Diara SYLLA Laboratoire d’Ecologie végétale et d’Ecohydrologie (LeVEh), Département de Biologie Végétale, Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) Titre : Données récentes sur l’occupation du sol dans la réserve sylvopastorale des six forages et dans la réserve de biosphère du Ferlo Contexte problématique initiale : Au Sahel, l’une des principales activités est le pastoralisme extensif, il dépend de la disponibilité en eau et en fourrage de la zone. Les ressources alimentaires dont dispose le bétail sont essentiellement naturelles et fournies par les végétaux spontanés. Donc développer l’élevage sans une bonne stratégie de gestion des ressources naturelles pourrait avoir comme conséquence une dégradation de l’environnement. Le Ferlo, où l’élevage extensif est la principale activité, regroupe plus 2/3 du cheptel sénégalais (PFS, 2014). Il joue donc un rôle important dans l’approvisionnement de la ville et est d’un poids économique non négligeable (Magrin et al, 2015). L’élevage extensif constitue alors une des filières à mettre en valeur pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire (Chardonnet, 2009). Mais les changements intervenus lors de ces dernières décennies ont profondément perturbé le mode de gestion de l’espace pastoral et accru également la vulnérabilité de ces pasteurs. En effet, leur sédentarisation suite à l’implantation des forages et les nombreuses sécheresses répétées ont causé une dégradation des ressources végétales. En période de sécheresse, il est noté une surexploitation des pâturages et une dégradation des ressources ligneuses dans l’aire de desserte des forages suite à une forte concentration du cheptel. En parallèle, le contexte institutionnel de la zone, la croissance démographique, le changement climatique, le surpâturage compromettent l'accès aux ressources sur lequel repose sa mobilité essentielle. Ces facteurs contribuent à la réduction de la fertilité des terres et à la baisse des ressources pastorales disponibles et compromettent ainsi la résilience de l’écosystème (Touré et al, 2013). Dès lors, le suivi de la végétation apparait nécessaire pour une gestion durable de l’élevage. Outre le coté économique, sur le plan écologique, les ressources sont en constantes évolution que ce soit au niveau régional ou local. Cette évolution dépend de plusieurs facteurs dont le changement climatique et les activités anthropiques. Au Sahel, depuis plusieurs décennies, les écosystèmes ont subi beaucoup de stress dus à des épisodes de sécheresses très longues mais aussi à une pression anthropique croissante. Suite à l’amélioration des conditions pluviométriques, beaucoup d’auteurs parlent de reverdissement au Sahel bien qu’à des échelles très localisées. Ce reverdissement observé pourrait jouer un rôle important dans l’amélioration des conditions de vie des populations rurales et nous donné quelques renseignements concernant les capacités de résiliences des écosystèmes sahéliens. De ce point de vue, il serait très intéressant de connaitre la dynamique de l’occupation du sol et de la végétation à travers d’autres méthodes qu’utilisées par ceux-là pour confirmer s’il y a véritablement reverdissement et à quel moment ce phénomène s’est produit. C’est dans ce contexte que nous avons étudié la dynamique de l’occupation du sol des réserves sylvopastorale des six forages et de biosphère du Ferlo. Il s’agit plus spécifiquement de cartographier la végétation et l’occupation du sol des deux réserves, d’identifier les différents modes d’occupation des terres et de comparer les changements intervenus de 1965 à 2017 afin d’identifier le type d’évolution. Méthodologie : Matériels : L’analyse diachronique a nécessité la comparaison d’une image satellitaire et d’une photographie aérienne. L’image est issue de la base de données d’Arcgis, et couvre toute la réserve de biosphère du Ferlo et la Réserve sylvopastorale des six forages. La photographie aérienne est une photo corona issue de la mission américaine de 1965. Cette photographie est composée de plusieurs bandes. Caractéristiques des images : La base de données d’ArcGis présente des images à basse résolution pour le monde et des images haute résolution pour les États-Unis et d'autres régions du monde. Elle renferme l'imagerie de la NASA Blue Marble: Next Generation de résolution 500 m, les images eSAT de résolution 15 m pour le monde et des images landsat de résolution 15m avec comme source l’USGS pour l'Antarctique. Dans le cas de cette étude donc, nous avons utilisé des images satellitaires eSAT de résolution 15m. Les photographies aériennes ont une résolution de 5m, elles ont été géo référencées (projection UTM zone 28N avec ellipsoïde de référence WGS 84). Ces images et photos ont été traitées à l’aide des techniques de télédétection et des Systèmes d’information géographiques avec comme outils : - des logiciels de traitement d’images avec ERDAS Imagine pour les corrections radiométriques et géométriques, des logiciels de cartographies comme Arcview pour la transformation de données vecteurs en données raster des logiciels d’analyses statistiques, les bases de données, des logiciels d’écologie du paysage avec collect earth pour l’analyse systématique des échantillonnages de placette. 