aurait échappé sans la résistance du comte Honorat. La cruauté du prince se
voyait à sa passion pour les spectacles violents comme les combats de
ceste. Cette tendance s'accentua à l'annonce d'un complot ourdi par des
soldats. L'aveu venait d'une femme du peuple qui fut comblée de présents
pour encourager les dénonciations. Gallus partait pour Hiérapolis quand la
population d'Antioche implora son aide contre la famine. Il ne fit rien mais
offrit Théophile en sacrifice à la foule, répétant que les vivres ne manquaient
que si le gouverneur le voulait bien. Le gouverneur fut massacré. Au même
moment Sérénien, accusé de lèse-majesté, obtenait on ne sait comment son
pardon. Un de ses gens était allé sur son ordre à un temple où on prédisait
l'avenir et avait demandé si son maître obtiendrait l'empire.
Constance, sachant cela, continua à se montrer aimable avec Gallus mais
commença à lui retirer les forces dont il disposait. Il envoya aussi le préfet
Domitien en Syrie lui rappeler son invitation à venir le voir. Domitien, à
Antioche, ne se présenta pas à César comme l'exigeait l'étiquette et resta
plusieurs jours enfermé au prétoire. A la fin, sommé par le prince de paraître
devant lui, il lui ordonna de partir en le menaçant de supprimer ce qui lui était
alloué pour son entretien. Gallus, outré, le fit arrêter. Le questeur Montius,
s'échauffant, dit aux chefs des cohortes qu'après cela on n'avait plus qu'à
renverser les statues de l'empereur. Gallus réagit comme un serpent blessé
lorsqu'on lui rapporta ces paroles. Il déclara aux troupes que Montius
l'accusait de rébellion parce qu'il faisait surveiller un préfet insolent. Il n'en
fallut pas plus aux soldats. Montius et Domitien furent traînés à travers la ville
et tués. Apollinaire, gendre de Domitien, parcourait les cantonnements de
Mésopotamie pour voir si Gallus n'était pas trop ambitieux. A la nouvelle des
événements d'Antioche, il s'enfuit mais fut rejoint et emprisonné à Antioche.
On apprit qu'un manteau royal avait été clandestinement fabriqué à Tyr sans
qu'on puisse savoir qui l'avait commandé. Ce fut assez pour faire arrêter le
gouverneur de la province, père d'Apollinaire.
Ursicin, qui commandait à Nisibe, et sous les ordres duquel j'étais, fut
convoqué à Antioche et chargé de présider l'instruction de l'affaire. Il était
homme de tête et d'action mais incapable de diriger une procédure. Alarmé
en voyant ceux qui lui étaient associés, il décida de rapporter à Constance ce
qui se passait, demandant les moyens de tenir en bride la fougue de Gallus.
Au jour fixé pour les interrogatoires, le maître de la cavalerie prit place au
milieu d'assesseurs qui savaient leur leçon. Des notaires recueillaient les
réponses et couraient les rapporter à César. Cachée derrière une tapisserie,
la reine écoutait. On fit comparaître Epigonius et Eusèbe, victimes d'une
homonymie. Epigonius s'abaissa aux supplications puis, sous la torture,
avoua un complot imaginaire. Eusèbe, au contraire, nia tout. Il furent envoyés
à la mort. Vint ensuite l'enquête sur le manteau royal. Les ouvriers torturés
déclarèrent avoir teint un corps de tunique sans manches. Sur cet indice, on
arrêta un nommé Maras, diacre chrétien dont on produisit une lettre à la
manufacture de Tyr. Torturé à mort, il ne révéla rien. La question fut aussi