Le Petit Prince et ses cousins créoles (Guadeloupe, Martinique, Guyane française, Réunion)
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La Réunion est une île de l’Océan Indien, à l’est de l’Afrique. Actuellement.
c’est un département français d’outre-mer (n
o
974). L’île a été découverte par les
Portugais en 1528, mais en 1638 elle a été occupée par les Français qui l’ont
appelée « Bourbon ». Entre 1664 et 1767, elle a été concédée à la Compagnie des
Indes Orientales qui en a usé surtout pour la culture du caféier, alors que la culture
de la canne à sucre n’a été introduite qu’au début du XIX
e
siècle. La main-d’œuvre
servile venait tout simplement de l’Afrique voisine. À côté des Malgaches (pre-
miers habitants de l’île), des Européens et des Noirs, l’île a vu aussi l’immigration
d’Asiatiques, surtout Hindous et Chinois.
Dans tous les départements susmentionnés, comme dans tout le Nouveau
Monde, la traite négrière a été mise en place. Les colons avaient besoin de main-
d’œuvre pour les plantations, mais aussi pour divers travaux domestiques et en
ville. Les peuples amérindiens conquis n’y ont pas suffi, donc les Européens ont
pensé aux Africains dans lesquels, depuis des siècles (rappelons-nous, par
exemple, la Grèce et la Rome antiques), se recrutaient déjà des esclaves dans les
pays méditeranéens :
African slaves were originally imported into the Americas as a labor force to replace
Amerindian populations. European diseases and maltreatment by settlers caused several
declines in the Indian populations first in the Caribbean islands and then in the Mexican
and Peruvian centers of colonization on the mainland. Moreover, nomadic and semi-
nomadic Indian peoples in Brazil and other regions, whether enslaved or nominally free,
proved to be less productive plantation workers than African slaves for a number of
reasons, including susceptibility to disease, greater opportunity for flight, and un-
familiarity with long-term agriculture (Brown 1988 : 17)
Trois cents ans de traques, de rafles, de poursuites et d’embuscades organisées par
des Blancs, souvent avec la complicité d’Africains et d’Arabes. Entassés dans des cales
de navires, des millions de jeunes Africains ont été déportés dans des conditions cauche-
mardesques au-delà de l’océan Atlantique afin d’y édifier, à la sueur de leur front, la
richesse et le pouvoir du Nouveau Monde (Kapuściński 2000 : 35).
On sait que le premier bateau a amené les esclaves africains au Nouveau
Monde en 1518, et le dernier est (probablement) arrivé à Cuba en 1864 (Brown
1988 : 13). L’esclavage a été aboli dans la plupart des pays dans les années 1840–
–1850 (dans les colonies françaises en 1848).
À part la division entre les Blancs et les esclaves, il y a eu aussi la classe des
gens de couleur libres (« sangs-mêlés »). Au fur et à mesure, les races et la prove-
nance des ethnies ont engendré une différenciation sociale : les Blancs, les Noirs,
les Indiens ainsi que leurs « mélanges » (mulâtres, métis, zambos, aussi à travers
des générations : quarterons, octavons, etc.).
Le nom « créole » peut être compris de diverses manières : soit les Blancs qui
sont nés dans les colonies, soit les Noirs et les mulâtres dans les colonies. Alors ils
peuvent tous être appelés créoles. Il faut dire aussi que pour les blancs créoles, il
existe en français aussi un nom à part : békés (< b.k. ‘blanc créoles’).