CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence Chapitre IV Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence 95 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence 96 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence I. INTRODUCTION La durée de vie des porteurs est un paramètre électronique très important, d’une part pour évaluer la qualité cristalline des semiconducteurs et d’autre part pour déterminer le comportement des composants électroniques, notamment dans le cas de composants bipolaires. Dans le carbure de silicium cette durée de vie est courte (de l’ordre de la µs pour les meilleurs échantillons) on comparaison de celle dans le silicium (de l’ordre de la ms). Ceci est du à une concentration importante impuretés et en défauts intrinsèques qui agissent comme des pièges pour les porteurs ou comme des centres recombinants. La cartographie de ce paramètre sur plaque entière présente donc un double intérêt : premièrement l’analyse de l’homogénéité du paramètre qui peut être mise en corrélation avec les résultats électriques sur les composants, deuxièmement l’analyse de la répartition spatiale des défauts tueurs de durée de vie qui peut être corrélée aux conditions de croissance. Le dopage du semi-conducteur peut aussi être déterminé quantitativement par l’analyse du signale de photoluminescence. L’homogénéité de ce paramètre reste à l’heure actuelle difficile à maîtriser lors de la croissance cristalline ainsi qu’en CVD, en particulier pour les réacteurs horizontaux. Dans ce chapitre, nous présentons le principe de la détermination cartographique de la durée de vie effective des porteurs et du dopage. Le principe de cette technique est fondé sur les mesures de l’intensité de photoluminescence à différents niveaux d’excitation. La résolution de l’équation de diffusion ambipolaire va nous permettre de déterminer la distribution des porteurs excédentaires dans le volume et d’établir, par la suite, la relation entre l’intensité de photoluminescence et l’intensité d’excitation dans le cas d’un substrat et d’une couche épitaxiale. Dans chaque cas, cette relation contient un terme linéaire, qui dépend à la fois de la durée de vie et du dopage, et un terme quadratique, contrôlé essentiellement par la durée de vie. Ainsi, par comparaison de ces deux termes avec les variations mesurées de l’intensité de PL en fonction de l’intensité d’excitation, nous obtenons les valeurs de la durée de vie effective des porteurs et du dopage en chaque point de la surface de l’échantillon. 97 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence II. CALCUL DE L’INTENSITE DE PHOTOLUMINESCENCE II.1. Signal de photoluminescence Sous une excitation locale avec des photons ayant une énergie supérieure à l’énergie du gap du matériau, l’intensité du flux photonique décroît exponentiellement avec la distance parcourue (~ e-αz) où α est le coefficient d’absorption et z est la distance par rapport à la surface éclairée (loi de Lambert-Beer). L’absorption de ces photons induit des transitions électroniques entre la bande de valence et la bande de conduction ce qui conduit à la génération des électrons et des trous excédentaires. Le taux de génération optique des porteurs, par unité de volume et de temps, s’écrit sous la forme : G (z) = 1 ⋅ (1 − r ) ⋅ I 0 ⋅ α ⋅ e − α z θ (IV. 1) où : G(z) est le taux de génération des paires électron-trou à une profondeur z de la surface (s-1 cm-3) ; z est la profondeur par rapport à la surface (cm) ; r est le coefficient de réflexion pour la longueur d’onde d’excitation ; Io est la flux de photons d’excitation à la surface (photons .s-1) ; θ est la surface d’excitation (cm2). Les porteurs excédentaires ainsi générés peuvent se recombiner à la fois d’une manière radiative et non-radiative. La recombinaison radiative constitue le signal de photoluminescence. A température ambiante, le signal de photoluminescence est généralement dû à la recombinaison radiative bande à bande des électrons et des trous[1]. Le nombre de photons ainsi générés est donc proportionnel, en régime stationnaire, au produit des nombres de porteurs présents dans les bandes de conduction et de valence. L’expression de l’intensité du signal de PL détectée, dans le cas de l’approximation d’une diffusion unidimensionnelle des porteurs, est donnée par : 98 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence z1 I PL = C ⋅ B r ⋅ θ ⋅ ∫ [N + ∆ n(z) ][P + ∆ p(z)]dz (IV. 2.a) z2 où : IPL est l’intensité de PL détectée (photons.s-1) ; C est le coefficient de collection calculé pour l’appareil de mesure (chapitre II) ; Br est le coefficient de recombinaison radiative (cm-3.s-1). Ce coefficient est spécifique pour chaque semi-conducteur et exprime la probabilité d’une recombinaison radiative ; z est la profondeur (cm) ; z1 et z2 sont les limites respectivement inférieure et supérieure de la profondeur de la couche dont provient la photoluminescence (cm). N et P sont, respectivement, les concentrations de dopage type n et type p et donc les densités des électrons et des trous en équilibre thermodynamique à température ambiante (cm-3) ; ∆n(z) et ∆p(z) sont, respectivement, les concentrations des électrons et des trous excédentaires (cm-3) ; θ est la surface excitée (cm2). En tenant compte de la relation d’électro-neutralité (∆n = ∆p) et en négligeant le terme N.P, qui est égale à ni2, devant les autres termes, la relation (IV.2.a) devient dans le cas d’un matériau type n : z1 I PL = C ⋅ B r ⋅ θ ⋅ ∫ ∆ n(z) [N + ∆ n(z) ] dz (IV.2.b) z2 II.2. Différents mécanismes de recombinaison II.2.1. Recombinaison radiative 99 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence Un électron de la bande de conduction se recombine avec un trou de la bande de valence en émettant un phonon (chapitre II). Le taux de recombinaison radiative est donnée par : R r = B r ⋅ (N + ∆ n )⋅ (P + ∆ p ) (IV. 3) Selon les mêmes considérations que pour établir l’équation IV.2.b, nous pouvons