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Imagerie de l’oreille moyenne : que doit savoir l’ORL pour sa pratique quotidienne ?
Dr Mary Daval
ORL et Chirurgie de la face et du cou, Fondation A. de Rothschild, Paris
Notions essentielles d’anatomie
radiologique de l’oreille
L’oreille moyenne étant principalement constituée
d’os, elle se prête bien à une analyse scannographique.
L’acquisition hélicoïdale du scanner est rapide (1 minute
environ) et permet des reconstructions dans n’importe
quel plan. Cependant, la résolution spatiale des images
diminue à mesure que l’on s’éloigne du plan d’acquisition.
Le plan axial de référence de l’étude de l’oreille en TDM
est le plan du canal semi-circulaire latéral. Ce plan est
adapté à l’étude de la tête du marteau, du corps de
l'enclume et de l’articulation incudo-malléaire (image en
« cornet de glace ») ainsi que de l’articulation incudo-
stapédienne et de la platine. Ce plan permet également
d’étudier le récessus du facial et le sinus tympani, l’antre,
la mastoïde, ainsi que les rapports de la caisse avec le
canal carotidien et le sinus sigmoïde. Dans le plan axial,
les première et deuxième portions du nerf facial sont
visualisées sur leur longueur tandis que la troisième
portion s’observe en section (perpendiculairement).
Concernant le labyrinthe, on étudiera la cochlée (le plan
axial permet de compter les 2 tours ½ de spire) et le
canal du nerf cochléaire, qui naît de la base du modiolus
et qui doit mesurer moins de 3 mm de largeur. Enfin, le
plan axial permet d’analyser le labyrinthe postérieur avec
la visualisation du canal semi-circulaire latéral (l’îlot
osseux circonscrit par le CSC latéral doit être supérieur à
7 mm2 (figure 1)), du canal semi-circulaire supérieur (en
raison de sa résolution spatiale optimale, ce plan permet
de détecter au mieux une déhiscence osseuse du canal
antérieur) et de l’aqueduc du vestibule (dont le calibre
doit toujours être inférieur à celui du CSC postérieur situé
juste en regard).
Le plan coronal est perpendiculaire à celui du canal semi-
circulaire latéral. Il permet d’étudier la fenêtre ovale,
le mur de la logette, la chaîne ossiculaire et le tegmen.
Les première et deuxième portions du nerf facial sont
observées en section, la troisième portion est analysée
selon son grand vertical.
Le diagnostic des différentes pathologies de l’oreille moyenne (OM) repose essentiellement sur l’examen clinique.
Cependant, celui-ci est limité par le tympan et les structures osseuses qui ne permettent pas, la plus part du temps,
de visualiser les éléments « importants » contenus dans l’os temporal : chaîne ossiculaire, nerf facial, oreille interne.
L’imagerie médicale prend donc tout son intérêt en contournant cet obstacle.
Les radiologues sont initialement formés à toutes les modalités d’imagerie et ce pour tous les organes. Il faut garder à
l’esprit que tous ne sont pas spécialisés en ORL et encore moins en imagerie de l’oreille. Par conséquent, tout otologiste
doit être capable d’interpréter les images réalisées voire d’en critiquer la réalisation. Une connaissance approfondie
de l’imagerie de l’oreille est indispensable aussi bien pour le diagnostic que pour la planification d’un traitement. En
effet, une fois le bilan complet réalisé (clinique et paraclinique), le chirurgien peut estimer quel est le traitement le
plus adapté au patient (appareillage ou chirurgie par exemple). Si une indication chirurgicale est envisagée, l’imagerie
permet de prévoir les moments clefs de l’intervention et les éventuelles difficultés. Historiquement, le scanner ou
tomodensitométrie (TDM) fut la première modalité développée pour étudier l’OM. Il est globalement bien connu
des otologistes car il fournit des images anatomiques. Son interprétation est facilitée depuis quelques années par la
numérisation des images fournies à l’ORL et plus récemment par l’emploi de logiciels permettant des reconstructions
dans n’importe quel plan de l’espace. De développement plus récent, le Cone beam CT (tomographie à faisceau
conique) donne des images tout aussi informatives, en particulier pour les structures osseuses, au prix d’une irradiation
moindre. L’IRM, quant à elle, a connu un essor important ces dernières années, en particulier dans la mise en évidence
des cholestéatomes résiduels.
Une journée de formation continue organisée par le groupe Amplifon et intitulée « Imagerie de l’oreille moyenne : que
doit savoir l’ORL pour sa pratique quotidienne ? » s’est déroulée le 27 septembre 2014 sous la direction des docteurs
Denis Ayache et Mary Daval, ORL à la Fondation Rothschild, et du Docteur Marc Williams, radiologue à la Fondation
Rothschild. Cet article résume cette journée et vise à faire le point sur les pratiques d’imagerie de l’OM en 2015.