupe en -tre aux temps simple de l’indicatif
Les verbes en -tre ont un radical terminé par -t. Mais ce -t a tendance parfois à
disparaître. Il arrive même que la forme de la base verbale soit complètement modifiée !
On notera :
Au présent
Les terminaisons sont toujours -s, -s, -t, -ons, -ez, -ent.
1- Deux bases verbales pour les verbes en -attre et -ettre avec un t au singulier et deux t au
pluriel :
Mettre : Je me t s, tu mets, il met, nous me tt ons, vous mettez, ils mettent.
2- Pour les verbes en -aître, ne pas oublier l’accent circonflexe sur le i à la troisième
personne du singulier :
Connaître : Je connais, tu connais, il connaît, nous connaissons, vous connaissez, ils
connaissent.
À l’imparfait
3- Une base verbale pour les verbes en -attre et -ettre avec deux t :
Mettre : Je mettais, tu mettais, il mettait, nous mettions, vous mettiez, ils mettaient.
4- Pour les verbes en -aître, disparition du t et permanence des ss :
Connaître : Je connaissais, tu connaissais, il connaissait, nous connaissions, vous connaissiez,
ils connaissaient.
Au passé simple
5- Pour les verbes en -attre et -ettre, prédominance de la voyelle i avec deux tt pour les
verbes en -attre et aucun t pour les verbes en -ettre :
Mettre : Je mis, tu mis, il mit, nous mîmes, vous mîtes, ils mirent.
Battre : Je battis, tu battis, etc.
6- Pour les verbes en -aître, disparition du t et prédominance de la voyelle u :
Paraître : Je parus, tu parus, il parut, nous parûmes, vous parûtes, ils parurent.
Au futur
7- Pour les verbes en -attre et -ettre, morphologie classique avec deux t :
Mettre : Je mettrai, tu mettras, il mettra, nous mettrons, vous mettrez, ils mettront.
8- Pour les verbes en -aître, morphologie classique avec un t :
Paraître : Je paraîtrai, tu paraîtras, il paraîtra, nous paraîtrons, vous paraîtrez, ils paraîtront.
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— © Cned, Français 4e
séance 2 — Séquence 12
3- Complète maintenant le tableau suivant :
Forme
Les vaches (paître).
Au loin, l’île (apparaître).
Si le vent est favorable, le
sprinter (battre) son record
personnel.
Le concurrent (admettre) sa
défaite.
C
Temps
Numéro du
« Je retiens »
Réponse
Présent
Passé simple
Futur
Imparfait
Expression écrite
Lis maintenant les scènes 2 à 4 de l’acte I.
Tu l’as vu lors de cette séance : la scène d’exposition instaure une certaine tension et un événement
inattendu vient conforter l’angoisse de Chimène… Que se passe-t-il finalement à l’issue du
« conseil » évoqué dans la scène 1 (v. 23) ?
En une dizaine de lignes, fais le résumé du coup de théâtre* qui intervient lorsque les deux
pères se retrouvent.
Je vérifie que…
Mon texte revient sur la prédiction optimiste qu’Elvire a faite.
Fait
• Je commence mon texte par : « Dès le début de la pièce, Elvire a prédit que
les pères de Chimène et de Rodrigue s’entendront pour conclure le mariage
des deux jeunes gens. »
Mon texte précise la cause de la querelle entre les deux hommes.
• Quelle décision a été prise lors du conseil du roi ?
• À qui cette décision semble-t-elle injuste ?
Mon texte montre le basculement de la situation.
• J’utilise obligatoirement les expressions suivantes : « soufflet », « venger son
honneur », « trop vieux ».
J’ai veillé à la qualité de l’expression.
Si toutes les consignes sont bien respectées, recopie ta rédaction sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire. Tu l’as probablement bien perçu : très vite,
la situation bascule et s’oriente dans une direction qu’aucune action ne pourra changer. Rodrigue
et Chimène sont-ils responsables de la situation dans laquelle ils se retrouvent finalement ? Non :
c’est cela qui est tragique.
© N. Julo/Cned/2012
© Cned, Français 4e —
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Séquence 12 — séance 3
Séance 3
Comprendre la mise en place du tragique
Durée approximative : 1 h.
Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro
et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Écoute maintenant la piste 20 du CD.
A
Comprendre le texte
1- Que demande don Diègue à Rodrigue au début de la scène ?
2- Quelle information Rodrigue ignore-t-il alors ?
3- Pourquoi don Diègue doit-il faire appel à son fils ?
Vérifie tes réponses.
Lis maintenant la scène qui suit ainsi que les notes.
Acte I. Scène 5.
DON DIÈGUE, DON RODRIGUE
1
DON DIÈGUE
Rodrigue, as-tu du cœur1 ?
DON RODRIGUE
L’éprouverait sur l’heure.
DON DIÈGUE
5
10
15
152
Tout autre que mon père
Agréable colère !
Digne ressentiment à ma douleur bien doux !
Je reconnais mon sang à ce noble courroux2 ;
Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte.
Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte ;
Viens me venger.
DON RODRIGUE
De quoi ?
DON DIÈGUE
D’un affront si cruel,
Qu’à l’honneur de tous deux il porte un coup mortel :
D’un soufflet. L’insolent en eût perdu la vie ;
Mais mon âge a trompé ma généreuse3 envie :
Et ce fer4 que mon bras ne peut plus soutenir,
Je le remets au tien pour venger et punir.
Va contre un arrogant éprouver ton courage :
Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage ;
Meurs ou tue. Au surplus, pour ne te point flatter,
Je te donne à combattre un homme à redouter :
— © Cned, Français 4e
séance 3 — Séquence 12
Je l’ai vu, tout couvert de sang et de poussière,
Porter partout l’effroi dans une armée entière.
J’ai vu par sa valeur cent escadrons5 rompus ;
Et pour t’en dire encor quelque chose de plus,
Plus que brave soldat, plus que grand capitaine,
C’est…
DON RODRIGUE
De grâce, achevez.
DON DIÈGUE
Le père de Chimène.
DON RODRIGUE
Le…
DON DIÈGUE
Ne réplique point, je connais ton amour ;
Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour.