écrire le taux de recombinaison radiative sous la forme réduite suivante : R r = B r ⋅ ∆ n ⋅ (N + P + ∆n ) (IV. 4) Le taux de recombinaison radiative peut aussi être exprimé par la relation suivante : Rr = ∆n τr (IV. 5) où τr est la durée de vie de recombinaison radiative. D’après les relations (IV.4) et (IV.5), la durée de vie radiative est inversement proportionnelle à la densité totale des porteurs : τr = 1 B r ⋅ (N + P + ∆ n ) (IV. 6) II.2.2. Recombinaison Shockley-Read-Hall (SRH) dans le volume Divers défauts dans le semi-conducteur sont à l’origine de la présence de niveaux profonds dans la bande interdite. Selon le modèle de Shockley-Read [2], en fonction du niveau énergétique introduit par ces défauts dans la bande interdite et de leur section efficace de capture des électrons et des trous, ils agissent comme des pièges pour les porteurs ou comme des centres de recombinaison non-radiative. Le taux de recombinaison SRH des porteurs dans le volume s’écrit : 100 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence R SRH = [ Vth ⋅ σ n ⋅ σ p ⋅ N T ⋅ (N + ∆ n )⋅ (P + ∆ p )− n i2 ⎛ σ p ⋅ ⎜ P+∆p + n i ⋅ e ⎜ ⎝ (E i − E T ) KT ] (E T − Ei ) ⎞ ⎛ ⎞ ⎟ + σ ⋅ ⎜ N +∆ n + n ⋅ e K T ⎟ n i ⎟ ⎜ ⎟ ⎠ ⎝ ⎠ (IV. 7) où : Vth est la vitesse thermique des porteurs (cm.s-1) ; σn est la section efficace de capture pour les électrons (cm2) ; σp est la section efficace de capture pour les trous (cm2) ; NT est la densité des centres recombinants (cm-3) ; ni est la densité intrinsèque des porteurs dans le matériau (cm-3) ; ET est le niveau d’énergie introduit par le défaut (eV) ; Ei est le niveau de Fermi intrinsèque (eV) ; Dans le cas où le niveau introduit par le défaut est proche du milieu de la bande interdite (cas d’un centre de recombinaison non-radiative), en tenant compte de la relation d’électroneutralité et pour un matériau type n, l’équation (IV.7) se simplifie : R SRH = Vth ⋅ σ n ⋅ σ p ⋅ N T ⋅ (N + ∆n ) σ p ⋅ ∆n + σ n ⋅ (N + ∆n ) d’après la relation R SRH = ⋅ ∆n (IV. 8) ∆n , l’expression de la durée de vie τSRH s’écrit : τ SRH ∆n ⎞ ⎛ ⎜ ⎟ σ 1 p N ⎜ ⎟ τ SRH = ⋅ 1+ ⋅ ∆n ⎟ Vth ⋅ σ p ⋅ N T ⎜ σ n 1+ ⎜ ⎟ N ⎠ ⎝ (IV. 9) La durée de vie Shockley-Read-Hall dans le volume (τSRH) est inversement proportionnelle à la densité des centres de recombinaison non-radiative (NT). Le mécanisme de recombinaison non-radiative SRH dans le volume est dominant dans la plupart des semi-conducteurs et est particulièrement important dans le cas des semi-conducteurs à gap indirect. 101 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence II.2.3. Recombinaison Auger Le mécanisme de recombinaison Auger est un processus de recombinaison bande à bande impliquant trois particules. Dans ce processus, l’énergie libérée par la recombinaison d’un électron avec un trou n’est pas émise sous forme d’un photon, comme dans le cas de la recombinaison radiative, mais elle est transmise à un autre porteur (électron ou trou) qui de cette façon est transféré à un niveau énergétique plus élevé. Le taux total de la recombinaison Auger est donné par Takeshima [3] : R A = Cn ⋅p⋅ n 2 + Cp ⋅n ⋅p2 (IV. 10) où : Cn et Cp sont respectivement les coefficients de recombinaisons Auger des trous et des électrons (cm6.s-1) ; n et p sont respectivement les densités totales des électrons et des trous (cm-3), n = N+∆n et p = P+∆p. d’après la relation R A = τA = ∆n , l’expression de la durée de vie Auger τA s’écrit : τA ∆n Cn ⋅p⋅ n + Cp ⋅n ⋅p2 (IV. 11) 2 Le mécanisme de recombinaison Auger est prépondérant dans le cas des matériaux fortement dopés ou lorsque la densité des porteurs excédentaires est très élevée (régime de forte injection). Du fait que ce processus est en compétition avec les autres processus de recombinaison, il peut réduire l’intensité de photoluminescence dans le cas où le taux de recombinaison Auger est du même ordre de grandeur que les taux des autres processus de recombinaison. Dans le tableau (IV.1), nous présentons les valeurs des coefficients de recombinaison Auger Cn et Cp pour les polytypes SiC-6H et SiC-4H. 102 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence SiC-6H SiC-4H Cn (cm6.s-1) 3,5.10-29 [4] 7.10-31 [5] [6] Cp (cm6.s-1) 3,5.10-29 [4] 7.10-31[6] Tableau IV. 1 :Coefficients de recombinaison Auger des électrons et des trous, à 300K, pour les deux principaux polytypes de SiC. II.2.4. Recombinaison en surface La discontinuité des liaisons atomiques et l’adsorption d’atomes étrangers entraînent l’apparition d’un grand nombre d’états d’énergie localisés et donc de centres de recombinaison non radiative à la surface d’un semi-conducteur. Dans le cas de la photoluminescence, la recombinaison en surface est un paramètre important puisque la majorité des porteurs excédentaires est générée prés de la surface. Selon le modèle de Shockley-Read, le taux de recombinaison à la surface pour un type de centre de recombinaison non radiative s’écrit : Rs = ( Vth ⋅σ n ⋅σ p ⋅N st ⋅ p s ⋅n s − n i2 ⎛ σ p ⋅⎜ p s + n i ⋅ e ⎜ ⎝ (Ei − E T ) KT ) (E T − E i ) ⎞ ⎛ ⎞ ⎟+ σ ⋅ ⎜ n + n ⋅ e K T ⎟ n s i ⎟ ⎜ ⎟ ⎠ ⎝ ⎠ (IV. 12) où : ns et ps sont les concentrations des électrons et des trous proches de la surface (cm-3) ; Nst est la densité des centres de recombinaison par unité de surface (cm-3) ; Rs est le taux de recombinaison à la surface (s-1.cm-2). La condition d’équilibre entre le volume et la zone de charge d’espace (ZCE) nous donne : n s ⋅n p = n ⋅p = (N + ∆n )( ⋅ P + ∆p ) = (N + P )⋅∆n + n i2 (IV. 13) Les centres recombinants les plus actifs se situent au milieu de la bande interdite, par conséquent, l’équation (IV.12) deviendra pour un matériau de type n : 103 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence R s = N st ⋅ Vth ⋅σ n ⋅σ p ⋅ N σ n ⋅ n s + σ p ⋅p s ⋅∆n (IV. 14) Le taux de recombinaison à la surface Rs s’écrit en fonction de la vitesse de recombinaison à la surface S : R s = ∆n ⋅S S = N st ⋅ (IV. 15) Vth ⋅ σ n ⋅σ p ⋅N (IV. 16) σ n ⋅n s + σ p p s La recombinaison à la surface entraîne l’apparition d’un