Données récentes sur l'occupation du sol dans les aires protègées du Ferlo

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Diara SYLLA
Laboratoire d’Ecologie végétale et d’Ecohydrologie (LeVEh), Département de Biologie Végétale,
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD)
Titre : Données récentes sur l’occupation du sol dans la réserve sylvopastorale des six forages et
dans la réserve de biosphère du Ferlo
Contexte problématique initiale :
Au Sahel, l’une des principales activités est le pastoralisme extensif, il dépend de la disponibilité en
eau et en fourrage de la zone. Les ressources alimentaires dont dispose le bétail sont essentiellement
naturelles et fournies par les végétaux spontanés. Donc développer l’élevage sans une bonne
stratégie de gestion des ressources naturelles pourrait avoir comme conséquence une dégradation
de l’environnement.
Le Ferlo, l’élevage extensif est la principale activité, regroupe plus 2/3 du cheptel sénégalais (PFS,
2014). Il joue donc un rôle important dans l’approvisionnement de la ville et est d’un poids
économique non négligeable (Magrin et al, 2015). L’élevage extensif constitue alors une des filières à
mettre en valeur pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire (Chardonnet, 2009). Mais les
changements intervenus lors de ces dernières décennies ont profondément perturbé le mode de
gestion de l’espace pastoral et accru également la vulnérabilité de ces pasteurs. En effet, leur
sédentarisation suite à l’implantation des forages et les nombreuses sécheresses répétées ont cau
une dégradation des ressources végétales. En période de sécheresse, il est noté une surexploitation
des pâturages et une dégradation des ressources ligneuses dans l’aire de desserte des forages suite à
une forte concentration du cheptel. En parallèle, le contexte institutionnel de la zone, la croissance
démographique, le changement climatique, le surpâturage compromettent l'accès aux ressources sur
lequel repose sa mobilité essentielle. Ces facteurs contribuent à la réduction de la fertilité des terres
et à la baisse des ressources pastorales disponibles et compromettent ainsi la résilience de
l’écosystème (Touré et al, 2013). Dès lors, le suivi de la végétation apparait nécessaire pour une
gestion durable de l’élevage.
Outre le coté économique, sur le plan écologique, les ressources sont en constantes évolution que ce
soit au niveau régional ou local. Cette évolution dépend de plusieurs facteurs dont le changement
climatique et les activités anthropiques.
Au Sahel, depuis plusieurs décennies, les écosystèmes ont subi beaucoup de stress dus à des
épisodes de sécheresses très longues mais aussi à une pression anthropique croissante.
Suite à l’amélioration des conditions pluviométriques, beaucoup d’auteurs parlent de reverdissement
au Sahel bien qu’à des échelles très localisées. Ce reverdissement obser pourrait jouer un rôle
important dans lamélioration des conditions de vie des populations rurales et nous donné quelques
renseignements concernant les capacités de résiliences des écosystèmes sahéliens.
De ce point de vue, il serait très intéressant de connaitre la dynamique de l’occupation du sol et de la
végétation à travers d’autres méthodes qu’utilisées par ceux-pour confirmer s’il y a véritablement
reverdissement et à quel moment ce phénomène s’est produit.
C’est dans ce contexte que nous avons étudié la dynamique de l’occupation du sol des réserves
sylvopastorale des six forages et de biosphère du Ferlo. Il s’agit plus spécifiquement de cartographier
la végétation et l’occupation du sol des deux réserves, d’identifier les différents modes d’occupation
des terres et de comparer les changements intervenus de 1965 à 2017 afin d’identifier le type
d’évolution.
Méthodologie :
Matériels :
L’analyse diachronique a nécessité la comparaison d’une image satellitaire et d’une photographie
aérienne. L’image est issue de la base de données d’Arcgis, et couvre toute la réserve de biosphère
du Ferlo et la Réserve sylvopastorale des six forages. La photographie aérienne est une photo corona
issue de la mission américaine de 1965. Cette photographie est composée de plusieurs bandes.
Caractéristiques des images :
La base de données d’ArcGis présente des images à basse résolution pour le monde et des images
haute résolution pour les États-Unis et d'autres régions du monde. Elle renferme l'imagerie de la
NASA Blue Marble: Next Generation de résolution 500 m, les images eSAT de résolution 15 m pour le
monde et des images landsat de résolution 15m avec comme source l’USGS pour l'Antarctique. Dans
le cas de cette étude donc, nous avons utilisé des images satellitaires eSAT de résolution 15m. Les
photographies aériennes ont une résolution de 5m, elles ont été géo référencées (projection UTM
zone 28N avec ellipsoïde de référence WGS 84).
