Module d’Electricité 1ère partie : Electrocinétique Fabrice Sincère (version 4.0.3) http://perso.orange.fr/fabrice.sincere 1 Sommaire 1- Introduction : les grandeurs périodiques 2- Représentation des grandeurs sinusoïdales 2-1- Fonction mathématique 2-2- Représentation de Fresnel 2-3- Nombre complexe associé 3-Déphasage entre deux grandeurs sinusoïdales 4- Les dipôles passifs linéaires en régime sinusoïdal 5- Etude des circuits linéaires en régime sinusoïdal 5-1- Lois de Kirchhoff 5-2- Association de dipôles passifs linéaires 5-3- Théorèmes généraux 6- Puissance en régime sinusoïdal 2 Chapitre 3 Régime sinusoïdal 1- Introduction : les grandeurs périodiques • Période Un signal périodique est caractérisé par sa période : T = 2 ms. 3 • Fréquence La fréquence f (en hertz) correspond au nombre de périodes par unité de temps : 1 f= T A.N. T = 2 ms ⇔ f = 500 Hz (500 périodes par seconde) • Pulsation La pulsation est définie par : ω = 2π πf = 2π π/T (en radians par seconde) 4 • Valeur moyenne On note <u> la valeur moyenne dans le temps de la tension u(t) : T 1 < u > = ∫ u( t )dt T0 A.N. 1 < u > = ×10 = 2,5 V 4 5 • Composante continue (DC =) et composante alternative (AC ~) Une grandeur périodique a deux composantes : - la composante continue (c’est la valeur moyenne ou « offset ») - et la composante alternative u(t) = <u> + uAC(t) : 6 Remarques : - la composante alternative a une valeur moyenne nulle : <uAC> = 0 - une grandeur périodique alternative n’a pas de composante continue : <u> = 0 7 • Puissance électrique p(t) = u(t)⋅i(t) est la puissance électrique consommée à l’instant t (ou puissance instantanée). En régime périodique, ce n’est pas p(t) qu’il est intéressant de connaître mais la puissance moyenne dans le temps : T 1 P =< p >=< ui >= ∫ u ( t )i( t )dt T0 Attention : en général, <ui> ≠ <u> <i> 8 • Valeur efficace (RMS) Par définition, la valeur efficace Ueff de la tension u(t) est : T U eff 1 = < u² > = u ²( t )dt ∫ T0 A.N. U eff 1 = 100 × = 5 V 4 9 Remarques : La valeur efficace est une grandeur positive. Ueff² = <u>² + UAC eff ² Valeur efficace d’un courant électrique : I eff = < i ² > 10 • Signification physique de la valeur efficace Soit une résistance parcourue par un courant continu : I R U La résistance consomme une puissance électrique : P = RI² = U²/R (loi de Joule) 11 Soit la même résistance parcourue par un courant périodique i(t) de valeur efficace Ieff : i(t) R u(t) La puissance moyenne consommée est : P = <Ri²> = R<i²> = RIeff² = Ueff²/R Pour avoir les mêmes effets thermiques, il faut que Ieff soit égal à la valeur du courant en régime continu I (idem pour les tensions) : La notion de valeur efficace est liée à l’énergie. 