2. Méthodologie : 1- Présentation des zones d’étude : 2-1 La réserve de Biosphère du Ferlo Le site du Ferlo est érigé en réserve de biosphère, le 09 juillet 2012 par le Conseil international de coordination (CIC) du Programme pour l’Homme et la Biosphère (MAB) lors de sa 24eme session. Elle est ainsi devenue la cinquième réserve de biosphère du Sénégal, avec une superficie de 2 058 214 ha. L’historique de sa création découlerait d’une demande de la population des réserves de faune du Ferlo nord et du Ferlo sud pour pouvoir à la fois exploiter et conserver les ressources naturelles. Les raisons principales qui ont motivées la création de la réserve de biosphère du Ferlo sont : la protection des écosystèmes et des espèces : la région du Ferlo est caractérisée par une grande diversité d’espèces et d’écosystèmes. Tout au long du gradient climatique, nous distinguons des savanes arborées, arbustives, herbacées, des forets galeries, des vallées (souvent fossile). Ces différents biotopes renferment des espèces végétales et animales d’importance nationale, sous régionale et même internationale. En effet, seul le Ferlo abrite des autruches à cou rouge sur toute la bande sahélienne, il renferme une faune sauvage très riche (mammifères et avifaune) malgré la disparition de la plupart d’entre eux. Concernant la flore, le Ferlo abrite des espèces végétales qui sont intégralement ou partiellement protégées par le code forestier sénégalais, des espèces qui sont devenus rares et même des espèces fortement menacées inscrites sur la liste rouge des écosystèmes. Outil d’aménagement du territoire : Le Ferlo abrite plusieurs domaines classés et protégés. Mais ces arrêtés de classement remontent à la période coloniale et la plupart de ces massif forestier ne disposent ni de plan d’aménagement ni de plan de gestion ce qui entraine la dégradation de ces derniers qui subissent de nombreuses pressions anthropiques comme naturelles. Support politique et aspects culturels et humains : le territoire du Ferlo joue un rôle très important pour l’économie du Sénégal. L’activité principale dans cette zone est le pastoralisme donc l’organisation de la transhumance, la réhabilitation des écosystèmes dégradés, l’augmentation des points qui permettrait de sédentariser les pasteurs sont autant de points que le plan de gestion de la réserve de biosphère prend en charge. De même pour les activités forestières, le plan de gestion de la réserve réglemente le régime d’exploitation. Donc les politiques ont non seulement besoin de développer les activités traditionnelles, mais également de promouvoir d’autres activités génératrices de revenus pour améliorer les conditions de vie des populations du Ferlo tout en respectant leurs valeurs culturelles. Présence de couloirs de migration de la faune sauvage de la réserve de biosphère du Niokolo koba à la réserve de faune : la présence de couloirs de migration reliant deux aires protégées est très importante, ne serait- ce que pour préserver les flux géniques et permettre ainsi aux espèces dont leur niche écologique englobe la réserve de Niokolo koba et celles de faune du Ferlo Nord et du Ferlo Sud de pouvoir se développer sans subir d’agressions. Fortes pressions sur le milieu : Le Ferlo est soumis à de très fortes pressions. Ces pressions sont de deux types : les pressions d’origine naturelles et celles d’origine anthropiques. L’érosion éolienne, hydrique et les sécheresses répétées ont un effet néfaste sur la végétation. La sécheresse entraine la colonisation du milieu par d’autres espèces adaptées aux aléas naturels, et ces espèces ne sont pas forcément appété par le bétail, nous notons aussi un asséchement rapide des mares. L’érosion hydrique affecte les profils des vallées (fossiles le plus souvent) modifiant donc les berges et les talwegs par des processus de ravinement, de colmatage et de surélévation des dépressions. L’érosion éolienne déracine les espèces ligneuses et entraine l’ensablement des mares. Les espèces végétales et animales subissent l’action de l’homme au Ferlo. En effet, la population d’Acacia Sénégal fait l’objet d’une saignée importante du fait de la valeur économique de sa gomme. D’autres espèces sont soumises à des coupes abusives et à l’action des feux de brousse. Il est important dés lors de conserver le patrimoine