98-820-A-10
Acné
M.
Saint-Jean,
B.
Dreno
L’acné
est
une
maladie
chronique
du
follicule
pilosébacé
qui
se
développe
le
plus
souvent
à
la
puberté.
Elle
atteint
80
%
des
jeunes
entre
12
et
20
ans,
mais
les
formes
sévères
ne
représentent
que
15
%.
Le
comédon
fermé
ou
microkyste
est
constamment
présent
dans
les
acnés
«
vraies
».
L’acné
juvénile
polymorphe
est
la
forme
la
plus
commune
et
fréquente
mais
de
nombreuses
formes
cliniques
existent.
L’acné
est
liée
à
une
hyperproduction
de
sébum,
des
anomalies
de
la
différenciation
et
de
prolifération
de
l’épithélium
infundibulaire
et
l’action
d’une
bactérie
anaérobie
Propionibacterium
acnes.
Les
traitements
locaux
appartiennent
essentiellement
à
quatre
classes
:
le
peroxyde
de
benzoyle,
les
rétinoïdes,
les
antibiotiques
topiques
et
l’acide
azélaïque,
les
traitements
combinés
associant
deux
classes.
Les
traitements
systémiques
sont
les
cyclines,
les
anti-androgènes,
l’isotrétinoïne,
les
sels
de
zinc.
Le
traitement
de
l’acné
comprend
aussi
l’éducation
du
patient
sur
l’utilisation
de
soins
cosmétiques
adaptés
et
la
limitation
des
facteurs
aggravants
(manipulation,
photoexposition),
la
prise
en
charge
du
retentissement
psychologique.
Il
fait
aussi
appel
à
la
microchirurgie
de
l’acné
et
aux
traitements
physiques
comme
le
laser,
les
lumières,
les
peelings
dont
l’efficacité
a
un
niveau
de
preuve
faible.
©
2016
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Tous
droits
réservés.
Mots-clés
:
Acné
;
Follicule
pilosébacé
;
Propionibacterium
acnes
;
Immunité
innée
;
Maladie
chronique
Plan
Introduction
1
Épidémiologie
1
Physiopathologie
de
l’acné
2
Lésions
élémentaires
de
l’acné
2
Lésions
rétentionnelles
constituées
du
comédon
et
du
microkyste
2
Lésions
inflammatoires
divisées
en
lésions
superficielles
et
profondes
2
Évaluation
de
la
sévérité
et
facteurs
pronostiques
de
sévérité
de
l’acné
2
Évaluation
de
la
sévérité
2
Facteurs
pronostiques
de
sévérité
de
l’acné
2
Alimentation
et
acné
3
Acnés
suivant
l’âge
3
Acné
juvénile
polymorphe
:
forme
commune
de
l’acné
3
Acné
néonatale
3
Acné
infantile
3
Acné
prépubertaire
3
Acné
de
l’adulte
4
Acné
et
grossesse
4
Formes
graves
d’acné
5
Acné
conglobata
5
Acné
fulminans
5
Formes
cliniques
particulières
d’acné
5
Acnés
révélatrices
d’un
désordre
hormonal
(hyperandrogénisme
lié
à
une
hyperandrogénie
biologique)
5
Acnés
induites
6
Acné
estivale
(acné
aestivalis)
6
Acné
excoriée
6
Maladies
possiblement
associées
à
l’acné
6
Diagnostics
différentiels
de
l’acné
7
Lésions
du
visage
7
Lésions
du
tronc
7
Complications
de
l’acné
7
Traitements
médicamenteux
8
Traitements
locaux
8
Moyens
thérapeutiques
systémiques
9
Stratégie
thérapeutique
11
Traitements
non
médicamenteux
11
Cosmétiques
11
Traitements
physiques
de
l’acné
12
Conduite
à
tenir
en
cas
d’échec
12
Introduction
L’acné
est
une
maladie
inflammatoire
chronique
du
follicule
pilosébacé
qui
survient
à
l’adolescence
le
plus
souvent
et
fait
inter-
venir
trois
acteurs
dans
son
développement
:
le
kératinocyte
du
follicule
pilosébacé,
la
glande
sébacée
et
une
bactérie
anaérobie
Propionibacterium
acnes.
La
forme
commune
de
l’acné
est
l’«
acné
juvénile
polymorphe
».