Plus l’offenseur est cher, et plus grande est l’offense.
Enfin tu sais l’affront, et tu tiens la vengeance :
Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi ;
Montre-toi digne fils d’un père tel que moi.
Accablé des malheurs où le destin me range,
Je vais les déplorer : va, cours, vole, et nous venge.
20
25
30
Notes :
Le Cid, Corneille (1637)
1. « cœur » : courage.
2. « courroux » : colère.
3. « généreuse » : qui est d’une nature noble.
4. « ce fer » : cette épée.
5. « escadrons » : troupes de combattants, généralement à cheval.
B
Percevoir l’importance de l’affront infligé à don Diègue
1- a) Quel nom, dans le texte, désigne l’offense ?
b) Dans le texte, souligne les expressions qui montrent que l’injure est un affront.
2- Relis les vers 23 et 24 : au-dessus de quel autre sentiment don Diègue place-t-il le sens de
l’honneur ?
3- Quelle conjonction de coordination montre que ces deux sentiments sont
incompatibles ?
Vérifie tes réponses.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
j e retiens
Le conflit entre l’honneur et l’amour
Un simple soufflet, dans le milieu de la haute noblesse, n’est pas seulement un affront
physique : c’est une insulte à l’honneur qui est la valeur supérieure qui domine tout.
Très vite, l’honneur que doit défendre Rodrigue s’oppose à l’amour : l’intérêt de sa
famille s’oppose complètement à son intérêt personnel. Le tragique, bien souvent, c’est
cela : l’impossibilité de faire coïncider ses intérêts personnels avec ce que l’on attend
de soi.
© Cned, Français 4e —
153
Séquence 12 — séance 3
le coin des curieux
Cette opposition entre l’honneur et l’amour est un conflit qu’affectionne particulièrement
Corneille dans ses tragédies. Tu peux lire Horace dont l’action a été inspirée par l’épisode des
Horaces et des Curiaces.
C
Comprendre que Rodrigue n’a pas le choix
Rappel
En sixième, tu as étudié les types (déclaratif, exclamatif, interrogatif et impératif) et les
formes de phrases (négative ou affirmative).
Tu as également étudié l’impératif présent.
1- a) Dans cette scène, qui parle le plus ?
b) Pourquoi ?
c) Dans la dernière réplique de don Diègue, quel type de phrase est particulièrement
présent ?
d) Surligne les verbes qui justifient ta réponse : à quel temps et à quel mode sont-ils
conjugués ?
e) En t’appuyant sur les quatre réponses précédentes, explique qui domine dans ce
dialogue.
Vérifie tes réponses.
2- a) « Meurs ou tue. » (v. 15) : la conjonction de coordination exprime-t-elle un choix
possible ?
b) « Ne réplique point » (v. 23) : quelle est la forme de phrase employée ?
c) Que montre cette proposition ?
d) Au final, comment qualifierais-tu la marge de manœuvre de Rodrigue ?
Vérifie tes réponses.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
j e retiens
La notion de fatalité
Dans cette scène, on voit bien que Rodrigue n’a pas le choix. Il doit se soumettre à un
élément supérieur (autorité paternelle, sens du devoir), qu’il ne contrôle pas : venger
l’honneur de son père pour ne pas être, à son tour, déshonoré et causer le déshonneur
de sa famille.
Cet élément inéluctable, dans le théâtre tragique, s’appelle la fatalité.
154
— © Cned, Français 4e
séance 3 — Séquence 12
D
Exercice d’écriture
Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.
Remarque : Cet exercice te permet de t’entraîner pour l’évaluation finale.
Invente la suite immédiate de cet échange en rédigeant une réplique de Rodrigue d’une
dizaine de lignes dans laquelle il exprime, contre toute attente, son refus de venger son
père et sa volonté d’épouser Chimène contre le gré des deux familles.
Je vérifie que…
Fait
Mon texte reprend le conflit amour / honneur en montrant, cette fois, que
l’amour doit être supérieur.
Mon texte montre un Rodrigue qui domine son père :
• Utilisation de l’impératif présent ;
• Utilisation du type de phrase exclamatif ;
• Utilisation de la forme de phrase négative.
J’ai veillé à la qualité de l’expression.
Mon texte est en prose.
Si toutes les consignes sont bien respectées, recopie ta rédaction sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
© Cned, Français 4e —
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Séquence 12 — séance 4
Séance 4
Percevoir ce qu’est le dilemme cornélien
Durée approximative : 1 h 30.
Tu viens de le découvrir dans la séance précédente : le tragique se met en place et fonctionne
notamment en opposant, pour Rodrigue, le sens de l’honneur (ce que son père exige) et l’amour (ce
que Rodrigue veut). Accablé, le jeune homme se retrouve seul sur scène, dans un monologue très
célèbre. Même si ce texte est relativement difficile, cette séance a pour objectif de te faire percevoir
les enjeux de ce que l’on appelle le « dilemme cornélien ».
Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro
et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Lis attentivement la scène 6 ci-dessous ainsi que les notes.
Acte I. Scène 6.
DON RODRIGUE
1
5
10
15
20
25
30
156
Percé jusques au fond du cœur
D’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,
Misérable1 vengeur d’une juste querelle,
Et malheureux objet d’une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu2 récompensé,
Ô Dieu, l’étrange peine !
En cet affront mon père est l’offensé,
Et l’offenseur le père de Chimène !
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse3 :
Il faut venger un père, et perdre une maîtresse :
L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras.
Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme2,
Ou de vivre en infâme4,
Des deux côtés mon mal est infini.
Ô Dieu, l’étrange peine !
Faut-il laisser un affront impuni ?
Faut-il punir le père de Chimène ?
Père, maîtresse, honneur, amour,
Noble et dure contrainte, aimable tyrannie,
Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie.
L’un me rend malheureux, l’autre indigne du jour.
Cher et cruel espoir d’une âme généreuse5,
Mais ensemble6 amoureuse,
Digne ennemi de mon plus grand bonheur,
Fer qui causes ma peine,
M’es-tu donné pour venger mon honneur ?
M’es-tu donné pour perdre ma Chimène ?