restant riche malgré les pressions subies. La réserve de biosphère du Ferlo est composée de plusieurs domaines classés et protégés. Elle regroupe les réserves de faune du Ferlo Nord et du Ferlo Sud, la forêt classée de Vélingara, les réserves sylvopastorales de Younouféré, de Mbem Mbem et de Sabsabré, des réserves naturelles communautaires de Mbounguiel et des unités pastorales de Loumbol Samba Abdoul, Malandou et Windé Diohi. Sur le plan administratif, la réserve est à cheval entre 3 régions, 5 départements et 13 communes. Les régions concernées sont : Louga, Saint Louis et Matam. Les départements et communes concernés sont : dans le département de Ranérou Ferlo : Pété Mboumba et Galoya Toucouleur Dans le département de Matam : Ogo, Oréfondé, Agnam Civol et Dabia Dans le département de Kanel : Ourosidy et Ndendory (actuel Sinthiou Mamambe) Dans le département de Linguère : Barkhédji Figure 1: Carte de Localisation des communes de la RBF (Ngom, 2013) Conformément, au cadre statutaire du Programme MAB sur l’homme et la biosphère et à la stratégie de Séville, la réserve de Biosphère du Ferlo comprend 4 aires centrales, une vaste zone tampon et une aire de transition. Ces aires centrales sont séparées de même que ces zones tampons et l’aire de transition. Cependant, toute la réserve de biosphère du Ferlo constitue une seule entité. 2-1-2 les aires centrales : Les 4 aires centrales de la réserve de biosphère du Ferlo sont toutes situées dans la réserve de faune du Ferlo Nord et celle du Ferlo Sud. Elles sont réparties suivant le gradient climatique : Ferlo NordFerlo Sud décrit par Ndiaye en 2013. Au nord, de la réserve de Faune du Ferlo Nord est identifié un noyau central d’une superficie de 85575 ha. Ce noyau central abrite un enclos d’acclimatation d’oryx et de gazelle et un site de nidification d’autruches. Dans la réserve de faune du Ferlo Sud, est localisée les 3 autres noyaux de l’aire centrale qui occupent une superficie de 156989 ha. On y rencontre beaucoup d’espèces endémiques (Abutilonma cropodum, Digitaria aristulata et Neseca dodecandra), des espèces protégées intégralement et ou partiellement par le code forestier, celles qui sont inscrites sur la liste rouge des espèces fortement menacé de l’UICN (Justicia niokolo-kobae et Digitaria aristulata) … . La totalité des aires centrales a une superficie de 242564 ha. Cette aire centrale a comme première fonction la conservation des gènes, des espèces et des écosystèmes, car faisant partie d’un domaine qui bénéfice d’un statut juridique de protection. Néanmoins, d’autres activités y sont notées comme la recherche scientifique, l’éducation environnementale et le tourisme de vision. D’autres activités compatibles avec la conservation y sont aussi tolérées à savoir : le reboisement, l’aménagement des mares, les actions de défense et de restauration des sols, la cueillette (récolte de fruits forestiers, etc.), la réintroduction de faune sauvage (gazelles, oryx, tortues). Aussi, le Ferlo étant une zone d’élevage par excellence, le bétail utilise les pâturages disponibles dans les aires centrales, mais avec l’avis favorable des gestionnaires et sous leur contrôle. Les aires centrales faisant partie intégrante des réserves de faune du Ferlo Nord et du Ferlo Sud (domaine classé) sont donc restées propriété de l’état du Sénégal et sont sous la tutelle de la direction des Eaux, Forets et Chasses (DFEC) et de la Direction des Parcs Nationaux (DPN). Ces structures ont en charge la gestion et le contrôle de l’application des règles au niveau de ces aires centrales. Elles prennent aussi en charge le volet éducation et de sensibilisation. 2-1-3 Les zones tampons : La zone tampon a une superficie de 1156631 ha. Elle est composée d’habitats d’une grande importance écologique qui font partie du domaine classé de l’état. La zone tampon englobe une partie des deux réserves de faune (les aires centrales exclues), les réserves sylvopastorales de Yonouféré, de Mbem mbem et de Sabsabre, et la forêt classée de Vélingara Ferlo. Elle occupe la plus grande superficie du fait des activités qui y sont développées. En effet, une bonne gestion de la zone tampon permet une meilleure protection des aires centrales et une meilleure préservation des corridors de migration de la faune et du cheptel. C’est un site pilote de démonstration du développement durable car toutes les activités qui y sont autorisées, répondent aux objectifs de conservation. En plus de celles autorisées dans les aires centrales, les activités suivantes y sont notées : l’élevage, qui est de type extensif, une agriculture de subsistance, le ramassage du bois mort, et la pêche au niveau des mares empoissonnées. Néanmoins, toutes ces activités peuvent engendrer des effets négatifs pour les écosystèmes, les humains et le cheptel. A l’instar des aires centrales, la zone tampon composée des réserves de faune, des réserves sylvopastorales et de forêts classées, relève du domaine classé de l’état. Elle est donc gérée par la Direction des Eaux, Forets et Chasses (DFEC) et par la Direction des Parcs Nationaux (DPN). Elles assurent les mêmes fonctions que celles qui lui sont assignées au niveau des aires centrales. La population dans la zone tampon est évaluée en 2011 à 30000 habitants. 