Ces images et photos ont été traitées à l’aide des techniques de télédétection et des Systèmes
d’information géographiques avec comme outils :
- des logiciels de traitement d’images avec ERDAS Imagine pour les corrections radiométriques et
géométriques,
- des logiciels de cartographies comme Arcview pour la transformation de données vecteurs en
données raster
- des logiciels d’analyses statistiques,
- les bases de données,
- des logiciels d’écologie du paysage avec collect earth pour l’analyse systématique des
échantillonnages de placette.
2. Méthodologie :
1- Présentation des zones d’étude :
2-1 La réserve de Biosphère du Ferlo
Le site du Ferlo est érigé en réserve de biosphère, le 09 juillet 2012 par le Conseil international de
coordination (CIC) du Programme pour l’Homme et la Biosphère (MAB) lors de sa 24eme session. Elle
est ainsi devenue la cinquième réserve de biosphère du Sénégal, avec une superficie de 2 058 214 ha.
L’historique de sa création découlerait d’une demande de la population des réserves de faune du
Ferlo nord et du Ferlo sud pour pouvoir à la fois exploiter et conserver les ressources naturelles. Les
raisons principales qui ont motivées la création de la réserve de biosphère du Ferlo sont :
la protection des écosystèmes et des espèces : la région du Ferlo est caractérisée par une
grande diversité d’espèces et d’écosystèmes. Tout au long du gradient climatique, nous
distinguons des savanes arborées, arbustives, herbacées, des forets galeries, des vallées
(souvent fossile). Ces différents biotopes renferment des espèces végétales et animales
d’importance nationale, sous régionale et même internationale. En effet, seul le Ferlo abrite
des autruches à cou rouge sur toute la bande sahélienne, il renferme une faune sauvage très
riche (mammifères et avifaune) malgré la disparition de la plupart d’entre eux. Concernant la
flore, le Ferlo abrite des espèces végétales qui sont intégralement ou partiellement
protégées par le code forestier sénégalais, des espèces qui sont devenus rares et même des
espèces fortement menacées inscrites sur la liste rouge des écosystèmes.
Outil d’aménagement du territoire : Le Ferlo abrite plusieurs domaines classés et protégés.
Mais ces arrêtés de classement remontent à la période coloniale et la plupart de ces massif
forestier ne disposent ni de plan d’aménagement ni de plan de gestion ce qui entraine la
dégradation de ces derniers qui subissent de nombreuses pressions anthropiques comme
naturelles.
Support politique et aspects culturels et humains : le territoire du Ferlo joue un rôle très
important pour l’économie du Sénégal. L’activité principale dans cette zone est le
pastoralisme donc l’organisation de la transhumance, la réhabilitation des écosystèmes
dégradés, l’augmentation des points qui permettrait de sédentariser les pasteurs sont autant
de points que le plan de gestion de la réserve de biosphère prend en charge. De même pour
les activités forestières, le plan de gestion de la réserve réglemente le régime d’exploitation.
Donc les politiques ont non seulement besoin de développer les activités traditionnelles,
mais également de promouvoir d’autres activités génératrices de revenus pour améliorer les
conditions de vie des populations du Ferlo tout en respectant leurs valeurs culturelles.
Présence de couloirs de migration de la faune sauvage de la réserve de biosphère du Niokolo
koba à la réserve de faune : la présence de couloirs de migration reliant deux aires protégées
est très importante, ne serait- ce que pour préserver les flux géniques et permettre ainsi aux
espèces dont leur niche écologique englobe la réserve de Niokolo koba et celles de faune du
Ferlo Nord et du Ferlo Sud de pouvoir se développer sans subir d’agressions.
Fortes pressions sur le milieu : Le Ferlo est soumis à de très fortes pressions. Ces pressions
sont de deux types : les pressions d’origine naturelles et celles d’origine anthropiques.
L’érosion éolienne, hydrique et les sécheresses répétées ont un effet néfaste sur la
végétation. La sécheresse entraine la colonisation du milieu par d’autres espèces adaptées
aux aléas naturels, et ces espèces ne sont pas forcément appété par le bétail, nous notons
aussi un asséchement rapide des mares. L’érosion hydrique affecte les profils des vallées
(fossiles le plus souvent) modifiant donc les berges et les talwegs par des processus de
ravinement, de colmatage et de surélévation des dépressions. L’érosion éolienne déracine
les espèces ligneuses et entraine l’ensablement des mares. Les espèces végétales et animales
subissent l’action de l’homme au Ferlo. En effet, la population d’Acacia Sénégal fait l’objet
d’une saignée importante du fait de la valeur économique de sa gomme. D’autres espèces
sont soumises à des coupes abusives et à l’action des feux de brousse.
Il est important dés lors de conserver le patrimoine restant riche malgré les pressions subies.