— © Cned, Français 4e
séance 4 — Séquence 12
Il vaut mieux courir au trépas7.
Je dois8 à ma maîtresse aussi bien qu’à mon père :
J’attire en me vengeant sa haine et sa colère ;
J’attire ses mépris en ne me vengeant pas.
À mon plus doux espoir l’un me rend infidèle,
Et l’autre indigne d’elle.
Mon mal augmente à le vouloir guérir ;
Tout redouble ma peine.
Allons, mon âme ; et puisqu’il faut mourir,
Mourons du moins sans offenser Chimène.
35
40
Mourir sans tirer ma raison !
Rechercher un trépas si mortel à ma gloire !
Endurer que l’Espagne impute à ma mémoire
D’avoir mal soutenu l’honneur de ma maison9 !
Respecter un amour dont mon âme égarée
Voit la perte assurée !
N’écoutons plus ce penser suborneur10,
Qui ne sert qu’à ma peine.
Allons, mon bras, sauvons du moins l’honneur,
Puisqu’après tout il faut perdre Chimène.
45
50
Oui, mon esprit s’était déçu11.
Je dois tout à mon père avant qu’à ma maîtresse :
Que je meure au combat, ou meure de tristesse,
Je rendrai mon sang pur comme je l’ai reçu.
Je m’accuse déjà de trop de négligence :
Courons à la vengeance ;
Et tout honteux d’avoir tant balancé12,
Ne soyons plus en peine,
Puisqu’aujourd’hui mon père est l’offensé,
Si l’offenseur est père de Chimène.
55
60
Le Cid, Corneille (1637)
Notes :
1. « misérable » : digne de pitié.
2. « feu », « flamme » : sentiment amoureux.
3. « s’intéresse » : s’oppose.
4. « en infâme » : dans la honte.
5. « généreuse » : noble.
6. « ensemble » : en même temps.
7. « au trépas » : à la mort.
8. « je dois à » : j’ai des devoirs envers.
9. « maison » : famille, lignée.
10. « ce penser suborneur » : cette pensée trompeuse.
11. « déçu » : égaré.
12. « balancé » : hésité.
A
Comprendre les enjeux du monologue
1- a) Dans la scène précédente, que demandait don Diègue à son fils ?
b) Son fils donnait-il une réponse ?
c) Que s’attend-on donc à trouver dans cette scène ?
© Cned, Français 4e —
157
Séquence 12 — séance 4
d) Pourquoi la forme du monologue est-elle particulièrement adaptée à ce moment de la
pièce ? Rédige précisément ta réponse.
Vérifie tes réponses. Lis le « Je retiens » qui suit.
j e retiens
Les fonctions du monologue
Tu as étudié dans la séquence précédente l’intérêt du monologue. Tu vas maintenant en
étudier les fonctions.
Le monologue peut être : explicatif (exposition d’une situation), délibératif (aide
à prendre une décision), introspectif (exposition de sentiments et de motivations
profondes), dramatique (fait avancer l’action).
Ici, le monologue est à la fois délibératif, introspectif et dramatique. Rodrigue fait le
point pour prendre la décision qui lui semble adéquate. Le monologue permet aussi au
spectateur de percevoir pleinement le trouble et le désespoir du personnage. Enfin, il
débouche sur la vengeance.
2- Observe la structure des strophes. Que remarques-tu ?
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
j e retiens
Les stances
Les stances désignent un ensemble de strophes qui présentent la même structure.
L’étymologie du mot (du latin : stare : rester immobile) suppose l’instauration d’une
sorte de repos, de pause dans l’action dramatique.
3- a) Complète le tableau suivant en t’intéressant au type de la phrase finale de chaque
strophe et à ce qu’elle traduit :
Type de phrase
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu récompensé,
Ô Dieu, l’étrange peine !
En cet affront mon père est l’offensé,
Et l’offenseur le père de Chimène !
La phrase finale est :
L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras.
Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infâme,
Des deux côtés mon mal est infini.
Ô Dieu, l’étrange peine !
Faut-il laisser un affront impuni ?
Faut-il punir le père de Chimène ?
La phrase finale est :
Oui, mon esprit s’était déçu.
Je dois tout à mon père avant qu’à ma maîtresse :
Que je meure au combat, ou meure de tristesse,
Je rendrai mon sang pur comme je l’ai reçu.
Je m’accuse déjà de trop de négligence :
Courons à la vengeance ;
Et tout honteux d’avoir tant balancé,
Ne soyons plus en peine,
Puisqu’aujourd’hui mon père est l’offensé,
Si l’offenseur est père de Chimène.
La phrase finale est :
158
— © Cned, Français 4e
Sens
Cette phrase traduit
..................................... ...............................
Cette phrase montre
..................................... ...............................
Cette phrase renvoie à
..................................... ...............................
séance 4 — Séquence 12
b) En utilisant précisément les éléments que tu as complétés, montre le cheminement de
la pensée de Rodrigue vers sa décision finale.
c) Fais la synthèse des étapes du raisonnement en reliant chacune des strophes à un titre :
Strophe 1
•
• L’indignation
Strophes 2 et 3 •
• La tentation du suicide
Strophe 4
•
• L’exposition de la situation
Strophe 5
•
• Le constat du dilemme et les interrogations
Strophe 6
•
• La prise de décision
4- Dans la 4e et la 6e strophes, surligne deux vers presqu’identiques qui montrent l’évolution
de Rodrigue.
5- a) Quelle décision Rodrigue prend-il ?
b) Cette décision te surprend-elle ?
Vérifie tes réponses.
B
Découvrir un personnage tiraillé
Relis la scène 6 et écoute-la sur la piste 21 du CD.
1- a) Quelle impression se dégage à l’écoute de l’extrait ?
b) Quelle impression donne l’illustration qui suit ?
© P.Derr/Cned/2012
Vérifie tes réponses.
2- a) Observe la structure des vers 19 et 20. Quelle est cette figure de style ?
b) Que traduit-elle ?