2-1-4 La zone de transition : La zone de transition, d’une superficie de 659019 ha inclut les établissements humains constitués de hameaux, de villages, et même de communes (Ranérou), y est aussi identifiée les unités pastorales de Loumbol samba abdoul, de Malandou, de Wendou Diohi et la réserve naturelle communautaire de Mbounguiel. Elle renferme la majeure partie de la population de la réserve de biosphère et plusieurs activités utilisant les ressources naturelles y sont développées. Il s’agit notamment d’activités renforçant l’économie locale comme l’élevage majoritaire dans la zone, l’agriculture de subsistance, les activités forestières, le commerce de bétail, l’artisanat… . Ces dernières peuvent engendrer des conséquences négatives pour les écosystèmes comme le surpâturage, le déboisement, l’élagage des arbres en saison sèche… . La zone de transition regroupant plusieurs acteurs qui utilisent, occupent ou exploitent la zone est gérée par les collectivités locales suite aux lois sur la Décentralisation (loi 96- 06 du 22 mars 1996 portant Code des collectivités locales et loi 96- 07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales) et leurs décrets d’application. Les quatre (4) RNC/UP de la réserve de biosphère proposée sont dotées de plans locaux d’aménagement et de gestion communautaire et de chartes locales de bonne gestion. Elle relève du domaine non privé de l’état et est attribué par délibération du conseil rural. Figure 2: Carte de délimitation de la réserve de Biosphère du Ferlo 2-2 la réserve sylvopastorale des six forages La réserve sylvopastorale des six forages fait partie du domaine privé de l’état, elle est classée par arrêté 8110 du 04/11/1953 par les autorités coloniales. Cette politique de classement visait principalement à freiner la progression vers le nord du front arachidier. En effet, l’arrêté de classement des réserves pastorales sous le régime juridique de la forêt classée stipule que les forages se répartissent en trois catégories : la première étant à vocation agricole, la deuxième à vocation pastorale et la troisième à vocation mixte agricole et pastorale. En ce qui concerne les forages pastoraux, l’arrêté précise que « toutes les cultures industrielles sont interdites dans un rayon de 15 km et spécialement celles de l’arachide. Seules les cultures vivrières traditionnelles y sont autorisées. » Cette politique a été motivée par les profonds bouleversements qu’a connus le système pastoral traditionnel. En effet ces systèmes traditionnels favorisés par la faiblesse de l’emprise agricole et des effectifs des animaux, l’abondance relative des ressources fourragères et la grande mobilité des populations humaines sont marginalisés à partir des années 50 avec la mise en service des forages profonds dans la zone et à la promotion des aménagements hydroagricoles dans la vallée du fleuve Sénégal. Ces interventions ont favorisé un développement considérable de l’emprise agricole et ouvert l’espace pastorale à une exploitation continue et intensive. Les réserves sylvopastorales occupent en général de vastes espaces et sont au nombre de 20 au Ferlo, ce qui en fait la zone sylvopastorale par excellence du pays. La réserve sylvopastorale des six forages occupe une superficie 42485,6 ha. Elle est à cheval entre les régions de Louga et de St louis, entre les départements de Podor, Linguère et Dagana. Les communes qu’on retrouve dans cette réserve sont au nombre de 13 : Mbeuleukhé, Mboula, Ouarkhokh, Dodji, Labgar, Doumga Lao, Dodel, Gamadji Sarre, Guede Village, Ndiayenne Pendao, Fanaye, Mbane et Tessekéré. La commune de Tessékéré est entièrement localisée dans la réserve. Figure 3: Localisation des communes dans la réserve sylvopastorale des six forages Aujourd’hui, cette réserve est soumise à beaucoup de pressions (anthropiques et naturelles). La sécheresse associée à la pression anthropique caractérisée par la multiplication de l’effectif du cheptel, l’exploitation frauduleuse du bois, le surpâturage, les feux de brousse, les empiètements et la multiplication des campements (hameaux), font que le couvert végétal et la faune sauvage régressent de plus en plus. Toutefois, dans le cadre d’une réhabilitation et d’une revalorisation de l’espace pastoral, des études, des projets de développement et des actions de réhabilitation