Morphologie (2011) 95, 35—41 ARTICLE ORIGINAL « Hémicrâne gauche, les nerfs crâniens » par Tramond : pièce anatomique en cire des musées Delmas, Orfila et Rouvière à Paris : description et reconstruction photographique tridimensionnelle (RPTD) ‘‘Left hemicranium, the cranial nerves’’ by Tramond: An anatomical model in wax from the Delmas, Orfila and Rouvière’s Museum in Paris: Description and tri-dimensional photographic reconstruction (TDPR) S. Paravey , P. Le Floch-Prigent ∗ Laboratoire d’anatomie de l’université de Versailles Saint-Quentin, UFR de médecine, Paris-Île de France-Ouest, 45, rue des Saints-Pères, 75006 Paris, France Disponible sur Internet le 14 avril 2011 MOTS CLÉS Face ; Nerfs ; Modèle anatomique ; Cire ; Tramond ∗ Résumé Un modèle anatomique en cire, réalisé par Tramond (milieu du xixe siècle) représentait les nerfs d’un hémicrâne gauche. Le but de l’étude était d’en apprécier la véracité anatomique, d’en réaliser une visualisation en trois dimensions sur ordinateur et finalement de la numériser pour archivage et diffusion sur internet. La pièce appartenait aux collections Delmas, Orfila et Rouvière (université Paris Descartes). Elle représentait certains nerfs crâniens dont les nerfs facial et trijumeau et leurs branches. Pour réaliser la photographie numérique en rotation tous les 5◦ sur les 360◦ , nous avons utilisé deux disques identiques en marbre, reliés par un roulement à bille. Un appareil photographique numérique et le programme Quick Time Virtual Reality ont été utilisés. Parmi elles, 72 photographies ont été obtenues. Cette cire avait été réalisée avec une grande précision morphologique à partir d’un vrai crâne comme support des nerfs crâniens. Le travail de numérisation et sa libre diffusion sur internet permettent désormais à tous les publics d’accéder aux images de ce modèle du Musée Orfila dont les pièces ont été évacuées en décembre 2009 après sa fermeture. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Auteur correspondant. Adresse e-mail : patrice.le-fl[email protected] (P. Le Floch-Prigent). 1286-0115/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.morpho.2011.02.002 Téléchargé pour malha azzouz ([email protected]) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur janvier 12, 2020. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2020. Elsevier Inc. Tous droits réservés. 36 S. Paravey, P. Le Floch-Prigent KEYWORDS Face; Nerves; Anatomical model; Wax; Tramond Summary An anatomical model in wax made by Tramond (middle of the 19th century) represented the cranial nerves of a left hemicranium. The aim of the study was to verify its anatomical veracity, to realize a tri-dimensional visualization by computer, and finally to numerize and to diffuse it to the general public in the purpose of culture on the internet. The model belonged to the Delmas, Orfila and Rouvière Museum (Paris Descartes university). It represented the cranial nerves especially the facial and the trigeminal nerves and their branches. To perform the photographic rotation every 5◦ along 360◦ , we used a special device made of two identical superimposed marble disks linked by a ball bearing. A digital camera and the Quick Time Virtual Reality software were used. Seventy-two pictures were shot. This wax was realized with a great morphological accuracy from a true cranium as a support for the cranial nerves. The work of numerization and its free diffusion on the Internet permitted to deliver to everybody the images of this sample of the collection of the Orfila Museum, the pieces of which were evacuated on December 2009 after its closure. © 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Introduction Nous avons étudié une céroplastie intitulée : « Hémicrâne gauche, Nerfs crâniens » portant le no 295 [1] : « un hémicrâne gauche avec moulage en cire des nerfs de la face inférieure, préparation de Tramond, monté sous