© Cned, Français 4e —
159
Séquence 12 — séance 4
3- a) Complète le tableau suivant :
« mon propre honneur » (v. 12)
Rodrigue oppose :
« trahir ma flamme » (v. 15)
« mes plaisirs » (v. 23)
à:
« sa haine et sa colère » (v. 33)
b) Quels signes de ponctuation et quelle conjonction de coordination assurent souvent le
lien au sein de ces couples d’éléments ?
c) Complète la phrase suivante : « Quoi qu’il fasse, Rodrigue ne sera pas… ».
d) Justifie ta réponse en relevant, dans la deuxième strophe (vers 11 à 20), le vers qui
résume la situation de Rodrigue.
Vérifie tes réponses.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
j e retiens
L’antithèse*
L’antithèse permet d’associer deux éléments contraires afin de clairement mettre en
évidence leur opposition dans un énoncé.
Le tableau ci-dessus présente plusieurs exemples d’antithèses :
« Contre mon propre honneur, mon amour s’intéresse » (v. 12).
Le dilemme cornélien
Le dilemme propose un choix impossible.
On parle de dilemme cornélien (en référence à Corneille) car, chez Corneille, le dilemme
est bien souvent au cœur du tragique.
C
Le lyrisme*
Reprends la séquence 6 de ton livret 1 et relis les rubriques « Je retiens » sur le lyrisme.
Pourquoi peut-on dire que ce monologue est lyrique ? Tu répondras en rédigeant une
réponse argumentée.
 Coup de pouce : revois la méthode dans le livret 1 (séquence 4, séances 3 et 6).
Relis l’acte II et les trois premières scènes de l’acte III ou revois ta fiche de lecture.
160
— © Cned, Français 4e
séance 5 — Séquence 12
Séance 5
Comprendre la conséquence du dilemme
Durée approximative : 1 h 30.
Tu l’as vu : le personnage de Rodrigue est particulièrement tragique. Mais Chimène vit une
situation terrible, elle aussi, car Rodrigue a tué son père lors du duel. La rencontre entre les deux
amants - Chimène et Rodrigue - ne peut qu’être un grand moment de tension.
Dans cette séance, tu vas voir comment la tension exacerbe (amplifie) l’expression des sentiments.
Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro
et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Tu vas maintenant écouter la piste 22 du CD et lire en même temps l’extrait qui suit. Pour la
première fois depuis le début de la pièce, Chimène et Rodrigue se retrouvent.
Acte III. Scène 4.
DON RODRIGUE, CHIMÈNE, ELVIRE
1
CHIMÈNE
Va, je ne te hais point.
DON RODRIGUE
CHIMÈNE
5
10
15
Tu le dois.
Je ne puis.
DON RODRIGUE
Crains-tu si peu le blâme1, et si peu les faux bruits ?
Quand on saura mon crime, et que ta flamme dure,
Que ne publieront point l’envie2 et l’imposture !
Force-les au silence, et, sans plus discourir3,
Sauve ta renommée en me faisant mourir.
CHIMÈNE
Elle éclate bien mieux en te laissant la vie ;
Et je veux que la voix de la plus noire envie
Élève au ciel ma gloire et plaigne mes ennuis,
Sachant que je t’adore et que je te poursuis.
Va-t’en, ne montre plus à ma douleur extrême
Ce qu’il faut que je perde, encore que je l’aime.
Dans l’ombre de la nuit cache bien ton départ :
Si l’on te voit sortir, mon honneur court hasard4.
La seule occasion qu’aura la médisance,
C’est de savoir qu’ici j’ai souffert ta présence :
Ne lui donne point lieu d’attaquer ma vertu.
DON RODRIGUE
Que je meure !
CHIMÈNE
Va-t’en.
DON RODRIGUE
À quoi te résous-tu ?
© Cned, Français 4e —
161
Séquence 12 — séance 5
20
CHIMÈNE
Malgré des feux si beaux, qui troublent ma colère,
Je ferai mon possible à bien venger mon père ;
Mais malgré la rigueur d’un si cruel devoir,
Mon unique souhait est de ne rien pouvoir.
DON RODRIGUE
Ô miracle d’amour !
CHIMÈNE
Ô comble de misères !
DON RODRIGUE
Que de maux et de pleurs nous coûteront nos pères !
25
CHIMÈNE
Rodrigue, qui l’eût cru ?
DON RODRIGUE
Chimène, qui l’eût dit ?
CHIMÈNE
Que notre heur5 fût si proche et sitôt se perdît ?
DON RODRIGUE
Et que si près du port, contre toute apparence,
Un orage si prompt brisât notre espérance ?
CHIMÈNE
Ah ! mortelles douleurs !
DON RODRIGUE
30
Ah ! regrets superflus !
CHIMÈNE
Va-t’en, encore un coup6, je ne t’écoute plus.
DON RODRIGUE
Adieu : je vais traîner une mourante vie,
Tant que par ta poursuite elle me soit ravie7.
35
CHIMÈNE
Si j’en obtiens l’effet, je t’engage ma foi
De ne respirer pas un moment après toi.
Adieu : sors, et surtout garde bien qu’on te voie.
ELVIRE
Madame, quelques maux que le ciel nous envoie…
CHIMÈNE
Ne m’importune plus, laisse-moi soupirer,
Je cherche le silence et la nuit pour pleurer.
Le Cid, Corneille (1637)
Notes :
1. « blâme » : les reproches que pourrait faire l’opinion publique à Chimène.
2. « envie » : jalousie.
3. « discourir » : parler.
4. « court hasard » : court un danger.
5. « heur » : bonheur.
6. « encore un coup » : encore une fois.
7. « tant que par ta poursuite elle me soit ravie » : jusqu’à ce que tu parviennes à m’ôter la vie.
162
— © Cned, Français 4e
séance 5 — Séquence 12
A
Montrer comment la tension tragique se manifeste
1- a) Pourquoi cette scène risque-t-elle de tourner à l’affrontement entre les deux
personnages ?
b) Qu’en est-il finalement ?
c) Dans quel état d’esprit se trouve chacun des deux amants ?
Vérifie tes réponses.
