ÉDITORIAL L’imagerie moderne : acteur incontournable en pratique ORL Modern imaging: a key player in current ENT practice “ L’ D. Ayache Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, fondation Adolphe-de-Rothschild, Paris. imagerie moderne a pris une importance considérable à tous les stades de la prise en charge des différentes pathologies ORL, qu’elles soient médicales ou chirurgicales. Si la radiologie standard et les tomographies n’ont plus qu’une place infime dans notre pratique quotidienne, force est de constater que l’éventail technologique mis à notre disposition s’avère de plus en plus riche, avec l’échographie, la tomodensitométrie, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) nucléaire, la radiologie interventionnelle, en particulier vasculaire, et, plus récemment, la tomographie à faisceau volumique (Cone Beam Computed Tomography [CBCT]). À la frontière entre imagerie et médecine nucléaire, n’oublions pas la tomographie à émissions de positrons (TEP), devenue incontournable en cancérologie, et dont les indications pourraient s’étendre (par exemple pour la surveillance des otites externes nécrosantes). Combinée à la clinique, l’imagerie est en mesure d’apporter des arguments essentiels dans de nombreuses pathologies pour le diagnostic, l’évaluation de l’extension des lésions, le pronostic et la surveillance, donc, en résumé, pour la prise en charge globale du patient. Il n’y a encore pas si longtemps, le choix du traitement d’un cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS) se fondait sur les données de la clinique, de l’endoscopie, voire sur les constatations chirurgicales peropératoires. Qui pourrait aujourd’hui imaginer établir un programme personnalisé de soins (PPS) en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) sans une imagerie adaptée à la localisation lésionnelle ? De même, en dehors des chirurgiens effectuant des missions humanitaires dans les pays en voie de développement, il paraît impensable, en France, en 2017, d’opérer un cholestéatome sans avoir effectué, et consciencieusement analysé, un scanner (ou une CBCT) du rocher. Là encore, l’imagerie permet le plus souvent au chirurgien de choisir avec précision la technique chirurgicale la plus appropriée, de mieux identifier les risques opératoires et de déterminer la durée d’occupation de sa salle d’opération (élément organisationnel majeur de tout plateau technique). L’imagerie a également transformé radicalement la surveillance d’un cholestéatome opéré, puisque le sacro-saint second look chirurgical a été progressivement remplacé par une surveillance La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale • N° 349 - avril-mai-juin 2017 | 5 ÉDITORIAL radiologique mini-invasive, grâce au développement de techniques de caractérisation tissulaire en IRM permettant de dépister une récurrence cholestéatomateuse et de sélectionner les patients relevant d’une révision chirurgicale de nécessité. Toujours dans le domaine de l’otologie, l’imagerie a fait avancer nos connaissances en montrant, par exemple, qu’une surdité de transmission ou mixte n’était pas toujours en lien avec une pathologie de l’oreille moyenne, mais parfois avec une pathologie de l’oreille interne, comme une malformation congénitale ou une déhiscence canalaire. Depuis quelques années, l’imagerie s’est introduite dans nos blocs opératoires, avec la navigation chirurgicale qui permet d’opérer plus sereinement dans des régions à risque, en particulier pour certaines chirurgies sinusiennes ou de la base du crâne. Bien que la preuve histologique reste indispensable en pathologie cancérologique, des avancées prometteuses en imagerie devraient permettre de se rapprocher du diagnostic histologique, comme les séquences IRM de diffusion et de perfusion mises en œuvre lors de l’exploration des tuméfactions parotidiennes. L’amélioration constante des performances de l’imagerie ne doit pas se faire au détriment de la sécurité du patient, en particulier en termes d’irradiation, dont on connaît maintenant le potentiel cancérigène. Ainsi, la réduction des doses d’irradiation est une préoccupation majeure des radiologues, avec le développement de protocoles “low dose” pour le scanner et l’introduction récente de l’imagerie CBCT, qui délivre 5 à 10 fois moins d’irradiation qu’un scanner, dans les pathologies maxillofaciales, rhinologiques et otologiques. D. Ayache déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. ” Les avancées de l’imagerie sont nombreuses et rapides. Ce numéro de La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale permettra au lecteur d’être au plus près de cette actualité en constante évolution. AVIS AUX LECTEURS Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef. Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (­chercheurs, hospi­taliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier. La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double aveugle, l’implication d’un service de rédaction/ révision in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef. Notre publication répond aux critères d’exigence de la presse : · accréditation par la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse) réservée aux revues sur abonnements, · adhésion au SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé), ·indexation dans la base de données ­internationale ICMJE (International Committee of Medical Journal Editors), · déclaration publique de liens d’intérêts demandée à nos auteurs, · identification claire et transparente des espaces publicitaires et des publi-rédactionnels en marge des articles scientifiques. 6 | La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale • N° 349 - avril-mai-juin 2017