Les
autres
types
d’acnés
sont
considérés
comme
des
formes
cliniques.
Épidémiologie
L’acné
se
développe
aux
alentours
de
la
puberté
;
c’est
une
des
trois
affections
les
plus
fréquentes
en
France
mais
aussi
en
EMC
-
Dermatologie 1
Volume
11
>
n3
>
août
2016
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0319(16)66931-5
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98-820-A-10 Acné
Angleterre
et
aux
États-Unis
puisqu’elle
concerne
80
%
de
la
popu-
lation
entre
12
et
20
ans [1,
2].
Une
étude
franc¸aise
a
été
menée
en
1996
sur
un
échantillon
de
913
patients
âgés
de
11
à
18
ans
;
la
prévalence
de
l’acné
était
de
76
%,
avec
un
pic
entre
14
et
16
ans
pour
les
filles
et
un
peu
plus
tardif
(16–17
ans)
pour
les
garc¸ons [3].
Ces
données
sont
assez
similaires
à
celles
des
autres
pays
d’Europe
et
du
monde
avec
des
taux
d’acné
chez
les
adolescents
variant
de
44,1
%
au
Pérou
à
94,9
%
en
Belgique [4].
La
prévalence
de
l’acné
sévère
est
évaluée
à
environ
15
à
20
%[5].
Cependant,
la
proportion
de
patients
ne
consultant
pas
est
élevée,
y
compris
chez
les
ado-
lescents
s’autoévaluant
comme
étant
atteints
d’une
acné
sévère
(21
%) [6].
Par
ailleurs,
l’acné
de
l’adulte,
et
plus
particulièrement
de
la
femme,
devient
de
plus
en
plus
fréquente
(environ
25
%
des
femmes)
avec
des
spécificités
cliniques
et
thérapeutiques
(cf.
«
Acné
de
l’adulte
»).
Physiopathologie
de
l’acné
L’acné
aujourd’hui
est
considérée
comme
une
maladie
inflam-
matoire
du
follicule
pilosébacé
et
a
tendance
à
être
incluse
dans
le
spectre
des
«
maladies
auto-inflammatoires
»,
nouvelle
catégo-
rie
de
maladies
qui
sont
liées
essentiellement
à
l’immunité
innée
et
qui
inclut
notamment
la
maladie
de
Behc¸et,
la
sarcoïdose,
la
maladie
de
Crohn.
Récemment,
des
progrès
dans
la
connaissance
des
mécanismes
de
l’acné
ont
été
faits [7].
Lésions
élémentaires
de
l’acné
L’hyperséborrhée
est
la
première
manifestation
de
l’acné
qui
peut
précéder
de
plusieurs
années
la
survenue
de
l’acné.
Elle
est
caractérisée
par
un
aspect
brillant
de
la
peau
sans
hypersudation
prédominant
sur
la
zone
médiofaciale
du
visage
(front,
pointe
du
nez,
joues
et
menton).
Dans
certains
cas,
l’aspect
de
la
peau
semble
normal,
on
note
uniquement
un
aspect
de
pores
dilatés,
notam-
ment
sur
le
nez
ou
le
haut
des
pommettes.
Le
microcomédon
est
considéré
comme
la
lésion
première
de
l’acné,
lésion
histologique
et
invisible
cliniquement,
qui
va
donner
naissance
aux
lésions
cliniques.
Lésions
rétentionnelles
constituées
du
comédon
et
du
microkyste
Le
comédon
ou
point
noir
ou
comédon
ouvert
correspond
à
un
bouchon
corné
de
1
à
3
mm
de
diamètre
constitué
de
sébum
et
de
kératine
qui
obstrue
l’orifice
infundibulaire.
L’extrémité
externe
colorée
en
noir
correspond
à
des
graisses
oxydées
et
à
un
dépôt
de
mélanine
provenant
de
l’épithélium
infundibulaire
entourant
le
comédon.
Il
prend
souvent
l’aspect
de
«
macro
»
comédon
dans
la
conque
de
l’oreille.
Le
microkyste
ou
«
point
blanc
»
ou
comédon
fermé,
est
une
papule
blanchâtre
de
2
à
3
mm
de
diamètre,
due
à
l’accumulation
de
sébum
et
de
kératine
dans
un
infundibulum
fermé.
Le
micro-
kyste
est
souvent
invisible
mais
peut
être
mis
en
évidence
par
étirement
de
la
peau.
