98-820-A-10 Acné M. Saint-Jean, B. Dreno L’acné est une maladie chronique du follicule pilosébacé qui se développe le plus souvent à la puberté. Elle atteint 80 % des jeunes entre 12 et 20 ans, mais les formes sévères ne représentent que 15 %. Le comédon fermé ou microkyste est constamment présent dans les acnés « vraies ». L’acné juvénile polymorphe est la forme la plus commune et fréquente mais de nombreuses formes cliniques existent. L’acné est liée à une hyperproduction de sébum, des anomalies de la différenciation et de prolifération de l’épithélium infundibulaire et l’action d’une bactérie anaérobie Propionibacterium acnes. Les traitements locaux appartiennent essentiellement à quatre classes : le peroxyde de benzoyle, les rétinoïdes, les antibiotiques topiques et l’acide azélaïque, les traitements combinés associant deux classes. Les traitements systémiques sont les cyclines, les anti-androgènes, l’isotrétinoïne, les sels de zinc. Le traitement de l’acné comprend aussi l’éducation du patient sur l’utilisation de soins cosmétiques adaptés et la limitation des facteurs aggravants (manipulation, photoexposition), la prise en charge du retentissement psychologique. Il fait aussi appel à la microchirurgie de l’acné et aux traitements physiques comme le laser, les lumières, les peelings dont l’efficacité a un niveau de preuve faible. © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : Acné ; Follicule pilosébacé ; Propionibacterium acnes ; Immunité innée ; Maladie chronique Plan ■ Introduction 1 ■ Épidémiologie 1 ■ Physiopathologie de l’acné 2 ■ Lésions élémentaires de l’acné Lésions rétentionnelles constituées du comédon et du microkyste Lésions inflammatoires divisées en lésions superficielles et profondes ■ Évaluation de la sévérité et facteurs pronostiques de sévérité de l’acné Évaluation de la sévérité Facteurs pronostiques de sévérité de l’acné 2 2 2 ■ Alimentation et acné 3 ■ Acnés suivant l’âge Acné juvénile polymorphe : forme commune de l’acné Acné néonatale Acné infantile Acné prépubertaire Acné de l’adulte Acné et grossesse 3 3 3 3 3 4 4 ■ Formes graves d’acné Acné conglobata Acné fulminans 5 5 5 ■ Formes cliniques particulières d’acné Acnés révélatrices d’un désordre hormonal (hyperandrogénisme lié à une hyperandrogénie biologique) Acnés induites Acné estivale (acné aestivalis) Acné excoriée 5 2 2 ■ Maladies possiblement associées à l’acné 6 ■ Diagnostics différentiels de l’acné Lésions du visage Lésions du tronc 7 7 7 ■ Complications de l’acné 7 ■ Traitements médicamenteux Traitements locaux Moyens thérapeutiques systémiques Stratégie thérapeutique 8 8 9 11 ■ Traitements non médicamenteux Cosmétiques Traitements physiques de l’acné 11 11 12 ■ Conduite à tenir en cas d’échec 12 2 5 6 6 6 Introduction L’acné est une maladie inflammatoire chronique du follicule pilosébacé qui survient à l’adolescence le plus souvent et fait intervenir trois acteurs dans son développement : le kératinocyte du follicule pilosébacé, la glande sébacée et une bactérie anaérobie Propionibacterium acnes. La forme commune de l’acné est l’« acné juvénile polymorphe ». Les autres types d’acnés sont considérés comme des formes cliniques. Épidémiologie L’acné se développe aux alentours de la puberté ; c’est une des trois affections les plus fréquentes en France mais aussi en EMC - Dermatologie Volume 11 > n◦ 3 > août 2016 http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0319(16)66931-5 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 1 98-820-A-10 Acné Angleterre et aux États-Unis puisqu’elle concerne 80 % de la population entre 12 et 20 ans [1, 2] . Une étude française a été menée en 1996 sur un échantillon de 913 patients âgés de 11 à 18 ans ; la prévalence de l’acné était de 76 %, avec un pic entre 14 et 16 ans pour les filles et un peu plus tardif (16–17 ans) pour les garçons [3] . Ces données sont assez similaires à celles des autres pays d’Europe et du monde avec des taux d’acné chez les adolescents variant de 44,1 % au Pérou à 94,9 % en Belgique [4] . La prévalence de l’acné sévère est évaluée à environ 15 à 20 % [5] . Cependant, la proportion de patients ne consultant pas est élevée, y compris chez les adolescents s’autoévaluant comme étant atteints d’une acné sévère (21 %) [6] . Par ailleurs, l’acné de l’adulte, et plus particulièrement de la femme, devient de plus en plus fréquente (environ 25 % des femmes) avec des spécificités cliniques et thérapeutiques (cf. « Acné de l’adulte »). Physiopathologie de l’acné L’acné aujourd’hui est considérée comme une maladie inflammatoire du follicule pilosébacé et a tendance à être incluse dans le spectre des « maladies auto-inflammatoires », nouvelle catégorie de maladies qui sont liées essentiellement à l’immunité innée et qui inclut notamment la maladie de Behçet, la sarcoïdose, la maladie de Crohn. Récemment, des progrès dans la connaissance des mécanismes de l’acné ont été faits [7] . Lésions élémentaires de l’acné L’hyperséborrhée est la première manifestation de l’acné qui peut précéder de plusieurs années la survenue de l’acné. Elle est caractérisée par un aspect brillant de la peau sans hypersudation prédominant sur la zone médiofaciale du visage (front, pointe du nez, joues et menton). Dans certains cas, l’aspect de la peau semble normal, on note uniquement un aspect de pores dilatés, notamment sur le nez ou le haut des pommettes. Le microcomédon est considéré comme la lésion première de l’acné, lésion histologique et invisible cliniquement, qui va donner naissance aux lésions cliniques. Lésions rétentionnelles constituées du comédon et du microkyste Le comédon ou point noir ou comédon ouvert correspond à un bouchon corné de 1 à 3 mm de diamètre constitué de sébum et de kératine qui obstrue l’orifice infundibulaire. L’extrémité externe colorée en noir correspond à des graisses oxydées et à un dépôt de mélanine provenant de l’épithélium infundibulaire entourant le comédon. Il prend souvent l’aspect de « macro » comédon dans la conque de l’oreille. Le microkyste ou « point blanc » ou comédon fermé, est une papule blanchâtre de 2 à 3 mm de diamètre, due à l’accumulation de sébum et de kératine dans un infundibulum fermé. Le microkyste est souvent invisible mais peut être mis en évidence par étirement de la peau. Son évolution peut se faire vers l’ouverture extérieure à la peau, ou vers une rupture dans le derme environnant. La présence de P. acnes favorise son inflammation et donc son évolution vers une pustule ou une papule. Lésions inflammatoires divisées en lésions superficielles et profondes La papule est une lésion inflammatoire pouvant apparaître de novo ou être la conséquence de l’inflammation d’un microkyste, parfois après manipulation. C’est une élevure rouge, ferme, parfois douloureuse, évoluant vers la résorption spontanée, ou vers une pustule. La pustule est une papule avec à son sommet un contenu purulent. La survenue de plusieurs pustules d’emblée sans papule ou microkyste doit faire suspecter une folliculite à germes gram négatif, qui doit être confirmée par un prélèvement bactériologique. Le nodule varie suivant les pays en fonction de la taille du diamètre : supérieur à 5 mm en France, supérieur à 4 mm aux États-Unis, égal ou supérieur à 6 mm en Grande-Bretagne et 8 mm en Scandinavie. Ces nodules peuvent s’ouvrir vers l’extérieur avec parfois formation de fistules ou se rompre dans le derme. Ils donnent naissance alors à des pseudokystes inflammatoires, des abcès qui peuvent confluer en sinus, lésions inflammatoires allongées fluctuantes souvent localisées dans les sillons nasogéniens. Les nodules ont souvent une évolution cicatricielle atrophique ou hypertrophique ou chéloïdienne. Évaluation de la sévérité et facteurs pronostiques de sévérité de l’acné Évaluation de la sévérité L’évaluation de la sévérité de l’acné peut se faire dans deux perspectives : mesure de l’activité de la maladie (échelle de cotation de l’acné) et mesure de l’impact de cette dermatose sur la qualité de vie. Il existe plus de 25 échelles différentes de cotation de l’acné. En dehors d’un simple classement en acné « minime, modérée, sévère », il existe deux types d’évaluation de l’acné : les échelles d’évaluation globales de l’acné et le décompte par type de lésions sur le visage. Les premières donnent une évaluation globale de l’acné sur le visage ou le tronc, elles sont pour la plupart reproductibles, utilisables en pratique quotidienne, mais manquent de précision. Le décompte des lésions est plus précis, distingue les lésions rétentionnelles et inflammatoires, il est réalisé essentiellement sur le visage, mais est associé à une mauvaise reproductibilité interobservateurs, voire intraobservateur. Il est par ailleurs difficilement utilisable dans le cadre de la pratique courante [8] . Suite aux recommandations de la Food and Drug Administration (FDA) d’utiliser une échelle globale en six grades, le groupe français d’experts sur l’acné a développé et validé une échelle européenne Global Evaluation Acne (GEA) qui distingue six grades de 0 : pas de lésion à 5 : acné très sévère [9] (Tableau 1). Facteurs pronostiques de sévérité de l’acné Une étude récente a mis en évidence plusieurs facteurs pronostiques de la sévérité de l’acné [4] . Les deux principaux sont l’âge supérieur à 17 ans et les antécédents familiaux. D’autres ont été rapportés comme l’hyperséborrhée, le stress, le tabagisme chez la Tableau 1. Échelle Global Evaluation Acne (GEA) (d’après [9] ). Grade Évaluation globale 0 Pas de lésion Description Une pigmentation résiduelle et un érythème peuvent être présents 1 Pratiquement pas de lésion Rares comédons ouverts ou fermés dispersés et rares papules 2 Légère Facilement identifiable : moins de la moitié du visage est atteinte. Quelques comédons ouverts ou fermés et quelques papulopustules 3 Moyenne Plus de la moitié de la surface du visage est atteinte : nombreuses papulopustules, nombreux comédons ouverts ou fermés. Un nodule peut être présent 4 Sévère Tout le visage est atteint, couvert de nombreuses papulopustules, comédons ouverts ou fermés et rares nodules 5 Très sévère Acné très inflammatoire recouvrant le visage avec des nodules 2 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. EMC - Dermatologie Acné 98-820-A-10 Figure 1. Acné Juvénile polymorphe. Figure 2. Lésions rétentionnelles. Figure 3. Lésions inflammatoires. femme. Le facteur pronostique qui semble actuellement majeur pour la sévérité de l’acné est l’existence d’antécédents familiaux d’acné chez le père et/ou la mère et/ou dans la fratrie âgée de plus de 12 ans. En effet, ce facteur serait lié à un début plus précoce de l’acné, un plus grand nombre de lésions rétentionnelles et une rechute plus rapide de l’acné. Alimentation et acné [10] L’association de l’acné à la consommation de certains aliments ou types de nutriments est un sujet encore actuellement débattu. La plupart des études publiées se heurtent à de nombreux obstacles dont la difficulté de quantifier et de contrôler l’alimentation de chaque patient, les biais éventuels (perte de poids lors d’un régime pauvre en hydrates de carbone) et les différences culturelles, ethniques et environnementales entre les patients. Enfin, elles sont rarement randomisées. Acnés suivant l’âge L’acné n’est pas une maladie monomorphe. Il existe plusieurs types d’acnés caractérisées par des aspects cliniques, des évolutions, des terrains différents aboutissant à des prises en charge thérapeutiques différentes et surtout un pronostic évolutif différent. Acné juvénile polymorphe : forme commune de l’acné L’acné juvénile polymorphe est la forme la plus fréquente d’acné, débutant en général vers l’âge de 12 à 13 ans chez la fille, un ou deux ans plus tard chez le garçon ( Fig. 1). Elle associe des lésions rétentionnelles ( Fig. 2) et des lésions inflammatoires ( Fig. 3) sur le visage. Les lésions rétentionnelles sont indispensables pour poser le diagnostic d’acné. Les lésions d’acné peuvent s’étendre au cou et au tronc, notamment à la gouttière sternale, aux épaules, au dos. Une extension des lésions en dessous de la pointe des omoplates est considérée comme un facteur de sévérité. Acné néonatale [11] C’est une acné transitoire, survenant environ chez 20 % des nouveau-nés, et plus fréquemment chez le garçon. Elle serait due à la stimulation des glandes sébacées par les androgènes maternels, mais le rôle éventuel de Malassezia furfur est évoqué. Elle atteint rarement le thorax, on peut toutefois observer une diffusion de lésions inflammatoires (papules et pustules) aux épaules et à la partie haute du dos. Elle peut être aggravée par des soins locaux mal appropriés (topiques huileux). Son évolution est spontanément favorable dans un délai court, en moyenne deux à trois mois, mais qui peut être prolongé si l’hyperandrogénisme transitoire du nouveau-né a induit une production transitoire de gonadotrophines hypophysaires et de l’adrenocorticotrophic hormone (ACTH). Il peut même de façon exceptionnelle en résulter la formation d’abcès gommeux récidivants des joues au-delà de l’âge de nourrisson. Il convient de rechercher une prise médicamenteuse maternelle, notamment à base de lithium ou d’hydantoïne. Les diagnostics différentiels à évoquer sont la pustulose céphalique néonatale et la mélanose pustuleuse transitoire. Acné infantile L’acné infantile doit être distinguée de l’acné néonatale. Elle est de début plus tardif, après 2 ans mais avant la puberté ( Fig. 4). Elle est rare et doit donc faire suspecter un trouble endocrinien sous-jacent quand elle est sévère et inflammatoire. Ainsi, d’autres signes cliniques sont le plus souvent associés à l’acné : une pilosité précoce, un développement précoce des organes génitaux androgéno-dépendants, une obésité et une avance staturale. Il convient alors de rechercher une cause sous-jacente endocrinienne telle qu’une hyperplasie congénitale des surrénales, notamment par bloc enzymatique en 21--hydroxylase (complet ou partiel), une tumeur ovarienne ou surrénalienne. Acné prépubertaire Elle se présente essentiellement sous la forme de lésions rétentionnelles localisées sur le front, les joues et le nez et s’accompagne souvent d’une élévation du sulfate de déhydroépiandrostérone (DHEA). Dans une étude longitudinale sur cinq ans incluant EMC - Dermatologie © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 3 98-820-A-10 Acné Figure 5. Figure 4. Acné infantile. 871 filles, il a été montré que les patientes développant ultérieurement des acnés graves avaient un nombre plus élevé de comédons dès l’âge de 10 ans en comparaison avec celles qui vont développer une acné minime à modérée [12] . L’acné prépubertaire peut être révélatrice d’un syndrome des ovaires polykystiques [13] mais le plus souvent il s’agit d’une adrénarche précoce physiologique. Acné de l’adulte Elle est plus fréquente chez la femme. L’acné de la femme adulte concerne classiquement la femme de plus de 25 ans dans les publications. En fait, elle peut être observée chez la femme dès l’âge de 20 ans (après l’adolescence) et a les mêmes caractéristiques que l’acné « classique » de la femme adulte. C’est une entité désormais bien caractérisée et qui doit être distinguée de l’acné juvénile. Il existe deux sous-types : le sous-type « continu » qui est un prolongement de l’acné de l’adolescence à l’âge adulte avec des périodes de rémission possibles, le sous-type « début à l’âge adulte », cette forme étant moins fréquente [14] , de l’ordre de 20 % entre 25 et 40 ans [15] . L’association avec une cause hormonale sous-jacente (notamment ovarienne ou surrénalienne) est rare mais justifie de rechercher des signes cliniques d’hyperandrogénisme associés tels que hirsutisme, alopécie de type masculin, prise de poids, aménorrhée ou oligoménorrhée, stérilité. En l’absence de signes d’hyperandrogénisme ou de troubles du cycle menstruel, un bilan hormonal n’est pas indiqué. Il convient alors de s’assurer de l’absence d’utilisation de soins locaux comédogènes, de la prise d’estroprogestatifs avec une composante progestative androgénique, ou de dispositifs contraceptifs contenant des progestatifs, de l’absence de traitement systémique associé inducteur d’acné. Le profil clinique de la femme adulte atteinte d’acné a été récemment précisé grâce à une étude prospective internationale incluant 374 patientes [16] . Deux présentations cliniques sont possibles. Le premier profil est proche de l’acné de l’adolescent associant lésions rétentionnelles et inflammatoires (avec nodules possibles), une localisation au tronc dans la moitié des cas et une acné modérée à sévère chez 50 % des patientes. Le second tableau est celui classiquement décrit et caractérisé par des lésions prédominant à la mandibule ( Fig. 5). Le nombre de lésions est Acné de la femme. souvent modéré, mais des nodules profonds en petit nombre présentant par période des poussées inflammatoires sont assez caractéristiques. Les comédons peuvent être absents. Certains facteurs liés au style de vie pourraient aggraver l’acné : stress au travail, tabagisme, utilisation de produits cosmétiques inadaptés, terrain génétique avec antécédent familial d’acné. À ce jour, le mécanisme de cette acné de la femme adulte est inconnu. Une des pistes serait que les variations individuelles en termes d’acné soient liées aux polymorphismes génétiques des récepteurs aux androgènes (AR). En l’absence d’autre signe clinique associé (notamment d’hyperpilosité), il n’y a pas d’indication à réaliser un bilan biologique hormonal. En effet, dans le contexte d’acné de la femme adulte, il y a un hyperandrogénisme par possible hypersensibilité des récepteurs aux androgènes mais pas d’hyperandrogénie biologique [17] . L’acné de l’homme adulte est moins fréquente et plus difficile à estimer car elle est localisée essentiellement au dos et est souvent associée à une hyperséborrhée [18] . Sur le plan thérapeutique, l’acné de l’adulte (femme ou homme) doit être prise en charge selon les recommandations actuelles (cf. « Traitements médicamenteux »). Si un traitement systémique est nécessaire, en fonction de la sévérité de l’atteinte, les cyclines et/ou l’isotrétinoïne sont prescrits. En cas d’échec des cyclines ou de rechute après l’isotrétinoïne, la spironolactone à petites doses (hors autorisation de mise sur le marché [AMM]) peut être proposée chez la femme. On peut également prescrire l’acétate de cyprotérone Androcur® à la dose de 50 à 100 mg par jour en association avec une contraception contenant des estrogènes ou encore Diane 35® (acétate de cyprotérone 2 mg et éthinylestradiol 35 g). Acné et grossesse L’acné au cours de la grossesse est fréquente : dans une étude française récente incluant 378 femmes enceintes qui consultaient un dermatologue, 42,3 % des patientes avaient de l’acné [19] . L’évolution de l’acné est variable au cours d’une grossesse : chez certaines femmes, on note une récurrence de l’acné, alors que chez d’autres, au contraire, l’acné s’améliore considérablement pendant cette même période. L’acné pendant une grossesse représente pour le praticien un problème d’ordre thérapeutique ( Tableau 2) ; en effet l’isotrétinoïne et les cyclines (deuxième et troisième trimestres) sont contre-indiquées par voie orale tout comme les rétinoïdes locaux. Le gluconate de zinc peut alors être une alternative intéressante. Même si l’AMM reste prudente : « Dans l’acné, au premier trimestre, compte tenu des données disponibles, il est préférable, par mesure de prudence, d’éviter d’utiliser les sels de zinc ». Les données cliniques étant rassurantes, ce traitement peut donc être prescrit tout au long de la grossesse, mais la posologie tient compte des autres apports éventuels de zinc. De même, le peroxyde de benzoyle peut être utilisé au cours de la grossesse, l’AMM recommandant une utilisation prudente. 