différents. » Rica se veut pédagogue avec son interlocuteur en promettant de continuer à comparer les deux peuples, les
deux cultures qui vivent pourtant sur « la même terre ».
Conclusion : La Lettre XIV est une des plus connues des Lettres Persanes. Adoptant la forme épistolaire, Montesquieu donne la
« plume » à différents interlocuteurs. Parmi eux, Usbek et Rica qui découvre l’Europe et Paris en particulier. La lettre de Rica,
écrite en 1712, un mois après son arrivée aborde tour à tour les embarras de Paris et le mauvais caractère des Parisiens, l’emprise
de Louis XIV sur ses sujets, son goût pour la guerre et son obsession des jansénistes qu’il pourchassa pendant tut son règne, les
pouvoirs du pape. Avec la liberté présumée d’un regard étranger et naïf, Rica s’autorise des libertés sur la France et sur ces
personnages que les auteurs français n’oseraient pas attaquer. La couleur orientale participe évidemment à l’exotisme du roman
mais sert aussi de protection. On sait bien que derrière Usbek et Rica, c’est Montesquieu qui assène ses critiques.
COMPLEMENTS : Montesquieu, Lettre XXIV, Lettres persanes.
1. Louis XIV, le roi qui aimait trop la guerre
Louis XIV peut se reprocher d'avoir trop cédé à sa passion de la guerre. Quatre guerres principales marquent son règne, chacune
plus dure et plus longue que la précédente, passant du conflit de frontière à la guerre mondiale !
Les guerres du Roi-Soleil
- La guerre de Dévolution
Invoquant une coutume brabançonne, la « dévolution », Louis XIV revendique au nom de sa femme certaines provinces des Pays-
Bas espagnols. Cette guerre de Dévolution contre l'Espagne tourne très vite à l'avantage de Louis XIV grâce à son Secrétaire
d'État à la guerre, Louvois, et à Vauban, ingénieur talentueux qui enlève la citadelle de Lille le 27 août 1667. Elle se conclut le 2
mai 1668 par le traité d'Aix-la-Chapelle. Le roi en tire quelques gains territoriaux mais aussi beaucoup de ressentiment envers les
Provinces-Unies (Pays-Bas) et le grand pensionnaire Jan de Witt qui a monté contre la France une Triple-Alliance avec
l'Angleterre et la Suède.
- La guerre de Hollande
À l'instigation de Louvois, nouveau ministre d'État, les Français envahissent la Hollande, avec le roi à leur tête, et franchissent
audacieusement le Rhin le 12 juin 1672. Louis XIV refuse une offre de paix généreuse et du coup, les Hollandais se ressaisissent.
Le 20 juin, ils n'hésitent pas à rompre les digues pour freiner la progression des troupes ennemies et protéger Amsterdam. lls
renversent qui plus est le gouvernement de Witt et portent à leur tête Guillaume III d'Orange, élu stathouder de Hollande et
capitaine général des Provinces-Unies. Il va se révéler pendant trente ans l'ennemi le plus acharné du Roi-Soleil. Avec la
résurgence d'une nouvelle coalition européenne contre la France, la guerre de Hollande, qui devait n'être qu'une expédition
éclair, va se révéler une guerre longue et coûteuse. La guerre se conclut le 5 février 1679 par la paix de Nimègue qui permet à la
France d'annexer la Franche-Comté et la Flandre du sud. Elle marque l'apogée du règne de Louis le Grand.
- Politique des Réunions et guerre de la Ligue d'Augsbourg
Trop sûr de lui-même, trop arrogant, Louis XIV prétexte d'arguments juridiques douteux pour réunir à la couronne des places
fortes frontalières. C'est ainsi que, sans combat, il fait son entrée à Strasbourg le 24 octobre 1681. Ces « Réunions » ont le don
d'irriter les souverains étrangers. L'Espagne se lance dans la guerre mais l'on convient très vite d'une trêve, signée à Ratisbonne le
15 août 1682. À force d'accumuler contre lui les griefs de toute l'Europe, Louis XIV provoque le 9 juillet 1686 une nouvelle
coalition : la Ligue d'Augsbourg. Le motif en est le Palatinat, dont le Prince Électeur vient de mourir. La guerre, victorieuse mais
longue, rude et coûteuse, oblige Louis XIV à se montrer accommodant lors des traités de paix signés à Ryswick, en Hollande, les
20 septembre et 30 octobre 1697. La France ne garde pratiquement que Strasbourg et Sarrelouis des précédentes « réunions ».
- La guerre de la Succession d'Espagne
Le 16 novembre 1700, Louis XIV entérine le testament du roi d'Espagne Charles II de Habsbourg, mort le 1er novembre
précédent sans héritier : il autorise son petit-fils, le duc d'Anjou, à ceindre la couronne d'Espagne sous le nom de Philippe V. De
lui descend l'actuel roi Juan Carlos 1er. Les grandes puissances se montrent a priori bien disposées mais le roi de France multiplie
les provocations à leur égard. Il occupe les Pays-Bas espagnols (l'actuelle Belgique) et laisse planer la perspective d'une union
dynastique avec l'Espagne. Le 13 mai 1702, la Grande Alliance, qui regroupe les principales puissances de l'Europe du nord, y
compris l'Angleterre, déclare la guerre à Louis XIV et à son petit-fils le roi d'Espagne. Commence la longue guerre de la
Succession d'Espagne, ponctuée de famines et de défaites. Marlborough (ancêtre de Churchill) remporte à Blenheim, en
Allemagne, une victoire retentissante le 13 août 1704. La même année, la Royal Navy s'empare de Gibraltar. Louis XIV sollicite la
paix mais sa demande est repoussée. Alors il en appelle à la nation. Il se produit un sursaut patriotique. Le 11 septembre 1709, le
maréchal de Villars arrête non sans mal les troupes austro-anglaises à Malplaquet, dans les Flandres. L'Angleterre se retire de la
coalition en 1711 et des négociations s'ouvrent le 29 janvier 1712 à Utrecht, en Hollande. Le 24 juillet 1712, alors que la France
paraît en très mauvaise posture, le vieux maréchal de Villars remporte à Denain une victoire inespérée sur les Austro-Hollandais.
Grâce à cette victoire, Louis XIV sauve les meubles. Par le traité d'Utrecht du 11 avril 1713, Louis XIV cède aux Anglais Terre-
Neuve, la baie d'Hudson et l'Acadie mais préserve l'essentiel. Notons que le traité d'Utrecht est rédigé en français et non plus en
latin, faisant du français la langue de la diplomatie pour deux siècles.
2. Les écrouelles : Nom ancien de l'adénite cervicale chronique, d'origine tuberculeuse, qui donnait lieu à un abcès froid qui
se fistulisait durablement, puis laissait des cicatrices. (Les rois de France étaient censés guérir les écrouelles par imposition des
mains, le jour de leur sacre.)
3. Le jansénisme est une doctrine théologique à l'origine d'un mouvement religieux, puis politique et philosophique, qui se
développe aux XVIIe et XVIIIe siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l'Église catholique et à
l'absolutisme royal. La définition même du jansénisme s’avère problématique, car les jansénistes ont rarement assumé cette
appellation, se considérant seulement comme catholiques. Ils possèdent toutefois quelques traits caractéristiques, comme la
volonté de s’en tenir strictement à la doctrine de saint Augustin sur la grâce, conçue comme la négation de la liberté
humaine pour faire le bien et obtenir le salut. Cela ne serait possible selon eux que par le biais de la grâce divine. Les