2- a) « je t’adore» (v. 10) : cherche le sens premier du verbe dans un dictionnaire.
b) Que peux-tu en déduire sur le sentiment que Chimène porte à Rodrigue ?
c) Classe les expressions suivantes dans le tableau : « la plus noire envie », « ma douleur
extrême », « des feux si beaux », « un si cruel devoir », « Ô miracle d’amour ! »,
« Ô comble de misères ! », « Que de maux et de pleurs nous coûteront nos pères ! »,
« Ah ! mortelles douleurs ! », « Ah ! regrets superflus ! ». Certaines expressions iront
dans plusieurs colonnes.
Phrases exclamatives (avec
ou sans interjection, s’il y
en a une, souligne-la)
Expressions associant
un nom, un adjectif et
un adverbe (souligne
l’adverbe de deux traits,
surligne l’adjectif)
Expressions associant un
nom et un adjectif (surligne
l’adjectif)
d) À quoi servent toutes ces expressions ?
Rappel
Tu as étudié en cinquième les degrés de l’adjectif. Souviens-toi : les adverbes peuvent
marquer trois types d’intensité (faible, forte, moyenne).
Vérifie tes réponses.
Complète le « Je retiens » qui suit dans ton cahier. Vérifie que tu as bien rempli les éléments
manquants avant de le recopier et de l’apprendre.
j e retiens
L’hyperbole*
L’hyperbole est un procédé stylistique qui permet d’exagérer, d’amplifier la réalité.
Dans cet extrait du Cid, l’exagération est très marquée afin de souligner la dimension
tragique de la scène.
On trouve ainsi des phrases ............................., de nombreux ............................. avec
une signification forte, parfois accompagnés d’............................. qui intensifient
encore leur signification.
Les hyperboles sont très fréquentes dans les récits guerriers qui visent à exalter le
courage des personnages ou bien… dans les commentaires lors de la retransmission
d’une rencontre sportive !
© Cned, Français 4e —
163
Séquence 12 — séance 5
B
Faire le point sur le vocabulaire des sentiments
1- a) « Va, je ne te hais point. » (v. 1) : comment comprends-tu cette phrase ?
Vérifie ta réponse.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
j e retiens
La litote*
La litote atténue l’expression d’une pensée pour en sous-entendre une autre.
Lorsque Chimène dit à Rodrigue : « je ne te hais point », cela signifie en fait qu’elle
l’aime.
C’est déjà le quatrième texte que tu étudies dans cette séquence. Tu as régulièrement réfléchi à ce
conflit entre l’honneur et l’amour. Comme dans certaines séquences précédentes, il est temps de
constituer des banques de mots autour de ces deux sentiments.
b) Complète ces banques de mots en ajoutant certains noms qui figurent dans les
expressions qui étaient à placer dans le tableau qui précède (partie A, question 2.c).
c) Relis les trois textes des trois séances précédentes (séances 2, 3, 4) et relève des mots
ou des expressions pour compléter ces banques de mots.
Banque de mots : l’expression des sentiments
k Des mots pour exprimer le sens de l’honneur : .........................., ..........................,
.........................., .........................., .........................., ..........................,
.........................., .........................., .........................., ...........................
k Des mots pour exprimer l’amour : .........................., .........................., ..........................,
.........................., .........................., .........................., ..........................,
.........................., .........................., .........................., ...........................
Lis le corrigé.
2- a) Que demande Rodrigue à Chimène ?
b) Justifie ta réponse en citant dans un vers comportant un verbe au mode impératif et
un vers comportant un verbe au mode subjonctif.
c) À partir du vers (que tu as relevé) comportant un verbe au mode subjonctif, propose
une expression de sens équivalent au mode impératif.
d) Que peux-tu en conclure : s’agit-il d’une simple demande ?
Vérifie tes réponses.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le. Tu as étudié la conjugaison du
subjonctif dans la séquence 5. Tu vas maintenant apprendre quelques emplois.
164
— © Cned, Français 4e
séance 5 — Séquence 12
j e retiens
Les emplois du subjonctif
Dans les propositions indépendantes, on peut utiliser le subjonctif pour exprimer :
Un souhait, souvent avec la conjonction « pourvu que » ;
Un ordre : « Que je meure ! »
Pour exprimer l’ordre, il est aussi employé en remplacement de l’impératif à certaines
personnes. Ex. : Qu’il parte !
C
Dictée
Comme tu en as l’habitude, tu vas maintenant faire une petite dictée. Tu devras être
particulièrement attentif à :
- l’orthographe lexicale du vocabulaire de l’honneur et de l’amour ;
- la conjugaison du subjonctif.
Avant de commencer, tu peux relire les banques de mots du corrigé et te reporter à la séance 3 de
la séquence 5 sur la morphologie du subjonctif présent.
Ensuite, écoute sur ton CD la dictée à la piste 23.
© N.Julo/Cned/2012
Découvre ensuite le corrigé et les explications dans le livret de corrections.
Relis ensuite les scènes 5 et 6 de l’acte III et les scènes 1 et 2 de l’acte IV ou revois ta fiche de
lecture.
© Cned, Français 4e —
165
Séquence 12 — séance 5
Séance 6
Analyser un récit épique
Durée approximative : 2 h.
Avançons un peu dans la pièce et découvrons le récit que Rodrigue fait de sa victoire contre les
Maures.
L’objectif de cette séance est de montrer la dimension épique de ce récit. Le combat contre les
Maures est un passage essentiel car ce sont eux qui donnent à Rodrigue ce surnom de « Cid ».
Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro
et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Tu vas maintenant écouter la piste 24 du CD et lire en même temps le texte qui suit.
Acte IV. Scène 3.
DON FERNAND, DON DIÈGUE, DON ARIAS,
DON RODRIGUE, DON SANCHE
1
5
10
15
20
25
166
DON FERNAND
J’excuse ta chaleur à venger ton offense ;
Et l’État défendu1 me parle en ta défense :
Crois que dorénavant Chimène a beau parler,
Je ne l’écoute plus que pour la consoler2.
Mais poursuis.
DON RODRIGUE
Sous moi3 donc cette troupe s’avance,
Et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !
J’en cache les deux tiers, aussitôt qu’arrivés,
Dans le fond des vaisseaux4 qui lors5 furent trouvés ;
Le reste, dont le nombre augmentait à toute heure,
Brûlant d’impatience autour de moi demeure,
Se couche contre terre, et sans faire aucun bruit,
Passe une bonne part d’une si belle nuit.
Par mon commandement la garde en fait de même,
Et se tenant cachée, aide à mon stratagème ;
Et je feins hardiment d’avoir reçu de vous
L’ordre qu’on me voit suivre et que je donne à tous.
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux6 nous fait voir trente voiles ;
L’onde7 s’enfle dessous, et d’un commun effort
Les Mores et la mer montent jusques au port.
On les laisse passer ; tout leur paraît tranquille ;
Point de soldats au port, point aux murs de la ville.
— © Cned, Français 4e
séance 6 — Séquence 12
Notre profond silence abusant8 leurs esprits,
Ils n’osent plus douter de nous avoir surpris ;
Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent,
Et courent se livrer aux mains qui les attendent.
Nous nous levons alors, et tous en même temps
Poussons jusques au ciel mille cris éclatants.
Les nôtres, à ces cris, de nos vaisseaux répondent ;
Ils paraissent armés, les Mores se confondent9,
L’épouvante les prend à demi descendus ;
Avant que de combattre, ils s’estiment perdus.
Ils couraient au pillage, et rencontrent la guerre ;
Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre,
Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang,
Avant qu’aucun résiste, ou reprenne son rang.
30
35
40
Notes :
Le Cid, Corneille (1637)
1. Rodrigue a défendu l’État en combattant les Maures. Ce dernier a en effet voulu mourir en affrontant les
Maures qui se préparaient à envahir l’Espagne (III, 6).
2. Rappelle-toi, Chimène est intervenue auprès de Don Fernand (elle a réclamé la mort de Rodrigue).
3. « Sous moi » : sous mes ordres.
4. « vaisseaux » : bateaux.
5. « lors » : alors
6. « flux » : la marée qui monte.
7. « onde » : la mer.
8. « abusant » : trompant.
9. « les Mores se confondent » : les Maures se désorganisent
A
Comprendre la ruse de Rodrigue
Relis ta fiche de lecture pour répondre aux questions suivantes.
1- a) Qui est don Fernand ?
b) Quel rôle ce personnage joue-t-il entre Rodrigue et Chimène ?
2- Pourquoi Rodrigue est-il parti affronter les Maures ?
3- A-t-il atteint l’objectif qu’il s’était imposé ?
Vérifie tes réponses.
4- Relis le texte et intéresse-toi notamment au stratagème que Rodrigue met en place pour
vaincre les Maures.
a) Dans quel endroit se situe l’action ?
b) Quel est l’objectif des Maures à cet endroit ?
c) Quelle ruse Rodrigue prépare-t-il ?
d) « Cette obscure clarté » (v. 21) : pourquoi cette expression est-elle étrange ?
e) Explique comment la luminosité favorise la ruse de Rodrigue.
Vérifie tes réponses.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
© Cned, Français 4e —
167
Séquence 12 — séance 6
j e retiens
L’oxymore*
Un oxymore désigne une association de termes de sens contraire dans un même
groupe de mots.
Avec l’expression « soleil noir » de Baudelaire (un poète renommé du XIXe siècle),
l’oxymore « obscure clarté » est l’un des plus célèbres de la littérature française.
B
Reconnaître la dimension épique du récit
Rappel
En cinquième, tu as étudié les valeurs du présent (présent de vérité générale,
d’actualité…).
Il existe également une autre valeur : le présent de narration que tu vas étudier
maintenant. Tu l’as vu en sixième, d’autres temps sont employés dans le récit (imparfait/
passé simple)
1- a) Au début de la tirade de Rodrigue (vers 5-6), quel temps est utilisé ?
b) Quels sont les temps dominants à partir du troisième vers de la tirade de Rodrigue
(vers 7) ?
c) Quel temps domine à partir du vers 14 ?
d) Quel est l’intérêt d’utiliser ce temps ?
Vérifie tes réponses.
j e retiens
Le présent de narration
Parfois, le présent est utilisé dans les récits : c’est le présent de narration. Il permet de
rendre plus vivante la scène racontée. Dans Le Cid, l’emploi du présent de narration
permet à Rodrigue de donner l’impression aux auditeurs que le combat se déroule sous
leurs yeux au moment où il en fait le récit : c’est une manière de produire un récit très
expressif.
2Rappel
Cette année, tu as vu (ou revu) plusieurs procédés stylistiques : l’anaphore, le parallélisme,
la métaphore et la comparaison, l’antithèse et l’hyperbole.
a) Relie les différentes propositions entre elles. Plusieurs réponses sont parfois possibles !
Anaphore
•
•
Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre
Parallélisme
•
•
Ils n’osent plus douter de nous avoir surpris ;
Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent
Hyperbole
•
•
Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang
Métaphore
•
Antithèse
•
•
Avant que de combattre, ils s’estiment perdus.
168
— © Cned, Français 4e
séance 6 — Séquence 12
b) À quoi servent ces procédés stylistiques ?
c) Est-ce surprenant si l’on pense au thème du récit ?
Vérifie tes réponses.
C
Apprendre les accords des déterminants numéraux cardinaux
1- Relis l’extrait suivant :
« Nous partîmes cinq cents [hommes] ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille [hommes] en arrivant au port » (v. 7-8)
« Nous nous levons alors, et tous en même temps
Poussons jusques au ciel mille cris éclatants. » (v. 31-32)
a) Dans l’extrait ci-dessus, souligne les trois déterminants numéraux.
b) Quelle remarque peux-tu faire sur l’accord de « cents » ?
c) Quelle remarque peux-tu faire sur l’accord de « mille » ?
Vérifie tes réponses.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
j e retiens
Accorder les déterminants numéraux cardinaux
La règle générale est la suivante : les déterminants numéraux cardinaux sont
invariables :
« trois mille hommes » / « mille cris ».
Seul vingt et cent prennent un -s lorsqu’ils sont multipliés ET lorsqu’ils ne sont pas
suivis par un autre chiffre :
« cinq cents hommes » / « cinq cent deux hommes ».