sont régulièrement entrepris dans cette réserve pour protéger le milieu. Les études portent sur la caractérisation de la végétation, de la flore en fonction des types de sols, (Diallo, 2011), (Diouf, 2011), (Ndiaye, 2013), (Bakhoum, 2013), (Niang, 2013), (Gaye, 2016), son adaptation par rapport aux changements climatiques (Sarr, 2009), (Ba, 2016), (Cissé, 2016). Des études sur les ressources en eau (Diéne, 1995), (Sy, 2003), (Diop et al, 2004), (Sy, 2005)… . Les projets sont des projets nationaux (Projet d’Aménagement de Pépinières forestière, Programme d’Appui au Développement forestier, Projet de Gestion des Ecosystèmes intégrés du Sahel..), des projets régionaux (projet senegalo-allemand, projet d’autopromotion pastorale…), des projets d’agence comme celle de la grande muraille verte. Leurs actions portent sur la mise en place de plantations massives, d’aménagements de pare-feux, de mises en défens, d’institution d’unités pastorales. Cela entretient une faune résiduelle sauvage dont des espèces très communes comme la pintade (Numida meleagris), le phacochère (Phacocherus aethiopicus) et des espèces assez rares comme la gazelle à fronts roux (Gazella rufifrons) et l’autruche (Struchio camelus). Pour réaliser les cartes d’occupation du sol, nous avons effectué les activités suivantes : 12345- Préparation de la photo-interprétation Numérisation des unités paysagères Travaux sur le terrain Analyse spatiale des déplacements des différentes formations végétales Etude statistique de la structure paysagère (Création de tableaux croisés afin de quantifier les changements à une échelle globale). 6- Etude de la dynamique des classes d’occupation du sol 1. Préparation de la photo-interprétation : Pour pouvoir interpréter au mieux une image satellitaire, il faut nécessairement des préalables. Il s’agit de l’ortho rectification et de la mosaiquage des images. 1.1. Ortho rectification : L’ortho rectification est une correction géométrique qui permet de rendre l’image acquise par le satellite superposable à une carte. Dans le cas de cette étude seule les photographies aériennes ont subi des corrections géométriques, l’image satellitaire issue de la base de données arcgis étant déjà soumise aux corrections géométriques. Nous avons effectué à l’aide du logiciel ERDAS, une double rotation (Est-Ouest et Nord-Sud) et un recalage des différentes bandes avec l’image Lansat 2013. Il s’agit de"recaler les images", en utilisant des points d'appuis. Prendre un point d'appui consiste à lier un pixel de l'image à un point sur la carte. Nous avons créé des points d'appuis manuellement en identifiant, par exemple, un même croisement de routes sur la carte et sur l'image. 1.2. Mosaiquage Après les corrections géométriques, le mosaiquage des photographies aériennes a été effectué. C’est une technique qui consiste à assembler les différentes bandes en une seule. Les photographies aériennes dont nous disposons, présentent entre elles des chevauchements ou bandes de recouvrement, de sorte que l'assemblage conduisant à la mosaïque s'est effectué par superpositions partielles des différentes bandes. 2. Numérisation des unités paysagères : La numérisation consiste à délimiter les différentes unités remarquables sur l’image (route, végétation, hydrographie…). Il existe plusieurs méthodes de numérisation, mais dans cette étude, la numérisation à l’écran a été utilisée pour interpréter l’image. Les objets intéressants ont été digitalisés avec la souris. L'avantage de cette méthode est le support du zoom, et donc une précision accrue de la délimitation peut être atteinte. Compte tenu de la diversité des thèmes à cartographier, de l’objectif final de l’étude et de l’échelle de sortie, nous nous sommes basés sur l’interprétation visuelle, la documentation disponible et la signature spectrale des canaux de l’image. En effet de nombreux auteurs (Girard M, C, 1973, Girard M C, 1986) sont en accord pour dire que l’interprétation visuelle des images permet l’analyse la plus sure des différentes structures qui la composent. Cependant, quelques difficultés apparaissent pour la délimitation précise des différents espaces végétaux (Major et al., 1990). La technique de l’interprétation visuelle a été utilisée dans le but d’avoir une vue détaillée sur la géographie des unités d’occupation du sol. 3. Travaux sur le terrain Les travaux sur le terrain ont comme objectif de valider les différentes classes d’occupation du sol identifiées sur l’image des deux réserves obtenues au bureau. Un séjour de 10 jours par site nous a permis de parcourir l’ensemble des zones d’étude avec au préalable des points de contrôle établis répartis sur la carte et correspondant à des zones équivoques et difficiles à interpréter au bureau. Ainsi, pour chacune des classes de