globe ». Elle n’a pas été retrouvée dans le catalogue Houel de 1881 [2]. La cire présentait sur les autres matériaux utilisés pour les modèles anatomiques, deux intérêts : « l’incorporation de la polychromie, et la qualité de la réflexion de la lumière » [3]. En effet, dans le résultat obtenu, la reproduction poussait à l’illusion de l’aspect vivant de la pièce anatomique. Nous avons observé et décrit l’anatomie de cette pièce en cire (Fig. 1) et enregistré les photographies en rotation (plateaux tournants) pour obtenir une reconstruction photographique tridimensionnelle (RPTD) grâce au logiciel Quick Time Virtual Reality©(QTVR). L’excellence pédagogique et muséologique de cette pièce était bien mise en valeur par la RPTD, cette étude prouve également la bonne véracité anatomique des principaux nerfs crâniens représentés : trijumeau (V1, V2, V3), et facial (VII) [4—8]. veux représentés : V1, V2, V3 et VII, sur le profil gauche strict. La même technique a été utilisée sur le profil droit (coupe sagittale médiane : branche du V2 et du V3 ; et IX : n. glosso-pharyngien). Enfin sur la vue de face stricte (Fig. 6), la même technique a permis de coloriser les branches du nerf trijumeau : V1, V2 et V3 (a.e.:2). Résultats Mesures linéaires Le socle en bois (30 cm × 16,5 cm) supportait une cloche de verre (H. = 36 cm, L. = 27 cm, ép. = 2 mm) dans une rainure de Matériel et méthode Successivement, nous avons mesuré la pièce anatomique, son socle et les étiquettes avec un mètre ruban et une règle graduée. Puis la cire anatomique no 295 par Tramond : « hémicrâne gauche, nerfs crâniens » a été photographiée sous de nombreuses incidences (n = 72) et permettant la RPTD (Annexe électronique : a.e.:1). Nous avons utilisé un appareil photonumérique (Panasonic DMC-TZ LUMIX, à optique LEICA) monté sur un trépied photographique réglable. Le socle de la pièce était posé sur un premier disque de marbre à la circonférence graduée tous les 5◦ , lui-même posé sur un second plateau identique avec un repère d’origine des rotations. Les deux plateaux étaient reliés par un roulement à bille de faible épaisseur. L’ensemble était posé sur une table à 75 cm du sol et devant un fond en velours noir. A partir du profil gauche pris comme référence la pièce était tournée tous les 5◦ sur 360◦ et les prises de vue photographiques réalisées (a.e.:1 : RPTD). Nous avons utilisé un logiciel (Adobe Photoshop CS3) pour coloriser séparément les quatre principaux éléments ner- Figure 1 Vue d’ensemble de la pièce sur son socle : troisquart, antérosupérieur gauche. General view of the sample on its base: left antero-superior three-quarter. Téléchargé pour malha azzouz ([email protected]) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur janvier 12, 2020. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2020. Elsevier Inc. Tous droits réservés. « Hémicrâne gauche, les nerfs crâniens » par Tramond 37 1 cm à 15 mm de son bord). La tige de support central en laiton avait un diamètre de 6 mm, avec une rosace à la base, typique de la fin du xixe siècle. Étiquettes Une étiquette en papier portait la mention manuscrite sur deux lignes : « no 210/an. inventaire » ; elle était collée au plateau supérieur, centrée sur l’avant du socle et mesurait 52 mm de largeur sur 31 mm de haut (a.e.:2, Fig. 10 et 11). Une étiquette métallique était clouée au plateau supérieur du socle en regard de la tige métallique sur la partie gauche ; elle était ovalaire et mesurait 2,7 cm de large sur 1,5 cm de haut. Elle était gravée en relief sur cinq lignes en majuscules : « TRAMOND/9/RUE DE L’ÉCOLE DE MÉDECINE/PARIS/PROPRIÉTÉ SPÉCIALE » (a.e. :2, Fig. 11). Une étiquette en papier, collée sur le plateau supérieur à droite de la précédente, ovalaire mesurait 3,5 cm de large sur 2 cm de haut. Elle portait l’inscription sur cinq lignes : « Mson TRAMOND/Pr. et Fr. des FACULTÉS/Anatomie, Histoire Naturelle/PARIS/9, RUE