Son
évolution
peut
se
faire
vers
l’ouverture
extérieure
à
la
peau,
ou
vers
une
rupture
dans
le
derme
environ-
nant.
La
présence
de
P.
acnes
favorise
son
inflammation
et
donc
son
évolution
vers
une
pustule
ou
une
papule.
Lésions
inflammatoires
divisées
en
lésions
superficielles
et
profondes
La
papule
est
une
lésion
inflammatoire
pouvant
apparaître
de
novo
ou
être
la
conséquence
de
l’inflammation
d’un
microkyste,
parfois
après
manipulation.
C’est
une
élevure
rouge,
ferme,
parfois
douloureuse,
évoluant
vers
la
résorption
spontanée,
ou
vers
une
pustule.
La
pustule
est
une
papule
avec
à
son
sommet
un
contenu
puru-
lent.
La
survenue
de
plusieurs
pustules
d’emblée
sans
papule
ou
microkyste
doit
faire
suspecter
une
folliculite
à
germes
gram
néga-
tif,
qui
doit
être
confirmée
par
un
prélèvement
bactériologique.
Le
nodule
varie
suivant
les
pays
en
fonction
de
la
taille
du
diamètre
:
supérieur
à
5
mm
en
France,
supérieur
à
4
mm
aux
États-Unis,
égal
ou
supérieur
à
6
mm
en
Grande-Bretagne
et
8
mm
en
Scandinavie.
Ces
nodules
peuvent
s’ouvrir
vers
l’extérieur
avec
parfois
formation
de
fistules
ou
se
rompre
dans
le
derme.
Ils
donnent
naissance
alors
à
des
pseudokystes
inflammatoires,
des
abcès
qui
peuvent
confluer
en
sinus,
lésions
inflammatoires
allon-
gées
fluctuantes
souvent
localisées
dans
les
sillons
nasogéniens.
Les
nodules
ont
souvent
une
évolution
cicatricielle
atrophique
ou
hypertrophique
ou
chéloïdienne.
Évaluation
de
la
sévérité
et
facteurs
pronostiques
de
sévérité
de
l’acné
Évaluation
de
la
sévérité
L’évaluation
de
la
sévérité
de
l’acné
peut
se
faire
dans
deux
pers-
pectives
:
mesure
de
l’activité
de
la
maladie
(échelle
de
cotation
de
l’acné)
et
mesure
de
l’impact
de
cette
dermatose
sur
la
qualité
de
vie.
Il
existe
plus
de
25
échelles
différentes
de
cotation
de
l’acné.
En
dehors
d’un
simple
classement
en
acné
«
minime,
modérée,
sévère
»,
il
existe
deux
types
d’évaluation
de
l’acné
:
les
échelles
d’évaluation
globales
de
l’acné
et
le
décompte
par
type
de
lésions
sur
le
visage.
Les
premières
donnent
une
évaluation
globale
de
l’acné
sur
le
visage
ou
le
tronc,
elles
sont
pour
la
plupart
repro-
ductibles,
utilisables
en
pratique
quotidienne,
mais
manquent
de
précision.
Le
décompte
des
lésions
est
plus
précis,
distingue
les
lésions
rétentionnelles
et
inflammatoires,
il
est
réalisé
essentielle-
ment
sur
le
visage,
mais
est
associé
à
une
mauvaise
reproductibilité
interobservateurs,
voire
intraobservateur.
Il
est
par
ailleurs
diffici-
lement
utilisable
dans
le
cadre
de
la
pratique
courante [8].
Suite
aux
recommandations
de
la
Food
and
Drug
Administra-
tion
(FDA)
d’utiliser
une
échelle
globale
en
six
grades,
le
groupe
franc¸ais
d’experts
sur
l’acné
a
développé
et
validé
une
échelle
euro-
péenne
Global
Evaluation
Acne
(GEA)
qui
distingue
six
grades
de
0
:
pas
de
lésion
à
5
:
acné
très
sévère [9] (Tableau
1).
Facteurs
pronostiques
de
sévérité
de
l’acné
Une
étude
récente
a
mis
en
évidence
plusieurs
facteurs
pronos-
tiques
de
la
sévérité
de
l’acné [4].
Les
deux
principaux
sont
l’âge
supérieur
à
17
ans
et
les
antécédents
familiaux.