végétation identifiées sur l’image satellitale interprétée, un nombre de points proportionnel à son importance numérique a été choisi pour faire l’objet de validation sur le terrain. La localisation de ces points s’est faite grâce au GPS (Global Positionning System) qui nous a permis de naviguer jusqu’à proximité du point. Pour chaque point visité, une description du milieu a été fait sur la végétation (type de formation, composition floristique,..), sur le sol (type de sol, caractéristiques morpho-pédologiques sommaires,…), sur le niveau d’anthropisation (l’agriculture, l’élevage, l’habitation…). Il est à noter que chaque fois que nous avons rencontré sur le terrain un phénomène remarquable, nous avons pris grâce au GPS des coordonnées (extra point) et on a décrit le phénomène par l’administration d’une fiche de terrain. Une autre étape dans la validation des cartes de l’occupation du sol actuelle des deux sites est le calcul du coefficient de Kappa. Cet indice est utilisé pour valider les résultats de la classification. Il est calculé à partir des informations d’une matrice de confusion dont les lignes correspondent aux données de terrain et les colonnes aux données de la classification. C’est donc un « estimateur de qualité qui tient compte des erreurs en lignes et en colonnes». Sa valeur est comprise entre 0 et 1. Pour calculer cet indice, nous avons utilisé le logiciel quantum Gis. La carte de l’occupation du sol est validée si le l’indice de Kappa est compris entre 50 et 75%. L’évolution des différentes classes a aussi été appréhendée en posant des questions aux personnes ressources locales (population locale, services des eaux et forêts …) 4. Analyse spatiale des déplacements des différentes formations végétales: Après la validation sur le terrain de la classification actuelle des différentes unités, nous avons généré à l’aide du logiciel ArcGIS, les cartes de l’occupation du sol des deux réserves en 1965. Il s’agit de superposer la classification validée de l’image actuelle sur l’image de 1965 et à l’aide des outils d’ArcGis (union, merge…), nous avons obtenu les cartes d’occupation du sol des deux réserves en 1965. 5. Etude statistique de la structure paysagère (Création de tableaux croisés afin de quantifier les changements à une échelle globale). Les statistiques des unités paysagères des cartes d’occupations du sol de 2017 et de 1965 pour chaque site seront connues à partir du logiciel d’ArcGIS. Elles sont présentées en pourcentage. Ce dernier est calculé en effectuant le rapport entre la superficie occupée par une classe d'occupation du sol et la superficie totale du site. Le bilan d’évolution des différentes unités est obtenu à partir de la soustraction des deux pourcentages obtenu en 1965 et en 2017. Pour plus de précision, nous avons utilisé le logiciel de traitement Excel. 6. Etude de la dynamique des classes d’occupation du sol Dans cette partie, deux paramètres d’évolution ont été considéré, le premier est du point de vue spatial et le second plus précis est en fonction du nombre d’espèce présent sur un site et à un moment donné. Pour le premier, la méthodologie consiste à superposer les vecteurs issus de l’interprétation des deux images pour donner une couche résultante et une carte des changements. Cette couche a montré les différentes classes ainsi que leurs superficies aussi bien pour l’année 1965 que pour l’année 2017. Le tableau de statistiques des différentes classes obtenues à partir de la couche nous a permis de schématiser la matrice de transition. Cette matrice montre d’une classe à une autre le type d’évolution et le pourcentage. La carte des changements montre la répartition spatiale de l’évolution des unités paysagères de 1965 à 2017. En fonction du changement au niveau des classes ou catégories d’occupations du sol, nous avons distingué : - - les conversions qui correspondent au passage d’une catégorie à une autre comme par exemple zones inondables qui deviennent surfaces cultivées, les modifications qui concernent les changements intervenus à l’intérieur d’une même catégorie d’occupation du sol, comme par exemple savane arbustive qui devient steppe arbustive ou vice versa, les zones sans changements qui désignent les classes qui sont restées inchangées ou n’ayant été affectées ni par les modifications, ni par les conversions entre les deux dates de l’étude. Le second paramètre pour connaitre le type d’évolution consiste à faire une analyse systématique de placettes forestières en utilisant le logiciel collect earth. Cette technique permet de compter aisément le nombre d’arbre et d’arbuste sur 1 ha. L’outil collect earth permet de délimiter une surface précise sur une image et de compter le nombre exact d’arbres ou d’arbustes et ainsi avec l'historique des images pour