12 • Cas particulier des grandeurs sinusoïdales alternatives Û désigne la tension maximale (ou tension crête) On montre que : Û U eff = 2 Exemple : EDF fournit une tension sinusoïdale alternative de valeur efficace 230 V et de fréquence 50 Hz. Pour un courant sinusoïdal alternatif : I eff Î = 2 13 A.N. Calculer la valeur efficace de la tension suivante : 10 U ACeff = = 7,07 V 2 < u >= +15 V U eff = 15² + 7,07² = 16,58 V 14 2- Représentation des grandeurs sinusoïdales 2-1- Fonction mathématique i( t ) = Î sin(ωt + ϕi ) = I eff 2 sin(ωt + ϕi ) avec : • • • • • Ieff : valeur efficace (A) ω : pulsation (rad/s) t : temps (s) (ωt + ϕ i) : phase (rad) ϕ i : phase à l’origine (rad) 15 2-2- Représentation de Fresnel C’est une représentation vectorielle des grandeurs sinusoïdales. Le vecteur de Fresnel associé au courant i(t) est défini de la façon suivante : I =I eff (Ox, I) = ϕi Exemple : U i( t ) = 3 2 sin(ωt − 12π ) π ϕ =+ u 4 u ( t ) = 5 2 sin(ωt + π4 ) I π ϕ =− i 12 16 2-3- Nombre complexe associé Le nombre complexe I associé au courant i(t) est défini de la façon suivante : I = (Ieff , ϕ i) Le module correspond à la valeur efficace et l’argument à la phase à l’origine. 17 A.N. Déterminer le nombre complexe associé à la tension : u ( t ) = 5 2 sin(ωt + π4 ) U = (5,+ π4 ) = 5 cos(+ π4 ) + 5 sin (+ π4 )j 5 2 5 2 = + j 2 2 ( j² = −1) 18 3-Déphasage (ou différence de phase) entre deux grandeurs sinusoïdales Soit deux grandeurs sinusoïdales (de même fréquence) : i( t ) = Î sin(ωt + ϕi ) u ( t ) = Û sin(ωt + ϕ u ) Le déphasage de u par rapport à i est par convention : ϕu/i = ϕ u - ϕ i τ : décalage (en s) entre les deux signaux. τ ϕ( rad ) ϕ(°) = = T 2π 360 19 • Déphasages particuliers - déphasage nul (τ = 0) : les grandeurs sont en phase - déphasage de 180° (τ = T/2) : grandeurs en opposition de phase - déphasage de 90° (τ = T/4) : grandeurs en quadrature de phase N.B. Le déphasage est une grandeur algébrique : ϕ i/u = - ϕ u/i Fig. 3d : ϕ u/i = +90° : u est en quadrature avance sur i. 20 A.N. Calculer le déphasage ϕ u1/u2 : ϕ u1 / u 2 τ 100 µs = 360 = 360 = +36° T 1 ms 21 • Déphasage et vecteurs de Fresnel ϕ u / i = ( I, U ) U ϕ ϕ u ϕ u/i I i • Déphasage et nombres complexes ϕ u/i = ϕ u - ϕ i = arg (U) – arg (I) U ϕ u / i = arg I 22 A.N. Calculer le déphasage ϕ u / i U π ϕ =+ u 4 I π ϕ =− i 12 ϕu / i = +60 ° 23 4- Les dipôles passifs linéaires en régime sinusoïdal 24 4- Les dipôles passifs linéaires en régime sinusoïdal • Impédance complexe En régime continu, un dipôle passif linéaire est caractérisé par sa résistance : R = U/I (loi d’Ohm) En régime sinusoïdal, un dipôle passif linéaire est caractérisé par son impédance complexe Z : I Z U U Z= I - L’impédance Z (en Ω) est le module de Z : U eff (V) Z(Ω) = I eff (A) 25 - Le déphasage de u par rapport à i correspond à l’argument de Z : arg(Z) = ϕu/i - En définitive : Z = (Z, ϕu/i) = (Ueff/Ieff , ϕu/i) • Admittance complexe L’admittance complexe est l’inverse de l’impédance complexe : 1 Y= Z Y est l’admittance (en siemens S) : Y = 1 I eff = Z U eff arg(Y) = - arg(Z) = ϕi/u 26 • Dipôles passifs élémentaires en régime sinusoïdal - résistance parfaite ZR = R Z R = R ϕ u / i = 0° U eff = RI eff (loi d' Ohm) 1 YR = G = R U I 27 - bobine parfaite Z L = jLω Z L = Lω ϕ u / i = +90° U eff = LωI eff YL = − j Lω U O π + 2 I L : inductance d’une bobine (en henry H) L’impédance d’une bobine augmente avec la fréquence. 28 - condensateur parfait 1 j ZC = ZC = − Cω Cω ϕ u / i = −90° I eff U eff = Cω Y C = jCω I π − 2 U C : capacité en farad F (corps humain ≈ 200 pF) L’impédance d’un condensateur diminue avec la fréquence. 