D’autres
ont
été
rapportés
comme
l’hyperséborrhée,
le
stress,
le
tabagisme
chez
la
Tableau
1.
Échelle
Global
Evaluation
Acne
(GEA)
(d’après [9]).
Grade
Évaluation
globale
Description
0
Pas
de
lésion
Une
pigmentation
résiduelle
et
un
érythème
peuvent
être
présents
1
Pratiquement
pas
de
lésion
Rares
comédons
ouverts
ou
fermés
dispersés
et
rares
papules
2
Légère
Facilement
identifiable
:
moins
de
la
moitié
du
visage
est
atteinte.
Quelques
comédons
ouverts
ou
fermés
et
quelques
papulopustules
3
Moyenne
Plus
de
la
moitié
de
la
surface
du
visage
est
atteinte
:
nombreuses
papulopustules,
nombreux
comédons
ouverts
ou
fermés.
Un
nodule
peut
être
présent
4
Sévère
Tout
le
visage
est
atteint,
couvert
de
nombreuses
papulopustules,
comédons
ouverts
ou
fermés
et
rares
nodules
5
Très
sévère
Acné
très
inflammatoire
recouvrant
le
visage
avec
des
nodules
2EMC
-
Dermatologie
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Acné 98-820-A-10
Figure
1.
Acné
Juvénile
polymorphe.
femme.
Le
facteur
pronostique
qui
semble
actuellement
majeur
pour
la
sévérité
de
l’acné
est
l’existence
d’antécédents
familiaux
d’acné
chez
le
père
et/ou
la
mère
et/ou
dans
la
fratrie
âgée
de
plus
de
12
ans.
En
effet,
ce
facteur
serait
lié
à
un
début
plus
précoce
de
l’acné,
un
plus
grand
nombre
de
lésions
rétentionnelles
et
une
rechute
plus
rapide
de
l’acné.
Alimentation
et
acné [10]
L’association
de
l’acné
à
la
consommation
de
certains
aliments
ou
types
de
nutriments
est
un
sujet
encore
actuellement
débattu.
La
plupart
des
études
publiées
se
heurtent
à
de
nombreux
obstacles
dont
la
difficulté
de
quantifier
et
de
contrôler
l’alimentation
de
chaque
patient,
les
biais
éventuels
(perte
de
poids
lors
d’un
régime
pauvre
en
hydrates
de
carbone)
et
les
différences
culturelles,
eth-
niques
et
environnementales
entre
les
patients.
Enfin,
elles
sont
rarement
randomisées.
Acnés
suivant
l’âge
L’acné
n’est
pas
une
maladie
monomorphe.
Il
existe
plusieurs
types
d’acnés
caractérisées
par
des
aspects
cliniques,
des
évolu-
tions,
des
terrains
différents
aboutissant
à
des
prises
en
charge
thérapeutiques
différentes
et
surtout
un
pronostic
évolutif
diffé-
rent.
Acné
juvénile
polymorphe
:
forme
commune
de
l’acné
L’acné
juvénile
polymorphe
est
la
forme
la
plus
fréquente
d’acné,
débutant
en
général
vers
l’âge
de
12
à
13
ans
chez
la
fille,
un
ou
deux
ans
plus
tard
chez
le
garc¸on
(
Fig.
1).
Elle
associe
des
lésions
rétentionnelles
(
Fig.
2)
et
des
lésions
inflammatoires
(
Fig.
3)
sur
le
visage.
Les
lésions
rétentionnelles
sont
indispen-
sables
pour
poser
le
diagnostic
d’acné.
Les
lésions
d’acné
peuvent
s’étendre
au
cou
et
au
tronc,
notamment
à
la
gouttière
sternale,
aux
épaules,
au
dos.
Une
extension
des
lésions
en
dessous
de
la
pointe
des
omoplates
est
considérée
comme
un
facteur
de
sévérité.
Acné
néonatale [11]
C’est
une
acné
transitoire,
survenant
environ
chez
20
%
des
nouveau-nés,
et
plus
fréquemment
chez
le
garc¸on.
Elle
serait
due
à
la
stimulation
des
glandes
sébacées
par
les
androgènes
mater-
nels,
mais
le
rôle
éventuel
de
Malassezia
furfur
est
évoqué.