un (1) ha on peut savoir si le nombre d'arbres a augmenté (reverdissement) ou diminué (désertification) ou si le nombre est resté constant dans le temps. Le but ultime de cette étude étant de voir si la végétation a subi une évolution progressive ou régressive, nous avons utilisé la notion d’indicateurs écologiques. Les indicateurs de l’état de l’environnement, compte tenu de leur caractère informatif, peuvent être regroupés en deux catégories: une catégorie d’indicateurs environnementaux de stabilité ou d’équilibre et une catégorie d’indicateurs de déséquilibre. La notion de stabilité ou d’équilibre est «la tendance qu'a un système à maintenir un état de stabilité malgré les changements extérieurs. Elle favorise le maintien de l'équilibre, la stabilité. Elle permet au système de conserver et de protéger son identité, sa nature malgré les «agressions» subies. Elle caractérise les systèmes ouverts qui conservent leurs structures et leurs fonctions intactes par l'intermédiaire d'équilibres dynamiques successifs» (Lapointe, 1999). La notion de stabilité environnementale dans cette recherche n’exclut pas l’existence de perturbations. Un état stable n'est donc pas un état statique ou stationnaire; il peut varier dans certaines limites autour d'une norme (au sens de valeur normale). Elle fait surtout référence à l’absence d’un déséquilibre durable. Un indicateur environnemental d’un état d’équilibre est un indicateur dont le développement, l’extension spatiale contribue à réaliser les conditions d’un bon état de l’écosystème. Par contre, un indicateur environnemental d’un état de déséquilibre est un indicateur dont l’extension spatiale contribue à conduire l’écosystème à un état de dégradation. La notion de déséquilibre renvoie au «changement et à la mise en place de nouvelles fonctions et d’une nouvelle identité qui peut entraîner l’éclatement du système» (Lapointe, 1999 cité dans PASEF, 2010). Ainsi, lorsque les indicateurs spatiaux de déséquilibre dominent ou occupent la plus grande superficie d’une région ou d’un territoire, cela permet de déduire une situation de déséquilibre biophysique environnemental et donc une dégradation en cours et vice versa. Indicateurs d’état d’équilibre écologique: - Mares - Savanes boisées - Savanes arborées Indicateurs d’état de déséquilibre écologique: - Savanes arbustives - Steppes arbustives - Steppes arbustives à arborée La somme des indicateurs dans chaque catégorie en 1965 et en 2017, nous renseigne sur l’évolution progressive ou régressive de la zone d’étude. Résultats : 1- Occupation du sol dans la réserve sylvopastorale des six forages a. Modes et unités d’occupation des terres Le traitement des images satellitaires a permis de distinguer 13 classes d’occupation des sols regroupées en cinq agrégées. Elles sont représentées par des formations végétales naturelles (savane boisée, savane arborée, savane arbustive à arborée, savane arbustive, steppe arborée, steppe arbustive, steppe arbustive à arborée), des zones de cultures (cultures maraichères, cultures pluviales-jachère, plantations), des zones nues (zone nue), des zones artificialisées (habitat, village) et des surfaces en eau (mares). b. Etat de l’occupation du sol de la Réserve sylvopastorale des six forages i. Statistiques des catégories d’occupation du sol en 2017 475,2 15193,75 ha 42,94 Formation végétale naturelle Zone de culture Zone nue 408238,77 surface en eau Figure 4: Statistiques des catégories d'occupation du sol de la Réserve en 2017 La formation végétale naturelle domine suivie de la catégorie zone de culture, suivie de la catégorie zone nue et ensuite viennent les surfaces en eau. c. Statistiques des classes 613,99 412,21 6620,68 8530,13 475,2 d’occupation du sol en 2017 ha 42,94 Savane arborée Savane arbustive 44407,2 21891,61 81169,89 Savana arbustive à arborée Savane boisée Steppe arborée Steppe arbustive 41367,73 Steppe arbustive à arborée 95722,18 5104,14 Plantation cultures pluviales et jachères 118576,02 Habitats Mares Zones nue Figure 5: Statistiques des classes d'occupation du sol de la Réserve en 2017 Au sein de la formation végétale naturelle, la classe savane arbustive à arborée domine avec une superficie de 118576, 02 ha, suivie de la savane arbustive avec une superficie de 95722,18 ha et ensuite vient la savane arborée avec une superficie de 81169,89 ha. Dans la grande unité des steppes, la steppe arborée domine avec une superficie de 41367,73 ha suivie de la steppe arbustive avec une superficie de 21891,61ha. Ces différentes classes sont représentées sur la carte d’occupation du sol de la Réserve ci-dessous Figure 6: Carte de l'occupation du sol de la Réserve en 2017 2- Occupation du sol de la Réserve de Biosphère du Ferlo en 2017 a. Modes et unités d’occupation des terres Le traitement