Le règne de Louis XIV s'inscrit dans la tradition gallicane et dans la volonté d'unifier le royaume
sur tous les plans. C'est dans cette perspective que le jansénisme est combattu.
2. L'opposition au jansénisme, une nécessité pour la préservation de l'unité du royaume
Le jansénisme est un mouvement religieux fondé sur une conception pessimiste de la nature
humaine et de la prédestination, reprenant des thèmes similaires à ceux dont s'inspire la Réforme,
sans pour autant prétendre s'écarter du catholicisme. Le théologien néerlandais Jansénius en est
l'initiateur. Sa théorie est exposée dans l'Augustinus, parut en 1640 après sa mort. Ce mouvement
prend rapidement une allure de secte et se répand dans l'Église catholique au XVII° siècle. La
doctrine janséniste représente un risque pour l'unité du royaume pour deux principales raisons :
d'une part, elle semble rallier d'anciens Frondeurs qui apportent leur soutien aux jansénistes, et
d'autre part, elle divise les catholiques entre eux. L'abbaye de Port-Royal des Champs devient au
XVII° siècle, l'un des principaux foyer de rayonnement du jansénisme. Savants solitaires, laïcs et
prêtres se réunissent à Port-Royal et instituent dès 1638, des « Petites Écoles » qui se fondent sur
une pédagogie rationnelle et contribuent à la diffusion des idées jansénistes. Ces dernières
acquièrent une influence de plus en plus grande sur le monde catholique. Le père oratorien Pasquier
Quesnel devient en France l'une des principales figures du jansénisme, notamment en raison de son
ouvrage Réflexions morales.
En 1653, le pape Innocent X condamne le jansénisme dans le résumé de la doctrine en
« cinq propositions », dont l'attribution à Jansénius est contestée par les jansénistes. Cette
condamnation donne lieu à la rédaction d'un formulaire par la signature duquel tous les prêtres,
religieux et religieuses français sont sommés de désavouer la doctrine janséniste, à la demande de
l'Assemblée du clergé de France et de Louis XIV. Les religieuses de Port-Royal refusent de signer
le formulaire. Elles sont alors privées des sacrements en 1665. A la même date, quatre évêques
refusent également de signer. Devant une telle division des catholiques en France, le pape Clément
IX parvient à instaurer « la paix de l'Église » dès 1668. Toute polémique est donc évitée pendant
cette courte période, et les jansénistes se font remarquer par leur important travail intellectuel.
En 1701, l'attribution des « cinq propositions » à Jansénius est remise en cause et tend à
relancer les querelles et les divisions sur le jansénisme. Louis XIV voulant mettre fin à la résistance
janséniste, prend une série de mesures en ce sens : en 1706, l'abbaye de Port Royal des Champs se
voit refuser le droit d'accueillir des novices ; en 1707, les religieuses sont privées des sacrements ;
en 1710, les bâtiments sont rasés. Dans le même temps, le pape est intervenu : en 1708 et 1709 par
le décret de la suppression de Port Royal des Champs et l'ordre de dispersion des religieuses. En
1713, le pape condamne définitivement le jansénisme en le rangeant dans la catégorie des hérésies,
par la bulle Unigenitus.
Louis XIV a tenté de réprimer le jansénisme tout au long de son règne, en raison du risque
qu'il constitue pour l'unité religieuse et politique du royaume. De fait, les jansénistes ont semé le
trouble en divisant les catholiques entre eux, en ralliant les Frondeurs et en se rapprochant des
parlementaires opposés à l'absolutisme royal. La volonté du roi de réaliser l'unité religieuse du
royaume s'exprime dans la reprise de la lutte contre le protestantisme.
II. La reprise de la lutte contre le protestantisme
1. Des dragonnades à l'édit de Fontainebleau
Dans la première partie du règne de Louis XIV, les protestants se voient tolérer dans le
royaume, selon une application stricte des termes de l'édit de Nantes de 1598. La volonté royale,
encouragée par Louvois, tend à l'unification religieuse du royaume. Dès 1681, les protestants sont
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