Elle
atteint
rarement
le
thorax,
on
peut
toutefois
observer
une
diffu-
sion
de
lésions
inflammatoires
(papules
et
pustules)
aux
épaules
et
à
la
partie
haute
du
dos.
Elle
peut
être
aggravée
par
des
soins
Figure
2.
Lésions
rétentionnelles.
Figure
3.
Lésions
inflammatoires.
locaux
mal
appropriés
(topiques
huileux).
Son
évolution
est
spon-
tanément
favorable
dans
un
délai
court,
en
moyenne
deux
à
trois
mois,
mais
qui
peut
être
prolongé
si
l’hyperandrogénisme
transitoire
du
nouveau-né
a
induit
une
production
transitoire
de
gonadotrophines
hypophysaires
et
de
l’adrenocorticotrophic
hor-
mone
(ACTH).
Il
peut
même
de
fac¸on
exceptionnelle
en
résulter
la
formation
d’abcès
gommeux
récidivants
des
joues
au-delà
de
l’âge
de
nourrisson.
Il
convient
de
rechercher
une
prise
médicamen-
teuse
maternelle,
notamment
à
base
de
lithium
ou
d’hydantoïne.
Les
diagnostics
différentiels
à
évoquer
sont
la
pustulose
cépha-
lique
néonatale
et
la
mélanose
pustuleuse
transitoire.
Acné
infantile
L’acné
infantile
doit
être
distinguée
de
l’acné
néonatale.
Elle
est
de
début
plus
tardif,
après
2
ans
mais
avant
la
puberté
(
Fig.
4).
Elle
est
rare
et
doit
donc
faire
suspecter
un
trouble
endocri-
nien
sous-jacent
quand
elle
est
sévère
et
inflammatoire.
Ainsi,
d’autres
signes
cliniques
sont
le
plus
souvent
associés
à
l’acné
:
une
pilosité
précoce,
un
développement
précoce
des
organes
géni-
taux
androgéno-dépendants,
une
obésité
et
une
avance
staturale.
Il
convient
alors
de
rechercher
une
cause
sous-jacente
endo-
crinienne
telle
qu’une
hyperplasie
congénitale
des
surrénales,
notamment
par
bloc
enzymatique
en
21--hydroxylase
(complet
ou
partiel),
une
tumeur
ovarienne
ou
surrénalienne.
Acné
prépubertaire
Elle
se
présente
essentiellement
sous
la
forme
de
lésions
réten-
tionnelles
localisées
sur
le
front,
les
joues
et
le
nez
et
s’accompagne
souvent
d’une
élévation
du
sulfate
de
déhydroépiandrostérone
(DHEA).
Dans
une
étude
longitudinale
sur
cinq
ans
incluant
EMC
-
Dermatologie 3
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/01/2017 par UNIVERSITE PARIS VI - BIBLIOTHEQUE - (15258). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
98-820-A-10 Acné
Figure
4.
Acné
infantile.
871
filles,
il
a
été
montré
que
les
patientes
développant
ultérieure-
ment
des
acnés
graves
avaient
un
nombre
plus
élevé
de
comédons
dès
l’âge
de
10
ans
en
comparaison
avec
celles
qui
vont
dévelop-
per
une
acné
minime
à
modérée [12].
L’acné
prépubertaire
peut
être
révélatrice
d’un
syndrome
des
ovaires
polykystiques [13] mais
le
plus
souvent
il
s’agit
d’une
adrénarche
précoce
physiologi-
que.
Acné
de
l’adulte
Elle
est
plus
fréquente
chez
la
femme.
L’acné
de
la
femme
adulte
concerne
classiquement
la
femme
de
plus
de
25
ans
dans
les
publi-
cations.
En
fait,
elle
peut
être
observée
chez
la
femme
dès
l’âge
de
20
ans
(après
l’adolescence)
et
a
les
mêmes
caractéristiques
que
l’acné
«
classique
»
de
la
femme
adulte.
C’est
une
entité
désormais
bien
caractérisée
et
qui
doit
être
distinguée
de
l’acné
juvénile.
Il
existe
deux
sous-types
:
le
sous-type
«
continu
»
qui
est
un
prolon-
gement
de
l’acné
de
l’adolescence
à
l’âge
adulte
avec
des
périodes
de
rémission
possibles,
le
sous-type
«début
à
l’âge
adulte
»,
cette
forme
étant
moins
fréquente [14],
de
l’ordre
de
20
%
entre
25
et
40
ans [15].
