Détermination des teneurs en ochratoxine A, vitamine E et vitamine A dans des
sérums humains de France et de Tunisie : recherche d'une corrélation
L'ochratoxine A (OTA) est une mycotoxine qui contamine les aliments des animaux et de
l'homme. Elle se trouve dans le sang et est incriminée dans la survenue de la néphropathie
endémique des Balkans (NEB ou BEN) et des tumeurs rénales associées. Depuis quelques
temps des travaux de plus en plus nombreux indiquent que des personnes vivant en Europe de
l'Ouest (Allemagne, Scandinavie, Italie, France) ont de l'OTA dans le sang mais ne présentent
pas de pathologies associées. Mais il y a de plus en plus d'indices qui indiquent qu'en Afrique
du Nord (Tunisie, Algérie, Egypte) un certain nombre de personnes ayant de l'OTA dans le
sang sont atteintes de néphropathie chronique interstitielle. Ce qui pose la question de savoir
s'il n'y aurait pas des facteurs nutritionnels impliqués dans l'apparition plus ou moins précoce
de la néphropathie et des autres manifestations de la toxicité chronique de l'OTA qui est connue
pour agir, entre autre, par des processus oxydatifs. Etant donné que la vitamine E possède des
propriétés antioxydantes et favorise aussi l'activité de la vitamine A, ces vitamines pourraient
jouer un rôle protecteur vis-à-vis des effets chroniques de l'OTA, puisque les facteurs
génétiques évoqués il y a quelques années, semblent désormais exclus. Des échantillons
provenant d'Alsace et de Tunisie ont été analysés pour leur taux de vitamines E et A et leur
teneur en OTA avec comme objectif de rechercher une corrélation entre ces différents
paramètres. Les résultats montrent que les échantillons de sérums français contiennent
significativement plus de vitamines E et A que les sérums tunisiens (p<0,01) qu'ils soient ou
non OTA positifs, ce qui pourrait expliquer le plus grand nombre de néphropathies en Tunisie
dans les populations OTA positives par rapport à la France ou à l'Europe de l'Ouest. Une étude
approfondie des différentes populations contaminées par rapport à des populations témoins et
une vérification des taux de ces vitamines dans le sang des populations des Balkans, dans la
région de la BEN, semblent nécessaires pour tirer une conclusion définitive.