4 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. EMC - Dermatologie Acné 98-820-A-10 Tableau 2. Traitements de l’acné de la femme enceinte. Traitements Recommandations de leur utilisation au cours de la grossesse Systémiques Isotrétinoïne Cyclines Gluconate de zinc Érythromycine Contre-indiquée Contre-indiquée Possible sauf premier trimestre Possible Locaux Érythromycine Peroxyde de benzoyle Trétinoïne Adapalène Acide azélaïque Possible Possible Ne pas utiliser par mesure de précaution Ne pas utiliser par mesure de précaution Possible Figure 7. Acné fulminans. peuvent aussi être associées, mais l’évolution est toujours favorable. Plus rarement, l’acné fulminans peut être associée avec un érythème noueux ou une hépatosplénomégalie. Elle pourrait être la résultante d’une réaction auto-immune à des antigènes de P. acnes, ou à des antigènes du follicule pilosébacé libérés par l’isotrétinoïne. Formes cliniques particulières d’acné Figure 6. Acné conglobata. Formes graves d’acné Acné conglobata (Fig. 6) C’est une acné nodulaire suppurative chronique. Elle débute le plus souvent sous forme grave d’emblée mais peut plus rarement commencer sous la forme d’une acné ordinaire puis s’aggraver avec une extension des lésions du visage au tronc, aux épaules, aux fesses et aux racines des membres. Parallèlement, apparaissent des nodules multiples, volumineux, douloureux qui peuvent évoluer vers la fistulisation. Des pseudokystes profonds présentant des poussées inflammatoires peuvent se développer et fusionner. Ils sont suivis de comédons de grande taille souvent polypores séquellaires des lésions nodulaires, ainsi que des cicatrices indurées, déprimées ou rétractiles souvent pontées par des brides de peau résiduelle, retentissant sur la qualité de vie des malades. Acné fulminans (Fig. 7) C’est la forme la plus grave de l’acné [20] . Elle touche surtout les adolescents de sexe masculin et est très rare. Elle peut apparaître spontanément ou être induite par l’isotrétinoïne, voire plus rarement par des traitements hormonaux de blocage de la croissance par testostérone. Ce tableau est d’apparition brutale et associe, d’une part, des lésions inflammatoires et, d’autre part, des signes généraux. Les lésions inflammatoires sont douloureuses, elles peuvent se fistuliser à la peau, avec extraction de pus gélatineux. Certaines peuvent être ulcéronécrotiques, notamment au niveau du tronc. À ces lésions inflammatoires s’associent une hyperthermie, une altération de l’état général, des douleurs articulaires et musculaires. Sur le plan biologique, il existe une hyperleucocytose. Des complexes immuns circulants et une protéinurie peuvent être présents. Des images de lyse osseuse posant le problème du diagnostic différentiel avec une ostéomyélite Acnés révélatrices d’un désordre hormonal (hyperandrogénisme lié à une hyperandrogénie biologique) Dans certains cas, l’acné est un symptôme d’une hyperandrogénie biologique. Les androgènes sont synthétisés dans les ovaires et la glande surrénale à partir du cholestérol puis de la progestérone. Ils peuvent aussi résulter d’une conversion périphérique à partir de précurseurs peu actifs (dans le foie, les muscles et la peau). La delta-4 androstènedione est à la fois d’origine ovarienne et surrénalienne, le sulfate de déhydroépiandrostérone d’origine essentiellement surrénalienne et la 17--hydroxyde progestérone d’origine ovarienne. L’acné peut être liée à un hyperandrogénisme fonctionnel, cas le plus fréquent (par exemple dans le cadre du syndrome des ovaires polykystiques ou d’un déficit enzymatique en 21-hydroxylase de révélation tardive) mais aussi à un hyperandrogénisme tumoral plus rare (tumeur ovarienne ou surrénalienne). Elle peut également exister dans le cadre d’un syndrome de Cushing. Dans ces cas, l’acné est associée à d’autres symptômes tels que des règles irrégulières et douloureuses, une obésité et une hyperpilosité ou un hirsutisme. L’association de ces signes à une acné doit faire évoquer la possibilité d’un désordre hormonal et est une indication à prescrire des explorations endocriniennes. Attention, dans le cas d’une acné isolée de forme « classique », il n’y a aucune indication à prescrire ce bilan. Les explorations associent une échographie ovarienne (si possible par voie endovaginale) et un bilan biologique. L’échographie ovarienne recherche une augmentation du volume des ovaires et un nombre de follicules par ovaire supérieur à 12. Le bilan biologique doit être prélevé tôt le matin, en première partie de cycle (entre le troisième et le sixième jour du cycle) et après deux mois d’arrêt de tout traitement hormonal contraceptif. Il comprend : un dosage de la testostérone et de la 17-OH progestérone avant et après test à l’ACTH. Pour certains, on peut également doser la sex hormone binding globulin (SHBG) et le sulfate de déhydroépiandrostènedione (SDHEA). Un taux de testostérone normal associé à une échographie normale permet de conclure à un hirsutisme idiopathique. EMC - Dermatologie © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 5 98-820-A-10 Acné Tableau 3. Les médicaments inducteurs d’acné. Les androgènes chez la femme. Mais le développement du dopage aux androgènes dans les instituts de culturisme et en compétition sportive a augmenté la fréquence des ces acnés chez l’homme. L’acné peut prendre un aspect d’acné fulminante. Il s’agit souvent de patients ayant pris antérieurement des complexes de vitamine B ou des stéroïdes anabolisants Les contraceptifs oraux contenant des progestatifs androgéniques Les corticoïdes locaux et généraux incluant les corticoïdes inhalés, et l’ACTH Les tuberculostatiques avec l’isoniazide (surtout les acétyleurs lents), la rifampicine et l’éthionamide Les vitamines B1 , B6 et B12 Les antiépileptiques sébo-inducteurs : barbituriques ; hydantoïne, triméthadione, dantrolène Les halogènes (bromures, iodures) parfois difficiles à identifier (produit radio-opaque, préparations vitaminées, sirop pour le rhume, l’asthme, etc.) Les sels de lithium et certains antidépresseurs Les médicaments immunosuppresseurs, notamment l’azathioprine et la ciclosporine A Quinine et quinidine Les inhibiteurs des kinases, notamment les anti-epidermal growth factors (EGF) Cette liste n’est pas exhaustive. Le diagnostic est évoqué sur l’aspect clinique des lésions et la mise en évidence du médicament, et confirmé par la régression progressive des lésions à l’arrêt du médicament ACTH : adrenocorticotrophic hormone. Acnés induites Exogènes Huiles essentielles, goudron Elles sont induites par l’application sur la peau d’huile minérale très comédogène. La lésion élémentaire est représentée par « le bouton d’huile ». Ces acnés se voient à la suite d’intoxications ou d’expositions professionnelles à des hydrocarbures aromatiques halogénés, surtout polychlorés comme les naphtalènes, les bisphénols polyhalogénés. Chlore L’acné chlorique qui est la traduction d’une intoxication se manifeste au début par l’apparition de comédons, notamment dans les régions malaires, rétro-auriculaires et scrotales. Puis les lésions s’étendent au dos, aux épaules, à la poitrine et aux fesses. Le nez est en général respecté. Les régions axillaires ne sont touchées qu’en cas d’ingestion ou d’inhalation. Lorsque l’intoxication est prolongée, aux comédons s’associent des microkystes, des kystes et des lésions inflammatoires. De plus, peuvent apparaître des signes généraux, digestifs, pulmonaires, neurologiques. À l’arrêt de l’exposition, les lésions régressent sur plusieurs mois (en moyenne six mois) mais peuvent persister parfois. Cosmétiques Les acnés aux cosmétiques sont dues à la présence dans les produits topiques d’huiles végétales ou de paraffine fluide (vaseline). Par ailleurs, des frottements répétés ou une occlusion peuvent générer une acné mécanique (port de casque, sac à dos, etc.) habituellement comédonienne. Iatrogènes Il peut s’agir d’une acné entretenue par un médicament ou de lésions acnéiformes induites par le médicament ( Tableau 3). Dans ce dernier cas, les lésions sont monomorphes, le plus souvent de type inflammatoire (papules, pustules), induites par la réaction inflammatoire développée autour du follicule pilosébacé. Les comédons et microkystes sont absents ou rares. Les lésions peuvent siéger aux extrémités. Elles peuvent parfois réaliser un tableau d’acné fulminans avec présence de signes généraux. Des traitements récents en cancérologie, les inhibiteurs des kinases, notamment les anti-epidermal growth factor (EGF) sont inducteurs de ces pseudos acnés inflammatoires amenant parfois les patients à interrompre les traitements anticancéreux malgré une réponse thérapeutique [21] . Le terme de folliculite induite est à préférer à celui de rash acnéiforme car les comédons étant absents, il est préférable de ne pas employer le terme d’acné. Acné induite par des traitements androgènes. Traitements en automédication (culturisme, sport de haute compétition, etc.), ou prescrits pour limiter la croissance L’acné induite par un traitement par testostérone a également été rapportée chez des patients atteints de maladies génétiques (syndrome de Marfan ou de Klinefelter). Ces acnés ressemblent aux acnés juvéniles mais sont souvent résistantes aux traitements habituels. Il peut s’agir d’acné de type fulminans. Devant une acné résistante, il faut penser à interroger le patient sur une éventuelle prise en « automédication » d’anabolisants [22] . Acnés induites par les traitements hormonaux contraceptifs La plupart des progestatifs exercent un effet agoniste lorsqu’ils se fixent sur les récepteurs AR et sont donc potentiellement androgéniques. Ils peuvent induire, ou aggraver une acné. Cinq progestatifs ont une activité anti-androgéniques in vitro : l’acétate de cyprotérone (Androcur® ), l’acétate de chlormadinone (Lutéran® ), le dienogest, la drospirénone et le norgestimate. Lorsque cela est possible, il faut donc privilégier une contraception contenant un progestatif anti-androgénique chez la femme acnéique car la poursuite d’un progestatif androgénique va compromettre l’efficacité de tout traitement antiacnéique. Acnés induites par la corticothérapie Les corticoïdes sous forme systémique, topique ou inhalée peuvent induire ou exacerber une acné préexistante. Il s’agit d’une éruption papulopustuleuse monomorphe du tronc, du dos et du visage en cas de prise systémique. En cas d’application topique sur le visage ou d’inhalation, l’atteinte du visage est évocatrice d’une acné, d’une rosacée ou d’une dermite périorale. Acné estivale (acné aestivalis) L’acné estivale est une éruption monomorphe constituée de multiples lésions papuleuses inflammatoires. Elle est aussi dénommée acné de « Majorque » car elle survenait souvent chez les Scandinaves passant des vacances à Majorque au soleil. Les lésions prédominent sur les faces latérales du cou, la poitrine, les épaules et la partie supérieure des bras. Sur le plan histologique, on note une destruction du follicule pilosébacé par un infiltrat neutrophilique. L’éruption régresse avec la fin de l’exposition solaire sur plusieurs semaines. Les ultraviolets A (UVA) auraient une action prédominante, expliquant la possibilité de voir apparaître ce type d’éruption après PUVAthérapie. Acné excoriée Aux lésions d’acné s’associent des excoriations. Cette forme d’acné est entretenue par une manipulation continue des lésions. Elle peut survenir chez l’adolescent ou l’adulte, mais prédomine largement dans le sexe féminin. Elle peut être la traduction d’un terrain psychologique sous-jacent fragile et d’anxiété dont il faut savoir tenir compte dans la prise en charge thérapeutique. Il est difficile d’interrompre le cercle vicieux dans lequel la patiente s’est placée, ce d’autant plus que très souvent aux manipulations intempestives s’associent des soins de cosmétologie inadaptés. Il faut insister sur les risques cicatriciels qu’induisent ces microtraumatismes répétés. Maladies possiblement associées à l’acné Il s’agit de l’hidradénite suppurée ou maladie de Verneuil ou acné inversa (syndrome d’occlusion folliculaire) et du syndrome synovite, acné, pustulose, hyperostose, ostéite (SAPHO). 