L’association
avec
une
cause
hormonale
sous-jacente
(notamment
ovarienne
ou
surrénalienne)
est
rare
mais
justifie
de
rechercher
des
signes
cliniques
d’hyperandrogénisme
asso-
ciés
tels
que
hirsutisme,
alopécie
de
type
masculin,
prise
de
poids,
aménorrhée
ou
oligoménorrhée,
stérilité.
En
l’absence
de
signes
d’hyperandrogénisme
ou
de
troubles
du
cycle
mens-
truel,
un
bilan
hormonal
n’est
pas
indiqué.
Il
convient
alors
de
s’assurer
de
l’absence
d’utilisation
de
soins
locaux
comédogènes,
de
la
prise
d’estroprogestatifs
avec
une
composante
progestative
androgénique,
ou
de
dispositifs
contraceptifs
contenant
des
pro-
gestatifs,
de
l’absence
de
traitement
systémique
associé
inducteur
d’acné.
Le
profil
clinique
de
la
femme
adulte
atteinte
d’acné
a
été
récemment
précisé
grâce
à
une
étude
prospective
internationale
incluant
374
patientes [16].
Deux
présentations
cliniques
sont
pos-
sibles.
Le
premier
profil
est
proche
de
l’acné
de
l’adolescent
associant
lésions
rétentionnelles
et
inflammatoires
(avec
nodules
possibles),
une
localisation
au
tronc
dans
la
moitié
des
cas
et
une
acné
modérée
à
sévère
chez
50
%
des
patientes.
Le
second
tableau
est
celui
classiquement
décrit
et
caractérisé
par
des
lésions
prédominant
à
la
mandibule
(
Fig.
5).
Le
nombre
de
lésions
est
Figure
5.
Acné
de
la
femme.
souvent
modéré,
mais
des
nodules
profonds
en
petit
nombre
présentant
par
période
des
poussées
inflammatoires
sont
assez
caractéristiques.
Les
comédons
peuvent
être
absents.
Certains
fac-
teurs
liés
au
style
de
vie
pourraient
aggraver
l’acné
:
stress
au
travail,
tabagisme,
utilisation
de
produits
cosmétiques
inadap-
tés,
terrain
génétique
avec
antécédent
familial
d’acné.
À
ce
jour,
le
mécanisme
de
cette
acné
de
la
femme
adulte
est
inconnu.
Une
des
pistes
serait
que
les
variations
individuelles
en
termes
d’acné
soient
liées
aux
polymorphismes
génétiques
des
récep-
teurs
aux
androgènes
(AR).
En
l’absence
d’autre
signe
clinique
associé
(notamment
d’hyperpilosité),
il
n’y
a
pas
d’indication
à
réaliser
un
bilan
biologique
hormonal.
En
effet,
dans
le
contexte
d’acné
de
la
femme
adulte,
il
y
a
un
hyperandrogénisme
par
possible
hypersensibilité
des
récepteurs
aux
androgènes
mais
pas
d’hyperandrogénie
biologique [17].
L’acné
de
l’homme
adulte
est
moins
fréquente
et
plus
difficile
à
estimer
car
elle
est
localisée
essentiellement
au
dos
et
est
souvent
associée
à
une
hyperséborrhée [18].
Sur
le
plan
thérapeutique,
l’acné
de
l’adulte
(femme
ou
homme)
doit
être
prise
en
charge
selon
les
recommandations
actuelles
(cf.
«
Traitements
médicamenteux
»).
Si
un
traitement
systémique
est
nécessaire,
en
fonction
de
la
sévérité
de
l’atteinte,
les
cyclines
et/ou
l’isotrétinoïne
sont
prescrits.
En
cas
d’échec
des
cyclines
ou
de
rechute
après
l’isotrétinoïne,
la
spironolactone
à
petites
doses
(hors
autorisation
de
mise
sur
le
marché
[AMM])
peut
être
proposée
chez
la
femme.
On
peut
également
prescrire
l’acétate
de
cyprotérone
Androcur®à
la
dose
de
50
à
100
mg
par
jour
en
association
avec
une
contraception
contenant
des
estrogènes
ou
encore
Diane
35®(acétate
de
cyprotérone
2
mg
et
éthinylestradiol
35
g).
