COCCIDIOSES ●409
Autres maladies
V Guyonnet
Chapitre 64
64. COCCIDIOSES
INTRODUCTION
Les coccidioses sont causées par diverses espèces
d'Eimeria affectant principalement le tractus digestif des
volailles. Du fait de la répartition mondiale de ces para-
sites, l'impact économique de cette maladie est estimé à
plus de 1 billion de dollars. Ce montant comprend la
diminution des productions et les pertes en animaux
ainsi que le coût des médicaments prophylactiques et des
vaccins. Il est généralement reconnu que l'industrie
aviaire n'aurait jamais autant progressé sans la décou-
verte dès le début des années 1950 d'anticoccidiens effi-
caces. La plupart des recherches sur les coccidioses
ayant été effectuées chez les poulets de chair et les repro-
ducteurs, les connaissances concernant les coccidioses
chez d'autres espèces comme la dinde, le canard, la pin-
tade, la caille ou le faisan sont plus limitées.
ÉTIOLOGIE & ÉPIDÉMIOLOGIE
Taxonomie
Les coccidies font partie de la famille des
Eimeriidae, groupe des protozoaires parasites intra-
cellulaires obligatoires. La structure de l'oocyste spo-
rulé permet la distinction entre Eimeria spp. et d'au-
tres parasites comme Cryptosporidium spp. Les
oocystes sporulés du genre Eimeria contiennent tou-
jours 4 sporocystes et chaque sporocyste 2 sporo-
zoïtes. Les Eimeria spp. sont extrêmement spéci-
fiques de leur espèce hôte, avec certaines espèces
n'affectant que les poulets et d'autres seulement les
dindes ou la pintade. Plusieurs espèces ont été iden-
tifiées chez la poule (7), la dinde (5), la caille (1), la
pintade (2), l'oie (4), le pigeon (2) et le faisan (4).
Cycle parasitaire d'Eimeria spp.
Sept phases distinctes ont été identifiées:
1) Sporogonie: Les oocystes éliminés dans les
fientes des sujets infectés peuvent rester dans les
litières pendant très longtemps. Grâce à des condi-
tions propices de température (15°C à 30°C) et d'hy-
grométrie, les oocystes vont sporuler dans les 48
heures, c'est-à-dire se transformer en structures
contenant 4 sporocystes, chacun contenant 2 sporo-
zoïtes. À ce stade, les oocystes sporulés sont prêts à
infecter un nouvel hôte après ingestion;
2) Excystation: libération des sporozoïtes impliquant à
la fois l'action mécanique du gésier et l'action enzyma-
tique du tube digestif (bile et enzymes protéolytiques
telles la trypsine, la chymotrypsine et les élastases).
3) Invasion cellulaire: Sitôt libres dans la lumière
intestinale, les sporozoïtes pénètrent dans les cellules
de l'épithélium intestinal ou cæcal, dans une zone
bien établie pour chaque espèce. À l'intérieur des cel-
lules, les sporozoïtes se transforment en trophozoïtes.
4) Mérogonie ou schizogonie: Durant ce stade, le
parasite (schizonte) se divise selon un processus de
division asexuée multiple, encore appelée mérogonie
(ou schizogonie) et chaque schizonte libérera, près
rupture cellulaire, plusieurs milliers de mérozoïtes.
La plupart de ces mérozoïtes vont à leur tour envahir
les cellules épithéliales voisines pour répéter ce pro-
cessus de multiplication. Selon les espèces d'Eimeria,
ce processus sera répété entre 2 à 4 fois avec l'inva-
sion de nouvelles cellules épithéliales.
5) Gamogonie: À un certain moment, les mérozoïtes
envahissent les cellules hôtes et se transforment en
gamétocytes, soit mâles, soit femelles. Les gaméto-
cytes mâles se multiplient par un processus de division
multiple asexuée et ces microgamètes sont libérés dans
la lumière intestinale. À l'inverse, le gamétocyte
femelle effectue sa maturation sans division cellulaire
en formant le macrogamète dans la cellule hôte.
6) Fécondation: Suite à la pénétration du gamète
mâle à l'intérieur du gamète femelle, une paroi
épaisse se forme autour du zygote et forme l'oocyste.
7) Transmission: Les oocystes (non sporulés) sont
libérés des cellules intestinales par rupture et excrétés
dans les fientes. Généralement, l'ingestion d'un
oocyste sporulé peut conduire à la production en 5 à 7
jours d'environ 2 à 3 millions de nouveaux oocystes.
Un certain nombre de facteurs, liés soit aux parasites
soit à l'hôte, affectent ce cycle parasitaire. En fonction
de l'espèce d'Eimeria, les parasites colonisent une
région particulière du tube digestif, avec une localisa-
tion plus ou moins superficielle. De plus, la durée de
la période prépatente (correspondant au temps écoulé
entre l'ingestion et l'excrétion d'oocystes) est spéci-
fique pour chaque espèce d'Eimeria. Il en est de
même pour la période nécessaire à la sporulation des
oocystes (sporogonie). Ces deux éléments constituent
une aide à l'identification de l'espèce d'Eimeria impli-
quée. Cependant la période prépatente peut être éga-
lement modifiée par une sélection génétique, comme
en témoignent les souches précoces (période prépa-
tente plus courte) développées en tant que souches
vaccinales. La spécificité des sites d'invasion peut
également être modifiée avec quelques espèces capa-
bles de se développer dans des œufs embryonnés (à
Manuel de pathologie aviaire