29 5- Etude des circuits linéaires en régime sinusoïdal Un circuit électrique linéaire est composé uniquement de dipôles linéaires : - passifs : R, L, C - actifs : source de courant ou de tension sinusoïdal (de fréquence f) Dans un tel circuit, tensions et courants sont sinusoïdaux (de fréquence f). On peut donc utiliser : - la représentation vectorielle - ou les nombres complexes associés. 30 5-1- Lois de Kirchhoff 31 5-1- Lois de Kirchhoff • Loi des nœuds i(t) = i1(t) + i2(t) Pour les vecteurs de Fresnel : I = I1 + I 2 Pour les nombres complexes associés : I = I1 + I2 32 • Exemple : Une mesure au multimètre (en mode AC ~) donne : IR eff = 5,00 mA IL eff = 3,98 mA Calculer la valeur efficace du courant i(t) et le déphasage par rapport à la tension u(t) : ϕu/i 33 Utilisons une construction vectorielle : ϕ u / iR = (I R , U) = 0° ϕ u / iL = (I L , U) = +90° I = IR + IL IR ϕ IL U u/i I I eff = I R eff ² + I L eff ² = 6,39 mA ( théorème de Pythagore) tan ϕ u / i I L eff = I R eff d' où : ϕ u / i = +38,5° 34 En raison des déphasages, la loi des nœuds ne s’applique pas aux valeurs efficaces. • Loi des branches / Loi des mailles u(t) = u1(t) + u2(t) U = U1 + U 2 U = U1 + U2 La loi des branches ne s’applique pas aux valeurs efficaces. 35 5-2- Association de dipôles passifs linéaires Une association de dipôles passifs linéaires se comporte comme un dipôle passif linéaire. On note Zeq l’impédance complexe équivalente de ce dipôle. • En série, les impédances complexes s’additionnent : Zéq = ∑ Zi i • En parallèle, les admittances complexes s’additionnent : Y éq = ∑ Y i i ou 1 1 =∑ Z éq i Zi 36 • Exemple n°1 ZR= R ZL= jLω = I Zeq= R + jLω U On en déduit la relation entre les valeurs efficaces : U eff = Z eq I eff avec : Zeq = Zeq = R + jLω = R 2 + (Lω) 2 Lω arctan et le déphasage : ϕu/i = arg Zeq = R Remarque : sauf exception Zéq ≠ ∑ Zi i 37 • Exemple n°2 La tension d’alimentation u(t) est sinusoïdale alternative de valeur efficace 5 V et de fréquence 10 kHz. Le circuit est linéaire donc le courant i(t) est sinusoïdal de fréquence 10 kHz. Calculer sa valeur efficace et le déphasage par rapport à u. 38 1 j − Yeq = YR + YL = R Lω 2 2 1 1 Loi d’Ohm : Ieff = YeqUeff = + U eff = 6,39 mA R Lω − L1ω ϕu/i = - arg Yeq = − arctan 1 = +38,5° R En définitive : 39 5-3- Théorèmes généraux Les formules et théorèmes vus en régime continu (diviseur de tension, Thévenin – Norton, superposition …) se généralisent au régime sinusoïdal. Analogies : Régime continu Régime sinusoïdal Tension U U Courant I I Résistance / Impédance complexe R Z Conductance / Admittance complexe G Y Source de tension parfaite E E Source de courant parfaite Icc Icc 40 Exemple : Théorème de Millman VR + jCωV C VA = R 1 + jCω R 41 6- Puissance en régime sinusoïdal On montre que la puissance moyenne consommée (ou puissance active) est : P = Ueff Ieff cos ϕu/i Le terme cos ϕ est appelé facteur de puissance. 42 • A.N. : Calculer la puissance active d’un condensateur parfait. On sait que : ϕu/i = -90° ⇒ P = 0 watt (pas d’échauffement) 43