Acné
et
grossesse
L’acné
au
cours
de
la
grossesse
est
fréquente
:
dans
une
étude
franc¸aise
récente
incluant
378
femmes
enceintes
qui
consultaient
un
dermatologue,
42,3
%
des
patientes
avaient
de
l’acné [19].
L’évolution
de
l’acné
est
variable
au
cours
d’une
grossesse
:
chez
certaines
femmes,
on
note
une
récurrence
de
l’acné,
alors
que
chez
d’autres,
au
contraire,
l’acné
s’améliore
considérablement
pendant
cette
même
période.
L’acné
pendant
une
grossesse
repré-
sente
pour
le
praticien
un
problème
d’ordre
thérapeutique
(
Tableau
2)
;
en
effet
l’isotrétinoïne
et
les
cyclines
(deuxième
et
troi-
sième
trimestres)
sont
contre-indiquées
par
voie
orale
tout
comme
les
rétinoïdes
locaux.
Le
gluconate
de
zinc
peut
alors
être
une
alter-
native
intéressante.
Même
si
l’AMM
reste
prudente
:
«
Dans
l’acné,
au
premier
trimestre,
compte
tenu
des
données
disponibles,
il
est
préférable,
par
mesure
de
prudence,
d’éviter
d’utiliser
les
sels
de
zinc
».
Les
données
cliniques
étant
rassurantes,
ce
traitement
peut
donc
être
prescrit
tout
au
long
de
la
grossesse,
mais
la
posologie
tient
compte
des
autres
apports
éventuels
de
zinc.
De
même,
le
peroxyde
de
benzoyle
peut
être
utilisé
au
cours
de
la
grossesse,
l’AMM
recommandant
une
utilisation
prudente.
4EMC
-
Dermatologie
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Acné 98-820-A-10
Tableau
2.
Traitements
de
l’acné
de
la
femme
enceinte.
Traitements
Recommandations
de
leur
utilisation
au
cours
de
la
grossesse
Systémiques
Isotrétinoïne
Cyclines
Gluconate
de
zinc
Érythromycine
Contre-indiquée
Contre-indiquée
Possible
sauf
premier
trimestre
Possible
Locaux
Érythromycine
Peroxyde
de
benzoyle
Trétinoïne
Adapalène
Acide
azélaïque
Possible
Possible
Ne
pas
utiliser
par
mesure
de
précaution
Ne
pas
utiliser
par
mesure
de
précaution
Possible
Figure
6.
Acné
conglobata.
Formes
graves
d’acné
Acné
conglobata
(Fig.
6)
C’est
une
acné
nodulaire
suppurative
chronique.
Elle
débute
le
plus
souvent
sous
forme
grave
d’emblée
mais
peut
plus
rarement
commencer
sous
la
forme
d’une
acné
ordinaire
puis
s’aggraver
avec
une
extension
des
lésions
du
visage
au
tronc,
aux
épaules,
aux
fesses
et
aux
racines
des
membres.
Parallèlement,
apparaissent
des
nodules
multiples,
volumineux,
douloureux
qui
peuvent
évo-
luer
vers
la
fistulisation.
Des
pseudokystes
profonds
présentant
des
poussées
inflammatoires
peuvent
se
développer
et
fusionner.
Ils
sont
suivis
de
comédons
de
grande
taille
souvent
polypores
séquellaires
des
lésions
nodulaires,
ainsi
que
des
cicatrices
indu-
rées,
déprimées
ou
rétractiles
souvent
pontées
par
des
brides
de
peau
résiduelle,
retentissant
sur
la
qualité
de
vie
des
malades.
Acné
fulminans
(Fig.
7)
C’est
la
forme
la
plus
grave
de
l’acné [20].
Elle
touche
surtout
les
adolescents
de
sexe
masculin
et
est
très
rare.
Elle
peut
appa-
raître
spontanément
ou
être
induite
par
l’isotrétinoïne,
voire
plus
rarement
par
des
traitements
hormonaux
de
blocage
de
la
crois-
sance
par
testostérone.
Ce
tableau
est
d’apparition
brutale
et
associe,
d’une
part,
des
lésions
inflammatoires
et,
d’autre
part,
des
signes
généraux.
Les
lésions
inflammatoires
sont
doulou-
reuses,
elles
peuvent
se
fistuliser
à
la
peau,
avec
extraction
de
pus
gélatineux.
