Novembre-Décembre 2018 ❘ Biologiste infos
MANAGEMENT
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de la contrainte imposée par les clients ou l’administration.
On va plutôt utiliser dans les normes de management (que
sont l’ISO 9001 ou l’ISO 15189) les principes de management
qui pourront optimiser la rentabilité des investissements,
diminuer les coûts sans toucher à la masse salariale et fidé-
liser les clients, les salariés et les fournisseurs.
Ce préalable sémantique posé, il convient d’insister sur la
dimension régalienne du management, qui se trouve aussi
être un des principes fondamentaux du management de
la qualité : le leadership. On ne parle pas ici des capacités
à influencer les comportements ou à manipuler les personnes,
mais de l’attitude qui consiste à fixer un cap et à distribuer
auprès de personnes choisies pour leurs compétences des
moyens en lien avec les objectifs. Cela nous amène à un
autre principe de base de la qualité : l’approche processus.
Il ne s’agit pas de créer un graphique en couleurs, mais
bien de découper l’activité – donc les zones de responsa-
bilité – en unités cohérentes. Deux laboratoires différents
n’ont pas nécessairement la même organisation, puisqu’ils
ne travaillent pas dans le même contexte, avec les mêmes
clients, les mêmes équipements, les mêmes contraintes.
Le schéma fourni il y a dix ans par l’association Bio Qualité,
qui accompagne les laboratoires de biologie médicale dans
le développement de la qualité depuis 2002, proposait une
organisation « moyenne », représentative d’un laboratoire
libéral avec un ou deux biologistes, une personne au secré-
tariat et quelques technicien(ne)s devant les paillasses. Les
évolutions récentes du secteur, en particulier les regroupe-
ments, ont rendu ce modèle obsolète. Il convient donc de
consacrer tout le temps nécessaire pour que le découpage
affiché représente réellement les diverses activités. Chaque
laboratoire doit pouvoir justifier du découpage – nécessai-
rement original – qu’il a réalisé. Et seule la direction peut
valider ce découpage.
Il ne lui reste alors qu’à apporter quelques changements
quant à sa manière de manager.
• Fixer un cap et des objectifs stratégiques.
• Déterminer de véritables priorités, en nombre limité.
• Avoir confiance dans les équipes – les pilotes ayant été
choisis pour leurs compétences, il serait même dangereux
qu’une personne moins compétente décide à leur place…
Néanmoins, on doit continuer à ne pas faire confiance aux
équipements et à passer des contrôles.
• Se montrer enthousiaste, humble et juste.
• Se pencher sérieusement sur les formations dont les sala-
riés ont besoin.
• Savoir prendre des décisions.
Ensuite, utiliser quelques méthodes appropriées est nécessaire.
• Écrire seulement les choses utiles : la compétence est bien
plus efficace qu’une procédure pour garantir un résultat.
• Utiliser l’approche « risques » pour identifier les points
qu’il est indispensable de maîtriser. Cela est vrai pour
à peu près toutes les décisions à prendre.
• Se montrer intraitable sur toutes les activités de conception :
nouvelle méthode, nouvel équipement, nouvelle organisation,
c’est avant la mise en œuvre que les dysfonctionnements
potentiels doivent être éliminés. Et là encore, l’analyse
de risques est un outil incontournable.
• S’astreindre à formaliser le retour d’expérience ; c’est
ce qui nourrit vraiment l’amélioration continue.
• Se concentrer sur les modifications à apporter au système
plutôt que sur les dysfonctionnements (qui n’en sont que
les symptômes). W. Edwards Demig, théoricien de la
qualité, disait que 96 % des opportunités d’amélioration
étaient aux mains de la direction générale, puisqu’elles
avaient trait à l’organisation : les responsables qualité font
la chasse aux 4 % restant…
Six points de comportement à modifier et cinq outils à uti-
liser... Peu de choses sont donc à changer pour augmenter
de manière considérable la performance du laboratoire.
Malheureusement, il n’est pas possible de ne retenir que
ce qui vous convient dans la liste qui précède. Et, le retour
d’expérience ne sera d’aucune utilité si la direction n’adopte
pas le principe d’humilité, de même que la confiance dans les
équipes est indispensable le jour où l’on réalise une analyse
de risques. Mais ce n’est ni impossible, ni même difficile.
De plus, cela ne vient en aucune façon en contradiction avec
les principes énoncés dans l’ISO 15189, pas plus que cela
ne rend inutile les contrôles de qualité ou la validation des
méthodes. C’est seulement une manière de voir différente,
pour passer du concept un peu creux de « management
de la qualité » à celui, bien plus pertinent, de « qualité du
management ». Cette qualité de management, indispensable
pour construire le succès des entreprises. ■
Hubert BAZIN, ingénieur, consultant en management, accompagne
les entreprises dans leurs projets de certification ou d’accréditation.
Il est partenaire du cabinet lyonnais SFC Formation Consulting.
EN SAVOIR PLUS
La qualité du management - levier de
la compétitivité, Hubert Bazin, AFNOR
éditions, août 2018.