Dans le second exemple, cent est suivi de « deux » et ne prend donc pas d’-s.
Millier, million, milliard sont des noms : à ce titre, ils s’accordent
Remarques
À l’écrit, les chiffres et les nombres s’écrivent traditionnellement en toutes lettres, à
l’exception des dates.
Il ne faut pas oublier les traits d’union entre les dizaines et les unités.
2- Réécris ces titres de films ou de livres en écrivant les nombres en toutes lettres.
Les 101 dalmatiens / 20 000 lieues sous les mers / Les 400 coups / Les 39 marches /
100 000 dollars au soleil / 1 001 pattes / Les 4 filles du docteur March / Le tour du
monde en 80 jours / 99 francs / 20 ans après
Vérifie tes réponses.
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Séquence 12 — séance 6
D
Exercice d’écriture
Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.
Remarque : Cet exercice te permettra de réfléchir au jeu des acteurs et de t’entraîner pour le
devoir.
Lors d’une répétition, un metteur en scène explique aux acteurs qui interprètent Rodrigue
et le roi don Fernand comment il aimerait qu’ils jouent leur personnage.
Tu rédigeras un texte qui présentera le projet de mise en scène.
Le metteur en scène évoquera le ton, la gestuelle et les déplacements des personnages.
Au fil de ton texte, tu proposeras un ou deux croquis des déplacements des personnages, si
tu en prévois. Voici un exemple :
x Don Fernand
(1)
x Rodrigue
(2)
Je vérifie que…
Le texte est à la troisième personne du singulier et au présent.
Dans ce texte, le metteur en scène dissocie les indications concernant le jeu de
Don Fernand et celui de Rodrigue.
Le metteur en scène dirige les acteurs, il leur indique :
Fait
• Le ton des paroles.
• La gestuelle, les attitudes des personnages l’un par rapport à l’autre.
• Leurs déplacements.
 Coup de pouce. Tu peux écouter à nouveau l’extrait reproduit dans la séance.
Le metteur en scène justifie ses instructions.
Je veille à la qualité de l’expression.
Si toutes les consignes sont bien respectées, recopie ta rédaction sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Pour la séance suivante, revois ta fiche de lecture ou relis les scènes jusqu’au dénouement.
© N.Julo/Cned/2012
170
— © Cned, Français 4e
séance 7 — Séquence 12
Séance 7
Découvrir un dénouement tragi-comique
Durée approximative : 1 h 30.
Après les péripéties, le dénouement doit permettre de résoudre toutes les complications afin
d’établir un nouvel état d’équilibre.
Cette séance a pour objectif de te faire percevoir les attentes du dénouement.
Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro
et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
A
Mieux comprendre la scène finale
1- a) Dans l’acte V, qui Rodrigue a-t-il affronté en duel ?
b) À l’issue de ce duel, qu’a cru, à tort, Chimène ?
c) Comment a-t-elle alors réagi ?
Vérifie tes réponses.
Parcours le texte suivant rapidement. Il s’agit de la dernière scène du Cid.
2- Combien de personnages sont présents dans cette scène ?
3- a) Avant de lire le texte, regarde-le simplement : qui parle le plus ?
b) Pourquoi ?
Vérifie tes réponses.
Tu vas maintenant écouter la piste 25 du CD et lire en même temps l’extrait qui suit.
Acte V. Scène 7.
DON FERNAND, DON DIÈGUE, DON ARIAS,
DON RODRIGUE, DON ALONSE, DON SANCHE,
L’INFANTE, CHIMÈNE, LÉONOR, ELVIRE
1
5
10
DON FERNAND
Le temps assez souvent a rendu légitime
Ce qui semblait d’abord ne se pouvoir sans crime1 :
Rodrigue t’a gagnée2, et tu dois être à lui.
Mais quoique sa valeur t’ait conquise aujourd’hui,
Il faudrait que je fusse ennemi de ta gloire,
Pour lui donner sitôt le prix de sa victoire.
Cet hymen3 différé ne rompt point une loi
Qui, sans marquer de temps, lui destine ta foi.
Prends un an, si tu veux, pour essuyer tes larmes.
Rodrigue, cependant4 il faut prendre les armes.
Après avoir vaincu les Mores sur nos bords,
Renversé leurs desseins5, repoussé leurs efforts,
Va jusqu’en leur pays leur reporter la guerre,
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Séquence 12 — séance 7
Commander mon armée, et ravager leur terre :
À ce nom seul de Cid ils trembleront d’effroi ;
Ils t’ont nommé seigneur, et te voudront pour roi.
Mais parmi tes hauts faits sois-lui6 toujours fidèle :
Reviens-en, s’il se peut, encor plus digne d’elle ;
Et par tes grands exploits fais-toi si bien priser7,
Qu’il lui soit glorieux alors de t’épouser.
15
20
DON RODRIGUE
Pour posséder Chimène, et pour votre service,
Que peut-on m’ordonner que mon bras n’accomplisse ?
Quoi qu’absent de ses yeux il me faille endurer,
Sire, ce m’est trop d’heur de pouvoir espérer8.
DON FERNAND
Espère en ton courage, espère en ma promesse ;
Et possédant déjà le cœur de ta maîtresse,
Pour vaincre un point d’honneur qui combat contre toi,
Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi.
25
Le Cid, Corneille (1637)
Notes :
1. Les deux premiers vers développent l’idée selon laquelle le temps a souvent permis de régulariser des conflits
qui semblaient pourtant définitifs.
2. Les pronoms de la deuxième personne du singulier désignent Chimène.
Rappelle-toi, précédemment a eu lieu un duel judiciaire : le vainqueur devait épouser Chimène.
3. « hymen » : mariage.
4. « cependant » : pendant ce temps.
5. « desseins » : projets, objectifs.
6. « lui » : le pronom désigne Chimène.
7. « priser » : apprécier.
8. Ce vers signifie : c’est déjà un grand bonheur de pouvoir espérer [me marier un jour avec Chimène].
c) Cette lecture confirme-t-elle ton impression sur l’autorité du Roi ?
d) Dans les répliques de don Fernand, souligne les expressions qui renvoient à l’autorité
du Roi.
e) Quel mode verbal, notamment, est fréquemment utilisé dans les expressions
soulignées ?