gradient de concentration de porteurs excédentaires à proximité de la surface. Ce gradient de concentration donne naissance à un courant de diffusion j vers la surface qui s’écrit pour le cas des électrons : ⎛ ∂∆n ⎞ ⎟⎟ j = −e ⋅D ⋅⎜⎜ ⎝ ∂z ⎠ z = 0 (IV. 17) Le courant j peut aussi être exprimé par la relation suivante : j = e ⋅S⋅∆ n z = 0 (IV. 18) D’après les relations (IV.17) et (IV.18), on peut déterminer la condition à la surface qui sera utilisée pour la résolution de l’équation ambipolaire : ⎛ ∂∆n ⎞ ⎟⎟ = S⋅∆ n z = 0 D ⋅⎜⎜ ⎝ ∂z ⎠ z = 0 (IV. 19) II.3. Equation de diffusion ambipolaire Pour calculer l’intensité de PL (IPL), il est nécessaire de connaître la distribution en profondeur des porteurs excédentaires ∆n(z). En prenant en compte les taux de génération et 104 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence de recombinaison des porteurs excédentaires, ainsi que les densités des courants électriques des électrons et des trous, ∆n(z) peut être déterminé à partir des équations de continuité [réf] : → ∂n 1 = G − R + ⋅ div jn ∂t e pour les électrons (IV. 20) → ∂p 1 = G − R − ⋅ div jp ∂t e pour les trous (IV. 21) où : jn et jp sont les densités des courants des électrons et des trous (A.cm-2) ; e est la valeur absolue de la charge élémentaire d’un électron ou d’un trou, e = 1,6.10-19C. Les équations de continuité (IV.20) et (IV.21) deviennent en régime stationnaire : → 1 − ⋅ div jn = G − R e pour les électrons (IV. 22) → 1 ⋅ div jp = G − R e pour les trous (IV. 23) Par ailleurs, on peut exprimer les densités de courant jn et jp par les relations suivantes : → → → → → → jn = n ⋅ e⋅µ n ⋅E −e⋅D n ⋅grad (n) (IV. 24) jp = p ⋅ e⋅µ p ⋅E −e⋅D p ⋅grad (p) (IV. 25) où : n est la concentration totale des électrons dans la bande de conduction, n = N + ∆n ; p est la concentration totale des trous dans la bande de valence, p = P + ∆p ; → → → → E est le champ électrique total, E = Eint + E ext ; → E int est le champ électrique dû à la différence de mobilité entre électrons et trous ; → E ext est le champ électrique extérieur ; µn et µp sont les mobilités des électrons et des trous ; 105 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence Dn et Dp sont les coefficients de diffusion des électrons et des trous liés aux mobilités par la relation d’Einstein : Dn = k ⋅T ⋅µ n e (IV. 26) Dp = k ⋅T ⋅µ p e (IV. 27) où : k est la constante de Boltzmann, k = 1,38.10-23 J.K-1 ; T est la température absolue (K). En introduisant les relations (IV.24) et (IV.25) dans les relations de continuités (IV.22) et (IV.23), nous obtenons : → → ∂n ∂ 2n ∂E Dn ⋅ 2 + µ n ⋅n ⋅ + µ n ⋅E ⋅ + G − R = 0 ∂z ∂z ∂ z (IV. 28) → → ∂p ∂2p ∂E Dp ⋅ 2 −µ p ⋅p⋅ − µ p ⋅E ⋅ + G − R = 0 ∂z ∂z ∂ z (IV. 29) En absence d’un champ électrique extérieur, nous pouvons considérer que localement, la relation d’électro-neutralité est conservée[7], ce qui signifie : (IV. 30) ∆n(z) = ∆p(z) Nous introduisons les notations suivantes [7] : D∗ = µ* = D n ⋅D p ⋅ (n + p) (IV. 31) n⋅D n + p⋅ D p µ n ⋅µ p ⋅ (p − n) (IV. 32) p ⋅ µ p + n ⋅µ n où : D* est appelé constante de diffusion ambipolaire ; 106 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence µ* est appelée mobilité ambipolaire. En utilisant les relations (IV.29), (IV.30), (IV.31) et (IV.32), on aboutit à l’équation de diffusion ambipolaire en régime stationnaire : → ∂ 2∆n ∂∆ n D ⋅ 2 + µ * ⋅E ext ⋅ +G −R =0 ∂z ∂ z * (IV. 33) En absence de champ électrique extérieur, l’équation de diffusion ambipolaire devient : ∂ 2 ∆ n ∆ n (1− r) D ⋅ 2 − + ⋅α⋅I 0 ⋅e − α ⋅z = 0 θ ∂ z τ eff * (IV. 34) avec : 1 τ eff = 1 1 + τ r τ nr (IV. 35) où : τnr est la durée de vie non-radiative ; τeff est la durée de vie effective. II.4. Résolution de l’équation de diffusion ambipolaire A partir de l’équation de diffusion ambipolaire, nous pouvons déterminer la distribution de porteurs excédentaires dans le volume et effectuer le calcul de l’intensité de PL par la relation (IV.2). Cependant, l’équation (IV.34) est une équation différentielle du second ordre de type non-linéaire puisque le coefficient de diffusion ambipolaire D* et la durée de vie effective τeff dépendent localement de la concentration des porteurs excédentaires ∆n et donc de la profondeur z. Pour linéariser cette équation, nous introduisons les hypothèses suivantes : - la durée de vie effective dans le matériau est contrôlée par la durée de vie nonradiative supposée constante et indépendante de la concentration des porteurs excédentaires : 107 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence τeff ≈ τnr ce qui signifie τnr<<τr et τnr ≈ constant (IV. 36) - le coefficient de diffusion ambipolaire D* est considéré constant et pratiquement égal au coefficient de diffusion des porteurs minoritaire. Dans le cas d’un matériau de type N, on obtient : D* ≈ Dp = D (IV. 37) En prenant en compte les hypothèses (IV.36) et (IV.37), l’équation de diffusion ambipolaire (IV.34) peut s’écrire sous la forme d’une équation différentielle du second ordre de type linéaire : D⋅ d 2 ∆ n ∆ n (1− r) − + ⋅α⋅I 0 ⋅e − α ⋅z = 0 2 θ d z τ nr (IV. 38) II.4.1. Cas d’un substrat Pour résoudre l’équation de diffusion ambipolaire (IV.38) dans la cas d’un substrat, nous supposons les conditions aux limites suivantes : - profondément dans le matériau, la concentration des porteurs excédentaires est nulle : (IV. 39) ∆n (z → ∞) = 0 - à la surface du semi-conducteur, les porteurs excédentaires se recombinent à la vitesse S : D d∆ n (z) ⎞ ⎟ = S⋅ ∆ n (z =0) d z ⎟⎠ z = 0 (IV. 40) 108 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence A partir des relations (IV.38), (IV.39) et (IV.40), on peut déduire le profil de distribution des porteurs excédentaires : ∆ n (z) = α⋅τ nr ⋅ (1 − r)I 0 (1−α 2 ⋅ L2 ) ⋅θ ⎡ L⋅(1+ α⋅L s ) − Lz ⎤ ⋅ ⎢e − α ⋅ z − ⋅e ⎥ L+ L s ⎣ ⎦ (IV. 41) où : L est la longueur de diffusion des porteurs minoritaires dans le volume, L = D ⋅ τ nr ; Ls est la longueur définie par la relation : L s = D . S En introduisant ainsi l’expression de la