Thème : Le XVIIème siècle Fiche culture générale : Philosophie et religion au XVII ème siècle Ce siècle voit apparaître au sein du catholicisme un mouvement particulier nommé le jansénisme. Ce mouvement va renforcer un courant politique, nommé le gallicanisme, qui distingue clairement les pouvoirs du Roi, reçus de Dieu seul, et les pouvoirs du Pape. Le jansénisme tire son nom de Jansénius, auteur d’un commentaire sur Saint Augustin (Augustinus). Ce commentaire insiste fortement sur la doctrine de la prédestination (seul un faible nombre d’élus sera sauvé par la grâce divine.) et s’oppose aux jésuites, qui prétendaient que la grâce divine dépendait des bonnes actions. Les jansénistes se concentrent surtout à Port-Royal et le théologien Arnauld est un de leurs principaux représentants. Il est à noter que le jansénisme reprend l’idée de la fatalité antique, dont Racine (élevé chez les jansénistes) s’inspira pour ses tragédies. PASCAL (1623-1662) est le plus grand philosophe de l’époque, avec Descartes. Il incarne, à l’époque de la suprématie de la raison, l’importance incontournable de la foi. Il prend également parti dans le débat de son époque, entre les jésuites et les jansénistes, pour ses derniers.Pascal fut d’abord un mathématicien précoce et génial (il retrouva les propositions d’Euclide à 12 ans, écrit un Traité des coniques à 16 ans et inventa la première machine à calculer à 19 ans.) Il s’intéresse ensuite à la physique et démontre l’existence du vide. Il fréquente un moment de brillants incroyants mais après une nuit d’illumination mystique le 23 novembre 1654, il se retire à Port-Royal et attaque les jésuites dans ses Provinciales. Alors qu’il travaille à une apologie de la religion chrétienne, il meurt à l’âge de 39 ans et les fragments de cette apologie seront recueillis sous la forme des Pensées. Le classement de ces pensées posant de redoutables problèmes, l’œuvre de Pascal conserve un caractère fascinant et demande un travail toujours inachevé. Les plus grandes thèses de sa pensée sont : -La misère de la condition humaine : Pascal la dépeint assez souvent et il y trouve la cause de l’attrait que les hommes éprouvent pour le divertissement. -La faiblesse de la raison : En reprenant Montaigne, il insiste sur le fait que la vérité dépend davantage des coutumes des hommes que du raisonnement scientifique : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » (Ce qui est considéré comme vrai quelque part peut être faux sous d’autres ciels). -L’importance du christianisme : Le dieu chrétien nous montre la faiblesse des hommes les plus savants et la nécessité d’avoir du cœur (charité). - Les rapports entre justice et force. Ce qui s’impose (la force) n’est pas forcément juste, mais comme personne ne partage les mêmes critères de justice, celui qui est le plus fort a au moins le mérite de maintenir l’ordre. Etre véritablement sage, « habile », dit Pascal, c’est comprendre cela. -Le pari : Démonstration faite aux libertins qu’il faut parier sur l’existence de Dieu parce qu’il n’y a rien à perdre et tout à gagner. Prolongement : Pascal fut contesté violemment par Voltaire, mais très apprécié par Chateaubriand. DESCARTES (1596-1650) On dit souvent que « Descartes, c’est la France » (cf Dante pour l’Italie, Goethe pour l’Allemagne…) Ce voyageur, engagé dans l’armée et admiratif des mathématiques, eut en 1619 la révélation d’une « méthode universelle » permettant de résoudre tous les problèmes possibles. Il rédige en 1628 ses Règles pour la direction de l’esprit, et en 1637 le Discours de la 1 méthode (premier ouvrage philosophique en français). En 1641 seront publiées les Méditations métaphysiques, en latin pour les spécialistes et en 1644, une synthèse de sa philosophie : les Principes. Enfin, il fut le pédagogue de la princesse Elisabeth et de la reine Christine de Suède. Sa correspondance avec Elisabeth lui permit de publier ses Passions de l’âme, mais son séjour en Suède lui sera fatal. Les principaux sujets abordés par Descartes sont : -La nécessité de trouver une méthode qui nous permette d’arriver à des conclusions certaines et donc de refonder l’ensemble du savoir uniquement sur ce qui se présente à notre raison comme « clair et distinct. » -Le doute qui, lorsqu’il est employé de manière hyperbolique, en arrive à la certitude de notre existence. C’est le fameux « cogito ergo sum » : je pense donc je suis. Une fois notre existence comme « chose pensante » établie, il reste à démontrer l’existence du corps et du monde. Descartes fonde celle-ci sur l’existence de Dieu. Dieu n’étant pas trompeur, notre corps et le monde doivent bien exister eux-aussi. -Rendre compte de la totalité de l’Univers, y compris le vivant, par des notions mathématiques, de façon mécanique. Cela nous permet de devenir « comme maîtres et possesseurs de la nature. » Du coup, l’animal (tout comme notre corps) et identifié à une machine (comparaison avec une montre).La difficulté sera alors de penser l’union de l’âme (substance pensante) et du corps. (substance étendue). Prolongements : -De nombreux philosophes de cette époque seront les héritiers de Descartes, que ce soit pour le suivre ou le critiquer. Ces philosophes, dont il faut connaître les principales œuvres, sont Malebranche (1638-1715), Spinoza (1632-1677) et Leibniz (1646-1716). -Pour Hegel, Descartes est le premier philosophe qui prend la pensée pour principe, alors que pour Husserl recommencer l’entreprise cartésienne permet d’ouvrir à l’intersubjectivité. -La Mettrie a poussé à fond la théorie de l’animal-machine pour écrire L’homme-machine en 1748. Descartes l’avait compris, selon lui, mais il était trop prudent pour l’affirmer. 2