Vérifie tes réponses.
le coin des curieux
Le Cid, c’est aussi une pièce qui a une portée politique à l’époque où Louis XIII affermit son
pouvoir monarchique. Avec Richelieu, il s’oppose notamment à la pratique des duels qui
tuent trop de nobles.
Il y a comme un écho entre la situation de l’Espagne du Moyen Âge telle qu’elle est présentée
dans la pièce et la situation réelle de la France en 1637.
Au-dessus de l’amour et de l’honneur, il existe une valeur encore plus importante : l’État
dont les nobles du royaume doivent sauver l’unité. Le Roi apparaît comme celui qui doit
garantir, par son autorité, la grandeur de son pays.
B
Percevoir les attentes du dénouement
Relis le texte.
1- a) Qu’impose le roi aux futurs mariés ?
172
— © Cned, Français 4e
séance 7 — Séquence 12
b) Que devra faire Rodrigue ?
c) Donne aux moins deux raisons qui justifient l’ordre que donne le Roi à Rodrigue.
 Coup de pouce. Pourquoi cela est-il utile au Roi ? Pourquoi cela est-il nécessaire à Rodrigue ?
2- Relis les rubriques « Je retiens » des séances 3 et 4 précédentes.
Peut-on dire que le dénouement est tragique ?
Vérifie tes réponses.
Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.
j e retiens
Percevoir les spécificités d’une tragi-comédie
Dans une tragi-comédie, l’essentiel de l’intrigue est tragique. Dans Le Cid, par
exemple, les personnages sont prisonniers du dilemme entre leur souhait personnel
(l’amour) et la contrainte de leur rang social (l’honneur).
Dans une tragédie, l’action se serait terminée dans le sang.
Dans une tragi-comédie, le dénouement reste heureux ou, en tout cas, préserve la
plupart des personnages.
Au début du XVIIe siècle, la tragi-comédie est un genre de pièce très à la mode même si,
à la fin du siècle, un auteur comme Racine imposera la mode de la tragédie.
C
Exercice d’écriture
Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.
Donne ton avis sur ce dénouement.
Propose d’abord en deux ou trois phrases tes attentes de lecteur. Puis, donne ton point de
vue sur le dénouement en le justifiant par des références précises au texte.
Je vérifie que…
J’ai commencé par la présentation de mes attentes de lecteur :
Fait
• J’ai dit ce que j’ai imaginé à un moment de la lecture.
Dans ce texte d’une dizaine de lignes, j’ai donné mon avis :
• J’ai utilisé le « je ».
• J’ai justifié mon avis par des éléments précis de l’œuvre.
Je veille à la qualité de l’expression.
Si toutes les consignes sont bien respectées, recopie ta rédaction sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
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Séquence 12 — séance 8
Séance 8
Je m’évalue
Durée approximative : 1 h.
Comme tu en as désormais l’habitude lorsque tu arrives à la fin de la séquence, la dernière séance
te permet de faire le point sur ce que tu as étudié.
Tu vas donc évaluer toi-même les notions que tu as découvertes ou revues.
Complète le tableau qui suit. Si tu le souhaites, tu peux feuilleter les cours de la séquence pour
t’aider.
Lorsque tu auras fini, lis le corrigé et vérifie tes réponses : il est important que ton tableau ne
comporte pas d’erreurs.
Je connais
k Les fonctions du monologue qui peut
être :
- ..................................................... :
il expose une situation.
- ..................................................... :
il aide à se décider.
- ..................................................... :
il expose des sentiments.
- ..................................................... :
il fait avancer l’action.
Je suis capable de
k De nommer chronologiquement les trois
grands auteurs dramatiques du XVIIe siècle
et de citer une œuvre pour chacun :
................................ , auteur de
................................ ;
................................ , auteur de
................................ ;
................................ , auteur de
................................ ;
k De définir les caractéristiques essentielles
du classicisme :
Le siècle qu’il domine : ...................... ;
Le but recherché par les auteurs de cette
époque : la ...................... ;
L’époque dont les auteurs s’inspirent :
.......................
k La conjugaison des verbes en –dre aux
temps simples de l’indicatif :
Nous (prendre / passé simple) :
....................................................... ;
Elles (craindre / passé simple) :
....................................................... ;
Tu (dissoudre / imparfait) : .................... ;
Nous (attendre / présent) : .................... ;
Nous (feindre / imparfait) : .................... ;
Il (moudre / présent) : ........................... ;
Tu (répandre / futur) : ............................ .
174
— © Cned, Français 4e
k De rappeler les trois éléments de la règle
des trois unités : le ............., le ............. et
l’..............
k D’identifier les quatre étapes de la
structure d’une pièce de théâtre :
L’................. qui présente la situation
initiale au cours de laquelle se met en place
le ............. de l’action ;
Viennent ensuite les .................. qui font
progresser l’action ;
Le ................... qui instaure finalement
une nouvelle situation. Dans la tragicomédie, malgré des événements tragiques,
il propose une issue heureuse à la pièce.
séance 8 — Séquence 12
k Les emplois du subjonctif :
Le ........................ ;
L’...........................
k D’expliquer sur quel conflit repose la
dimension tragique dans Le Cid :
...............................................................
...............................................................
.............................................................. .
k Par quel mot désigne-t-on ce choix
impossible ? Il s’agit d’un .......................
k La manière d’accorder les déterminants
numéraux cardinaux :
En règle générale, ces déterminants sont
............................
Sauf « vingt » et « cent » qui s’accordent
lorsqu’ils sont ............................ par un
autre nombre ET lorsqu’ils ne sont pas
suivis ..................................................
k De définir des procédés stylistiques :
L’antithèse :
...............................................................
...............................................................
............................................................. ;
L’oxymore :
...............................................................
...............................................................
............................................................. ;
L’hyperbole :
...............................................................
...............................................................
............................................................. ;
la litote :
...............................................................
...............................................................
............................................................. ;
© Cned, Français 4e —
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