Revue Médicale Suisse
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11 novembre 2015 2137
1 Il s’agit ici du premier travail issu, en France, du «Centre
de preuves en dermatologie». Ce dernier associe trois
instances de la dermatologie (la SFD, société savante
de la spécialité, le CEDEF (Collège des enseignants) et
la FFFCEDV (association de formation continue des der-
matologues libéraux). L’objectif de cette collaboration
est d’actualiser les recommandations plus régulière-
ment au gré des données publiées de la recherche, tout
en associant l’expérience clinique des professionnels.
Datées du 20 octobre 2015, les dernières recomman-
dations concernant l’acné sont disponibles à l’adresse
suivante : www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2564525/fr/
acne-quand-et-comment-la-traiter
Pour vous, elle ne rentrait donc pas dans la
catégorie administrative de la débilité.
Les mots des médecins sont eux aussi limi-
tés pour décrire, dans sa dimension existen-
tielle, la souffrance de la patiente, le tragique
de son histoire. La relation entre les événe-
ments traumatiques et la capacité de travail,
ou entre l’histoire de vie et la vie elle-même,
semble régulièrement ignorée par l’AI.
La scolarité de cette dame dans des éta-
blissements spécialisés a été difficile. Parmi
de nombreux diagnostics psychiatriques, on
a posé celui de séquelles de troubles enva-
hissants du développement.
Elle a grandi dans une famille multi-problé-
matique, démunie et négligente. Son enfance
a été meurtrie – cela vous avez dû le lire – mais
par souci de protection de la sphère privée,
on ne vous a pas dit qu’elle a été abusée par
son frère. Au fond, à quoi bon ? Vous discrimi-
nez les maladies qui donnent ou pas droit à
des prestations ; vous n’êtes pas payé pour
considérer la vie blessée qui les a générées.
En thérapie, au début, elle n’arrivait pas à
parler ; sa pensée, ses mots étaient bigrement
confus. Maintenant elle s’exprime mieux. Le
développement «limite» de son intelligence a
été la conséquence probable des violences
subies : elle ne pouvait pas comprendre l’hor-
reur de ce qui lui arrivait. A l’âge adulte, ce pli
de non-compréhension risque d’être peu utile
pour l’adaptation au travail.
Ma patiente est aujourd’hui obèse. Diabé-
tique. Elle souffre de douleurs partout. Elle n’a
pas encore trente ans. Plus les mauvais trai-
tements et les abus ont été traumatiques, plus
la douleur est précoce ou forte. Cette violence
laisse bien souvent des dommages persis-
tants. Et ceci d’autant plus lorsque l’enfant n’a
pas été soigné. Cela, nos rapports vous l’ont
bien signalé : vous faites fi des avis des méde-
cins de premier recours.
Non, elle n’est pas un rejeton monstrueux
de l’espèce humaine, passif et paresseux.
Votre refus d’entrer en matière pour la réadap-
tation que nous avions préconisée pourrait
nous faire suspecter une pareille appréciation
de votre part.
Mais, Cher Juriste, les médecins s’attendent
à plus de respect pour leur avis, même si les
mots qu’ils utilisent ne sont pas – et ils ne
peuvent pas l’être – juridiquement parfaits.
Pour vous, ce sont les concepts clairs, l’éva-
luation géométrique des mots et leur adéqua-
tion à la loi qui comptent, vous ne pouvez pas
mesurer la souffrance : une expertise ne vous
a même pas paru nécessaire. Dans un sens
heureusement. Faite par un de ces rares col-
lègues, outrageusement tendancieux et avi-
des, à qui vous persistez à attribuer des man-
dats, elle aurait constitué une ultérieure for me
de maltraitance pour ma patiente.
Elle ne peut pas travailler maintenant. Je
m’attends à ce que l’AI la soutienne pour un
apprentissage protégé, pour qu’elle puisse
avoir une occupation utile, sans nécessaire-
ment être rentable. Elle est limitée, angoissée,
perdue. Mais elle reste digne de respect et
mérite la solidarité que la société lui doit.
Pardonnez-moi : je n’arrive pas à me rési-
gner à l’injustice que tout le système AI produit.
Pr Marco Vannotti
Cerfasy
2000 Neuchâtel
mvannotti@gmail.com
dations. Or à ce jour, moins d’un patient sur
deux (de 32 à 50%) suit correctement le trai-
tement qui lui a été prescrit.»
Utiliser des antibiotiques ? Comme pour
de nombreuses autres maladies, il convient
ici de restreindre leur utilisation aux situa-
tions où ils sont nécessaires afin de limiter
l’émergence de souches bactériennes résis-
tantes. Pour ce qui est de l’isotrétinoïne, son
usage est, on le sait, proscrit chez les femmes
enceintes. Un test de grossesse négatif doit
impérativement être fourni avant chaque
prescription et renouvelé chaque mois par
les femmes pendant la durée du traitement
– ainsi que durant les cinq semaines sui-
vantes.
Suicide ? «L’augmentation du risque de
troubles dépressifs avec l’isotrétinoïne n’a
pas été observée dans les études sur un grand
nombre de patients mais a été exceptionnel-
lement suspectée dans des cas individuels,
précisent les auteurs. Pour cette raison, le
patient doit communiquer à son médecin –
avant le début d’un traitement – tous ses
éven tuels antécédents personnels et fami-
liaux de troubles psychologiques et psychia-
triques et avoir un suivi rapproché, notam-
ment au début du traitement.»
Contraception ? C’est, en France, une ques-
tion importante compte tenu de l’écho mé-
diatique et politique qu’a eu l’affaire dite des
pilules de 3e et 4e générations. Il est acquis
que certaines pilules contraceptives peuvent
avoir un effet positif sur l’acné. Pour autant,
les auteurs des recommandations estiment
qu’«on ne peut pas prescrire un contraceptif
à une femme qui n’a pas besoin de contra-
ception ou de ce type de contraception». «Le
choix du type de contraception doit être une
décision partagée entre le gynécologue et la
femme, en tenant compte de ses préférences
et de ses différents risques – notamment du
risque accru de maladie thromboembolique
veineuse pour les pilules de 3e ou 4e généra-
tions.»
En pratique, si un contraceptif doit être
prescrit à une femme présentant de l’acné, il
sera recommandé de prescrire en première
intention du lévonorgestrel (2e génération)
et en seconde intention du norgestimate (assi-
milé 2e génération) qui comportent une au-
torisation de mise sur le marché pour la con-
tra ception chez la femme présentant une
acné. Les antiacnéiques Diane 35 (acétate de
cyprotérone 2 mg-éthinylestradiol 35 mg) et
leurs génériques ne peuvent être envisagés
qu’en dernière intention si l’acné persiste
malgré un traitement dermatologique bien
conduit – et ce «en concertation avec la pa-
tiente et un gynécologue, et en tenant compte
des caractéristiques de la femme, concernant
notamment le risque thromboembolique».
Le cas échéant, on n’oubliera pas la question,
majeure, de l’arrêt du tabac.
Jean-Yves Nau
jeanyves.nau@gmail.com
Le Centre Médical
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