distribution des porteurs excédentaires (IV.41) dans la relation (IV.2), on aboutit à l’expression de d’intensité de PL en fonction de l’intensité d’excitation : I PL = A⋅I 0 + B⋅I 02 (IV. 42) 1⎤ ⎡ Ls + ⎥ ⎢ (1− r) α A = C⋅B r ⋅N⋅τ nr ⋅ ⋅⎢1−(α⋅L) 2 ⋅ ⎥ L+L s ⎥ 1−(α⋅L) 2 ⎢ ⎣⎢ ⎦⎥ (IV. 43) 2 ⎡ ⎞ ⎛1 ⎞ ⎤ 2⎛ 1 2 L ⎜ +Ls ⎟ ⎜ +L ⎟ ⎥ ⎢ τ 2nr α 2 ⋅(1− r) 2 ⎢ 1 α 2 ⋅L3 ⎝ α s ⎠ ⎥ 1 α ⎝ ⎠ B = C⋅B⋅ ⋅ ⋅ − ⋅ + ⋅ 1 θ (1−α 2 ⋅L2 ) 2 ⎢ 2 α L+L s 2 (L + L s )2 ⎥ +L ⎢ ⎥ α ⎢⎣ ⎥⎦ (IV. 44) avec : Selon l’expression (IV.42), l’intensité de PL contient un terme linéaire et un terme quadratique en fonction de l’intensité d’excitation Io. Le terme linéaire (coefficient A) est fonction de la durée de vie non-radiative des porteurs dans le volume (τnr), de la concentration du dopage (N ou P) et de la vitesse de recombinaison en surface (S). Le terme quadratique (coefficient B) dépend des deux paramètres τnr et S. 109 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence II.4.2. Cas d’une couche épitaxiale Dans le cas d’un substrat, la résolution de l’équation de diffusion ambipolaire nous a permis de déduire l’expression du profil des porteurs excédentaires en fonction de la profondeur et, par la suite, l’expression de l’intensité de PL en fonction de l’intensité d’excitation. Nous pouvons aussi déterminer la distribution des porteurs excédentaires et l’expression de l’intensité de PL dans le cas d’une couche épitaxiale d’épaisseur d. Pour résoudre l’équation de diffusion (IV.38), nous considérons les conditions aux limites aux deux interfaces de la couche : D d ∆ n (z) ⎞ ⎟ = S1 ⋅∆ n (z =0) d z ⎟⎠ z = 0 (IV. 45) D d ∆ n (z) ⎞ ⎟ = − S 2 ⋅∆ n (z =d) d z ⎟⎠ z = d (IV. 46) où : S1 est la vitesse de recombinaison des porteurs en surface ; S2 est la vitesse de recombinaison des porteurs à l’interface. En prenant en compte les deux conditions aux limites (IV .45) et (IV.46), et à partir de l’équation de diffusion ambipolaire (IV.38), on peut déduire le profil des porteurs excédentaires ∆n(z) : ⎛ z⎞ ⎛z⎞ ∆ n (z) = n 1 ⋅ exp⎜ − ⎟ + n 2 ⋅ exp ⎜ ⎟ + n 3 ⋅ exp (−α⋅z ) ⎝ L⎠ ⎝L⎠ où : n3 = α⋅τ nr ⋅(1− r)⋅I 0 (1−α 2 ⋅L2 )⋅θ 110 (IV. 47) CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence (S1 + α⋅D )⋅ ⎛⎜ S 2 − D ⎞⎟⋅ exp⎛⎜ − d ⎞⎟ − ⎛⎜ S1 + D ⎞⎟⋅(S 2 − α⋅D )⋅exp(− α ⋅ d ) n2 = n3⋅ L⎠ L⎠ ⎝ ⎝ L⎠ ⎝ D⎞⎛ D⎞ D⎞⎛ D⎞ ⎛ ⎛d⎞ ⎛ ⎛ d⎞ ⎜ S1 + ⎟⋅⎜ S 2 + ⎟⋅exp⎜ ⎟ − ⎜ S1 − ⎟⋅⎜ S 2 − ⎟⋅exp⎜ − ⎟ L⎠⎝ L⎠ L⎠⎝ L⎠ ⎝ ⎝L⎠ ⎝ ⎝ L⎠ (S1 + α⋅D )⋅ ⎛⎜ S 2 + D ⎞⎟⋅ exp⎛⎜ d ⎞⎟ − ⎛⎜ S1 − D ⎞⎟⋅(S 2 − α⋅D )⋅exp(− α ⋅ d ) n1 = − n 3 ⋅ L⎠ L⎠ ⎝ ⎝L⎠ ⎝ D⎞⎛ D⎞ D⎞⎛ D⎞ ⎛ ⎛d⎞ ⎛ ⎛ d⎞ ⎜ S1 + ⎟⋅⎜ S 2 + ⎟⋅exp⎜ ⎟ − ⎜ S1 − ⎟⋅⎜ S 2 − ⎟⋅exp⎜ − ⎟ L⎠⎝ L⎠ L⎠⎝ L⎠ ⎝ ⎝L⎠ ⎝ ⎝ L⎠ En introduisant l’expression (IV.47) du profil des porteurs excédentaires dans la relation (IV.2), on aboutit à l’expression de l’intensité de PL en fonction de l’intensité d’excitation. Nous obtenons alors : I PL = A⋅I 0 + B⋅I 02 (IV. 48) avec : A = C⋅B r ⋅N⋅ α ⋅ τ nr ⋅ (1− r ) ⎡ ⎛ ⎛d⎞ ⎛ d ⎞ ⎞ 1− exp(− α ⋅ d ) ⎤ ⋅ ⎢L (k 1 − k 2 )+ L ⎜⎜ k 2 ⋅ exp⎜ ⎟ − k 1 ⋅ exp⎜ − ⎟ ⎟⎟+ ⎥ 2 2 α 1− α ⋅L ⎣ ⎝ L ⎠⎠ ⎝L⎠ ⎝ ⎦ ( ) 2 ⎡ k12 ⋅ L ⎛ ⎤ ⎛ 2d ⎞ ⎞ k 2 ⋅L ⎛ ⎛ 2d ⎞ ⎞ ⎜ ⎟ ⎜⎜ exp⎜ ⎟ − 1⎟⎟ − − + 1 exp ⎜ ⎟ ⎢ ⎥ ⎜ ⎟ 2 ⎝ ⎝ L ⎠⎠ ⎝ L⎠ ⎠ ⎢ 2 ⎝ ⎥ 2 ⎢ 2 2 α ⋅ τ nr ⋅ (1− r ) L ⎛ ⎛ d (1+ α⋅L ) ⎞ ⎞ ⎥⎥ ⎢ ⎜1 − exp⎜ − ⋅ + 2 k1 ⋅ k 2 ⋅ d + 2 k1 ⋅ B = C⋅B r ⋅ ⎟ ⎟⎟ 2 1 + α⋅L ⎜⎝ L ⎢ ⎝ ⎠⎠ ⎥ 1− α 2 ⋅L2 ⎢ ⎥ ⎢+ 2 k ⋅ L ⎛⎜ exp⎛⎜ d (1−α⋅L ) ⎞⎟ −1⎞⎟ + 1 − exp (− 2α⋅d ) ⎥ 2 ⎟ ⎢ ⎥ 1−α⋅ L ⎜⎝ L 2α ⎝ ⎠ ⎠ ⎣ ⎦ ( ) où : n 1 = k 1 ⋅n 3 et n 2 = k 2 ⋅n 3 La partie linéaire de l’expression (IV.48) de l’intensité de PL (coefficient A) d’une couche épitaxiale dépend des quatre paramètres N (ou P), τnr et de S1 et S2. la partie 111 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence quadratique (coefficient B) dépend de τnr et de S1 et S2. Notons aussi que l’épaisseur (d) de la couche épitaxiale intervient dans les expressions des deux coefficients A et B. Celle-ci devra être connue et considérée comme homogène pour tout l’échantillon. II.5. Influence de la vitesse de recombinaison de surface sur l’intensité de PL Selon l’expression (VI.48), l’intensité de PL d’une couche épitaxiale dépend de la vitesse de recombinaison des porteurs en surface S1 et de la vitesse de recombinaison à l’interface S2. Dans ce paragraphe, nous étudions les variations du signal de photoluminescence en fonction de S1. Pour le calcul de l’intensité de PL, nous utilisons les données numériques suivantes : D = 5 cm2.s-1 [8], α = 1,45.104 [9], S2 = 1.103 cm.s-1 [6], I0 = 1.1014 photons.s-1 et N = 1.1014 cm-3. Jusqu’à présent, aucun travail indiquant la valeur du coefficient de recombinaison radiative Br n’a été publié excepté celui de Galeckas [6]. Ce dernier a utilisé les données expérimentales et l’équation : τ −1 = γ 1 + γ 2 ∆ n + γ 3 ∆ n 2 pour déterminer les valeurs des coefficients γ1, γ2 et γ3. γ1 est le taux de recombinaison de Shockley-Read-Hall, γ3 représente le taux de la recombinaison Auger et γ2 un paramètre dû, non seulement aux recombinaisons radiatives bande à bande, mais aussi aux recombinaisons Auger. Par conséquent, γ2 ne peut pas être considéré égal à Br. De plus, si on compare la valeur de γ2 = 1,5.10-12 cm3.s-1 à celles de Br pour les semiconducteurs à gap indirect tels que le Si et Ge, on trouve une différence de deux ordres de grandeur. Pour ces raisons, on utilisera pour nos calculs la valeur du coefficient de recombinaisons radiatives du Si : Br = 1,1.10-14cm3.s-1 [10]. Les figures VI.1, VI.2 et VI.3 présentent les variations du signal de photoluminescence en fonction de S1 pour différentes valeurs de la durée de vie non radiative et pour trois épaisseurs différentes de la couche (5 µm, 10 µm et 20 µm). D’une manière générale, l’intensité de PL reste quasiment constante aussi bien pour les faibles que pour les fortes valeurs de S1. Tant que la valeur de S1 est inférieure à 102 cm.s-1, l’influence des 112 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence variations de S1 sur l’intensité du signal de PL reste négligeable et la valeur de