B. L’HOMME EST UN ÊTRE TEMPOREL QUI FAIT EXISTER LE TEMPS
• Vivants promis à la mort, nous sommes également liés au temps par notre
mémoire, notre attention et notre imagination, qui font que nous avons l’idée
du temps, et que cette idée est celle d’une chose dont, comme le souligne saint
Augustin, tout l’être est de passer.
• Face à cet adversaire insaisissable, nous ne pouvons qu’envier l’insouciance
de la vie animale qui se trouve allégée du poids du temps inscrit en l’homme
par le développement même de ses facultés intellectuelles. C’est le sens de
l’analyse nietzschéenne de l’oubli : si la mémoire qui nous rapporte au passé est
ce qui rend possible la connaissance, elle est aussi ce qui nous fait souffrir en ce
qu’elle nous rapporte à tout ce que nous avons perdu. Or, comment « apprendre
l’oubli » ?
2. Il nous est possible de résister au passage du temps
A. IL EST POSSIBLE DE LUTTER CONTRE LE PASSAGE DU TEMPS
• Pourtant, s’il est impossible de se soustraire au passage du temps ou de nous
défaire de ces qualités intellectuelles qui nous le rendent sensible, toute lutte
contre le temps est-elle vaine ? Le « désir d’immortalité » condamné par
Epicure n’est-il qu’un désir vide, source de souffrance, ou n’y a-t-il pas une
positivité de ce désir en ce qu’il nous porte à dépasser les limites de notre
existence humaine ?
B. IL EST POSSIBLE DE CRÉER DE L’IMMORTALITÉ
• S’il n’est pas possible de sortir du temps, il est pourtant possible de s’opposer
à son passage : c’est en particulier le sens de l’analyse par Hannah Arendt de
l’œuvre d’art : la spécificité de cette œuvre, parmi tous les objets du monde,
réside précisément dans son rapport au temps. Ni « produits de
consommation » ni « produits de l’action » inscrits de façon précaire dans le
temps, ni « objets d’usage » usés par le temps, les œuvres d’art, dit-elle, sont les
seules créations humaines qui accèdent à une « immortalité potentielle » :