La réserve de biosphère du Ferlo est composée de plusieurs domaines classés et protégés. Elle
regroupe les réserves de faune du Ferlo Nord et du Ferlo Sud, la forêt classée de Vélingara, les
réserves sylvopastorales de Younouféré, de Mbem Mbem et de Sabsabré, des réserves naturelles
communautaires de Mbounguiel et des unités pastorales de Loumbol Samba Abdoul, Malandou et
Windé Diohi.
Sur le plan administratif, la réserve est à cheval entre 3 régions, 5 départements et 13 communes.
Les régions concernées sont : Louga, Saint Louis et Matam. Les départements et communes
concernés sont :
dans le département de Ranérou Ferlo : Pété Mboumba et Galoya Toucouleur
Dans le département de Matam : Ogo, Oréfondé, Agnam Civol et Dabia
Dans le département de Kanel : Ourosidy et Ndendory (actuel Sinthiou Mamambe)
Dans le département de Linguère : Barkhédji
Figure 1: Carte de Localisation des communes de la RBF (Ngom, 2013)
Conformément, au cadre statutaire du Programme MAB sur l’homme et la biosphère et à la stratégie
de Séville, la réserve de Biosphère du Ferlo comprend 4 aires centrales, une vaste zone tampon et
une aire de transition. Ces aires centrales sont séparées de même que ces zones tampons et l’aire de
transition. Cependant, toute la réserve de biosphère du Ferlo constitue une seule entité.
2-1-2 les aires centrales :
Les 4 aires centrales de la réserve de biosphère du Ferlo sont toutes situées dans la réserve de faune
du Ferlo Nord et celle du Ferlo Sud. Elles sont réparties suivant le gradient climatique : Ferlo Nord-
Ferlo Sud décrit par Ndiaye en 2013. Au nord, de la réserve de Faune du Ferlo Nord est identifié un
noyau central d’une superficie de 85575 ha. Ce noyau central abrite un enclos d’acclimatation d’oryx
et de gazelle et un site de nidification d’autruches. Dans la réserve de faune du Ferlo Sud, est
localisée les 3 autres noyaux de l’aire centrale qui occupent une superficie de 156989 ha. On y
rencontre beaucoup d’espèces endémiques (Abutilonma cropodum, Digitaria aristulata et Neseca
dodecandra), des espèces protégées intégralement et ou partiellement par le code forestier, celles
qui sont inscrites sur la liste rouge des espèces fortement menacé de l’UICN (Justicia niokolo-kobae
et Digitaria aristulata) … . La totalité des aires centrales a une superficie de 242564 ha.
Cette aire centrale a comme première fonction la conservation des gènes, des espèces et des
écosystèmes, car faisant partie d’un domaine qui bénéfice d’un statut juridique de protection.
Néanmoins, d’autres activités y sont notées comme la recherche scientifique, l’éducation
environnementale et le tourisme de vision. D’autres activités compatibles avec la conservation y sont
aussi tolérées à savoir : le reboisement, l’aménagement des mares, les actions de défense et de
restauration des sols, la cueillette (récolte de fruits forestiers, etc.), la réintroduction de faune
sauvage (gazelles, oryx, tortues). Aussi, le Ferlo étant une zone d’élevage par excellence, le tail
utilise les pâturages disponibles dans les aires centrales, mais avec l’avis favorable des gestionnaires
et sous leur contrôle.
Les aires centrales faisant partie intégrante des réserves de faune du Ferlo Nord et du Ferlo Sud
(domaine classé) sont donc restées propriété de l’état du Sénégal et sont sous la tutelle de la
direction des Eaux, Forets et Chasses (DFEC) et de la Direction des Parcs Nationaux (DPN). Ces
structures ont en charge la gestion et le contrôle de l’application des règles au niveau de ces aires
centrales. Elles prennent aussi en charge le volet éducation et de sensibilisation.
2-1-3 Les zones tampons :
La zone tampon a une superficie de 1156631 ha. Elle est composée d’habitats d’une grande
importance écologique qui font partie du domaine classé de l’état. La zone tampon englobe une
partie des deux réserves de faune (les aires centrales exclues), les réserves sylvopastorales de
Yonouféré, de Mbem mbem et de Sabsabre, et la forêt classée de Vélingara Ferlo. Elle occupe la plus
grande superficie du fait des activités qui y sont développées. En effet, une bonne gestion de la zone
tampon permet une meilleure protection des aires centrales et une meilleure préservation des
corridors de migration de la faune et du cheptel. C’est un site pilote de démonstration du
développement durable car toutes les activités qui y sont autorisées, répondent aux objectifs de
conservation. En plus de celles autorisées dans les aires centrales, les activités suivantes y sont
notées : l’élevage, qui est de type extensif, une agriculture de subsistance, le ramassage du bois
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