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Ulcération chronique sur cicatrice de zona Le diagnostic nest pas celui auquel vous pensez

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Ulcération chronique sur cicatrice de zona​ ? Le
diagnostic n'est pas celui auquel vous pensez !
dermatologie-pratique.com/journal/article/008038-ulceration-chronique-sur-cicatrice-zona-diagnostic-nest-pascelui-auquel-vous
July 20, 2017
Laila DAOUI et coll.*, service de dermatologie-vénéréologie, CHU-Ibn Rochd,
Casablanca, Maroc
Observation : un homme de 31 ans, sans antécédents pathologiques particuliers a
consulté pour une lésion ulcéro-croûteuse du cuir chevelu, augmentant
progressivement de taille. Cette lésion était apparue 3 mois auparavant sur des
cicatrices cutanées de zona ophtalmique survenu il y a 6 mois…
… L’état général était excellent. L’examen a montré une lésion ulcéro-croûteuse siégeant
au niveau fronto-pariétal gauche, mesurant 5 × 4 cm de diamètre, indolore à la palpation
(figure 1). Cette lésion était entourée d’alopécie cicatricielle et de cicatrices atrophiques
et achromiques de zona. Les aires ganglionnaires étaient libres.
Les diagnostics de carcinome épidermoïde (sur cicatrice de zona), mais également
d’ulcération neurotrophique et de leishmaniose cutanée, ont été évoqués.
Une biopsie de la lésion a été pratiquée, dont l’examen histologique a révélé un
épiderme hyperplasique réactionnel, un derme contenant un infiltrat inflammatoire
chronique avec des granulomes faits de plasmocytes, d’histiocytes et de cellules
géantes macrophagiques de type résorptif contenant, dans leur cytoplasme, des corps
étrangers biréfringents à la lumière polarisée (figures 2 et 3). Devant cette image
histologique, l’interrogatoire a été repris avec le patient qui a avoué l’application
quotidienne pendant 2 semaines de terre sur les lésions évolutives de zona suite au
conseil d’un charlatan de la santé. Le diagnostic d’un granulome cutané à corps
étranger (GCE) exogène a été retenu devant les données histologiques et
anamnestiques. Le traitement par dermocorticoïdes de classe forte a été commencé,
associé à 3 séances de laser colorant pulsé. Une régression de la lésion ulcérocroûteuse avec cicatrisation était obtenue dès le premier mois (figure 4).
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1. 2.
Figure 1. Lésion ulcéro-croûteuse
alopéciante du cuir chevelu.
Figure 2. Coloration HE, grossissement
x 20 : granulome à cellules géantes de
type corps étranger.
3. 4.
Figure 3. Coloration HE en lumière
polarisée : mise en évidence d'un corps
étranger biréfringent sous forme de
cristaux dans le cytoplasme des
cellules géantes.
Figure 4. Régression de la lésion
ulcéro-croûteuse.
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Commentaires
La particularité de notre observation réside dans l’aspect clinique déroutant, mimant une
néoplasie, et dans la survenue du GCE sur cicatrice de zona. Le GCE cutané est une
lésion inflammatoire chronique constituée de manière prépondérante par des cellules
de la lignée des monocytes et des macrophages. Cette réaction est due à la présence,
au niveau du derme, de particules xénobiotiques inorganiques ou organiques ou de
matériel endogène(1). L’aspect clinique est variable : il peut s’agir de papules, de nodules
ou de plaques érythémateuses violines. Les lésions deviennent fréquemment plus
dures au cours du temps en raison d’une fibrose (1). La présentation clinique à type de
lésion ulcérocroûteuse reste exceptionnelle. Le délai d’apparition des lésions cutanées
varie de 20 jours à plusieurs années ; il dépend de la réponse tissulaire au corps
(2)
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étranger, de la composition et de la quantité du matériel en cause(2). Histologiquement,
le GCE est constitué de macrophages, de cellules épithélioïdes et de cellules géantes
plurinucléées qui s’accumulent autour du corps étranger qui forme le centre
histopathogénique du granulome (1,2). L’identification de la nature chimique du corps
étranger peut comporter des techniques particulières, comme l’examen en lumière
polarisée, les colorations histochimiques par le PAS, ou les colorations argentiques (de
Grocott)(2).
Le traitement de choix est l’excision chirurgicale complète du corps étranger, mais en
cas de microparticules multiples, comme c’était le cas chez notre patient, un corticoïde
puissant topique ou intralésionnel est fréquemment administré, avec pour but de réduire
l’inflammation. L’efficacité du laser colorant pulsé a été également rapportée, il réduit
l’angiogenèse au niveau de la lésion(4).
L. EL​ MACHBOUH*, S. CHIHAB*, F. HALI*, F.​ MERNISSI**, H. BENCHIKHI*
*Service de dermatologie-vénéréologie, **Service d’anatomopathologie, CHU-Ibn Rochd,
Casablanca, Maroc
Références
Cliquez sur les références et accédez aux Abstracts sur
1. Piérard E, Flagothier C, Quatresooz P, Piérard-Franchimont C. Granulomes à corps
étrangers exogènes et endogènes. EMC - Dermatologie-Cosmétologie, Volume 2, Issue
4, November 2005 ; 170-6. Rechercher l'abstract
2. Delrosario RN, Barr RJ, Graham BS, Kaneshiro S. Exogenous and endogenous
cutaneous anomalies and curiosities. Am J Dermatopathol 2005 ; 27 : 259-67.
Rechercher l'abstract
3. Mohan H, Bal A, Dhami GP. Noninfectious granulomatous dermatitis: a
clinicopathological study. J Cutan Pathol 2006 ; 33 : 767-71. Rechercher l'abstract
4. Lemperle G, Gauthier-Hazan N. Foreign body granulomas after all injectable dermal
fillers: part 2. Treatment options. Plast Reconstr Surg 2009 ; 123 : 1864-73. Rechercher
l'abstract
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