6 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. EMC - Dermatologie Acné 98-820-A-10 Diagnostics différentiels de l’acné Lésions du visage Rosacée Dans la rosacée, les lésions sont papulopustuleuses, mais les comédons et microkystes sont absents. Les lésions sont surtout localisées sur les joues et le nez (centrofaciales). Des bouffées vasomotrices aux changements de température ou lors de la consommation d’aliments épicés ou de la prise d’alcool peuvent être associées. On trouve le plus souvent une érythrose faciale, des télangiectasies, voire un œdème facial sous-jacent, qui peuvent inaugurer l’affection. La rosacée survient à un âge plus tardif (la quarantaine) et s’accompagne dans près de 25 % des cas d’une atteinte oculaire. Pyoderma facial ou rosacée fulminans Son appartenance à la rosacée demeure discutée. Il touche essentiellement les femmes après 20 ans. Il se manifeste par l’apparition brutale de lésions inflammatoires associant pustules, nodules et kystes et pouvant évoluer vers la fistulisation. Elles siègent essentiellement sur le nez et les joues mais des localisations au dos ont été signalées. Aucun terrain particulier n’a été identifié à ce jour. Elles peuvent survenir chez une jeune femme porteuse d’une acné banale ou n’ayant jamais eu d’acné préalablement. Le rôle favorisant d’un traitement n’a pas été démontré. L’association à un érythème cyanotique du visage est caractéristique. Paradoxalement, alors que les lésions cutanées sont très inflammatoires, l’état général est parfaitement conservé. Démodécie faciale Elle se caractérise par une hyperkératose des ostia folliculaires où pullulent des demodex. Les lésions typiques de l’acné sont absentes. Les formes profuses doivent faire rechercher une infection due au virus de l’immunodéficience humaine positif (VIH+) associée. Dermatite périorale Figure 8. Cicatrices atrophiques en pic à glace. Les autres diagnostics différentiels sont : la syphilis secondaire, la sarcoïdose micronodulaire, un lupus miliaire de la face, les angiofibromes de la sclérose tubéreuse de Bourneville. Chez le sujet noir, le diagnostic peut se poser avec les pseudofolliculites de la barbe et la dermatite périorale granulomateuse. Lésions du tronc Folliculite pityrosporique Les lésions sont des papules folliculaires centrées par un orifice pilosébacé béant parfois enflammé (pustule) se développant sur une peau séborrhéique. Il n’y a pas de comédon. Elles sont surtout localisées sur le dos, survenant chez l’adulte jeune, plus souvent le garçon et s’aggravant l’été. Les antibiotiques aggravent le plus souvent les lésions. Le diagnostic est confirmé par un examen mycologique qui met en évidence M. furfur et par l’examen histologique qui montre les levures à l’intérieur du follicule pilosébacé où elles forment un abcès. Les formes intenses se voient le plus souvent chez des sujets immunodéprimés. Les lésions uniquement inflammatoires à type de papules et pustules folliculaires sont localisées autour de la bouche mais avec un respect de la zone proche du bord vermillon des lèvres. Elles se voient surtout chez la femme et sont le plus souvent liées à un abus de cosmétiques ou l’utilisation répétée de corticoïdes locaux. La pathogénie exacte demeure discutée : rôle d’un agent infectieux ? Autres folliculites du dos Folliculite nécrosante lymphocytaire ou acné nécrotique Il correspond à l’apparition de lésions acnéiques dans un territoire circonscrit du tronc et appartient au groupe des naevus fonctionnels de la peau (naevus de Becker, naevus anémique, etc.). Le mécanisme étiologique est inconnu. Il pourrait faire intervenir un dysfonctionnement des récepteurs androgéniques des glandes sébacées de la région atteinte. L’acné naevus représente l’inverse de l’acné « free naevus » caractérisé par le respect d’un territoire donné chez un patient acnéique. Elle est caractérisée par des lésions folliculaires inflammatoires, croûteuses dont le centre se déprime pour évoluer vers une cicatrice varioliforme. Les lésions sont localisées au pourtour du cuir chevelu (front, nuque, région temporale). Les lésions très inflammatoires sont douloureuses et souvent prurigineuses. L’examen histologique met en évidence une nécrose distale des follicules pilosébacés associée à une infiltration lymphocytaire. Il s’agit des folliculites bactériennes, de la folliculite éosinophilique d’Ofuji, des folliculites mécaniques liées à des frottements répétés ou des positions allongées prolongées sur le dos. Naevus comédonien ou hamartome comédonien Folliculite à germes à Gram négatif Complications de l’acné C’est une pyodermite folliculaire qui peut survenir spontanément ou compliquer un traitement antibiotique trop prolongé, notamment par cyclines. Deux types de folliculites à germes à Gram négatif ont été décrits : • type I : la forme papulopustuleuse, où les lésions prédominent autour des orifices narinaires et la bouche ; • type II : la forme nodulaire simulant une acné conglobata. Les cultures trouvent le plus fréquemment Enterobacter, Klebsiella ou Escherichia coli pour le type I et Proteus pour le type II. Le traitement repose avant tout sur l’isotrétinoïne, des antibiotiques adaptés sont proposés en deuxième intention. Le diagnostic repose sur le prélèvement bactériologique des pustules ou endonarinaire. Les cicatrices d’acné sont des lésions secondaires et représentent l’évolution finale des lésions inflammatoires de l’acné. L’érythème et la pigmentation ne sont pas considérés comme des cicatrices car ils sont en général résolutifs. L’intensité de la pigmentation est liée au phototype et à l’exposition solaire. Les cicatrices sont d’autant plus marquées que l’inflammation cutanée est importante et d’évolution prolongée. Cependant, l’apparition de cicatrices n’est pas systématiquement liée à la sévérité de l’acné ; ainsi, on peut observer une évolution cicatricielle d’une acné inflammatoire superficielle. Une classification récente des cicatrices a été proposée ( Fig. 8) avec une échelle permettant d’évaluer l’efficacité des traitements : l’échelle d’évaluation des cicatrices d’acné (ECCA) ( Fig. 9) [23] . EMC - Dermatologie © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 7 98-820-A-10 Acné Facteur multiplicateur (a) Description En « V » En « U » Cicatrices atrophiques En « M » • Cicatrices atrophiques en « V » • Diamètre inférieur à 2 mm • Ponctiformes • 15 • Cicatrices atrophiques en « U » • Diamètre de 2 à 4 mm • À bords taillés à pic • Cicatrices atrophiques en « M » • De taille supérieure à 4 mm, superficielles • Avec une surface irrégulière • 20 • Élastolyse superficielle • 30 • 25 Score semi-quantitatif (b) Grade (a x b) 0 = pas de cicatrice 1 = quelques cicatrices 2 = nombre limité de cicatrices 3 = beaucoup de cicatrices • /_________/ 0 = pas de cicatrice 1 = quelques cicatrices 2 = nombre limité de cicatrices 3 = beaucoup de cicatrices • /_________/ 0 = pas de cicatrice 1 = quelques cicatrices 2 = nombre limité de cicatrices 3 = beaucoup de cicatrices • /_________/ 0 = absente 1 = minime 2 = modérée 3 = intense • /_________/ • Sous-total 1 Élastolyse superficielle Cicatrices hypertrophiques inflammatoires • /_________/ • Cicatrices inflammatoires hypertrophiques • Cicatrices datant de moins de 2 ans • Cicatrices chéloïdes • Cicatrices hypertrophiques • Datant de plus de 2 ans • 40 • 50 0 = pas de cicatrice 1 = quelques cicatrices 2 = nombre limité de cicatrices 3 = beaucoup de cicatrices • /_________/ 0 = pas de cicatrice 1 = quelques cicatrices 2 = nombre limité de cicatrices 3 = beaucoup de cicatrices • /_________/ • Sous-total 2 • /_________/ • Score global (sous-total 1 + 2) • /_________/ Chéloïdes Figure 9. Évaluation clinique des cicatrices d’acné (ECCA) : grille de cotation des cicatrices atrophiques et hypertrophiques. Cette échelle distingue les cicatrices atrophiques, l’élastolyse superficielle, les cicatrices hypertrophiques inflammatoires et, enfin, les chéloïdes. On décrit trois types de cicatrices atrophiques : • en « V » ou en pic à glace (cicatrices plus larges en surface qu’en profondeur, punctiformes, mesurant moins de 2 mm) ; • en « U » à bords verticaux (cicatrices à bord taillé à pic sur socle scléreux, de taille entre 2 et 4 mm) ; • en « M » (cicatrices plus larges, de taille supérieure à 4 mm, avec une surface irrégulière). L’élastolyse superficielle est localisée sur le tronc et se présente sous la forme de papules blanches atrophiques centrées par un follicule pilosébacé. Les cicatrices hypertrophiques sont plus fréquemment localisées sur le tronc (épaules et décolleté) sur des zones de lésions inflammatoires d’acné antérieure ; elles peuvent régresser spontanément. On y oppose les cicatrices chéloïdes qui débordent de la zone atteinte antérieurement, qui sont prurigineuses et qui ne régressent pas après deux ans d’évolution. Traitements médicamenteux Des