TROUBLES DE SOMMEIL DES PERSONNES ÂGÉES
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l’horloge biologique commence à prendre de l’avance sur son temps de telle sorte que les personnes
âgées ont tendance à se mettre au lit plus tôt et à se réveiller plus tôt. A fortiori, si la personne ne
maintient pas d’horaires réguliers, la désynchronisation de l’horloge biologique sera encore plus forte.
Une partie du problème provient aussi de la diminution des fluctuations normales de la température
corporelle. La baisse de la température corporelle survenant vers 23 h est fortement liée à la tendance
au sommeil. Chez les personnes âgées, cette baisse est inférieure et tend à se produire plus tôt dans la
soirée, causant un changement dans leur cycle veille-sommeil.
Le rôle de l’exposition à la lumière est primordial, une moindre réception de la lumière, liée entre
autres à une cataracte qui diminue la quantité de lumière arrivant à la rétine, prive la personne âgée de
ce signal fondamental qui permet de se coordonner sur l’horaire social et de dormir la nuit. Une moindre
activité physique et d’obligations sociales entravent également un bon sommeil : une personne âgée, peu
active, qui reste alitée souvent, aura un sommeil encore plus fractionné et plus léger.
III/ LES TROUBLES DE SOMMEIL PROPREMENT DITS
Les troubles du sommeil des personnes âgées sont fréquents et très divers en gériatrie mais restent trop
souvent banalisés (4). L’insomnie est observée chez 30 à 50 % d’entre elles, les apnées de sommeil
touchent jusqu'à 44 % des sujets âgés de plus de 65 ans et le syndrome des jambes sans repos affecte
jusqu’à 19 % des personnes après 80 ans.
Le trouble comportemental en sommeil paradoxal augmente aussi avec l’âge. L’agitation vespérale, les
déambulations nocturnes, l’inversion du rythme circadien veille/sommeil sont fréquentes au cours des
maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, maladie à corps de Levy…).
Par ailleurs, l’édentation et le vieillissement musculaire favorisent le rétrécissement de l’espace aérien
supérieur et en conséquence les apnées obstructives du sommeil. Un tableau de pseudo-démence, une
hypertension artérielle résistante, un diabète non équilibré peuvent traduire un trouble de sommeil.
III.1/ Syndrome d’apnée de sommeil
Le Syndrome d'apnées au cours du sommeil – SAS (5) se définit par la survenue répétée d'obstructions
plus ou moins complètes des voies aériennes supérieures au cours du sommeil, responsables d’arrêts
involontaires de la respiration de plus de 10 secondes survenant plus de 5 fois par heure de sommeil.
Ces apnées sont responsables de micro éveils qui altèrent la qualité du sommeil. Dans la majorité des
cas, les apnées sont obstructives, dues à un relâchement de la langue et des muscles de la gorge qui ne
sont pas assez toniques et bloquent le passage de l’air lors de la respiration. L’apnée du sommeil survient
en général chez les personnes en surpoids, âgées.
La fréquence du syndrome d’apnée du sommeil triple après l’âge de 65 ans. Le recueil des symptômes
importants comme le ronflement ou les arrêts respiratoires peut être difficile chez le sujet âgé vivant seul
ou dormant dans une chambre à part ou souffrant d’une certaine surdité. Des formes cliniques atypiques
comme les chutes, une nycturie, des troubles cognitifs ou encore un glaucome sont aussi des signes d’appel
du SAS, mais sans spécificité chez la personne âgée.
Parmi les nombreuses conséquences du syndrome d’apnées du sommeil obstructif, il est à noter les
troubles cognitifs qui prédominent sur l’attention, les fonctions exécutives et la mémoire. La
polysomnographie est l’outil de choix pour confirmer ou infirmer le SAS. L’actimétrie offre une bonne
alternative : c’est une exploration simple, utilisable même en cas de troubles cognitifs. Elle consiste à faire
porter au poignet non dominant un appareil ressemblant à une montre qui fournit des données sur le
temps du sommeil total, la fragmentation et l’efficacité du sommeil.