IPL reste pratiquement constante. Au delà de la valeur de S1 égale à 106 cm.s-1, l’intensité de PL est de nouveau saturée et atteint sa valeur minimale. Le signal de PL n’est donc sensible aux effets de surface que pour des valeurs de S1 comprises entre 102 cm.s-1 et 106 cm.s-1. Dans cet intervalle, l’intensité de PL diminue lorsque S1 augmente. De plus, l’influence de S1 sur le signal de PL augmente avec la durée de vie non radiative et devient plus importante pour des épitaxies peu épaisses. Les figures VI.4, VI.5 et VI.6 présentent les variations de l’intensité de photoluminescence en fonction de S1 et S2 pour trois épaisseurs différentes de la couche (5 µm, 15 µm et 40 µm). On constate que l’influence de S1 sur l’intensité de PL diminue lorsque S2 augmente. De plus, les variations de l’intensité de PL en fonction de S2 deviennent pratiquement négligeables pour des épitaxies de fortes épaisseurs. Ceci est tout à fait logique, plus l’épitaxie est épaisse moins la luminescence est sensible à l’interface épitaxie/susbtrat. Elle sera même totalement indépendante de S2 si l’épaisseur de l’épitaxie est supérieure à la longueur de diffusion des porteurs photogénérés. figure IV. 1 : Variation de l’intensité de PL en fonction de la vitesse de recombinaison en surface S1 pour différentes valeurs de la durée de vie non-radiative (e = 5 µm). 113 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence figure IV. 2 : Variation de l’intensité de PL en fonction de la vitesse de recombinaison en surface S1 pour différentes valeurs de la durée de vie non-radiative ( e= 10 µm). figure IV. 3 : Variation de l’intensité de PL en fonction de la vitesse de recombinaison en surface S1 pour différentes valeurs de la durée de vie non-radiative (e = 20 µm). 114 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence figure IV. 4 : Variation de l’intensité de PL en fonction de la vitesse de recombinaison en surface S1 pour différents valeurs de S2 (e =5 µm). figure IV. 5 : Variation de l’intensité de PL en fonction de la vitesse de recombinaison en surface S1 pour différents valeurs de S2 (e =15 µm). 115 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence figure IV. 6 : Variation de l’intensité de PL en fonction de la vitesse de recombinaison en surface S1 pour différents valeurs de S2 (e = 40 µm). III. DISCUSSION DE LA VALIDATION DES HYPOTHESES Dans ce paragraphe, nous allons discuter la validité des hypothèses simplificatrices (IV.36) et (IV.37) utilisées pour aboutir à l’équation de diffusion ambipolaire de type linéaire (IV.38). III.1. Hypothèse concernant la duré de vie III.1.1. La durée de vie effective dans le matériau est contrôlée par la durée de vie non-radiative (τeff ≈ τnr) 116 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence Le taux de recombinaison total prend en compte tous les processus de recombinaison. La durée de vie effective dépend à la fois de la durée de vie radiative et de la durée de vie non-radiative (IV.35). L’expression (IV.35) peut s’écrire sous la forme : τ eff ⎛ ⎜ 1 = τ nr ⋅ ⎜ ⎜ τ nr ⎜ 1+ τr ⎝ ⎞ ⎟ ⎟ ⎟ ⎟ ⎠ D’après (IV.49), plus le rapport (IV. 49) τ nr est faible, plus la valeur de τeff est proche de celle de τnr. τr Pour vérifier la validité de l’hypothèse il faut disposer des valeurs de τr en fonction de la concentration des porteurs excédentaires et pour différentes valeurs du dopage du matériau. Comme nous l’avons vu au paragraphe précédent, la durée de vie radiative est inversement proportionnelle à la densité totale des porteurs (IV.6). Pour un semi-conducteur de type n, on obtient : τr = 1 B r ⋅ (N + ∆ n ) (IV. 50) La durée de vie radiative dépend donc de la densité des porteurs excédentaires et du dopage du matériau. La figure (IV.7) présente la variation de la durée radiative en fonction de la densité des porteurs excédentaires pour plusieurs valeurs de dopage N. Nous observons que pour les deux régimes, faible et forte injection (∆n <<N et ∆n >> N), les valeurs de τr sont très élevées par rapport aux celles de τnr répertoriées dans la littérature pour le SiC [11,12]. Les courbes montrent aussi, qu’en régime de forte injection, τr décroît rapidement en fonction de la densité des porteurs excédentaires et donc de l’intensité d’excitation. La valeur de τr est généralement très grande par rapport à celle de τnr et, par conséquent, l’influence de τr sur τeff peut être négligée et l’hypothèse (IV.35) reste valable. 117 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence Figure (IV. 7) : Durée de vie radiative en fonction de la densité de porteurs excédentaire pour plusieurs valeurs du dopage. III.1.2. La durée de vie non-radiative est indépendante de la concentration des porteurs a- Modèle de Shokley-Read-Hall Selon le modèle Shokley-Read-Hall (paragraphe II.2.2), la durée de vie non-radiative est en fonction de la concentration des porteurs excédentaires et donc de l’intensité d’excitation. D’après l’expression (IV.9), pour déterminer τnr, il faut tenir compte du niveau d’excitation et du rapport des sections efficaces de capture pour différents centres recombinaison non-radiative dans le matériau. Dans la pratique, il est difficile de déterminer τnr puisqu’on ne dispose pas de toutes ces données avec suffisamment de précision. Par ailleurs, dans les conditions où la valeur de la densité des porteurs est proche de celle du 118 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence dopage et dans le cas des centres de recombinaison parfaits (σn = σp), l’équation (IV.9) s’écrit : τ SRH = 2 1 3 Vth ⋅ σ p ⋅ N T (IV. 51 a) Dans les conditions de faible injection (N>>∆n) ou de forte injection (N<<∆n), l’équation (IV.9) s’écrit : τ SRH ≈ 1 Vth ⋅ σ p ⋅ N T (IV. 52 b) En général, dans le cas des centres de recombinaison parfaits, la durée de vie nonradiative peut être considérée constante et indépendante de la concentration des porteurs excédentaires et par conséquent l’hypothèse (IV.36) est valable. Cependant, dans le cas où σp / σn>>1, les variations de la durée de vie non-radiative en fonction de ∆n peuvent être très importantes et l’hypothèse (IV.36) n’est plus valable. b- Effet Auger Le mécanisme de recombinaison Auger est typiquement observé dans les semiconducteurs à gap indirect lorsque le dopage devient élevé. Dans ce cas, la durée de vie nonradiative, pour un matériau de type n, s’écrit [5,6] : τA = 1 5⋅10 − 31 (IV. 53) ⋅N 2 D’après la relation (IV.52), la durée de vie non-radiative Auger dépend uniquement du dopage. Lorsque ce dernier est élevé, le taux de recombinaison Auger est généralement plus important devant le taux de recombinaison total. Le processus Auger reste négligeable dans le cas des matériaux non fortement dopés. Il devient prépondérant dans les matériaux fortement dopés. Dans ce cas, la durée de vie nonradiative Auger peut être considérée indépendante de la concentration des porteurs excédentaires. 119 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence III.2. Hypothèse concernant le coefficient de diffusion ambipolaire Pour résoudre l’équation de diffusion ambipolaire (IV.34), nous avons approché le coefficient de diffusion ambipolaire défini par la relation (IV.31), par le coefficient de diffusion des porteurs minoritaires (expression (IV.37)). Dans le cas d’un matériau de type n et en tenant compte de relation d’électro-neutralité et du fait que Dn >> Dp [13] on obtient : ⎛ ∆n ⎞ ⎟⎟ D ∗ = D p ⋅ ⎜⎜1 + ⎝ N + ∆n ⎠ (IV. 54) Dans le cas du régime de faible injection (N>>∆n), l’hypothèse (IV.37) reste valable. Dans le cas où la concentration des porteurs excédentaires est égale à celle du dopage, on obtient d’après (IV.53) : D∗ − D p D∗ ≈ 33 % (IV. 55) Dans le cas de régime de forte injection (N << ∆n), on obtient : D ∗ ≈ 2 D p . En résumé, dans le cas d’un matériau de type n, l’hypothèse (IV.37) reste valable dans le cas d’injection faible et dans le cas où la concentration des porteurs excédentaires devient de même ordre de grandeur que celle dopage. Dans le cas de forte injection, D ∗ sera remplacée par 2 D p . Lorsqu’il s’agira de cas intermédiaires, autres que les trois cas cités précédemment, l’hypothèse ne sera plus valable et l’équation de type non-linéaire (IV.34) nécessitera une résolution numérique. 120 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence IV. RESULTATS EXPERIMENTAUX L’objectif de ce paragraphe est d’appliquer et valider la technique de cartographie de la durée de vie des porteurs dans le volume et du dopage dans le cas des substrats et de couches épitaxiales SiC. Cette technique, décrite dans le paragraphe précédent, est fondée sur les mesures cartographiques de l’intensité de photoluminescence à différents niveaux d’excitation. IV.1. Préparation des échantillons Rappelons que le signal de PL est sensible aux effets de surface sur une plage précise de valeurs de vitesse de recombinaison de surface S1 (paragraphe II.5.). Afin d’homogénéiser la valeur de S1 sur la totalité de la surface et d’éliminer les impuretés en surface ainsi que la couche d’oxyde natif, les échantillons ont été nettoyés selon la procédure suivante : - Dégraissage de la surface dans trois bains successifs sous ultrasons de trichloréthylène, acétone et ethanol ; - Nettoyage CARO (solution H2SO4 : H2O2) pendant 10 minutes ; - HF dilué à 40 % pendant 2 minutes pour enlever la couche d’oxyde en surface. Chaque étape est suivie d’un rinçage à l’eau désionisée et d’un séchage à l’azote. Le nettoyage de la surface de l’échantillon ne modifie pas les propriétés du volume mais plutôt change la vitesse de recombinaison de surface : il permet de baisser sa valeur et de l’homogénéiser sur la totalité de la surface. Ainsi, nous pouvons considérer que S1 reste constante sur toute la surface de l’échantillon et seuls la durée de vie et le dopage peuvent varier et engendrer des inhomogénéités spatiales de la photoluminescence. 121 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence IV.2. Etude de substrats L’échantillon étudié est un substrat 4H-SiC en provenance de l’entreprise CREE RESEARCH, sa concentration de porteurs est égale à 4.1018 cm-3. La figure IV.8 montre le spectre de luminescence à température ambiante obtenu pour le substrat CREE : le spectre est dominé par un pic intense à 3,17 eV dû aux recombinaisons de bord de bande [14] ainsi qu’une large bande centrée à 2,48 eV associée aux Intensité de PL (u.a.) recombinaisons des électrons libres sur le niveau profond accepteur du bore [15]. Longueur d’onde (nm.) figure IV. 8 : Spectre de photoluminescence à température ambiante du substrat 4H-SiC (4.1018 cm-3). La figure IV.9 montre une cartographie de l’intensité de PL intégrée effectuée sur une zone de 100 µm × 100 µm contenant une dislocation. Sur la même zone, nous avons effectué des mesures cartographiques de PL à différents niveaux d’excitation. La figure IV.10 présente les variations de l’intensité de PL en fonction de l’intensité d’excitation pour deux points P1 et 122 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence P2 choisis sur la cartographie. Le point P1 est choisi dans une zone de forte intensité de PL, attribuée à la présence d’une dislocation, alors que le point P2 est situé dans une zone de faible intensité de PL. 100 80 Y (µm) 60 P × 1 × 1.963 1.825 1.688 1.550 1.413 1.275 1.138 1.000 P2 40 --------- 2.100 1.963 1.825 1.688 1.550 1.413 1.275 1.138 20 0 0 20 40 60 80 100 X (µm) Figure IV. 9: Cartographie de l’intensité de PL intégrée d’une zone de 100 µm × 100 µm contenant une dislocation. 