recommandations sur la prise en charge de l’acné ont été proposées initialement par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) [24] puis adaptées à l’échelle GEA de sévérité de l’acné par un groupe français [25] et par des recommandations européennes [26] . Ces recommandations ont fait l’objet d’une mise à jour récente. Le choix du traitement tient compte du type d’acné et de l’extension des lésions. L’acné étant une maladie inflammatoire chronique, on parle de traitement d’induction ou traitement d’attaque et de traitement d’entretien. Certains facteurs pronostiques péjoratifs plus souvent liés à un risque d’échec thérapeutique ont été identifiés et doivent être pris en compte dans la décision thérapeutique. Il s’agit de l’existence d’une séborrhée importante, d’un début précoce prépubertaire de l’acné, des antécédents familiaux et d’une extension des lésions au tronc ou à la région lombaire. Traitements locaux Quatre classes médicamenteuses ont fait la preuve de leur efficacité dans le traitement local de l’acné. Le choix se fait en fonction du type prédominant de lésions acnéiques, et il est parfois intéressant d’associer ces divers traitements entre eux pour avoir une action synergique et limiter les effets indésirables. Les traitements locaux doivent être utilisés sur l’ensemble de la surface atteinte d’acné et non, erreur fréquente, « bouton par bouton ». Ils doivent être appliqués sans frotter la peau. Antibiotiques locaux En France, deux antibiotiques sont disponibles : l’érythromycine en gel, en solution et en lotion à 4 % et la clindamycine en solution et en gel à 1 %. Leur mode d’action est à la fois antibactérien et anti-inflammatoire. Leur indication est donc « acnés 8 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. EMC - Dermatologie Acné 98-820-A-10 inflammatoires papulopustuleuses minimes ». Ils n’ont pas ou peu d’activité kératolytique. Ils sont bien tolérés, induisant parfois une légère irritation liée à l’excipient alcoolique. Le risque majeur des antibiotiques locaux est l’induction de résistance bactérienne aux antibiotiques. À ce jour, en France, le pourcentage de patients porteurs de souches de P. acnes résistants à l’érythromycine (résistance croisée avec la clindamycine) est évalué à 75 % et dépasse les 90 % dans d’autres pays européens comme l’Espagne. Ce risque pouvant être associé à une diminution d’efficacité du traitement, et par ailleurs la résistance pouvant être transférée à des germes pathogènes comme le streptocoque ou le staphylocoque, il est recommandé de n’utiliser l’antibiothérapie locale que sur une courte période, inférieure à un mois et de l’associer à un peroxyde de benzoyle ou un rétinoïde topique afin de limiter ce risque de résistance [27] . Malgré ces risques désormais bien identifiés et les recommandations, chez les patients atteints d’acné de grade 1 ou 2, les dermatologues français prescrivent une antibiothérapie seule chez respectivement 44 et 30 % des patients recevant un traitement local [28] . Le peroxyde de benzoyle ayant montré une efficacité identique sur les lésions inflammatoires sans induire de résistance bactérienne, il représente une alternative aux antibiotiques. Peroxyde de benzoyle Il existe en gel et en crème à 2,5, 5 et 10 %. Il a surtout une activité antibactérienne vis-à-vis de P. acnes, mais possède aussi une légère activité kératolytique. Il n’induit pas de résistance vis-àvis de P. acnes. Il convient donc aux acnés mixtes à prédominance inflammatoire. Il peut être utilisé chez la femme enceinte ; c’est un excellent traitement topique, sous utilisé. Il présente trois effets indésirables à connaître : • irritation locale, en particulier en début de traitement sur le visage. Une prescription initiale à faible concentration puis lentement croissante peut pallier cet effet ; • phototoxicité possible lors de l’exposition solaire, facilement contrôlée par l’application le soir ; • cas d’eczémas de contact décrits interdisant définitivement l’utilisation du peroxyde de benzoyle. Par ailleurs, cette molécule a l’inconvénient de décolorer les vêtements. Rétinoïdes topiques Trois molécules sont disponibles sur le marché : l’acide rétinoïque (tout-trans ou trétinoïne) disponible en gel et en crème à 0,025 et 0,05 %, en lotion à 0,1 %, l’acide 13 cis-rétinoïque ou isotrétinoïne en gel à 0,05 % qui n’a pas l’effet sébosuppresseur de la forme orale et l’adapalène, rétinoïde synthétique disponible en gel ou crème à 0,1 %. Les rétinoïdes ont une activité kératolytique mais aussi anti-inflammatoire essentiellement démontrée pour l’adapalène. Ils stimulent la formation des cellules cornées libres, diminuent la cohérence du bouchon corné, aboutissant à la fonte et à l’expulsion du bouchon corné. Ils agissent ainsi sur les comédons et les microkystes et sont utilisés dans les acnés rétentionnelles. L’effet indésirable le plus souvent rencontré est une irritation. De plus, il existe en été une sensibilité accrue au soleil liée à la diminution de la couche cornée nécessitant l’utilisation d’une crème solaire. Pour atténuer l’effet irritant, on peut débuter le traitement en utilisant les concentrations les plus faibles et augmenter progressivement. Il convient d’adjoindre une crème hydratante et de conseiller au patient de ne pas appliquer le produit immédiatement après la toilette. Il n’existe pas de consensus concernant le risque tératogène des rétinoïdes locaux et les données accumulées suggèrent que le risque est extrêmement faible : • le taux d’absorption est d’environ 2 % de la dose appliquée ; • l’utilisation topique n’augmente que de façon infime le taux plasmatique des rétinoïdes endogènes (1 à 2 ng/ml) ; • le suivi de quelques centaines de femmes ayant utilisé un rétinoïde local pendant leur grossesse montre que le risque n’est pas supérieur à celui de la population générale (environ 5 %). Cependant, il paraît préférable de les proscrire chez la femme enceinte. L’acide azélaïque, connu pour son activité dépigmentante, est un kératolytique faible à modéré. Il est disponible sous forme de crème à 20 %. Traitements combinés En France, il existe deux types de traitements combinés : • association rétinoïdes et antibiotiques topiques (trétinoïne 0,025 % + érythromycine 4 % ; trétinoïne 0,025 % + clindamycine 1 %) ; • association peroxyde de benzoyle 2,5 % et adapalène 0,1 %. L’intérêt de ces traitements combinés est d’élargir le spectre d’action en associant un antimicrobien avec un rétinoïde, de permettre une meilleure observance des patients notamment et une action plus rapide. Moyens thérapeutiques systémiques Antibiotiques Les antibiotiques utilisés en France dans l’acné et qui ont une AMM dans cette indication sont les suivants (doses recommandées par le dictionnaire Vidal® , ces posologies étant données sans commentaire pour un adulte ; en pratique, une adaptation est nécessaire chez les sujets en surpoids) : • les cyclines de première génération : tétracyclines (500 mg à 1 g par jour) ; • les cyclines de deuxième génération : lymécycline (300 mg par jour pendant dix à 15 jours puis 150 mg par jour) ; doxycycline (100 mg par jour pendant 15 jours puis 50 mg par jour) ; minocycline (100 mg par jour pendant 15 jours puis 50 mg par jour). La minocycline est désormais de prescription hospitalière (risque de manifestations d’hypersensibilité à type de drug reaction with eosinophilia and systemic symptoms [DRESS] syndrome, décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé [ANSM], juin 2012). Toutes les études contrôlées faites avec ces molécules ont été validées sur une période de trois mois à l’exception d’une étude validée sur une période de six mois mais qui n’a montré qu’un gain supplémentaire de 10 %. Il n’y a pas, en revanche, d’étude étudiant le taux de rechute après obtention de rémission complète. En cas d’échec ou de contre-indication des cyclines, l’érythromycine (0,5 à 1 g par jour) et l’association triméthoprimesulfaméthoxazole peuvent être utilisés mais hors AMM, donc avec prudence tout comme l’azithromycine. Les cyclines agissent sur les lésions d’acné à la fois par une action anti-infectieuse en diminuant le nombre de colonies de P. acnes et par une action anti-inflammatoire. En effet, les cyclines inhibent le chimiotactisme des polynucléaires, la production de monoxyde d’azote (NO) ; elles possèdent une activité antilipasique et induisent la production de prostaglandine E2. De plus, la doxycycline et la minocycline inhibent la formation du granulome inflammatoire, inhibent la production de tumor necrosis factor ␣ (TNF␣) et d’interleukine 6 et la minocycline induit la production d’α-melanocyte-stimulating hormone (␣-MSH) et l’expression de la superoxyde dismutase kératinocytaire. Les effets indésirables des cyclines sont variés mais en général modérés. Les plus fréquents sont les troubles digestifs, les candidoses vaginales et la photosensibilité. Celle-ci existe surtout avec les cyclines de première génération et la doxycycline (phototoxicité), elle est dose-dépendante. On peut en diminuer l’effet par une prise vespérale. Elle demeure plus rare pour la minocycline et la lymécycline quelle que soit la dose. L’hypertension intracrânienne bénigne est un effet indésirable rare mais bien connu des tétracyclines, en particulier de la minocycline. Elles sont contre-indiquées chez l’enfant de moins de 8 ans ainsi que chez la femme enceinte aux deuxième et troisième trimestres de la grossesse car elles exposent le fœtus au risque de coloration des dents de lait. Par ailleurs, les cyclines posent aujourd’hui le problème de la survenue de résistance bactériologique dont le retentissement clinique fait l’objet d’études. Mais leur pourcentage est significativement inférieur à celui des macrolides (érythromycine/clindamycine) ne dépassant que rarement les 20 %. Il est de 8 % en France. Cela s’explique notamment par le fait que les EMC - Dermatologie © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 9 98-820-A-10 Acné Tableau 4. Les recommandations européennes pour l’isotrétinoïne. L’isotrétinoïne est indiquée uniquement en seconde intention, y compris dans les acnés graves après un traitement par cycline et topiques La dose initiale proposée est