des images satellitaires a permis de distinguer 13 classes d’occupation des sols regroupées en cinq agrégées. Elles sont représentées par des formations végétales naturelles (savane boisée, savane arborée, savane arbustive à arborée, savane arbustive, steppe arborée, steppe arbustive, steppe arbustive à arborée), des zones de cultures (cultures maraichères, cultures pluviales-jachère, plantations), des zones nues (zone nue), des zones artificialisées (habitat, village) et des surfaces en eau (mares). La réserve de biosphère du Ferlo est divisée en aires centrales, en aires de transition et en zones tampon. Ici est présentée l’occupation du sol dans chaque composante de la réserve. a- Occupation du sol dans l’aire centrale : - Statistiques des catégories d’occupation du sol dans l’aire centrale - Statistiques des classes d’occupation du sol dans l’aire centrale : Habitat Mare Plantation Savane arboree Savane arbustive Savane arbustive Ó arboree Savane boisee Steppe arborÚe Steppe arbustive Steppe arbustive Ó arborÚe Zone nue Total - Carte de l’occupation du sol dans l’aire centrale de la réserve de biosphère du Ferlo b- Occupation du sol dans l’aire de transition : - Catégories des classes d’occupation du sol - Statistiques des classes d’occupation du sol dans l’aire centrale : Superficies Cultures maraichÞres Foret galerie Habitat Mare Savane arboree Savane arbustive Savane arbustive Ó arboree Savane boisee Steppe arborÚe Steppe arbustive Steppe arbustive Ó arborÚe - Carte d’occupation du sol dans l’aire de transition de la réserve de biosphère du Ferlo en 2017 c- Occupation du sol dans la zone tampon de la réserve de biosphère du Ferlo - Statistiques des catégories d’occupation du sol dans la zone tampon - Statistiques des classes d’occupation du sol dans la zone tampon en 2017 - Superficie Cultures maraichÞres Foret galerie Habitat Mare Plantation Savane arboree Savane arbustive Savane arbustive Ó arboree Savane boisee Steppe arborÚe Steppe arbustive - Carte d’occupation du sol dans la zone tampon de la réserve de biosphère du Ferlo en 2017 Occupation du sol de la réserve de Biosphère du Ferlo en 2017: - Statistiques des catégories d’occupation du sol de la réserve de biosphère Statistiques des classes d’occupation du sol de la réserve de Biosphère du Ferlo Superficie Cultures maraichÞres Foret galerie Habitat Mare Plantation Savane arboree Savane arbustive Savane arbustive Ó arboree Savane boisee Steppe arborÚe Steppe arbustive - - Carte d’occupation du sol dans la réserve de biosphère - Publications Article : Dynamique de l’occupation du sol de la commune de Tessékéré au Ferlo (Nord Sénégal) de 1984 à 2015 (en cours de publication) Perspectives : Pour l’année académique, 2017 – 2018, nous allons finaliser la cartographie actuelle des écosystèmes du bassin versant du Ferlo d’ici la fin du mois de février. Cela nous permettra de préparer notre deuxième publication sur la délimitation et l’état des écosystèmes de notre zone d’étude. Parallèlement à cela nous allons débuter la cartographie de la zone d’étude pour l’année 1966 que nous comptons finaliser à la fin du mois d’Avril 2018. L’étape suivante consistera à étudier de façon diachronique l’évolution des écosystèmes du bassin versant du Ferlo entre 2017 et 1965 et de dégager et expliquer les tendances. Cette étude fera l’objet de notre troisième publication. La dernière étape notre travail de recherche consistera à évaluer les écosystèmes du Ferlo selon les critères de la Liste Rouge des Ecosystèmes développées par Rodriguez et al en 2010. Cette évaluation fera l’objet de notre quatrième publication. Bibliographie Dudley N. (Éditeur). (2008). Lignes directrices pour l’application des catégories de gestion aux aires protégées. Gland, Suisse : UICN. x +96 pp. Mahamane A. (2005). Etudes floristique, phytosociologique et phytogéographique de la végétation du Parc Régional du W du Niger. Thèse de doctorat, Université Libre de Bruxelles, Laboratoire de Botanique systématique et de Phytosociologie, 484 p. Medou C M. (2002) « Les aires protégées en Afrique : perspectives pour leur conservation », Vertigo la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Volume 3 Numéro 1 | avril 2002, mis en ligne le 01 avril 2002, consulté le 20 avril 2016. URL : http://vertigo.revues.org/4126 ; DOI : 10.4000/vertigo.4126 PFS. (2014). Politique forestière du Sénégal 2005-2025. Ministère de l’environnement et du développement durable. 138p SCBD (2010b). Strategic Plan for Biodiversity 2011–2020 and the Aichi Target: Living in Harmony with Nature. Link CBD Secretariat, Montreal. SNAPS. (2012). Stratégie nationale des aires protégées du Sénégal. Rapport de la direction des eaux et forêts. 42 p. UICN France, (2012). 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