Cahier de l’auto-immunité - Médecine interne –Maroc –Dr Khadija Moussayer
extrêmement boursouflé appelé cushingoïde, car il rappelle celui donné par la maladie de
Cushing (hypersécrétion de cortisol par les glandes surrénales).
- Au niveau des reins, la cortisone retient le sodium et élimine le potassium provoquant
une surcharge hydrosodée (en eau et sodium) et donc un risque d’hypertension
artérielle. Le régime sans sel prescrit avec la corticothérapie est une mesure thérapeutique
essentielle, mais souvent insuffisante.
- Au niveau gastrique (estomac), la tolérance de la cortisone est meilleure que celle des
anti-inflammatoires non stéroïdiens (indometacine, diclofénac, ketoprofene…). Des
lésions ulcéreuses gastriques surviennent cependant chez des personnes à risque.
- Au niveau osseux, les corticoïdes accélèrent la perte osseuse et diminuent les
capacités de formation osseuse. L’ostéoporose cortisonique est la plus fréquente des
complications des traitements cortisoniques au long cours. Le risque de fracture est plus
élevé dans l’ostéoporose cortisonique que dans l’ostéoporose due à la ménopause chez la
femme, et ce pour une même valeur de densité osseuse. Pour limiter ce phénomène, du
calcium et de la vitamine D3 sont généralement prescrits. Dans des cas graves, des
médicaments contre l’ostéoporose y sont ajoutés.
- Au niveau des yeux, la cortisone est susceptible d’entrainer une cataracte, et même
une altération de la rétine
- La cortisone peut induire un diabète ou au minimum une intolérance au glucose :
l’organisme réagit moins aux effets de l’insuline (le régulateur de notre quantité de sucre)
et doit redoubler d’efforts pour contrôler les taux de glucose sanguin. Les personnes
intolérantes au glucose affichent des taux de glucose plus élevés que la normale mais pas
suffisamment élevés pour les considérer comme diabétiques.
- Des insomnies et même des troubles psychiatriques surviennent aussi lors d’une
corticothérapie.
Enfin, étant donné que les corticoïdes réduisent l’activité protectrice du système
immunitaire, le risque d’infection est accru. Parfois, un traitement antibiotique doit être
prescrit, Et l’on suggère aux patients de se faire vacciner, notamment contre la grippe
saisonnière.
L’arrêt des corticoïdes doit impérativement être progressif. La prise de corticoïdes de
synthèse utilisés lors des traitements bloque en effet la sécrétion des corticoïdes naturels
produits par les glandes surrénales. Il faut donc s’assurer que ces glandes ont bien pris le
relais avant l’arrêt définitif des corticoïdes de synthèse.
Dans des pays comme le Maroc, ces recommandations et conseils de prudence sont
encore loin d’être suivis ou connus du fait même de pratiques massives d’automédications
(faute de moyens financiers).
Au total, si la cortisone peut s’imposer lors des poussées aiguës d’une maladie, elle
doit autant que possible être diminuée ou arrêtée en dehors des périodes de crise.
EDUCATION THERAPEUTIQUE : DES VOIES NON MEDICAMENTEUSES EN
COMPLEMENT OU MÊME POUR UN ARRÊT DES CORTICOÏDES
Tout traitement ne doit pas se limiter à prescrire des molécules : les modifications du mode
de vie peuvent permettre dans une certaine mesure de réduire les phénomènes
inflammatoires, même si parfois les résultats sont modestes. Cela passe en particulier
par :
- L’exercice physique : il diminue les effets secondaires des corticoïdes et accélère la
réparation des muscles. Sont recommandés notamment, et en fonction des situations et
de la pathologie, la kinésithérapie, l’ergothérapie et les activités physiques, notamment les
activités aquatiques, le vélo et la marche qui ne soumettent pas les articulations à de