123 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence 6 5,0x10 P1 6 Intensité de PL (photons/s) 4,5x10 6 4,0x10 6 3,5x10 6 3,0x10 P2 6 2,5x10 6 2,0x10 6 1,5x10 6 1,0x10 5 5,0x10 13 5,0x10 14 1,0x10 14 1,5x10 14 2,0x10 14 2,5x10 Intensité d'excitation (photons/s) Figure IV. 10 : l’intensité de PL en fonction de l’intensité d’excitation pour les deux points P1 et P2 choisis sur la figure IV.10. On observe (figure IV.10) une variation totalement linéaire de l’intensité de PL (IPL) en fonction de l’intensité d’excitation (I0). La contribution du régime quadratique à l’intensité de PL est indétectable dans notre cas. En effet, le seuil de forte injection qui induit le régime quadratique dépend fortement du dopage, il se produit pour des densités d’excitation d’autant plus grandes que le dopage est grand. Les densités d’excitation utilisées avec notre banc de mesure sont faibles pour apercevoir le régime quadratique dans le cas des substrats SiC étant donnés leurs forts dopages. Dans ce cas, pour déterminer la durée de vie, on peut considérer la partie linéaire de l’expression de l’intensité de PL en fonction de l’intensité d’excitation donnée par l’équation (IV.42) : I PL 1⎤ ⎡ Ls + ⎥ ⎢ (1− r) α .I = C⋅B r ⋅N⋅τ nr ⋅ ⋅⎢1−(α⋅L) 2 ⋅ ⎥ 0 L+ L s ⎥ 1−(α⋅L) 2 ⎢ ⎦⎥ ⎣⎢ 124 (IV. 56) CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence D’autre part, le mécanisme de recombinaison Auger devient prépondérant dans le cas des matériaux fortement dopés et la durée de vie effective des porteurs excédentaires est contrôlée par le processus Auger. La durée de vie non-radiative due à l’effet Auger, dans le cas d’un matériau de type n, est donnée par la relation suivante : τ nr = 1 5.10 −31 (IV. 57) . N2 A partir des deux relations (IV.56) et (IV.57), nous pouvons déterminer à la fois les valeurs de τnr et de N. La figure IV.10 montre aussi que la pente de la courbe IPL en fonction de I0 déterminée dans le cas du point P1 est plus grande que celle obtenue dans le cas du point P2. Cette différence est due aux variations de la durée de vie non-radiative (τnr) des porteurs étant donnée que la pente est fonction essentiellement de τnr. En effet, le point P1 a été choisi au voisinage d’une dislocation où la concentration de centres recombinants est moins importante (chapitre III), cela se traduit par une augmentation de la durée de vie effective des porteurs. En procédant de la même façon pour chaque point de la cartographie de l’intensité de PL de la plaque entière, nous avons déterminé les cartographies de la durée de vie et du dopage. Les figures IV.11.a, b et c montrent, respectivement, les cartographies de PL intégrée, de la durée de vie et du dopage du substrat. On observe d’une part une corrélation entre les variations de l’intensité de PL et celles de la durée de vie des porteurs et d’autre part une anticorrélation avec celles du dopage : l’augmentation (ou diminution) du dopage implique une diminution (ou augmentation) de la durée de vie effective des porteurs [16] qui contrôle par la suite les variations de l’intensité de PL. La figure IV.11.b montre une augmentation radiale et vers le centre de la durée de vie : la qualité cristalline est meilleure sur la partie centrale du substrat que sur les bords. On note que les valeurs de la durée de vie obtenues sont conformes à celles répertoriées dans la littérature. On observe aussi, sur la cartographie du dopage (figure IV.11.c), un gradient de concentration en azote dirigé vers les bords de la plaque. 125 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence 48 44 IPL (u.a.) 40 0.4038 0.3925 0.3812 0.3700 0.3588 0.3475 0.3362 0.3250 0.3138 0.3025 0.2913 0.2800 36 32 Y (mm) 28 24 20 16 12 8 ------------- 0.4150 0.4038 0.3925 0.3812 0.3700 0.3588 0.3475 0.3362 0.3250 0.3138 0.3025 0.2913 4 0 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 X (mm) Figure IV.11.a : Cartographie de PL intégrée du substrat 4H-SiC. 48 44 40 Durée de vie (s) 36 2.312E-8 -- 2.5E-8 2.125E-8 -- 2.312E-8 1.938E-8 -- 2.125E-8 1.75E-8 -- 1.938E-8 1.562E-8 -- 1.75E-8 1.375E-8 -- 1.562E-8 1.188E-8 -- 1.375E-8 1E-8 -- 1.188E-8 32 Y (mm) 28 24 20 16 12 8 4 0 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 X (mm) Figure IV.11.b : Cartographie de durée de vie du substrat 4H-SiC. 126 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence 48 44 40 -3 Dopage (cm ) 36 1.275E19 -- 1.4E19 1.15E19 -- 1.275E19 1.025E19 -- 1.15E19 9E18 -- 1.025E19 7.75E18 -- 9E18 6.5E18 -- 7.75E18 5.25E18 -- 6.5E18 4E18 -- 5.25E18 32 Y (mm) 28 24 20 16 12 8 4 0 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 X (mm) Figure IV.11.c : Cartographie du dopage du substrat 4H-SiC IV.3. Etude d’épitaxies La figure IV.12.a présente les variations de l’intensité de PL (IPL), à 392 nm ce qui correspond au maximum du pic de bord de bande, en fonction de l’intensité d’excitation (I0) pour deux points, P1 et P2, d’une épitaxie 4H-SiC en provenance du LETI-CEA, d’épaisseur 60 µm et de dopage résiduel de moins de 1013 cm-3. Pour les deux points, la caractéristique IPL en fonction de I0 est proche d’une parabole. Par ailleurs, on constate que IPL est plus élevée pour le point P1 que pour le point P2. Nous avons tracé les courbes de l’intensité de PL normalisée par rapport à l’intensité d’excitation (IPL/I0) en fonction de I0. la figure IV.12.b illustre les variations de la caractéristique IPL/I0 en fonction de I0 pour les deux points P1 et P2. 127 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence 5 P1 5x10 5 -1 IPL (photons.s ) 4x10 5 3x10 P2 5 2x10 5 1x10 0 13 4,0x10 13 13 6,0x10 14 8,0x10 14 1,0x10 14 1,2x10-1 1,4x10 I0 (photons.s ) 14 1,6x10 14 1,8x10 -9 3,0x10 P1 -9 2,5x10 -9 IPL/I0 2,0x10 P2 -9 1,5x10 -9 1,0x10 -10 5,0x10 13 6,0x10 13 8,0x10 14 1,0x10 14 1,2x10 14 1,4x10 -1 14 1,6x10 14 1,8x10 I0 (photons.s ) Figure IV. 12 : a) Intensité de PL en fonction de I0 et b) Intensité de PL normalisée par rapport à I0 (IPL/I0) en fonction de I0, pour les deux points P1 et P2 d’une épitaxie 4H-SiC. 128 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence La caractéristique IPL/I0 en fonction de I0 est linéaire et son intersection avec l’axe des ordonnées est différente de 0. Cela prouve la contribution des deux régimes linéaire et quadratique dans le signal de PL. Par ailleurs, on constate que la pente déterminée dans le cas du point P1 est plus grande que celle déterminée dans le cas du point P2, cela indique des