Certaines
peuvent
être
ulcéronécrotiques,
notam-
ment
au
niveau
du
tronc.
À
ces
lésions
inflammatoires
s’associent
une
hyperthermie,
une
altération
de
l’état
général,
des
douleurs
articulaires
et
musculaires.
Sur
le
plan
biologique,
il
existe
une
hyperleucocytose.
Des
complexes
immuns
circulants
et
une
pro-
téinurie
peuvent
être
présents.
Des
images
de
lyse
osseuse
posant
le
problème
du
diagnostic
différentiel
avec
une
ostéomyélite
Figure
7.
Acné
fulminans.
peuvent
aussi
être
associées,
mais
l’évolution
est
toujours
favo-
rable.
Plus
rarement,
l’acné
fulminans
peut
être
associée
avec
un
érythème
noueux
ou
une
hépatosplénomégalie.
Elle
pourrait
être
la
résultante
d’une
réaction
auto-immune
à
des
antigènes
de
P.
acnes,
ou
à
des
antigènes
du
follicule
pilosébacé
libérés
par
l’isotrétinoïne.
Formes
cliniques
particulières
d’acné
Acnés
révélatrices
d’un
désordre
hormonal
(hyperandrogénisme
lié
à
une
hyperandrogénie
biologique)
Dans
certains
cas,
l’acné
est
un
symptôme
d’une
hyperandrogé-
nie
biologique.
Les
androgènes
sont
synthétisés
dans
les
ovaires
et
la
glande
surrénale
à
partir
du
cholestérol
puis
de
la
proges-
térone.
Ils
peuvent
aussi
résulter
d’une
conversion
périphérique
à
partir
de
précurseurs
peu
actifs
(dans
le
foie,
les
muscles
et
la
peau).
La
delta-4
androstènedione
est
à
la
fois
d’origine
ovarienne
et
surrénalienne,
le
sulfate
de
déhydroépiandrostérone
d’origine
essentiellement
surrénalienne
et
la
17--hydroxyde
progestérone
d’origine
ovarienne.
L’acné
peut
être
liée
à
un
hyperandrogé-
nisme
fonctionnel,
cas
le
plus
fréquent
(par
exemple
dans
le
cadre
du
syndrome
des
ovaires
polykystiques
ou
d’un
déficit
enzy-
matique
en
21-hydroxylase
de
révélation
tardive)
mais
aussi
à
un
hyperandrogénisme
tumoral
plus
rare
(tumeur
ovarienne
ou
surrénalienne).
Elle
peut
également
exister
dans
le
cadre
d’un
syn-
drome
de
Cushing.
Dans
ces
cas,
l’acné
est
associée
à
d’autres
symptômes
tels
que
des
règles
irrégulières
et
douloureuses,
une
obésité
et
une
hyper-
pilosité
ou
un
hirsutisme.
L’association
de
ces
signes
à
une
acné
doit
faire
évoquer
la
possibilité
d’un
désordre
hormonal
et
est
une
indication
à
prescrire
des
explorations
endocriniennes.
Atten-
tion,
dans
le
cas
d’une
acné
isolée
de
forme
«
classique
»,
il
n’y
a
aucune
indication
à
prescrire
ce
bilan.
Les
explorations
associent
une
échographie
ovarienne
(si
possible
par
voie
endovaginale)
et
un
bilan
biologique.
L’échographie
ovarienne
recherche
une
augmentation
du
volume
des
ovaires
et
un
nombre
de
follicules
par
ovaire
supérieur
à
12.
Le
bilan
biologique
doit
être
prélevé
tôt
le
matin,
en
première
partie
de
cycle
(entre
le
troisième
et
le
sixième
jour
du
cycle)
et
après
deux
mois
d’arrêt
de
tout
trai-
tement
hormonal
contraceptif.
Il
comprend
:
un
dosage
de
la
testostérone
et
de
la
17-OH
progestérone
avant
et
après
test
à
l’ACTH.
Pour
certains,
on
peut
également
doser
la
sex
hormone
bin-
ding
globulin
(SHBG)
et
le
sulfate
de
déhydroépiandrostènedione
(SDHEA).
Un
taux
de
testostérone
normal
associé
à
une
écho-
graphie
normale
permet
de
conclure
à
un
hirsutisme
idiopathi-
que.
EMC
-
Dermatologie 5
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