DE L’ÉCOLE DE MÉDECINE » (a.e. :2, Fig 11). Une étiquette-chevalet mobile sur bristol blanc, se trouvait à l’intérieur de la cloche, posée sur le plateau. Elle portait la mention sur trois lignes dans un cadre rectangulaire : « MUSÉE D’ANATOMIE/000295/PROFESSEUR A. DELMAS ». Une étiquette dactylographiée sur un bristol rectangulaire, mobile, portait l’inscription sur deux lignes : « HEMICRANE GAUCHE : nerfs crâniens/(TRAMOND) ». Description anatomique Construction d’ensemble Cette pièce anatomique (Fig. 1) représentait sur un hémi-squelette gauche de crâne réel, essentiellement la matérialisation en cire des trajets nerveux du trijumeau (V1, V2, V3) et du nerf facial (VII) avec toutes leurs branches collatérales et terminales. Étaient aussi présents sur tout ou partie de leur trajet, les autres nerfs crâniens et la chaîne sympathique cervicale (ganglion stellaire compris). Nous avons fait le choix de présenter dans le corps de l’article des photographies en noir et blanc et en a.e. :1 sur des photographies couleurs, une version avec colorisation d’un ou plusieurs nerfs crâniens particuliers. La face latérale gauche (belle face) montrait le mieux le mode de réalisation de la pièce qui représentait l’essentiel des éléments nerveux en cire avec la terminaison de l’artère (a.) carotide interne et les muscles ptérygoïdiens médial (bien représenté) et latéral. Pour l’exposition optimale de ces nerfs (artificiels) des choix de résections osseuses avaient été faits. La partie supérieure de la voûte crânienne gauche ne laissait qu’une bande parasagittale mesurant 2 cm de large et faisant pont entre les parties antérieure et postérieure de l’hémicrâne gauche qu’ils solidarisaient ; elle visualisait la forme complète de la voûte. La partie centrale de la voûte avait été réséquée sur sa moitié latérale permettant d’exposer l’a. carotide interne, y compris dans son trajet intracrânien. La partie haute du ramus de la mandibule avait été réséquée, exposant la région inter- Figure 2 Le nerf trijumeau : V1, profil gauche. 1. N. Infratrochléaire. 2. N. Supra-trochléaire. 3. N. Supra-orbitaire. 4. N. Frontal. 5. N. Lacrymal. 6. N. Naso-ciliaire. 7. Ganglion Ciliaire. 8. Rx. Nasaux externes. The trigeminal nerve: V1, left profile. 1. Infra-trochlear N. 2. Supra-trochlear N. 3. Supra-orbital N. 4. Frontal N. 5 Lacrymal N. 6. Naso-ciliary N. 7 Ophtalmic ganglion 8. External nasal rami. ptérygoïdienne. La partie latérale du toit de l’orbite avait également été réséquée. Enfin, la corticale externe de la branche horizontale de la mandibule et de l’os maxillaire avaient été réséqués exposant la racine des dents inférieures et permettant la représentation des branches terminales des nerfs V2 et V3. La partie basse du ramus de la mandibule avait été laissée intacte sur 1 cm de hauteur pour des raisons de solidité, d’esthétique et de présentation de la pénétration intraosseuse du trajet du nerf mandibulaire. Le nerf trijumeau Le tronc du nerf trijumeau était représenté en endocrânien sur son dernier centimètre avec le ganglion trigéminal et l’origine des trois branches principales : ophtalmique, maxillaire et mandibulaire. Le n. ophtalmique : V1 (Fig. 2) s’observait à partir du ganglion trigéminal sur la portion en regard du sinus caverneux (non représenté) et en arrière de la fissure orbitaire supérieure qu’elle traversait. On observait sa division en trois branches terminales : n. lacrymal, n. naso-ciliaire, n. frontal. Le n. lacrymal longeait le m. droit latéral et traversait la glande lacrymale. La partie supérieure de la paupière supérieure n’était pas représentée. Le n. frontal cheminait au-dessus du m. releveur de la paupière et donnait ses deux branches terminales : nerfs (ns.) supra-orbitaire et supra-trochléaire qui se subdivisaient en peigne. Le n. Téléchargé pour malha azzouz ([email protected]) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur janvier 12, 2020. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2020. Elsevier Inc. Tous droits réservés. 38 Figure 3 Le nerf trijumeau : V2, profil gauche. 1. Plexus dentaire supérieur. 2. Rameaux alvéolaires supérieurs, postérieurs et moyens du nerf infra-orbitaire. 3. N. Infra-orbitaire. 4. Ganglion ptérygo-palatin accompagné des rameaux postérosupérieurs médiaux du nerf du canal ptérygoïdien (vidien) (issu du nerf facial et du plexus carotidien) également le rameau pharyngien et des nerfs grand et petit palatin. 5. N. Zygomatique. 6. N. Maxillaire. The trigeminal nerve: V2, left profile. 1. Superior dental plexus. 2. Superior, posterior and middle alveolar rami of the infra-orbital N. 3. Infra-orbital N. 4. Pterygo-palatine N. accompanied by the postero-superior medial rami of the pterygoid canal (vidian) issued from the facial N. and from the carotidian plexus, also the pharyngeal ramus and the greater and lesser palatine Ns. 5. Zygomatic N. 6. Maxillar N. naso-ciliaire était visible sur la paroi interne de l’orbite. De ces deux branches terminales, seul le n. infra-trochléaire était présent passant sous la trochlée du m. oblique supérieur. Le n. maxillaire : V2 (Fig. 3) était présent sur tout son trajet : foramen rond, fissure orbitaire inférieure et sillon infra-orbitaire. Pour ses branches collatérales étaient visibles : le n. zygomatique ; presque tous les rameaux ganglionnaires ptérygo-palatins étaient visibles, au moins au début de leur trajet : un rameau orbitaire, un rameau pharyngien ; des nerfs nasaux (ns. nasaux supérieurs, nasopalatin et de la cloison) ; le n. grand palatin, le n. petit palatin, les ns. alvéolaires supérieurs. La branche terminale : n. infra-orbitaire était présente à la sortie du foramen infra-orbitaire avec ses ramifications en éventail : les rameaux (rx.) jusqu’au collet des dents antérieures et moyennes de l’arcade supérieure. Le n. mandibulaire : V3 (Fig. 4) émergeait du foramen ovale et donnait aussitôt le n. massétérique pour le m. masséter et l’articulation temporomandibulaire. Étaient présents le n. ptérygoïdien médial (mais pas le n. ptérygoïdien latéral), le n. buccal, le n. auriculotemporal (avec S. Paravey, P. Le Floch-Prigent Figure 4 Le nerf trijumeau : V3, profil gauche. 1. N. Mentonnier. 2. N. Alvéolaire inférieur. 3. N. Lingual 4. N. Buccal. 5. N. Massétérique. 6. N. Ptérygoïdien médial. 7. N. Mandibulaire. 8. Ns. Temporaux profonds. 9. N. Auriculotemporal : rx parotidiens et temporaux superficiels. The trigeminal nerve: V3, left profile. 1. Mental N. 2. Inferior alveolar N. 3. Lingual N. 4. Buccal N. 5. Masseteric N. 6. Medial pterygoid N. 7. Mandibular N. 8. Deep temporal N. 9. Auriculotemporal N.: parotidian and superficial temporal rami. deux racines entourant l’a. méningée moyenne, mais pas les branches du n. mandibulaire destinées au méat acoustique externe, à l’articulation temporomandibulaire, et à la parotide). Étaient représentés pour les branches terminales du n. mandibulaire : le n. lingual qui était visible entre les deux m. ptérygoïdiens puis entre le m. ptérygoïdien médial et la face médiale de la mandibule. Il recevait la corde du tympan. Le n. alvéolaire inférieur était visible à partir de son origine dans la fosse infra-temporale entre les deux m. ptérygoïdiens. Il longeait le bord postérieur du n. lingual et rejoignait le foramen mandibulaire. Son parcours intramandibulaire jusqu’au foramen mentonnier était visible car la corticale externe de la mandibule était réséquée sur toute la branche horizontale. Le n. mentonnier était bien visible à son origine. Le plexus dentaire inférieur était présent. Le n. mylo-hyoïdien était seulement visible à la face médiale de la mandibule (le m. mylo-hyoïdien était absent). Le nerf facial Le n. facial était figuré sur tout son trajet extra-crânien et une partie de son trajet intra-pétreux (le canal facial était exposé) (Fig. 5). La corde du tympan était visible ainsi que des branches collatérales extra-pétreuses : n. auriculaire postérieur, rameau (r.) digastrique et r. stylo-hyoïdien. Ses branches terminales étaient figurées : temporofaciale et Téléchargé pour malha azzouz ([email protected]) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur janvier 12, 2020. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2020. Elsevier Inc. Tous droits réservés. « Hémicrâne gauche, les nerfs crâniens » par Tramond 39 Figure 5 Le nerf facial : VII, profil gauche. 1. R. marginal de la mandibule 2. Rx buccaux 3. Rx zygomatique 4. Rx temporaux 5. Corde du tympan 6. N. Facial. 7. Rx des ms auriculaires. 8. R. Occipital du n. Auriculaire postérieur. 9. N. Auriculaire postérieur. 10. R. Cervical. The facial nerve: VII, left profile. 1. Marginal r. of the mandibule. 2. Buccal rami. 3. Zygomatic rami. 4. Temporal rami. 5. Tympanic cord. 6. Facial N. 7. Auricular Muscles rami. 8. Occipital rami of the posterior auricular N. 9. Posterior auricular N. 10. Cervical ramus. cervicofaciale. La branche (br.) temporofaciale était figurée avec un dessin en boucle, et donnait des rameaux temporaux (deux sur deux centimètres) puis zygomatiques (trois principaux), et buccaux. La br. cervicofaciale se terminait en deux br. principales et une br. descendante cervicale. Aucun des m. cutanés de la face n’était figuré afin d’alléger l’ensemble et permettre la représentation de plusieurs paires crâniennes, mais au détriment de la précision de la destinée finale des br. du n.facial. Sur la vue antérieure (Fig. 6) : les br. terminales du n. trijumeau étaient idéalement mises en évidence avec en particulier, l’alignement classique sur la verticale des trois foramens, des ns. supra-orbitaire, infra-orbitaire et mentonnier. La vue médiale (Fig. 7) était assez pauvre par rapport à la vue latérale qui était privilégiée ; cependant elle n’était pas négligée, permettant en particulier de voir les éléments nerveux (derrière le bord postérieur du m. ptérygoïdien médial) : le n. ptérygoïdien médial, le n. glosso-pharyngien et la chaîne sympathique cervicale (avec le ganglion cervical supérieur et probablement le ganglion stellaire). Au niveau de la base du crâne étaient figurés le ganglion otique, des br. des ns. grands et petits palatins, et des br. sensitives endonasales antérosupérieures. Au niveau de la mandibule étaient présents, les ns. mylo-hyoïdien, lingual et sublingual. Des éléments vasculaires étaient présents : l’a. carotide interne, l’a. méningée moyenne et des éléments veineux intracrâniens : sinus latéral gauche puis sigmoïde ; ainsi que le sinus sagittal supérieur. Les vues colorisées des nerfs crâniens, isolés un à un, sont rapportées en annexes (a.e. :2). Elles permettent de mieux distinguer chacun des nerfs. Figure 6 Vue antérieure. 1. N. Mentonnier (V3). 2. N. Lingual (V3). 3. Plexus dentaire supérieur (V2). 4. N. Infra-orbitaire (V2). 5. N. Infra-trochléaire (V1). 6. N. Supra-trochléaire (V1). 7. N. Supra-orbitaire (V1). 8. N. Lacrymal (V1). 9. Rx nasaux externes (V1). 10. N. Alvéolaire inférieur (V3). Anterior view: 1. Mental N. (V3). 2. Lingual N. (V3). 3. Superior dental plexus (V2). 4. Infra-orbital N. (V2). 5. Infra-trochlear N. (V1). 6. Supra-trochlear (V1). 7. Supra-orbital N. (V1). 8. Lacrymal N. (V1). 9. External nasal rami (V1). 10. Inferior alveolar N. (V3). Discussion La céroplastie consistait dans l’élaboration de pièces anatomiques à partir d’observations faites lors de dissections. La réalisation se faisait en quatre phases [3] : dissection de cadavre, fabrication d’un moule en plâtre, élaboration de la pièce définitive en cire et finition. Les choix de représentation des paires crâniennes sur cette pièce étaient basés sur la meilleure exposition possible des ns. trijumeau et facial. L’aménagement osseux (découpe de la calotte crânienne, ablation de la partie latérale du rocher et de la corticale externe de la br. horizontale de la mandibule) était mûrement réfléchi dans ce but précis. Les représentations musculaires étaient massivement occultées pour ne pas surcharger la pièce particulièrement riche sur le plan nerveux et où cependant de nombreuses br. terminales ou des terminaisons trop fines avaient été occultées. Téléchargé pour malha azzouz ([email protected]) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur janvier 12, 2020. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2020. Elsevier Inc. Tous droits réservés. 40 S. Paravey, P. Le Floch-Prigent Classée parmi les monuments historiques par arrêté ministériel du 4 février 1992 [1], cette œuvre fait partie de la collection anatomique des musées Delmas, Orfila et Rouvière. Composée de 5802 pièces recensées [1], cette collection a contribué au développement des connaissances scientifiques et à l’enseignement de l’anatomie à la Faculté de Médecine de Paris durant les xixe et xxe siècles. Nous avons développé une technique de reconstruction photographique tridimensionnelle (a.e. :1) que nous avons appliquée sur cette pièce. L’ensemble des photographies prises successivement tous les 5◦ (rapporté en a.e. :1) permet de s’arrêter sur chacune des images pour mieux observer ou agrandir un élément qui apparaitrait mieux mis en évidence sur une ou plusieurs incidences. L’intérêt principal était de recueillir le plus de détails matériels et le maximum de données numériques de cette pièce inestimable (devenue inaccessible en décembre 2009 par fermeture définitive des musées Delmas, Orfila et Rouvière), de constituer une animation cinématographique grâce à la multiplicité des incidences (n = 72), de rendre accessible cette pièce à tous les publics et d’en pérenniser toutes les données enregistrées par la diffusion sur internet. Figure 7 Vue médiale. 1. Ganglion stellaire du sympathique cervical. 2. Ganglion cervical supérieur (chaîne sympathique). 3. Sinus sigmoïde. 4. Confluent des sinus veineux. 5. Sinus sagittal supérieur. 6. A. Méningée moyenne. 7. N. Ptérygoïdien médial. 8. Ganglion otique. 9. Ns. Grand et petit palatin. 10. Brs. Sensitives endonasales, antérosupérieures. 11. N. Lingual et n. Sublingual. 12. N. Mylo-hyoïdien. 13. A. Carotide interne. Medial view: 1. Stellate ganglion. 2. Superior cervical ganglion (sympathetic chain). 3. Sigmoid sinus. 4. Confluence of the venous sinuses. 5. Superior sagittal sinus. 6. Middle meningeal artery. 7. Medial pterygoid N. 8. Otic ganglion. 9. Greater and lesser palatine N. 10. Antero-superior, intranasal sensitive rami. 11. Lingual N. and sublingual N. 12. Mylo-hyoid N. 13. Internal carotid artery. La qualité d’ensemble était d’autant plus remarquable que la construction en cire de nerfs passant par des foramens ou des canaux intraosseux était difficile. On peut souligner que l’extrême qualité de cette pièce permet encore des démonstrations pédagogiques pour démontrer par exemple la voie d’abord de la thermocoagulation du ganglion trigéminé de Gasser via le foramen ovale pour les névralgies faciales, ou encore pour expliquer qu’avant d’atteindre l’âge adulte, durant la petite enfance le V1 est majoritaire en surface des viscéro- et neurocrânes, le V2 pousse et croit entre six et 13 ans et le V3 termine sa croissance avec celle de la branche montante de la mandibule vers l’âge de 20 ans. La Maison Tramond fut créée vers la moitié du xixe siècle. Située au 9, rue de l’École de médecine dans le sixième arrondissement de Paris, elle était spécialisée dans la préparation de pièces ostéologiques et dans l’élaboration des modèles anatomiques en cire. Jouxtant l’amphithéâtre de la faculté de médecine, la maison Tramond en recevait directement des os et certaines dissections. La qualité du travail était due aux données et aux préparations de Louis-Marie FERRATON (1860—1936), répétiteur d’anatomie de 