de 0,5 mg/kg Les contrôles du bilan hépatique et des triglycérides doivent être faits après un mois de traitement puis tous les trois mois Les traitements physiques incluant la dépilation à la cire ne doivent pas être utilisés avant six mois d’arrêt de l’isotrétinoïne Tableau 5. Prescription et suivi de la contraception chez une femme sous isotrétinoïne. La femme en âge de procréer doit obligatoirement signer un consentement après lecture d’une fiche d’information sur les risques de l’isotrétinoïne Une contraception (contraception orale ou stérilet ou Implanon® ) doit être instituée un mois avant le début du traitement et poursuivie jusqu’à un mois après l’arrêt du traitement Par ailleurs, un test de grossesse quantitatif (hCG sérique) est réalisé systématiquement trois jours avant le début du traitement, puis tous les mois pendant toute la durée du traitement et contrôlé dans un délai maximum de cinq semaines après l’arrêt du traitement Pour chaque prescription d’isotrétinoïne, le test de grossesse qualitatif ne doit pas dater de plus de trois jours et la délivrance de l’isotrétinoïne faite dans un maximum de sept jours après ce bilan biologique Sur l’ordonnance, doivent être mentionnées la date du test de grossesse et la méthode de contraception (certificat pour ligature de trompe). Le stérilet et Implanon® sont acceptés comme contraception hCG : gonadotrophine chorionique humaine . cyclines aux doses utilisées agissent principalement en modulant l’immunité innée. Pour éviter le développement de ces résistances, il convient de privilégier les traitements de durée limitée (quatre à six mois maximum), toujours les associer avec un traitement topique par peroxyde de benzoyle ou rétinoïde topique, obtenir une bonne observance du patient et éviter la multiplication de cures itératives séquentielles [27] . Isotrétinoïne C’est le seul traitement dans l’acné pouvant induire une rémission prolongée, voire une guérison, tous les autres étant suspensifs. En effet, il induit une atrophie de la glande sébacée, une réduction de la sécrétion de sébum, une diminution de l’hyperkératinisation du canal infundibulaire, tout en réduisant l’inflammation locale. En raison de ses effets indésirables, sa prescription est très codifiée et a été récemment remise à jour par des recommandations européennes [29] ( Tableau 4). Enfin, ce médicament n’est pas recommandé en dessous de l’âge de 12 ans, mais il peut être utilisé dans les formes sévères d’acné avant cet âge. Il n’induit pas de retentissement sur la croissance, ni sur la fertilité. La dose cumulative nécessaire pour diminuer le risque de rechute est consensuellement fixée à 120 à 150 mg/kg, ce qui amène à des durées de traitements de six à huit mois. Les récidives sont plus fréquentes avec des doses quotidiennes plus faibles ou si la dose cumulée est inférieure à 120 mg/kg. Dans une étude récente comparant trois schémas de dose d’isotrétinoïne (dose « classique » : 0,5 à 0,7 mg/kg par jour ; dose faible : 0,2 à 0,4 mg/kg par jour ; schéma intermittent : 0,5 à 0,7 mg/kg par jour pris une semaine sur quatre), les auteurs montrent des résultats significativement inférieurs pour le schéma intermittent [30] . De plus, l’utilisation de doses cumulées supérieures (au-delà de 220 mg/kg) ne diminue pas significativement le taux de récidive [31] . L’isotrétinoïne orale à faible dose ou selon un schéma intermittent n’a pas à ce jour fait la preuve de son efficacité et comporte le même risque tératogène que son utilisation standard. Elle n’est donc pas recommandée. Le risque tératogène est le plus gros risque de l’isotrétinoïne. Il a donc amené à des précautions d’emploi résumées dans le Tableau 5. De plus, la primoprescription a été récemment restreinte aux dermatologues seulement. Les effets indésirables cutanéomuqueux sont les plus fréquents. La chéilite est constante, ainsi que la sécheresse et l’irritation cutanée. On peut aussi observer une sécheresse conjonctivale contre-indiquant le port de lentilles, nasale ou vaginale. Le patient doit être informé au préalable de ces éventuels effets indésirables et il est impératif de les prévenir par la prescription d’émollients pour le visage et les lèvres, et éventuellement de larmes artificielles. D’autres effets indésirables sont observés plus rarement : des douleurs musculoarticulaires, une baisse de l’audition, un syndrome d’hypertension intracrânienne (contre-indication d’association avec les cyclines). En début de traitement, peut survenir une poussée inflammatoire qui serait plus fréquente lorsque les lésions rétentionnelles sont abondantes. On peut observer des poussées inflammatoires au début ou pendant le traitement qui peuvent être de différents types. Il peut y avoir une poussée inflammatoire au cours du premier mois, qui est un effet classique de l’isotrétinoïne. Il faut prévenir le patient, le traitement peut être poursuivi. Le deuxième tableau est celui de lésions inflammatoires qui persistent après le premier mois en poussées subintrantes avec une aggravation progressive. Il faut poursuivre le traitement en réalisant si possible l’exérèse des comédons fermés car ce sont ces lésions qui sont responsables de la pérennisation de l’inflammation. Enfin, des cas d’acné fulminans à l’isotrétinoïne ont été rapportés : il s’agit d’un tableau d’apparition brutale apparaissant au deuxième ou troisième mois de traitement. Les lésions sont des nodules profonds très douloureux, certains sont nécrotiques. Il n’y a pas de signes généraux associés. Ce tableau justifie d’une suspension de l’isotrétinoïne et d’une corticothérapie générale à faible dose inférieure à 0,5 mg/kg. On peut constater une élévation du cholestérol, des triglycérides, des transaminases et des enzymes musculaires. Le dosage du cholestérol, des triglycérides et des transaminases (sérum glutamo-oxalo-acétate transférase [SGOT], sérum glutamopyruvate transférase [SGPT]) est donc réalisé avant le début du traitement, puis un mois après la mise en route du traitement et renouvelé tous les trois mois suivant les recommandations. Enfin, le surrisque suicidaire des adolescents traités par isotrétinoïne est très controversé. Aucune étude n’a permis à ce jour de démontrer cet effet. Les publications récentes sont plutôt en faveur d’une association dépression–acné sévère [32] . Ainsi, certaines études ont montré une amélioration de l’anxiété et de la dépression chez des adolescents atteints d’acné et traités par isotrétinoïne [33] . Ce risque est par ailleurs imprévisible. La prudence veut donc que l’on interroge systématiquement son patient et son proche entourage sur d’éventuels antécédents psychiatriques avant la mise en route d’un traitement par isotrétinoïne. En cas d’antécédent avéré de troubles psychologiques, il convient d’éviter l’utilisation de l’isotrétinoïne. De plus, au cours du traitement par isotrétinoïne, il faut être particulièrement vigilant à tout changement de comportement, à des modifications de l’humeur (irritabilité, tristesse) ou à une tendance au repli sur soi. L’avis d’un psychiatre peut être nécessaire. Il convient de citer quelques cas de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) qui ont été rapportés durant ou dans les suites de traitement par isotrétinoïne. Cependant, sur la base d’études observationnelles et d’une méta-analyse, on peut considérer que l’isotrétinoïne n’augmente pas le risque de MICI. Gluconate de zinc Il a une activité anti-inflammatoire démontrée in vitro en inhibant le chimiotactisme des polynucléaires, la production de TNF␣ et en favorisant l’élimination des radicaux libres par induction de superoxyde dismutase. Il inhibe également l’activité de la 5␣ réductase de type I. Il agit donc essentiellement sur les lésions inflammatoires superficielles de l’acné mais a peu d’action sur les lésions rétentionnelles [34] . Il est prescrit à la dose de 30 mg de zinc-élément par jour pris à jeun avant le repas pour éviter une diminution de son absorption par le bol alimentaire. La consommation concomitante de soja, maïs et pain complet est à éviter car les phytates limitent l’absorption du zinc. Les effets indésirables se limitent à des gastralgies. Il n’induit pas de photosensibilisation et peut être utilisé si besoin pendant la grossesse aux deuxième et troisième trimestres et pendant l’allaitement. 10 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. EMC - Dermatologie Acné 98-820-A-10 Hormonothérapie Les contraceptifs oraux peuvent favoriser ou au contraire améliorer l’acné en fonction des molécules. Ainsi, les estrogènes ont un effet plutôt bénéfique sur les lésions d’acné (via une action anti-androgénique). Au contraire, les progestatifs purs ont une faible activité androgénique. L’hormonothérapie n’est pas un traitement majeur de l’acné en monothérapie, cependant, elle représente une alternative thérapeutique chez la jeune femme ayant une acné faible à modérée ne justifiant pas d’un traitement systémique et souhaitant une contraception. En association avec les estrogènes, les progestatifs de première et deuxième générations peuvent aggraver l’acné de la femme jeune. Les progestatifs de troisième et quatrième générations, qui sont à faible activité androgénique comme le désogestrel, le gestodène, le norgestimate ou la drospirénone sont plus adaptés pour les femmes ayant de l’acné. Néanmoins, l’existence de risques thromboemboliques dans les premiers mois de leur prescription doit amener à bien évaluer le bénéfice/risque pour la malade avant de les prescrire. De plus, l’association acétate de cyprotérone à 2 mg et éthinylestradiol 35 g (Diane 35® ) a été suspendue en janvier 2013 par l’ANSM (survenue de quatre décès en 25 ans) avant d’être remise sur le marché un an plus tard mais avec des restrictions de prescription. Diane 35® est indiquée dans le traitement de l’acné modérée à sévère en seconde intention, après échec d’une première ligne thérapeutique. L’efficacité se manifeste en général assez lentement (deux à trois mois) et est variable d’une femme à l’autre. Il faut rappeler que Diane 35® n’a pas l’indication de contraception et ne doit donc pas être associée avec l’isotrétinoïne. Une seule association estroprogestative dispose dans