variations de la durée de vie non-radiative des porteurs étant donné que la pente est fonction essentiellement de τnr. Les durées de vie obtenues, à partir de la pente et de la relation (IV.48), pour les deux points P1 et P2 sont respectivement 300 ns et 220 ns. Des mesures de photoluminescence résolues en temps ont été effectuées pour évaluer la durée de vie des porteurs minoritaires et confirmer la validité de la technique de détermination de la durée de vie effective des porteurs par imagerie de PL. Le principe de la technique de la photoluminescence résolue en temps consiste à exciter l’échantillon avec des impulsions, à la fin de l’excitation, on va observer la décroissante dans le temps de l’intensité de luminescence : I = exp(-t/τ). Ainsi, en traçant le logarithme de l’intensité en fonction du temps on peut remonter à la durée de vie τ. Les mesures se font à température ambiante sur la luminescence de la transition bande à bande. Dans notre cas, nous avons utilisé un laser pulsé émettant à 266 nm avec une durée d’un pulse de 12 ns et une fréquence de répétition de 20 Hz. La valeur moyenne de la durée de vie effective obtenue par cette méthode est de l’ordre de 300 ns. On note ainsi, le bon accord entre les valeurs obtenues à partir des deux techniques, ce qui confirme la validité de la nouvelle méthode. La figure IV.13 montre la cartographie de la durée de vie effective des porteurs pour une épitaxie 4H-SiC en provenance de l’université de Linköping (Suède), d’épaisseur 40 µm et de dopage N = 1,3.1015 cm-3. On observe une zone décentrée où la durée de vie est plus importante ainsi qu’une baisse graduelle de durée de vie dirigée vers les bords de la plaque. Cette baisse sur la périphérie de l’échantillon semble plus importante sur un coté de la plaque que sur l’autre. Ce gradient de la durée de vie peut être expliqué par des inhomogénéités de concentration de défauts profonds. En effet, les spectres de photoluminescence à température ambiante montrent la présence du pic de bord de bande ainsi qu’une large bande profonde centrée à 2,15 eV associée à la présence des défauts profonds radiatifs. Les figures IV.14.a, IV.14.b et IV.14.c montrent les spectres de PL pour trois points différents de l’épitaxie. 129 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence -6 1,0x10 -7 e effective Durée de vi (s) 8,0x10 -7 6,0x10 -7 4,0x10 0 -7 10 2,0x10 30 10 20 X (m m) Y( mm ) 20 0,00 40 30 40 50 50 Intensité de PL (u.a.) Figure IV. 13 : Cartographie de durée de vie effective des porteurs d’une épitaxie 4H-SiC Longueur d ’onde (nm) 130 Intensité de PL (u.a.) CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence Intensité de PL (u.a.) Longueur d’onde ( ) Longueur d’onde (nm) Figure IV. 14 : Spectres de photoluminescence à température ambiante pour trois points différents de l’épitaxie. La valeur de la durée de vie obtenue au centre de l’épitaxie est de l’ordre de 1 µs ce qui est en très bonne accord avec la durée de vie moyenne obtenue par la photoluminescence résolue en temps (970 ns). La figure IV.15 présente un exemple de mesure de temps de déclin effectuée sur la même épitaxie. 131 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence Intensité de PL (u.a.) 1 0,1 τ = 1 µs 0,01 0,0 -6 2,0x10 -6 4,0x10 -6 6,0x10 -6 8,0x10 -5 1,0x10 Temps (s) Figure IV. 15 : Temps de déclin mesuré sur une épitaxie 4H-SiC (e = 40 µm et N = 1,3.1015 cm-3) V. CONCLUSION Dans de ce chapitre, nous avons exposé et appliqué une technique de mesure cartographique de la durée de vie non radiative des porteurs et du dopage dans le SiC à partir de l’intensité de photoluminescence. La résolution de l’équation de diffusion ambipolaire nous a permis d’obtenir les relations qui expriment l’intensité du signal de PL (IPL) en fonction de l’intensité d’excitation (I0), dans le cas d’un substrat et d’une couche épitaxiale. Ces relations contiennent un terme linéaire, fonction de la durée de vie non radiative (τnr) des porteurs dans le volume et du dopage (N), et un terme quadratique qui dépend uniquement de τnr. Ainsi, ces relations théoriques et les mesures de l’intensité de PL à différents niveaux d’excitation permettent la détermination de τnr et de N en chaque point de la plaque. 132 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence Dans le cas des substrats SiC, étant donné leurs forts dopages, le mécanisme de recombinaison Auger est prépondérant et la durée de vie des porteurs excédentaires est contrôlée par le processus Auger. A partir de la relation théorique qui relie la durée de vie au dopage et l’expression de IPL en fonction de I0, nous avons déterminé les valeurs de τnr et de N et établi des cartographies de ces deux paramètres du matériau sur une plaque entière. En ce qui concerne les couches épitaxiales, et dans nos plages d’excitation, l’expression de IPL en fonction de I0 contient les deux termes, linéaire et quadratique, pour les couches faiblement dopées. En revanche, dans le cas des couches fortement dopées, IPL varie de façon quadratique par rapport à I0. Dans ce cas, nous avons déterminé les valeurs de τnr en supposant que le dopage est homogène sur toute la plaque. Des mesures comparatives au moyen de la photoluminescence résolue en temps ont été réalisées. Dans les deux cas, nous avons trouvé un bon accord entre les valeurs de la durée de vie obtenues par les deux techniques. 133 CHAPITRE IV : Cartographie de la durée de vie et du dopage par imagerie de photoluminescence [1] GALECKAS A.,GRIVICKAS V., LINNROS J., BLEICHNER H., HALLIN C. Free carrier absorption and lifetime mapping in 4H SiC epilayers – J. Appl. Phys., 1997, vol. 81, n° 8 - p 3522-25. [2] SZE S. M. - Semiconductor Devices. Physics and technology – Wiley & Son, New York, 1985. [3] TAKESHIMA M. – Effect of Auger recombination on laser operation in Ga1-xAlxAs J. Appl. Phys., 1985, vol. 58, n° 10 - p3846-50. [4] RAMUNGUL N., KHEMKA V., CHOW T. 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