1891 à 1893 qui devint médecin général inspecteur et professeur de chirurgie de guerre du Val-de-Grâce. Conclusion La qualité anatomique de cette pièce était exceptionnelle comme pour toutes les productions de la maison Tramond [9—11]. Ses qualités pédagogiques étaient évidentes. Il est clair que le travail d’enseignement réalisé par des techniciens très exercés et dirigés par des médecins de haute valeur scientifique, dépassait largement des visées seulement commerciales et manifestait à l’évidence un véritable enthousiasme pour la diffusion des connaissances anatomiques. La description de ces pièces (dont l’exposition au grand public a toujours été difficile) est désormais facilitée par la mise sur le réseau internet des résultats photographiques, en particulier des animations en RPTD qui apportent une certaine dynamique et atténuent le caractère statique des descriptions livresques. L’ensemble des images est accessible à tous les publics par consultation des illustrations de cet article et de ses annexes électroniques. Remerciements Nous remercions M. le Dr Christian-Yves Paravey, Mme Annick Hamou (bibliothécaire du laboratoire d’anatomie MP5), M. Christian Prevoteau. Annexe A. Matériel complémentaire Le matériel complémentaire (Fig. S1, S2) accompagnant la version en ligne de cet article est disponible sur http://www.sciencedirect.com et doi:10.1016/j.morpho. 2011.02.002. Références [1] Delmas A, Delmas L, Cabanis EA, Delmas V, Iba Zizen MT. Musées d’anatomie Delmas-Orfila-Rouvière. Collection de 5802 pièces Téléchargé pour malha azzouz ([email protected]) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur janvier 12, 2020. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2020. Elsevier Inc. Tous droits réservés. « Hémicrâne gauche, les nerfs crâniens » par Tramond [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] recensées sous 1177 numéros, classée parmi les monuments historiques par arrêté ministériel du 04. 02. 1992. Surg Radiol Anat 1995;17(Suppl. 1). S31,S105. Houel M. Catalogue du musée Orfila. Paris: Dupont-Masson; 1881, 339—67. Lemire M.Artistes et mortels. Photographies Faye B. Paris: Chabaud; 1990. Cloquet J. Manuel d’anatomie descriptive du corps humain, représenté en planches lithographiées. Paris: Béchet jeune; 1825. Hovelacque A. Anatomie des nerfs crâniens et rachidiens du système grand sympathique chez l’homme. Paris: Doin; 1927. Testut L, Jacob O.Traité d’anatomie topographique, Tome I tête-rachis-cou-thorax. 5èm e éd Paris: Doin; 1929. Rouvière H, Delmas A.Anatomie humaine, tome I, tête et cou 15e éd. Paris: Masson; 2002. Netter FH. Atlas d’anatomie humaine 3e éd. Paris: Masson; 2004. Carpentier E. « Tête : dissections des nerfs crâniens » pièce no 001219 par Tramond au musée Delmas-Orfila-Rouvière. Paris: 41 Mémoire du diplôme d’université d’anatomie clinique, Paris Descartes; 2008. [10] Commin C. « Le nerf facial », Pièce no 290 par Tramond au musée Delmas-Orfila-Rouvière. Paris: Mémoire du diplôme d’université d’anatomie clinique, Paris Descartes; 2008. [11] Drifi F, Le Floch-Prigent P. « Les nerfs de la face » par Tramond : pièce anatomique en cire des musées Delmas-Orfila-Rouvière, à Paris. Morphologie 2009;93:57—62. Pour en savoir plus http://www.biomedicale.univ-paris5.fr/anat/rubrique8.html. Annexes électroniques : a.e.:1 Reconstruction photographique tridimensionnelle (RPTD) ; a.e.:2 Vues colorisées de chaque nerf crânien isolé (1 = coupe sagittale ; 2 = V1 ; 3 = V2 ; 4 = V3 ; 5 = VII ; 6 = vue d’ensemble ; 7 = X ; 8 = XI ; 9 = XII) et étiquettes du socle : Fig. 10 = étiquettes collées sur le socle : « maison Tramond » : Fig. 11 = 3e étiquette sur le socle « no 210 an. inventaire ». Téléchargé pour malha azzouz ([email protected]) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur janvier 12, 2020. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2020. Elsevier Inc. Tous droits réservés.