l’AMM d’une mention d’efficacité dans l’acné minime à modérée : norgestimate-éthinylestradiol (Triafemi® ). Attention, cela ne signifie pas que cette association soit plus efficace que les autres associations anti-androgéniques dans le traitement de l’acné. Dans le contexte actuel, chez une patiente acnéique souhaitant ou nécessitant une contraception hormonale, il est conseillé de prescrire une molécule contenant un progestatif faiblement ou non androgénique. Les pilules de deuxième génération avec comme progestatif du lévonorgestrel, peu androgénique, peuvent être proposées pour débuter une contraception. Le relais par pilule de troisième ou quatrième génération peut être envisagé après un an si l’acné demeure mal contrôlée. L’acétate de cyprotérone (Androcur® ) peut être proposé à la dose de 50 à 100 mg par jour en association avec une contraception contenant des estrogènes car il induit un blocage des ovaires avec un risque d’hypoestrogénie sévère chez la femme jeune. Ce traitement a un intérêt chez les femmes qui présentent quelques signes d’hyperandrogénie et des poussées prémenstruelles, correspondant souvent à des cas pour lesquels le traitement par isotrétinoïne est inefficace ou marqué par une rechute précoce. La spironolactone (hors AMM en France) à la dose de 75 à 150 mg par jour a un intérêt dans le traitement de l’acné de la femme adulte, notamment en cas d’hypertrichose malaire qui pourrait être la traduction clinique d’une hypersensibilité androgénique périphérique, et ce même dans le cas d’un échec à l’isotrétinoïne [35, 36] . Cette molécule est bien tolérée à ces doses, de rares cas d’épigastralgies et d’asthénie ont été rapportés. Stratégie thérapeutique [25] La prescription thérapeutique comprend deux étapes : • dans un premier temps, l’interrogatoire et l’examen clinique permettent d’évaluer le type d’acné, son extension, la présence de facteurs de risque éventuels. Il convient de connaître les traitements antérieurement reçus, leur efficacité, leur tolérance et leur observance. Il convient également d’évaluer le niveau de la demande thérapeutique, en particulier chez le jeune adolescent conduit par ses parents à la consultation ; • le second temps est celui de la prescription thérapeutique ellemême. L’acné étant une maladie chronique, la prise en charge thérapeutique inclut donc un traitement d’attaque et un traitement d’entretien. Le choix du traitement d’attaque dépend du grade de sévérité de l’acné selon l’échelle GEA. L’évaluation du traitement d’attaque se fait à trois mois. Un algorithme de traitement de l’acné juvénile du visage a été publié en 2010 par un groupe d’experts [25] . Une acné de grade 1 ou 2 justifie un traitement local : • acné de grade 1 : rétinoïde local (à privilégier en cas de lésions rétentionnelles prédominantes) ou peroxyde de benzoyle (en cas de lésions inflammatoires prédominantes) ; • acné de grade 2 (légère) : association des deux. En cas d’échec thérapeutique à trois mois, on peut soit modifier le traitement local pour un antibiotique local en association ou l’acide azélaïque, soit prescrire un traitement oral par cyclines en association au traitement topique. Une acné de grade 3 implique la prescription d’un traitement topique associant rétinoïde topique et peroxyde de benzoyle. L’association d’emblée à un traitement systémique peut se discuter en cas d’atteinte étendue et/ou de lésions localisées au thorax, dos, épaules et, dans tous les cas, en cas d’échec à trois mois d’un traitement local seul. En seconde intention, en cas d’échec, un traitement par isotrétinoïne per os est recommandé. Une acné de grade 4 justifie un traitement systémique d’emblée, associé à un traitement local. En cas d’échec, on peut proposer un traitement par isotrétinoïne per os ou par anti-androgénique chez la femme. L’isotrétinoïne peut être proposée d’emblée en cas de risque cicatriciel important ou en cas de récidive rapide. Une acné de grade 5 doit être traitée par isotrétinoïne d’emblée. Dans les formes où la composante inflammatoire est majeure, ou en cas de grossesse ou de périodes estivales ou dans les acnés minimes du jeune adolescent, le gluconate de zinc est une bonne alternative aux cyclines. Il est associé à un traitement local essentiellement peroxyde de benzoyle ou rétinoïde ou traitement combiné mais un traitement par antibiotiques topiques peut être associé au zinc, contrairement aux cyclines. Les autres alternatives thérapeutiques en cas d’échec ou de contre-indication de l’isotrétinoïne sont représentées par le spironolactone (entre 75 et 150 mg), la disulone. Dans les formes sévères, quelques cas isolés de traitement par anti-TNF ont été rapportés. Traitement d’entretien L’acné étant une maladie chronique et la majorité des traitements étant suspensifs, il convient de maintenir le résultat obtenu par un traitement d’entretien. À ce jour, seuls les rétinoïdes topiques ont fait leur preuve dans cette indication [37] . Ce traitement d’entretien doit être poursuivi jusqu’à la période de disparition spontanée de l’acné, période difficile à définir car variable en fonction des individus. Traitements non médicamenteux Cosmétiques Les cosmétiques actifs peuvent se positionner en alternatives thérapeutiques, notamment en cas de mauvaise tolérance des médicaments. Ceux-ci sont essentiellement à base d’acides de fruits, alpha- ou bêtahydroxylés. Le niveau de preuve de leur efficacité thérapeutique est cependant faible. Le nicotinamide a une action essentiellement sur les lésions inflammatoires [38] . Le contrôle des soins cosmétiques standard (hors cosmétiques actifs) est essentiel. Il convient de vérifier que le patient utilise un gel nettoyant dont le pH respecte celui de la peau, sachant qu’une augmentation du pH est associée à une irritation. Il convient également de contrôler les crèmes hydratantes associées aux traitements médicamenteux topiques utilisés le plus souvent le soir. Ces crèmes hydratantes doivent être non comédogènes et induire un minimum de risques d’allergies (parfum). EMC - Dermatologie © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 11 98-820-A-10 Acné Il est utile de sensibiliser les patients aux effets délétères des masques, des gommages, des laits non rincés, aux risques d’un maquillage inadapté, notamment l’utilisation des poudres solaires. On doit rappeler que l’exposition solaire en épaississant l’épiderme aggrave l’acné. Le maquillage « normal » ne doit pas être interdit, il peut se muer en maquillage thérapeutique dans la mesure où il permet d’apprendre au patient à camoufler ses lésions, le temps d’obtenir l’effet du traitement médical prescrit. Cette approche permet une amélioration de scores de qualité de vie, chez des patients atteints d’acné [35] . Les peelings superficiels chimiques pourraient également avoir un intérêt mais les études sont rares et concernent en général un petit nombre de patients [39] . “ Points essentiels • Évaluation de la sévérité de l’acné selon l’échelle GEA. • Recherche de facteurs pronostiques (antécédents familiaux, stress, tabac chez la femme, hyperséborrhée). • Penser à rechercher un trouble endocrinien sous-jacent en cas de signes cliniques évocateurs associés. • Stratégie thérapeutique en fonction de la sévérité • Prescriptions à éviter dans le traitement de l’acné : – pas d’association d’un antibiotique local avec un antibiotique général ; – pas d’antibiothérapie locale ou générale pendant plus de trois mois ; – pas d’association isotrétinoïne et cyclines (risque d’hypertension intracrânienne). Traitements physiques de l’acné Ils comprennent avant tout la microchirurgie de l’acné avec l’extraction des comédons et l’incision-extraction des microkystes. Les « kystes » inflammatoires et les sinus peuvent être incisés, et la poche intérieure badigeonnée à l’acide trichloracétique. Ils peuvent aussi être traités par injections de corticoïdes intralésionnelles. Le laser, la photothérapie dynamique, les lumières aujourd’hui pourraient dans certains cas constituer une alternative thérapeutique mais ils ne doivent être envisagés qu’après un échec des traitements classiques topiques et systémiques. Leur efficacité a été montrée essentiellement sur des lésions de type inflammatoire mais repose sur peu d’études cliniques en grande majorité ouvertes, et lorsqu’il s’agit d’études randomisées sur un petit nombre de patients [40] . Les études les plus nombreuses ont été réalisées avec la photothérapie dynamique. Parmi les lasers, les intense pulse light (IPL) pourraient être une bonne approche thérapeutique [41] . Concernant les cicatrices atrophiques, différents traitements chirurgicaux peuvent être proposés : excision chirurgicale simple, technique du punch, subcision ainsi que des techniques de relissage : dermabrasion, laser-abrasion, peeling à l’acide trichloracétique, peeling au phénol (plus profond mais plus toxique), peeling focalisé par acide trichloracétique (TCA) à forte concentration, « resurfacing » électrochirurgical (encore à titre expérimental), photothermolyse fractionnée (laser FraxelTM ), mais aussi les techniques de comblement. Les lasers les plus adaptés pour les cicatrices atrophiques sont les lasers fractionnés avec la combinaison d’un laser ablatif (CO2 , erbium) et non ablatif (FraxelTM ). C’est finalement la combinaison de ces différentes techniques et la coopération harmonieuse des dermatologues et chirurgiens plasticiens qui donne bien sûr les meilleurs résultats [42] . Enfin, dans la prise en charge thérapeutique, il convient de ne pas oublier d’apprécier le retentissement psychique de l’acné et ses répercussions en termes de qualité de vie car elles peuvent modifier la prise en charge thérapeutique. Il n’y a pas toujours, loin s’en faut, une corrélation entre le retentissement psychologique de l’acné et l’intensité de l’acné [43] . Enfin, l’adolescence est une période où le jeune crée son identité, il est donc fragile sur le plan psychologique et les syndromes dépressifs sont loin d’être rares à cette période de la vie. Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] Conduite à tenir en cas d’échec Malgré un traitement bien conduit, le patient et le médecin peuvent se retrouver en situation d’échec. Il faut alors vérifier : • le diagnostic d’acné ; • la prise médicamenteuse, notamment l’absence de contraception androgénique ; • le respect des règles d’hygiène de peau : pas d’utilisation de cosmétiques inadaptés, exposition modérée aux ultraviolets avec photoprotection, pas de facteur surajouté d’irritation mécanique ; • l’observance, qui est le facteur le plus important. Seuls 20 % des patients ont une bonne observance de leur traitement topique ou systémique. [13] [14] [15] [16] Dreno B, Poli F. Epidemiology of acne. Dermatology 2003;206:7–10. Bhate K, Williams HC. Epidemiology of acne vulgaris. Br J Dermatol 2013;168:474–85. Daniel F, Dreno B, Poli F, Auffret N, Beylot C, Bodokh I, et al. Descriptive epidemiological study of acne on scholar pupils in France during autumn 1996. Ann Dermatol Venereol 2000;127:273–8. Ghodsi SZ, Orawa H, Zouboulis CC. Prevalence, severity, and severity risk factors of acne in high school pupils: a community-based study. J Invest Dermatol 2009;129:2136–41. Silverberg JI, Silverberg NB. Epidemiology and extracutaneous comorbidities of severe acne in adolescence: a U.S. population-based study. Br J Dermatol 2014;170:1136–42. Pawin H, Chivot M, Beylot C, Faure M, Poli F, Revuz J, et al. Living with acne. A study of adolescents’ personal experiences. Dermatology 2007;215:308–14. Pawin H, Beylot C, Chivot M, Faure M, Poli F, Revuz J, et al. Physiopathology of acne vulgaris: recent data, new understanding of the treatments. Eur J Dermatol 2004;14:4–12. Tan JK, Fung K, Bulger L. Reliability of dermatologists in acne lesion counts and global assessments. J Cutan Med Surg 2006;10:160–5. Dreno B, Poli F, Pawin H, Beylot C, Faure M, Chivot M, et al. Development and evaluation of a Global Acne Severity Scale (GEA Scale) suitable for France and Europe. J Eur Acad Dermatol Venereol 2011;25:43–8. Bowe WP, Joshi SS, Shalita AR. Diet and acne. J Am Acad Dermatol 2010;63:124–41. Eichenfield LF, Krakowski AC, Piggott C, Del Rosso J, Baldwin H, Friedlander SF, et al. Evidence-based recommendations for the diagnosis and treatment of pediatric acne. Pediatrics 2013;131(Suppl. 3):S163–86. Lucky AW, Biro FM, Simbartl LA, Morrison JA, Sorg NW. Predictors of severity of acne vulgaris in young adolescent girls: results of a five-year longitudinal study. J Pediatr 1997;130:30–9. Lucky AW, Biro FM, Huster GA, Leach AD, Morrison JA, Ratterman J. Acne vulgaris in premenarchal girls. An early sign of puberty associated with rising levels of dehydroepiandrosterone. Arch Dermatol 1994;130:308–14. Dreno B, Layton A, Zouboulis CC, Lopez-Estebaranz JL, ZalewskaJanowska A, Bagatin E, et al. Adult female acne: a new paradigm. J Eur Acad Dermatol Venereol 2013;27:1063–70. Poli F, Dreno B, Verschoore M. An epidemiological study of acne in female adults: results of a survey conducted in France. J Eur Acad Dermatol Venereol 2001;15:541–5. Dreno B, Thiboutot D, Layton AM, Berson D, Perez M, Kang S. Large-scale international study enhances understanding of an emerging acne population: adult females. J Eur Acad Dermatol Venereol 2015;29:1096–106. 12 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. EMC - Dermatologie Acné 98-820-A-10 [17] Cibula D, Hill M, Vohradnikova O, Kuzel D, Fanta M, Zivny J. The role of androgens in determining acne severity in adult women. Br J Dermatol 2000;143:399–404. [18] Collier CN, Harper JC, Cafardi JA, Cantrell WC, Wang W, Foster KW, et al. The prevalence of acne in adults 20 years and older. J Am Acad Dermatol 2008;58:56–9. [19] Dreno B, Blouin E, Moyse D, Bodokh I, Knol AC, Khammari A. Acne in pregnant women: a French survey. Acta Derm Venereol 2014;94:82–3. [20] Zaba R, Schwartz R, Jarmuda S, Czarnecka-Operacz M, Silny W. Acne fulminans: explosive systemic form of acne. J Eur Acad Dermatol Venereol 2011;25:501–7. [21] DeWitt CA, Siroy AE, Stone SP. Acneiform eruptions associated with epidermal growth factor receptor-targeted chemotherapy. J Am Acad Dermatol 2007;56:500–5. [22] Melnik B, Jansen T, Grabbe S. Abuse of anabolic-androgenic steroids and bodybuilding acne: an underestimated health problem. J Dtsch Dermatol Ges 2007;5:110–7. [23] Dreno B, Khammari A, Orain N, Noray C, Merial-Kieny C, Mery S, et al. ECCA grading scale: an original validated acne scar grading scale for clinical practice in dermatology. Dermatology 2007;214:46–51. [24] Recommendations of good clinical practice on the treatment of acne. Ann Dermatol Venereol 2008; 135(Suppl. 2):S137–41. [25] Auffret N, Revuz J, Poli F, Pawin H, Faure M, Chivot M, et al. Algorithm for treatment of juvenile facial acne. Ann Dermatol Venereol 2011;138:23–9. [26] Nast A, Dreno B, Bettoli V, Degitz K, Erdmann R, Finlay AY, et al. European evidence-based (S3) guidelines for the treatment of acne. J Eur Acad Dermatol Venereol 2012;26(Suppl. 1):1–29. [27] Dreno B, Thiboutot D, Gollnick H, Bettoli V, Kang S, Leyden JJ, et al. Antibiotic stewardship in dermatology: limiting antibiotic use in acne. Eur J Dermatol 2014;24:330–4. [28] Seite S, Rougier A, Dreno B. An investigational study of acne treatment in France. Ann Dermatol Venereol 2012;139:611–6. [29] Layton AM, Dreno B, Gollnick HP, Zouboulis CC. A review of the European Directive for prescribing systemic isotretinoin for acne vulgaris. J Eur Acad Dermatol Venereol 2006;20:773–6. [30] Lee JW, Yoo KH, Park KY, Han TY, Li K, Seo SJ, et al. Effectiveness of conventional, low-dose and intermittent oral isotretinoin in the treatment of acne: a randomized, controlled comparative study. Br J Dermatol 2011;164:1369–75. [31] Blasiak RC, Stamey CR, Burkhart CN, Lugo-Somolinos A, Morrell DS. High-dose isotretinoin treatment and the rate of retrial, relapse, and adverse effects in patients with acne vulgaris. JAMA Dermatol 2013;149:1392–8. [32] Thiboutot D, Zaenglein A. Isotretinoin and affective disorders: thirty years later. J Am Acad Dermatol 2013;68:675–6. [33] Marron SE, Tomas-Aragones L, Boira S. Anxiety, depression, quality of life and patient satisfaction in acne patients treated with oral isotretinoin. Acta Derm Venereol 2013;93:701–6. [34] Dreno B, Blouin E. Acne, pregnant women and zinc salts: a literature review. Ann Dermatol Venereol 2008;135:27–33. [35] Peuvrel L, Quereux G, Brocard A, Saint-Jean M, Vallet C, Mere A, et al. Evaluation of quality of life after a medical corrective make-up lesson in patients with various dermatoses. Dermatology 2012;224:374–80. [36] Krunic A, Ciurea A, Scheman A. Efficacy and tolerance of acne treatment using both spironolactone and a combined contraceptive containing drospirenone. J Am Acad Dermatol 2008;58:60–2. [37] Thiboutot DM, Shalita AR, Yamauchi PS, Dawson C, Kerrouche N, Arsonnaud S, et al. Adapalene gel, 0.1%, as maintenance therapy for acne vulgaris: a randomized, controlled, investigator-blind follow-up of a recent combination study. Arch Dermatol 2006;142:597–602. [38] Choi JM, Lew VK, Kimball AB. A single-blinded, randomized, controlled clinical trial evaluating the effect of face washing on acne vulgaris. Pediatr Dermatol 2006;23:421–7. [39] Dreno B, Fischer TC, Perosino E, Poli F, Viera MS, Rendon MI, et al. Expert opinion: efficacy of superficial chemical peels in active acne management – what can we learn from the literature today? Evidence-based recommendations. J Eur Acad Dermatol Venereol 2011;25:695–704. [40] Hamilton FL, Car J, Lyons C, Car M, Layton A, Majeed A. Laser and other light therapies for the treatment of acne vulgaris: systematic review. Br J Dermatol 2009;160:1273–85. [41] Haedersdal M, Togsverd-Bo K, Wulf HC. Evidence-based review of lasers, light sources and photodynamic therapy in the treatment of acne vulgaris. J Eur Acad Dermatol Venereol 2008;22:267–78. [42] Chivot M, Pawin H, Beylot C, Chosidow O, Dreno B, Faure M, et al. Acne scars: epidemiology, physiopathology, clinical features and treatment. Ann Dermatol Venereol 2006;133:813–24. [43] Dreno B. Assessing quality of life in patients with acne vulgaris: implications for treatment. Am J Clin Dermatol 2006;7:99–106. Pour en savoir plus Recommandations de bonne pratique: traitement local et général de l’acné. AFSSAPS, 2007 : http://ansm.sante.fr/var/ansm site/storage/ original/application/f8a2a78ecb307240d64d20dfbe8a429b.pdf. Recommandations de bonne pratique : prise en charge de l’acné. « Traitement de l’acné par voie locale et générale ». Société française de dermatologie, 2015 : http://www.sfdermato.org/media/pdf/recommandation/ label-recommandations-acne-post-college54ac60356d1b9584a71ccaac92cf3724.pdf. British Association of Dermatologists: Advice on the safe introduction and continued use of isotretinoin (Roaccutane) in acne (2004): www.bad. org.uk/healthcare/guidelines/acne.asp. European Medicines Agency. European directive for prescribing systemic isotretinoin for acne vulgaris, 2003: http://www.ema.europa.eu/ ema/index.jsp?curl=pages/medicines/human/referrals/Isotretinoin/ human referral 000258.jsp&murl=menus/regulations/regulations.jsp &mid=WC0b01ac0580024e99. American Academy of Dermatology. Guidelines of care for acne vulgaris management, 2007: www.aad.org/NR/rdonlyres/8D4D2DDB-71764202-808E-28D67334B3E4/0/AcneVulgaris.pdf. Revuz J. Acné : données nouvelles et prise en charge. Paris: Springer; 2010. M. Saint-Jean. B. Dreno ([email protected]). Clinique dermatologique, CHU Hôtel-Dieu, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes cedex 1, France. Toute référence à cet article doit porter la mention : Saint-Jean M, Dreno B. Acné. EMC - Dermatologie 2016;11(3):1-13 [Article 98-820-A-10]. Disponibles sur www.em-consulte.com Arbres décisionnels Iconographies supplémentaires Vidéos/ Animations Documents légaux Information au patient Informations supplémentaires EMC - Dermatologie © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Autoévaluations Cas clinique 13 Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et em-premium.com : 1 autoévaluation Cliquez ici 4 informations supplémentaires Infosup 1 Physiopathologie de l'acné. Cliquez ici Infosup 2 Alimentation et acné. Cliquez ici Infosup 3 Maladies possiblement associées à l'acné. Cliquez ici Infosup 4 Autres complications de l'acné. Cliquez ici © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.